« Les gens craignent plus la mort que la souffrance. Or, la vie est souffrance. La mort nous en délivre. N’est-elle pas alors notre meilleure alliée ? » (Jim Morrison).
Philosophie ou sophisme ? Le chanteur américain Jim Morrison est mort il y a exactement cinquante ans, le 3 juillet 1971, à l’âge de 27 ans (il est né le 8 décembre 1943 à Melbourne). Il venait de "s’exiler" en France quelques mois auparavant pour rejoindre sa compagne. Paris n’était hélas pour lui qu’une longue suite de cuites et beuveries.
Les circonstances de sa mort, à Paris, restent encore aujourd’hui assez mystérieuses, probablement d’une overdose qu’il avait d’ailleurs imaginée : « Dans la vie, j’ai eu le choix entre l’amour, la drogue et la mort. J’ai choisi les deux premières et c’est la troisième qui m’a choisi. ». L’une des raisons du mystère, c’est sans doute qu’il a absorbé de l’héroïne dont il n’était pas un consommateur habituel, et cette drogue était fournie par le fils à papa d’une famille très respectée à Paris, par ailleurs compagnon de la chanteuse Marianne Faithfull. Il fallait à tout prix éviter une enquête policière qui aurait soulevé un scandale et même un incident diplomatique entre la France et les États-Unis. Officiellement, Jim Morrison serait mort d’une "crise cardiaque due à l’alcool, mort naturelle".
Certains ont parlé aussi de suicide, d’autres pensent même, à l’instar de certains fans illuminés d’Elvis Presley, qu’il serait toujours vivant et qu’il se serait extirpé du monde médiatique pour pouvoir avoir une vie tranquille. On peut s’étonner d’ailleurs que ces imaginations délirantes ne prolifèrent pas vraiment malgré l’écho que pourraient en donner désormais les réseaux sociaux et autres nouvelles technologies de la communication.
En tout cas, un cercueil dans lequel repose (en principe) Jim Morrison est enterré pas loin d’Oscar Wilde, son écrivain préféré, au Père-Lachaise selon ses vœux, à l’initiative d’une de ses amies, Agnès Varda, et sa tombe est parmi les plus décorées et fréquentées du cimetière. Une inscription en lettres grecques a été gravée que reprend mon titre ici. On a dû construire des barrières afin d’éviter la dégradation du lieu, car cet endroit était l’occasion de rassemblements nocturnes alcoolisés qui laissaient derrière eux des détritus et autres immondices.
En mourant à 27 ans, Jim Morrison a suivi dans la macabre légende d’autres jeunes chanteurs qui, au même âge, par leur mode de vie complètement déséquilibré, ont aussi mis leur santé et leur vie en danger, en particulier Brian Jones (mort exactement deux ans avant Jim Morrison qui lui a consacré un poème), Jimi Hendrix et Janis Joplin. Il avait d’ailleurs inquiété ses amis lorsqu’il buvait (et se saoulait) en leur disant, prophétique : « Vous êtes en train de boire avec le numéro quatre ! ».
Jim Morrison, révolté, poète maudit, était surtout descendu dans l’enfer des drogues et de l’alcool, et a eu souvent des démêlés avec la police (notamment lors du concert le 1er mars 1969 à Miami), mais peut-être parce qu’il attirait des foules, peut-être parce qu’il correspondait comme un porte-parole d’une certaine jeunesse, celle de mai 68, on était indulgent avec lui, le génie étant toujours classé hors de la norme. Il était désespéré, provoquant, voire agressif, en tout cas transgressif, sur les addictions, la sexualité, etc. On a dit de lui qu’il était un poète et un philosophe, sans aucun doute un poète et un philosophe écorché : « L’extension logique de l’ego, c’est Dieu ! ».
À la suite de sa rencontre avec l’organiste exceptionnel Ray Manzarek, Jim Morrison a fondé le fameux groupe The Doors en 1965 (il avait 21 ans) avec le batteur John Densmore et le guitariste Bobby Krieger. The Doors a trouvé très vite son public avec "Light My Fire". Le groupe a connu un grand succès populaire mais pas autant que les deux groupes historiques du moment, The Pink Floyd et The Rolling Stones.
1. "Light My Fire"
Deux ans plus tard, en 1967, le groupe a sorti son premier album, "The End" qui a connu aussi le succès et qui fut pris, bien plus tard, pour la bande originale du film "Apocalypse Now".
2. "The End"
Voici par ailleurs deux autres morceaux du groupe, un concert (diffusé sur Arte) lors de l’apothéose du mouvement hippie (Ray Manzarek a dit par la suite : « Nous avons joué avec une furie contrôlée et Jim était en pleine forme vocale. »), un documentaire (aussi diffusé sur Arte) et un autre documentaire sur les derniers jours du chanteur à Paris.
3. "Riders On The Storm"
4. "Break On Through"
5. "Live At The Isle Of Wight Festival" (concert dans la nuit du 29 au 30 août 1970)
6. Documentaire Arte : "The Doors : When You’re Strange"
7. Autre documentaire : "Les derniers jours de Jim Morrison" (2006)
Parmi les dizaines de milliers de commentaires des vidéos sur Youtube, on peut lire cette réaction, écrite récemment, le 27 juin 2021, d’une internaute, Sandra, qui exprime, tant de temps après la mort de Jim Morrison, son admiration toujours intacte, de cette manière : « 50 ans plus tard, on a beau avoir écouté les Doors des milliers et des milliers de fois, on reste scotchés par la beauté, le lyrisme, la modernité, la poésie, l’avant-gardisme, c’est un classique qui s’écoute religieusement, bref, on le savait dès la première écoute, que nous serions marqués à jamais, merci les gars <3 ».
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (03 juillet 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Louis Armstrong.
Jim Morrison.
Jimmy Somerville.
Ella Fitzgerald.
Serge Gainsbourg.
Fernandel.
Eddie Barclay.
Daniel Balavoine.
Jean Ferrat.
John Lennon.
Kim Wilde.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210703-jim-morrison.html
https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/jim-morrison-fidele-a-ses-demons-234088
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/07/02/39040196.html