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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 11:58

En proposant, le 24 février 2011, un revenu citoyen, Dominique de Villepin quitte la posture de rival de Nicolas Sarkozy et commence à construire un réel projet présidentiel. Analyse de ses atouts et handicaps.


yartiDDV02Dominique de Villepin serait-il le nouvel extraterrestre de la vie politique, après le mémorable Raymond Barre ?

On pourrait le croire même si, au contraire de Raymond Barre, il concentrait jusqu’à maintenant toute son énergie contre une seule cible, largement commune à la gauche et à l’extrême droite d’ailleurs, à savoir le Président de la République Nicolas Sarkozy.

La dernière révolte en cours, celle des diplomates, pourrait même provenir de son initiative, susurreraient des mauvaises langues qui, évidemment, diraient cela de manière totalement gratuite, si ce n’est pour rappeler que Dominique de Villepin est d’abord connu par son action diplomatique et son fameux discours à l’ONU contre la guerre en Irak. Un Ministre français des Affaires étrangères qui tient tête aux États-Unis constituait une performance qui avait de quoi réconforter à juste titre les élans patriotiques de ses compatriotes.

C’est une semaine de grande actualité pour Dominique de Villepin, 57 ans, qui a fondé un mouvement politique appelé "République solidaire" devant six mille personnes le 19 juin 2010 en pleine déroute française au football.

En effet, il a visité le Salon de l’Agriculture le 23 février 2011, le lendemain de la visite de Jacques Chirac. Il a rencontré le 24 février 2011 Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Et il a été l’invité du journal de 20 heures sur France 2.

L’information "majeure" a été communiquée peu avant sur le non renouvellement de son adhésion à l’UMP, une décision évidemment logique alors que l’été 2010 avait été troublé par sa double appartenance (comme Jean-Louis Borloo du reste).

L’objectif de Dominique de Villepin est ambitieux puisqu’il souhaiterait porter les idées du gaullisme à l’élection présidentielle de 2012, en d’autres termes, représenter ceux qui, à droite, ne veulent pas ou plus faire confiance à Nicolas Sarkozy.

C’est d’ailleurs assez étonnant qu’on dise qu’il est sur le même "marché" électoral que les centristes de François Bayrou quand on se rappelle à quel point Dominique de Villepin avait tout fait pour détruire l’UDF en avril 2002 et que François Bayrou avait voté une motion de censure contre son gouvernement le 16 mai 2006 à propos de l’affaire Clearstream.

Les sondages d’ailleurs n’accordent aujourd’hui pas beaucoup de crédit à l’avenir présidentiel ni de Dominique de Villepin ni de François Bayrou, stagnant chacun dans les 5 à 6%. Certes, les sondages peuvent évoluer très vite en ce moment et 2012 est encore loin, et les deux personnalités ont une stature reconnue pour "concourir".

Le but de cet article est donc d’énumérer les atouts et les handicaps de Dominique de Villepin dans la perspective d’une candidature à l’élection présidentielle en 2012.


Atouts

Son expérience d’homme d’État : Incontestablement, Dominique de Villepin a une expérience ministérielle suffisamment étendue pour être un homme de gouvernement reconnu. Il a gouverné pendant cinq ans, au cours du second mandat du Président Jacques Chirac dont yartiDDV01deux ans aux Affaires étrangères, un à l’Intérieur et deux à Matignon. Et pendant sept ans auparavant, en tant que Secrétaire général de l’Élysée, il est l’un de ceux qui connaissent le mieux les rouages du pouvoir (comme Édouard Balladur sous Pompidou). Après l’accident vasculaire cérébral de Jacques Chirac du 2 septembre 2005, Dominique de Villepin l’a magistralement remplacé notamment en présidant le Conseil des ministres du 7 septembre 2005 et en participant à la soixantième session de l’Assemblée générale de l’ONU à New York le 13 septembre 2005.

Son discours historique à l’ONU : Dominique de Villepin a prononcé le 14 février 2003 au sein du Conseil de sécurité de l’ONU un discours qui a été très applaudi où il a personnifié la parole de la France contre la guerre en Irak très souhaitée par les États-Unis.

Son charisme : Sa personnalité exceptionnelle en fait un alchimiste ou un magicien particulier. Tous les sujets qu’il aborde deviennent passionnés et passionnants. Il est l’une des rares personnalités politiques capables, dans leurs discours, de faire rêver leurs auditeurs. Dans une campagne électorale, la part de rêve est toujours un avantage.

Sa vision historique : Parallèlement à son charisme, qui est sur la forme, Dominique de Villepin a une réelle vision du monde, originale, novatrice, indépendante des modes et de la conjoncture. Sans se départir du pragmatisme, il a un sens de l’histoire et un esprit volontariste qui le conduisent à l’intérêt général.

Son sens de l’intérêt général : De toutes les personnalités politiques capables d’être candidates à l’élection présidentielle de 2012, Dominique de Villepin est sans doute celui qui serait le plus apte à incarner la grandeur de la France, car il l’a déjà prouvé en 2003 sur la scène internationale. De plus, aucun soupçon de vénalité ou de "blingblinguerie" ne peut lui être reproché.

Son sens de l’écoute : Malgré certaines apparences, Dominique de Villepin a le sens de l’écoute. Il a en effet adopté une méthode très chiraquienne (entre 1993 et 1995) d’aller vers les Français, de se taire et de les écouter, discrètement, sans caméra ni discours public (Nicolas Sarkozy fait aussi actuellement la même chose). Ses venues en Seine-Saint-Denis ou à Lyon notamment ont été des succès avec des habitants qui l’ont ovationné, notamment parmi ceux qui vivent dans des banlieues difficiles. C’est certainement cette écoute qui l’a encouragé à proposer le 24 février 2011 sur France 2 un "revenu citoyen" de 850 euros par mois, une petite révolution qu’avait soutenue avec ferveur l’économiste Jacques Marseille.

Sa plume : Parfois grandiloquent, Dominique de Villepin a un style littéraire affirmé et une vraie passion pour l’écriture. Il a d’ailleurs rédigé plusieurs romans historiques et quelques essais (en tout, seize ouvrages). Son côté "technocrate" et "énarque" est "compensé" par son côté "poète" et "romanesque".


Handicaps

Son rapport avec le suffrage universel : Sans doute est-ce son plus grand handicap, Dominique de Villepin n’a jamais été confronté au suffrage universel. Jamais élu, c’est difficile pour lui de se prétendre candidat à la plus haute fonction alors qu’il y a un réel effet de la mécanique de campagne qui a déjà handicapé beaucoup de personnalités de premier plan dans le passé (Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre, Jacques Delors, Édouard Balladur, Lionel Jospin…).

Son isolement politique : Dominique de Villepin est peu apprécié des élus de "son camp", notamment peu apprécié des parlementaires UMP qu’il semblait plutôt mépriser lorsqu’il travaillait à l’Élysée. Or, pour une candidature nationale, il est indispensable d’avoir des relais locaux que les parlementaires sont les plus aptes à assurer. Seulement dix parlementaires ont adhéré à "République solidaire" dont l’ancien ministre François Goulard, député-maire de Vannes.

La dissolution de 1997 : Décidée et annoncée le 21 avril 1997 par le Président Jacques Chirac, la dissolution de l’Assemblée Nationale aurait été vivement recommandée par le Premier Ministre Alain Juppé et surtout par le Secrétaire général de l’Élysée Dominique de Villepin. À l’arrivée, d’une large majorité plutôt balladurienne, la chambre est devenue socialiste et a permis l’arrivée à Matignon de Lionel Jospin, rival de Jacques Chirac deux ans avant. Véritable faute politique, la dissolution aurait dû laisser place plutôt à l’accession de Philippe Séguin à Matignon.

Son "antisarkozysme primaire" : Comme François Bayrou, Marine Le Pen et beaucoup de leaders de gauche, Dominique de Villepin joue volontiers la partition de critique véhémente contre Nicolas Sarkozy au plus bas dans les sondages. L’antisarkozysme n’est cependant pas un projet présidentiel qui reste, pour lui, encore inconnu. De plus, ses critiques sont polluées par une détestation visiblement réciproque entre les deux hommes depuis 1995 (le soutien de Nicolas Sarkozy à la candidature d’Édouard Balladur) que l’affaire Clearstream et peut-être l’affaire Karachi ont exacerbée. L’affaire Clearstrem sera rejugée en appel du 2 au 26 mai 2011 (avec jugement attendu vers septembre 2011) et l’éventuel pourvoi en cassation ne sera pas examiné avant… l’été 2012, c’est-à-dire après l’élection présidentielle.

Son positionnement politique : La posture politique de Dominique de Villepin n’est pas claire. À la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’UMP pendant quatre ans (2007 à 2011), il tente d’exploiter un mouvement contestant le comportement présidentiel de Nicolas Sarkozy au sein de sa majorité, sans beaucoup de succès. Sur le fond, il y a peu de compréhension sur ses positions : gaullistes ? centristes ? libérales ? sociales ? Il n’a pas vraiment d’espace politique, le centre étant occupé par François Bayrou et l’UMP restant quasi-unanimement sarkozyste. Le seul élu qui a quitté l’UMP pour s’opposer à Nicolas Sarkozy, Nicolas Dupont-Aignan, a pris des positions en contradiction totale avec les options de Dominique de Villepin (notamment sur l’économie et l’Europe). Plus concrètement, Dominique de Villepin, absent de l’Assemblée Nationale, n’a pas réussi à former un groupe politique en septembre 2010 qu’on aurait pu qualifier de "villepino-bayroutiste" et qui aurait pu être un relais parlementaire intéressant. Avec qui pourrait-il gouverner en cas d’élection ?

Sa "pauvreté financière" : L’un des éléments clefs pour réussir une campagne présidentielle est (hélas) l’argent. Or, en quittant l’UMP, Dominique de Villepin ne bénéficie d’aucune structure permettant de recevoir de l’argent public (d’où l’intérêt d’avoir un groupe politique dans une assemblée), contrairement à François Bayrou. Ne dépendre que de la générosité des sympathisants n’est évidemment pas suffisant pour financer une campagne nationale audible.

Son entêtement pour le CPE : Annoncé le 16 janvier 2006, le contrat de première embauche qui prévoyait un période d’essai très longue a suscité de vives oppositions, de nombreuses manifestations d’étudiants et de lycéens ainsi que des grèves à partir du 7 février 2006 (jusqu’au 10 avril 2006), ce qui a conduit Jacques Chirac à la fois à promulguer la loi n°2006-396 du 31 mars 2006 et à demander à ne pas l’appliquer. La loi n°2006-457 du 21 avril 2006 est venue supprimer le dispositif du CPE. Dans ce dossier, Dominique de Villepin a voulu aller jusqu’au bout (en vain) sans même écouter certains leaders de l’UMP (dont Nicolas Sarkozy) qui lui conseillaient l’abandon d’une réforme qui était marquée du sceau d’ultralibéralisme.


Et l’avenir ?

Les chances d’une candidature de Dominique de Villepin, comme je viens de l’évaluer, ne sont donc pas nulles. Les sondages assez pessimistes ne doivent pas faire oublier qu’ils ne sont qu’une simple photographie très ponctuelle de l’opinion publique et qu’ils n’avaient pas prévu (à un an de l’élection de 2007) l’exceptionnelle montée en puissance de François Bayrou.

Sa malheureuse expérience du CPE lui a permis sans doute de se renforcer : il l’a d’ailleurs rappelé à plusieurs reprises, avec humilité, qu’il avait appris et qu’il ne commettrait donc plus ce genre d’erreur. Son entêtement avait aussi été une conséquence de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy. C’est une considération très anglo-saxonne que de trouver dans ses errements du passé la force de l’expérience pour le futur. C’est pourtant la réalité : l’erreur a toujours été pédagogique.

Apparemment, Dominique de Villepin quitte progressivement son mode antisarkozyste pour présenter de réelles contributions politiques. Sa proposition d’hier de revenu citoyen est à cet égard très intéressante et surtout, très originale : si la mesure est préconisée depuis longtemps par certaines personnes, jamais une personnalité politique de premier plan ne l’avait encore soutenue.

Cela dit, la perspective du jugement en appel dans l’affaire Clearstream risque bien de polluer toute sa communication politique jusqu’au début de l’automne 2011, moment où sera alors connue l’identité du (mystérieux) candidat socialiste et où la campagne présidentielle démarrera vraiment.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 février 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Les moulins de Dominique de Villepin.
La diplomatie française en question.

Proposition du revenu citoyen de Dominique de Villepin.

Discours du 19 juin 2010.

Discours du 13 février 2003.


yartiDDV07


 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/dominique-de-villepin-president-de-89507

 

http://fr.news.yahoo.com/13/20110225/tot-dominique-de-villepin-president-de-l-89f340e_1.html

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-260

 

 

 

 

 

 

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commentaires

T
<br /> <br /> Certes, je me suis intéressée à DDV , interpelée par son revenu citoyen car j'essaire de promouvoir l'idée d'un revenu de base pour tous couplée à une hausse des tranches d'impôt élevées . ma<br /> pensée a cependant depuis évoluée.<br /> <br /> <br /> - ce revenu citoyen serait financé par une hausse de la TVA parée de "sociale"ce qui est absolument le contraire. DSK a proposé, c'est mieux, une TVA modulée (qui toucherait les produits à forte<br /> valeur ajoutée puisque le but est qu'elle profite aux entreprises ) couplée à une hausse progressive de la CSG .<br /> <br /> <br /> D'autre part DDV fait miroiter le fait que la TVA sur les ménages les plus nécessiteux serait compensée par le fameux revenu citoyen"... Je crains qu'au final ne reste que la TVA et que le<br /> "revenu citoyen" ne soit qu'électoraliste , repris, aux verts, aux mouvement des libéraux de Gauche, à Christine boutin ou finisse par être si insuffisant , non pas 850 mais 300euros .Ce qui<br /> obligera les gens pauvres à travailler encore plus dans des conditions pires qu'aujourd'hui puisque les autres aides seront supprimées. Faut se méfier! Il ne faut pas oublier que c'est le chantre<br /> de l'ultralibéralisme Milton Friedman qui l'a aussi proposé dans cette optique.<br /> <br /> <br /> Enfin avant qu'une telle mesure se mette en place, il faut d'abord avoir réformé la fiscalité, taxé les transactions boursières, éliminer les pardis fiscaux pour faire renter de l'argent dans<br /> l'Etat.<br /> <br /> <br /> Et ce n'est pas fini, cette mesure ne peut se faire que dans une certaine prospérité pas seulment de la France mais de l'Europe<br /> <br /> <br /> Pour terminer et même si toutes ces conditions étaient remplies cette mesure ne ferait qu'augmenter le malaise chez nos concitoyens xénophobes et ferait le lit du FN<br /> <br /> <br /> Voilà du moins ce que j'en pense aujourd'hui.<br /> <br /> <br /> une zanatana<br /> <br /> <br /> <br />
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