« La popularité n’est pas un critère de qualité. » (Claude Brasseur).
Cette petite phrase est à la fois vraie et fausse. Vraie parce qu’un bon acteur doit surprendre, sait se mettre dans des rôles pour lesquels on ne l’imaginait pas. Mais c’est la théorie, car la pratique, c’est qu’un acteur populaire devient familier, crédible, vrai, comme un copain, ou un copain de ses parents, ce qui revient un peu au même. C’est effectivement le cas de l’ami Claude Brasseur qui s’est éteint à Paris ce mardi 22 décembre 2020 à l’âge de 84 ans (né le 15 juin 1936).
On ne pourra pas dire que c’était un fils à papa ou un papa de fiston, et pourtant, il était dans une véritable lignée familiale d’acteurs et de comédiens, son père, "l’historique" Pierre Brasseur, son fils Alexandre Brasseur. Quoi de plus normal d’épouser la passion familiale quand on n’a jamais vécu que dans cela étant petit ?
Claude Brasseur a joué au théâtre, au cinéma et pour la télévision. Une longue carrière, de 1955 à 2018. Une centaine de films au cinéma. Deux Césars (en 1977 et en 1980), quelques tentatives de Molières ("juste" des nominations)… et un public qui n’a jamais cessé de l’aimer parce qu’il est resté le copain de service.
Il y a bien sûr ses nombreux rôles au théâtre, on pourra retenir l’excellente pièce de Jean-Claude Brisville mise en scène par Jean-Pierre Miquel, "Le Souper", à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution (créée le 20 septembre 1989 au Théâtre Montparnasse à Paris), avec deux personnages principaux : Talleyrand, joué par Claude Rich, et Fouché, joué par Claude Brasseur. Exceptionnel dialogue historique entre les deux hommes d’État situé le 6 juillet 1815, une date charnière de la France postrévolutionnaire. C’est devenu aussi un film, l’adaptation fut réalisée par Édouard Molinaro en 1992 (la pièce fut jouée aussi en 2015 avec Niels Arestrup et Patrick Chesnais).
Mais Claude Brasseur a surtout été connu par le cinéma. Il a d’abord eu des "petits rôles", comme dans "Le Viager" de Pierre Tchernia (sorti le 2 février 1972) où il campait le rôle de l’héritier des Galipeau, devenu petit malfrat avec son complice Jean Richard. Son premier grand rôle fut pour "Les Seins de glace" de Georges Lautner (sorti le 28 août 1974), aux côtés de la divine Mireille Darc et Alain Delon.
Trois séries de films ont cependant établi sa notoriété et sa popularité.
Il y a eu "La Boum" de Claude Pinoteau (sorti le 17 décembre 1980) où Claude Brasseur partage avec Brigitte Fossey la dure vie de parents de l’adolescente Sophie Marceau. Un film culte, qui a propulsé la carrière de la toute jeune Marceau. Ce film a eu une suite "La Boum 2" (sorti le 8 décembre 1982).
Dans ces deux films, au-delà du père (et du mari), Claude Brasseur était un bon copain dans une bande de copains. Ce rôle lui allait à merveilles et cela avait fait l’excellence de deux films antérieurs réalisés par Yves Robert, "Un éléphant ça trompe énormément" (sorti le 22 septembre 1976) et sa suite "Nous irons tous au paradis" (sorti le 9 novembre 1977). Il était jusqu’à aujourd’hui le dernier survivant de cette bande de copains impayables : il y a Claude Brasseur, Jean Rochefort, Guy Bedos et Victor Lanoux. Claude Brasseur y est vendeur de voitures …et homosexuel, ce qui, à l’époque, était un thème assez novateur (années 70, celles de l’audace au cinéma).
On retrouve ces quatre compères dans "Le Bal des casse-pieds" toujours d’Yves Robert (sorti le 12 février 1992), dans d’autres situations et aux côtés de Miou-Miou, Jacques Villeret, Jean Carmet, Jean Yanne et Michel Piccoli…
Enfin, troisième série de films, peut-être pas de la meilleure qualité mais néanmoins très populaires, qui ont redonné une nouvelle popularité à Claude Brasseur, pour une nouvelle génération d’admirateurs : "Camping" de Fabien Onteniente (trois numéros, sortis les 26 avril 2006, 21 juin 2010 et 29 juin 2016), le troisième "Camping" était son avant-dernière apparition au cinéma. Là, il joue le touriste de camping assez (beaucoup) beauf, Jacky Pic, recordman d’ancienneté, avec la petite troupe de campeurs récurrents : Mylène Demongeot (la femme de Jacky Pic), Franck Dubosc (le dragueur), Mathilde Seigner et Antoine Duléry, etc.
Pour compléter très succinctement le tableau, on peut bien sûr citer l’excellent film de Robin Davis "La guerre des polices" (sorti le 14 novembre 1979) où les commissaires Claude Brasseur et Claude Rich se font la guerre avec une Marlène Jobert entre les deux. Ce film a valu au Claude Brasseur son César du meilleur acteur. Malgré une fin qui est loin du "happy end"…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (22 décembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Michel Piccoli.
Robert Hossein.
Claude Brasseur.
Jean-Louis Trintignant.
Jean-Luc Godard.
Michel Robin.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201222-claude-brasseur.html
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/claude-brasseur-le-heros-malgre-229694
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/12/22/38721211.html