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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 07:57

François-Xavier Bellamy, tête de la liste LR aux élections européennes, était l'invité du Grand Entretien à la matinale de France Inter le lundi 20 mai 2019. Il s'est exprimé notamment sur la situation complexe de Vincent Lambert.

Cliquer sur le lien pour télécharger le podcast (fichier .mp3) :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10239-20.05.2019-ITEMA_22066334-0.mp3

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190520-francois-xavier-bellamy.html


SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20190520-fxbellamy-france-inter.html

 

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9 mai 2019 4 09 /05 /mai /2019 03:28

« L’homme n’est que poussière, d’où l’importance du plumeau. » (Alexandre Vialatte).


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L’humoriste Pierre Desproges est né il y a 80 ans le 9 mai 1939. Hélas, cela fait plus de trente et un ans qu’il est mort et il manque, il manque parce que parfois, les temps sont durs et seul l’humour peut aider, un humour redoutable, caustique, mais aussi un humour tendre. Car aujourd’hui, les transgressifs, les provocateurs, sont souvent dans l’humour haineux, dans l’humour ironique, dans l’humour de ricanement. Desproges pouvait attaquer tout le monde, on savait qu’il n’en pensait pas un mot parce qu’il avait un cœur gros comme "ça". Il y avait les textes, il y avait le ton, mais ces deux talents ne suffisaient pas, il fallait aussi l’intention, c’était l’esprit général.

L’an dernier, la radio France Inter n’a pas voulu rater la "célébration" (le vilain mot !) du comique à l’occasion des trente ans de sa disparition. Plus exactement, la soirée du 18 avril 2018, entre 20 heures et 22 heures, France Inter a consacré une émission spéciale d’hommage à Pierre Desproges dans le mythique Studio 104 rempli à craquer.

L’émission, animée par Antoine de Caunes, peut être encore réécoutée en podcast (ici par exemple). Avant le début de l’émission, le public pouvait voir ou revoir, avec une certaine émotion, un entretien de Pierre Desproges interrogé par Jérôme Garcin (à l’époque tout jeune). L’émission a alterné séquences d’entretiens, sketchs et séquences musicales, notamment des textes de Pierre Desproges écrits dans les années 1960 et mis en chansons.

Ont notamment participé à l’émission Thomas de Pourquery, Babx, Edward Perraud, Clara Luciani (un grand talent), Raphaële Lannadère, Arthur Teboul, Frédéric Fromet, aussi Jérôme Garcin (le producteur de l’émission littéraire "Le Masque et la Plume" sur France Inter), Pablo Mira (le fondateur du Gorafi), et à la fin de l’émission, la fille de l’humoriste, Perrine Desproges est venue également parler au micro d’Antoine de Caunes.

Il y avait aussi Christine Gonzalez, journaliste suisse, qui est excellente dans son art, celui de réaliser des interviews posthumes avec des célébrités, en reprenant des morceaux de vrais enregistrements trouvés dans les archives et collés pour faire des réponses à ses questions. Le résultat pour Pierre Desproges est très impressionnant, elle l’a fait revivre pendant quelques minutes. Impressionnant tant sur la forme (on ne repère aucune coupure, aucune soudure) que sur le fond, évidemment.

De son côté, Jérôme Garcin est venu expliquer que c’était une grande performance de venir devant un public très sobrement, juste à lire des textes avec un style très sophistiqué, avec des subjonctifs, des mots compliqués, et de réussir à faire rire. Il a témoigné aussi de l’obsession de Pierre Desproges pour la mort (qu’il a connue avant ses 49 ans). Son livre de chevet était un dictionnaire de la mort, et il adorait cette phrase de Vialatte : « L’homme n’est que poussière, d’où l’importance du plumeau. ».

À propos d’Alexandre Vialatte, j’ajoute aussi cette belle réflexion sur l’homme : « L’humanité est une bibliothèque dont presque tous les livres sont lus. L’humanité est aux archives. Que reste-t-il à parcourir qui en vaille la peine en attendant le prochain facteur ? On se reproche d’avoir rangé beaucoup d’ouvrages sans les avoir entièrement coupés. Peut-être la plus belle page était-elle dans le passage qu’on a sauté. » ("Les Champignons du Détroit de Behring").

J’ai découvert à cette occasion la talentueuse Laura Laune, une Belge de 32 ans qui a remporté en 2017 la saison 12 de l’émission télévisée "La France a un incroyable talent". Elle a proposé une chanson sketch très décapante, très incisive, à la manière de Pierre Desproges pour les vacheries débitées. J’ai adoré cette humoriste que j’ai trouvée excellente, provocatrice, avec son côté ingénu de balancer de l’humour très costaud, très corrosif, et même très contestable, comme chanter : « On peut critiquer la Shoah, oui, mais il faut quand même dire qu’à cette époque, les trains roulaient tous ! ». Il faut rappeler le contexte : en avril 2018, il y avait beaucoup de grèves de la SNCF (deux ou trois jours par semaine) à cause de la réforme de la SNCF. On peut rester terrifié par la Shoah, respecter évidemment les millions de victimes et adorer cette humoriste (c'est mon cas et j'espère ne pas être le seul).

J’ai gardé pour la fin le meilleur, même si c’était plutôt au milieu de l’émission. France Inter a tenté de faire revivre la mythique émission de Claude Villiers, "Le Tribunal des flagrants délires" qui n’a pas duré très longtemps, seulement deux à trois années, entre novembre 1980 et février 1983, où l’idée était de "juger" une célébrité invitée pour l’occasion.

Claude Villers était le juge et président du tribunal, Pierre Desproges le procureur général et Luis Rego l’avocat de l’invité. Évidemment, ces deux derniers ne cessaient d’égratigner l’invité qui devait alors afficher un solide sens de l’autodérision (ce qui fut le cas notamment de Jean-Marie Le Pen le 28 septembre 1982). Absents de l’émission parce que fatigués, Claude Villiers et Luis Rego ont cependant fait une apparition avec chacun un message vidéo très émouvant (Claude Villiers était méconnaissable et Luis Rego avait gardé son hilarité).

Pour l’occasion, c’était la "bande" des "humoristes maison" (qui sévit sur France Inter) qui s’est chargée du tribunal : la charmante potache Charline Vanhoenacker a présidé le tribunal du haut de son autorité, Guillaume Meurice a fait le procureur général aux mille jeux de mots, et Alex Vizorek s’est chargé de faire l’avocat de la défense sinon du diable avec la percussion qu’on lui connaît. Mais pour quel prévenu ? Évidemment, pour juger Pierre Desproges, ou plutôt, le talent de Pierre Desproges.

Comme le prévenu était absent des lieux, l’émission a proposé une série de témoignages (à charge ou décharge). Les témoins furent notamment le lanceur de tartes à la crème Noël Godin (un peu trop long), la chanteuse Nicole Croisille et l’acteur Hippolyte Girardot.

Alors qu’en général, la sentence tombait toujours par un verdict de mort, la juge Charline a conclu très solennellement le procès de manière heureusement plus positive : « La Cour, après n’avoir écouté qu’elle-même et délibéré, déclare, Talent de Pierre Desproges, que vous êtes condamné à être pris à témoin contre votre gré dans des débats stériles tels que l’antisémitisme hallal, la rétention de liberté d’expression et la recette des nouilles au pistou. Vous êtes condamné à exister éternellement dans ce monde que vous avez tant critiqué mais qui vous aime et qui révère tout autant. Bref, Talent de Pierre Desproges, vous êtes condamné à l’immortalité. La séance est levée. ».

Cette émission ponctuelle avec ce nouveau tribunal, qui a très bien fonctionné en avril 2018, devrait avoir une suite avec d’autres invités, de la vie politique ou du milieu artistique. Elle aurait dû démarrer à la fin de l’année 2018, mais la crise des gilets jaunes a perturbé le calendrier. Un homme politique qui fut très important et qui a beaucoup d’humour a préféré renoncer à sa participation alors que des casseurs ont saccagé l’Arc-de-Triomphe de Paris et qu’un terrroriste a tué une dizaine de personnes à Strasbourg. La période n'est pas à la rigolade. J’espère que ce ne sera que partie remise…

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Et puisque nous en sommes à cette émission, je termine par de courts extraits de quelques réquisitoires de Pierre Desproges dans l’émission d’origine, tous issus du livre de recueil des réquisitoires du Tribunal des flagrants délires, sorti le 5 avril 2018 aux éditions du Seuil. Comme on le lit, on remarque que les réquisitoires de Pierre Desproges portent parfois très peu sur le prévenu et plus sur les choses qu’il avait envie de dire…


1. Prévenu Jacques Séguéla, le 25 octobre 1982 : « Jamais je ne me permettrais, sans preuves, d’insulter un prévenu, même et surtout quand il s’agit comme aujourd’hui d’un handicapé publico-maniaque de type Napoléon de gouttière minable et incurable, confit dans sa suffisance et bloqué dans sa mégalomanie comme un marron dans le cul d’une dinde. Oui, je sais, la comparaison est ordurière et je prierai le syndicat des dindes ainsi que le Denise Fabre fan-club de bien vouloir m’en excuser. (…) Je ne saurais (…) trop vous recommander d’exiger l’interdiction de cette émission du Tribunal des flagrants délires, ne serait-ce que pour la formidable publicité que ne manqueront pas de vous faire à cet égard mes nombreux amis journalistes qui se sont déplacés aujourd’hui tout exprès pour venir admirer ici le plus génial publiciste de France, l’homme qui a su mieux que personne rehausser le vinaigre algéro-italien au rang de saint-émilion, la merde en boîte au niveau du cassoulet toulousain, et le revenant de la Quatrième au rang d’homme providentiel. ». Le dernier cité, il s’agit bien sûr de François Mitterrand.


2. Prévenu Jean-François Kahn, le 10 décembre 1982 : « J’ai rêvé de Bernadette Lafont. C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai du mal à me concentrer sur Jean-François Kahn. Il m’est extrêmement pénible d’évoquer Bernadette Lafont, même petite fille, sans me sentir confusément coupable de tentative de détournement de mineure. (…) À mon avis, Jean-François Kahn est l’un des plus grands journalistes humanistes chauves de ce siècle à la con où tout va de mal en pis depuis que Grace Kelly et Leonid Brejnev ne sont plus là pour nous guider vers les chemins du bonheur terrestre grâce à la haute tenue morale de leur politique expansionniste ou d’opérette. (…) Elle, la princesse, doucement couchée sur un lit de satin blanc, m’apparut désespérément belle, élégante et racée, figée dans sa beauté au bois dormant. Brejnev, en revanche, outrageusement cerné de feuillages épars et d’une débauche florale inouïe sur son lit de mort écarlate, m’émut beaucoup moins. (…) Avoir été longtemps l’homme le plus effroyablement puissant et redouté du monde, et finir ainsi (…), couché dans sa boîte, comme un thon à l’huile au milieu d’une salade niçoise. (…) On peut toujours se consoler en se disant que de toute façon, compte tenu de l’exorbitance coutumière de ses cachets, on n’aurait jamais vu Romy Schneider dans un film de Jacques Tati. ».


3. Prévenu Daniel Toscan du Plantier, le 10 janvier 1983 : « Je pensais que le Toscan du Plantier était le virus de la verrue plantaire, c’est vous dire à quel point j’aurai du mal à aborder le sujet du jour. Je préfère répondre à mon courrier (…). Les enfants ne sont pas tout à fait des gens comme nous (…). Personnellement, je subis en permanence sous mon toit une paire d’enfants de sexe féminin que j’ai fini par obtenir grâce au concours d’une jeune femme aussi passionnée que moi pour les travaux pratiques consécutifs à l’observation des papillons. Un manque total d’objectivité et une dissolution navrante de l’esprit critique caractérisent généralement le discours laudatif des parents quand ils s’esbaudissent sur les mille grâces et les talents exquis de leur progéniture. (…) Dieu merci, nous autres, parents, armés de cette époustouflante sagesse tranquille qu’on appelle la Raison, sommes là pour guider d’un bras ferme nos chers petits sur le droit chemin de la vérité existentielle d’où leur âme fluette de petit sous-homme se forgera sans trêve jusqu’à devenir l’âme d’airain de l’homme mûr et responsable, capable de travailler huit heures par jour à l’usine ou au bureau, de jouer au tiercé et de déclencher périodiquement les indispensables guerres mondiales dont les déchaînements remarquables de bruits et de fureur constituent à l’évidence la seule vraie différence entre l’homme et la bête. ».


4. Prévenue Inès de la Fressange, le 18 janvier 1983 : « Loin de moi l’idée de vous prendre ici, dans ce box trop exigu pour les cent quatre-vingt-un centimètres de splendeurs nacrées qui composent, en tout bien tout honneur, votre principale source de revenus. (…) Quand on a vos yeux, madame, quand on a votre bouche, votre grain de peau, la légèreté diaphane de votre démarche et la longueur émouvante de vos cuisses, c’est une banalité de dire qu’on peut facilement traverser l’existence à l’abri des cabas trop lourds gorgés de poireaux, à l’écart de l’uniforme de contractuelle et bien loin de la banquette en Skaï du coin au fond de la salle de bal (…). Pourtant (…), la différence est mince entre une beauté et un boudin. Quelques centimètres de plus ou de moins, en long ou en large, quelques millimètres de plus ou de moins entre les deux yeux, quelques rondeurs ou aspérités en plus ou en moins par-ci par-là autour des hanches ou dans le corsage. Des détails. (…) Lors du dîner inaugural, j’étais assis entre Miss France 1923 et Miss France 1982. "Le monde est un éternel recommencement", pensais-je avec un sens suraigu du lieu commun, tandis que, comme pour me donner raison, la première me bavait dessus tandis que je bavais sur la seconde. ».


5. Prévenue Sylvie Joly, le 25 janvier 1983 : « (…) Où ses doigts tremblants d’une impossible étreinte se referment en vain dans l’attente affolée d’un éclair de plaisir, virgule, ah, enfin une virgule !, il était temps, j’allais mourir noyé sous le flot insipide et glauque de ma monotonie verbale ! (…) Écoutez le conseil du scribouillard déliro-flagrantique : Ne mettez jamais moins de trois virgules au mètre carré de verbiage. Sans l’appui de la virgule, on peut mourir étouffé dans les sables mouvants d’une prose perfide et désertique que n’éclaire plus que le soleil blanc de l’inspiration péotico-trouducale des vieux procureurs fourbus corrodés dans l’effluve éthylique d’un désespoir exsangue où se meurt la colère que brandit leur point-virgule… ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 mai 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Soirée spéciale Pierre Desproges sur France Inter le 18 avril 2018 (podcast).
Pierre Desproges, condamné à l’immortalité.
Pierre Desproges, tendrement incorretc.
Thierry Le Luron.
Pierre Dac.
Coluche.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190509-pierre-desproges.html

https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/pierre-desproges-condamne-a-l-214903

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/05/07/37317056.html


 

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 18:55

« Ce n’est pas parce qu’un gosse, il n’est pas désiré qu’il n’est pas aimé. » (Anémone, 30 avril 2011).



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Quelle tristesse pour le cinéma français !. En quelques jours, deux acteurs de très grand talent sont partis vers d’autres rives. Après Jean-Pierre Marielle, c’est l’actrice Anémone qui est partie à Poitiers ce mardi 30 avril 2019, à un âge pourtant pas très avancé, à 68 ans (elle est née le 9 août 1950 à Paris).

J’adorais Anémone, sa fraîcheur, son franc-parler à senteurs de douche froide, sa liberté totale. Elle était loin du stéréotype de la femme fatale, et pourtant, elle était d’une très grande beauté. Elle n’aimait pas beaucoup les paillettes ni le star-system. Elle s’était installée au fond du Poitou et avait annoncé le 22 décembre 2017 qu’elle ne jouerait plus, probablement à cause de la maladie.

Elle préférait l’authenticité, et se prêtait parfois aux causes écologistes (jusqu’à faucher du sofa transgénique). Elle était très désabusée à la fin de sa vie, trouvant que sa profession était trop accro à l’argent. Elle a eu des enfants, mais elle trouvait que cela avait trop focalisé son existence, au point de l’éloigner de ses activités. Une sorte de militante féministe qui dirait aux femmes qu’elles ne seraient pas forcément obligées de faire des enfants pour s’accomplir.

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Excellente tant sur scène (au théâtre) que sur un plateau (de cinéma), Anémone a beaucoup joué dans des comédies avec de comédiens de même calibre. Elle a commencé à être connue avec l’adaptation cinématographique du "Père Noël est une ordure" (dans le rôle de Thérèse), elle avait créé la pièce au théâtre dès 1979, et elle a été reconnue par la profession en 1988 pour son rôle principal dans "Le Grand Chemin" qui lui a valu un César de la meilleure actrice (elle a aussi été nommée aux Césars à quatre autres occasions).

La liberté était telle qu’il était difficile de "diriger" Anémone lors du tournage d’un film, et pourtant, elle a participé à 106 films entre 1968 et 2018. Elle fut une femme entière, une personnalité très forte, qui ne manquait jamais d’humour. C’est par le café-théâtre qu’elle a démarré, dans la fameuse troupe du Splendid.

Après les années 1980 qui furent les plus denses pour elle, Anémone a joué beaucoup moins par la suite. Elle a pris des rôles intéressants, comme cette vieille institutrice remplaçante dans "Le Petit Nicolas" qui inverse les pôles au point de traiter le chouchou comme un cancre. J’ai raté son rôle dans "Les Bidochons" (réalisé par Serge Korber et sorti le 1er mai 1996), à savoir Raymonde, qui a été un échec commercial, mais je l’ai remarquée, toute éblouissante, dans plusieurs épisodes de la fascinante série télévisée "Fais pas ci, fais pas ça !". Elle jouait alors une voisine très mystérieuse, dans un quartier résidentiel d’une banlieue chic de Paris, tellement mystérieuse que les habitants du quartier la crurent criminelle.

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Internet permet de revoir quelques scènes mémorables. Voici pour lui rendre un modeste hommage quelques-uns des films que j’ai appréciés où elle a contribué, par son jeu, à les rendre captivants. Je terminerai ensuite par deux interviews télévisées, certes par deux présentateurs fatigants mais qui ont conduit Anémone à se dévoiler un peu personnellement, ce qui reste précieux pour ceux qui l’ont appréciée. Qu’elle rejoigne les autres étoiles dans la galaxie des anciens humains.


1. "Viens chez moi, j’habite chez une copine" (de Patrice Leconte) sorti le 228 janvier 1981

Anémone travaille dans un cirque et est une copine de Michel Blanc.






2. "Les Babas-cool" (de François Leterrier) sorti le 16 décembre 1981

Anémone vit dans une communauté un peu écolo et est la mystique de la bande vaguement dirigée par Philippe Léotard.






3. "Le Père Noël est une ordure" (de Jean-Marie Poiré) sorti le 25 août 1982

Anémone est l’une des bénévoles de SOS Détresse Amitié avec Thierry Lhermitte qu’elle aime secrètement malgré sa niaiserie de coincée.






4. "Le Quart d’heure américain" (de Philippe Galland) sorti le 3 novembre 1982

Anémone est une animatrice de radio sexy pleine d’ambition qui croise et se lie à un loser, Gérard Jugnot.






5. "Péril en la demeure" (de Michel Deville) sorti le 13 février 1985

Anémone, proche de Christophe Malavoy, est en quelques sortes l’observatrice voyeuse extérieure des drames qui secouent la maison de Nicole Garcia et Michel Piccoli.






6. "Le Grand Chemin" (de Jean-Loup Hubert) sorti le 25 mars 1987

Incontestablement le meilleur film dans lequel a joué Anémone, où elle est mariée à Richard Bohringer et s’occupe de l’enfant d’une amie.






7. "Le Petit Nicolas" (de Laurent Tirard) sorti e 30 septembre 2009

Anémone est la remplaçante de l’institutrice (Sandrine Kiberlain), dans l’adaptation de ce classique de Goscinny et Sempé.






8. Anémone chez Thierry Ardisson le 6 juin 1992 sur Antenne 2






9. Anémone chez Laurent Ruquier le 30 avril 2011 sur France 2






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 avril 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Anémone.
Gérard Oury.
Zizi Jeanmaire.
Jean-Pierre Marielle.
"Les Éternels".
Jacques Rouxel.
François Berléand.
Niels Arestrup.
"Acting".
"Quai d’Orsay".
Michel Legrand.
Gérard Depardieu.
Maria Pacôme.
Ennio Morricone.
Francis Lai.
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190430-anemone.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/l-envol-d-anemone-214743

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/04/30/37299883.html



 

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12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 03:00

« Parfois tu te demandes comment un acteur peut être aussi bon, aussi juste, aussi brillant quand il interprète les personnages de gros balourds qui lui sont souvent dévolus. Et puis un jour tu perces ce mystère grâce à une seule petite intervention radio… » (Bruno Gaccio sur Twitter).



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Mousse médiatique. En marge de la treizième journée des gilets jaunes le samedi 9 février 2019, l’acteur François Berléand a lâché de manière abrupte sur RTL : « Moi, depuis le début, ils me font chi@r, les gilets jaunes ! ». Parce qu’il avait été bloqué sur un rond-point à cause de vingt gilets jaunes.

Le mouvement des gilets jaunes, cela fait maintenant trois mois qu’il existe, et chaque samedi, sur les ronds-points ou au centre des grandes agglomérations, des actions sont faites. À Paris, à Toulouse, à Bordeaux, à Marseille, entre autres, chaque samedi, des actes de grande violence sont commis. Les forces de l’ordre sont épuisées.

Le bilan humain est très lourd, onze décès, plusieurs milliers de personnes blessées parmi les manifestants et les forces de l’ordre (certaines blessures très graves, œil et main perdus), et un coût économique dû tant aux dégradations (à Paris, le premier adjoint les a estimées à plus d’un milliard d’euros) qu’au ralentissement économique (fermeture des commerces le week-end, etc.).

Parmi les actes de violence très graves, il y a les élus de la majorité particulièrement éprouvés par cette crise politique et sociale, intimidés à leur permanence et même parfois jusqu’à leur domicile. Le dernier en date, symbolique, fut l’incendie, le 9 février 2019, de la maison bretonne du Président de l’Assemblée Nationale, Richard Ferrand, qui a heureusement reçu le soutien solidaire de toute la classe politique, et en particulier des principaux chefs de l’opposition, à savoir Laurent Wauquiez (LR), Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (FI).

François Berléand, je l’aimais bien comme acteur dans les années 1990. Il n’était pas encore très connu, il était souvent dans des petits rôles, au cinéma et à la télévision (il a refusé l’offre de Josiane Balasko de rejoindre la troupe du Splendid), puis, à la fin de cette décennie-là, il a été consacré, prenant plusieurs premiers rôles, participant à un très grand nombre de productions (146 films, 68 téléfilms, en une quarantaine d’années de carrière, sans compter les 34 pièces de théâtre depuis 1973), obtenant des récompenses de la profession (dont le César du meilleur second rôle masculin en 2000). Sa professeure d’art dramatique, Tania Balachova (1902-1973), la même que pour Niels Arestrup entre autres, lui avait bien dit : « Vous, si un jour vous devez être connu, ce ne sera pas avant l’âge de 40 ans. ». En fait, pour lui, ce fut plutôt à l’âge de 50 ans. C’est souvent cela d’ailleurs, quand on apprécie un acteur "confidentiel", on peut être vite déçu quand il arrive dans la lumière de la célébrité, même si on est content pour lui qu’il a percé. Déçu parce qu’on est comme un peu dépossédé de cette attention. Un peu comme la fille d’un footballeur très connu qui s’aperçoit que sur le cartable de ses copines de classe, il y a des autocollants représentant son père : elles lui volent son papa !

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La sortie radiophonique de François Berléand, soutien de François Bayrou en 2007 et du Président Emmanuel Macron en 2017, n’était pas ce qu’on pourrait appeler d’une grande délicatesse ni d’une grande subtilité. Et bien qu’il ne représente rien, ni personne, sinon lui-même (et sa réputation dont tout le monde se fiche), le paysage médiatique et internautique est ainsi fait que cet accès de bougonnerie et de mauvaise humeur devient un nouveau germe de polémique, une "séquence", qui dure le temps de quelques jours, avant de passer à la prochaine. Certains s’en font d’ailleurs les provocateurs réguliers pour promouvoir leurs "œuvres" (livres à paraître, disques, films à sortir, etc.), et ça marche d’ailleurs très bien car la notoriété est le premier atout pour vendre.

Évidemment, les soutiens des gilets jaunes ont profité de cette petite phrase pour exprimer leur dégoût en inondant l’acteur de réactions plus ou moins désagréables, au point que, effet collatéral, quelqu’un dont le patronyme ressemblait un peu trop à celui de l’acteur, s’est vu lui aussi insulter vertement. Réactions pas plus intelligentes que ce qui les faisait réagir, puisqu’en démocratie, on a a priori le droit de dire ce qu’on pense si l’on reste dans les limites de la loi (qui encadre heureusement cette liberté d’expression pour interdire les appels à la haine, les encouragements à la guerre, au jihad, au suicide, etc., ainsi que la diffamation et la calomnie).

La contre-réaction n’a évidemment pas manqué d’arriver (c’est le principe de ces polémiques médiatiques dans un verre d’eau), ceux qui sont plutôt opposés au mouvement des gilets jaunes ont crié à la suite qu’il n’y avait plus de liberté d’expression, que la demande de démocratie des gilets jaunes n’était valable que pour ceux qui étaient d’accord avec eux (le chantage sur certains ronds-points montre à quel point on peut être dans un esprit de "démocratie populaire" typique des années 1950, version soviétisée), et que le "politiquement correct" n’est pas forcément ce qu’on croit.

Aucune de ces trois phases n’est intéressante et ne fait avancer la réflexion, la phrase de François Berléand (tout le monde s’en moque, de son agacement), les gens choqués par cette phrase (prévisibles) ainsi que ceux qui se retrouvent dans l’agacement initial et choqués qu’on ne puisse pas (plus) l’exprimer sans levée de boucliers (prévisibles aussi).

Heureusement, il existe encore dans le paysage audiovisuel français des éditorialistes pertinents qui cherchent à penser sans s’occuper de leur posture (intellectuelle ou politique). C’est le cas de Geoffroy Lejeune, dynamique directeur de la rédaction de "Valeurs actuelles", qui n’était pas très tendre pour François Berléand sur LCI le lundi 11 février 2019 (le soutien à François Bayrou doit être un obstacle majeur pour apprécier l’acteur !).

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Geoffroy Lejeune a trouvé très intéressante cette petite phrase car elle résume, selon lui, complètement le mépris des "bourgeois" à ce mouvement populaire des gilets jaunes et surtout, elle exprime que ceux-ci ne veulent absolument pas chercher à comprendre pourquoi les gilets jaunes sont en colère. Ce mépris peut se ressentir quand on évoque les 10 milliards d’euros mis sur la table par Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 : au-delà de plus de pouvoir d’achat, les gilets jaunes cherchent aussi la reconnaissance, reconnaissance de leur existence (il y a des gens qui travaillent et qui n’arrivent pas à s’en sortir), reconnaissance aussi de leur expression en demandant de la démocratie directe.

Du reste, le fait de dire que cette crise a un coût économique très important n’est pas très efficace auprès des gilets jaunes qui se sentent justement rejetés du système qu’on voudrait consolider alors qu’ils voudraient le transformer voire le renverser.

Le journaliste a mis d’ailleurs en parallèle ce mépris et la condition de l’acteur, car finalement, François Berléand ne doit son aisance matérielle (son frigo doit être rempli, et pas par lui-même, a-t-il supputé) qu’à ces gens du peuple qui sont allés le voir au cinéma (5 millions d’entrées par exemple pour "Les Choristes").

Un tel mépris n’est pas très efficace : cela ne peut que renforcer rancœur, incompréhension et surtout, colère. Cela attise, cela clive, au lieu de rassembler, de prôner l’unité. Cela souffle autant sur le feu que les laudateurs du grand soir. C’était d’ailleurs la voie adoptée par le gouvernement pendant les deux premières semaines du mouvement et malheureusement, il a fallu attendre les graves violences du 1er décembre 2018 à Paris pour prendre la mesure de la colère et proposer d’autres réponses que l’incessant "garder le cap".

En ce sens, Emmanuel Macron a été très habile en proposant l’actuel grand débat national. Je pense que ce débat n’est pas réalisé dans l’intérêt national et surtout, qu’il ne répondra pas aux premières demandes des gilets jaunes. Mais incontestablement, cette attitude, bien plus humble que l’arrogance qu’on lui prête (injustement, le problème n’est d’ailleurs pas l’arrogance qu’il n’a pas ; au contraire, je pense que ce qui serait plutôt critiquable, ce serait son empathie pas suivie des faits), lui a permis de faire comprendre que le pouvoir était maintenant à l’écoute du peuple, au risque de s’autoparalyser pendant trois mois. Et la vive participation à ce débat national est un fait incontestable qui montre qu’il y avait un réel besoin d’expression.

La remontée d’Emmanuel Macron dans les sondages ne doit cependant pas aveugler : l’élément déterminant sera ce qu’il fera du grand débat, quelles conclusions il en tirera et avec quelle méthode. Il sera alors jugé sur sa sincérité, sur son sens des responsabilités, sur son habileté, ou sur son éventuelle …démagogie.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 février 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Gilets jaunes : les gros sabots de François Berléand.
Les risques d’un référendum couplé aux européennes.
Quatre idées reçues du Président Macron.
Grand débat national : un état des lieux plutôt que des opinions.
Marianne en gilet jaune sans filtre : Emmanuel Macron face aux citoyens.
L’incroyable prestation d’Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde.
Le grand n’importe quoi national selon Emmanuel Macron.
80 km/h : 116 vies humaines sauvées en 6 mois.
Vers la suppression de la limitation à 80 km/h ?
Rosa Luxemburg aurait-elle été gilet jaune ?
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Les vœux du Président Emmanuel Macron pour l’année 2019.
L’an 2019, la peur jaune et l’état d’urgence économique et sociale.
Gilets jaunes : un référendum sur l’ISF ? Chiche !
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
Allocution du Président Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
La hotte du Père MacroNoël.
Ne cassons pas nos institutions !
Vive la Cinquième République !
La réforme Macron des institutions.
Non à la représentation proportionnelle aux élections législatives !
Gilets jaunes : angoisse versus raison.
Allocution du Premier Ministre Édouard Philippe le 4 décembre 2018 à Matignon (texte intégral).
Gilets jaunes : est-ce un soulèvement ?
La Révolution en deux ans.
Discours du Président Emmanuel Macron le 27 novembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
Gilets jaunes : Emmanuel Macron explique sa transition écologique.
Christophe Castaner, à l’épreuve du feu avec les "gilets jaunes".
L’irresponsabilité majeure des "gilets jaunes".
Gilets jaunes : démocratie des urnes et grognement des rues.
Les taxes sur les carburants compenseraient-elles la baisse de la taxe d'habitation ?
Le bilan humain très lourd de la journée des "gilets jaunes" du 17 novembre 2018.
Gilets jaunes, au moins un mort et plusieurs blessés : arrêtez le massacre !
Emmanuel Macron, futur "gilet jaune" ?
Le Mouvement du 17-novembre.

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 04:51

La Cour des Comptes a publié le 1er avril 2015 un rapport thématique sur la gestion de Radio France et a publié le 6 février 2019 dans son rapport annuel 2019 le suivi de ses recommandations. Cliquer sur le lien pour télécharger le document correspondant (fichier .pdf.).

Rapport complet du 1er avril 2015 :
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/20150401-rapport-Radio-France.pdf

Rapport du 6 avril 2019 (partie Suivi des recommandations sur Radio France) :
https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-02/05-Radio-France-Tome-2.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190206-rapport-cour-comptes-radio-france.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20190209-rapports-cour-comptes-radio-france-2015-2019.html



 

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 03:15

« On ne passait que l’oral, il n’y avait pas d’écrit, à ce bac-là, cette année-là, et j’ai passé les épreuves du matin, les seules sur lesquelles je pensais pouvoir un peu me dém@rder. Et comme j’avais envie de faire autre chose que ce qui m’était éventuellement promis, à midi, j’ai quitté le collège où je passais le bac, j’ai été à Paris, et j’ai été revoir pour la cinquième fois "Les Tontons flingueurs". Je me suis dit : voilà, là, tu as fait le choix, tu as brûlé les ponts qui sont derrière, c’est fini (…), tu vas devoir essayer de faire vraiment ce métier. » (Niels Arestrup, 2 mai 2015).



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Avoir 19 ans en mai-juin 1968, c’était une aubaine, on pouvait avoir le bac assez facilement, et pourtant, Niels Arestrup ne l’a pas eu. Il a déserté les épreuves et est parti à l’aventure de sa passion : le théâtre et le cinéma. C’est ce qu’il a confié à Laurent Ruquier et Léa Salamé dans l’émission "On n’est pas couché" diffusée sur France 2 le 2 mai 2015. Niels Arestrup fête ce vendredi 8 février 2019 son 70e anniversaire (né à Montreuil).

Portant un nom de "première ligne d’une machine à écrire" (selon André Barsacq, le premier metteur en scène qui l’a embauché pour une pièce d’après Dostoïevski), fils d’un ouvrier danois passant en France pour aller travailler aux États-Unis mais qui a rencontré sa mère et est resté finalement à Bagnolet avec le fils unique, Niels Arestrup est un électron libre du théâtre et du cinéma, un monstre sacré à la grande chevelure blanche, au souffle aussi puissant que la cage thoracique de Gérard Depardieu, avec un petit air nordique propre à Horst Frank, le sadique Théo à l’accent germanophone dans "Les Tontons flingueurs".

Niels Arestrup est un peu un extraterrestre du cinéma français. Enfant timide, introverti, complexé, il a toujours eu du mal avec les copinages, les paillettes et l’autopromotion ordinaire des acteurs, et se demande même s’il referait encore ce métier de comédien aujourd’hui, car quand il avait 20 ans, le processus était d’être séduit par une pièce de théâtre et de chercher à la monter en cherchant qui pourraient incarner les personnages. Aujourd’hui, on se demande plutôt quelle pièce pourrait jouer tel ou tel comédien. Pour Niels Arestrup, cela demande un effort surhumain d’entrer en relations avec les autres, et pourtant, malgré tout cela, il a été récompensé par sa profession, avec trois Césars du meilleur second rôle masculin (en 2006, 2010 et 2014, et fut nommé six fois, dont une fois pour le César du meilleur acteur) et trois nominations pour le Molière du meilleur comédien.

Il commença sa carrière de comédien en 1973 après avoir suivi des cours d’art dramatique. Pendant longtemps, Niels Arestrup fut cantonné à des seconds rôles dans du cinéma d’auteur parfois confidentiel, et se plaisait avant tout à jouer sur les planches (au point de diriger un théâtre parisien au début des années 1990). Depuis plus de quarante-cinq ans, ses participations furent très nombreuses : environ quarante pièces de théâtre, cinquante-cinq films et trente téléfilms.

Au fil de sa carrière, Niels Arestrup a eu deux altercations avec des partenaires de théâtre ou de cinéma, l’une avec Isabelle Adjani en 1983 (il l’a giflée, peut-être un échange de gifles, au cours d’une dispute), l’autre avec Myriam Boyer en 1996 (un échange de coups), mais il a toujours rejeté la violence (« désespérément bête ») et a affirmé dans "Libération" du 10 avril 2007 : « ça fait vingt-cinq ans que ça dure, depuis "Mademoiselle Julie", avec Isabelle Adjani. Et depuis, j’ai tout essayé : m’expliquer, me taire, mais rien à faire, ça me colle à la peau. ».

Pour donner une idée du grand talent de Niels Arestrup, je propose ici quatre participations où sa prestation fut, à mon sens, vraiment excellente et exceptionnelle : deux films et deux pièces de théâtre, même si l’un des deux films est une adaptation d’une pièce dans laquelle il a également joué.


1. "Quai d’Orsay", film de Bertrand Tavernier (sorti le 6 novembre 2013)

J’avais lu et beaucoup apprécié "Quai d’Orsay", la bande dessinée très originale de Christophe Blain et Abel Lanzac, ce dernier étant le pseudonyme d’un jeune haut fonctionnaire (désormais connu) qui a été recruté au cabinet de Dominique de Villepin, alors Ministre des Affaires étrangères. J’avais adoré cette description de la vie quotidienne sans complaisance d’un cabinet ministériel, toujours survoltée, avec des trahisons, des coups bas, des blagues, des émotions, des envolées lyriques, des visiteurs du soir, etc. Un excellent livre pour comprendre les mécanismes du pouvoir. Un livre cependant incomplet puisque dans le cabinet, il manquait un personnage essentiel, celui de Bruno Le Maire.

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J’avais donc beaucoup d’appréhension lorsque j’ai appris qu’une adaptation au cinéma se préparait, avec Thierry Lhermitte pour le rôle du ministre. Très inquiet car ce premier rôle pouvait être thierry-lhermitté pour ne pas dire dynamité, mais le résultat fut une grande réussite. C’est dans des films comme celui-ci où l’on peut découvrir ou confirmer les bons acteurs : Thierry Lhermitte s’est effacé derrière son rôle, il est en tout cas fidèle au livre originel.

Dans ce film où joue aussi Julie Gayet (un rôle de la vamp, la directrice de cabinet adjointe un tantinet nymphomane), au-delà du héros (le jeune chargé de mission joué par Raphaël Personnaz), celui qui rend le film particulièrement attrayant et passionnant, fidèle au livre d’origine, c’est Niels Arestrup. Dans le rôle du directeur de cabinet un peu silencieux et calme, le contraire du ministre, qui règle tranquillement et posément les conflits les plus graves, Niels Arestrup campe un Claude Maupas qui est éclatant de vérité (avec le vrai dircab de Dominique de Villepin). Il n’a pas volé le César pour cette brillante interprétation.















2. "Diplomatie", film de Volker Schlöndorff (sorti le 5 mars 2014)

"Diplomatie" est d’abord une pièce de théâtre de Cyril Gély et mise en scène par Stéphan Meldegg qui fut créée au Théâtre de la Madeleine en janvier 2011 avec le même duo d’acteurs : Niels Arestrup et André Dussolier. Le film, sorti quelques années plus tard, est son adaptation très réussie réalisée par Volker Schlöndorff (qui va fêter ses 80 ans le 31 mars prochain). Ce réalisateur allemand est très connu pour avoir réalisé "Le Tambour" sorti le 3 mai 1979 d’après une œuvre de Günter Grass.

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Le scénario reprend en partie un contexte vrai : juste avant la libération de Paris, le gouverneur militaire allemand de Paris nommé le 7 août 1944, le général Dietrich von Choltitz (1894-1966), a reçu l’ordre de détruire complètement la ville de Paris, ce qui provoquerait également la mort de plus d’un million de personnes parmi les civils. En fait, la conversation nocturne n’aurait jamais eu lieu et l’ordre de destruction provenant de Hitler est également sujet à caution.

Le film se déroule dans la nuit du 24 au 25 août 1944, à l’hôtel Meurice à Paris, dans une rencontre entre le général allemand et Raoul Nordling (1882-1962), le consul général de Suède à Paris, qui essaie de le dissuader d’obéir à Hitler. Cette conversation, où Nordling, qui a fait une crise cardiaque quelques jours auparavant, tente tout type d’arguments, fait ainsi l’objet de ce film, avec Niels Arestrup pour Choltitz et André Dussolier pour Nordling.









3. "Le Souper", pièce de Jean-Claude Brisville (2015)

Écrite par Jean-Claude Brisville en 1989, "Le Souper" fut créé le 20 septembre 1989 au Théâtre Montparnasse à Paris avec une mise en scène de Jean-Pierre Miquel et avec Claude Rich et Claude Brasseur pour les deux principaux rôles (une adaptation cinématographique réalisée par Édouard Molinaro avec les mêmes acteurs est sortie le 23 décembre 1992). Elle fut reprise le 6 février 2015 au Théâtre de la Madeleine à Paris avec une mise en scène de Daniel Benoin et avec Niels Arestrup et Patrick Chesnais dans les deux principaux rôles.

Il s’agit d’une conversation fictive la nuit du 6 au 7 juillet 1815 à l’hôtel de Saint-Florentin à Paris, chez Talleyrand (1754-1838), ancien Président du gouvernement provisoire (du 3 au 14 avril 1814) et ancien Ministre des Affaires étrangères de Napoléon (qui vient d’abdiquer dans une capitale occupée), qui a invité Joseph Fouché (1759-1820), ancien Ministre de la Police de Napoléon et actuel Président du gouvernement provisoire (du 22 juin 1815 au 7 juillet 1815), pour parler de l’avenir de la France. Talleyrand est favorable à la restauration de la monarchie et au retour des Bourbons (Louis XVIII) tandis que Fouché préférerait le retour de la république. Finalement, Talleyrand redeviendra Ministre des Affaires étrangères avec le titre de Président du Conseil des ministres français (le premier de toute l’histoire de France) du 9 juillet 1815 au 26 septembre 1815, et Fouché Ministre de la Police pendant la même période, lors du début de la Restauration, sous Louis XVIII.









4. "Acting", pièce de Xavier Durringer (2016)

Mise en scène par Xavier Durringer qui en est également l’auteur (publiée en 2012 aux Éditions Théâtrales), la pièce "Acting" fut jouée en 2013, au Théâtre en Miettes à Bordeaux, dans le cadre du Festival de la Théâtrerie avant d’être reprise par lui-même pour le Théâtre des Bouffes-Parisiens à Paris en 2016-2017.

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L’histoire se déroule dans une prison où Niels Arestrup joue le détenu vétéran, ancien comédien. Kad Merah, nouveau détenu dans la même chambrée, assez maladroit, lui demande de lui donner des cours de comédie. La pièce est donc un long dialogue entre les deux détenus, avec, parfois, l’intrusion de deux autres personnages, un troisième détenu, muet, et le geôlier.






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 février 2019)
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Pour aller plus loin :
Niels Arestrup.
"Acting".
"Quai d’Orsay".
Michel Legrand.
Gérard Depardieu.
Maria Pacôme.
Ennio Morricone.
Francis Lai.
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190208-niels-arestrup.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-soucoupe-volante-de-niels-212450

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27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 15:12

Né le 14 novembre 1933 à Bucarest, Henri Chapier a fait des études pour être interprète (il parlait sept langues) et des études littéraires à la Sorbonne. Tout en étant professeur de français au lycée de Suresnes puis au lycée Arago à Paris de 1957 à 1959, il a commencé sa carrière de journaliste en collaborant dans plusieurs magazines. Il est devenu critique de cinéma à partir de 1958 dans "Arts" avec François Truffaut et Dominique Jamet, puis à "L'Express" et à "Combat" (rédacteur en chef culture et critique de cinéma jusqu'en 1974). En 1968, il a milité pour la réintégration d'Henri Langlois à la tête de la Cinémathèque française. En 1974, il fut nommé par Philippe Tesson rédacteur en chef culture du "Quotidien" qu'il venait de créer, où il assura une chronique cinéma. Il fut nommé sur FR3 en 1978 où il a assuré les chroniques du cinéma de minuit, avec sa voix lente qui était très reconnaissable, puis, entre 1987 et 1994, toujours sur France 3, il a produit et présenté l'émission célèbre "Le Divan" dans laquelle il a interviewé plus de trois cents invités couchés sur un divan, à la mode psychanalytique. Il fut ensuite désigné président de la Maison européenne de la photographie à partir de 1996 et jusqu'en décembre 2017. Henri Chapier a par ailleurs réalisé quatre films : "Un été américain" en 1968, "Sex Power" en 1970, qui fut primé par la Coquille d'argent au Festival de San Sebastian dont le président du jury fut Fritz Lang, "Salut Jérusalem" en 1972, qui fut sélectionné à la Mostra de Venise", et "Amore" en 1974.

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20190127-henri-chapier.html

 

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2 janvier 2019 3 02 /01 /janvier /2019 02:39

« Je voudrais une minute de silence en pensant à une femme, une actrice que j’aime beaucoup, dont je ne peux pas parler à l’imparfait, qui est Bernadette Lafont, qui est partie il y a quelques semaines assez brutalement et dont on n’a pas beaucoup parlé finalement. (…) Voilà, je pense souvent à elle depuis qu’elle est partie cet été. » (Catherine Deneuve, le 15 septembre 2013 sur France Inter).


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Symbole d’une jeunesse atypique, en dehors des canons classiques (oserais-je dire blondiques ?) de la beauté, mais aussi d’un tempérament en acier trempé, d’une spontanéité qui en fait sa vitalité, l’actrice Bernadette Lafont aurait eu déjà 80 ans le 28 octobre 2018… mais elle est partie il y a cinq ans, le 25 juillet 2013 à Nîmes, dans une relative discrétion, celle de l’été, celle de la pudeur. Deux crises cardiaques, le 28 juin 2013 dans les Cévennes, puis le 22 juillet 2013 à Grau-du-Roi où elle se faisait soigner. Un départ brutal, à presque 75 ans, presque aussi brutal que son irruption dans le monde du cinéma : « Pétillante, rigolote, avec un zeste d’insolence, mais jamais vulgaire, pleine de spontanéité, de charme et d’une beauté qu’elle a gardé jusqu’au bout du chemin de sa vie. » selon les mots de l’actrice qui lui avait donné l’envie d’être actrice, Brigitte Bardot le 26 juillet 2013.

Née à Nîmes dans une famille protestante, Bernadette Lafont commença par apprendre la danse à l’opéra de Nîmes quand elle était adolescente. À 16 ans, elle rencontra l’acteur Gérard Blain (1930-2000), au physique de James Dean, qui faisait une répétition d’une pièce à Nîmes. Un an plus tard, les voilà mariés (Gérard Blain était encore marié à une autre femme lors de la première rencontre).

À Paris, François Truffaut (1932-1984), jeune réalisateur, proposa au couple de jouer dans son premier film. François Truffaut avait peu de moyens. Ce fut le court-métrage "Les Mistons" de moins d’une vingtaine de minutes qui montra son potentiel (sorti le 6 novembre 1958). François Truffaut fit de Bernadette Lafont l’actrice principale de son film "Une belle fille comme moi" (sorti le 13 septembre 1972).





Ainsi révélée, la carrière cinématographique de Bernadette Lafont fut "lancée" et ne s’est arrêtée qu’il y a cinq ans. Elle fut l’une des égéries de la Nouvelle Vague de la fin des années 1950 et des années 1960. Elle joua dans plusieurs films de Claude Chabrol (1930-2010), dans les premiers rôles, comme "Le Beau Serge" (sorti le 6 juin 1958) et "Les Bonnes Femmes" (sorti le 22 avril 1960).





Elle apporta avec son jeu d’actrice de la fraîcheur, une image moderne de la femme, une indépendance d’esprit, un sacré caractère, un certain naturel, un parler populaire et une beauté au regard plongeant au fond des yeux.

Dans "La Fiancée du pirate", réalisé par Nelly Kaplan, sorti le 3 décembre 1969, Bernadette Lafont a le premier rôle : « En fille insoumise, en vamp pétroleuse, en Antigone de la bouse de vache, elle est du tonnerre de Belzébuth. Quel œil ! ça pétille jusque dans les coins, et quel sourire ! Réservoir des sens et championne du mauvais esprit, elle ravage tous les plans. » selon Jean-Louis Bory dans "Le Nouvel Observateur" du 8 décembre 1969.

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Dans "La Maman et la Put@in", réalisé par Jean Eustache (1938-1981), sorti le 17 mai 1973, l’un des chefs-d’œuvre du cinéma français, d’une très longue durée (trois heures quarante !), Bernadette Lafont joue la femme qui entretient le bel Alexandre, intello sans le sou, joué par Jean-Pierre Léaud, qui butine aussi chez une autre, formant un scandaleux trio juste après mai 1968.

À l’occasion d’un hommage à Jean Eustache par la Cinémathèque française, Éric Neuhoff a expliqué ce film épris de Bernanos, dans sa chronique au "Figaro" le 2 mai 2017 : « Cette longue romance d’un jeune homme pauvre, cette musique de chambre en noir et blanc est une œuvre à part, un grand film ténébreux, bavard, alcoolisé. Le temps y passe à une vitesse qui ne ressemble à aucune autre. L’oisiveté y est célébrée à coups de rencontres, de Jack Daniels, de scènes de ménage, d’anecdotes dérisoires. ».

Le réalisateur Olivier Assayas a considéré ce film ainsi : « Eustache a dans ce film résumé et accompli une idée qui était celle de la Nouvelle Vague. Il a fait le film qui avait été théorisé par la Nouvelle Vague. (…) Eustache a très peu tourné. "La Maman et la Put@in" est le film de quelqu’un qui, dans un seul film, avait besoin de tout mettre : son rapport a monde, au cinéma. (…) C’est criant de justesse, de vérité, et ce film acquiert une espèce d’éternité. » (2001).

Les ayants droit ont accepté sa diffusion sur Internet, ce qui permet de le voir dans son intégralité ici.





En tout, Bernadette Lafont a joué dans environ 150 films au cinéma, certains au titre amusant, souvent dans les années 1970, comme "Les Gants blancs du Diable" de Laszlo Szabo (1973), "Je, tu, elles" de Peter Foldès (1973), "Une baleine qui avait mal aux dents" de Jacques Bral (1975), "L’Ordinateur des pompes funèbres" de Gérard Pirès (1976) avec Jean-Louis Trintignant, "Le Trouble-fesses" de Raoul Foulon (1976), "Chaussette surprise" de Jean-François Davy (1978), "La Frisée aux lardons" d’Alain Jaspard (1979) ou "Cap Canaille" de Juliet Berto et Jean-Henri Roger (1983).

Un autre film avec un titre fantaisiste, "Nous maigrirons ensemble", de Michel Vocoret (sorti le 15 août 1979), est surtout centré sur le personnage joué par Peter Ustinov.





Je cite aussi l’excellent film "La Gueule de l’autre" de Pierre Tchernia (sorti le 12 décembre 1979), surtout basé sur Michel Serrault et Jean Poiret, où Bernadette Lafont joue la femme d’un acteur médiocre qui retrouve de l’importance en remplaçant son cousin ministre qui lui ressemble.

Le film qui lui a valu la reconnaissance de la profession fut "L’Effrontée" réalisé par Claude Miller (sorti le 11 décembre 1985), avec un César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1986. Elle fait office de "nounou" d’une ado qui manque de confiance en elle, jouée par l’éblouissante Charlotte Gainsbourg.





Bernadette Lafont a également reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2003. Ses derniers films furent "Paulette" de Jérôme Enrico (sorti le 16 janvier 2013) et "Attila Marcel" de Sylvain Chomet (sorti le 30 octobre 2013, après la mort de l’actrice). Dans "Paulette", elle a le premier rôle, celle d’une vieille veuve aigrie et rouspéteuse habitant dans un quartier chaud.





Bernadette Lafont a également joué dans environ 70 téléfilms. La dernière production pour la télévision fut un court-métrage, "L’habit ne fait pas le moine" de Sandrine Veysset, avec Jeanne Moreau, Guy Bedos et Charles Aznavour, dans l’épisode 4 de la série "Le tourbillon de Jeanne", qui fut diffusé le 6 novembre 2013 sur Canal+.

En outre, elle a joué dans une vingtaine de pièces de théâtre (de 1963 à 2013), dans des œuvres notamment de Tourgueniev, Copi, Sacha Guitry, Christine Albanel, Alphonse Daudet, Laurent Ruquier, Proust, Pagnol, et aussi dans "Les Monologues du vagin" d’Eve Ensler. Sa dernière scène fut en 2013, dans l’opérette "Ciboulette" (texte de Reynaldo Hahn, mise en scène de Michel Fau) à l’Opéra-Comique

L’une des raisons de sa "boulimie" au cinéma, au théâtre et à la télévision, ce fut le chagrin infini. En effet, elle a perdu sa fille Pauline Lafont (1963-1988), également actrice, en 1988 dans un accident de randonnée dans les Cévennes, disparue pendant trois mois avant d’être retrouvée.

Son deuxième mari qui fut le père de ses trois enfants, dont Pauline, le sculpteur hongrois Diourka Medveczky (1930-2018), est mort il y a quelques mois, le 27 septembre 2018 (dans l’indifférence la plus totale) deux ans après un séjour de plus d’un an sur la paradisiaque Île aux Nattes à Madagascar. Il avait réalisé et achevé le 25 octobre 1969 son unique long-métrage, "Paul", avec Bernadette Lafont et Jean-Pierre Léaud, film qui n’est sorti qu’en DVD le 6 novembre 2012. Ce film était considéré par la critique comme « l’un des plus importants tournants en France » mais qui n’a pas eu de lendemain. Sa femme a toujours su le protéger de ses propres ennuis…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 octobre 2018)
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Pour aller plus loin :
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

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https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/bernadette-lafont-une-femme-libre-208992

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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 04:19

« Il vaut mieux faire des c@nneries que s’économiser. » ("L’Humanité" du 21 août 1999).



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Il est un peu avec le cinéma et le théâtre comme Picasso avec la peinture et la sculpture. Il peut tout, il fait tout, il est là où on ne l’attend pas, il surprend, il conquiert tout, les terrains, les esprits. C’est un monstre sacré, un monument national. Et une personnalité phénoménale, un vrai caractère, un rude carré dans un corps rond après avoir été un fin haricot. Gérard Depardieu, car il s’agit de lui, de cet acteur symbole du cinéma français, fête son 70e anniversaire ce jeudi 27 décembre 2018.

Le 25 mai 2015, il se considérait déjà "accompli" : « Je ne crois en rien. Surtout pas en moi. Parfois, le soir, je voudrais m’endormir pour l’éternité (…). J’ai tout vécu. Cela, il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent le dire, je peux mourir à présent. Qui peut avoir le culot de dire cela ? » ("Vanity Fair"). Quand il chante Barbara, il ne fait que cela, il le fait excellemment bien, avec la surprise de cet homme costaud capable d’imiter à sa manière une femme fragile. Il le dit régulièrement : il n’est pas un intello, il n’aime pas apprendre son texte, il a une oreillette et ne s’en cache pas. Son job, c’est l’interprétation, pas la création.

Avec plus de 200 films à son actif, il est sur tous les fronts, l’ouvrier et le patron, le gentil et le méchant, le pauvre type et l’homme qui doute, le manipulateur et l’amoureux transi, etc., sans compter les grands rôles biographiques (Danton, Christophe Colomb, Balzac, Rodin, Staline, Vatel, Raspoutine, D’Artagnan, etc.) ou d’autres plus anecdotiques mais triomphants comme Obélix. L’un des acteurs français qui a fait le plus d’entrées au cinéma, environ 220 millions, quatre fois la population française, juste derrière Louis de Funès avec plus de 270 millions. 61 films où il a joué ont fait plus du million d’entrées. À ce stade (plus que de football), ce n’est plus un triomphe, c’est une hégémonie.

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Il a joué avec tous les grands acteurs et actrices français de notre temps depuis le début des années 1970, fut dirigé par tous les grands réalisateurs français. Depardieu, on l’aime ou l’on ne l’aime pas mais en fait, on l’aime, car on aime au moins un des films qu’il a joué. Il y en a bien un qui soit du goût de chacun. Il faut donc le comprendre : il peut tout se permettre, tout dire, il se moque des conséquences. Il est tout puissant. Probablement l’un des plus grands seigneurs de la guerre. Plus grand que Carlos Ghosn qui, lui, n’est pas à l’abri de la justice d’un pays. Depardieu non plus n’est pas à l’abri de la justice, mais il y a de la marge entre une dénonciation/instruction et une condamnation.

Celui qui a épaté la galerie, aux côtés de Miou-Miou, Jeanne Moreau, Brigitte Fossey et Patrick Dewaere, avec le fameux film "Les Valseuses" réalisé par Bertrand Blier (sorti le 20 mars 1974) qui l’a fait décoller, il a multiplié les reconnaissances et les trophées, dont deux Césars (1981, 1991), une prix au Festival de Cannes (1990), deux prix à la Mostra de Venise dont un Lion d’Or (1985, 1997), etc. Cet acteur de théâtre s’était déjà fait remarquer auparavant dans d’autres films avec des rôles moins essentiels comme dans "Le Viager" réalisé par Pierre Tchernia (sorti le 2 février 1972), avec Michel Serrault et Michel Galabru, dans le rôle du voyou apprenti, et "Stavisky" réalisé par Alain Resnais (sorti le 15 mai 1974), avec Jean-Paul Belmondo, dans le rôle de l’inventeur du matriscope.

Père mal à l’aise de deux acteurs (Guillaume et Julie), il a joué dans des films très intéressants, j’en cite quelques-uns mais sans du tout prétendre à l’exhaustivité : "Sept morts sur ordonnance" réalisé par Jacques Rouffio (sorti le 3 décembre 1975), le chirurgien funeste, avec Michel Piccoli, Jane Birkin, Michel Auclair et Charles Vanel ; "Le Sucre" réalisé par Jacques Rouffio (sorti 3 avril 1978), le trader qui gruge Jean Carmet ; "Buffet froid" réalisé par Bertrand Blier (sorti le 19 décembre 1979), avec Bernard Blier, Jean Carmet et Michel Serrault ; "Mon oncle d’Amérique" réalisé par Alain Resnais (sorti le 21 mai 1980), avec Roger Pierre et Nicolas Garcia ; "Inspecteur la Bavure" réalisé par Claude Zidi (sorti le 3 décembre 1980), tuteur de Coluche dans la police ; "Le Dernier Métro", chef-d’œuvre de François Truffaut (sorti le 17 septembre 1980), sous l’Occupation, avec l’incontournable Catherine Deneuve et Jean Poiret ; "La Chèvre" réalisé par Francis Veber (sorti le 9 décembre 1981), duo mémorable avec Pierre Richard qu’il a récidivé avec le même réalisateur dans "Les Compères" (sorti le 23 novembre 1983) et "Les Fugitifs" (sorti le 17 décembre 1986) ; "La Femme d’à côté" réalisé par François Truffaut (sorti le 30 septembre 1981), terrible mari trompeur avec la troublante Fanny Ardant ; "Sous le soleil de Satan" réalisé par Maurice Pialat (sorti le 2 septembre 1987), avec l’irrésistible Sandrine Bonnaire ; "Germinal" réalisé par Claude Berri (sorti le 29 septembre 1993), avec Miou-Miou, Renaud et Jean Carmet ; "Le Placard" réalisé par Francis Veber (sorti le 17 janvier 2001), le DRH métamorphosé avec Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte, Michèle Laroque, Michel Aumont, Jean Rochefort et Laurent Gamelon ; "Bouquet final" rélaisé par Micgel Delgado (sorti le 2008), avec Didier Bourdon, Bérénice Bejo et Marthe Keller ; enfin, "La Tête en friche" réalisé par Jean Becker (sorti le 2 juin 2010), avec l’adorable Gisèle Casadesus, etc.

Il n’arrête jamais ! Cinq films où il a joué sont sortis en 2018, un sixième va sortir en 2019. Parmi les acteurs français les mieux rémunérés chaque année, il avait investi une partie de son argent en 1985 dans la production du premier disque de Patricia Kaas qui n’a pas eu le succès escompté. Il demanda pour se dédommager des droits sur les cinq disques suivants, et là, bingo ! dès 1987, la carrière de la chanteuse lorraine a décollé avec "Mademoiselle chante le blues".

Gérard Depardieu n’est pas riche juste pour être riche. Au-delà de son travail très prenant de comédien, il aime entreprendre et investir, le vignoble (on aime le vin ou l’on ne l’aime pas), et même, l’exploration pétrolière à Cuba, grâce à un pote… et Fidel Castro.

La transformation physique de Gérard Depardieu est sans doute en rapport avec son caractère : « Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l’hypertension, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scooter, je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répéter. » ("Journal du dimanche" du 15 décembre 2012). Il a eu beaucoup d’accident de scooter. Lorsqu’il habitait rue du Cherche-Midi, cela pouvait arriver qu’il tabassât le véhicule garé sur "sa" place de scooter. En fait, il n’avait aucune place attitrée mais la considérait comme sienne. Esprit pourtant authentique, sans intermédiaire, comme aller faire ses courses lui-même.

La religion est dans sa rechercher personnelle : après avoir été pendant deux ans un musulman converti à la fin des années 1960, Gérard Depardieu s’est tourné vers saint Augustin dont il a proposé la lecture des "Confessions" à Notre-Dame de Paris (le 11 février 2003), après avoir rencontré le pape Jean-Paul II en août 2000 à Rome : « Saint Augustin nous parle vraiment. Je puise dans ces lectures une force pour tenir debout et une joie, un espoir… Quelque chose qui est plus fort que le savoir. C’est comme le passage de l’adolescence à l’âge adulte, de l’adulte à la lumière, de la lumière à la vérité, de la vérité à l’absolu. » ("Le Parisien" du 6 février 2003).

La politique, il la voit comme beaucoup de non-alignés, sans antennes : « La politique ne m’intéresse pas. Ce n’est qu’une basse-cour avec des poules et des coqs qui se chient dessus. » ("Journal du dimanche du 19 avril 2010).

Soutien de François Mitterrand en 1988 et de Nicolas Sarkozy en 2007 et en 2012, Gérard Depardieu n’a pas, semble-t-il, de lourdes convictions politiques si ce ne sont les amitiés qu’il peut voir se nouer au cours de son existence et qui l’ont fait apprécier autant Fidel Castro que Ramzan Kadyrov (le Président pro-russe de la Tchétchénie), ou encore celui d’Ouzbékistan, Islom Karimov, et surtout, le Président russe Vladimir Poutine qui lui a offert la nationalité russe sur un plateau d’argent le soir du 5 janvier 2013 à Sotchi. Il aime tellement la Russie qu’il a tourné dans beaucoup de publicités pour la télévision russe.

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Auparavant, cerné par le fisc français, il s’est expatrié en Belgique, à la frontière franco-belge à la fin de l’année 2012, dégoûté par la taxe de 75% finalement invalidée par le Conseil Constitution. Cette désertion a provoqué une polémique nationale, alimentée par un échange musclé contre le Premier Ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault qui la qualifiait de "minable", n’hésitant pas, plus tard, en avril 2014, à traiter François Hollande de « petit bolchevik de l’Élysée » et en décembre 2014, il disait ne pas vouloir « crever comme un c@n dans la France de maintenant », n’hésitant pas à cracher contre les Français « qui n’ont plus rien à faire de la France », généralisant un peu vite sur leur patriotisme.

D’ailleurs, est-ce une angoisse nouvelle ? La citoyenneté française qu’il rejette, la citoyenneté belge à base fiscale, aussi la citoyenneté algérienne (il a annoncé le 19 février 2018 qu’il achèterait une habitation en Algérie), et la citoyenneté russe ne lui suffisent plus. Gérard Depardieu a un nouvel objectif, la citoyenneté turque. Le 16 septembre 2018, il a déclaré ainsi vouloir rencontrer le Président turc Recep Tayyip Erdogan en octobre 2018 pour obtenir un passeport turc, selon un journaliste du journal turc Aydinlik lors d’une rencontre avec l’acteur à …Pyongyang où Gérard Depardieu était présent à la tribune officielle pour assister aux cérémonies du 70e anniversaire de la République nord-coréenne, le 9 septembre 2018. Le 16 juin 2013, l’acteur avait déclaré au "Journal du dimanche" : « J’ai sept passeports de plusieurs pays que j’aime. Enfin, j’aimerais en avoir sept. (…) Ca m’éviterait de demander des visas car je me considère, je vous le redit, comme un homme libre. ». En l’occurrence, Depardieu n’a pas encore rencontré Erdogan à ce jour. Entre désir et réalité.

Mais le plus surréaliste, dans cette drôle de diplomatie, c’est probablement lors de sa visite en Russie il y a presque six ans. Vladimir Volkov, Président de la République de Mordovie, l’équivalent de gouverneur de région, a accordé à l’acteur des Valseuses une domiciliation en Mordovie (dans la capitale, à Saransk, au sud de Nijniy Novgorod, où il fut accueilli le 6 janvier 2013 avec ferveur) et surtout, lui a même proposé d’être son nouveau Ministre de la Culture.

La Mordovie fait partie de la Fédération de Russie. Elle est célèbre pour avoir "accueilli" les premiers goulags. 40 000 prêtres y furent fusillés dans les années 1930. Encore 15 000 personnes y étaient internées en 2013. Une jeune femme du groupe Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova, y fut incarcérée de mars 2012 à décembre 2013 pour avoir été insolente avec Vladimir Poutine dans la nouvelle cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou le 21 février 2012.

Gérard Depardieu, qui voulait célébrer le Noël orthodoxe le 7 janvier 2013 à Saransk, a déclaré : « Je suis content, c’est très beau ici. », ajoutant : « Je suis un citoyen du monde et j’ai la chance d’avoir un passeport russe, et je pense que beaucoup de gens aiment la Russie. Ceux qui disent du mal du Président Poutine ne sont jamais sortis de chez eux, ils sont restés en arrière depuis très longtemps. ».

Quant à la Culture en Mordovie, Gérard Depardieu a remercié l’offre de Vladimir Volkov en la refusant poliment et en lui répondant qu’il était le Ministre de la Culture du monde entier ! Qui a dit qu’Alain Delon était solitaire dans la mégalomanie du moi ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 décembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Gérard Depardieu.
Un sex symbol pourtant bien français.
Barbara chantée par Depardieu.
La belgitude de Gérard Depardieu.
Un sex symbol pourtant bien français.
Maria Pacôme.
Ennio Morricone.
Francis Lai.
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181227-gerard-depardieu.html

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/gerard-depardieu-monsieur-le-211009

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/12/16/36945557.html




 

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 00:11

« Nous pouvons nous passer de journalistes, de médecins, de professeurs, de fonctionnaires, de cadres et d’ingénieurs, pas de créateurs d’entreprise. Aussi longtemps que la France misera sur l’économie de marché, elle devra tout faire pour favoriser les candidats à la fortune capitaliste. Et tant mieux s’ils ramassent de gros dividendes. Il faut que l’audace paie. » ("Toujours plus", Grasset, 1982).



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Selon le sociologue Pierre Bitoun dans "Le Monde diplomatique" de mars 2002, cette « phrase d‘anthologie, mélange de stupidité et de cynisme » (citée plus haut) avait avant tout pour but de déranger, de provoquer, d’appeler à la réflexion.

Le journaliste et surtout essayiste François de Closets fête le jour de Noël, le 25 décembre 2018, son 85e anniversaire. C’est l’occasion d’évoquer cette personnalité des médias, très indépendante, aux yeux de passioné et à la voix très reconnaissable, qui fait encore quelques apparitions sur certaines chaînes de télévision.

François de Closets doit sa notoriété à sa présence très tôt à la télévision. D’une enfance assez modeste (famille nombreuse vivant surtout des allocations familiales) et diplômé de l’IEP de Paris, il a commencé sa carrière de journaliste en 1961.

Ne connaissant rien sur rien, il est devenu progressivement expert de tout sur tout. Très curieux de nature, il a la passion de comprendre même des disciplines pour lesquelles il n’était pas formé. En ce sens, il a conçu son métier de journaliste comme un passeur. Passeur de connaissances. Ainsi, après un passage à l’AFP, on lui proposa d’être journaliste scientifique alors qu’il ne connaissait rien à la science. Pendant toute sa carrière, il a collaboré en parallèle dans la presse écrite et à la télévision (à partir de 1965) : "Science et Avenir", "L’Express", "Le Nouvel Observateur", "L’Événement du Jeudi", etc.

Ses champs d’investigation et de transmission ont évolué de la science vers l’économie, les sujets de société, puis la santé. Comme tout journaliste de télévision, il est devenu très rapidement connu. Son émission économique sur TF1 avec Emmanuel de La Taille, titrée "L’Enjeu", diffusée de 1978 à 1988, a connu un très grand succès parce que c’était le premier grand magazine d’économie pour le grand public et qu’il y avait un grand besoin de s’informer sur ce sujet. Il a produit aussi l’émission "Médiations" en 1987, toujours sur TF1, consacrée aux sujets de société, puis, de 1992 à 2000, sur France 2, l’émission "Savoir plus santé" et enfin, de 2000 à 2006, "Grandes énigmes de la science" sur la même chaîne.

C’est à cause de mai 1968 qu’il a aussi agrémenté sa vie professionnelle de l’écriture de nombreux livres (vingt-cinq à ce jour). Limogé de la télévision, il s’est tourné donc vers lui-même pour rédiger ses premiers livres qui ont pour sujet la conquête spatiale (trente-cinq ans plus tard, en 2004, il a publié aussi une biographie du physicien Albert Einstein : "Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire" au Seuil). Sa disgrâce médiatique ne dura cependant pas très longtemps grâce à Pierre Desgraupes qui l’a rappelé en 1970. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre son travail d’écriture. Sa fille Sophie de Closets, normalienne et agrégée d’histoire, est d’ailleurs, depuis le 1er janvier 2014, la présidente-directrice générale de sa maison d’édition, Fayard.

Infatigable travailleur, il rencontra son premier succès éditorial (200 000 exemplaires vendus) avec "Le Bonheur en plus" (éd. Denoël), publié en 1974, après le premier choc pétrolier et donc, à la fin des Trente Glorieuses. Il y a exprimé ses doutes sur le progrès technique. Appréciant beaucoup la prospective (de quoi sera fait demain ?), il a pronostiqué la fin des vols habités sur la Lune dès 1969 et pour la saison 1977-1978, il collabora sur l’antenne de France Inter avec son émission "Les Scénarios du futur", basée sur des nouvelles d’anticipation qu’il a rassemblées dans deux livres par la suite.

Son deuxième succès éditorial n’était plus un succès mais un triomphe : plus d’un million et demi d’exemplaires ont été vendus de son fameux "Toujours plus" qui est sorti en mai 1982 chez Grasset. Il faut se rappeler que c’était le premier anniversaire de l’élection de François Mitterrand. Ce livre fut un véritable phénomène de société, d’ailleurs pas immédiatement perceptible par les (autres) journalistes. La presse et les médias en général ont peu parlé de ce livre quand il est sorti mais les ventes ont tellement progressé à la fin de l’été 1982 que ce succès est devenu lui-même un événement marquant.

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De quoi s’agissait-il ? François de Closets a pointé du doigt tous les privilèges qui existaient dans la société française. Et loin de parler seulement d’une certaine classe de nantis, d’une élite bourgeoise, il a aussi braqué son étude sur des professions parfois modestes mais néanmoins privilégiée. Du coup, tout le monde en a pris pour son grade. À travers cet exposé, l’essayiste dénonçait tous les corporatismes. Plus un groupe de pression a une capacité de nuire, plus il peut s’octroyer des avantages.

Évidemment, avec plus de trente-cinq ans de recul, on peut imaginer qu’il n’y a pas eu beaucoup de changement. La grève des cheminots de la SNCF pourrait en être un dernier avatar. Et l’on pourrait presque dire que la crise des gilets jaunes est justement une révolte contre ces privilèges et les inégalités qu’ils engendrent. Toujours est-il que son livre a marqué la société française du début des années 1980.

Politiquement, on aurait pu croire qu’il avait ses préférences à droite avec l’économie de marché, mais le succès éditorial a fait curieusement opérer des mouvements de récupération du livre à gauche, et en premier lieu, par François Mitterrand lui-même qui a parlé en octobre 1982 d’un "ouvrage salutaire" !

François de Closets, qui n’a jamais exprimé de préférences politiques (à ma connaissance), voulait la réussite du gouvernement socialo-communiste comme la réussite du précédent gouvernement, parce qu’il voulait la réussite de la France. En disant cela, il ne se mouillait pas beaucoup mais il avait raison de garder son indépendance politique. En quelques sortes, il pourrait être aujourd’hui considéré comme un porte-parole avant l’heure des gilets jaunes, sans attache politique et avec cependant des messages politiques ou économiques très forts.

Ce n’est que huit mois après la sortie de ce livre que son ancienne patronne, Françoise Giroud, lui a consacré sa chronique littéraire dans le "Paris-Match" n°1755 du 14 janvier 1983 : « François de Closets cherche à comprendre. C’est sa marotte, comprendre. Ensuite, il explique, c’est son métier. ». Elle expliquait son passage au vedettariat : « Avec son cortège de courriers, de sollicitations, de malentendus, d’hyperboles aussi. Rude épreuve où plus d’un s’est détérioré, aucun organe n’étant plus prédisposé à l’enflure que la tête. Mais je l’observe, assis chez moi, un dimanche : il ne donne pour l’heure aucun signe de dilatation du moi. Il sait qu’il est bon dans ce qu’il fait, il ne va pas minauder. Mais il sait aussi que, à ce degré de succès, ce n’est pas la qualité d’un livre qui est en cause, c’est son adéquation à une demande inconsciente du public. ». Du "voyeurisme social", a-t-il diagnostiqué !

Françoise Giroud l’a bien cerné en parlant de son indépendance d’esprit : « Dans la jungle de la société, il chasse et survit seul, n’appartient à aucun clan. Ces derniers temps, on le considère comme s’il avait gagné au loto et, pour un peu, on lui demanderait son truc. Travaillez, prenez de la peine, ce sont les lecteurs qui manquent le moins. Certes, s’il suffisait de travailler pour avoir la capacité et l’intuition d’écrire "Toujours plus" au juste moment (…), cela se saurait. Mais si l’on pouvait y parvenir sans travailler, cela se saurait aussi. (…) Le difficile, et le rare, c’est de penser librement. ».

Selon les mots de Françoise Giroud, "Toujours plus" est une « analyse (…) de notre système social, juxtaposition de corporatismes, réseau de privilèges qui ne rétribuent ni une capacité, ni une productivité, ni une utilité particulières, mais la puissance de groupes de pression ».

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Après "Toujours plus", François de Closets a poursuivi son étude dans les tréfonds de la société française avec d’autres livres qui ont aussi reçu un bon accueil du grand public, en particulier : "Tous Ensemble. Pour en finir avec la syndicratie" (éd. Seuil), sorti en 1985, où il a dénoncé le monopole des syndicats dans le système social, "La Grande Manip" (éd. Seuil), sorti en 1990, pamphlet contre la classe politique, "Tant et Plus" (éd. Grasset/Le Seul), sorti en 1992, où il a fustigé le gaspillage de l’argent des contribuables, "L’imposture informatique" (chez Fayard), sorti en 2000, où il a critiqué la situation de monopole de Microsoft, "Le Divorce français" (éd. Fayard), sorti en 2008, où il a décrit le fossé grandissant entre les élites et le peuple.

En 2006, François de Closets a sorti chez Fayard/Plon un nouveau best-seller, "Plus Encore !" qui est une suite de "Toujours Plus !" sous-titré : "Comment se gaspille notre argent", et qui a été vendu à plus de 150 000 exemplaires. Ambiance : « Désormais, l’argent du contribuable est engagé sur les objectifs les plus variés. Qu’il s’agisse de favoriser le tourisme ou de protéger le patrimoine, de créer des emplois ou d’éviter des licenciements, d’insérer les immigrés ou de soutenir la création théâtrale, il est toujours légitime d’ouvrir une ligne budgétaire, de dégager un crédit. Cet étatisme envahissant a fini par provoquer une prévisible réaction. La dépense publique, après avoir été célébrée, se trouve vouée aux gémonies, superbe controverse doctrinale entre socialistes et libéraux. ».

Je termine par un extrait de son dernier livre "Ils ont écrit ton nom, liberté" (éd. Fayard), sorti en 2016, où il a rappelé une évidence qui n’est pourtant pas assez énoncée, à propos de la société grecque de l’époque antique, trop souvent idéalisée pour son système démocratique : « Cette société qui laissait le champ libre à l’esprit était-elle autant exemplaire par rapport à nos critères ? À l’époque, certainement ; avec deux millénaires de recul, certainement pas. Car la liberté ne concerne guère que quarante mille citoyens pour une population athénienne qui devait compter deux cent mille personnes. À côté, ou, plutôt, en dessous des citoyens grouillent des individus sans droits, esclaves ou métèques, c’est-à-dire des étrangers vivants à Athènes. Ne citons que pour mémoire les femmes qui n’avaient, cela va de soi, pas droit à la citoyenneté. Qui donc, à cette époque, se souciait de la condition féminine ? ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 décembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Françoise Giroud.
François de Closets.
Pierre Desgraupes.
Sibyle Veil.
René Rémond.
Philippe Gildas.
Pierre Bellemare.
Jacques Antoine.
Bernard Pivot.
Michel Polac.
Alain Decaux.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181225-francois-de-closets.html

https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/francois-de-closets-le-curieux-210886

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/12/16/36945546.html



 

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