« Cendre de lune, petite bulle d’écume
Poussée par le vent, je brûle et je m’enrhume
Entre mes dunes, reposent mes infortunes
C’est nue que j’apprends la vertu. »
("Libertine" chanté par Mylène Farmer, 1986).
Déjà la fin de l’année 2020 ! Terrible, nous entrons en 2021 avec la torpeur d’un virus de 2019. Jamais on ne saurait mieux souhaiter la bonne année et surtout la bonne santé qu’à ce nouvel an 2021 : la pandémie de covid-19 est là pour le rappeler. Plus de 1,8 million de décès dans le monde, dont 64 381 en France, plus de 14 000 décès dans le monde rien que pour la journée de ce mercredi 30 décembre 2020, bref, la crise est majeure, mondiale, durable, de quoi cauchemarder encore de nombreuses nuits d’hiver.
Paradoxalement, cette année 2020 qui vient de s’écouler a été l’occasion, à chaque occasion, pas seulement au nouvel an, de prendre réellement soin de ses proches. Même les formules de politesse ont changé avec "Prenez soin de vous" à côté d’un "Cordialement" ou d’un "À bientôt". Au-delà des formules de politesse, c’est bien les relations sociales qui ont été bouleversées par ce satané coronavirus SARS-CoV-2 avec les gestes barrières : finies les pudiques bisous à l’exaltante assistante du troisième, finies les poignées de main très fermes avec l’interlocuteur viril, finies les embrassades, finies les tapes à l’épaule, les gestes qui consolent, et l’amour qui commence, insouciant. À cause du sida, les années 80 avaient vu une remise en cause des relations sexuelles libérées la décennie précédente ; les années 20 voient un éloignement physique, une distanciation physique qui va nous rendre tous anglo-saxons ou nordiques ou même asiatiques…
Inutile de réfléchir très longtemps pour savoir comment résumer en un seul mot l’année 2020. Un résumé dans toutes les langues, mondial, globalisé : covid-19. Nom de code complètement inconnu il y a seulement un an. Le virus existait déjà, et certains médecins chinois avaient osé le signaler, mais l’annonce officielle du gouvernement chinois a été beaucoup plus tardive, encore deux ou trois semaines. En quelques semaines, comme un feu de paille, la planète s’est embrasée dans la maladie mortelle pour de nombreuses personnes.
Faisons un petit détour en France et sur le quinquennat du Président Emmanuel Macron. Franchement, qui veut gouverner la France aujourd’hui ? Quel niveau de masochisme doit-on avoir pour vouloir gérer une crise sanitaire et économique d’une telle nature ? Emmanuel Macron aurait-il été candidat s’il avait su, lui qui avait du temps, par son jeune âge, pour attendre son tour ? Mais a contrario, Alain Juppé aurait-il été à la hauteur ? François Fillon ? François Bayrou ? et les autres, tous plus nuls les uns que les autres ?
Reprenons les "nouvels ans" de son quinquennat. 2018 ? C’était encore l’état de grâce. La réforme du code du travail passée comme une formalité devant la sidération des syndicats (je n’ai pas compris pourquoi ce fut si simple, Jean-Luc Mélenchon non plus, lui qui rêve tous les quarts d’heure du grand soir). 2019 ? C’était fini. En pleine crise des gilets jaunes. Réformes déjà enrayées. L’affaire Benalla pour corser le tout (après tout, quel Président n’aurait-il pas eu d’affaire ?). 2020 ? Idem. En pleine crise, mais pas la même. Les gilets jaunes ? Résolu avec le grand débat. Et les élections européennes ont montré que les gilets jaunes, décidément, n’étaient pas faits pour la politique (on ne peut pas vouloir plus de services de l’État et moins d’impôts et de taxes). Non, la crise-là était plus traditionnelle, sociale, grandes manifestations et grèves contre la réforme des retraites. J’ai déjà dit ce que j’en pensais. Nous étions encore dans un autre monde. Alors, 2021 ? Rien de tout cela. Comme si le destin s’amusait sans arrêt à zapper et à changer de film. Pandémie de covid-19. Production en mondovision, avec son armada de complotistes.
Alors, terminons-en très rapidement sur le plan politique. La prochaine élection présidentielle a lieu au printemps 2022. Autant dire demain. Tout le monde espère qu’elle aura lieu ou plutôt, que la pandémie permettra le déroulement régulier de la campagne électorale. Cela signifie que 2021 est l’année des candidatures. Nécessairement. Déjà, c’est bien tard. Aucun candidat à une élection présidentielle n’était inconnu quinze mois avant une élection présidentielle. Cela veut dire que tous les acteurs de 2022 seraient en principe déjà en place. Pour info, le record, à mon sens, dans l’histoire, c’était Emmanuel Macron, en piste dès mars 2015, soit deux ans avant l’élection. Certains candidats étaient en piste pendant trente ans, chez nous. Mais tout s’accélère…
Sur le plan européen, 2020 était un peu comme la succession de confinement/déconfinement, en gros, un jour sans fin ou une année sans fin : après avoir adopté l’accord sur le Brexit en janvier 2020, voici in extremis l’accord de partenariat entre Union Européenne et Royaume-Uni ratifié ce 30 décembre 2020. Il fallait finaliser avant le 31 décembre 2020, c’était moins une.
Revenons à l’origine, à l’idée principale. 2021, le seul souhait que tout le monde émet, c’est évidemment la santé, la résolution de la pandémie. Manifestement, complotistes et mandarins égocentriques ont dit n’importe quoi pendant un an. Ils continueront à dire n’importe quoi dans l’année qui vient, évidemment, puisque plus on s’enfonce intellectuellement, plus on y prend goût.
On peut critiquer le gouvernement, mais le gouvernement français est comme les autres gouvernements étrangers : le coronavirus était inconnu il y a un an. On ne savait rien ! On ne l’imaginait même pas ! L’impréparation, les responsables, c’étaient les gouvernements antérieurs, pas actuels ! Jean Castex a dit deux ou trois fois une chose à la fois étonnante de bon sens et pourtant, qu’il faut marteler : l’ennemi, ce n’est pas le gouvernement, c’est le virus ! Tout monde veut contrôler l’épidémie, mais le virus a ses propres lois dont on en ignore quelques-unes encore.
Entre faire et ne pas faire, et quoi faire si faire, il y a toujours sujet à critique. Pas de masque ? On critique. Trop de masques ? On critique. Pas de test PCR ? On critique. Trop de tests PCR ? On critique. Et on aura la même chose avec les vaccins. Trop lent. Trop rapide. Jamais comme il faut, toujours mieux chez les voisins, l’herbe y est toujours plus verte… que de dépréciation antipatriotique chez les Français !
Pourtant, chez les voisins, cette seconde vague, ce n’est pas fameux. La France fait partie de ceux qui s’en tirent le mieux, ou plutôt, le moins mal. Allemagne ce 30 décembre 2020 : +752 décès ; Royaume-Uni : +981 décès ; Italie : +545 ; France : +303. Ce ne sont pas des moyennes (surtout à l’époque de Noël, il faut faire des moyennes sur une semaine), mais ces données sont assez représentatives depuis plusieurs semaines. La France a confiné plus tôt que ses voisins, résultat : les voisins ont dû reconfiner brutalement juste avant Noël. La France a su préserver la fête de Noël. Qui remerciera le gouvernement français pour ce Noël sauvé ? Sûrement pas les Français. En revanche, en Allemagne en décembre, on ne cessait de dire depuis des semaines : il faut faire comme la France, il faut reconfiner !
Oui, ce sentiment de ne rien maîtriser, de ne rien contrôler, de devoir faire d’immenses concessions, les réformes mais aussi l’économie, pour sauver des vies, pour sauver NOS vies, oui, nos vies, aujourd’hui 300 à 400 décès par jour en France, il faut le répéter, chaque jour qui passe, ce sont des centaines d’êtres chers qui disparaissent avec cette saleté de maladie. Ce n’est pas un rhume. Cela continue à tuer. Sans arrêt. 14 000 hier, comme je l’ai indiqué plus haut.
Pourquoi faut-il pourtant être optimiste ? Parce que les vaccins sont déjà là, et c’est unique dans l’histoire des sciences. Jamais on est allé aussi vite. C’est une incroyable lueur dans le cauchemar des deuils et du chômage. Il n’est pas possible, à l’heure actuelle, de soigner cette maladie. Elle est très contagieuse (beaucoup plus que la grippe), ce qui nécessite effectivement des mesures drastiques de restriction sanitaire. Mais le meilleur moyen d’en venir à bout, ce sont les vaccins.
Or, le vaccin à ARN messager non seulement est prometteur, mais il est là, déjà là ! Décembre 2020 aura été le mois de la vaccination. Là encore, on pourra toujours critiquer le gouvernement français pour sa timidité, son enthousiaste pour le moins fade, mais la France aura autant de vaccins que les autres pays européens, en proportion de la population. Comme dans tout acte d’innovation, il y a les avant-gardistes et les suiveurs. Qu’importe le doute : les suiveurs suivront, ils verront bien, en juin 2021, lorsque les premières personnes vaccinées auront déjà un an d’ancienneté (et même plus, les premiers tests sur l’humain ont eu lieu le 24 avril 2020).
C’est le vaccin qui est la perspective la plus optimiste. Les complotistes pourront toujours rouspéter, ils s’enferreront dans leurs contradictions. Comment ? Les gouvernements auraient créé une pandémie pour ruiner les peuples ? (pourquoi ? quel intérêt ? je l’ignore). Et maintenant, ils vaccinent. Pourtant, en vaccinant, ils vont justement mettre fin à la pandémie. Pourquoi l’auraient-ils créée pour y mettre fin ? Bref, chaque élucubration de complotiste est une incohérence majeure, est un défi à la raison, est une insulte à la science.
Non seulement je me réjouis du début des campagnes de vaccination, mais je considère qu’elle est un point d’inflexion dans l’histoire des sciences. Le vaccin à ARN messager a un avantage majeur que les complotistes anti-vaccin (que je ne convaincrais pas puisqu’ils sont du registre de la secte) n’ont pas bien considéré : il n’a aucun moyen d’être combattu avec les arguments classiques. Pas d’adjuvant. Pas de virus inactif, donc pas de risque d’avoir la maladie. Le seul pitoyable argument, c’est l’ignorance de ce qu’est l’ARN messager, une molécule instable qui se détruit après avoir fait ce qu’on lui a demandé de faire, sans aucune possibilité de modifier l’ADN de l’humain parce qu’elle est incapable d’entrer dans le noyau de la cellule.
La vaccination par l’exemple ? Des centaines de maires ont proposé de se faire vacciner pour participer à l’acceptabilité. C’est une erreur, à mon sens, qu’il n’y a pas de volonté d’exemplarité au plus haut niveau de l’État, sous prétexte de préserver la hiérarchie des priorités. Personne ne dira qu’être gouvernant ne demande pas d’être protégé de tout événement mettant en danger la santé. À l’étranger, beaucoup de dirigeants se sont faits vacciner, notamment Joe Biden et Mike Pence.
Toujours est-il que cette année 2020, avec la pandémie, on a pu voir l’humanisme ou la manque d’humanisme de certains. Ce fut très instructif. Cela permet, parfois, d’en dire beaucoup sur les personnes. Espérons que 2021 sera l’année du triomphe de la raison et de la science, que les nombreux échos sur Internet ont salies massivement cette année.
Et puis, puisqu’il est l’heure : bonne année et bonne santé à tous pour 2021 !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (31 décembre 2020)
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