« La France, c’est un bloc. On ne trie pas. On ne choisit pas. On l’aime tout entière et on la prend comme elle est. » (Emmanuel Macron, le 2 avril 2022 à La Défense).
S’il fallait garder une seule formule, ce serait peut-être celle-ci, la France, c’est un bloc, reprenant la célèbre formule de Clemenceau sur la Révolution. Une manière de rappeler que les extrémismes qui professent l’exclusion d’une catégorie de personnes ne correspond pas à la tradition française ni aux valeurs républicaines.
C’était impressionnant de voir l’Arena de La Défense à Paris, ce samedi 2 avril 2022 après-midi, quasi-complètement remplie, seulement quelques travées étaient vides. Cette salle, inaugurée le 16 octobre 2017 et utilisée principalement pour des compétitions sportives et pour des concerts, est la plus grande d’Europe, mais les 30 000 participants n’étaient pas venus pour un match ni pour un spectacle, ou alors, si, pour un match particulier, l’élection présidentielle, et pour un spectacle particulier, celui du Président candidat Emmanuel Macron venu faire son unique grand meeting de la campagne avant le premier tour. 600 journalistes y étaient attendus.
Il faut le répéter : Emmanuel Macron adore faire campagne, il adore débattre, il adore confronter les arguments, démonter ceux de ses opposants et proposer les siens, défendre son bilan dont il n’a vraiment pas à rougir, au contraire, et exposer ses perspectives, son projet. Et face à une salle convaincue, bien sûr, il adore encore plus. Résultat, certains journalistes ont regretté cette endurance car la candidat a parlé pendant 2 heures 15 et il aurait pu continuer encore, et comme le temps de parole est désormais (depuis le 28 mars) strictement décompté à égalité des candidats, aucune chaîne de télévision n’a diffusé en direct et dans son intégralité son pourtant unique meeting, alors que ses concurrents ont eu l’occasion, pendant la précampagne de bénéficier d’une belle couverture médiatique à la télévision.
Qu’importe, car le candidat n’avait pas trop le temps. Pourtant, il reste une semaine et pendant le meeting, il a insisté lourdement : rien n’est joué, l’impossible que disent les journalistes est possible, en clair, sans le préciser explicitement, l’élection de Marine Le Pen est possible : « Cela peut advenir. Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs, qui seraient formels, qui vous disent que c’est impossible. ». L’impossible s’est réalisé plusieurs fois : le Brexit, l’élection de Donald Trump… et même sa propre élection en 2017, personne chez les journalistes n’imaginait qu’il serait élu. Alors, méfiance des sondages, du statut de candidat favori. Il a martelé auprès de ses troupes : aucune arrogance, et durant cette après-midi, il a rappelé trois fois, aucun sifflet, aucune manifestation désagréable pour les adversaires : « Ne les sifflez pas, combattez-les par les idées, avec respect ! ».
C’était un véritable spectacle. On pouvait dire aussi une grand-messe où tout le monde est en communion. Avec sa liturgie, son clergé, et ses chants (son chant, la Marseillaise, bien sûr, chantée à la fin, mais aussi au milieu, spontanément, par la salle, quand Emmanuel Macron a évoqué les soldats morts au combat). On pourrait presque croire qu’il y avait un culte de personnalité, mais en fait, il a renoué avec ce qui fait fondamentalement la Cinquième République, à savoir la rencontre d’un homme (ou d’une femme) et d’un peuple.
Se mettre en avant impose d’ailleurs un travail sur soi pour certains (comme Pierre Mendès France, Jacques Delors, Lionel Jospin, etc.), ou c’est totalement naturel pour d’autres (comme Jacques Chirac, François Mitterrand, Nicolas Sarkozy, etc.). Emmanuel Macron est à l’évidence dans la seconde catégorie et il a été excellent doublement, sur le fond et sur la forme.
C’est parce qu’il est jeune et qu’il réussit qui suscite autant d’opposition, et même de haine (j’y reviendrai peut-être), au-delà d’être "le punching ball" institutionnel des râleurs ; il suffit de voir, dans un but électoral très précis, ceux qui n’ont que pour slogan : "Tout sauf Macron", slogan ridicule qui rappelle en 2012 "Tout sauf Sarkozy", François Hollande n’a pas eu cette chance car il a déclaré forfait trop vite, mais la réalité, c’est que ce serait plutôt : "Tout sauf le Président que j’ai élu la fois dernière". Les candidats opposants sentent tellement que leur proposition est légère qu’ils misent seulement sur le rejet du Président sortant. Comme on le rend responsable de toutes les misères du monde, c’est plus facile. Mais cela a donné des catastrophes, justement le quinquennat de François Hollande, par exemple. Le vote par défaut a toujours été stupide, il faut adhérer à un candidat, pas s’en remettre aveuglément au candidat opposé à celui qu’on rejette, car cela risque de faire pire.
Rappel : Emmanuel Macron a été très largement élu Président de la République par le peuple français le 7 mai 2017. Il a été élu par 43,6% des électeurs inscrits (je précise, par rapport aux électeurs inscrits, donc, ce chiffre tient compte de l’abstention et du vote blanc), ce qui est très honorable : De Gaulle a été (ré)élu par 45,3% des inscrits en 1965, à peine mieux et c’était De Gaulle, et François Mitterrand, pour ne prendre que lui, a été élu par 43,1% des inscrits en 1981 et réélu par 43,8% des inscrits en 1988.
Mais il y a aussi une autre raison pour susciter tant de haine, complètement injustifiée car il a redressé la France comme aucun autre depuis quarante ans. Il "en a", je veux dire, il est martial, il a de l’autorité et est capable de prononcer un discours martial, qui porte, or, jusqu’à maintenant, ceux qui sont à discours martial, ce sont des extrémistes, ce ne sont pas des raisonnables et des modérés. Emmanuel Macron est singulier : il ose défendre une politique réaliste et non démagogique haut et fort.
Comment ne pas avoir été ému quand il a crié dans la salle pleine à craquer : « Je suis fier d’être Européen ! ». De porter haut le projet européen : « Nous ne lâcherons rien de notre combat pour l’idéal européen ! ». Ne rien lâcher « face au dérèglement du vivant avec le virus, au dérèglement écologique, au réchauffement climatique, l’érosion du vivant, le dérèglement du capitalisme avec des inégalités insupportables, le dérèglement géopolitique avec le retour des empires, des guerres avec le spectre d’un conflit mondial. ». Et en même temps, il a insisté très fermement, à l’adresse de tous les poutinolâtres de bistrot qui usent et abusent d’un antiaméricanisme primaire idéologique pour justifier les massacres des Ukrainiens : « Nous ne sommes les vassaux de personne ! ».
Pendant trente ans, les rares poids lourds de la politique française favorables à la construction européenne étaient des Européens honteux sinon faibles. C’est ce que je reproche à François Bayrou, pourtant ni honteux ni faible, de ne pas avoir fait en juin 2009 une campagne ouvertement proeuropéenne et de s’être contenté de faire de l’antisarkozysme primaire. Il faut avoir le courage d’exprimer haut et fort ses convictions européennes. L’Europe a longtemps agonisé de ne pas avoir trouvé de leader, de promoteur à la hauteur de l’enjeu historique.
C’est en refusant de l’exprimer, cette conviction européenne, tout en la mettant en pratique quand même, que pendant un quart de siècle, on a diffusé ce lourd passif, ce sentiment d’europhobie, jusqu’au rejet de 2005. Heureusement, "l’opinion publique" s’est tellement retournée qu’aucun candidat n’ose affronter ouvertement l’Union Européenne, même Marine Le Pen dont on ne comprend pas les positions successives (lire plus loin)) et avec la guerre en Ukraine, comme l’a redit samedi Emmanuel Macron, sans l’Europe, avec seulement la France, je voudrais bien vous y voir, de négocier avec Vladimir Poutine : « Bon courage à ceux qui, face à la Russie, prônent le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps, défendent le grand rabougrissement ! ». La guerre donne toujours des prises de conscience. Dommage qu’elles sont tardives.
Alors, évidemment, c’est à la fois un meeting et un spectacle. La salle était chauffée à blanc, alors que toute la Macronie était présente, au point que certains députés LREM ont rouspété de ne pas avoir été placés au quartier VIP réservé aux ministres et aussi, aux ralliés tardifs. Il y avait même un chauffeur de salle, ce qui est un peu ridicule (tout comme le concours pour amener le plus de participants possible), mais l’animateur a réussi à faire faire la ola au premier rang, celui des anciens Premiers Ministres et ministres actuels du gouvernement. Après tout, c’est aussi une réunion familiale, et à cette occasion, on peut faire la fête même si le visage d’Emmanuel Macron était plus grave que joyeux à cause des troubles des temps nouveaux. Ce meeting était sa pause détente entre deux coups de fil pour l’Ukraine.
Néanmoins, le candidat Président n’a pas négligé la préparation de son intervention. La veille, il avait même fait une répétition, car il a innové, pas autant que Jean-Luc Mélenchon avec ses hologrammes et ses odeurs, mais un peu quand même. La tribune était au centre de la salle, avec des participants tout autour, ce qui est maintenant classique. La tribune, de forme hexagonale et tricolore, avait trois pupitres installés avec des prompteurs (il n’a pas beaucoup utilisé les prompteurs car il sortait souvent du cadre de son discours prévu initialement d’une heure), répartis à 120° chaque fois. Il allait de l’un à l’autre régulièrement, pour n’oublier personne, marchait au centre, parlait avec une constance dans la voix puissance. On pouvait comprendre l’amateur de théâtre. C’est plus facile de parler d’Europe puissance quand on a la voix puissante, et Valérie Pécresse a même fait sa Caliméro le 3 avril 2022 à la Porte de Versailles (où Nicolas Sarkozy a été sifflé à cause de son silence assourdissant) en disant en substance qu’un bon Président n’est pas un bon orateur mais un bon faiseur. Elle n’a pas compris le rôle du politique : bien sûr que si, un Président doit savoir représenter la France, et le talent du verbe est indispensable. C’est le verbe fait action, la politique.
Innovation aussi car le meeting était retransmis sur Minecraft, un jeu virtuel sur Internet, mais l’intérêt de l’exercice restait très limité car il reprenait simplement la retransmission réelle de l’Arena de La Défense, sans valeur ajoutée pour les joueurs virtuels du Web généralement déçus par cette innovation.
J’évoquais la Macronie, et effectivement, il y a eu beaucoup de beau monde à ce meeting. On peut même ressentir une certaine émotion avec la présence de Jean-Pierre Chevènement qui ne s’est pas contenté d’apporter son soutien verbalement, mais il était là, en chair et en os, à 83 ans, il a accepté de se prêter au jeu du militantisme, se lever quand il le fallait, applaudir aussi, sauf quand il s’agissait d’Europe, car son soutien n’était pas inconditionnel. Il était le rédacteur du programme commun de la gauche au début des années 1970. Avec lui, c’est carrément plus de cinquante années de vie politique qui défilent. Dommage qu’Emmanuel Macron ne l’ait pas remercié personnellement dans son discours (à ma connaissance). Il était peut-être le plus âgé présent dans la salle des responsables politiques ou anciens responsables politiques.
Jean-Pierre Chevènement avait été chaleureusement salué, avant le début du meeting, par l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe, également présent, ainsi que Jean Castex, Jean-Pierre Raffarin et Manuel Valls. C’est la magie d’Emmanuel Macron d’avoir su réunir dans un même meeting politique à moins de deux mètres pendant trois heures, Jean-Pierre Chevènement et Jean-Pierre Raffarin. Manuel Valls était le bon élève, très présent à l’écoute, pas de smartphone, juste bon participant, comme si tout devait être fait pour ne pas rater un futur ministère qu’il n’aura probablement jamais.
Parmi les nombreuses personnalités présentes à ce meeting, je peux citer en outre, et sans être exhaustif : Gabriel Attal (et un petit garçon sur ses genoux, qui est son demi-frère), François Bayrou, Richard Ferrand, Brigitte Macron, Roselyne Bachelot (la quasi-seule à avoir porté un masque), Stanislas Guérini, Jean-Yves Le Drian, Élisabeth Borne, Fabienne Keller, Marlène Schiappa, Jean-Michel Blanquer, Jean-Louis Bourlanges, Laurent Hénart, Olivier Véran, Amélie de Montchalin, Alain Richard, Gérald Darmanin, Christophe Castaner, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu, Agnès Buzyn, Éric Dupond-Moretti, Élisabeth Guigou, Renaud Muselier, Hubert Falco, Christian Estrosi, Olivier Dussopt, Éric Woerth, Geneviève Darrieussecq, Florence Parly, Barbara Pompili, Claude Malhuret, Patrick Mignola, Franck Riester, François Patriat, Karl Olive, Emmanuelle Wargon, Carole Bouquet, Claude Lelouch, Bernard Montiel, etc.
Emmanuel Macron a eu un mot pour ses parents, ses enfants (ceux de Brigitte Macron), petits-enfants, tous présents, et surtout pour Brigitte à qui il a lancé un baiser avec la main : « l’évidence, la présence de celle qui m’importe le plus, qui m’apporte le plus dans cette singulière aventure de vie ».
Dans l’expression, Emmanuel Macron a parfois fait dans la facilité oratoire, il a usé à plusieurs reprises d’anaphores (la plus célèbre en politique a été prononcée par François Hollande le 2 mai 2012 : « Moi, Président de la République, je… »). Là, il en a fait une pour dire ce qu’était la France, et il l’a illustrée par de nombreuses personnalités décédées durant son quinquennat : la France, c’est Simone Veil ; la France, c’est Daniel Cordier ; la France, c’est Hubert Germain ; la France, c’est Arnaud Beltrame ; la France, c'est Samuel Paty ; la France, c’est Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, soldats morts en Afrique pour sauver des otages (il a eu une véritable larme d’émotion et la Marseillaise a été chantée dans la salle spontanément en réaction) ; la France, c’est…
Une autre anaphore a été utilisée de façon appuyée pour rassembler les Français du style : vous voulez réduire les émissions de carbone ? Venez nous rejoindre ! Vous voulez retrouver une souveraineté industrielle ? Venez nous rejoindre ! etc. Le demi-frère de Gabriel Attal a participé avec joie à cet exercice de style. Une autre anaphore encore lorsqu’il lançait une série sur : « Je ne me résoudrai jamais. Je me battrai toujours. Comme je me suis battu sans relâche depuis cinq ans. » (voir plus loin).
Pendant ce long discours, Emmanuel Macron a passé tous les sujets en revue. Il a d’abord dressé un bilan de son action, rappelé la baisse du chômage, la réindustrialisation de la France, la hausse du pouvoir d’achat, l’accélération de la réduction des émissions de carbone (« Nous avons doublé le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre ces cinq dernières années »), la gestion des crises qui ont été nombreuses et graves : « C’était notre projet, et c’est maintenant notre bilan, nous l’avons fait (…). Malgré les crises, nous avons tenus nos promesses. (…) Le taux de chômage est au plus bas depuis quinze ans. ».
Mais il n’est pas resté seulement sur cette défense du bilan, même si certains mots ont eu pour but de répondre à certaines critiques, notamment celle de l’accompagnement par le cabinet McKinsey. Il a en particulier critiqué ceux qui utilisaient ce mauvais argument alors qu’eux-mêmes utilisent dans les collectivités qu’ils gèrent ou ont gérées le même genre de cabinet (il y aurait beaucoup à dire sur le sujet et je trouve que sur cette critique, il n’a pas apporté une réponse efficace) : « Je voulais rappeler à tous ceux qui s’en indignent, qu’ils les ont à chaque fois utilisés dans leur collectivité ou au gouvernement. ».
Ensuite, il a parlé des principes qui guident son action et aussi qui guident celle de tous ceux qui l’ont rejoint. En particulier, l’humanisme et le progrès. Il a rappelé que les Premiers Ministres de son quinquennat ne l’avaient pas soutenu en 2017 et pourtant, il a su les rassembler autour de principes forts. Il a appelé les gaullistes, les sociaux-démocrates et les écologistes à venir le rejoindre. Il a assuré porter un projet de dépassement : « Car depuis le début, nous n’avons qu’un parti, c’est notre pays ! ». Il a aussi fustigé les extrêmes : « Il n’y a pas plus puissant que la force tranquille de la fraternité. » et a loué le rassemblement : « La France unie, c’est celle qui se regarde en face, dans sa pluralité. ». Il a appelé à la « mobilisation générale ». Bien sûr, le clin d'œil avec les slogans de François Mitterrand est clair (force tranquille en 1981, France unie en 1988).
Il a attaqué l’extrême droite en disant qu’il faut rappeler ce qu’est l’extrême droite, ne pas s’habituer aux discours de haine et d’exclusion. Il a aussi dit que la France était un tout, voir au début de l’article. Au-delà de l’obsession du repli sur soi et du « grand rabougrissement », Emmanuel Macron a taclé fort : « Nous nous sommes habitués à voir des responsables politiques raconter n’importe quoi sur le covid, tenir les pires discours complotistes sur le vaccin, au risque de mettre la vie de nos compatriotes en danger, ils peuvent le matin sortir de l’euro, le soir venir dans l’Europe, personne jamais ne relève leur incohérence. Le programme, pourtant, ruinerait les petits épargnants, effondrerait leur pouvoir d’achat, amènerait à la faillite leurs retraites. ».
Aussi en parlant de l’Histoire de France : « quelques moments de bravoure et quelques mots d’amour ». Ou encore en s’interrogeant avec force sur la nature d’un pseudo-patriotisme : « Nous nous sommes habitués à laisser des candidats se dire patriotes, tout en faisant financer leur projet et leur parti par l’étranger. ». Le "nous" est une fait une critique des médias, des journalistes qui laissent dire des énormités sans rien à y redire.
La menace extrémiste est bien réelle : « Le danger extrémiste aujourd’hui est d’autant plus grand que depuis plusieurs années, la haine, les vérités alternatives, se sont banalisées dans le débat public. Nous nous sommes habitués à voir défiler, sur certains plateaux de télévision, des auteurs antisémites, d’autres racistes (…). Non au politiquement correct, non au politiquement abject. ».
Une attaque aussi pour l’extrême gauche, en martelant la devise de la République et en y incluant un quatrième principe : liberté, égalité, fraternité, laïcité, et il a condamné ceux qui, à gauche, sont tombés dans la logique communautariste, ceux « qui se réclament de Jaurès ou de Clemenceau qui cessent de défendre la laïcité et versent dans le communautarisme ».
Cela n’a pas empêché le Président de noter que le Ramadan commençait le jour même, il a été très vivement applaudi. On peut être pour un État neutre et vouloir que les citoyens pratiquent leur culte en toute liberté selon leur foi.
Puis est venue la partie des perspectives d’avenir, très dense également, je n'insiste pas trop car j'y reviendrai. Emmanuel Macron a voulu miser sur l’école et sur la santé : il a proposé de recruter 50 000 infirmières pour accompagner les personnes âgées dans les EHPAD. Sur la maltraitance des personnes âgées dans les EHPAD, il a repris un slogan du NPA : « Leurs vies valent plus que tous les profits (…). Je ne me résoudrai jamais à ce qu’on puisse faire des économies sur les Français les plus précaires, les plus modestes. ». Sur le climat, son ambition est d’être la « première grande nation à sortir des énergies fossiles » en s’appuyant sur l’énergie nucléaire. Il a aussi développé son ambition européenne. Il veut faire la rénovation thermique de 700 000 logements tous les ans.
Emmanuel Macron a bien sûr évoqué les deux seuls points de son projet qui ont été médiatisés, pour être critiqués. La retraite à 65 ans, qui est le moyen de ne pas augmenter les impôts ni augmenter la dette, qui répond à une logique sociale, celle de préserver le modèle social français qui ne sera préservé que si son financement est pérennisé. Et il a rappelé que dans son projet, il a proposé le minimum retraité à 1 100 euros. Son courage, il vient de cette conviction : « Il n’y a pas d’État social, il n’y a pas d’État providence, s’il n’y a pas un État productif (…). Alors, j’assume, oui, de vous dire qu’il faudra travailler plus. ». Sur le RSA, Emmanuel Macron a rejeté le procès d’être antisocial : « Il s’agit tout simplement de tendre la main et d’offrir à tous les bénéficiaires des perspectives. ».
Il n’a pas non plus été sans écoute sur le pouvoir d’achat : « Je ne me résoudrai jamais à ce que des Français qui travaillent voient tous leurs salaires partir en pleins d’essence, en factures, en loyers, et renoncent finalement à offrir un cadeau à leurs enfants, c’est injuste ! ». D’où ses propositions de tripler la "prime Macron" et de revaloriser à 550 euros de plus au niveau du SMIC pour les travailleurs indépendants (et la revalorisation du minimum vieillesse indiquée plus haut).
Comme le discours a été très long, il est difficile, pour les journalistes, tenus à la rigoureuse égalité de traitement des candidats, de pouvoir détailler tout ce qui a été dit à l’Arena de La Défense, mais ce discours, unique en son genre, aura marqué et si, comme je l’espère, Emmanuel Macron est réélu le 24 avril 2022, il servira de base référence pour son second quinquennat, un peu comme le discours du Bourget pour le quinquennat de François Hollande, avec, à mon sens, s’il fallait le réduire, trois formules chocs qui feront date.
1. « Nous ne sommes les vassaux de personne ! ».
2. « Nous ne lâcherons rien de notre combat pour l’idéal européen ! ».
3. « La France, c’est un bloc. On ne trie pas. ».
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (03 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Meeting d’Emmanuel Macron à Arena à La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Jacques Delors.
Dominique de Villepin.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
François Léotard.
Bertrand Delanoë.
Manuel Valls.
Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Raffarin.
Éric Woerth.
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron le 17 mars 2022 à Aubervilliers (vidéo).
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220402-macron.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-41-emmanuel-macron-240621
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/29/39410475.html
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