(verbatim)
Discours de François Fillon à Sablé le 28 août 2016
Mes amis,
J’ai voulu vous regarder dans les yeux – chez moi – à Sablé – dans cette ville qui m’a fait confiance quand je n’avais pas 27 ans, pour vous dire : « Je suis candidat à la présidence de la République française ».
Je suis prêt !
En 2012 j’avais la conviction que je pouvais battre François Hollande. J’ai été loyal et discipliné.
Depuis la roue a tourné et me voici avec ma liberté et ma volonté de vaincre.
Les Parisiens que je sers depuis 4 ans ne m’en voudront pas d’avoir choisi cette ville de Sablé, ce département de la Sarthe où je suis né, où j’ai passé la plus grande partie de ma vie, où j’ai mes racines familiales partagées avec la Vendée et le Pays Basque, pour accomplir cet acte grave, mûrement réfléchi : briguer la présidence de la sixième puissance du monde en proie à une crise économique, sociale et culturelle profonde, menacée dans sa chair par les totalitaires islamiques, déboussolée par un quinquennat désastreux d’inconséquence et de mensonges.
Aucun être normal ne peut prendre cette décision à la légère, pour satisfaire sa seule ambition.
Pour moi c’est le résultat d’un long cheminement qui débute ici à Sablé.
Je n’ai jamais rêvé d’être Président de la République.
Je ne suis pas un surhomme, je suis un homme sûr de ses convictions.
Un concours de circonstances, le destin, m’a conduit à diriger cette ville puis à représenter les Sarthois à l’Assemblée nationale. J’ai ressenti une immense fierté pour cette confiance accordée au jeune inconnu que j’étais et j’ai simplement cherché à m’en montrer digne.
Y suis-je arrivé ?
J’ai poursuivi le développement de Sablé avec la conviction que la clé du bonheur réside dans la l iberté et dans la dignité qu’offre le travail. J’ai ouvert ma porte à tous ceux qui avaient besoin de moi. J’ai cherché à rassembler sans jamais m’enfermer dans les logiques partisanes et sectaires. « Au service de tous » était le slogan de ma première campagne législative en 1981. Ce n’était pas qu’un slogan mais une conviction profonde acquise auprès de mes parents, gaullistes sociaux, engagés à Emmaüs et dans la vie de leur communauté rurale. A l’école de mon village auprès d’un maître exemplaire totalement dévoué à sa mission éducative. Chez les scouts de France, magnifique école de la vie.
Je suis profondément enraciné dans cette terre de France que j’aime plus que tout.
A l’école, j’ai appris que la France était grande, que son Histoire était millénaire. Qu’elle était la plus vieille nation européenne.
C’est là, la première raison de ma candidature.
Je vois, depuis des années, nos dirigeants ignorer l’Histoire de France ou n’en retenir que les évènements qui renforcent leurs convictions partisanes.
Non, la France n’est pas née en 1789 et elle n’est pas passée de l’ombre à la lumière en 1981 !
Non, la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du nord.
Non, la France n’a pas inventé l’esclavage.
La France c’est 15 siècles d’Histoire depu is le baptême de Clovis à Reims.
La France c’est Saint Louis, Louis XI, Louis XIV, les révolutionnaires de 1789, Bonaparte, Napoléon III, la Troisième République, Gambetta, Thiers, Jules Ferry, Clémenceau, Jaurès, Poincaré, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac.
La France, c’est la fille ainée de l’Eglise et le pays des philosophes des Lumières.
La France c’est une langue magnifique qui mérite d’être défendue.
La France c’est une culture qui a marqué l’Histoire de l’humanité.
Etre français, c’est se sentir chez soi dans une épopée où tout s’enchaîne : le Moyen Age chrétien, la Renaissance humaniste, la monarchie absolue, la Révolution citoyenne, l’Empire triomphant, les Républiques progressistes…
La première condition du redressement national est dans le respect du passé, l’acceptation de l’Histoire, la reconnaissance des vrais héros qu’ont été les paysans français qui ont construit la puissance nationale, les scientifiques et les inventeurs qui lui ont donné les clés de son rayonnement international, la chrétienté qui a forgé sa conscience, les philosophes des lumières qui en ont fait l’avant poste du combat pour les libertés individuelles, les soldats de l’An II qui l’ont défendu contre ses ennemis, les poilus de Verdun, les Français libres et ceux de la Résistance, les ingénieurs et les ouvriers qui ont permis Concorde, Airbus, le TGV, Ariane, le nucléaire et la renaissance des années soixante.
Nous sommes uniques !
Pourquoi devrions-nous nous en excuser ?
Pourquoi les enfants chinois apprennent-ils par cœur la liste des dynasties qui ont régné sur leur pays durant trois mille ans et expriment-ils leur fierté d’appartenir à une grande civilisation quand les jeunes Français ignorent des pans de leur Histoire ou pire encore apprennent à en avoir honte ?
Le 15 août j’ai célébré l’Assomption à l’abbaye de Solesmes voisine.
Depuis plus de mille ans, des moines y observent la règle de Saint Benoît.
Mille ans d’Histoire !
Comment ne pas ressentir la force, la puissance, la profondeur de ce passé qui nous a forgés et qui nous donne les clés de notre avenir.
Renouer les fils de l’Histoire ! Retrouver nos racines pour comprendre notre passé et nous projeter dans l’avenir. Le monde a besoin de notre témoignage, de notre expérience accumulée au long des siècles pour trouver une voie entre la violence sauvage et la dictature de l’argent.
Nous avons besoin d’être fier de notre pays pour franchir les obstacles que dressent devant nous un nouveau monde prêt à nous faire sortir de l’Histoire.
Nous avons besoin d’être fiers de la France pour défendre son unité.
Cette unité n’est jamais allée de soi.
Les rois de France, la République, l’Etat moderne ont bataillé pour l’imposer aux féodaux, aux adversaires de la révolution, aux églises, aux financiers sans patrie.
Ce combat doit être sans cesse recommencé.
Les provocations des salafistes et des Frères musulmans n’ont pas d’autres objectifs que de détruire cette unité nationale sans laquelle la France n’existe pas, ne compte pas.
C’est donc une question vitale pour notre nation.
Je veux imposer aux musulmans de France les règles communes qu’ont acceptées, souvent après de longs combats, les chrétiens et les juifs.
Ce n’est pas une option. C’est une condition non négociable.
C’est la condition de leur acceptation au sein de la communauté nationale.
C’est aussi la clé de la paix dans le monde.
Au printemps je me suis rendu en Iran.
J’ai dit à l’ancien président de la République islamique, l’ayatollah Rafsandjani, qui contestait la présence des juifs en Palestine : « S’il n’y av ait plus de chrétiens et de juifs au Proche Orient parce qu’ils en auraient été chassés, croyez vous que les peuples européens tolèreraient encore des musulmans sur leur continent ? ».
Si nous n’enrayons pas maintenant ce scénario infernal, c’est bien une troisième guerre mondiale qui va embraser le monde.
Cette situation dramatique exige du courage, de la fermeté mais aussi du calme et de la force de caractère pour ne pas céder à toutes les provocations.
Ce n’est pas en proposant après chaque attentat le vote de nouvelles lois pour remplacer celles qu’on n’applique pas que l’on assurera la sécurité des Français.
Ce n’est pas en se précipitant à la messe du 15 août après avoir convoqué les photographes ou en courant au Vatican pour tenter de regagner quelques voix chez les catholiques après les avoir provoqués, maltraités et même parfois réprimés que l’on se montre à la hauteur de ce rendez vous de l’Histoire.
La politique ne peut pas se résumer à la ruse, elle doit exprimer des convictions et être empreinte de sincérité.
On ne peut pas faire référence en permanence aux racines chrétiennes de la France pour justifier des comportements et des actes qui sont des insultes à l’esprit de ses racines.
Si tous ceux qui brandissent désormais le drapeau du Christ pour justifier leur combat politique fréquentaie nt les églises, alors elles seraient pleines !
Depuis le début de la vague de violence à laquelle nous sommes confrontés je n’ai pas varié. Je dis aux Français la vérité sans fard et sans arrières pensées.
En juillet 2012, j’ai appelé François Hollande à se rapprocher de la Russie pour trouver une issue à la guerre civile en Syrie. J’ai prévenu que la stratégie occidentale à laquelle la France s’est rangée conduirait au désastre. Nous y sommes.
J’ai réclamé la réorganisation de nos services de renseignement, l’application stricte du code pénal qui permet de condamner jusqu’à trente ans de prison tous les Français qui entretiennent des relations avec l’ennemi, c’est à dire l’Etat islamique, l’aggravation des peines pour consultation des sites internet djihadistes, la création d’une véritable armée pour combattre sur le théâtre numérique.
J’ai proposé que le parlement vote chaque année des quotas stricts d’immigration en fonction de nos besoins et de nos capacités d’accueil. Que ces quotas s’appliquent au regroupement familial, que cela plaise ou non à la Cour Européenne des Droits de L’Homme dont j’exige la réforme pour préserver nos choix de société qui ne peuvent dépendre que du peuple français.
J’ai proposé que l’acquisition de la nationalité française ne soit plus automatique pour les enfants d’étrangers nés sur notre sol mais qu’elle dépende d’une démarche volontaire et de critères d’assimilation.
J’ai réclamé le strict contrôle administr atif du culte musulman tant que son intégration dans la République ne sera pas achevée.
Je veux la dissolution immédiate de tous les mouvements qui se réclament du « Salafisme », du « Wahhabisme » ou des Frères musulmans et la clarification de nos relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui abritent les penseurs de l’Islam radical et les sinistres promoteurs du « burkini ». A ce propos, comment croire à la sincérité de ceux qui nous promettent des mesures énergiques contre l’intégrisme mais qui ne remettent pas en cause leurs relations étroites avec des régimes qui en sont plus que les complices ?
Moi je ne parle pas de lutte contre les communautarismes pour ne pas nommer le problème que nous avons avec l’Islam. Les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes, les sikhs, ne menacent pas l’unité nationale. Cessons donc de faire croire qu’il faut durcir les règles de la laïcité au prix d’atteintes inacceptables à la liberté religieuse alors que seule la poussée intégriste qui enflamme le monde musulman est une menace pour notre société.
J’aurais pu comme tant d’autres me précipiter pour soutenir la réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité voulue par François Hollande. Je l’ai, au contraire, combattue parce qu’il s’agissait d’une ruse, d’un artifice inutile qui affaiblissait notre Constitution et évitait de prendre les vraies décisions qu’impose la situation grave à laquelle nous sommes confrontés, des décisions qui n’ont toujours pas été prises.
Je ne perds pas mes nerfs. Je ne participe pas au concours Lépine des solutions les plus stupides et les plus imbéciles, censées lutter contre le terrorisme. Non, enfermer des dizaines de milliers de suspects sans contrôle et sans jugement ne réduira pas le risque d’attentat mais l’aggravera. Non, l’Etat de droit n’est pas un obstacle à la lutte contre le terrorisme, c’est au contraire la meilleure arme contre les totalitaires qui en veulent à nos libertés.
La menace terroriste appelle une réponse puissante mais elle ne nous dispense pas de moderniser la France pour donner aux Français, à la jeunesse, la fierté d’être patriote. L’élection présidentielle ne peut pas se réduire aux enjeux sécuritaires pour mieux oublier les 6 millions de chômeurs et les 2000 milliards de dettes.
Je suis candidat à l’élection présidentielle parce que je ne veux pas que mon pays soit livré aux démagogues qui ne peuvent que le conduire au désastre.
Je n’ai qu’un modèle en politique : celui du Général de Gaulle.
C’est son image, son charisme, son autorité, son incarnation de l’Etat, son bon sens qui m’ont séduit adolescent.
Je suis gaulliste !
La belle affaire me direz-vous : tout le monde est gaulliste aujourd’hui !
Encore faut-il s’entendre sur ce que cela signifie :
être gaulliste c’est d’abord avoir une haute idée de la politique et de la France.
Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être digne. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?
Etre gaulliste, c’est une conception de l’exercice du pouvoir et singulièrement de la fonction présidentielle.
Notre Constitution ne fait pas du Président de la République un PDG et encore moins un sultan turc.
Le Président de la République ne devrait pas être un Président de faits divers, prenant la parole à tort et à travers, usurpant la direction du gouvernement, multipliant les petites promesses démagogiques et occupant les rubriques mondaines.
Depuis déjà un moment, les présidents de la République n’hésitent pas à violer l’esprit de la Constitution en rognant les attributions du gouvernement.
Eh bien je veux que cela change !
Je suis candidat à la présidence de la République pour lui rendre sa dignité.
Le Président doit être au dessus des débats quotidiens.
Il doit veiller à la sécurité et à la tranquillité des Français, au bon fonctionnement des institutions.
Il doit fixer le cap et les orientations et rendre au Premier ministre et au gouvernement la plénitude des fonctions que la Constitution leur a confiées.
Oui j’exercerai la fonction présidentielle comme de Gaulle voulait qu’elle le soit. Avec dignité, avec grandeur mais aussi avec rigueur.
Une nouvelle éthique républicaine est nécessaire pour rendre aux détenteurs de l’autorité l’exemplarité sans laquelle le pouvoir n’est pas légitime.
Un gouvernement de 15 ministres choisis en fonction de leur seule compétence et de leur exemplarité, ouvert à la société civile. Zéro privilège ou passe-droit : plus de cortèges, de cabinets ministériels pléthoriques, de fonctions gouvernementales inutiles ou de complaisance. Les ministères seront regroupés dans des bâtiments modernes et fonctionnels.
Le statut de la fonction publique sera passé à la paille de fer pour en gommer tous les avantages injustifiés : les mises en disponibilité sans justification, les réintégrations dans leur corps d’origine des fonctionnaires ayant commis des fautes. Les agents publics élus parlementaires devront démissionner de la Fonction publique. Je soumettrai au référendum l’inscription dans notre Constitution du principe de l’égalité des régimes sociaux.
Une caste dirigeante arrogante et inefficace s’est reconstituée dans notre pays sous le couvert de valeurs républicaines dévoyées. Ses privilèges doivent être abolis et son action str ictement évaluée.
Le Président de la République doit incarner la France.
La France, elle coule dans mes veines. Je suis pétri de l’identité vendéenne dont mon grand père qui combattit au Chemin des Dames était si fier. J’admire la force de caractère des Basques dont la culture a résisté à toutes les invasions et à tous les pouvoirs. L’Anjou et le Maine ont façonné ma manière de penser et d’être, entre l’incomparable lumière de la Loire et la simplicité des bords de Sarthe.
Mes ancêtres étaient paysans, artisans aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps.
La France n’est pareille à aucune autre Nation.
Son Histoire, les conditions de son unification, la profondeur de sa culture, sa géographie, les épreuves qu’elle a traversées en ont fait une Nation unique.
Notre alignement sur la politique étrangère américaine, notre effacement de la scène internationale, notre soumission au processus délétère de décision européen, générateur de petits compromis médiocres, ne sont pas compatibles avec les aspirations des Français et avec la place que la France occupe encore dans le cœur de nombreux peuples à travers le monde.
Nous devons reprendre le contrôle de notre destin :
En faisant de l’euro une véritable monnaie internationale qui offre une alternative au dollar devenu l’instrument d’une nouvelle forme d’impérialisme des Etats-Unis.
En nous dotant d’une politique de défense capable de nous protéger contre le totalitarisme islamique.
En rétablissant des frontières européennes sans lesquelles nous perdront notre identité et notre indépendance.
En investissant massivement dans la connaissance, dans la formation, dans la technologie au service du développement humain.
Pour atteindre ces objectifs la France doit montrer l’exemple en assainissant ses finances publiques mais aussi en défendant ses intérêts et ses convictions, même lorsque cela doit conduire à s’opposer à Washington, à Berlin ou à des institutions européennes lorsqu’elles mettent en cause des intérêts vitaux de notre pays ou les choix de société du peuple français.
C’est être profondément européen que de refuser d’assister impuissant à l’effondrement du rêve d’unification du continent justifié par les soixante millions de morts de la Seconde Guerre mondiale.
Durant cinq ans j’ai servi la France en dirigeant son gouvernement.
Je l’ai fait dans un contexte de crise financière internationale sans précédent depuis quarante ans et sous l’autorité d’un Président de la République qui a cru devoir tirer du quinquennat des conséquences sur le fonctionnement des institutions qui ne se sont pas avéré es judicieuses.
J’ai fait mon devoir avec loyauté et avec le soutien constant de la majorité.
J’assume les décisions qui ont été prises pendant ces cinq ans.
Je m’honore d’avoir conduit une action qui a permis d’éviter la banqueroute de nos institutions financières.
Mais je suis lucide sur les insuffisances des politiques que nous avons menées durant cette période.
En quittant mes fonctions après la défaite aux élections présidentielles et après l’épisode scandaleux des élections truquées à l’UMP, j’ai entrepris un tour de France pour m’expliquer, pour entendre les Français et pour construire avec eux un projet capable de répondre au défi du redressement national.
Durant trois ans j’ai sillonné notre pays dans tous les sens.
Je suis allé à la rencontre des agriculteurs, des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des artisans, des commerçants, des policiers et des gendarmes, des maires, des entrepreneurs, des enseignants. Tous m’ont dit à leur manière la même chose : Que l’Etat arrête de nous emmerder ! Laissez-nous travailler ! Faites-nous confiance ! Libérez-nous des normes inutiles, des charges exorbitantes, des impôts confiscatoires, des règlementations absurdes ! Libérez-nous du RSI, de l’URSSAF, des ARS, des diktats sans appels d’administrations qui ont oublié qu’elles n’existent que pour servir les Français et leur rendre la vie plus facile.
Il suffirait de si peu de choses pour que la France retrouve confiance en elle même.
Il suffirait que le travail soit justement récompensé.
Il suffirait que les efforts soient justement répartis.
Il suffirait que le mérite l’emporte sur les corporatismes et les réseaux.
Il suffirait que la réussite redevienne une valeur.
C’est ce cri de désespoir d’une immense majorité de Français lassés de travailler pour ceux qui ne travaillent pas, lassés de voir tous leurs efforts engloutis dans le fonctionnement d’un système social qui n’est ni juste ni efficace, qui a guidé la rédaction du programme que je propose aux Français.
Les Français n’aiment pas la liberté disent mes concurrents.
Pourtant ils ont fait la révolution pour elle !
La liberté n’est pas sociale répètent sans réfléchir depuis des décennies les socialistes. « Ce qui est social » disait Tony Blair « c’est ce qui crée de l’emploi ». Il avait raison. Et avec ce raisonnement la Grande-Bretagne est passée devant nous en devenant la 5° puissance économique du monde avec un taux de chômage de 5%.
Qu’à cela ne tienne, nos « experts en tout » nous diront que c’est au prix de la précarité. Mais nous, nous avons la précarité mais pas les emplois ! Nous, nos jeunes se précipitent à Londres pour y réussir ce que notre bureaucratie refuse de les laisser faire !
Oui mon progr amme est social parce qu’il veut rendre à chaque Français la dignité que seul peut offrir le travail.
Oui mon programme est social parce que seule la liberté permet l’innovation et sans innovation une société est condamnée. On ne crée pas sous la contrainte. C’est vrai pour les artistes comme pour les innovateurs. Sans liberté il y aura toujours plus de pauvres et toujours plus d’injustice sociale.
On me dit qu’on ne gagne pas avec un programme. Que le mien est le meilleur mais que cela ne fera pas la différence. Et si les Français faisaient mentir ces prédictions faites par ceux qui profitent si bien du système, par ceux qui n’ont le plus le courage de le changer, par ceux dont le cynisme nous a conduit à la décadence qui fait fuir chaque année des dizaines de milliers de jeunes Français privés d’avenir dans leur propre patrie ?
Il suffit pour cela de refuser les scénarios écrits d’avance, de sortir de chez soi le 20 novembre pour aller voter aux primaires de la droite et du centre, de convaincre ses amis qu’on peut changer les choses et retrouver l’espoir d’une vie meilleure dans une France ou le mot bonheur aurait retrouvé son sens.
J’entends souvent dire que je ne fais pas rêver en disant la vérité, en alertant sur la faillite qui nous menace, en appelant nos concitoyens à choisir l’effort pour assurer l’avenir.
Eh bien je ne suis pas là pour faire rêver car dans la vraie vie les rêves se réalisent rarement.
Les Français ne sont pas des enfants auxquels il faudrait raconter de belles histoires pour les endormir. C’est justement ces comportements qui sont à l’origine de notre déclin.
Je ne suis pas un bonimenteur, un opportuniste sans convictions, un interprète d’un scénario écrit par des instituts de sondages.
Je veux rompre avec cette politique de l’illusion et des promesses intenables.
Je veux « Faire ».
Je veux « Faire » pour les Français.
Je veux « Faire » pour libérer la France du carcan qui l’étouffe.
Je veux « Faire » pour protéger les Français contre toutes les violences.
Je veux « Faire » pour remettre la France sur le chemin du progrès.
Le rôle de l’élection présidentielle c’est bien de choisir dans quelle France nous voulons vivre et celle que nous voulons laisser à nos enfants.
Ma France c’est d’abord une nation fière qui ne se laisse pas imposer son destin.
Une réflexion sur le mot qui revient depuis quelques temps sans que l’on se hasarde à en comprendre le sens : l’identité.
Ce mot est déjà repris et débattu sans que chacun s’accorde à en donner un sens exact. Disons le tout net : il ne suffit pas de sauter sur sa chaise et de crier identité ! identité ! comme un cabri pour définir ce qu’est la France. Disons-le aussi au risque de froisser mais je ne crois pas que le temps soit à l’interrogation sur cette question. Imagine-t-on De Gaulle ou Churchill, face au totalitarisme menaçant, s’asseoir sur une chaise et se dire : voyons, voyons, quelle est l’identité de la France, quelle est l’identité de l’Angleterre ? C’est absurde. Il y a un temps pour l’agitation et il y a un temps pour l’action. Puisqu’il faut un mot pour définir ce que nous sommes : je préfère le beau mot de souveraineté. Car oui, face aux temps sombres, c’est cette souveraineté qu’il nous faut reconquérir. Dans le domaine économique, j’en ai souvent parlé car c’est la condition première d’une souveraineté pleine et entière et non de façade mais bien évidemment dans le domaine politique, dans celui des relations internationales, dans le domaine des idées aussi.
La France, celle du sacre de Reims comme celle de la Fête de la fédération s’est construite dans une lutte permanente pour sa souveraineté contre l’adversité et contre les empires. C’est là son identité. Il n’y a en a pas d’autres et vouloir poser en permanence cette question c’est soit vouloir entretenir un faux débat qui masque l’absence patente de solution permettant au pays de se redresser.
Ma France a vocation à être la première puissance européenne avant dix ans parce qu’elle en a tous les atouts et que son abaissement n’est lié qu’à la résignation de ses dirigeants et à l’égoïsme de tous ceux qui profitent d’un système qui avantage les rentiers et ceux qui ne prennent aucun risque.
Ma France doit offrir un emploi à tous ses enfants comme les principales puissances occidentales y sont parvenues.
Ma France doit investir massivement dans les sciences, l’innovation et la formation qui sont les clés de l’avenir.
Ma France doit défendre son identité parce que c’est la condition de son unité.
Ma France doit regarder avec confiance les progrès de la science et les bienfaits des nouvelles technologies à condition qu’ils soient compatibles avec la protection de notre environnement et avec les choix de société qui nous rassemblent.
Ma France doit protéger la famille et ses valeurs.
Ma France doit continuer à renforcer la défense des libertés individuelles, le respect de la personne humaine, le fonctionnement de la démocratie, pour elle même et pour le monde.
Ma France doit avoir l’ambition d’être avec ses voisins européens un modèle de vertu, de prospérité et de tolérance.
Ma France doit être le fer de lance d’une civilisation européenne capable de faire la synthèse entre son Histoire millénaire et la modernité.
Pour atteindre ces objectifs, une condition est nécessaire : retrouver la fierté d’être français et la confiance dans notre patrie.
Cela passe par des transformations économiques et sociales mais aussi par un réarmement moral.
Je veux traquer toutes les démissions de la société française et d’abord celle de l’école.
J’entends beaucoup parler du rétablissement du service militaire. Pourquoi pas ! Mais avant de priver nos forces armées de leurs capacités opérationnelles, nous serions mieux inspirés de nous préoccuper de l’apprentissage du respect et de l’autorité à l’école primaire. Ce n’est pas à 18 ans que l’on réparera tous les dégâts commis par l’absence d’éducation.
La compétence et le dévouement des enseignants n’est pas en cause. C’est la démission de l’Etat devant les syndicats, la dictature des pédagogistes et des réseaux de pouvoirs au sein de l’éducation nationale qui est responsable du désastre. Deux millions de jeunes Français ne sont ni à l ‘école, ni dans une formation, ni dans un emploi. Deux millions de jeunes Français sont dans la rue, exclus de notre société, condamnés pour une majorité d’entre eux à toucher le RSA toute leur vie. Et on refuse de remettre en cause notre système éducatif ! Et on refuse toutes les réformes les unes après les autres ! Mais c’est un crime contre notre jeunesse dont les responsables devront répondre.
Je veux une écol e primaire qui transmettent les valeurs et les savoirs fondamentaux.
Je veux une école du respect et de l’autorité symbolisés par le port de l’uniforme.
Je propose de commencer la scolarité obligatoire à 5 ans au lieu de 6, pour donner une année de plus à l’apprentissage de la lecture.
Je mettrai fin dès la rentrée de 2017 aux enseignements de langues et de culture d’origine. Comment accepter que le gouvernement supprime des cours de latin ou des classes bilingues français/allemand pour lesquelles les enseignements sont donnés par des professeurs français et qu’il maintienne dans nos écoles primaires des cours de langues d’origine dont les enseignants sont choisis et payés par des pays étrangers ?
Je propose de revoir l’enseignement de l’Histoire à l’école primaire afin que les maîtres ne soient plus obligés d’apprendre aux enfants « à comprendre que le passé est source d’interrogations ». Faire douter de notre Histoire : cette instruction est honteuse !
Quand les thèses révisionnistes prolifèrent sur internet, à l’heure ou notre Nation est en quête de sens, qu’elle est menacée par des barbares, faut-il que l’école renonce à faire le récit de la Nation ?
Si je suis élu Président de la République, je demanderai à trois académiciens de s’entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d’Histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national. Le récit national c’est une Histoire faite d’hommes et de femmes, de symboles, de lieux, de monuments, d’évènements qui trouve un sens et une signification dans l’édification progressive de la civilisation singulière de la France.
Je veux que l’alternance et l’apprentissage deviennent les voies principales de formation et d’accès à l’emploi.
Je veux que les familles soient placées devant leur responsabilité éducative et sanctionnées quand elles se montrent incapables de faire rentrer leurs enfants le soir à la maison et de les envoyer le matin à l’école.
Je veux la liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants.
Je défendrai la liberté scolaire en permettant la création de nouvelles écoles privées à condition qu’elles respectent nos valeurs communes.
Le redressement national passe aussi par la famille dont le rôle est fondamental pour la cohésion sociale et pour la transmission des valeurs.
Je remettrai la famille au cœur de notre projet politique.
Je proposerai l’abrogation de la mise sous conditions de ressources des allocations familiales.
Je demanderai au Parlement de réécrire le droit de la filiation afin de protéger les droits de l’enfant.
Des administrations au service des citoyens, une école du respect et de l’autorité et du mérite, un gouvernement modeste, rigoureux, respectueux des engagements du Président de la République, une immigration strictement contrôlée et des extrémistes traqués sans pitié : c’est ainsi que notre Nation retrouvera confiance en elle même pour aborder un siècle dont les bouleversements ne font que commencer.
Vous n’avez pas idée du monde qui se dessine !
La conjonction des progrès scientifiques et du développement du numérique sont en train de bousculer toutes les sociétés humaines.
Accès immédiat et partout à l’information et au savoir. Drones, robots, transports automatisés, soins médicaux à distance, progrès de la génétique, ordinateurs quantiques, fabrication d’objets complexes à domicile par impression 3D, accélération de l’allongement de la durée de la vie : rien ne sera plus pareil.
Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de refuser le progrès et la modernité. Sans le progrès des connaissances, l’humanité n’a aucun espoir de résoudre les immenses problèmes auxquels elle fait face. L’augmentation de la population mondiale, la diminution des ressources énergétiques, les dérèglements climatiques ne seront pas réglés par le retour à la nature et la décroissance mais bien par la science, la technologie et une discipline collective fondée sur la raison.
Je crois au progrès parce que je crois en l’être humain et en sa capacité à maîtriser par la raison ses passions et ses envies.
Je tire cette conviction de la lecture de Pascal, de Voltaire, de Diderot mais aussi de la fréquentation des hommes et des femmes de l’Ouest qui m’ont transmis leur bon sens, leur mesure, leur humilité et leur sincérité. Chaque fois que je dois trouver une réponse à une question grave, je me pose la question de savoir comment mon instituteur de Cérans-Foulletourte, mon professeur de sciences naturelles au collège, le père Dubois, les fondateurs du premier groupe volailler de France « LDC » qui n’avaient que leur certificat d’études ou l’éleveur de « Maine Anjou » de Notre-Dame-du-Pé, y répondraient.
Quand de brillants économistes tentent de me convaincre que les taux d’intérêts négatifs générés par la politique monétaire de la BCE vont durer encore longtemps, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un paysan sarthois sait sans avoir besoin d’un doctorat que l’argent gratuit n’existe pas et que la facture arrivera tôt ou tard !
Quand j’entends les commentateurs de la vie politique expliquer un jour que le Président de la République peut être réélu parce qu’il est habile et le lendemain que l’ancien Président de la République peut l’emporter parce qu’il a de l’énergie, je sais qu’un paysan de l’Ouest se poserait d’abord la question de savoir si l’habileté ou l’énergie peuvent tenir lieu de projet et de convictions quand il s’agit de l’avenir du peuple français.
La raison contre les passions et les illusions, c’est ma marque de fabrique. Je n’en changerai pas car le but que je poursuis c’est le renouveau de la France, pas la consécration de mon ambition personnelle.
Je sais que cet te démarche rencontrera l’adhésion des Français qui n’en peuvent plus d’un système politique qui tourne à vide et qui a perdu le sens de sa fonction.
2017 ne peut pas être une revanche. Les Français méritent autre chose qu’un duel entre un président battu et un président dont ils ne veulent plus.
Et les primaires de la droite et du centre ne peuvent être celles du choix du chef d’un parti.
La France n’a pas besoin d’une restauration. Elle ne se redressera pas avec des demi-mesures et des compromis sans ambition. Elle peut même s’effondrer sous les coups des démagogues haineux.
La France a besoin de transformations profondes. Elle a besoin d’une rénovation sincère de sa vie démocratique. Elle a besoin d’une démocratie plus participative. Elle a besoin de dignité, de rigueur, de sérieux et d’honnêteté. Elle a besoin d’un projet ambitieux pour la faire redécoller et d’une autorité sereine pour défendre son unité.
Le 20 novembre, j’appelle tous les Français qui partagent ces objectifs à se rendre dans les bureaux de vote pour imposer leur choix, pour faire mentir les scénarios écrits d’avance, pour refuser la comédie d’un pouvoir qui cherche juste à préserver ses intérêts.
Les primaires appartiennent aux Français.
Les primaires vous appartiennent.
Le 20 novembre, prenez le pouvoir !
Avant de nous séparer, j’ai encore une chose à vous dire. Elle est personnelle. Au moment de m’engager dans cette aventure grave qu’est l’élection présidentielle, je pense avec émotion à deux personnes qui doivent me regarder avec un mélange d’affection et d’inquiétude :
Ma mère, que beaucoup ici ont connue et qui m’a toujours soutenu avec l’énergie incroyable qui la caractérisait.
Philippe Séguin dont j’ai tellement souhaité qu’il soit le Président de la République Française, lui qui était tellement au dessus des autres, lui qui n’agissait que pour la France sans jamais placer ses ambitions avant l’intérêt général, lui dont la rigueur et l’honnêteté nous auraient évité bien des dérives.
Aujourd’hui, à Sablé, je vous fais le serment de me battre pour vous donner la fierté d’être français.
Je vous donnerai toutes mes forces et ensemble nous l’emporterons.
Vive la République ! Vive la France !
François Fillon, le 28 août 2016 à Sablé.