« Dans la vie, il n’y a pas que l’argent. Il y a aussi les fourrures et les bijoux. » (Liz Taylor).
La célèbre Liz Taylor est partie il y a dix ans, le 23 mars 2011, à Los Angeles, en Californie, d'une attaque cardiaque à 79 ans (née le 27 février 1932 à Londres). Toujours en retard, elle a même été en retard à son enterrement le lendemain de sa disparition ! Il paraît qu’Elizabeth Taylor était l’une des plus grandes actrices de tous les temps. Sans doute. À ses débuts, sans aucun doute. La jeune femme, belle, lisse, sûre d’elle qu’elle incarnait au cinéma était remarquable.
Somptueuse, elle l’était au sommet sa gloire, en reine Cléopâtre, dans "Cléopâtre" de Rouben Mamoulian puis Joseph Mankiewicz (sorti le 12 juin 1963), avec Richard Burton dans le rôle de Marc Antoine. C’était à l’époque où elle était l’actrice la mieux payée d’Hollywood et ses liaisons avec Richard Burton défrayèrent la chronique au point d’avoir mis en danger le tournage de ce très long-métrage (248 minutes !). Cette passion explosive, étalée dans les journaux, fit scandale (car les deux tourtereaux étaient déjà mariés).
Pour l’anecdote, c’est à la suite de ce film, qui fut un gouffre financier, que les compères Goscinny et Uderzo (qui est mort il y a juste un an) ont sorti l’album de bande dessinée "Astérix et Cléopâtre" (prépublié dans "Pilote" du 5 décembre 1963 au 24 septembre 1964), se moquant ainsi de la superproduction hollywoodienne : « 14 litres d’encre de Chine, 30 pinceaux, 62 crayons à mine grasse, 1 crayon à mine dure, 27 gammes à effacer, 38 kilos de papier, 16 rubans de machine à écrire, 2 machines à écrire, 67 litres de bière ont été nécessaires à la réalisation de cette aventure. » !
Elizabeth Taylor a, par ailleurs, reçu trois Oscars, notamment l’Oscar de la meilleure actrice en 1961 pour "La Vénus au vison" de Daniel Mann (sorti le 4 novembre 1960), alors qu’elle souffrait d’une pneumonie très sévère et qu’elle avait déjà échoué trois fois aux Oscars pour des films plus importants, et en 1967 pour "Qui a peur de Virginia Woolf ?" de Mike Nichols (sorti le 22 juin 1966) avec (toujours) Robert Burton.
Mais cette s’arrête là, à mon avis. Je veux dire, à ce moment très bref de sa jeunesse. Une destinée un peu comme celle d’Alain Delon, qui, à ses débuts, exprimait également la fraîcheur, la spontanéité, en résumé, la sensibilité.
Son quatrième et cinquième mari (sur huit), Robert Burton, se souvenait ainsi de leur première rencontre : « Elle était incontestablement splendide. Je n’ai pas d’autre mot pour décrire cette combinaison de plénitude, de frugalité, d’abondance, de minceur. Elle était somptueuse. Elle était d’une grande générosité. ». Mais cela ne l’a pas empêché de lâcher, en divorcé et goujat : « [L’appellation] de la plus belle femme au monde est un non-sens. Elle a… un double menton, une poitrine volumineuse, est plutôt courte sur pattes… ».
Peut-être était-ce le raccourci d’une vie de star malheureuse ? Elle est devenue ensuite comme Alain Delon : prisonnière complaisante de son image. De sa caricature.
Et après, elle a "sombré" comme Brigitte Bardot. Avec une cause à défendre, pas celle des animaux (elle aimait trop les fourrures), mais un combat humanitaire. La lutte contre le sida : « Je regardais toutes les actualités sur cette nouvelle maladie et je me demandais pourquoi personne ne faisait rien. Et ensuite, je me suis rendu compte que j’étais comme eux. Je ne faisais rien pour aider. ». Liz Taylor avait été terriblement affectée par la mort de son complice au cinéma Rock Hudson le 2 octobre 1985. C’était la première fois qu’une personnalité célèbre avait annoncé qu’elle avait le sida. Ce combat-là était tout à fait louable. C’était l’époque où le sida était peste, où le sida était fléau de Dieu, où le sida était punition divine. C’était l’époque où un personnage public osa parler de sidaïques et voulait créer des sidatoriums… Heureusement, "on" n’a pas eu cela avec le covid-19. À cause du trop grand nombre de victimes.
En fait, elle n’était pas du tout comme Brigitte Bardot car elle a continué. Au cours de sa carrière, Liz Taylor a en effet multiplié ses rôles, parfois dans des séries télévisées. Elle n’était plus la jeune et belle femme de ses débuts mais faudrait-il pour autant arrêter son métier parce que l’âge avancerait ? Simone Signoret n’a pas arrêté non plus. Ni Annie Girardot. C’est tout à leur honneur.
Cependant, Dame Elizabeth n’avait plus la grâce d’antan et pointait dans son allure une certaine vulgarité avec des coiffures assez excentriques. Celle qui avait sacré en 1989 son ami Michael Jackson en vrai roi de la pop, du rock et de la soul, a été aussi récompensée de nombreuses décorations, comme commandeure des Arts et des Lettres (insignes remises par le ministre Jack Lang). Elle a fait partie aussi de la sinistre liste des victimes potentielles de l’assassin de John Lennon en raison de sa célébrité.
Pour moi, elle restera, avant tout, la femme féline qui a ébloui de son rayonnement le film "La Chatte sur le toit brûlant" de Richard Brooks (sorti le 18 septembre 1958) avec Paul Newman, une adaptation d’une pièce de Tennessee Williams. Elle n’avait que 26 ans au tournage, qui a failli ne pas être achevé en raison de l’immense tristesse qu’elle a eue à la mort accidentelle de son troisième mari. Elizabeth Taylor a joué le rôle principal aussi dans une autre adaptation de Tennessee Williams, "Soudain l’été dernier" de Joseph Mankiewicz (sorti le 22 décembre 1959), film dont elle partagea la vedette avec Katharine Hepburn et Montgomery Clift. Sa notice sur Wikipédia indique que pour ces deux films : « Elle y exprime une sensualité animale rarement aussi bien exploitée. ». Jospeh Mankiewicz parlait d’un "talent de primitif" pour décrire l’interprétation exceptionnelle de Liz Taylor.
C’est cette animal-là qui perdurera dans la mémoire collective du cinéma américain.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (20 mars 2021)
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Pour aller plus loin :
Liz Taylor.
Annie Girardot.
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