« Nous n'avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l'incompétence qui force le respect. » (Pierre Desproges).
Ce week-end des 10 et 11 décembre 2022, les adhérents du parti Les Républicains départageaient les deux candidats arrivés au second tour pour la présidence de leur parti, Éric Ciotti et Bruno Retailleau. Cette élection s'est déroulée dans l'indifférence générale des médias et de la classe politique, comme si LR était devenu un petit parti politique, ce qu'il est devenu réellement depuis le 10 avril 2022 avec sa candidate Valérie Pécresse qui n'a même pas recueilli 5% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle.
Pourtant, les adhérents de LR s'étaient plutôt bien mobilisés, avec 72,7% de participation au premier tour le week-end précédent et 70,0% ce week-end. Arrivé en tête du premier tour avec 42,7%, c'est sans surprise que le député de Nice Éric Ciotti a franchi la barre des 50% pour se faire sacrer président de LR. Cela a été annoncé vers 18 heures 30 (avec une panne de lumière !) : Éric Ciotti a obtenu 53,7% parmi les adhérents de LR (soit 33 609 voix).
L'incertitude était plutôt au premier tour, la question de savoir si les militants acceptaient de changer radicalement le discours de LR par des attentions plus sociales et des innovations politiques, en suivant le jeune député Aurélien Pradié. Avec seulement 22,3%, éliminé de la compétition, Aurélien Pradié n'a pas su convaincre les adhérents acquis à la cause d'une certaine droite à la fois sécuritaire et libérale. En outre, ne sachant départager ses deux rivaux (qui pensent la même chose), il n'a pas donné de consigne de vote à ses électeurs.
Bruno Retailleau n'a pas su impulser un nouveau souffle chez Les Républicains, ce qui était prévisible, étant donné qu'il ne proposait somme toute que l'immobilisme pour son parti, le refus de trancher sur des thèmes qui divisent profondément ce parti, même si les centristes de LR sont quasiment inexistants, partis depuis longtemps vers d'autres cieux plus favorables (et plus macroniens).
La question de savoir comment Éric Ciotti va soutenir Laurent Wauquiez sera intéressante. En effet, comment peut-on être présidentiable quand on se terre dans sa collectivité (la région Auvergne-Rhône-Alpes), qu'on reste silencieux sur tous les sujets, en particulier les plus importants, et (disons-le) qu'on s'est fait oublier par beaucoup de ses propres électeurs ? L'avènement d'Éric Ciotti va donc être délicat à négocier avec Laurent Wauquiez. Car si Éric Ciotti s'est toujours voulu fidèle et loyal, désormais, il sera le chef, et dans tous les cas, il carbure seul, il est autonome intellectuellement et politiquement (la preuve, son élection).
Ainsi, les convictions d'Éric Ciotti peuvent se résumer à trois points qui, tous les trois, sont plutôt attractifs pour la plupart des électeurs, et pas seulement ceux de LR réduits à peau de chagrin. Premièrement, des propositions pour renforcer l'aspect sécuritaire, qui, à mon sens, ne seront pas plus efficaces que les mesures qui ont été mises en place depuis cinquante ans pour tous les gouvernements, mais qui sont très demandés dans les sondages, presque plébiscitées. Deuxièmement, une baisse des impôts et taxes, et même si l'on croit à l'État providence, aux services publics, somme toute, voire ses avis d'impôts diminuer est toujours souhaité (sinon souhaitable), ce genre de mesure ne peut pas attirer de répulsion sauf si elle est dans une volonté béante de démagogie (comme dans le cas de la candidate Anne Hidalgo qui proposait de doubler le salaire des enseignants), alors que dans le cas d'Éric Ciotti, cette proposition d'alléger drastiquement la fiscalité provient d'un raisonnement idéologique cohérent et limpide (réduire toutes les contraintes de l'État). Enfin, troisièmement, on l'avait oublié et l'unique débat de la présidence de LR le 21 novembre 2022 l'avait mis en lumière : Éric Ciotti est moderne et favorable aux mesures sociétales, c'est-à-dire que loin d'être un réactionnaire, il accepte de suivre la société quand celle-ci réclame certains aménagements, et cela, quoi qu'il en soit, reste plutôt à apporter à son crédit qu'à son débit intellectuel.
En ce sens, Éric Ciotti est le contraire de François Baroin. Probablement celui qui avait le plus de capacité à être le candidat LR en 2022, François Baroin a brillé par son manque d'ambition et d'intérêt pour l'élection présidentielle. Face au vide absolu au sein de son parti, Éric Ciotti, au contraire, est prêt à relever tous les défis pour mener ses idées au pouvoir. Quitte à conquérir l'Élysée lui-même.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (11 décembre 2022)
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Pour aller plus loin :
Éric Ciotti sacré meilleur communicant du parti Les Républicains !
Éric Ciotti.
La sagesse de Nicolas Sarkozy.
Présidence de LR : Ciotti vs Retailleau au cœur du système.
Présidence de LR : trois têtes pour un fauteuil.
Trois candidats et un enterrement ?
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