« Depuis le début de la crise, le gouvernement a toujours voulu agir de manière réactive, pragmatique et proportionnée. Cela vaut quand la situation se dégrade. Cela vaut aussi quand elle s’améliore et a fortiori, quand elle s’améliore plus vite que prévue. » (Jean Castex, le 16 juin 2021).
La situation épidémique en France va beaucoup mieux depuis plusieurs semaines. Il faut insister sur le côté positif : nous sommes près d’avoir gagné la guerre contre le coronavirus. Certes, rien n’est jamais acquis, mais grâce à l’effort de tous, grâce aussi à une évolution très positive, la baisse du nombre de nouveaux cas détectés est continue et il dégringole même de manière exponentielle. C’est impressionnant, c’est joyeux, c’est presque surprenant tant la crise sanitaire nous avait habitués à beaucoup plus de mauvaises nouvelles que de bonnes nouvelles ! Sachons savourer les bonnes à leur juste mesure.
Je ne vais pas bouder cette évolution heureuse. Ce n’est pas irresponsable car le peuple français s’est montré finalement très responsable, très naturellement responsable, ce qui contraste avec la réputation de râleur et les grandes gueules qui se font plus entendre que les autres. Même parmi les médecins les plus pessimistes, cet éclat d’optimisme commence à s’installer. Ainsi, le professeur Gilbert Deray a salué la décision du gouvernement d’assouplir les règles encore en vigueur pour la crise sanitaire en accélérant le rythme du déconfinement.
En effet, à l’issue du conseil des ministres du mercredi 16 juin 2021, le Premier Ministre Jean Castex a annoncé deux mesures qui ne pourront qu’être applaudies par le peuple.
La première est applicable dès le 17 juin 2021 : « Nous allons lever l’obligation générale du port du masque en extérieur. (…) Le port du masque en extérieur ne sera donc plus obligatoire, sauf dans certaines circonstances. (…) Bien sûr, le port du masque restera obligatoire dans les lieux clos, notamment au travail, dans les commerces, dans les transports, et dans tout lieu de rassemblement. ».
La seconde est applicable le 20 juin 2021 : « Le couvre-feu à 23 heures, qui devait, vous le savez, s’appliquer jusqu’au 30 juin, cessera de s’appliquer à compter de ce dimanche, soit dix jours avant la date prévue. Si cette mesure de couvre-feu répondait à un vrai besoin pour accompagner la fin de la troisième vague, les très bons résultats enregistrés ne le justifient plus. (…) Cela ne signifie cependant pas que deviendront possibles des rassemblements sauvages, festifs, sans respect des règles barrières, que cela se produise d’ailleurs en début ou en fin de soirée. ».
La date du dimanche 20 juin 2021 est intéressante à plus d’un titre. D’abord, elle permet de passer les soirées électorales sans problème de couvre-feu. Vu la complexité du double scrutin, les opérations de dépouillement risquent de se prolonger au-delà des 23 heures fatidiques. Cela permettra aux candidats victorieux de fêter ensemble leur victoire. Cela permet aussi d’assister à l’extérieur à la retransmission de matchs de football, avec la fin d’une dispense de couvre-feu qui ne se justifiait pas sinon en la généralisant au nom du principe d’égalité. Enfin, elle est juste avant la fête de la musique, le 21 juin 2021, ce qui permettra de la prolonger au-delà de 23 heures et probablement jusqu'au bout de la nuit.
Il y a seulement une semaine, je saluais la joie du déconfinement et pourtant, je voulais rester vigilant sur le relâchement. Mais le rythme est de "descente" de l’épidémie est tellement rapide que je n’ai plus d’inquiétude à court terme. L’été sera soulagé. Les premières mesures de déconfinement à partir du 19 mai 2021, les rassemblements dans les terrasses, parfois sans gestes barrières, n’ont eu aucune incidence sur l’épidémie. L’épidémie est arrivée dans un cercle vertueux après être restée longtemps prisonnière d’un cercle vicieux.
Les données quotidiennes sont impressionnantes de bonne nouvelle. Je les suis chaque jour sur une trentaine de pays et la France évolue comme l’Italie et l’Allemagne, tous les trois très durement touchés depuis Noël 2020.
Faisons le point épidémique de ce vendredi 18 juin 2021. Seulement 2 439 nouveaux cas ont été détectés en une journée, et nous sommes un des pays qui testent beaucoup (au total,90,2 millions de tests ont été réalisés). La situation ne cesse de s’améliorer : le taux de positivité a chuté complètement, il était à 1,2% le 15 juin 2021, ce qui prouve que la chute du nombre de cas ne provient pas d’une chute du nombre de tests réalisés, mais bien d’une réelle décrue épidémique. C’est la première fois depuis très longtemps qu’il y a moins de 100 000 cas actifs dans le pays (précisément 95 244).
Le taux d’incidence a chuté aussi, à 31,8 cas pour 100 000 habitants en une semaine (au 15 juin 2021). Le nombre de reproduction effectif a chuté jusqu’à 0,58 (au 12 juin 2021), il n’a jamais été aussi bas depuis mai 2020. Cela signifie que le nombre de cas va continuer durablement à baisser, c’est très rassurant. De même, en moyenne sur les sept derniers jours, il y a eu 2 817 nouveaux cas par jour, ce qui fait une baisse de 45% par rapport à la semaine précédente. Là est la chute spectaculaire, exponentielle.
Mais ce nombre de cas, qui est un critère important, ne donne pas la réalité sanitaire de l’épidémie. La seule réalité qui vaille, c’est la santé des personnes. Or, la situation des hospitalisations s’est aussi nettement améliorée. Il y a actuellement 10 738 personnes hospitalisées pour cause de covid-19, soit 376 de moins par rapport à la veille (171 personnes sont entrées à ce jour à l’hôpital).
Dans les services de réanimation, là aussi la chute est sensible même si on souhaiterait une baisse plus rapide (le temps moyen de séjour est long, environ trois à quatre semaines, car ce sont des personnes plus jeunes que l’an dernier qui occupent ces lits) : 1 740 patients en réanimation (au pic de la troisième vague, c’était plus de 6 000), en baisse constante, soit un taux d’occupation national de 34,4% (à Paris, il y a 521 patients en réanimation). Ce jour, 53 personnes ont été admises en réanimation pour cause de covid-19. En tout depuis le début de la crise sanitaire, 88 988 sont passées dans un service de réanimation pour cause de covid-19.
Enfin, autre critère important, le nombre de décès. Ce 18 juin 2021, 50 personnes sont mortes du covid-19 à l’hôpital, en tout un peu plus si l’on tient compte des décès dans les EHPAD (18 pour la dernière semaine). En moyenne sur les sept derniers jours, il y a eu 53 décès chaque jour, ce qui reste encore beaucoup trop, mais cela représente 15% de moins que la semaine précédente.
Cela donne toutefois un total de 110 702 décès, ce qui est énorme. L’embellie de la situation épidémique ne doit pas nous faire oublier que cette crise sanitaire est d‘abord une catastrophe humaine. Beaucoup de familles sont endeuillées depuis un an et demi, un deuil, pour l’an dernier, très difficile à faire en raison des conditions sanitaires très strictes (heureusement maintenant assouplies).
Le journal "Le Monde" a aussi démarré une polémique sur le coût humain de ne pas avoir reconfiné dès janvier 2021 : il faut être clair, ne pas avoir reconfiné a coûté des vies humaines, le journal a évalué à 14 000 vies humaines, mais c’est une évaluation difficile à faire car on n’a forcément pas eu l’évolution réelle dans les deux cas (avec et sans reconfinement). Cette polémique n’a pas lieu maintenant, l’analyse devra se faire une fois la crise passée et l’émotion évacuée. Nous n’en sommes pas encore là.
Rappelons qu’au niveau mondial, près de 4 millions de personnes ont déjà perdu la vie, malades du covid-19 (3,87 millions précisément). Certains pays sont parfois en grande difficulté. L’Inde a réussi à endiguer la hausse spectaculaire des cas et des décès, et se trouve heureusement sur des courbes descendantes. Mais certains pays n’ont pas encore endigué leur vague actuelle : le Brésil, la Russie, la Colombie, l’Argentine, entre autres, sont dans des situations sanitaires très difficiles.
Le cas du Royaume-Uni est un peu spécial car le nombre de cas remonte spectaculairement à cause du variant delta (indien), mais la situation reste encore largement sous contrôle et grâce à la politique de vaccination massive, le nombre de décès quotient est extrêmement faible et ne repart pas à la hausse (les Britanniques ont réalisé au total plus de 200 millions de tests).
J’avais évoqué trois freins à la circulation du virus : les effets du reconfinement, la saison estivale qui arrive, et aussi la situation vaccinale.
Je suis pour dire les choses clairement : lorsque cela ne va pas, il faut le dire, et ce n’est pas du catastrophisme de le dire quand nous avions des centaines de décès chaque jour, mais ce n’est supportable que si, lorsque cela va mieux, on le dit aussi ! Donc, je le dis et j’insiste : la France a réussi sa politique vaccinale (au même titre qu’elle sait maintenant tester massivement). Ces derniers jours, autour de 700 000 doses ont été injectées quotidiennement. En ce moment, plutôt des deuxièmes doses que des premières doses (par exemple, le 17 juin 2021, 304 011 premières doses et 409 906 secondes doses).
Là aussi, les chiffres sont impressionnants et très positifs : il y a au 17 juin 2021 environ 60% de la population adulte qui a reçu au moins une dose, 47% de la population totale, soit 31 436 702 personnes, c’est énorme. La France n’a pas à rougir de sa politique vaccinale, elle se rapproche de la situation britannique, américaine voire israélienne. 17 398 446 personnes sont complètement vaccinées (avec une, deux ou trois doses selon leur situation), soit 26% de la population totale. En gros, en six mois, la moitié de la population totale a au moins une dose et un quart est complètement vacciné.
Il faut aussi regarder par groupe d’âge le taux de vaccination, et là encore, les oiseaux de malheur, encore récemment, ont voulu croire qu’il y avait des irréductibles qui ne voudraient jamais se faire vacciner, or, la situation continue toujours à évaluer. Ainsi, au 17 juin 2021, 83,7% des plus de 75 ans ont reçu au moins une dose (dont 74,2% deux doses). Les 65 à 75 ans, 84,2% ont eu au moins une dose (dont 64,2% deux doses).
Cette bonne couverture s’explique aussi parce que ces catégories de personnes étaient parmi les prioritaires. Mais même les autres catégories ont un taux élevé de couverture. Rappelons que les 50 à 55 ans ont pu se faire vacciner seulement à partir du 10 mai 2021, les 18 à 50 ans, seulement à partir du 31 mai 2021, enfin, les 12 à 18 ans, à partir du 15 juin 2021 (je n’ai pas de statistiques pour les adolescents, mais ils viennent en masse dans les centres de vaccination afin de pouvoir jouir ensuite d’une vie sociale normale).
Donc, pour ces catégories plus jeunes, le droit de se faire vacciner n’a qu’un mois au mieux. Et pourtant, les taux de vaccination sont déjà élevés. Les 50 à 65 ans sont 70,4% à avoir reçu au moins une dose (38,5% deux doses). Les 30 à 50 ans, 47,9% (presque la moitié déjà !) au moins une dose (15,4% deux doses). Enfin, les 18 à 30 ans, 37,8% (plus d’un tiers) au moins une dose (9,1% deux doses).
Bien entendu, l’effort doit se poursuivre, mais il y a toujours des personnes qui, même quand cela va bien, disent que cela va mal aller. On a dit qu’il y avait une baisse de fréquentation des centres de vaccination mais le site Doctolib a confirmé que cette semaine, tous les rendez-vous disponibles étaient pris et honorés. Et jamais on n’a vacciné autant que ces dernières semaines (je le répète, 700 000 doses chaque jour !).
Évidemment, cet été, le rythme va ralentir, non pas en raison d’un manque de doses (qui était le seul problème lors du démarrage de la campagne de vaccination), mais en raison des personnes qui partent en vacances. C’est pourquoi les objectifs du gouvernement sont moins exigeants qu’en mai et juin 2021.
Jean Castex les a rappelés, le 16 juin 2021 : « Nous avons, vous le savez, ouvert la vaccination, hier, aux 12 à 18 ans. Nous devons ne rien lâcher pendant les prochaines semaines. À la fin août, autour de la rentrée, nous devons avoir atteint trois cibles : 40 millions de personnes primo-vaccinées, 35 millions de personnes ayant reçu une vaccination complète, 85% des plus de 50 ans et des adultes atteints de comorbidités ayant reçu une première dose. Cette mobilisation autour de la vaccination concerne tout le monde. ».
L’inquiétude, tout le monde le dit, sera pour l’automne 2021 : y aura-t-il une quatrième vague, principalement à cause du variant indien venu du Royaume-Uni ou pas ? La troisième vague en France, qui fut celle du variant anglais a mis trois mois de retard sur le Royaume-Uni. Il y a une course de vitesse, mais la France et la plupart des pays d’Europe semblent l’avoir gagnée : avec quelques milliers de cas par jour, peut-être même bientôt en dessous de mille cas, l’épidémie est contrôlable et le tester, tracer, isoler n’est plus une vaine méthode.
L’objectif du gouvernement pour la fin de l’été me paraît réaliste et atteignable. Il correspond finalement à 60% de la population totale qui aura au moins une dose de vaccin. Actuellement, les deux pays qui ont le plus vacciné ont un taux de couverture similaire : 63,4% pour Israël et 62,2% pour le Royaume-Uni.
Oui, il faut insister : quand cela va bien, il faut le dire. La situation est tellement bonne que nous avons le droit de revenir à l’insouciance. Pas une complète insouciance, mais une insouciance responsable, car il nous faut garder encore les gestes barrières et porter le masque dans les lieux clos (ou très denses à l’extérieur, comme dans une cour de récréation), mais une insouciance suffisamment concrète pour nous permettre de "souffler" et de profiter de l’été, d’une vie sociale renouvelée. Savourons !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu
(Les schémas proviennent du site CovidTracker).
Pour aller plus loin :
Covid-19 : la divine surprise.
Vive le déconfinement, mais attention au relâchement !
Covid-19 : passe sanitaire et obligation vaccinale.
Dénigrements du vaccin Pfizer sur le Web : une origine russe ?
Plus de 20 millions de Français vaccinés : et moi et moi et moi.
Covid-19 : le passe sanitaire né dans la douleur en France.
Levée des brevets des vaccins anti-covid-19 : de la théorie à la pratique.
La balance bénéfices-risques du vaccin d’AstraZeneca.
Covid-19 : 100 000 décès en France, 1 million en Europe.
Le vaccin russe Sputnik V.
Témoignage : au cœur d’un centre de vaccination contre le covid-19.
Origine du coronavirus SARS-CoV-2 : détecté et en circulation en France depuis le 5 novembre 2019 ?
La technologie à ARN messager de Katalin Kariko.
Pandémie de covid-19 : plus de 2 millions de décès et une poignée de néo-négationnistes.
7 questions sur les vaccins contre le covid-19.
Covid-19 : vaccins et informations parcellaires.
La lune de Jupiter.
Faudra-t-il rendre obligatoire le futur vaccin contre le covid-19 ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210618-covid-dl.html
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-la-divine-surprise-233819
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/06/18/39020680.html