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20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 03:54

« Plus le temps passait et plus son physique se faisait "balzacien", apte à créer des types très précis de bourgeois français, souvent patelins et parfois inexorables, sous un visage rose impeccablement rasé de notaire de province. Sa diction extrêmement circonspecte témoignait des vertus de la "vieille"  école qui fut la sienne, passant aussi bien par Firmin Gémier, qui lui fournit en 1923 l’un de ses premiers rôles, que par Copeau, Dullin, Jouvet et Baty qui le façonnèrent. » ("L’Humanité" le 21 janvier 1991).




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Comment partir dans la lumière. Il y a trente ans, le dimanche 20 janvier 1991 dans la matinée, un cruel incendie a endeuillé une grande famille du théâtre et du cinéma. Louis Seigner aurait été victime de sa pipe mal éteinte qui a enflammé son appartement du quinzième arrondissement de Paris. Sa femme Marie a été sauvée de justesse par leur fille Françoise. Il avait 87 ans (né le 23 juin 1903 pas loin de Bourgoin-Jallieu, à Saint-Chef), mais il aurait pu pousser un peu plus loin sans cet accident.

Fou de cinéma (à l’époque, il était muet), Louis Seigner a pris des cours de théâtre à Lyon puis à Paris. Louis Seigner fut une sorte de statue du commandeur, Molière revenu sur terre : il a multiplié les records depuis qu’il a commencé en 1920. Son métier, comédien, c’est-à-dire, acteur sur scène, au théâtre. Il a enchaîné plus de 300 rôles et parfois, il a joué plus de 650 fois son rôle dans "Le Bourgeois Gentilhomme", faisant même un triomphe en URSS lors de sa tournée en 1954. Il a aussi le record pour "Le Malade imaginaire" et "Tartuffe" (400 représentations). Après seize ans pensionnaire de l’Odéon, il fut engagé en 1939 au "Français" grâce à son rôle du roi dans "Le Cid", puis il fut confirmé comme le 407e sociétaire de la Comédie-Française de 1943 à 1971 (doyen à partir de 1960), et son exceptionnelle carrière a fait l’objet d’une grande soirée d‘adieux et d’hommage le 25 avril 1974.

Mais Louis Seigner n’était pas seulement un "théâtreux" : il jouait la comédie aussi au cinéma et à la télévision. Là encore, il a flirté avec les records avec une participation à plus de 150 films. Avant la télévision, il y a eu la radio, il a commencé dès 1930 à proposer du théâtre radiophonique aux côtés de Claude Dauphin et Jean Nohain. Comment avoir autant donné dans une seule vie ? Grand mystère.

D’autant plus qu’il a donné aussi au cinéma et au théâtre par sa descendance. Trois générations. Comme les Vasseur, comme les Casadesus, comme tant d’autres. Parmi ses trois enfants, une comédienne Françoise (1928-2008), elle aussi qui fut sociétaire à la Comédie-Française. Et deux petites-filles qui sont devenues des stars. Filles de Jean-Louis (1941-2020), il y a Emmanuelle Seigner, connue pour ses rôles auprès de Roman Polanski, et Mathilde Seigner, un caractère, une passion, éclatante au cinéma (et pas seulement dans la série "Camping" dont elle a regretté la trop grande notoriété).

Louis Seigner tenait des rôles de grande autorité, peut-être autant morale qu’opérationnelle, parfois débonnaire, parfois sévère. Un personnage qui inspirait confiance, un prêtre, un cardinal, un juge, un notable en général, éventuellement un médecin, un ministre, un banquier, un officier, un enseignant. On l’imaginait bien en pape (rôle qu’il a joué par exemple en 1970 dans "Malatesta" de Montherlant), pape rassurant et bon comme l’était par exemple Jean XXIII.

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Une petite anecdote qui pourrait décevoir les gaullophiles enthousiastes : l’art de la scène, ce n’est jamais inné et cela s’apprend. Pour la campagne présidentielle de décembre 1965, la première au suffrage universel direct, il s’agissait de s’exprimer à tous les Français. De Gaulle a donc demandé l’aide de Louis Seigner, selon le journal "Le Monde" cité par le chroniqueur Éric Delvaux dans son émission "Le cabinet de curiosités" diffusée le 29 avril 2017 sur France Inter (pour évoquer la préparation des candidats à l’élection présidentielles pour les séances de "propagande" à la télévision). En effet, il avait demandé au grand comédien de lui apprendre l’art d’être bonhomme ! Et à l’évidence, le professeur a été très efficace. Louis Seigner a aussi enseigné l’art dramatique à Jacques Perrin et Jacques Villeret, dans le cadre de ses onze ans d’enseignement au Conservatoire d’art dramatique.

Son dernier rôle fut l’évêque de Digne (Monseigneur Bienvenu Myriel), au cinéma, dans la version de Robert Hossein de l’œuvre de Victor Hugo "Les Misérables", adaptation sortie le 20 octobre 1982 (avec Lino Ventura, Michel Bouquet et Jean Carmet). Sa fille Françoise jouait le rôle de la femme de Thénardier. Louis Seigner avait déjà joué avec Robert Hossein, dans un de ses grands spectacles, adapté de Dostoïevski, "Crime et Châtiment" en 1975 (au Théâtre de Paris après une tournée, à Reims notamment).

Difficile de citer ses films et téléfilms.

Au cinéma, Louis Seigner a joué dans de nombreuses productions, parfois très célèbres, des rôles plus ou moins essentiels qui ont toujours rajouté de l’intérêt au film. Citons très arbitrairement le directeur de la prison dans "L’Ennemi public numéro un" d’Henri Verneuil (sorti le 2 décembre 1953) avec Fernandel, Zsa-Zsa Gabor et Nicole Maurey, l’inspecteur de police dans "Détournement de mineures" de Walter Kapps (sorti le 9 décembre 1959), le directeur de l’école dans "Les Frangines" de Jean Gourguet (sorti le 10 février 1960) avec Dora Doll, Françoise Vatel et Richard Bohringer, le directeur de la police dans "Le Pacha" de Georges Lautner (sorti le 14 mars 1968) avec Jean Gabin, André Pousse et Robert Dalban, le ministre de la justice dans "Section spéciale" de Costa-Gavras (sorti le 23 avril 1975) avec Michael Lonsdale, Pierre Dux, Jacques François, Claude Piéplu, Jacques Perrin, Michel Galabru, Julien Guiomar, Jean Bouise, Yves Robert, Romain Bouteille, Bruno Cremer, etc., le père d’Alain Delon dans "Monsieur Klein" de Joseph Losey (sorti le 22 mai 1976) avec Michael Lonsdale, Jean Bouise, Michel Aumont, Jeanne Moreau, Suzanne Flon, etc.

À télévision, je ne retiendrais qu’un seul rôle de Louis Seigner qui a été très remarquable, celui du banquier Spinello Tolomei dans l’excellente adaptation du roman de Maurice Druon "Les Rois maudits" par Maurice Jullian, réalisée par Claude Barma (diffusée 21 décembre 1972 au 24 janvier 1973 sur Antenne 2), avec Jean Piat, Jean Desailly, Hélène Duc et Jean-Luc Moreau.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 janvier 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Louis Seigner.
Jean-Pierre Bacri.
Jacques Marin.
Robert Hossein.
Michel Piccoli.
Claude Brasseur.
Jean-Louis Trintignant.
Jean-Luc Godard.
Michel Robin.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210120-louis-seigner.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-legende-louis-seigner-230323

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/01/18/38767455.html








 

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