« Faites confiance à Emmanuel Macron pour s’affranchir des influences. Il est intelligent. Il y a les faits. Et il décide. Emmanuel Macron fait l’objet d’un procès politique permanent que je ressens comme injuste. Et je n’aime pas l’injustice. Bien sûr, il a pu commettre quelques erreurs… » (Jean-Pierre Chevènement, le 8 avril 2022).
La campagne du second tour est en pleine action : courte mais intense. Les deux candidats se battent, labourent, attaquent, se défendent, proposent, accusent… Mais il y a un argument particulièrement spécieux qui vise à dire : Tout sauf Macron. Vraiment ? Emmanuel Macron est-il si nul que ça au point n’importe qui devrait le remplacer ? Même l’extrême droite la plus inconséquente, la plus incompétente et la plus démagogique, prête à bafouer les libertés fondamentales inscrites dans la Constitution ou le bloc de constitutionnalité ?
Ce Macron bashing, on en a l’habitude. Rappelez-vous Jacques Chirac en mars 2002 et même encore en février 2007, juste avant d’annoncer qu’il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle. On l’a attaqué sans arrêt, à le traiter de voyou, de voleur, de roi fainéant. Et pourtant, 82% des Français l’ont réélu en mai 2002. Cette impopularité intrinsèque à la fonction présidentielle, on l’a retrouvée aussi dès 2007, voire dès 2005, avec Nicolas Sarkozy, pourtant porté à la Présidence de la République en mai 2007 et en 2012, le Tout sauf Sarkozy a été l’un des slogans les plus stupides de la campagne présidentielle de 2012, mas aussi l'un des moteurs les plus efficaces. Il n’y a pas eu de Tout sauf Hollande car François Hollande a déclaré forfait trop tôt. Il était donc prévisible de le retrouver aussi pour Emmanuel Macron qui, en tant que Président de la République sortant, n’échapperait pas à la règle d’être tenu pour responsable de tout ce qui ne va pas dans ce beau et grand pays, sans être responsable de tout ce qui va bien (pour les rarissimes optimistes qui aiment leur pays et savent voir ses atouts autant que ses atours).
Il y a donc une réelle incohérence entre ceux qui élisent le Président de la République et ceux qui voudraient le "lyncher", car ce sont les mêmes. Ou pas. Car ce sont des extrémistes, évidemment. Cette haine pue l’extrémisme à plein nez. C’est un argument stupide car il ne relève plus de l’argumentation mais de l’émotion un peu puérile. Cette haine est une rancœur, celle en fait que certaines personnes ont pour tous les dirigeants, quels qu’ils soient et même s’ils les ont eux-mêmes choisis. Tout le monde disait que Nicolas Sarkozy était le pire de tous et puis on a eu François Hollande et ainsi de suite…
Euh, non, justement, pas ainsi de suite, car Emmanuel Macron, s’il suscite tant de haine, c’est parce qu’il est le meilleur d’entre tous, le meilleur acceptable et d’ailleurs, la majorité relative des Français l’a compris puisqu’elle l’a placé en tête du premier tour avec plus d’un millions d’électeurs en plus qu’en 2017. Ce n’est pas anodin.
Certains pensent que le bilan du quinquennat est un boulet, c’est leur avis, mais il n’est pas argumenté. Globalement, non seulement la France va mieux en 2022 qu’en 2017, mais heureusement qu’Emmanuel Macron était là pour gérer les nombreuses crises des temps présents, et d’autres viendront encore : gilets jaunes, crise du covid-19, guerre en Ukraine. Chaque crise a provoqué des conséquences sur l’économie, sur la société qui ont traumatisé le peuple, et Emmanuel Macron a su, par ses réactions opportunes, apporter les meilleures solutions, les solutions appropriées, les solutions adéquates, même si, comme l’explique Jean-Pierre Chevènement, il a commis des erreurs, comme tout le monde.
Le "quoi qu’il en coûte" a été salutaire pour les deux ans de pandémie, elle a sauvé des dizaines de milliers d’entreprises, des centaines de milliers d’emplois, par le financement du chômage partiel, par les prêts garantis par l’État, il a sauvé l’économie et il l’a fait dans une logique anti-libérale (on l’accuse tellement de libéralisme, qui n’est pas pourtant un gros mot), à tel point qu’il a reçu des félicitations sur sa gestion de crise.
Nous avons aussi la chance, nous Européens, d’avoir eu Emmanuel Macron, comme dirigeant d’un pays européen à grand charisme et comme Président du Conseil de l’Union Européenne, alors que la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine. Quelle aurait été la réaction européenne sans Emmanuel Macron ? Quelle aurait été la souveraineté de la France et de l’Europe sans la diplomatie volontariste d’Emmanuel Macron qui a sa propre ligne qui n’est pas calquée sur les États-Unis (on le voit par exemple sur l’emploi du mot "génocide"). Quand il a dit le 2 avril 2022 : « Nous sommes les vassaux de personne ! », c’est d’autant plus vrai qu’il faut en avoir le courage, et c’est son cas.
Pour une fois, justement, après cinq ans où il a fait ses preuves, où il a "fait le job", les Français peuvent se permettre de réélire un Président compétent, courageux et acharné, c’est-à-dire bosseur, travailleur, qui potasse les dossiers, qui se remet en cause, qui revoit les mises à jour pour se refaire une nouvelle idée des sujets, qui est dans la permanente correction, adaptation aux temps d’un monde troublé qui évolue sans cesse.
Nous avons la grande chance d’avoir un candidat expérimenté, qui a connu toutes les vicissitudes de la fonction présidentielle, qui l’a respectée tout en la modernisant (nous ne sommes plus à l’époque de De Gaulle, né au XIXe siècle ; du reste, cet aspect "décontracté" a été inauguré dès 1974 par Valéry Giscard d’Estaing qui a été un révolutionnaire en la matière), qui a une vision globale de l’intérêt des Français et de la France.
Répondant aux questions de Natacha Polony, Franck Dedieu et Étienne Campion, dans un entretien publié dans "Marianne" à la veille du premier tour, le 8 avril 2022, l’ancien ministre souverainiste Jean-Pierre Chevènement a bien mesuré l’enjeu : « Je serai de toute façon mieux en mesure d'influer [en le soutenant] qu’en m’enfermant dans une abstention boudeuse, comme le font beaucoup d'hommes de gauche sincères, par manque d'imagination et aussi parce que la gauche n’a pas fait le travail intellectuel nécessaire à toute réorientation de fond. ».
Il ne soutient pas Emmanuel Macron par défaut mais par adhésion : « Je ne suis pas de ceux qui se larmoient sur la félonie supposée d'Emmanuel Macron. Il a fait le ménage. Je l'en félicite. Je considère qu'il a permis de tourner une page qui, enfin, nous autorise à imaginer autre chose. ». Quand il a parlé de "faire le ménage", il voulait insister sur le fait d’avoir fait imploser les partis de gouvernement qui n’étaient plus que des écuries présidentielles, sans vision, sans réflexion, sans travail sur le terrain, sans autre consensus qu’une soupe de libre concurrence européenne sans répondre aux besoins du peuple. Emmanuel Macron a créé un nouveau paysage politique et comme à chaque crise, ce changement a ses risques (qui ne proviennent pas d’Emmanuel Macron) mais aussi ses opportunités.
Jean-Pierre Chevènement s’inquiétait déjà du second tour dont les intentions de vote restent toujours aussi serrées : « Le feu est à la maison. Ce matin [8 avril 2022], un sondage donne 47,5 % des voix à Marine le Pen au second tour. 2,5 %, c’est la marge d’erreur. Et pendant ce temps-là, vous cherchez des poux dans la tête d’Emmanuel Macron ! (…) Honnêtement, en politique, il faut faire des choix. Quel autre choix un citoyen responsable et épris de progrès peut-il faire que d’apporter un soutien résolu à Emmanuel Macron ? Le grand danger, face à Marine Le Pen, c’est la démobilisation et plus encore, l’aversion ressentimenteuse que suscite Emmanuel Macron chez une gauche que son sectarisme aveugle. ».
Mais alors, pourquoi se mobiliser ?
Pour son bilan et pour son projet. J’évoquerai ici son bilan. Oui, il a un bilan extraordinaire et s’il n’est pas parfait, déjà parce qu’il n’a pas eu beaucoup de temps (deux ans de crise sanitaire sur cinq ans de mandat, c’est beaucoup), il a su au moins mettre la France dans de bonnes rails.
Le pouvoir d’achat ? Il a prouvé qu’il savait comprendre les besoins des Français. Il a permis les lunettes et les prothèses dentaires et auditives 100% remboursées. Il a supprimé la taxe d’habitation. Il a permis des petits-déjeuners scolaires gratuits et des déjeuners scolaires en cantine à 1 euro (plus de 2,5 millions de repas ont ainsi été servis depuis 2019) ainsi que les repas en restauration universitaire à 1 euro (20 millions de repas servis). En outre, le prix du gaz et de l’électricité a été bloqué, une indemnité inflation de 100 euros a été versée à tous les Français. L’allocation aux adultes handicapés (AAH) a été augmentée de 100 euros par mois. 1,3 automobilistes ont bénéficié d’une prime de conversion pour passer à un véhicule électrique ou hybride. Entre 2017 à 2021, le pouvoir d’achat a progressé de 5,5% tandis qu’entre 2007 et 2012, de 0,5% et de 2012 à 2017, de 0,2%. En particulier, un salarié au SMIC gagne 170 euros supplémentaires chaque mois, grâce à la baisse des charges et à la hausse de 100 euros de la prime d’activité, soit plus de 2 000 euros par an !
Sur le front de l’emploi, le chômage a baissé malgré la crise sanitaire pour arriver à une situation jamais connue depuis 15 ans, à 7,4% en 2022 (ce taux était de 9,5% en 2017). Le chômage des jeunes n’a jamais été aussi bas depuis 1981. 700 000 contrats d’apprentissage ont été signés, qui ont doublé en cinq ans. Avec le plan "1 jeune, 1 solution", environ 4 millions de jeunes ont trouvé un emploi. En 2021, la situation a été inédite puisqu’il y a eu deux fois plus d’ouvertures d’usines que de fermetures.
Sur l’école : 350 000 écoliers du primaire ont bénéficié d’un enseignement dans des classes dédoublés avec 12 élèves au maximum. Sur la culture : le Passe Culture de 300 euros pour les jeunes à 18 ans. Sur la lutte contre le climat : en cinq ans, les émissions de CO2 ont chuté de 12%, soit deux fois plus rapidement qu’entre 2012 et 2017. Sur la défense et la sécurité : le budget des armées a augmenté de 27% depuis 2017, une progression inédite. 10 000 nouveaux postes de policiers et de gendarmes ont été créés depuis 2017.
Au-delà de la gestion de la crise sanitaire et de l’intense activité diplomatique du Président de la République sortant, on pourrait ainsi multiplier les exemples pour démontrer que le bilan est très honorable, mais c’est surtout qu’à l’élection présidentielle, il faut se tourner vers l’avenir et c’est le projet présidentiel qui influence une majorité d’électeurs sur lequel je reviendrai dans les prochains jours.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Tout sauf Macron : pourquoi tant de haine ?
Tout sauf Sarkozy.
Élysée 2022 (45) : le naufrage du parti Les Républicains.
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
Résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Emmanuel Macron et son rapport à l’imprévisible.
13 raisons de voter pour Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, santé, école, écologie…
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220414-macron.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/tout-sauf-macron-pourquoi-tant-de-240932
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/14/39434320.html
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