« Avec le BA2.75, [le sous-variant BQ1.1] est l'un des deux variants en ce moment qui ont le plus de chance de supplanter l'actuel BA.5. Il a un avantage d'échappement immunitaire qui ferait qu'il pourrait devenir majoritaire dans des populations bien protégées comme la population française. Génétiquement, il a toutes les cartes en main pour devenir le prochain variant majoritaire. C'est un très grand candidat. » (Yannick Simonin, le 13 octobre 2022 dans "Midi libre").
La France est plongée depuis quelques semaines dans une nouvelle vague de covid-19 (on lui attribue le numéro 8). Et effectivement, de nombreuses personnes sont touchées, comme on pouvait s'y attendre avec l'automne, la rentrée scolaire et le temps froid et pluvieux. Les pharmacies et les laboratoires d'analyse sont à nouveau pris d'assaut pour des tests de dépistage.
À la fin du mois de septembre 2022, on aurait pu imaginer que cette vague ne fût pas plus ample que celle de l'été, parce que le taux effectif de reproduction du virus était en train de redescendre. Mais ce facteur est en train de jouer au yoyo. La première semaine d'octobre 2022, il était remonté, puis est encore en train de rebaisser, mais tant qu'il n'est pas inférieur à 1, l'épidémie progresse et les chiffres de cette semaine sont énormes : 9 373 nouveaux cas le lundi 10 (tests du dimanche), 94 753 le mardi 11, 67 948 le mercredi 12, 64 218 le jeudi 13...
Il y a en ce moment un taux d'incidence supérieur à 600 nouveaux cas par 100 000 habitants pour une semaine, ce qui est très élevé. La France est aujourd'hui le deuxième pays le plus touché au monde par la pandémie qui a déjà provoqué près de 6,6 millions de décès depuis décembre 2019. L'Europe est particulièrement éprouvée cet automne et l'Allemagne se place même largement en tête des pays les plus touchés avec un taux d'incidence de plus de 800 nouveaux cas par 100 000 habitants pour une semaine.
En Allemagne, effectivement, la situation est alarmante : près de 700 000 nouveaux cas ces sept derniers jours et surtout, leur mortalité est quasiment double par rapport à la France : 10 décès par million d'habitants en une semaine (la France en est à 6, il était de 3 en début de vague). Du reste, comme je l'indiquais précédemment, l'écart du nombre de décès entre la France et l'Allemagne se restreint chaque jour d'environ 100 unités, et est actuellement inférieur à 4 500 (alors à la fin de la première vague, en été 2020, cet écart était d'environ 20 000). Si l'Allemagne rattrape la France en décès, c'est probablement aussi parce que le taux de couverture par la vaccination est moindre qu'en France.
Sur le plan hospitalier, il y a de plus en plus d'hospitalisations dues au covid-19 et la courbe des places en service de réanimation aussi s'élève, s'approchant des 1 000 lits occupés pour covid-19 (au 13 octobre, 959), tandis qu'au début de la vague, c'étaient 700 lits.
La différence entre les sorties (retour à la maison ou décès) et les entrées ne cessent de croître en ce moment, faisant craindre la perspective d'un plan blanc avec un personnel soignant en surtension depuis deux ans et demi.
De même, hélas, la courbe des décès s'envole et reste encore bien trop élevée, revenant à un nombre quotidien moyen de 50 décès, soit près de 20 000 décès pour l'année, cinq fois plus que la mortalité routière (en France, l'épidémie a entraîné hélas déjà 155 737 au 13 octobre 2022, soit depuis janvier 2020, seize fois plus que la mortalité routière !). Et ce nombre ne cesse de monter mécaniquement parallèlement aux autres courbes (nouveaux cas, hospitalisations).
On espère depuis deux ans que le covid-19 devienne une maladie endémique, au même titre que la grippe. Mais il y a deux différences. D'une part, depuis trois ans, on n'a jamais atteint des périodes où il n'y a quasiment plus aucun cas de contamination (certains pays comme le Royaume-Uni semblent l'avoir atteint de manière très temporaire), et si l'Allemagne est autant touchée, c'est parce que la nouvelle vague a commencé bien avant la fin de la précédente (en ce sens, la France qui était légèrement en avance sur l'Allemagne cet été a eu un peu plus de chance). D'autre part, il y a plusieurs vagues dans l'année, ce qui renforce le caractère grave de la maladie par rapport à la grippe qui ne sévit qu'en hiver (avec seulement une ou deux vagues par an, pas trois ou quatre).
Enfin, il y a une troisième différence bien plus grande avec la grippe, c'est la transformation systématique du coronavirus par des variants de plus en plus contaminants. Certes, le virus de la grippe aussi se transforme chaque année, mais il semblerait qu'à chaque nouveau variant de coronavirus, le covid-19 reprenne un cycle épidémique de plusieurs vagues comme si c'était une nouvelle maladie, confortée par le caractère mondial de l'épidémie.
Avec le variant omicron, on pensait en avoir fini des mutations. Certains sous-variants se sont différenciés, certes (comme le BA.5 devenu largement majoritaire en France), sans pour autant changer de comportement. Or, depuis quelques semaines, les scientifiques ont mis en évidence l'arrivée d'un nouveau sous-variant à BA.5, appelé BQ1.1 (non, cela ne signifie pas barbecue), qui pourrait être un candidat pour reprendre le "marché" de l'épidémie dans les prochaines semaines.
Selon le virologue Yannick Simonin (de l'Université de Montpellier), ce nouveau sous-variant serait de plus en plus fréquent dans les séquençages, en particulier au Royaume-Uni depuis la fin du mois de septembre 2022. Édouard Tuallion, professeur au CHU de Montpellier, a précisé dans "Midi libre" qu'il était « significativement présent en région parisienne (…). Même si les études que nous avons pour le moment datent de mi-septembre, il y a des signes qui laissent penser que vu son évolution et son augmentation rapide, il pourrait représenter dans les semaines à venir la majorité des cas, voire devenir majoritaire. ».
Même si sa dangerosité ne semble pas plus élevée que les précédents variants, il a été placé sous surveillance car il résulte de trois mutations importantes. En particulier, une qui pourrait être problématique pour le vaccin actuel puisqu'il s'agit de la modification de la protéine d'attachement du virus, qui joue un rôle important dans la contamination.
En outre, l'un des symptômes cliniques de ce sous-variant serait de ressembler à une gastro-entérite avec laquelle il pourrait être confondu. En effet, Yannick Simonin a indiqué : « On sait déjà que le covid peut avoir un impact sur le système digestif, il s'agit là des symptômes secondaires classiques, surtout avec omicron. Cependant, il semblerait qu'avec ce variant, la proportion d'atteintes gastriques soit plus importante. ». Au point que "Midi libre" a titré dans un tweet : « Covid : diarrhée et maux de ventre, les symptômes du sous-variant BQ1.1 font craindre la confusion avec la gastro-entérite. ».
Alors, même si le pire n'est jamais certain, restons toujours prudents avec cette satanée maladie, gardons les quelques gestes de prudence qui nous éviteront de renforcer les statistiques des hôpitaux et des pompes funèbres, notamment en portant un masque dans les endroits très fréquentés.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (13 octobre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
(Toutes les courbes proviennent de Guillaume Rozier et de son excellent site CovidTracker).
Pour aller plus loin :
Covid-19 : alerte au sous-variant BQ1.1 !
Covid-19 : faut-il s'inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?
Le covid-19 a-t-il disparu ?
Covid-19 : une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
Covid-19 : 150 000 décès en France et l’omicron BA.5 en pleine hausse.
Attention, le covid-19 est de retour !
Gestion de la crise du covid : la France au tableau d’honneur !
Covid : fin des restrictions sanitaires et extrême vigilance.
Inquiétudes covidiennes : la pandémie est-elle vraiment terminée ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221013-covid-fu.html
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/covid-19-alerte-au-sous-variant-244370
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/10/13/39666888.html