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Discours de François Fillon le 13 avril 2017 à Toulouse
Mes chers amis,
« Ô Toulouse », nous voici donc rassemblés pour dire à ceux qui en douteraient que la France est belle et qu’elle mérite que nous lui donnions autant qu’elle nous donne.
Merci à tous les élus ici présents qui m’accompagnent…
Merci à vous toutes et à vous tous pour votre fidélité et votre volonté de vaincre.
Cette volonté je l’ai aussi en moi et, tous ensemble, nous allons percuter les scénarios écrits par d’autres que nous.
Vous êtes la France libre, celle qu’on n’intimide pas, celle qui ne se résigne pas, celle qui ne se trompe pas d’enjeu : l’enjeu, c’est de redresser la France et plus de la gérer au fil de l’eau ; l’enjeu c’est de désigner un Chef d’Etat, et j’utilise ce terme de « Chef de l’Etat » à dessein, parce que la situation intérieure et internationale réclame de la force et du sang froid.
Au Moyen-Orient, la guerre fait rage et les Etats-Unis et la Russie ont engagé un bras de fer dangereux. Il revient à la France d’être la puissance qui parle à tous, la puissance qu’on respecte pour son indépendance et la sagesse de ses convictions.
Je suis prêt à assumer ce rôle.
Nous sommes 66 millions de Français dans un monde de 7 milliards d’habitants qui ont soif de réussite. 7 milliards d’habitants qui aspirent à bousculer la vieille hiérarchie des nations.
Personne ne nous attendra. Personne ne nous fera de cadeaux.
Alors nous avons le choix : soit nous baissons les bras et dans dix ans nous ne serons plus qu’un musée de nos grandeurs anciennes, soit nous nous ressaisissons ensemble pour faire de notre pays le pays de l’action et de tous les succès.
Moi, j’ai choisi : mon objectif est de faire de la France la première puissance européenne d’ici à dix ans ! C’est-à-dire un pays qui produit, qui innove, qui donne du travail à tous ses citoyens.
Ici, à Toulouse, au cœur de notre industrie aéronautique et spatiale qui fait notre fierté, je dis que je crois à l’industrie !
Notre avenir n’est pas seulement dans une économie de services.
Il est aussi dans notre capacité à produire des satellites, des avions, des voitures, des trains, des bateaux, des matériels militaires, des biens de consommation, il est dans notre capacité à conserver notre indépendance énergétique, il est dans notre capacité à fabriquer français et à exporter français.
Ces dernières années, nous avons laissé l’industrie française s’affaiblir.
Nous avons toujours de grands leaders mondiaux mais ils produisent de plus en plus à l’étranger, pour éviter nos réglementations kafkaïennes et nos impôts paralysants.
Nous avons négligé l’honneur de l’industrie, l’honneur des travailleurs, l’honneur des ouvriers.
Je me bats pour les travailleurs de tous ces secteurs délaissés, qui refusent de voir le patrimoine industriel français s’éteindre ou passer sous la coupe des investisseurs internationaux.
Je me bats pour les travailleurs qui ont du courage face à l’adversité, qui sont fiers de leur métier. Pour ceux qui travaillent dur pour que leurs enfants vivent mieux qu’eux.
Ils ont droit au respect. Leur métier n’est pas moins noble qu’un autre.
On leur manque de respect quand on leur fait des promesses inconsidérées.
On leur manque de respect quand on renonce à défendre l’industrie française et européenne face aux règles bafouées du commerce international.
On leur manque de respect lorsqu’on prétend qu’avec la semaine à 32 heures on tiendra le choc de la compétition internationale.
On leur manque de respect lorsqu’on leur dit que le retour du franc sera favorable à notre outil industriel alors qu’il le privera des investissements nécessaires à sa survie et qu’il bouchera ses marchés européens.
On leur manque de respect lorsqu’on leur promet qu’aucune entreprise ne fermera, comme si l’Etat pouvait commander les carnets de commande.
Toutes ces balivernes ne sauveront pas notre industrie.
Ce qu’il faut faire, je vais vous le dire.
Il faut baisser les charges et les impôts qui grèvent le coût du travail pour le placer au même niveau que nos principaux concurrents européens, et pas seulement sur les bas salaires car nos ingénieurs doivent également être valorisés.
Je réduirai massivement les charges sociales et fiscales qui pèsent sur la compétitivité des entreprises françaises, et, parallèlement, je réduirai les charges payées par les salariés afin d’augmenter leur salaire net.
Il faut impérativement favoriser l’investissement qui est le nerf de la guerre pour que nos industries puissent innover et conquérir des marchés.
Je préfère un capitalisme français qui investit en France plutôt que de voir nos plus beaux fleurons rachetés par l’étranger.
Je réduirai l’impôt sur les sociétés, je supprimerai l’ISF, je permettrai la déduction de l’impôt sur le revenu jusqu’à 30 % des montants investis dans des PME et des start-up innovantes, j’orienterai 50 Md€ des encours des contrats d’assurance vie vers le capital des PME, et je favoriserai la transmission des entreprises familiales en suspendant tous les droits tant que l’entreprise reste dans la famille.
Si la France disposait d’un réseau de PME puissantes et exportatrices à l’égal de l’Allemagne, ce serait 1 million d’emplois de plus que nous pourrions offrir à nos jeunes.
Ce qu’il manque à nos PME c’est du capital, c’est de l’innovation, c’est de la souplesse, c’est des jeunes bien formés.
Le capital, je viens d’en parler.
L’innovation, c’est le crédit impôt recherche que mon gouvernement avait renforcé et qui s’est révélé être une réussite. Mais il faut aussi des liens beaucoup plus étroits avec les laboratoires de recherche et avec les universités.
Au sein de leur conseil d’administration, des entrepreneurs doivent pouvoir participer à la définition des cursus universitaires et des objectifs de recherche appliquée.
La souplesse, c’est le recentrage des 3.400 pages de notre code du travail sur les seules normes sociales fondamentales. Le reste doit être renvoyé à la négociation dans les entreprises, là où l’entrepreneur et les salariés savent de quoi ils parlent.
Il faut sortir des 35 heures, doubler les seuils sociaux, débureaucratiser la vie des entreprises.
Enfin, la formation de notre jeunesse est capitale pour nos industries. Le Bac pour tous c’est bien, mais un emploi pour tous c’est encore mieux.
Notre jeunesse, c’est un préalable, doit être réconciliée avec la valeur travail.
Franchement, est-on au rendez-vous de la jeunesse et de son énergie lorsqu’on vante les prétendus mérites du revenu universel ? Est-il enthousiasmant de lui proposer de travailler moins et de partir le plus tôt possible à la retraite ?
Le travail est une valeur d’émancipation, une valeur de liberté.
Le courage et le mérite sont des vertus qui appartiennent à chacun. Là où le travail est dévalorisé, ce sont les privilèges de la naissance qui commandent.
Je veux faire de l’apprentissage, de l’alternance, une voie d’excellence pour décrocher un travail. Il faut améliorer l’information des jeunes et des parents sur les formations et les métiers à l’échelle de chaque bassin d’emploi.
Il faut confier, non plus à l’Education nationale, mais aux Régions et aux branches professionnelles la gestion de l’enseignement professionnel. Et puis, il faut une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance.
Mes amis,
Nous avons toujours été aux rendez-vous de l’histoire industrielle : la vapeur et l’électricité, l’atome, le nucléaire civil, la médecine, l’aéronautique, l’espace !
Je veux que la France soit à la pointe des industries du futur, et particulièrement dans la nouvelle révolution industrielle que représente le numérique.
Le pétrole du 21ème siècle est la data. Les drones, l’impression 3D et les objets connectés seront bientôt partout.
L’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la blockchain, le data cloud, le machine learning nous font basculer dans une ère nouvelle.
Avec le numérique, les processus de création de valeur sont totalement transformés.
Le logiciel s’impose dans tous les business models.
L’économie s’organise en « plateformes ». La « disruption » est omniprésente.
Des centaines de millions de consommateurs connectés deviennent producteurs de données.
Des modèles d’affaires vieux de plusieurs décennies sont remplacés en quelques mois. De nouvelles activités et de nouveaux métiers surgissent à une vitesse époustouflante.
Les effets positifs de cette révolution en matière de santé, d’environnement, de qualité de vie dépassent notre imagination.
Avec le numérique, des centaines de milliers de nouveaux emplois apparaîtront.
Dans cette révolution, la France a des atouts exceptionnels : des entrepreneurs dynamiques, une recherche de niveau mondial, notamment en mathématiques et en informatique, des grands groupes solides et ouverts sur le monde.
Et pourtant nous sommes en retard, mais c’est rattrapable !
Il faut que le prochain Google naisse et se développe en France et en Europe ! Il faut que le CAC 40 des années 2050 soit peuplé de géants du numérique issus de nos start-up actuelles !
Tout cela est possible.
Nous avons un secteur culturel foisonnant, des artistes et des créateurs talentueux : devenons un leader mondial des industries culturelles numériques !
Nous avons l’agriculture la plus puissante d’Europe : soyons à la pointe en matière de numérisation des techniques agricoles !
Nous avons une santé et une médecine parmi les meilleures au monde : soyons à l’avant-garde de l’e-santé et de la télémédecine !
Nous sommes 26èmes sur 28 pays en Europe pour le déploiement du Très Haut Débit.
C’est inacceptable !
Je veux que, d’ici la fin du quinquennat, 100% du territoire soit couvert en Très Haut Débit fixe et mobile.
Nous lancerons la 5G dès 2020, conformément au calendrier européen. La France ne peut pas se permettre de retard sur cette technologie stratégique.
La formation au numérique tout au long de la vie est une nécessité absolue : Nous lui consacrerons un effort à tous les niveaux, au collège, au lycée, dans l’enseignement supérieur, dans la formation professionnelle.
Et je veux créer de nouvelles filières de formation, d’apprentissage et de recherche pour répondre aux besoins des entreprises dans les métiers du numérique, dans l’intelligence artificielle, la blockchain, la cyber sécurité, l’e-santé, le big data.
En France, nous ne manquons pas de start-up, nous manquons de « licornes » !
BlaBlaCar, OVH, SigFox, Talend, VentesPrivées sont de magnifiques réussites, mais restent des exceptions. Il nous en faut beaucoup plus !
Je veux créer un cadre juridique et fiscal qui permettra à nos entreprises de se développer chez nous. Elles ne doivent plus être contraintes d’aller chercher ailleurs les financements qu’elles ne trouvent pas chez nous.
Notre épargne ne doit pas rester stérile, elle doit fertiliser nos entreprises !
La sphère publique doit elle aussi s’engager dans la transformation digitale. Elle doit mieux accompagner les start-up et les entrepreneurs.
L’innovation ne naît pas dans les ministères mais dans les garages, les amphis des universités, dans les labos.
Bref, là où il y a un grain de folie et de rêve. Les entrepreneurs ont besoin de souplesse, ont besoin d’un droit à l’expérimentation. Et l’économie collaborative a besoin de liberté, d’initiative, de spontanéité. Il faut parfois savoir attendre avant de réguler.
En revanche, il nous faut aller plus loin dans la dématérialisation des procédures administratives.
Plus loin dans l’open data, dans « l’Etat plateforme ». Plus loin dans les partenariats entre sphère publique et start-up. Plus loin dans le rapprochement entre recherche publique et expertise industrielle.
Mais notre stratégie doit aussi être européenne.
Nous devons viser une véritable souveraineté numérique européenne.
Face aux risques de cyberattaques, je veux construire avec nos partenaires une véritable filière des infrastructures européennes du numérique, du microprocesseur jusqu’aux software.
Pour que nos start-up, avant de partir à la conquête du monde, aient accès à un vrai marché européen, comme leurs concurrentes américaines et chinoises, je prendrai des initiatives de coopération renforcée avec l’Allemagne pour doter nos deux pays et l’Union européenne d’une régulation unifiée et de normes et de standards communs, sans attendre que ceux des grands groupes américains s’imposent à nos entreprises.
Enfin, parce que nous n’avons pas vocation à devenir une colonie numérique, et que je crois à la concurrence loyale, j’agirai pour mieux prévenir l’optimisation fiscale des géants du numérique.
Il y a un domaine où toutes ces révolutions en chaînes produiront des progrès particulièrement décisifs : c’est le développement durable.
Le numérique, mais aussi les nanotechnologies, les énergies renouvelables, la voiture électrique, les véhicules automatisés, la ville intelligente : à nous de nous saisir de ces avancées !
Soyons aux avant-postes dans le défi écologique, en utilisant toutes les ressources de la technologie et du traitement des données pour optimiser la consommation d’énergie, les transports, les processus de production, le traitement des déchets.
Voilà les mesures essentielles au développement de l’industrie française. J’y ajoute la nécessité de se protéger contre la concurrence déloyale.
Assez de naïveté et d’angélisme en matière de commerce international.
Il n’y a pas de honte à utiliser nos droits de douane lorsque nos intérêts stratégiques l’exigent et lorsque la réciprocité des échanges n’est pas garantie.
Moi, je n’étais pas favorable et je ne suis pas favorable au projet d’accord de libre-échange avec les Etats Unis, du moins tant que les Etats-Unis continueront d’imposer la législation américaine sur toutes les entreprises européennes.
Il y a trois ans, une amende de 9 milliards de dollars est tombée sur une banque française pour avoir méconnu la législation américaine.
Des centaines d’entreprises européennes vivent sous la menace de sanctions similaires, complètement injustifiées au regard du droit international comme des règles européennes.
L’Europe doit s’organiser pour ne plus subir les règles du jeu américaines de façon unilatérale.
Faisons respecter nos lois fiscales par toutes les multinationales qui s’intéressent à notre marché intérieur !
Protégeons nos entreprises, nos PME, nos emplois.
Exigeons la réciprocité sur l’ouverture des marchés publics : l’Europe ouvre les siens à 95% aux entreprises étrangères, les Etats-Unis à 30% : c’est déséquilibré.
Enfin nous devons combattre le dumping social à l’intérieur de l’Union européenne en exigeant que le coût des travailleurs détachés soit strictement identique à celui des nationaux.
Voilà, mes chers amis, comment on doit agir pour notre industrie.
Je suis le seul à proposer cela.
Mes adversaires ont tous capitulé.
Ils ont renoncé à défendre l’idée de la production. Ils ont renoncé à l’industrie française.
Ils veulent accentuer la politique de réduction du temps de travail, alors que si aucun pays au monde ne l’a imitée, c’est bien la preuve qu’elle n’est en rien une solution.
Ils veulent fermer nos frontières sans se soucier des représailles ruineuses pour nos industries exportatrices.
Ils veulent alourdir notre droit du travail alors que c’est lui, par ses lourdeurs et sa complexité, qui dissuade les embauches.
Ils veulent taxer les robots, alors que nous en avons besoin pour être plus compétitifs face à l’armée immense des ouvriers asiatiques.
Ils veulent multiplier les dépenses et les aides publiques alors que nous sommes au bord d’une faillite financière qui seraient catastrophique pour notre pays, et en premier lieu pour les travailleurs.
Moi je veux réhabiliter le travail pour rendre possible la prospérité.
La France n’est pas devenue l’une des grandes puissances du monde par hasard.
Il a fallu des siècles d’acharnement au travail ; il a fallu le génie de nos entrepreneurs, de nos ingénieurs, de nos agriculteurs, mais aussi le courage de nos ouvriers.
Nous sommes les héritiers de ces générations de travailleurs. Nous sommes la somme de toutes leurs énergies qui se sont déployées pour aller chercher le progrès.
Rien ne nous autorise à penser que notre génération n’a pas, elle aussi, sa part d’effort à accomplir pour avoir sa place dans l’Histoire de France.
C’est cet effort collectif qui nous permettra de garantir notre solidarité sociale.
Devant mon projet, certains m’accusent de vouloir affaiblir notre modèle social. Mais de quel modèle social parlent-ils ?
Avec 6 millions de Français qui pointent à pôle emploi, 2.200 milliards de dettes, avec la pauvreté qui augmente, ce sont eux, avec leurs mesurettes et leur démagogie, qui vont ruiner notre modèle social !
Moi, je me bats pour une France productive, une France qui crée des emplois, qui crée des richesses, et, se faisant, une France qui peut financer la santé pour tous, les retraites de nos anciens, l’aide aux plus démunis.
Je me bats pour la vraie justice sociale, pas celle qui est financée sur la dette qui, un jour, s’écroulera sur les épaules des classes moyennes et populaires et sur celles de nos enfants.
Ah, bien sûr, c’est facile de promettre comme Mme Le Pen la retraite à 60 ans ; c’est facile de promettre les 32h ; c’est facile de promettre 175 milliards de dépenses nouvelles comme M. Mélenchon ; c’est facile de dire tout et son contraire comme M. Macron…
Mais où est l’intérêt national dans tout cela, où sont les bases sérieuses de notre redressement économique et social ?
Nulle part ! Leur objectif est d’être élu quel qu’en soit le prix, ça n’est pas de redresser notre pays.
Mes amis,
Pour reconstruire la puissance française, nous devons consolider notre communauté nationale.
Et la première priorité, c’est de retrouver la fierté de notre histoire, de nos valeurs, de notre culture.
Je dénonce cette idéologie du déni de soi, ce discours pénitentiel qui fait douter les Français d’eux-mêmes.
Peut-on s’intégrer à un pays dont on dit qu’il n’a pas de culture, pas d’identité ? Comment se reconnaître dans une histoire dont on vous dit qu’elle n’a rien produit, sinon des crimes contre l’humanité ?
Non, soyons fiers d’être français et redressons les piliers de la République !
Je veux mettre la France en ordre.
Dans trop de « quartiers », les dealers et les salafistes ont imposé leurs lois contre celles de la République.
Dans les zones rurales, on voit poindre une violence inédite.
La sécurité ne doit pas être luxe. Elle est un droit fondamental.
Pour nos policiers, gendarmes, militaires, je veux du respect. Du respect pour leur courage. Du respect pour leur uniforme.
Ils pourront compter sur moi. Je ferai voter une loi de programmation et de modernisation qui engagera les investissements, les effectifs et les équipements dans les domaines de la sécurité et de la justice.
Elle prévoira 1 milliard d’euros supplémentaires sur la durée du quinquennat. Cette somme importante permettra d’accroitre les moyens d’intervention.
Nous recruterons 5 000 agents des forces de l’ordre et nous remettrons sur le terrain 5 000 policiers ou gendarmes aujourd’hui occupés à des tâches administratives.
Il faudra redéployer des moyens là où c’est absolument nécessaire mais il faut aussi changer cet état d’esprit qui nous a conduits à démanteler l’idée même de l’autorité.
Il faut le faire dans les familles qui doivent assumer leurs devoirs vis-à-vis de leurs adolescents qui partent à la dérive, si nécessaire en suspendant leurs allocations familiales.
Il faut le faire à l’école.
Beaucoup de nos professeurs n’arrivent plus à transmettre des connaissances, et se sentent abandonnés par une hiérarchie timorée, imbue de théories pédagogiques hasardeuses.
L’école, je veux la recentrer sur l’apprentissage des fondamentaux : apprendre à lire, écrire, compter, enseigner le récit national et les valeurs de la République.
L’école de la République, je veux la voir symbolisée par la tenue d’une tenue scolaire rappelant à tous les enfants de France qu’ils sont égaux, quelles que soient leurs origines et leurs conditions sociales.
Enfin, je veux que la République soit… française.
Au cours des siècles, des générations et des générations d’étrangers sont venues nous apporter leur capacité de travail, leur bravoure aussi car nombreux ont combattu pour la France.
Autrefois, le brassage fonctionnait. Les étrangers devenaient plus français que les français.
Aujourd’hui, les communautarismes fissurent la République. En certains endroits, la France n’est plus là. Certains se réjouissent de ce prétendu melting-pot : ils ont tort car il crée des fossés, il nous désunit.
Au regard de nos difficultés économiques, l’immigration doit être réduite à son strict minimum.
Notre politique d’immigration devra être fixée par des quotas, chaque année, en fonction de nos capacités d’accueil. Comme au Canada.
C’est aux étrangers qu’il revient de faire l’effort d’intégrer la France, avec ses lois, sa langue et ses mœurs, et non à la France de se plier à des coutumes qui ne seraient pas conformes à son pacte républicain.
Les étrangers que nous accueillons doivent respecter des devoirs avant de réclamer des droits.
Ils devront attendre deux ans avant toute prestation sociale.
Ensuite, il faut rappeler que les valeurs de la République ne sont pas négociables.
Il faut prouver qu’un islam des Lumières, un islam de progrès, est possible. Nous allons le faire avec nos compatriotes musulmans qui doivent se soulever contre l’obscurantisme et nous aider à faire le ménage.
Je veux que l’Etat ait l’autorité nécessaire pour défendre les valeurs du progrès et de la raison.
Pour interdire les prêches emplis de haine.
Pour rejeter clairement comme des notions absolument étrangères à la France l’inégalité entre les hommes et les femmes et la banalisation de l’antisémitisme.
Pour dire, tout simplement, que l’islam doit consentir aux mêmes devoirs que toutes les autres religions sur le sol de France, car tel est le sens premier de la laïcité.
Mes amis,
Le monde qui nous entoure est plus instable et dangereux qu’il y a dix ans.
La faiblesse n’est pas de mise.
Le sang-froid est nécessaire.
Il faut avoir une vision.
Quelle est la mienne ?
C’est celle d’un pays attaché à la liberté, à la dignité de chaque être humain sur la terre, mais qui ne pense pas qu’il soit possible de se transformer en agence internationale des droits de l’homme car nous ne pouvons pas être les gendarmes du monde.
D’un pays européen attaché à la démocratie et à ses valeurs, mais qui conserve le souci des autres peuples, de leurs destins historiques parfois si différents du nôtre.
Un pays qui ne se refuse pas à la confrontation mais qui préfèrera toujours la paix à la guerre quand celle-ci peut être évitée.
C’est ce pays que le Président de la République doit incarner, et sans hésiter lorsqu’il le faut à maintenir un cap difficile malgré les emballements de l’opinion.
Le Président est le chef des armées, il est le premier responsable la politique étrangère française dans le monde, il est celui qui décide ou non de l’usage de la force armée, et, en ultime recours, celui de la force nucléaire.
Il n’est pas de domaine où la solitude du Président soit plus grande, de domaine qui engage autant l’essentiel sur le fondement de jugements difficiles à porter, et qui requière autant d’expérience et de discernement.
Mes chers compatriotes, je protégerai la France.
Je protégerai les Français.
Je protégerai nos intérêts économiques, je protègerai la paix, par le glaive si nécessaire.
Je ferai la guerre au totalitarisme islamique partout où il tente de s’infiltrer sur notre territoire.
Je le combattrai sur la scène internationale en refondant notre diplomatie.
Car aujourd’hui, où est la France ?
En 2003, avec Jacques Chirac, elle avait su dire non à la guerre en Irak qui s’est révélée l’une des décisions les plus funestes qu’aient prises les américains au Proche Orient.
Cette position clairvoyante lui a donné un immense crédit dans le monde.
Qu’en a fait François Hollande ?
Aligné sur les Etats-Unis et leur politique changeante et sur une diplomatie européenne convenue, sans vision, la France manque à tous ses devoirs.
L’usage en Syrie d’armes chimiques est un crime qui ne doit pas rester impuni et la France doit être le premier membre du conseil de sécurité des Nations Unies à exiger la vérité sur ce crime abominable et à défendre les sanctions exemplaires qui doivent être prises contre ses auteurs.
Mais la France doit aussi être la voix la plus forte dans le monde pour mettre en garde contre les risques d’une escalade militaire qui déboucherait sur la confrontation directe des Etats-Unis, de la Russie et de l’Iran.
La décision du président Trump de bombarder la Syrie est humaine, compréhensible et on ne peut qu’y adhérer au nom de la révolte que nous inspire la cruauté du régime syrien. Mais la responsabilité de la France c’est d’abord de faire respecter le droit international et de défendre par tous les moyens la paix mondiale dont nous sentons qu’elle est chaque jour un peu plus fragile.
Je ne me résoudrai jamais au retour d’une guerre froide entre les deux plus grands arsenaux nucléaires du monde.
Président de la République, je ne ménagerai pas mes efforts pour la paix car je vois avec effroi poindre les nuages noirs de la guerre.
J’augmenterai les moyens de nos forces armées.
Je veillerai à la crédibilité de la dissuasion.
Je me battrai pour une véritable alliance européenne de défense qui donne à notre continent l’indépendance qu’il a perdu en raison de la folie meurtrière dont il a été responsable au vingtième siècle.
J’œuvrerai sans relâche pour que le conseil de sécurité des Nations Unies dépasse les blocages qui le paralyse.
Au Moyen-Orient, je parlerai avec la même franchise aux sunnites comme aux chiites.
Je demanderai des comptes aux Etats qui abritent, protègent et encouragent les penseurs de l’islamisme radical.
Je défendrai la sécurité d’Israël et le droit des Palestiniens à une patrie comme je défendrai les chrétiens d’Orient victimes d’un véritable génocide qui n’émeut pourtant guère nos gouvernants et nos chantres d’une défense des droits de l’homme à géométrie variable.
Je me battrai pour le développement de l’Afrique dont l’avenir conditionne le nôtre.
Mes amis, il est plus que temps d’avoir à la tête de la France un gaulliste.
Mes chers amis,
C’est maintenant que tout se joue. Nous allons écrire ensemble une belle page de l’épopée française.
Avant de partir au combat, les soldats de l’an II gravaient « Vive la Nation » sur l’acier de leurs sabres. Pensons à cette devise. Celle d’un peuple uni, toujours courageux quand il s’agit de surmonter les épreuves.
Je crois au souffle de la Nation qui pousse toujours nos voiles vers le large. Je crois à une Nation indivisible, fille de Jeanne d’Arc et de De Gaulle, souveraine par destin et universelle par vocation.
Nous voici donc, mes amis, non pas à la fin d’une campagne, mais au début d’une grande aventure !
Alors tous à l’action, regroupez vos forces, faire grandir votre fierté, libérez votre ardeur et faites de votre volonté l’étincelle de tous les volontés françaises.
Vive la République ! Vive la France !
François Fillon, le 13 avril 2017 à Toulouse.
Source : www.fillon2017.fr
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