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8 avril 2022 5 08 /04 /avril /2022 03:24

« Je l'avoue d'emblée, je suis d'accord avec cette analyse : dans le choix d'un Président de la Cinquième République, le "rapport à l'imprévisible" est pour moi désormais un critère essentiel. Une longue succession de mandats présidentiels m'ont appris à ne plus croire ni promesses ni programmes. (…) Devant le programme d'un Président fraîchement élu se dressent aussitôt de nombreux obstacles (et c'est aussi vrai pour les pouvoirs de droite que pour les pouvoirs de "gauche"). Une majorité réticente, incertaine, divisée. Une opposition pugnace. » (Daniel Schneidermann, le 6 avril 2022).




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Dans cette chronique du 6 avril 2022 sur son site "Arrêt sur Images" à la suite des déclarations du Président Emmanuel Macron dans le Finistère, le journaliste Daniel Schneidermann a concédé cette logique de la Cinquième République : à l’élection présidentielle, on ne vote pas pour un programme mais pour un homme (ou une femme), et pour sa capacité à réagir et interagir avec les circonstances dans un monde en perpétuelle évolution. On ne vole plus que dans des turbulences plus ou moins violentes. Dans ce quinquennat qui s’achève, Emmanuel Macron a été gâté par ces turbulences.

Qu’on ne fasse pas ici d’erreur d’interprétation, je ne vais pas suivre Daniel Schneidermann dans la suite de son raisonnement lorsqu’il finit par cette question en parlant du Président de la République : « Si la capacité à gérer l'imprévisible, oui, est un critère de choix, est-ce vraiment à son avantage ? ». Il me semble, au contraire, que son rapport à l’imprévisible est l’atout majeur du Président Emmanuel Macron.

Il a eu à faire face à de très nombreuses crises : les gilets jaunes marqués à la fois par une incohérence et confusion politiques et par une violence inouïe les samedis à Paris (avec du vandalisme répétitif dans les Champs-Élysées, notamment les dégradations à l’Arc de Triomphe), la crise du covid-19 et maintenant, la guerre en Ukraine qui concerne tous les Français, en particulier en raison des retombées économiques mais aussi psychologiques et morales.

Chacune de ces crises a eu d’ailleurs des retombées économiques majeures en France et la manière d’avoir géré ces crises a fait d’Emmanuel Macron un maître en matière de gestion de crise. J’avais déjà évoqué sa bonne gestion de la crise sanitaire largement reconnue à l’étranger. Daniel Schneidermann a d’ailleurs reconnu que le principe du "quoi qu’il en coûte", qui est, selon l’éditorialiste, un « sidérant et salutaire acte de rupture radicale avec son logiciel néolibéral », a sauvé des emplois et des entreprises, même s’il se demandait pourquoi ce principe n’avait pas été adopté auparavant pour sauver l’hôpital (semblant de réponse : parce qu’on ne réforme pas l’hôpital en deux ans et le Ségur de la santé y contribue aussi, à sauver l’hôpital, mais les résultats ne peuvent s’observer que dans cinq à dix ans).

Emmanuel Macron, avec la guerre en Ukraine, a également été très réactif, d’une part, sur le plan économique en proposant un "plan de résilience", d’autre part, sur le plan diplomatique en maintenant coûte que coûte le contact avec Vladimir Poutine, le Président russe, même après la découverte des massacres de Boutcha, et Daniel Schneidermann a posé la même question que Nicolas Dupont-Aignan le 7 avril 2022 sur LCI, ou même que le Premier Ministre polonais, qui est une question d’observateur cynique hors sol : à quoi cela sert-il de rester en contact ? Malgré les massacres, malgré l’apparent "autisme" de Poutine, garder un lien reste toujours utile et les ambitions russes peuvent être bien plus grandes que la simple Ukraine. D’ailleurs, le Premier Ministre hongrois Viktor Orban, auréolé de sa quatrième victoire électorale consécutive, l’a bien compris, lui qui a proposé le 6 avril 2022 un sommet avec Zelensky et Poutine, en présence d’Emmanuel Macron.

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Imaginons ceux qui auraient pu être élus en 2017, à savoir, Marine Le Pen, François Fillon ou Jean-Luc Mélenchon à la place d’Emmanuel Macron face au covid d’une part, face à l’invasion russe de l’Ukraine d’autre part. Imaginons quasiment les mêmes en rajoutant Éric Zemmour et Valérie Pécresse pour les candidats de 2022.

Valérie Pécresse, au contraire des autres, y compris François Fillon, n’a jamais eu de tentations poutiniennes et a toujours soutenu une politique sanitaire ferme pour réduire les contaminations et les hospitalisations dues au covid. Seule, la personnalité peut faire la différence avec Emmanuel Macron mais pas la détermination.

Mais les autres ? Quelle crédibilité à construire un discours français et européen face à la Russie quand on s’est fait financer des campagnes électorales par Moscou comme c’était le cas de Marine Le Pen ? Quand on considère Vladimir Poutine comme un modèle de démocratie et de patriotisme comme c’est le cas d’Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon ?

Emmanuel Macron a réussi à conquérir une position majeure au sein de la communauté internationale, tant en Europe où l’ombre de l’ancienne Chancelière Angela Merkel ne plane plus depuis qu’on comprend les conséquences de sa politique de dépendance énergétique de la Russie, que dans le monde des démocraties libérales. Ce qui est un atout et une fierté pour la France qui ne retrouvera plus cette position centrale avec un autre Président avant longtemps. Parce qu’il est volontariste mais subtil, Emmanuel Macron sait représenter avec honneur et dignité la France.

Dans son rapport avec l’imprévisible, Emmanuel Macron a aussi su montrer un atout que la plupart des autres candidats n’ont pas, parce qu’il est très rare : sa capacité à se corriger. Parce qu’il était assez novice en politique, Emmanuel Macron a fait beaucoup d’erreurs, surtout de communication (en n’imaginant pas la réaction de ceux qui l’entendraient), mais il sait se corriger, parce qu’il travaille beaucoup (ce qu’on a reproché à Marine Le Pen en 2017, de ne pas travailler ses dossiers), il suffisait d’écouter Emmanuel Macron lors des grands débats pour comprendre que sur chaque question nationale ou internationale, sans note, sans conseiller, sans oreillette, non seulement il était capable de répondre, mais il pouvait développer des idées originales et travaillées à l’improviste.

Cette capacité à se corriger soi-même est très rare à ce niveau de pouvoir, car ceux qui y arrivent, en général, ont développé un ego démesuré (ce qui est le cas d’Emmanuel Macron comme de ses concurrents à l’élection présidentielle), et généralement, cet ego démesuré empêche de faire machine arrière quand on s’est fourvoyé (c’est le problème majeur de Poutine). Emmanuel Macron a pu changer ses idées d’origine par la réalité incontournable, en particulier en abandonnant la retraite par points, visiblement une usine à gaz trop compliquée pour être comprise et soutenue. De même, le "quoi qu’il en coûte" n’était pas gagné d’avance, d’un point de vue idéologique, mais la raison l’emporte quand on prend comme base la réalité incontournable.

Dans son projet présidentiel pour 2022-2027, Emmanuel Macron propose ainsi d’assurer la puissance de l’Europe en assurant son autonomie énergétique, son autonomie technologique et son autonomie stratégique. On voit bien avec Poutine que seul, un interlocuteur puissant peut avoir du poids. Heureusement que les Français n’ont pas écouté de vieilles chimères qui voulaient démanteler notre force de dissuasion nucléaire. C’est grâce à elle que nous pouvons raisonnablement croire que nous ne nous retrouverons pas dans la situation ukrainienne désastreuse à brève échéance (même si l’inconcevable peut devenir réalité).

Dans cette même partie du projet consacrée à la démocratie et à notre souveraineté qui ne sont pas négociables (p. 23), Emmanuel Macron ne lésine pas sur le renforcement de notre armée avec l’objectif de consacrer 2% du PIB à celle-ci : « Face aux nouvelles menaces sur tous les terrains (terre, air, mer, espace, cyber), des innovations de rupture : armes électromagnétiques, camouflage optique pour les véhicules de combat, drones sous-marins, missiles hypersoniques, nanosatellites de surveillance spatiale… ».

Et aussi cette leçon de nos crises récentes : « Un plan de mobilisation civile pour renforcer notre résilience en préparant en profondeur l’État aux crises, en relocalisant les filières essentielles, en renforçant les stocks stratégiques, en recensant les compétences des Français volontaires pour être mobilisés en cas de crise grave et les capacités des entreprises clefs ».

L’armée et la préparation de gestion de crise improbable ont été, pendant vingt-cinq ans, les variables d’ajustement des budgets systématiquement déficitaires. Il est temps maintenant de prendre le taureau par les cornes, et Emmanuel Macron est le mieux placé pour s’y investir pleinement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220407-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-et-son-rapport-a-l-240758

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/07/39423298.html










 

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