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28 février 2023 2 28 /02 /février /2023 04:54

« Moi qui étais perturbé, qui gambergeais, étais plein d’ambition, mais manquais de confiance en moi, le théâtre m’a sauvé. Il m’a grandi. J’y ai utilisé tout mon vécu, le grand matériau des acteurs. » (Gérard Darmon, "Le Monde" du 4 décembre 2022).




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L'acteur Gérard Darmon fête son 75e anniversaire ce mardi 28 février 2023... ou, non, plutôt, ce mercredi 29 février 2023... mais en fait, non... cette journée n'existe pas... C'est dans un an qu'il fêtera son ...19e anniversaire, en fait, un grand jeune homme (et jeune père). C'est le lot de tous ceux qui sont nés un 29 février, et ils sont nombreux, il y a une chance sur 1 461 de naître un 29 février, ce qui fait qu'il y a 46 000 Français dans ce cas, et 5,5 millions de personnes dans ce cas dans le monde (si on considère par ailleurs que naître un 29 février n'apporte pas plus de chance ou de malchance dans la vie, la santé, etc.).

19 ans. C'est d'ailleurs peut-être ce qu'on peut comprendre de la carrière de Gérard Darmon : en pleine évolution de maturité. Incontestablement, il n'est pas inconnu, il a ce qu'on appelle une gueule, un visage, une voix aussi, très reconnaissables, presque caricaturaux. Il a joué dans près d'une centaine de films et de téléfilms, souvent dans des seconds rôles. Il fait partie du paysage national, du paysage culturel du cinéma français. Il a joué aussi dans plus d'une vingtaine de pièces de théâtre qui était sa passion première. Il a même enregistré des disques sur le tard, dans les années 2000 (trois disques, le dernier en collaboration notamment avec Marc Esposito, Marc Lavoine et Pierre Palmade). Il s'est d'ailleurs produit à l'Olympia.

Même s'il a joué des rôles qui l'ont fait remarquer (comme dans "Le Grand Pardon" d'Alexandre Arcady, sorti le 27 janvier 1982), il lui manque sans doute "le" grand rôle de sa vie, qui transcenderait sa carrière. Avec son excellente prestation dans "Astérix : mission Cléopâtre" d'Alain Chabat (sorti le 30 janvier 2002), la seule adaptation au cinéma de la bande dessinée vraiment valable, où il joue Amonbofis, le "méchant" architecte qui veut l'échec de son rival Numérobis aidé des Gaulois, il a été nommé en 2003 pour le César du acteur dans un meilleur second rôle, sa seconde nomination après celle en 1987 pour "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix (sorti le 9 avril 1986).

Revers de médaille du succès dans le comique, il n'a quasiment plus été sollicité que dans des comédies françaises au cinéma, souvent des "demi-navets" (pour ne pas dire navets) comme "Bienvenue à bord" d'Éric Lavaine (sorti le 5 octobre 2011), une comédie où il partage l'un des rôles principaux avec Valérie Lemercier et Franck Dubosc, qui se passe au cours d'une croisière (il est le patron du personnel), si bien qu'il a aussi voulu renouer avec le dramatique à la télévision (comme commissaire de police dans "Duel au soleil", mais l'expérience n'a pas duré très longtemps).

Comme beaucoup d'artistes parisiens, Gérard Darmon est "de gauche" : il a soutenu Bertrand Delanoë aux municipales de Paris en 2008, a soutenu François Mitterrand en 1988 et François Hollande en 2012 (il était même, comme de nombreux autres acteurs, présent au discours du Bourget le 22 janvier 2012). Il a soutenu Emmanuel Macron en 2022. Mais il a décidé de tenter de ne plus faire de déclarations politiques qui ont parfois provoqué des polémiques inutiles.

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À l'évidence, Gérard Darmon a été marqué par son père, plutôt du genre voyou. Juif algérien, son père a été chef de famille à 11 ans, a cherché à rapporter de l'argent pour la famille et est arrivé à l'âge de 22 ans à Paris en 1932. Il a refusé le port de l'étoile jaune, mais dénoncé, il a été arrêté par la Gestapo, torturé, puis emmené au camp de Drancy. Il a réussi à s'évader grâce à une connaissance qui s'était enrôlé à la Gestapo. Il a ensuite été résistant. Gérard Darmon, interrogé par Denis Cosnard dans "Le Monde" du 4 décembre 2022, a raconté : « Après la guerre, [mon père] m’a raconté qu’il avait retrouvé l’homme qui l’avait torturé. "Et alors, qu’as-tu fait, papa ?", lui ai-je demandé. Il est resté évasif : "C’était la guerre…". Pour moi, c’est clair : il l’a tué. ».


Et sa mère, également algérienne ? Pas vraiment bien assortie : « Elle avait abandonné son pays, sa famille, pour un type assez cavaleur dont elle n’a jamais été amoureuse. Elle a très vite été enceinte de moi. Je suis resté fils unique. Sans moi, elle serait partie dix fois, malheureuse, déprimée comme elle l’était. Mais j’étais là, c’était une génération où on ne divorçait pas, et ils sont restés cinquante ans ensemble. L’homme de sa vie, en réalité, c’était moi. Tout convergeait vers moi, toute son attention, tout son amour. Alors que mon père était absent et silencieux, elle rattrapait ça, elle parlait parfaitement français, arabe, espagnol et ladino, cette langue des juifs séfarades. Elle faisait tout pour moi. Vous imaginez cette surcharge affective, où tout baigne dans le miel… Au fil des ans, tandis que mon père, reconverti en marchand de vins et spiritueux, se voyait décliner, ma mère, entrée chez Viniprix tout en bas de l’échelle, progressait dans sa carrière, jusqu’à devenir cadre supérieure. ».

Ce n'est pas un hasard si Gérard Darmon a justement en préparation un spectacle personnel (un one-man-show) sur ses parents. Le théâtre, finalement, reste sa raison d'être. Petit, il a voulu faire de la scène, fasciné par Brassens, Léo Ferré, Henri Salvador, Barbara, etc. Au début des années 1970, il a rencontré Jean-Michel Ribes qui l'a recruté dans sa troupe de théâtre. Il a alors joué du café-théâtre et du classique (il y a rencontré Jean-Pierre Bacri), jusqu'au jour on lui a proposé un petit rôle (trois jours de tournage) dans "Les Aventures de Rabbi Jacob" de Gérard Oury (sorti le 18 octobre 1973). Dans la scène de l'usine à chewing-gum, on avait utilisé un colorant qui provoquait des conjonctivites. Dans "VSD" le 13 janvier 2009, Gérard Darmon a évoqué sa relation avec Louis de Funès : « La seule discussion que j’ai eue avec lui, c’était au sujet de l’ophtalmo qui nous avait prescrit le même traitement. » (propos recueillis par Laurence Durieu).

A alors commencé sa carrière au cinéma, et pourtant : « Je n’avais pas vraiment envie du cinéma. Ce que j’aimais, c’était entrer en scène, bondir… Cela rend si euphorique, la scène ! » ("Le Monde"). Elle a en fait vraiment démarré quand il a remplacé un acteur dans le premier long-métrage de Jean-Jacques Beineix, "Diva" (sorti le 11 mars 1981) : « Le rôle était déjà pris. En sortant, j’ai dit à Beineix, en riant : "Vous allez voir, le comédien prévu va se casser la jambe". Quatre jours plus tard, c’est ce qui est arrivé ! Et je l’ai remplacé… ».

Dans ses projets, au-delà de son one-man-show futur, il travaille sur un quatrième disque ; en avril, il va tourner dans un nouveau film de Lucien Jean-Baptiste, et il continue à jouer au théâtre "Une situation délicate" (d'Alan Ayckbourn) avec Clotilde Courau, Max Boublil et Élodie Navarre, par exemple, au Zénith de Pau le 5 avril 2023.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (25 février 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Gérard Darmon.
Serge Lama.

Laurent Ruquier.
Pierre Palmade.
À votre écoute coûte que coûte !
Gérard Hernandez.
Audrey Hepburn.
Mathilde Seigner.
Dieudonné.
Prémonitions (Solace).
Anthony Hopkins.
Jean Bertho.

Laurent Gerra.
Carla Bruni.
Vanessa Paradis.
Henri Salvador.
Gérard Philipe.
Mylène Demongeot.
Contagion.
Kirk Douglas.
Robert Clary.
Quai d'Orsay.
Thierry Lhermitte.
Dupont Lajoie.
Emmanuelle Bercot.
Jacques Tati.
Sandrine Bonnaire.
Shailene Woodley.
Gérard Jugnot.
Alain Delon.
Alfred Hitchcock.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230228-gerard-darmon.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-belle-gueule-de-gerard-darmon-246747

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/02/25/39826798.html
 






 

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