« Je ne suis l’homme de personne ! » (Robert Hue, le 29 janvier 1994 à Saint-Ouen).
Connaissez-vous le Mouvement unitaire des progressistes ? C’est le parti qu’a fondé le 4 novembre 2009 un certain… Robert Hue, qui fête son 75e anniversaire ce mardi 19 octobre 2021. Le chauve barbu aux petites lunettes était très reconnaissable parmi tous ses compères de la vie politique française (certains l’ont même assimilé à l’un des 7 nains, plus pour la barbe que pour la taille, mais attention aux surnoms, il est aussi ceinture noire de judo !).
Étrange trajectoire pour celui qui fut le poulain de Georges Marchais, patron historique du communisme français et qui a annoncé son soutien, avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2017, à la candidature de l’ancien ministre Emmanuel Macron.
Un engagement dès l’âge de 15 ans au parti communiste français, la création d’un groupe de rock ado, un métier, infirmier en psychiatrie à Argenteuil, et à l’âge de 30 ans, en mars 1977, la consécration de quinze ans de militantisme, son élection comme maire de Montigny-lès-Cormeilles, une ville à l’époque de 8 000 habitants, dont la population a doublé à son départ de la mairie, en mars 2009 (environ 19 000 habitants).
Et on tomberait à la renverse si "on" avait une mémoire d’éléphant… car symboliquement, tout a commencé le 9 février 1981. En pleine campagne présidentielle, quelques jours avant le meeting prévu sur place, le 20 février 1981, du candidat communiste Georges Marchais, sur le thème de la drogue, le jeune maire de Montigny-lès-Cormeilles s’est plu à faire le ménage dans sa commune en manifestant avec les autres élus communistes contre une famille d’immigrés marocains, sous leurs fenêtres, accusés (à tort) par la rumeur publique d'être des trafiquants de drogue. On peut regarder sur le site de l'INA le reportage de trois minutes qu'a diffusé le journal de 20 heures d'Antenne 2.
Les communistes n'en étaient pas là à leur premier coup d'éclat contre les immigrés. Le plus spectaculaire fut la destruction par un bulldozer d'un foyer où vivaient 320 travailleurs maliens le 24 décembre 1980 (la veille de Noël) par le maire communiste de Vitry-sur-Seine (Paul Mercieca, le maire bulldozer, a reporté la responsabilité sur la fédération du PCF du Val-de-Marne qui lui aurait imposé cette action dans le cadre de la campagne présidentielle).
Le 6 janvier 1981, Georges Marchais affimait en effet : « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l'immigration pose aujourd'hui de graves problèmes. Il faut stopper l'immigration officielle et clandestine (...). Dans la crise actuelle, elle [l'immigration] constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d'aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la répression contre tous les travailleurs, aussi bien immigrés que français. C'est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. ».
Une position qui a scandalisé Lutte ouvrière qui a écrit dans son bulletin "Lutte de classe" n°82 de janvier 1981 : « "La cote d'alerte est atteinte", a répété la résolution du dernier Comité central du PCF réuni il y a quelques jours. Et cette cote d'alerte concerne l'entrée en France des travailleurs immigrés qui, dit Marchais, "viennent grossir le flot des chômeurs et des personnes que la nation doit prendre en charge". Le PCF aurait décidé d'entamer une campagne nationaliste et chauvine, en prenant pour thème central l'arrêt de l'immigration, qu'il ne s'y prendrait pas autrement. (...) Par démagogie, le PCF a même agité des thèmes xénophobes, à propos, par exemple, de l'entrée dans le Marché Commun de la Grèce et du Portugal. (...) Il [le PCF] mène une campagne contre l'immigration, en sachant très bien que des sentiments racistes existent dans la classe ouvrière et dans la petite bourgeoisie, et que des gestes comme celui du maire de Vitry ou des manifestations comme celle organisée à Vitry, ne peuvent être que des gestes d'encouragement à des actes de brutalité contre les immigrés. ».
Le 19 février 1981 sur RMC, Robert Hue continuait à soutenir la femme qui avait dénoncé cette famille, alors que le propre fils de cette dame venait d'être arrêté avec de la drogue retrouvée chez lui ! La fédération du PS du Val-d'Oise s'est alors contentée de commenter de son côté : « La délation est une méthode scandaleuse qui se retourne toujours contre ceux qui la pratiquent. ». Une manifestation contre la délation avait alors rassemblé une cinquantaine d'habitants de la cité en question, pour s'opposer à la démagogie des élus communistes. Cela n’a fait l’actualité qu’un ou deux jours et c’est retombé dans l’oubli pendant… treize ans ! Cela a même échappé à Michèle Cotta, pourtant observatrice aiguisée de la vie politique, et en particulier du côté gauche de l’échiquier (pas seulement).
Pendant ces treize ans ? Le début de la déconfiture pour un parti qui se croyait populaire. Et la consolidation d’un fidèle apparatchik : Robert Hue fut élu conseiller régional d’Île-de-France de mars 1986 à novembre 1988 et de mars 1992 à mai 1993, et conseiller général du Val-d’Oise d’octobre 1988 à janvier 1993.
Lorsque Georges Marchais a décidé d’en faire son héritier à la tête du parti communiste français (PCF), Robert Hue, qui était membre du comité central (parlement du PCF) depuis 1987 et membre du bureau politique (gouvernement du PCF) depuis 1990, n’était pas parlementaire, seulement un élu local de banlieue, et n’était pas connu des médias nationaux.
Amusante, cette remarque de Michèle Cotta dans ses "Cahiers secrets", lorsqu’elle a appris son nom le 25 janvier 1994 : « Le problème est que [Georges Marchais] confie le parti à un moment de grande faiblesse et qu’il le remet à quelqu’un dont on ne sait rien : si Robert Hue avait les épaules pour remonter ce parti dont le déclin me semble définitivement dans l’histoire de France, on aurait déjà dû s’en apercevoir avant ! Je crois bien avoir été la première à avoir entendu prononcer son nom. C’était à la fête de "L’Humanité", l’année dernière. Leroy m’avait laissé entendre ce jour-là que Marchais allait passer la main. Ce qui fut fait quinze jours plus tard. C’est la femme de Leroy qui me cita en confidence le nom de Robert Hue comme étant l’homme auquel Leroy et Marchais avaient ensemble décidé de laisser les clefs du PC. Pour tout dire, sur l’instant, je ne l’ai pas cru, tant je trouvais extravagante l’idée de laisser le parti à un inconnu. Alain Bocquet, Charles Fiterman, ce dernier surtout, pourquoi pas ? Le maire de Cormeilles, qui jusque-là n’avait jamais fait parler de lui, je n’y ai pas cru. Voilà comment j’ai raté un scoop, l’année dernière. Je n’avais même pas jugé bon de le noter dans ces cahiers. ».
Et on pourrait rajouter quelques autres noms comme André Lajoinie… La désignation (unanime !) de Robert Hue au vingt-huitième congrès du PCF à Saint-Ouen le 29 janvier 1994 comme secrétaire national du parti communiste français a montré à quel point il était un apparatchik connu seulement en interne.
L’idée était que ce dauphin fût nommé à la fois par Georges Marchais et son rival historique Roland Leroy, comme l’a exprimé Michèle Cotta : « Marchais savait bien que si Roland Leroy ne pouvait plus occuper sa place pour des raisons d’âge ou d’énergie, nul ne la prendrait sans obtenir sa neutralité bienveillante. Je crains que les deux ne se soient mis d’accord sur quelqu’un qui ne ferait d’ombre ni au trop populaire Marchais, ni au trop intellectuel Leroy. ». Réflexion assassine qui donna le ton pour la suite !
En fait, Robert Hue était très populaire à Montigny-lès-Cormeilles (et pas Cormeilles !), d’où ses réélections sans suspense. En revanche, au-delà du déficit de notoriété nationale, Robert Hue avait un déficit d’autorité évident. Si le parti communiste de Georges Marchais faisait peur, celui de Robert Hue semblait plutôt amuser. Faisait sourire. La peur du communisme après la chute du communisme était donc assez limitée.
En tout, Robert Hue fut secrétaire national du PCF du 29 janvier 1994 au 28 octobre 2001. À cette date, il est devenu le président du PCF, fonction créée pour l’occasion, et uniquement pour lui jusqu’au 8 avril 2003 afin de faire une transition douce avec Marie-George Buffet, sa successeure, et alors ministre du gouvernement de Lionel Jospin.
Toute la politique du PCF de Robert Hue puis de Marie-George Buffet a été de faire du parti communiste un partenaire des socialistes dans un objectif de gouvernement, mais sans se retrouver en face-à-face PS-PCF comme ce fut le cas dans les années 1970 avec François Mitterrand et Georges Marchais.
Ainsi, dès après les élections cantonales de 1994 (qui furent un succès inespéré pour la gauche après la défaite historiques aux élections législatives de mars 1993), Robert Hue a proposé aux socialistes (à Michel Rocard) un "pacte unitaire pour le progrès". Le 6 mars 1997, Robert Hue a participé à une réunion de travail chez Lionel Jospin pour préparer les élections législatives. Au congrès du parti radical de gauche au Méridien de Montparnasse le 8 mars 1997, Robert Hue, présent comme d’autres représentants des composantes de la "gauche plurielle", est venu dire que le PCF voulait contribuer à la « victoire qui sera commune ou ne sera pas ».
C’est (il me semble) François Hollande qui, dès le début de l’année 1997 et en prévision des élections législatives de mars 1998 (il ne savait pas qu’elles allaient être anticipées), a imaginé le concept de "gauche plurielle" renvoyant l’alliance PS-PCF dans une plus large alliance avec le PRG (radicaux de gauche), le MDC (mouvement de Jean-Pierre Chevènement) et surtout les Verts (de Dominique Voynet).
Michèle Cotta a rencontré François Hollande le 28 avril 1997, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président Jacques Chirac, qui a confirmé ce concept : « Le but du PS est de constituer une constellation majoritaire pour faire émerger une "gauche plurielle". Les temps ont changé : ni le PC ni le PS ne veulent cette fois, avant le premier tour, d’un programme commun. Ils ne veulent pas davantage parler de la présence de ministres communistes au gouvernement. En revanche, ils se mettront d’accord sur un certain nombre de démarches communes : soutien à la consommation, baisse d’impôts, préservation du service public. Reste une divergence de taille : sur la monnaie unique. ». Et l’intérêt de Robert Hue : « Noyé dans la gauche plurielle, le parti communiste est à la fois partenaire et indépendant. Cela convient apparemment à tout le monde. ».
Et la stratégie pour juin 1997 : « La stratégie est simple : avant le premier tour, on discute, on se rapproche. Pas d’accord de gouvernement. Sitôt fini le premier tour, PC et PS partiront ensemble à la bataille du second tour. (…) Les négociations entre les partis de gauche ont commencé il y a en réalité plusieurs semaines. Du côté communiste, les négociateurs sont tous des "hutistes", c’est-à-dire des lieutenants de Robert Hue : Gayssot, Blotin, Philippe Lespagnol. ».
Autre remarque : « Je demande à Hollande dans quel état il trouve le PC aujourd’hui. À son avis, il est profondément divisé entre les cadres intermédiaires sur la ligne Marchais, et les proches de Robert Hue, favorables à une démarche unitaire. Le leadership de Hue, juge-t-il, est réel chez les militants, pas chez les cadres. ».
Pendant la campagne des élections législatives au printemps 1997, Robert Hue était donc sur la même ligne que le PS. Michèle Cotta l’a constaté le 8 mai 1997 : « François Hollande tient la boutique pendant que Jospin harangue les foules. Il se réjouit de l’intervention télévisée de Robert Hue hier. "Pour la première fois, estime-t-il, Robert Hue a évolué positivement sur l’Europe, puisqu’il a dit que si le gouvernement PS garantit qu’il n’y aura pas de politique d’austérité, pourquoi pas l’Europe ?". En revanche, Hue demande, en même temps qu’il fait cette concession, que les socialistes ne soient pas hégémoniques ni pendant la campagne, ni après. ».
L’existence du PCF va à rebours de l’histoire du monde qui, avec la chute du mur de Berlin puis la chute de l’URSS, a définitivement tourné la page du communisme. Robert Hue a donc tenté de "réformer" le parti communiste (il a appelé cela "mutation"), en abandonnant quelques principes (comme le centralisme démocratique qui relevait plus de l’autocratisme des dirigeants), etc. Robert Hue a aussi noué des relations personnelles avec Nelson Mandela (quand il était député, il était le président du groupe d’amitié avec l’Afrique du Sud) et il assista à l’enterrement du leader sud-africain dans la délégation française menée par le Président François Hollande.
Cela n’a pas suffi à éviter les dégringolades électorales et aussi militantes, perdant 30% des adhérents entre 1998 et 2001. En particulier, le PCF a perdu une grande série de mairies communistes en juin 1995 et en mars 2001 (Argenteuil, Le Havre, Drancy, Dieppe, Colombes, etc.). Or, les mairies communistes étaient les bases arrière du militantisme (et aussi de la logistique) du PCF.
Exposé au niveau national, Robert Hue a été élu député avec 57,0%, surfant sur la vague de gauche de 1997, entre juin 1997 et juin 2002. À noter pour l’anecdote que parmi ses concurrents du premier tour, il y avait, devancé par le candidat du FN, le candidat socialiste Manuel Valls (17,3%) qui n’avait pas encore choisi Évry comme fief de parachutage (Manuel Valls a été conseiller municipal d’Argenteuil).
En juin 2002, Robert Hue a été battu de 244 voix (sur 55 742 inscrits et 32 056 suffrages exprimés) par celui qu’il avait battu en 1997, Georges Mothron, maire UMP d’Argenteuil, et battu à nouveau avec 48,2% par le même au second tour de la législative partielle du 2 février 2003 (l’élection de 2002 ayant été invalidée en raison du trop faible écart de voix). Le patron du PCF a alors obtenu d’autres mandats de parlementaires, élu député européen de juin 1999 à juillet 2000 (sur la liste qu’il a menée au niveau national le 13 juin 1999 et qui a obtenu 6,8%), puis il a été élu sénateur du Val-d’Oise de septembre 2004 à octobre 2017 (réélu en septembre 2011).
Robert Hue a par ailleurs porté les couleurs du PCF à deux élections présidentielles, poursuivant sa chute historique : il a obtenu 8,6% au premier tour de l’élection présidentielle du 23 avril 1995 (ce qui était mieux qu’André Lajoinie le 24 avril 1988 : 6,8%), puis 3,4% au premier tour de l’élection présidentielle du 21 avril 2002.
Lors de son meeting du 5 avril 2002 à Villeurbanne, Robert Hue tentait de donner des leçons de gouvernance internationale au Président sortant Jacques Chirac.
Ce score inférieur à 5% fut une catastrophe financière pour le PCF qui n’a pas été remboursé d’une grande partie de sa campagne présidentielle. Cela a amené son dirigeant à démissionner complètement des instances dirigeantes du PCF (la présidence du PCF a disparu avec lui), laissant Marie-George Buffet seule aux commandes. À partir de 2010, dirigé par Pierre Laurent, le PCF s’es tourné vers une alliance avec Jean-Luc Mélenchon durant deux élections présidentielles (2012 et 2017) à tort pour son intérêt, ce qui explique pourquoi il porte actuellement son propre nouveau secrétaire national Fabien Roussel candidat à l’élection présidentielle de 2022.
Par ailleurs, Robert Hue a présidé la Fondation Gabriel-Péri de 2004 à 2012, un organisme de formation et de réflexion doté d’un budget non négligeable et d’une influence intellectuelle très forte sur le PCF.
À la fin des années 2000, Robert Hue a sensiblement changé d’orientation politique. En effet, après l’échec cinglant de la candidature de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle du 22 avril 2007 (1,9% !), il s’est éloigné du PCF le 28 novembre 2008 puis l’a quitté, ne le jugeant plus réformable. Très critiqué pour avoir participé à des déplacements avec des personnalités socialistes, comme à Lorient en juillet 2009 aux côtés de François Hollande, Robert Hue provoqué la polémique en participant à un meeting commun le 22 août 2009 à Marseille à l’invitation du socialiste Vincent Peillon à laquelle Robert Hue s’est retrouvé aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, Christiane Taubira et Marielle de Sarnez, la vice-présidente du MoDem ! (notons que beaucoup de proches de François Bayrou n’avaient pas non plus compris le sens de ce meeting). Il s’agissait pour Vincent Peillon de trouver de nouvelles alliances à gauche.
Désavoué par beaucoup de militants communistes, Robert Hue, qui voulait que Nicolas Sarkozy fût battu en 2012, a eu une évolution proche du patron du parti communiste italien Fausto Bertinotti qui a soutenu Romano Prodi pour battre Silvio Berlusconi. Son évolution s’est également traduite dans les structures. D’une part, il a créé, avec son successeur à la mairie de Montigny-lès-Cormeilles, le Mouvement unitaire progressiste (MUP) le 4 novembre 2009, devenu Mouvement des progressistes le 4 octobre 2014. D’autre part, au Sénat, un an après le début de son second mandat, en septembre 2012, il a quitté le groupe communiste pour le groupe… RDSE, ex-Gauche démocratique, groupe qui réunit des centristes de droite et des centristes de gauche, qui a accueilli notamment Guy Cabanel (sénateur de l'Isère, maire de Meylan et président du RDSE), Jean-Pierre Fourcade, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Noël Guérini, etc., un peu un fourre-tout administratif qui a lutté pour sa survie après la décision de rassembler dans un unique groupe tous les sénateurs UMP (répartis avant 2002 dans trois ou quatre groupes).
À l’élection présidentielle de 2012, Robert Hue a soutenu dès la primaire du PS en octobre 2011 puis au premier tour la candidature de François Hollande avec qui il semblait bien s’entendre depuis au moins 1997 (François Hollande était le premier secrétaire du PS pendant le gouvernement socialo-écolo-communiste de Lionel Jospin). Il était présent lors du fameux discours du Bourget le 22 janvier 2012. Il était alors question de son entrée au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Finalement, cela ne s’est pas fait mais Robert Hue a eu des missions données par des ministres de François Hollande (il a accompagné Jean-Marc Ayrault en Chine en décembre 2013 ; il a été nommé représentant spécial de la France en Afrique du Sud par Laurent Fabius en février 2015, etc.).
Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, Robert Hue entendait soutenir la candidature de Sébastien Nadot qui a reçu son investiture du Mouvement des progressistes le 10 mai 2016, mais ce dernier n’a pas réussi à recueillir les cinq cents parrainages d’élus locaux après avoir tenté (en vain) de participer à la primaire du PS de janvier 2017 (refusée par Jean-Christophe Cambadélis).
C’est alors que l’improbable s’est réalisé : le 14 mars 2017, Robert Hue a annoncé qu’il se ralliait à la candidature d’ Emmanuel Macron ! Il l’a dit avec des mots très réfléchis : « Stupéfait, peut-être, mais en tout cas, c’est un choix raisonnable. C’est un choix sérieux. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de notre pays, dans les moments graves où il y a danger pour la démocratie, que des gens de sensibilité différente se retrouvent. C’est vrai qu’il y a des gens différents de ceux que… pour certains, je m’y suis opposé. Mais aujourd’hui, il y a une gravité dans la situation qui doit nous conduire à se rassembler, à se rassembler parce qu’il faut reconstruire la France. Voilà l’esprit dans lequel je suis ! ».
En 2017, on peut dire qu’Emmanuel Macron avait été fort habile en réussissant à rassembler sous son panache un éventail très large de la vie politique française, de Philippe de Villiers à Robert Hue ! Pour ce dernier, le soutien n’était pas tout à fait désintéressé. Si lui-même a quitté son mandat de sénateur en septembre 2017, il a toutefois réussi à faire élire deux députés de son Mouvement des progressistes sous l’étiquette LREM en juin 2017 : Sébastien Nadot, donc, et Cécile Rilhac qui a quitté le Mouvement des progressistes en 2019. Quant à Sébastien Nadot, il fut exclu du groupe LREM en 2018, puis a cofondé avec d’autres députes LREM (dont Cédric Villani, Matthieu Orphelin et Aurélien Taché) et aussi une ancienne députée socialiste Delphine Batho le groupe Écologie démocratie solidarité qui n’a duré que le temps d’un été, du 19 mai au 17 octobre 2020, faute de combattants (certains membres ayant rejoint un autre groupe par la suite, entre autres la sulfureuse Martine Wonner qui, comme Sébastien Nadot après la dissolution de ce groupe, a rejoint le groupe Libertés et territoires). Quant à Robert Hue, en retrait de la vie politique, il a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 2019.
Aux élections européennes de mai 2019, le Mouvement des progressistes a fait une liste écologiste avec Génération écologiste de Delphine Batho, le Mouvement écologiste indépendant d’Antoine Waechter, ainsi que certains de l’Union des démocrates et écologistes (groupuscule créé par Jean-Luc Bennahmias, Jean-Vincent Placé, Christian Madrolle, François-Michel Lambert, etc.) au sein de la liste Urgence écologiste menée par Dominique Bourg (un proche de Nicolas Hulot) qui a recueilli 1,8%. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022, le Mouvement des progressistes a rejoint le pôle écologiste qui a participé à la primaire EELV de septembre 2021, au même titre que Génération écologie, Générations (de Benoît Hamon) et l’Alliance écologiste indépendante (de Jean-Marc Governatori). Une évolution pas si éloignée de Pierre Juquin.
Il est tout là le mystère Robert Hue : un homme qui a démarré au parti communiste avec des relents d’un extrémisme anti-immigrés proche de l’extrême droite (un combat à coup de délation !), qui a été l’enfant chéri (et secret) de Georges Marchais, devenu ensuite le sympathique "nain de jardin" (pour reprendre l’expression de Jean-Marie Le Pen) du parti communiste, abonné aux échecs électoraux nationaux monumentaux, devenu hollandiste et social-démocrate (terme qu’il a nié être) dans les années 2010, puis macroniste en 2017, et enfin quasi-écologiste au début des années 2020. Il ne lui reste plus qu’à adhérer à LR et départager ses six candidats pour parachever l’œuvre politique. Bon anniversaire !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (17 octobre 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Robert Hue.
Robert Marchand.
Anicet Le Pors.
Pierre Juquin.
Le congrès de Tours.
Trotski.
Le Pacte germano-soviétique.
Liliane Marchais.
Georges Marchais.
Fais les valises, on rentre à Paris !
Gaston Plissonnier.
Jean Ferrat.
Roland Leroy.
Georges Séguy.
Le communisme peut-il être démocratique ?
Karl Marx.
Claude Cabanes.
Michel Naudy.
Paul Vaillant-Couturier.
La Révolution russe de 1917.
Jacques Duclos.
Staline.
Front populaire.
Jean Jaurès.
Léon Blum.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211019-robert-hue.html
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