« Ni la France, ni l’Europe, ni l’Alliance Atlantique n’ont voulu cette guerre. Nous avons au contraire tout fait pour l’éviter. (…) Cette guerre n’est pas un conflit entre l’OTAN et l’Occident d’une part, et de la Russie d’autre part, comme certains peuvent l’écrire : il ‘y a pas de troupes ni de bases de l’OTAN en Ukraine. Ce sont des mensonges. La Russie n’est pas agressée. Elle est l’agresseur. » (Emmanuel Macron, le 2 mars 2022).
La guerre en Ukraine fait rage. Selon Sergueï Jirnov, ex-agent du KGB, dont il a refusé d’indiquer les sources, il y aurait déjà eu au 2 mars 2022 : 3 000 morts du côté ukrainien et 7 000 morts du côté russe (soldats). Ce sont des chiffres à prendre avec précaution mais ils sont crédibles dans la mesure où Vladimir Poutine a choisi la méthode la plus bourrin : on bombarde des populations civiles, on bombarde les écoles, les hôpitaux, les universités, et de l’autre côté, la population ukrainienne est prête à vendre chèrement sa peau. Ce conflit sera catastrophique en bilan humain. Cette tragédie restera ancrée dans la mémoire du siècle. C’est une véritable honte, des centaines d’enfants ont déjà été tués. Et pire est à venir.
Dans la pire hypothèse, certains analystes imaginent même l’utilisation d’une arme nucléaire tactique dans l’ouest de l’Ukraine, du côté de Lviv, là où aucune troupe russe n’est stationnée et où beaucoup de personnes travaillent pour aider au déplacement et à la sauvegarde des réfugiés. Si cette sombre perspective s’avérait exacte, il faudrait imaginer qu’après tout cela, après Poutine, après le retour à l’ordre, la Russie ne devienne plus qu’un petit pays, dénucléarisé, démilitarisé, une sorte d’Autriche de 1919, après la grandeur de l’empire austro-hongrois. C’est cela qui attend la Russie millénaire de Poutine en allant jusqu’au bout de ses fantasmes paranoïaques.
Après une courte sidération, la France et l’Europe ont réagi à la hauteur des enjeux. L’Ukraine est si proche et pourtant, elle était si loin. Il y a trente ans, la guerre en ex-Yougoslavie était lointaine. On sortait à peine du glacis communiste. À l’époque, les Espagnols et les Portugais étaient encore lointains, ils venaient d’intégrer la grande Union Européenne. Aujourd’hui, cela fait plus d’une quinzaine d’années que la Roumanie et la Pologne sont membres de l’Union Européenne. Les Polonais et les Roumains sont beaucoup moins éloignés des Français en 2022 que les Croates et les Bosniaques en 1992. Et forcément, il y a identification. On sent la guerre à notre porte, à nos frontières. Mêmes les citoyens américains s’y intéressent plus qu’à leur propre économie. C’est le monde entier qui se sent envahi.
Comment ne pas s’imaginer Ukrainiens aujourd’hui ? Imaginez une puissance étrangère, par exemple l’Allemagne alliée à la Belgique, vouloir l’invasion de la France. Du jour au lendemain, on bombarde Strasbourg, Nancy, Metz, Lille, Lyon, Paris, Marseille, on débarque sur Nice, Toulon, etc. C’est aussi choquant que cela, l’Ukraine d’aujourd’hui. Un peuple paisible qui n’aspire qu’à vivre libre et indépendant. Qui n’avait aucun moyen de menacer militairement la Russie voisine. Ni aucune raison.
Lors du vote historique à l’assemblée générale des Nations Unies le 2 mars 2022, de la résolution exigeant le retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d’Ukraine, seulement quatre pays au monde ont soutenu la position de la Russie : la Biélorussie, la Syrie, la Corée du Nord et l’Érythrée. Cette résolution a été adoptée par une très large majorité, 141 pays sur 193 ! Des États comme l’Inde, le Pakistan, la Chine, l’Iran, le Venezuela, l’Afrique du Sud, Madagascar, Cuba, etc. se sont prudemment abstenus, s’éloignant ainsi encore un peu plus de la Russie, en tout 35 dont majoritairement des États africains ou asiatiques.
Il faut choisir son camp et heureusement, en France, selon des sondages, plus de 9 Français sur 10 l’ont choisi, celui de la France, celui de l’Europe, celui de l’Ukraine. Je n’hésite pas à dire que ceux qui, Français, font la propagande du camp opposé, du camp ennemi, sont des traîtres à la patrie, veulent que la France se couche devant l’ennemi. Si on censure les médias propagandistes russes, c’est parce que c’est la GUERRE et que la guerre, c’est aussi une guerre de bobards dont il faut cesser le flux. Édouard Daladier avait démis de leurs fonctions les députés communistes à la déclaration de guerre en septembre 1939 parce qu’en raison du Pacte germano-soviétique, les communistes français, inféodés à Moscou, étaient devenus des alliés de nos ennemis nazis.
Il y a souvent une véritable inversion de valeurs commise par tous ces propagandistes de bas étages : l’impérialiste, c’est la Russie qui envahit ; les agresseurs, ce sont les soldats russes qui envahissent ; la souveraineté et la sécurité menacées, ce sont celles de l’Ukraine et pas de la Russie… Il y aura des comptes à rendre. Rien ne sera oublié. Les centaines de milliers de morts que cette guerre, hélas, fera, les millions de personnes déplacées (on en est déjà à un million), tout se paiera, rien ne sera oublié, ni les agresseurs, ni leurs complices, même ceux qui, leur derrière au fond de leur fauteuil, entre deux camomilles, participent à la guerre de désinformation dans leur propre pays, comme des ennemis de l’intérieur. Le numérique a cette efficacité que tout est stocké, tout est horodaté, tout est localisable, tout est retrouvable, archivable.
Et la France et l’Europe ? Elles sont à la pointe et en tant que patriote français, je suis fier de mon pays et de mon Président de la République. Une haut fonctionnaire britannique disait aux journalistes français dans un débat télévisé que eux, les Britanniques, aimeraient bien avoir « votre Président » comme Premier Ministre. Même le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a salué, ce jeudi 3 mars 2022, la médiation exceptionnel du Président français.
C’est simple : l’OTAN s’est bien gardé de réagir, par prudence, mais l’Europe, dirigée par la France, a pris ses décisions dans une totale unanimité et rapidité. Et à ma connaissance, seule la France a gardé un contact avec Vladimir Poutine. C’était pour cette raison que le Président français Emmanuel Macron s’est adressé aux Français lors d’une deuxième allocution télévisée le mercredi 2 mars 2022 à 20 heures. Comme dans sa première allocution, le 24 février 2022, derrière lui se tenaient non seulement les drapeaux français et européen, mais aussi le drapeau ukrainien bleu et jaune, symbole de résistance et d’indépendance.
Emmanuel Macron a d’abord voulu rappeler les mensonges et les faux prétextes de Poutine. Ils sont tellement évidents et tellement gros que cela pourrait être inutile, mais justement, comme il y a des désinformateurs patentés dans les réseaux sociaux français, il est bon que ce soit le chef de l’État lui-même qui rappelle les évidences : « C’est (…) seul et de manière délibérée que, reniant un à un les engagements pris devant la communauté des Nations, le Président Poutine a choisi la guerre. (…) Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le "nazisme". C’est un mensonge. Une insulte à l’histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crimes du stalinisme. Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. ».
Après avoir évoqué la réaction quasi-unanime de la communauté internationale (voir le vote à l’ONU du 2 mars 2022) ainsi que les sanctions très fortes, Emmanuel Macron a évoqué son "en même temps" diplomatique, une communication permanente avec le Président ukrainien Volodymyr Zelensky mais aussi un contact avec le Président russe Poutine (il a encore eu un entretien téléphonique de 1 heure et demi le matin du 3 mars 2022) : « J’ai aussi choisi de rester en contact et resterai en contact autant que je le peux et autant que c’est nécessaire avec le Président Poutine. Pour chercher sans relâche à le convaincre de renoncer aux armes, pour aider autant que la France le peut dans le cadre des pourparlers en cours et pour prévenir la contagion et l’élargissement du conflit autant que nous le pouvons. ».
Le Président Macron a par ailleurs insisté sur la différence entre dirigeants russes et citoyens russes : « Nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie. Nous savons tout ce qui nous lie à ce grand peuple européen qu’est le peuple russe, qui a tant sacrifié durant la Second Guerre mondiale pour sauver l’Europe de l’abîme. Nous sommes aujourd’hui aux côtés de tous les Russes qui, refusant qu’une guerre indigne soit menée en leur nom, ont l’esprit de responsabilité et le courage de défendre la paix ; et qui le font savoir en Russie ou ailleurs. ». Il est vrai que de nombreux interlocuteurs russes (des universitaires, des chercheurs notamment) pleurent aujourd’hui de honte d’être Russes et de faire partie de cet État bourreau.
Au-delà de l’accueil des réfugiés, le Président Emmanuel Macron a annoncé un "plan de résilience" (qui a été présenté le lendemain sur TF1 par le Premier Ministre Jean Castex) pour assurer le "service après-vente" économique de ce grave conflit armé : « Nous nous organiserons et nous prendrons soin de celles et ceux qui rejoignent notre sol pour être protégés. (…) Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. (…) Alors, face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux. ».
Emmanuel Macron a aussi remercié des nombreuses initiatives des collectivités locales pour venir en aide au peuple ukrainien, des collectes de produits de première nécessité mais aussi des offres d’hébergement etc. : « Je veux d’ores et déjà remercier nos villes et nos villages qui ont commencé à se mobiliser. Remercier nos associations qui aussi œuvrent pour accueillir dans les meilleures conditions. ». Cela fait plaisir et chaud au cœur de penser que la ferveur populaire est là depuis plusieurs jours, la solidarité, la compassion populaire.
C’est faire preuve d’une grande anticipation d’imaginer les conséquences économiques et sociales à moins de sept jours du début de la guerre. Emmanuel Macron a aussi voulu prendre du recul et avoir la lucidité de prendre acte de ce changement de paradigme sur la paix dans le monde : « Ne nous trompons pas. Ces événements (…) sont le signal d’un changement d’époque. La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. Notre liberté, celle de nos enfants, n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant. À ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques. (…) La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations. ».
Ainsi, Emmanuel Macron a annoncé un accroissement de l’investissement de la France pour sa défense, son innovation, son indépendance industrielle et énergétique, mais aussi la tenue d’un Conseil Européen à Versailles les 10 et 11 mars 2022 pour jeter les bases d’une véritable Europe de la Défense : « Notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. ».
Enfin, le Président Emmanuel Macron a évoqué très brièvement l’élection présidentielle : « Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. ».
Mais il n’a pas évoqué sa propre candidature qu’il devrait déclarer au moyen d’une lettre à tous les Français publiée ce jeudi soir ou vendredi matin, c’est-à-dire, juste avant la fin du dépôt officiel des candidatures le vendredi 4 mars 2022 à 18 heures. Un moyen singulier qui rappelle pourtant un lointain prédécesseur…
Même les candidats de l’opposition sont obligés de l’admettre : Emmanuel Macron agit bien et vite, réagit avec pertinence et adresse tant sur le plan extérieur (sa diplomatie intense) que sur le plan intérieur, avec sa boussole de toujours protéger les Français des dommages collatéraux économiques et sociaux. Avouez que même si on ne l’aime pas, Emmanuel Macron a bien mérité son brevet de bon Président de la République en période de crise. Il ne sera pas forcément réélu puisque seuls les électeurs sont souverains et ils n’ont pas encore parlé, mais il recevra une place de choix dans l’Histoire de France et de l’Europe, tout comme le Président Zelenksy a gagné, par son courage et sa mobilisation, ses lettres de noblesse et son sens de l’histoire. On ne provoque pas impunément la démocratie européenne.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (03 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220302-macron-ukraine.html
https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/ukraine-en-guerre-emmanuel-macron-239824
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/02/39368876.html