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11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 10:38

« Marqué par sa rencontre avec Pierre Mendès France en 1953, Christian Poncelet s’est revendiqué comme un gaulliste de gauche, toujours soucieux de concilier les exigences du développement économique avec celles de l’harmonie sociale. » (Gérard Larcher, communiqué du 11 septembre 2020).


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L’ancien Président du Sénat Christian Poncelet est mort ce vendredi 11 septembre 2020 à l’âge de 92 ans à l’hôpital de Remiremont (il est né le 24 mars 1928 dans les Ardennes). S’il fallait résumer en deux mots sa très longue et dense carrière politique, on pourrait dire : les Vosges et le Sénat. Il était l’un des derniers grands hommes politiques comme "on" n’en "ferait" plus aujourd’hui, déjà parce que les lois sur le cumul des mandats sont passées par là, ensuite parce que l’accélération de la vie politique ne laissera plus les barons locaux et nationaux en place pour une si longue durée.

Contrairement à ce que certains journalistes ont dit à l’annonce de sa mort, Christian Poncelet n’a jamais été un "baron du gaullisme", tout simplement parce qu’il était trop jeune, même si, homme de pouvoir et de réseaux, il a beaucoup compter en influence au sein de sa famille politique (voir notamment lorsqu’il était au Sénat, et pas seulement à la Présidence).

Veuf depuis l’an dernier après soixante-dix ans de mariage (et deux enfants), Christian Poncelet n’était pas un énarque ni un haut fonctionnaire, il en était fier et peut-être fut-ce la raison pour laquelle il a toujours eu les pieds sur terre, avec des idées concrètes et un bon sens sur le développement économique (voir notamment son action au Sénat). Issu d’une famille modeste, Christian Poncelet a commencé sa vie professionnelle aux PTT, comme contrôleur des télécommunications de 1953 à 1962. Mais ce furent ses responsabilités syndicales qui l’ont amené à la politique, engagé à la CFTC (syndicat réformiste chrétien).

J’aurais pu titrer l’article : "Christian Poncelet et ses mille et un mandats électoraux".

Son premier mandat fut celui de député. On le dit assez peu alors que, d’habitude, une carrière politique, surtout aussi longue et multiple que celle de Christian Poncelet (selon "Le Monde" du 2013, il aurait été l’élu le plus cumulard, avec 147 années de mandats au compteur !), commence par un mandat local. Là, c’était différent. Après la dissolution de 1962 pour des raisons institutionnelles, mais les accords d’Évian étaient encore en plein cœur des débats publics, le député UNR sortant Jean-Marie Grenier (1906-1964), ancien résistant et ancien sénateur MRP des Vosges, ainsi que maire de Remiremont depuis 1945 et conseiller général, ne se représenta pas, probablement pour des raisons de santé (c’est une supposition personnelle).

Christian Poncelet fut ainsi élu député des Vosges (la circonscription de Gérardmer Remiremont) en novembre 1962, à l’âge de 34 ans. S’est ouvert alors pour lui une vaste carrière électorale, avec une spécificité, c’est qu’au-delà du nombre de mandats et de leur longévité, il n’a jamais été battu dans une élection ! Comme indiqué plus haut, il se considérait comme "gaulliste de gauche", ce qui n’a pas forcément une signification très claire, puisque, contrairement à beaucoup de gaullistes de gauche de l’époque (dont René Capitant), il a toujours continué à appartenir au parti gaulliste du moment : UNR, UDR, RPR et UMP (en revanche, lui et Jacques Chirac n’ont jamais été vraiment en bons termes).

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Christian Poncelet a été élu et réélu député des Vosges sans discontinuer de 1962 à 1973, y compris aux élections de 1973 même s’il n’a pas exercé son mandat pour cause de responsabilités ministérielles (voir plus loin). C’était surtout par son implantation locale qu’il a voulu s’imposer dans la vie politique (on peut noter que la plupart des députés LREM ont commencé leur vie politique en se faisant élire députés, mais ont rarement réussi leur implantation locale).

Ainsi, en 1963, il a pris la succession du député-maire de Remiremont, Jean-Marie Grenier, dans son canton : Christian Poncelet fut élu et réélu conseiller général des Vosges de 1963 à 2015, et fut président du conseil général des Vosges pendant presque quatre décennies, de mars 1976 à mars 2015. Il a su faire bénéficier les Vosges de sa grande influence nationale, notamment en faisant venir le TGV jusqu’à Remiremont, Épinal et Saint-Dié, en faisant construire trois routes rapides (l’autoroute A31 à l’ouest du département, du côté de Neufchâteau), une route deux fois deux voies (N57) allant de Nancy à Besançon via Épinal au centre du département et une autre route deux fois deux voies (N59) allant de Nancy à Saint-Dié via Lunéville à l’est du département. Certes, il a fallu du temps pour que ces routes fussent en deux fois deux voies, mais il n’y aurait pas un si grand maillage de voies rapides au sud de Nancy sans l’influence de Christian Poncelet.

En mars 1965, Christian Poncelet fut élu conseiller municipal de Remiremont et il y resta jusqu’en mars 2001. En revanche, il ne fut pas immédiatement maire : il fut d’abord conseiller en charge du budget en 1965, puis premier adjoint au maire de 1971 à 1983 et ne fut maire "que" dix-huit ans plus tard, de mars 1983 à mars 2001. Pour ajouter au cumul, il fut aussi élu conseiller régional de Lorraine, de mars 1977 à mars 1988 et en mars 1992, et président de la commission des finances de l’instance régionale de mars 1982 à mars 1988 (à l’époque où le conseil régional était présidé par Jean-Marie Rausch, le maire centriste de Metz).

Avant de passer à la partie "nationale" de sa carrière, précisons qu’il fut véritablement le "maître" des Vosges pendant ces quarante années, au point qu’un poids lourd politique du RPR, venu se parachuter à Épinal dont il fut élu député-maire pendant longtemps, Philippe Séguin, n’a jamais eu aucune influence départementale (du reste, on peut retrouver ce type d’arrangements locaux dans d’autres départements ; le très imposant député-maire de Fréjus, François Léotard, n’a jamais eu d’influence sur le département du Var dirigé par Maurice Arreckx, sénateur et ancien maire de Toulon).

De même, il a su éviter le renversement à gauche du département malgré la présence d’un (futur ou ancien) ministre rocardien, Christian Pierret, maire de Saint-Dié, et a su également écarter tout parachutage de personnalités nationales pouvant lui faire de l’ombre, comme Lionel Stoléru, brillant polytechnicien et ministre giscardien puis rocardien, qui fut battu deux fois par Christian Pierret aux législatives en 1978 et en 1981 (Lionel Stoléru ne fut élu qu’une fois conseiller général des Vosges en 1979 et fut battu lors de son renouvellement).

Inversement, Christian Poncelet n’a pas cherché à avoir une influence régionale au-delà de la commission des finances, le conseil régional de Lorraine (qui fut présidé entre 1976 et 1978 par JJSS, alors député de Nancy), étant plutôt la "chasse gardée" d’élus nationaux comme Pierre Messmer (Sarrebourg), Jean-Marie Rausch (Metz), Gérard Longuet (Meuse) et éventuellement André Rossinot (Nancy). Ce dernier fut tête de liste départemental en mars 1986, mais, contrairement aux trois cités précédemment, n’a jamais présidé le conseil régional.

Lorsque le Premier Ministre Pierre Messmer, en voisin, est venu proposer au député Christian Poncelet d’entrer dans son gouvernement, il était, à l’âge de 44 ans, un élu local déjà bien implanté, même s’il n’avait encore reçu aucun mandat de chef d’un exécutif. Si Christian Poncelet n’a pas eu des postes ministériels de grande importance, seulement secrétaire d’État, il fut cependant membre de gouvernement sans discontinuer entre juillet 1972 et septembre 1977 (plus de cinq ans), sous deux Présidents de la République, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing.

Christian Poncelet fut d’abord nommé aux Affaires sociales du 6 juillet 1972 au 5 avril 1973, puis au Travail, à l’Emploi et à la Population du 12 avril 1973 au 1er mars 1974 et à la Fonction publique du 1er mars 1974 au 27 mai 1974 dans les trois gouvernements de Pierre Messmer. Il fut ensuite nommé au Budget (poste néanmoins stratégique) du 8 juin 1974 au 30 mars 1977 dans le (premier) gouvernement de Jacques Chirac et dans le premier gouvernement de Raymond Barre. Il faut souligner qu'il fut le dernier ministre en charge du Budget à avoir présenté aux parlementaires un projet de loi de finances à l'équilibre ! Enfin, il fut nommé aux Relations avec le Parlement du 1er avril 1977 au 26 septembre 1977 dans le deuxième gouvernement Barre.

Après la grande victoire du PS et de la gauche unifiée aux élections municipales de mars 1977, les prévisions électorales pour les élections législatives de mars 1978 étaient plutôt pessimistes pour la majorité. Cela a sans doute convaincu Christian Poncelet de quitter le gouvernement pour conquérir un siège de sénateur aux élections sénatoriales de septembre 1977. Une autre raison aussi de vouloir un mandat sénatorial, c’était qu’il venait d’être élu président du conseil général l’année précédente, et généralement, les deux mandats étaient complémentaires (l’un confortant le renouvellement de l’autre).

Le Sénat fut donc la nouvelle "affaire" de sa vie : élu et réélu sénateur des Vosges de septembre 1977 (il avait alors 49 ans) à septembre 2014 (soit trente-sept ans de mandat sénatorial au total, bénéficiant même, pour son dernier mandat, d’un mandat de dix ans avant d’être réduit à six ans pour ses successeurs). Pour "parfaire" ses cumuls, il s’est fait également élire député européen sur la liste de Jacques Chirac de juin 1979 à septembre 1980 et il fut représentant français à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de janvier 1981 à janvier 1984.

Au Sénat, Christian Poncelet a beaucoup travaillé et il était loin de l’image très négative d’un sénateur prenant sa retraite, image surtout véhiculée par Alain Poher qui n’était pas très médiatique ni très présent dans le débat public pendant ces années-là. Au contraire, et il le confirma par la suite, Christian Poncelet fut de ceux qui ont ancré le Sénat aux réalités économiques du pays, bien mieux, d’ailleurs, que l’Assemblée Nationale bien trop dépendant des postures politiciennes et des consignes partisanes pour pouvoir étudier le pays en profondeur. Après s’être intéressé de très près, comme rapporteur d’une commission d’enquête en janvier 1981, à l’effondrement de l’industrie textile (l’économie de son département en fut l’une des victimes, avec la liquidation du groupe Boussac Saint-Frères qui faisait vivre 25 000 familles vosgiennes dans 65 usines dans les années 1970), il se préoccupa de la mise en œuvre de la décentralisation en 1983.

Ensuite, d’octobre 1986 à octobre 1998, pendant douze ans, il fut président de la commission des finances du Sénat, et à ce titre, parmi les sénateurs les plus importants. En particulier, en tant que président de la commission des finances, c’était lui qui distribuait aux sénateurs la "réserve parlementaire", ce qui lui donnait un pouvoir d’influence non négligeable au sein du Sénat. Depuis 1989 et les velléités de succession d’Alain Poher, Christian Poncelet faisait partie des "présidentiables" du Sénat, au même titre que d’autres présidents de commissions ou de groupes (Charles Pasqua était son concurrent direct au RPR).

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Le 1er octobre 1998, Christian Poncelet est parvenu à faire un "coup" improbable. René Monory avait succédé à Alain Poher à la Présidence du Sénat en octobre 1992 et a été réélu en octobre 1995 (le renouvellement du Sénat est triennal). René Monory a sollicité un troisième mandat, probablement un mandat de trop. Depuis la guerre, le Sénat (ou Conseil de la République) a toujours été présidé par un centriste (ou un radical), mais petit à petit, le groupe gaulliste ainsi que le groupe socialiste se renforçaient à chaque renouvellement. Au contraire des accords généralement établis entre le RPR et l’UDF, Christian Poncelet s’est présenté contre René Monory …et a gagné !

L’élection fut assez chaotique. Au premier tour, à 17 heures 55, Christian Poncelet a recueilli le plus de voix avec 118 voix sur 309, contre 102 à René Monory (centriste), 72 à Claude Estier (PS) et 17 à Hélène Luc (PCF), avec 10 abstentions. Nombreuses suspensions de séance pour permettre aux groupes de l’UDF (ils étaient trois) de se mettre d’accord sur un candidat de remplacement, René Monory ayant immédiatement jeté l’éponge. Au deuxième tour, à 23 heures 25, aucun candidat n’a encore obtenu la majorité absolue : Christian Poncelet est resté en tête avec 125 voix face au centriste alsacien Daniel Hoeffel 109 voix (plus de voix que René Monory !) et Claude Estier 83 voix (et 3 blancs ou nuls). Daniel Hoeffel s’est finalement retiré. Au troisième tour, à 23 heures 55, Christian Poncelet fut élu avec 189 voix sur 283 suffrages exprimés, contre 93 à Claude Estier, 1 à Hélène Luc (non candidate) et 37 blancs ou nuls.

Dans son allocution d’élection, Christian Poncelet n’a adressé aucun mot pour René Monory, mais un remerciement à Daniel Hoeffel de s’être désisté en sa faveur : « Vous imaginez aisément, mes chers collègues, l’émotion particulièrement intense qui m’étreint en cet instant. À cette émotion, teintée d’une joie immense, se mêlent un sentiment de reconnaissance et une attitude d’humilité. (…) Merci de m’avoir accordé votre confiance ! Je suis maintenant le président de tous les sénateurs, quelle que soit leur sensibilité. ».

Dans sa campagne interne, il avait d’ailleurs annoncé qu’il ne ferait pas plus de deux mandats (soit six ans). Finalement, il en a fait trois, dont un qui a duré quatre ans, soit dix ans au total, du 2 octobre 1998 au 30 septembre 2008.

En effet, le 1er octobre 2001, Christian Poncelet fut réélu dès le premier tour avec 201 voix sur 306 contre 105 à Claude Estier et 12 blancs ou nuls, cela quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001 : « Nos pensées vont vers toutes ces victimes. Mais la vie continue et la monstruosité des attentats perpétrés contre le peuple américain aura sans doute, espérons-le, des conséquences positives. Je pense au retour de l’État et du politique après des décennies de "tout entreprise", à la redécouverte de la Russie comme partenaire des démocraties occidentales et à la prise de conscience européenne d’un indispensable renforcement de la coopération policière et judiciaire. (…) Mon mentor en politique, j’ai nommé le regretté président Edgar Faure, disait volontiers qu’une première élection pouvait être le fruit du hasard et des circonstances, mais qu’une deuxième élection, il ne disait pas "seconde", ne l’était jamais… Je veux donc voir dans vos suffrages, au risque de vous apparaître immodeste, une approbation du bilan de mon premier triennat placé sous le signe de la rénovation du Sénat. Au cours de ces années (…), nous n’avons ni les uns ni les autres ménagé notre peine (…) pour affirmer notre "bonus constitutionnel" de représentant des collectivités territoriales, au travers notamment les États généraux et de nos initiatives législatives, pour accentuer notre fonction de contrôleur, pour développer notre mission de prospective, et pour multiplier les passerelles avec le monde de l’entreprise. ».

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Le 1er octobre 2004, Christian Poncelet a eu un nouveau quitus pour un troisième mandat, réélu dès le premier tour avec 191 voix sur 308, contre 116 à Jean-Pierre Bel, 1 à Robert Badinter (non candidat), et 17 blancs ou nuls. Notons que ce fut l’ancien Premier Ministre Pierre Mauroy, devenu sénateur, qui a présenté la candidature de Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste, et que ce dernier fut élu Président du Sénat en octobre 2011, première fois qu’un socialiste fut élu à ce poste (en 2014, Jean-Pierre Bel ne se représenta même pas au renouvellement de son mandat de sénateur). Dans une allocution peu différente de la précédente, Christian Poncelet termina : « Je voudrais, mes chers collègues, vous assurer d’une double ambition. La première tient à ma volonté, chevillée au corps, d’être le président de tous les sénateurs, car, au-delà de nos légitimes différences de sensibilité politique, nous avons tous en commun d’être viscéralement attachés à notre institution. (…) Ma seconde ambition, c’est d’être le Président d’un Sénat moderne, dynamique et utile, où chacun d’entre vous, femme, homme, ancienne, ancien, nouvelle, nouveau, trouve sa place, toute sa place, au service de notre République, une République apaisée, une République ressourcée, une République revivifiée. ».

Je ne sais pas très bien comment il faisait pour, au moment le plus "fort", gérer la mairie de Remiremont, le conseil général des Vosges et présider le Sénat, ce qui lui conférait la deuxième place de l’État selon le protocole républicain, et appelé éventuellement à assurer l’intérim de la Présidence de la République. D’autant plus que, contrairement à Alain Poher, Christian Poncelet fut un Président du Sénat très actif. Il a multiplié les rencontres annuelles avec les "forces vives" du pays, en particulier, car c’était un domaine qui l’intéressait, avec les entrepreneurs, avec les chercheurs et avec les enseignants.

L’une des réalisations concrètes et utiles de Christian Poncelet comme Président du Sénat, ce fut le concours Tremplin Entreprises commencé dès l’année 1999 (quelques mois après son arrivée), en partenariat avec l’ESSEC (école de commerce), qui récompensait et aidait chaque année des porteurs de projets d’entreprises innovantes. Parmi d’autres réalisations, les Rendez-vous citoyens, une journée aussi sur l’apprentissage, la création de la chaîne de télévision Public-Sénat, la promotion du Musée du Luxembourg et l’affichage de photographies sur les grilles du jardin du Luxembourg, etc. Sa volonté était que le Sénat fût partie prenante de la société d’aujourd’hui.

Parallèlement à la modernisation du Sénat, Christian Poncelet a eu quelques actions diplomatiques notamment avec Israël, la Russie et la Chine populaire. Dans ses prises de position, il fut parmi les rares (avec Raymond Barre et Charles Pasqua) à s’être opposé au quinquennat lors du référendum de 2000 en proposant un septennat non renouvelable immédiatement.

Christian Poncelet a également été élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques le 27 janvier 2003 contre …Yves Guéna, gaulliste comme lui et Président du Conseil Constitutionnel. On ne peut pas dire qu’il a beaucoup travaillé dans cette auguste académie, mais il avait déjà planché avant d’y être coopté pour une conférence le 21 mars 2000 sur un thème un peu rébarbatif : "L’État et les collectivités locales". Il y posait d’ailleurs une question qui intéresse toujours aujourd’hui les élus locaux : « Les actes des collectivités locales sont donc, juridiquement, "mortels", c’est-à-dire qu’ils peuvent être contestés et annulés. C’est, en quelque sorte, la rançon de la liberté. Faut-il pour autant accepter la progression de l’insécurité juridique qui entoure l’action publique locale et dont on sait qu’elle est une des causes majeures de l’hémorragie des vocations à exercer des mandats électifs locaux ? ».

Il y répondait ainsi : « À l’évidence non ! Bien au contraire, cette tendance doit être combattue en recherchant notamment une clarification des législations applicables dans un certain nombre de domaines ainsi qu’une modernisation de la conception du contrôle exercé par l’État sur les actes des collectivités locales. ».

Et il terminait son long exposé ainsi : « En définitive, l’enjeu me paraît simple : il s’agit de savoir quelle décentralisation nous voulons pour la France. (…) Pour ma part, je n’oublie pas cette phrase du Général De Gaulle qui écrivait dans "Vers l’armée de métier" : "La seule voie qui conduise à l’esprit d’entreprise, c’est la décentralisation". La naissance d’une République territoriale, fondée à la fois sur un État réformé et un véritable gouvernement local, est au cœur d’une démarche volontariste : rapprocher, pour ne pas dire réconcilier, nos concitoyens avec la chose publique. Tel est le sens de mon action à la Présidence du Sénat, pour une France moderne, dynamique et solidaire. ».

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À plus de 80 ans, Christian Poncelet ne s’est pas représenté au Plateau pour un quatrième mandat. La succession se transforma en duel entre l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin et son ancien Ministre du Travail Gérard Larcher. Ce dernier fut élu en octobre 2008, puis battu en octobre 2011 par un socialiste (Jean-Pierre Bel), puis Gérard Larcher fut réélu en octobre 2014 et octobre 2017 (et compte bien l’être une nouvelle fois dans quelques jours).

Il est toujours difficile de lâcher prise, surtout quand on a eu autant de pouvoir aussi longtemps. En octobre 2004, Christian Poncelet s’était quand même présenté pour un ultime mandat sénatorial (de dix ans), et il a poursuivi sa tâche de président du conseil général jusqu’en mars 2015 ! En mars 2011, il a vu sentir le vent du boulet : une fronde parmi les conseillers généraux dont certains lui proposaient de prendre sa retraite a fait qu’il s’est retrouvé ex æquo avec un concurrent, Philippe Faivre. Il fut élu uniquement au bénéfice de l’âge (là, il était imbattable !).

Progressivement, il quitta ses mandats électoraux : le Sénat en septembre 2014 et le conseil général des Vosges en mars 2015 (il avait déjà 87 ans !), il avait quitté la mairie de Remiremont dès mars 2001 en raison de la loi sur le cumul des mandats. Il y a probablement une ivresse de l’activité politique, des réseaux, de l’influence, du pouvoir, de la reconnaissance des électeurs qui fait qu’on peut difficilement se retirer, car n’imaginant pas le moment d’une retraite pourtant bien méritée.

Alors Président de la République, François Hollande a remis à Christian Poncelet, en même temps qu'à Françoise Gaspard (ex-députée-maire de Dreux) et Robert Namias (journaliste), le 30 septembre 2015 en fin d'après-midi, dans les salons dorés de l'Élysée, les insignes d'officier de la Légion d'honneur dont il était fier : « Vous êtes un grand élu de la République. (...) Vous n'avez jamais perdu une élection et cumulé 147 années de mandats publics. Il n'y a qu'à la Présidence de la République où vous n'avez pas été élu. Mais bon, c'est juste parce que vous ne vous êtes pas présenté ! ». Nul doute que le Sénat et la République honoreront sa mémoire dans les prochains jours à la hauteur de l’importance qu’il avait prise dans la classe politique.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 septembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Christian Poncelet.
Jean-François Deniau.
Lionel Stoléru.
La succession de Christian Poncelet en 2008.
Antoine Rufenacht.
Christian Estrosi.
François Baroin.
Frédéric Péchenard.
Christine Lagarde.
Michel Noir.
Henry Chabert.
Francisque Collomb.
Hervé Morin.
François Fillon.
Alain Juppé.
Albin Chalandon.
Jean Castex.
Franck Riester.
Roselyne Bachelot.
Gérald Darmanin.
Édouard Philippe.
François Léotard.
Cohabitation.
Alain Carignon.
Jérôme Monod.
De Gaulle.
Nicolas Dupont-Aignan.
Luc Ferry.
Claude Malhuret.
Claude Goasguen.
Philippe Séguin.
Jacques Toubon.
Pierre-Christian Taittinger.
Jacques Chirac.
Patrick Devedjian.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200911-christian-poncelet.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/christian-poncelet-roi-des-vosges-227043

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/09/11/38528141.html






 

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