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19 mai 2023 5 19 /05 /mai /2023 05:15

« Les résultats sont là : pour la quatrième année consécutive, la France est le pays le plus attractif d'Europe (...). C'est le fruit de nos réformes, de notre travail, d'un engagement, des talents de la France, de la qualité de notre recherche, de notre innovation, de nos entreprises, de nos salariés. » (Emmanuel Macron, le 15 mai 2023 sur TF1).




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Le lundi 15 mai 2023, le Président de la République Emmanuel Macron a accordé une interview d'environ 25 minutes au journaliste Gilles Bouleau qui a été diffusée au journal de 20 heures sur TF1. Cette intervention télévisée intervenait juste avant une séquence présidentielle consacrée à la politique extérieure de la France.

L'objectif de cette interview était bien sûr de montrer que le gouvernement travaillait pour l'intérêt général. Au contraire de son allocution télévisée du mois précédent, le 17 avril 2023, cette prestation était concise, concrète, active et dynamique, en particulier sur les thèmes économiques et sociaux où le Président est le plus à l'aise. Même si l'interview semble n'avoir pas eu beaucoup d'échos par la suite dans les médias, c'est par petites touches que le Président de la République veut convaincre les Français.


Ukraine en guerre

Le premier sujet concernait l'aide de la France à l'Ukraine pour défendre l'intégrité de son territoire face à l'agression des troupes russes. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu par Emmanuel Macron à l'Élysée la veille au soir, après une visite à Berlin (Olaf Scholz) et avant la suite le lendemain à Londres (Rishi Sunak).

Emmanuel Macron a rappelé son objectif : « La stratégie de la France est simple : aider l'Ukraine à résister, à organiser (…) une contre-offensive pour pouvoir ramener tout le monde à la table des négociations dans les conditions qu'elle aura choisies pour bâtir une paix durable pour elle. ».

Concrètement, il n'y a donc pas d'ambiguïté sur la nature de l'aide française : fourniture d'armes et de munitions, formation des soldats ukrainiens et maintenance et réparation des équipements endommagés. Le chef de l'État a cependant mis deux limites : les armes ne doivent pas atteindre le sol russe et dans tous les cas, la France préserve sa capacité de défense nationale (elle ne se désarmera donc pas au profit de l'Ukraine).


Attractivité économique de la France

Symbole du succès économique de la Macronie, la fameuse start-up nation, c'est l'événement Choose France qui reçoit chaque année 200 patrons étrangers dans le cadre prestigieux de Versailles, venus pour investir en France. Emmanuel Macron a ainsi rencontré le matin même le patron de Pfizer ou encore Elon Musk.

En commentant cette rencontre au plus haut niveau, le Président français s'est réjoui des investissements records cette année : 13 milliards d'euros, soit plus de 8 000 emplois sur le terrain ("sur le terrain", c'est une précision présidentielle). Il a ainsi montré à la caméra une petite batterie qu'il avait acquise lors de sa visite le 12 mai 2023 à Dunkerque : 5,2 milliards d'euros y ont été investis pour produire des batteries électriques, ce qui correspond à 3 000 emplois. Et d'ajouter que la venue d'investisseurs n'était pas un hasard dans la région, car tout favorise leur implantation économique : un port à Dunkerque qui n'est pas en grève grâce au dialogue social, des EPR à Gravelines, l'implantation d'autres grosses entreprises sur le site comme Arcelor et AstraZeneka, etc.

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Évidemment, on lui a parlé des grèves et des manifestations contre la réforme des retraites. Mais Emmanuel Macron a voulu rappeler fermement que la France n'était pas que ces gens qui protestaient, en faisant remarquer avec raison qu'il n'y a quasiment pas eu de grève dans le secteur privé. Pour conclure : « Et le pays avance, et le pays continue à créer ! ». Le laurier dont il est le plus fier, c'est certainement le fait que la France est le pays le plus économiquement attractif de l'Europe pour la quatrième année consécutive. C'est une étude d'Ernst & Young qui l'a déterminé.

Le journaliste Gilles Bouleau a quand même évoqué un autre résultat moins élogieux de l'étude d'Ernst & Young, c'est que la France est seulement à la dix-huitième place du classement pour la création d'emplois liés à ces investissements. Emmanuel Macron n'a pas démenti ce talon d'Achille de la France, car tout est à refaire pour se réimplanter, à cause de la désindustrialisation du pays : « Le cœur du mal français, c'est qu'on a plus désindustrialisé que nos voisins. ». C'est la raison de son action depuis six ans basée sur cette réindustrialisation : entre 2008 et 2017, 600 usines ont disparu en France à cause de la crise financière ; entre 2017 et 2022, 300 usines ont été créées, et le Président espère que le mouvement restera le même pour qu'à la fin de son second quinquennat, la France retrouve son niveau industriel d'avant la crise financière.


Inflation, baisse d'impôts pour les classes moyennes

Emmanuel Macron a annoncé que dans sa trajectoire budgétaire jusqu'en 2027, 2 milliards d'euros seraient prévus pour une baisse d'impôts ciblée sur les classes moyennes, c'est-à-dire ceux qui travaillent, qui gagnent trop pour être aidés mais qui ont des budgets trop serrés à la fin du mois. Il n'a pas précisé quelle baisse, et attend de ses ministres quelques idées.

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Pour lui, le pouvoir d'achat est soutenu et promu par quatre pans de sa politique : premièrement, le plein emploi, tout faire pour réduire le chômage par une baisse du coût du travail et une meilleure adéquation entre la formation et les besoins des employeurs ; deuxièmement, une dynamique sur les bas salaires (dont la prime d'activité, soit 100 euros par mois) ; troisièmement, la prime exceptionnelle (prime Macron), et des mesures sur l'intéressement et la participation ; quatrièmement enfin, le dialogue social et la négociation pour augmenter les salaires (qui doit rester à l'initiative des entreprises et pas de l'État).

Sur l'inflation, le dispositif actuel pour limiter l'inflation sera à reconduire après 15 juin 2023 et des efforts devront être faits tant par les grands distributeurs (qui jouent le jeu et sont responsables, selon le chef de l'État) que par les grandes marques qui doivent baisser leurs prix à mesure que les prix de leurs matières premières et énergie baisse. L'objectif est une stabilisation des prix à l'automne prochain.


La réforme des retraites

Bien sûr, le thème de la réforme des retraites ne pouvait être oublié malgré la fin complète de la procédure législative : « Ça ne fait plaisir à personne de travailler plus longtemps, c'est très impopulaire, oui ! Je fais ce que j'ai dit. ». Quand Gilles Bouleau lui a rappelé ses propos de 2019 sur le non-recul de l'âge de la retraite, Emmanuel Macron s'est justifié en rappelant qu'entre-temps, il y a eu la crise du covid-19 et la crise de l'énergie, ainsi que la guerre en Ukraine, ce qui fait que les prévisions sur les retraites ont complètement changé, ce qui a entraîné qu'il a proposé très clairement dans sa campagne présidentielle de 2022 de reculer l'âge de la retraite à 65 ans (c'est d'ailleurs peut-être la seule mesure que ses électeurs pouvaient retenir en 2022).

Au-delà de pérenniser financièrement le système de retraites par répartition en évitant une situation déficitaire (de plus en plus déficitaire au fil des années), la réforme des retraites fait produire plus de richesses à la France puisqu'on travaillera deux ans de plus, et donc, ce sera des recettes supplémentaires pour renforcer des secteurs comme la santé et l'école.

Concernant l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, Emmanuel Macron a insisté pour dire que cet outil était constitutionnel et n'était pas antidémocratique puisqu'il y a bien eu un vote, que le gouvernement a engagé même sa responsabilité et qu'il n'y a pas eu de majorité pour le renverser. Il a cité, entre autres, la dissuasion nucléaire, la CSG, et même la privatisation de TF1, comme autres lois importantes qui ont été adoptées avec ce même outil.

Mais au-delà des considérations historico-constitutionnelles, Emmanuel Macron a désigné très clairement les fautifs politiques de ce qui s'est passé à l'Assemblée Nationale : « Comme [la réforme des retraites] est impopulaire, tout le monde s'est débiné (…), y compris des gens qui, au Parlement, avaient fait campagne [à l'élection] présidentielle, bravaches, derrière les 65 ans (…). Personne n'a voulu prendre ses responsabilités. ». La critique contre les députés Les Républicains est donc sans ambiguïté !

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Cela lui donne quelques raison de donner des leçons de réalisme : « Moi, j'ai essayé toujours de dire la vérité à nos compatriotes et d'agir à partir du réel pour produire un monde meilleur. ».

Mais alors, pourquoi est-il perçu aussi « méprisant » ? Le mot a été lâché timidement par le journaliste de TF1 avec l'appui d'une enquête d'opinion (il n'a pas dit « arrogant » que d'autres sondages évoquent aussi). Cela a agacé Emmanuel Macron qui a totalement récusé ce mot car il va au contact des gens : « Le mépris, c'est de mentir aux gens ! ». Puis, il a embrayé : « Les méprisants, ce sont des gens qui ne veulent pas parler avec les autres, c'est des gens qui leur mentent, et ceux-là sont en train de paver le chemin des extrêmes, parce que, sur le mensonge, les extrêmes sont bien meilleurs que les partis de gouvernement. ». Là encore, il n'a pas cité explicitement le groupe LR mais c'était clair.

Le Président de la République a terminé enfin sur le premier anniversaire de sa Première Ministre Élisabeth Borne à Matignon, sans assurer qu'elle serait encore là dans un an (c'est une prérogative du Président de la République qui doit se garder toute sa liberté) : « Nous avançons, et nous avançons pour, en quelque sorte, permettre au pays d'être plus indépendant et plus juste (…). Donc, on continue d'agir et, à mes côté, Élisabeth Borne agit avec force, détermination et courage. ». Les compliments étaient cependant très mesurés. Courtois et polis avant tout (il n'est pas dans le commentaire, s'est-il excusé).

À part l'annonce de la baisse d'impôts de 2 milliards d'euros en direction des classes moyennes (à définir !) et la confirmation de l'aide militaire de la France à l'Ukraine, Emmanuel Macron n'a rien dit de particulièrement nouveau. En revanche, en faisant quelques communications d'étape, il respecte les Français qui veulent toujours savoir où va leur pays, et il leur confirme qui va au bon endroit, vers un retour au plein emploi, avec de nouveaux investissements publics et privés qui vont consolider la puissance économique de la France.

On a le droit d'être un opposant politique, mais on peut aussi être patriote, comme c'est le cas dans les autres pays, pour se réjouir que la France reprenne de la vigueur économique. Les résultats sont là, ils ne demandent qu'à être confirmés et renforcés, c'est pourquoi il était hors de question, pour le chef de l'État, de ne pas être ferme et cohérent sur la réforme des retraites. L'avenir jugera.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (15 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230515-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-france-des-investissements-248347

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/05/15/39909677.html






 

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