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26 décembre 2024 4 26 /12 /décembre /2024 03:19

« Des catastrophes "arrivent". Puis, elles "sont arrivées". Et on passe à autre chose. » (Hubert Reeves).



 


Noël 2024 est très durement affecté à Mayotte à cause du désastre provoqué par le cyclone Chido. Nous souhaitons que l'île se reconstruira et que les habitants s'en remettront le plus vite possible (en sachant qu'il est dommages irréparables, humains et psychologiques), en espérant que cela donne l'occasion pour que l'État se préoccupe un peu plus de Mayotte qu'auparavant. Ce n'est malheureusement pas la première fois que nous avons l'impression de paysages de désolation en toute fin d'année. Il y a vingt-cinq ans, le 26 décembre 1999, la France (et l'Europe) ont été traversées par deux tempêtes d'intense amplitude (les cyclones Lothar et Martin), sur plusieurs jours, qui ont provoqué la mort de 140 personnes et près de 20 milliards de dollars de dégâts matériels.

Mais le plus impressionnant fut cinq ans plus tard, il y a exactement vingt ans, le tremblement de terre suivi d'un tsunami le 26 décembre 2004 peu avant 8 heures du matin (heure de Jakarta) dans l'océan Indien, près de la côte nord-ouest de Sumatra, en Indonésie. Le séisme avait été précédé un autre séisme le 23 décembre 2024 dans l'océan Indien au large des côtes des Nouvelle-Zélande de magnitude 8,1.

Ce fut, avec le tremblement de terre à Haïti le 12 janvier 2010, l'une des catastrophes naturelles les plus graves que la planète a connues depuis le début du siècle. Ce fut le choc entre deux plaques tectoniques, la plaque eurasienne et la plaque indo-australienne. Le séisme a été d'une très forte intensité, d'une magnitude de 9,1 à 9,3 de l'échelle de Richter, un dégagement d'énergie équivalent à plus de 500 mégatonnes de TNT (trinitrotoluène). Une bande de 1 600 kilomètres s'est soulevée jusqu'à 6 mètres de hauteur !

Je reviens sur l'énergie dégagée. Pour se donner une idée comparative, l'énergie dégagée par la bombe nucléaire qui a explosé à Hiroshima le 6 août 1945 était d'environ 15 kilotonnes de TNT, plus de 33 000 fois moindre. Cela signifie que ce séisme a eu la même ampleur cataclysmique que l'explosion de plus de 33 000 bombes nucléaires de type Little Boy (Hiroshima). Cela a l'air impressionnant, mais malgré la désolation, les dégâts et surtout le bilan humain, cela a été "absorbé" par la planète. Cela signifie que malgré un arsenal nucléaire qui se densifie (plus de pays et, de nouveau, augmentation du stock d'ogives nucléaires), même si tout explosait, la planète s'en sortirait (la population humaine, en revanche, je n'en sais rien).

D'ailleurs, bien plus que le séisme, c'est surtout le tsunami (raz-de-marée) qui a suivi le séisme quelques heures plus tard qui a provoqué le plus de dégâts humains et matériels : des vagues montant jusqu'à 35 mètres de hauteur (en pleine mer) ont frappé l'Indonésie, l'Inde, le Sri Lanka, la Thaïlande, la Birmanie, les Maldives, la Somalie, la Tanzanie, et un peu plus loin, les côtés du Mozambique, Madagascar, etc. De nombreuses répliques du séisme ont eu lieu les jours et les mois qui ont suivi, dont une quarantaine ont dépassé la magnitude 6 (et deux la magnitude 7, le premier le 28 mars 2005 de magnitude 8,7 et le dernier le 24 juillet 2005).


 


Il ferait partie des dix plus graves catastrophes naturelles de l'histoire du monde, mais c'est aussi ne pas compter ceux qu'on n'a pas pu mémoriser, et c'est probablement le tsunami le plus grave connu et recensé à ce jour.

Dans les pays touchés, il existait très rarement des systèmes de détection des tsunamis permettant de prévenir les populations. Beaucoup d'habitants et de touristes ont vu, sur les plages, une vague de plus de 10 mètres de hauteur foncer sur eux et les emporter. Certains ont pu filmer la déferlante, certaines images sont impressionnantes et bien plus éloquentes qu'un vulgaire film de catastrophe. Dans les faits, la mer s'est retirée de manière impressionnante avant de revenir avec une vague géante.

Pas de préparation anticipées des populations locales, et pas d'information sur l'arrivée des vagues géantes. Le nombre de victimes a été effroyablement élevé : environ 225 000 recensées, probablement autour de 300 000. Les plus touchés furent l'Indonésie, le Sri Lanka, l'Inde et la Thaïlande. En raison des lieux touristiques touchés, c'est à peu près toutes les nations du monde qui ont été touchées, en particulier les Suédois, les Allemands et les Britanniques. 95 victimes françaises ont été recensées. Beaucoup de cérémonies ont été célébrées en hommages aux victimes le 26 décembre 2005.

 


Les conséquences humanitaires et sanitaires furent énormes dans les pays touchés, et l'aide humanitaire internationale a été massive (en argent, en nourriture, en pharmacie, en bateaux, en avions, en hélicoptères et en hommes ; par exemple, les États-Unis y ont dépêché 16 500 soldats sauveteurs). Les enjeux sont les mêmes que pour Mayotte aujourd'hui : retrouver et sauver les personnes disparues, fournir de l'eau potable, de la nourriture, de quoi dormir, prévenir les épidémies, notamment de choléra et de gastro-entérite, etc. Pas tout à fait les mêmes que Mayotte dans certains lieux, par exemple au Sri Lanka où des endroits étaient sous contrôle des rebelles, ce qui a freiné les possibilités de secours international par une désorganisation politique en plus de la désorganisation sociale et économique provoquée par la catastrophe.

Le tsunami du 26 décembre 2004 a encouragé les différents pays impliqués à se doter de dispositifs de surveillance des tsunamis dans l'océan Indien afin de pouvoir prévenir les populations de l'arrivée imminente de la catastrophe, ainsi qu'une préparation pour savoir quoi faire. Comme pour les tremblements de terre, la qualité des constructions est déterminante pour résister aux énergies massives, et il reste une inégalité tout aussi déterminante entre les pays riches et les pays pauvres dans ce domaine (il suffit de voir la différence de victimes dans les séismes de même magnitude au Japon, en Turquie et à Haïti).

 


Pouvait-on éviter ce séisme et ce tsunami ? Il s'agit de mouvements des plaques tectoniques, donc la réponse est simplement non, hélas. La Terre est une planète vivante, elle n'est que le résultat d'incessants bouillonnements, réactions chimiques, explosions volcaniques etc. La seule chose que les humains peuvent faire, c'est prévoir à court terme l'arrivée d'une telle catastrophe, prévenir les potentielles victimes pour les protéger dans des abris plus sûrs, ne pas s'exposer. Et avoir une réactivité pour les secours en prévision de telles tragédies.

Cela montre aussi la petitesse des hommes face à la Nature. Non, l'humain ne domptera jamais la Nature et c'est très prétentieux de le croire. Il faut rester très humbles face à l'immensité qui nous dépasse. Cela ne signifie pas de nous contenter d'être fatalistes, car il y a des actions concrètes (et coûteuses) pour réduire le nombre des victimes des catastrophes de demain, mais il est vain d'imaginer une planète totalement sous contrôle. Cela devrait donc rendre plus humbles certains discours écologistes stupidement globalisant...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 décembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le tsunami de l'océan Indien, 20 ans plus tard.
Mayotte : Terre de désolation.
Séismes en Afghanistan : "plus de 1 000 victimes" près d'Hérat.
Inondations en Libye : la ville de Derna dévastée.
Séisme au Maroc.
Fukushima, dix ans après.
Apocalypse à la Toussaint ?
Le syndrome de Hiroshima.
Haïti, cauchemars et espoirs.
Erika (12 décembre 1999).
Le tsunami des Célèbes (28 septembre 2018).
Le tremblement de terre à Haïti (12 janvier 2010).
L'incendie de Notre-Dame de Paris (15 avril 2019).
Le syndrome de Hiroshima.
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).

 

 

 















https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241226-tsunami-ocean-indien.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/le-tsunami-de-l-ocean-indien-20-258230

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/25/article-sr-20241226-tsunami-ocean-indien.html

 

 

 

 

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17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 03:50

« Le bilan humain, encore très provisoire et difficile à établir, s’annonce particulièrement lourd. Nous pensons aujourd’hui à chacune des victimes, à leurs familles, à tous ceux qui sont dans l’angoisse et sans nouvelles de leurs proches. Des villages entiers ont été anéantis, des milliers de foyers ont perdu leur toit et des infrastructures essentielles ont été gravement endommagées, rendant souvent impossible l’accès à l’eau, à l’électricité ou aux soins. Mayotte est aujourd’hui dévastée. » (Yaël Braun-Pivet, le 16 décembre 2024 dans l'hémicycle).



 


Une minute de silence ce lundi 16 décembre 2024, au début de l'unique séance publique qui s'est tenue à l'Assemblée Nationale depuis l'adoption de la motion de censure contre le gouvernement Barnier, proposée par Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l'Assemblée Nationale. Toute la Nation est sidérée par ce qui se passe chez nos compatriotes mahorais.

En effet, l'île de Mayotte a été complètement dévastée par le passage du cyclone Chido ce samedi 14 décembre 2024. 70% des 320 000 habitants de ce département français, le plus pauvre de France, ont été touchés durement. Les premiers bilans, qui font état de 22 victimes tuées et 1 400 blessés, ne traduisent pas l'horreur de cette nouvelle terre de désolation : les victimes, probablement, se compteraient plutôt par centaines, voire par milliers.

Mayotte a une superficie si petite que la probabilité pour qu'un cyclone dévastateur telle que celui-là passe sur l'île est extrêmement faible. Mais pas nulle. Il n'y avait pas eu à Mayotte un tel événement climatique depuis 1934. Des vents de 226 kilomètres par heure, de la forte pluie, de la grande houle sur les côtes. Ce sont les courants chauds qui ont renforcé la brutalité du cyclone. Toutefois, le lien entre l'incroyable force de ce cyclone et le réchauffement climatique n'est pas, à cette heure, encore bien établi même s'il semble prévisible que des événements aussi violents seront de plus en plus fréquents à l'avenir.


Avant le cyclone, le territoire était déjà dans une situation très difficile, l'unique hôpital, l'eau potable qui manque, le manque de médecins, les risques d'épidémie récurrents (le dernier cas de choléra le 12 juin dernier). Après le cyclone, tout a été détruit par la force des éléments. L'aéroport n'est plus praticable, autrement qu'en plein jour en raison de la destruction de la tour de contrôle, ce qui empêche l'arrivée massive des avions de secours et de sécurité. Plus grave encore, l'hôpital est détruit alors qu'il y a urgence sanitaire.
 


Ce qui a été sans doute le plus grave, ce sont les bidonvilles, ces logements précaires composés de tôles qui ont été totalement détruits. 20 000 personnes, principalement des étrangers en situation irrégulière, y habitaient et seulement 5 000 d'entre eux ont rejoint des refuges en dur selon les recommandations des autorités. Une rumeur a même couru que c'était un piège pour expulser les étrangers clandestins et beaucoup, à cause de cela, n'ont pas osé quitter leur logement. Mortelle rumeur. Les logements en dur ont été aussi fortement touchés.

Les vues d'avion de l'île sont apocalyptiques. On évoque déjà plus d'un milliard d'euros de dégâts matériels, mais le plus urgent est de retrouver les personnes blessées coincées sous les gravats, la boue, et de trouver de quoi fournir suffisamment d'eau potable et de nourriture. Absence d'électricité, des réseaux de communication pour beaucoup de monde. Risque de crise sanitaire, de famine. L'horreur totale.

J'exprime bien sûr toute ma compassion pour les Mahorais et encourage vivement à leur venir en aide d'une manière ou d'une autre (d'abord par des dons). Certains évoquent les dons pour reconstruire Notre-Dame de Paris et disent : il faut maintenant reconstruire Mayotte ! Mais avant tout, il faut mettre tout en œuvre pour secourir les personnes en danger de mort, les disparues comme les retrouvées.





Face à cette catastrophe humanitaire durable, des considérations politiques semblent aujourd'hui misérables, et pourtant, on ne peut pas s'empêcher de voir la réaction des uns et des autres face au drame. Une telle crise humanitaire est exceptionnelle et vient s'entrechoquer à la crise gouvernementale.

La palme de la honte sera probablement attribuée à Jean-Luc Mélenchon qui n'a pas eu un mot de compassion pour les Mahorais pour tomber dans son dénigrement politicien habituel. Dès le 14 décembre 2024, le papy sniper a tiré à vue sur Twitter, reprochant au gouvernement (démissionnaire) de ne pas avoir stoppé le cyclone et de n'avoir rien prévu pour le stopper.

 


La députée de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa (du groupe LIOT), en a été franchement écœurée le 15 décembre 2024 : « Mayotte n'a même pas encore compté ses morts que les charognes sont déjà à l'œuvre... Honte à vous Jean-Luc Mélenchon qui n'avez pas un mot de compassion sincère pour la population mais seulement la bave du rapace avide de pouvoir. ».

La veille déjà, elle avait rappelé l'amendement des insoumis du 18 janvier 2024 sur le projet d'accélération et simplification de la rénovation de l'habitat dégradé qui refusait la destruction des habitations insalubres : « Comme si un cyclone n'est pas suffisant, Mayotte doit aussi subir l'hypocrisie de Jean-Luc Melenchon et LFI qui s'étaient opposés à la destruction des bidonvilles qui sont aujourd'hui des cimetières. En défendant les habitats insalubres, vous avez creusé des tombes. ».
 



L'opération Wuambushu, déclenchée à partir du 24 avril 2023 et pendant plusieurs semaines, avait pour but d'expulser les étrangers en situation irrégulière, de détruire les bidonvilles et lutter contre la criminalité à Mayotte. Mais ce fut un échec. À l'époque, Jean-Luc Mélenchon et sa clique d'excités insoumis s'étaient violemment opposés à la destruction des bidonvilles. Or, aujourd'hui, force est de reconnaître que les pouvoirs publics avaient raison de vouloir les détruire. Le cyclone aurait eu moins de conséquences sur les vies humaines si l'opération avait été réussie.
 


Il est des situations où la fermeté sur l'immigration clandestine renforce aussi la sécurité et la protection des personnes concernées. Avoir voulu les maintenir dans des bidonvilles était une mauvaise idée. Faute de logements salubres, les expulsions étaient la seule solution humaine au problème humain qu'était cette forte immigration illégale.

En revanche, la personnalité politique qui s'est bien démenée depuis dimanche est sans contestation le Ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau qui, en déplacement sur l'île lundi avec le Ministre des Outre-mer François-Noël Buffet, a semblé en état de sidération face à un territoire si totalement dévasté. Il a rappelé que l'État avait anticipé les conséquences du cyclone et qu'une réunion de crise avait été tenue le vendredi 13 décembre 2024 dans la matinée pour activer les systèmes d'alerte.
 


Quant au Premier Ministre François Bayrou, qui a présidé la première cellule de crise au Ministère de l'Intérieur, il doit former le nouveau gouvernement, il était en pleine consultation pour les deux premiers jours de la semaine. Mais on lui reprochera de ne pas avoir annulé et reporté le conseil municipal de Pau du lundi 16 décembre 2024, qu'il a présidé après avoir assisté en visioconférence à la réunion de crise présidée par Emmanuel Macron (qui a annoncé qu'il se rendrait sur l'île et décréterait un deuil national), mais surtout de ne pas s'être déplacé immédiatement à Mayotte pour exprimer aux Mahorais la solidarité de toute la Nation.
 


Bien sûr que le déplacement d'officiels sur les lieux de catastrophe crée plus de problème de sécurité qu'autre chose, mais la population a besoin aussi de sentir qu'elle n'est pas abandonnée par les autorités. La solidarité nationale doit s'incarner et le chef du gouvernement y a toute sa place. On lui reprochera longtemps cette maladresse qui pourrait être perçue comme une absence de considération, c'est dommage.

Ce n'est pas l'heure des comptes, encore, car les urgences humanitaires doivent focaliser toutes les énergies, mais il est certain que l'État n'a pas investi suffisamment à Mayotte pour offrir à ses habitants le même mode de vie que dans les autres départements français. Rappelons que les Mahorais avaient souhaité, par référendum du 8 février 1976, à plus de 99,4% des voix avec 83,3% de participation, au contraire des autres îles des Comores, se maintenir au sein de la République française et que celle-ci ne pouvait qu'accepter cette volonté manifeste de Mayotte. Les Mahorais ont approuvé aussi par référendum du 29 mars 2009, la départementalisation de Mayotte, à plus de 95,2% des voix avec 61,4% de participation.


Je reviendrai dans un autre article, plus tard, sur un rapport parlementaire publié récemment qui, justement, pointait du doigt les risques à Mayotte en cas de catastrophe météorologique majeure. Hélas, peut-être qu'il n'a pas été assez lu...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 décembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Terre de désolation.
Séismes en Afghanistan : "plus de 1 000 victimes" près d'Hérat.
Inondations en Libye : la ville de Derna dévastée.
Séisme au Maroc.
Fukushima, dix ans après.
Apocalypse à la Toussaint ?
Haïti, cauchemars et espoirs.
Erika (12 décembre 1999).
Le tsunami des Célèbes (28 septembre 2018).
Le tremblement de terre à Haïti (12 janvier 2010).
L'incendie de Notre-Dame de Paris (15 avril 2019).
Le syndrome de Hiroshima.
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).

 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241214-mayotte-chido.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/terre-de-desolation-258185

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/15/article-sr-20241214-mayotte-chido.html



 

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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 17:13

« Elle tourna la tête vers l'entrée de la grotte, se laissant aller à imaginer que la lumière qui y filtrait était celle qui brillait au bout du tunnel de sa quête de vérité. » (Nicolas Beuglet, "Le Passager sans visage", XO Éditions, 2021).



 


Dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 mai 2024, et probablement dans la nuit suivante, des aurores boréales ont pu être observées un peu partout en France, en Europe et dans le monde (Canada, Mexique, etc.). Malheureusement, j'étais honteusement couché pendant ce temps pour assister à ce qui est apparu comme un spectacle grandiose.

Observer une aurore boréale fait partie des choses que j'aimerais bien réaliser avant ma propre mort. C'est sans doute très commun et beaucoup de monde doit partager un tel objectif. J'ai n'ai pas eu l'occasion de me rapprocher trop des Pôles pour pouvoir en observer, ni me trouver par hasard à certains endroits moins polaires pour en observer une plus exceptionnellement.


La nuit dernière, de nombreuses personnes en ont observé un peu partout en France ou autour, en Savoie, dans les Pyrénées, en Corse, en Bretagne, en Suisse, en Bavière... et même à Paris intra muros malgré les éclairages publics. Pour les heureux témoins, ce fut une fiesta absolument extraordinaire, une expérience merveilleuse et bien sûr mémorable.
 


La raison ? Une tempête solaire ! L'encyclopédie Wikipédia indique doctement : « Provoquées par l'interaction entre les particules chargées du vent solaire et la haute atmosphère, les aurores se produisent principalement dans les régions proches des pôles magnétiques, dans une zone annulaire justement appelée "zone aurorale" (entre 65 et 75° de latitude). En cas d'activité magnétique solaire intense, l'arc auroral s'étend et commence à envahir des zones beaucoup plus proches de l'équateur. ». La météo solaire actuelle permet ainsi d'observer des aurores boréales à des latitudes bien plus faibles que les habituelles, avec de nombreuses projections de particules chargées, beaucoup plus importantes qu'ordinaires.

Les aurores boréales (et aurores australes) ne sont pas spécifiques à la Terre, et il y en a aussi sur les autres planètes du Système Solaire, comme Jupiter. Et le 21 janvier 2013, un radiotélescope néerlandais en a même détecté sur des exoplanètes, c'est-à-dire des planètes situées en dehors du Système Solaire.

 


Parfois, la science s'efface devant la beauté du monde, de la nature. C'était le cas cette nuit du 10 au 11 mai 2024 (et peut-être la suivante). Je ne résiste donc pas à proposer quelques photographies publiées sur Twitter (sauf celle provenant de Wikipédia) dont j'ai tenté d'indiquer le plus précisément possible le lieu ainsi que l'auteur. Tous les témoins ont ressenti une immense émotion et une sorte d'excitation probablement proche de celle ressentie lors de l'observation d'une éclipse totale du Soleil, tant le phénomène est rare, massif et ...bizarre !

 


Décidément, cette semaine aura été d'une grande beauté !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 mai 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La victoire des impressionnistes.
Science et beauté : des aurores boréales en France !
Le Tunnel sous la Manche.
Peter Higgs.
Georges Charpak.
Gustave Eiffel.
Prix Nobel de Chimie 2023 : la boîte quantique ...et encore la France !
Katalin Kariko et Drew Weissman Prix Nobel de Médecine 2023 : le vaccin à ARN messager récompensé !
Covid : la contre-offensive du variant Eris.
Hubert Reeves.
Prix Nobel de Physique 2023 : les lasers ultrarapides, la physique attoseconde... et la France récompensée !
Des essais cliniques sauvages ?
John Wheeler.
La Science, la Recherche et le Doute.
L'espoir nouveau de guérir du sida...
Louis Pasteur.
Howard Carter.
Alain Aspect.
Svante Pääbo.
Frank Drake.
Roland Omnès.
Marie Curie.


 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240511-aurores-boreales.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/science-et-beaute-des-aurores-254627

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/05/11/article-sr-20240511-aurores-boreales.html



 

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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 15:25

« Nous avons un mois jusqu’au Salon de l’Agriculture. C’est un mois pour lancer et mener un choc de simplification. Dans tous les départements, les préfets organiseront des temps pour faire remonter, avec nos agriculteurs, tout ce qui peut et doit être simplifié. » (Gabriel Attal, le 26 janvier 2024 sur Twitter).




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Cela fait plus de dix jours que le monde agricole est en ébullition. Le mouvement des agriculteurs, qui en ont marre d'être surchargés de taxes et de paperasses, et qui s'inquiètent de la concurrence déloyale venue de l'extérieur des frontières européennes, a montré sa grande popularité (près de neuf Français sur dix l'approuveraient). Bien que représentant une très faible partie de la population française, les agriculteurs ont souvent une bonne image dans la sacro-sainte
"opinion publique" parce qu'ils nourrissent les gens, même si certains, très minoritaires mais très activistes, pensent qu'ils les empoisonnent aussi.

La crise agricole est à la fois une crise de la souveraineté alimentaire de la France et de l'Europe, mais aussi une crise de l'Europe avec une politique agricole commune souvent contestée malgré les 9 milliards d'euros par an de subventions aux agriculteurs français (du reste, les agriculteurs d'autres pays européens sont également en mouvement, mais pas forcément pour les mêmes raisons, par exemple, les Roumains en raison des accords avec l'Ukraine).

Elle consiste principalement à des blocages d'autoroutes ou d'autres axes routiers dans le Sud-Ouest (dont la rocade est de Bordeaux), qui se sont étendus en Bretagne, en Alsace, etc. Le vendredi 26 janvier 2024, mettant la pression maximale au gouvernement, des barrages routiers ont été installés (pour quelques heures) aux abords de Paris, en particulier sur la N118 sur le Plateau de Saclay (du côté de Corbveville), aussi sur l'A10, l'A13, l'A1, etc.

Pensé pour être non-violent et avec la volonté de faire pression sur le gouvernement sans ennuyer le peuple qui le soutient, ce mouvement a malheureusement eu deux victimes le 23 janvier 2024 à cause d'un accident de la circulation, une jeune éleveuse très engagée de l'Ariège, Alexandra Sonac, et sa fille Camille, qui ont été percutées par un véhicule qui a foncé à vive allure contre un barrage (involontairement semble-t-il). 4 000 personnes ont participé à la marche blanche en leur mémoire, organisée au départ du lycée agricole de Pamiers (où l'agricultrice avait été formée) le samedi 27 janvier 2024 à 13 heures 30. Il est important de se poser la question pourquoi Alexandra Sonac, son mari (et sa famille) se trouvaient en pleine nuit en hiver sur les lieux du barrage pour comprendre le niveau très fort de leur engagement dans ce mouvement.

Très attendu, le Premier Ministre Gabriel Attal s'est rendu dans une femme de Montastruc-de-Salies en Haute-Garonne, accompagné notamment du Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau et du Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, pour annoncer les mesures du gouvernement visant à rassurer les agriculteurs. Depuis le début de ce mouvement, le gouvernement a tenu à ne pas engager une confrontation directe avec les agriculteurs, demandant aux forces de l'ordre d'observer une certaine indulgence face aux actions des manifestants (même si l'incendie provoqué à Agen a été très vite fustigé). Le Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a indiqué que la ligne rouge est l'atteinte aux personnes et l'atteinte aux biens des personnes. La philosophie du chef du gouvernement, quant à lui, est la suivante : « Nous œuvrerons résolument à la réconciliation entre les agriculteurs et la société. Les agriculteurs souffrent aussi parfois d’être pointés du doigt, incompris ou caricaturés alors qu’ils nous nourrissent. Cette stigmatisation doit cesser. ».

Gabriel Attal a ainsi exposé les dix mesures que le gouvernement proposait pour calmer la colère des agriculteurs. Même si celles-ci peuvent satisfaire un certain nombre de manifestants agricoles, la situation est telle qu'il était prévisible qu'elles n'aient pas suffi à arrêter ce mouvement de fond. Ainsi, il est prévu à partir du lundi 29 janvier 2024 à 14 heures un blocage de Paris, ainsi que de Rungis (son marché de gros), et nul ne peut savoir vers quoi ira cette épreuve de force, ni pendant combien de temps. Pour le gouvernement, il est important que la crise soit éteinte avant le Salon de l'Agriculture le mois prochain, sans pour autant répondre à la totalité des revendications qui se surajoutent au fil du temps.


Mais revenons aux dix mesures pour comprendre comment le gouvernement a reculé dans cette histoire. En effet, le clivage reste et restera entre l'intérêt des agriculteurs et la transition écologique : la marche forcée vers la transition écologique ne peut se faire sans mesures d'accompagnement économiques à la hauteur des enjeux.

1. Mesure très attendue : l'abandon total de la hausse progressive sur le gazole non routier (GNR) agricole prévue dans la loi de finances. L'avance de remboursement arrivera en février au lieu de juin, soit un allègement de trésorerie de 230 millions d'euros.

2. La remise au titre du remboursement partiel de la taxe intérieure sur le produits énergétique (TICPE) sera directement faite sur la facture à partir du 1er juillet 2024.

3. Mise en place d'un fonds d'urgence de 50 millions d'euros pour aider les exploitations avec des élevages touchés par des maladies hémorragiques épizootiques (MHE) avec une augmentation du taux d'indemnisation à 90% au lieu de 80%. Les préfets privilégieront les exploitations en difficulté et qui ont déjà avancé de nombreux frais de vétérinaire.

4. Doublage du fonds d'urgence d'indemnisation des agriculteurs touchés par les inondations provoquées par la tempête Ciaran en Bretagne.

5. Mise en place d'une aide d'urgence de 50 millions d'euros pour la filière bio.

6. Renforcer l'application des lois Egalim sur le partage de la valeur entre les acteurs de la chaîne alimentaire française (en particulier, sanctionner très lourdement les grands distributeurs qui ne respecteraient ces lois, et renforcement des inspections de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes).

7. Mise en place de dix mesures de simplification immédiates, portant notamment sur les délais de recours contre les projets agricoles, ou encore sur les curages des cours d'eau (ce qui viendrait à contredire les mesures proposées le 9 janvier 2024 dans le Pas-de-Calais pour réduire les risques d'inondation), etc. Gabriel Attal a appelé à un mois de la simplification, le mois qui va passer jusqu'au Salon de l'Agriculture, avec du travail de concertation tant au niveau local que national : « Les normes qui gâchent la vie des agriculteurs et la bureaucratisation de l’agriculture doivent cesser. C’est un impératif pour leur permettre de produire pour nous nourrir. » (voir le détail plus loin).

8. Présentation d'un plan pour la viticulture en Occitanie prévue au début du mois de février avec des mesures d'urgence et des mesures structurelles.

9. Paiement accéléré des mesures PAC.

10. Refus de la France de signer l'accord commercial entre l'Union Européenne et les pays d'Amérique latine du Mercosur : « Les accords de libre-échange ne doivent pas se faire sans intégrer la réciprocité des normes et la mise en place de clauses miroirs : elles doivent protéger les consommateurs et garantir à nos producteurs qu’ils luttent à armes égales avec leurs concurrents étrangers. ».

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Le détail des mesures de simplification, avec mise en œuvre immédiate, est le suivant (repris exactement sur le site du Ministère de l'Agriculture).


« Pour ce qui concerne la police de l’environnement :

- En construisant un cadre de confiance entre le monde agricole et la police de l’environnement, en assurant un meilleur dialogue, une proportionnalité des peines et leur adaptation en intégrant la bonne foi.

- En instaurant un "contrôle unique" pour qu’il n’y a pas plus d’un passage annuel sur une exploitation dans le cadre des contrôles administratifs.
- Mettre fin au régime d’exception sur les délais de recours en les alignant sur le droit commune, faisant passer ces délais de 4 à 2 mois, notamment pour les procédures ICP et en matière d’autorisation sur les prélèvements en eau pour les projets agricoles.
- Les personnels de l’Office français de la Biodiversité (OFB) dans les départements interviendront sous la tutelle des préfets. Un travail entre l’OFB, les ministères et les préfets sera organisé pour aboutir avant le Salon de l’Agriculture sur les conditions d’évolution des modalités d’intervention des agents de l’OFB dans les exploitations.
- Mettre fin aux incohérences et injonctions contradictoires, par exemple concernant le débroussaillement en mettant en cohérence les mesures visant à la protection des biens et des personnes et les mesures de protection de la biodiversité.
- En lieu et place des multiples règlements sur la haie, un seul cadre réglementaire sera mis en place.
- La simplification du cadre applicable au curage des cours d’eau agricole sera réalisée par voie réglementaire. Le décret sera publié la semaine prochaine. Les délais seront ainsi ramenés de 9 à 2 mois.

Pour ce qui concerne l’eau, ressource stratégique pour la pérennité de notre production agricole dans un contexte de changement climatique. Ainsi :

- Les délais des contentieux relatifs à la gestion de l’eau de l’eau seront drastiquement réduits par la suppression d’un niveau de juridiction, ou par l’application de la "présomption d’urgence" pour purger le contentieux en moins de 10 mois.

- S’agissant de la mise en œuvre des textes européens sur les zones humides et les tourbières, il n’y aura pas de surtransposition et le gouvernement prendra le temps de la concertation. ».

En outre, le Premier Ministre Gabriel Attal s'est rendu ce dimanche 28 janvier 2024 dans une exploitation agricole à Parçay-Meslay puis à la mairie de La Riche, en Indre-et-Loir, pour assurer les agriculteurs que d'autres mesures en faveur des agriculteurs sont en préparation dans les prochains jours ou semaines. Mais ses déclarations n'ont pas convaincu les agriculteurs en colère à cesser dès maintenant leur mouvement.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (28 janvier 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les 10 mesures de Gabriel Attal insuffisantes pour éteindre la crise agricole.
Émotion nationale pour Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
José Bové.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240128-crise-agricole.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/les-10-mesures-de-gabriel-attal-252756

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/01/27/40188917.html





 

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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 04:35

« Tout à l’heure, à Pamiers, dans l’Ariège, une femme, une mère de famille, une agricultrice, a perdu la vie. Son mari et sa fille sont gravement blessés. Toute une profession est en deuil. Notre ruralité pleure une famille. Ce drame résonne en chacune et en chacun de nous et tout notre pays est touché. Au nom du gouvernement et en notre nom à tous, je veux à nouveau rendre hommage à cette famille et lui dire notre solidarité et notre soutien. » (Gabriel Attal, le 23 janvier 2024 dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale).





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Tous les Français ont été émus à l'annonce de la mort d'Alexandra Sonac (36 ans) et de sa fille de 12 ans, tuées ce mardi 23 janvier 2024 lors d'un accident automobile à Pamiers, dans l'Ariège. Dans la séance de questions au gouvernement du 23 janvier 2024 à l'Assemblée Nationale, tous les députés ont rendu hommage à cette jeune agricultrice morte sur le coup vers 5 heures 45 du matin, mais ils ne savaient pas encore que sa fille de 12 ans, héliportée dans un « état critique », allait elle aussi succomber à l'hôpital de Toulouse vers 19 heures, selon le parquet de Foix. Jean-Michel, le mari de 39 ans, reste encore hospitalisé, grièvement blessé. Une famille détruite. Définitivement.

La justice déterminera les responsabilités, mais certains veulent déjà instrumentaliser ce terrible accident à des fins politiciennes. D'abord, rappelons les faits.

Depuis le 16 janvier 2024, de nombreux agriculteurs sont entrés en action pour défendre leurs conditions de vie et réclamer des mesures qui leur seraient favorables pour vivre dignement et décemment de leur travail. Les agriculteurs commencent à bloquer des routes et des autoroutes, les premiers blocages sont dans le Sud-Ouest, et le risque d'extension sur tout le pays est fort (cela s'étend déjà en Bretagne, en Alsace, et le mouvement semble vouloir se rapprocher de la capitale). Certains journalistes évoquent les "gilets verts" et y voient la suite des gilets jaunes. Je reviendrai sans doute sur ce grave sujet, qui peut aussi esquisser un clivage entre agriculteurs et écologistes, car les contraintes de la transition écologique ont évidemment des conséquences énormes pour l'agriculture.

Dans la nuit du 22 au 23 janvier 2024, une voiture roulant à grande vitesse a heurté vers 5 heures 45 du matin un barrage sur la RN20 à Pamiers, dans l'Ariège, au niveau du pont de la RD119. La voiture transportant trois personnes allait vers Andorre et n'a pas semblé voir les bottes de paille installées, avec une grande bâche noire sur toute la hauteur jusqu'au pont, sans éclairage. Derrière ce mur de paille se trouvait un barnum où étaient installés des manifestants, dont la famille Sonac.


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Le choc a été terrible. Deux personnes en sont mortes, et une grièvement blessée, comme indiqué plus haut. Après avoir percuté la famille, la voiture s'est encastrée contre une remorque agricole.


La police a retrouvé rapidement les trois personnes au bord de la voiture, deux hommes et une femme, toutes les trois de nationalité arménienne et sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français), dont le conducteur de 44 ans, qui n'est pas connu des services de justice. Aucun des trois n'était sous l'emprise d'alcool ou de drogue quand l'accident a eu lieu. Ils ont été arrêtés et placés en garde-à-vue pour être entendus par les officiers de police judiciaire du commissariat de Pamiers. Une instruction judiciaire a été ouverte pour « homicide involontaire aggravé et blessure aggravées ». Je suppose que cette motivation a été modifié en mettant au pluriel homicide, puisque la jeune fille n'était pas encore décédée à ce moment-là.

La première phase de l'enquête est de déterminé les circonstances exactes de l'accident, et le parquet de Foix a évoqué un manque de visibilité du barrage en affirmant : « Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel. », tout en restant très prudent pour éviter des conclusions trop hâtives. Cela dit, cela semble donc exclure toute piste soit d'homicide par colère d'être stoppé par le barrage (énervement, rage), soit même (pourquoi pas) de terrorisme.

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Certains militants politiques voudraient encore une fois faire de la récupération politicienne de ce qui est, hélas, un fait-divers, un événement tragique mais, a priori, accidentel (aucune volonté de tuer semble avoir été établie) et sans signification ni politique ni sociétale, l'idée étant évidemment de rendre le gouvernement doublement responsable de ces deux décès, d'une part, en raison des revendications des agriculteurs qui les ont conduits à faire des barrages routiers, d'autre part, en raison de la non-application des OQTF (on sait qu'il y a des raisons à leur non-application), du reste, la voiture allait quitter le territoire national puisque les trois étrangers se rendaient à Andorre.


Dans cette séance de questions du 23 janvier 2024, le Premier Ministre Gabriel Attal a rappelé qu'il avait rencontré des agriculteurs du Rhône le week-end dernier, des représentants de la FNSEA la veille, et qu'il allait rencontrer les autres organisations d'agriculteurs dans la journée et les jours suivants (on se moque de ses difficultés quand on regarde les difficultés des agriculteurs, mais c'est le premier dossier épineux de son gouvernement ; tout le monde l'attend donc au tournant) : « Parler avec les agriculteurs, c’est d’abord parler d’une passion, celle de leur métier, celle de notre terre, celle de leurs bêtes. C’est parler de transmission et de leur volonté de partager leur vocation. C’est parler de l’engagement d’une France qui se lève aux aurores chaque jour, qui travaille dur et dont le seul souhait est de pouvoir faire correctement son métier et d’être reconnue. C’est aussi parler d’une crainte, celle de la disparition de notre modèle, de la perte de la qualité, de l’absence de relève. C’est enfin comprendre une blessure, celle de femmes et d’hommes qui donnent tout pour notre terre et pour nos bêtes et qui sont cesse dénigrés, caricaturés, acculés. ».

Cela ne l'a pas empêché d'attaquer ses opposants qui le fustigeaient dans l'hémicycle, tant de la Nupes : « Je le dis avec le plus grand calme, mais aussi avec la plus grande détermination : mesdames et messieurs les députés de la Nupes, parfois vos larmes pour nos agriculteurs ressemblent à des larmes de crocodile. La réalité, c’est qu’à chaque fois que les agriculteurs et les éleveurs familiaux ont un projet d’extension de leur élevage, qui s’y oppose ? Vos amis, avec votre soutien ! À chaque fois qu’un projet est lancé pour une retenue d’eau, pour lutter contre la sécheresse, ou pour le développement d’une exploitation, ce sont vos amis qui s’y opposent. À chaque problème, vous répondez par une norme. À chaque difficulté, vous pointez généralement nos agriculteurs. Quand certains discours présentent nos agriculteurs comme des bandits, comme des pollueurs de nos terres, comme des tortionnaires des animaux, nous aimerions entendre votre indignation et votre défense du monde agricole ! Parler avec nos agriculteurs, c’est parler avec des hommes et des femmes évidemment dans l’angoisse, mais aussi lucides sur l’importance de l’Union Européenne, qu’il s’agisse des aides de la politique agricole commune (PAC) ou de notre capacité d’exportation (…). Soyons clairs face à ceux qui butinent de colère en colère en faisant croire que l’on pourrait sortir de l’Union Européenne. ».


Que du RN : « On en parle beaucoup, les caméras ont été invitées : le président du Rassemblement national rencontre aujourd’hui les pêcheurs (…). Le 26 décembre, quand les pêcheurs en colère et angoissés criaient leurs revendications, ce n’est pas Jordan Bardella que nous avons vu auprès d’eux, mais Lysiane Métayer, députée Renaissance. Elle n’était pas en vacances, mais sur le terrain avec eux ! (…) Nous prendrons toutes les mesures utiles et nécessaires dans le cadre du projet de loi que présentera le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. Nous voulons avancer sans tabou, sans faux-semblant, avec détermination et grâce à la mobilisation de cette majorité. Quant à elle, elle n’a jamais fait défaut aux agriculteurs ! ».

On le voit, le gouvernement a délibérément adopté une attitude conciliante avec les agriculteurs, prêt à les défendre face à ceux qui, à l'instar des écologistes, les estiment avant tout comme des pollueurs. Au point même que l'indulgence de l'État pour les barrages routiers pourrait agacer plus d'un automobiliste. Il faut dire que le mouvement des agriculteurs est très populaires et soutenu par les Français, y compris, bien sûr, par les "urbains", conscients que les agriculteurs les nourrissent.


Alexandra Sonac avait 36 ans. C'est lors d'un stage de Troisième dans les Hautes Alpes que cette Marseillaise avait trouvé sa voie. Elle s'était installée en 2016 à Saint-Félix-de-Tournegat (140 habitants), à 15 kilomètres de Pamiers, pour élever des vaches limousines et produire du maïs de semence. Très engagée, elle était active dans la défense de sa profession et était membre du conseil municipal de son village. Le couple était adhérent à la FNSEA. Un des voisins d'Alexandra a témoigné dans "Le Parisien" : « On la voyait toujours sur les routes, en train de courir entre les vaches et le maïs, elle travaillait tout le temps et dans toutes les conditions, et quand on se retrouvait le soir, elle avait encore une pêche incroyable. ».

C'était une mère de famille très engagée dans l'éducation de ses deux filles et dans la mobilisation actuelle des agriculteurs. Romain Deloustal, président des Jeunes agriculteurs d'Occitanie, a évoqué l'action du couple, pour Actu.fr : « Ils étaient pleinement engagés dans la lutte que nous menons depuis plusieurs mois. C’était une adhérente du réseau Jeunes agriculteurs depuis plusieurs années. Une femme engagée, comme toute sa famille. Aujourd’hui, notre peine est immense. ». Clémence Biard, présidente des Jeunes agriculteurs de l’Ariège, a ainsi rendu hommage à l'agricultrice décédée : « Alexandra était de tous les combats. Elle avait la force et l’âme de défendre le monde agricole. C’était une petite femme dynamique, qui avait fait le choix de passer la nuit sur le barrage auprès des autres agriculteurs. ».

Ce drame est un drame national et le respect dû aux proches de cette famille meurtrie impose le refus de toute récupération avec des arrières-pensées électoralistes. Condoléances à la famille.


Un marche blanche en mémoire à Alexandra Sonac et sa fille Camille est organisée le samedi 27 janvier 2024 à 13 heures 30 au lycée agricole de Pamiers où Alexandra avait poursuivi ses études.

« À l’initiative conjointe des syndicats FDSEA Ariège et JA Ariege ainsi que la Chambre d'agriculture de l'Ariège, une marche blanche est organisée ce samedi à 13h30 au départ du lycée agricole de Pamiers en mémoire d’Alexandra et de Camille Sonac. À l’arrivée du parcours, une banderole en mémoire des disparues sera dressée par le collectif afin que chacun puisse y déposer une fleur s’il le souhaite. Au cours du rassemblement, il est bien entendu souhaité aucune prise de parole, aucune récupération politique de quelque nature, aucun drapeau d’entité, aucune banderole autre que celle portée par le collectif en début de cortège qui rendra hommage aux défuntes. Merci d’avance à tous pour le respect de ce temps de recueillement collectif. ».



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 janvier 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Émotion nationale pour Alexandra Sonac et sa fille adolescente.
José Bové.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240123-sonac.html

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/emotion-nationale-pour-alexandra-252698

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2024/01/24/40185632.html






 

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29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 06:40

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Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240112-gabriel-macron.html

 

Emmanuel Macron : « Nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté »

Tribune
Emmanuel Macron
Président de la République


Le Président français propose, dans une tribune au "Monde", un nouveau Pacte mondial pour le climat et plaide en faveur d’une réforme de la gouvernance financière mondiale afin de mieux associer les pays en développement.

Publié le 29/12/2023 à 06h00, modifié à 13h05
Temps de Lecture 5 min.


La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche-Orient après l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités.

C’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les peuples et la planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et sur celui de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète.

Cette stratégie repose sur sept piliers :

1. Les pays les plus avancés, qui sont aussi ceux qui ont le plus émis de CO2 depuis la révolution industrielle, doivent sortir des énergies fossiles. Cet objectif n’est pas négociable si nous voulons tenir les objectifs de l’accord de Paris. La science fixe la trajectoire : nous devons sortir du charbon en 2030, sortir du pétrole en 2045 et sortir du gaz en 2050. Dans cette catégorie, les pays du G7 ont une éminente responsabilité, mais la Chine est également concernée, parce qu’elle est désormais le deuxième pays émetteur sur le plan historique et qu’elle est dans la moyenne du G7 en matière d’émissions de CO2 par habitant.

2. Traiter en priorité la menace du charbon.. Aujourd’hui, c’est 2 000 gigawatts (GW) de capacités installées qui émettront, à elles seules, suffisamment de CO2 pour nous faire dépasser les 1,5 °C. Alors que l’Agence internationale de l’énergie préconise de retirer 92 GW/an, 500 gigawatts de capacités additionnelles sont en planification. Là encore, le G7 a une responsabilité, celle de sortir du charbon dès 2030 (la France le fera dès 2027). Les émergents ont aussi une responsabilité, car ils sont les plus grands consommateurs de charbon. Dans ces pays, nous devons accélérer le financement des énergies renouvelables mais aussi de l’énergie nucléaire, dont le rôle est clé car il s’agit d’une énergie à la fois pilotable et décarbonée.

3. Mettre la finance privée et le commerce au service de l’accord de Paris. Le coût de l’investissement doit être à l’avenir plus élevé pour un acteur qui s’engage dans le secteur fossile. Nous avons besoin d’un taux d’intérêt vert et d’un taux d’intérêt brun. Cela vaut aussi pour le commerce : nous avons besoin d’une clause climatique dans nos accords commerciaux, car nous ne pouvons pas à la fois imposer le verdissement à nos industries et libéraliser les échanges de produits polluants à l’international.

4. Créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes, qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’aller au-delà de la traditionnelle « aide publique au développement » et de faire pour les pays vulnérables ce que les pays riches ont fait pour eux-mêmes en réponse à l’épidémie de Covid-19, à savoir mener une politique budgétaire et monétaire non orthodoxe.

Nous avons d’ores et déjà des résultats : en deux ans, nous avons débloqué plus de 100 milliards de dollars [90 milliards d’euros] de « droits de tirage spéciaux » du Fonds monétaire international [FMI] pour les pays vulnérables, comme nous en avions pris l’initiative à Paris au printemps 2021. En activant cet « actif dormant », nous débloquons des prêts sur vingt ans à taux d’intérêt proche de zéro pour financer l’action climatique et la préparation face aux pandémies dans les pays les plus pauvres.

Nous avons commencé à changer les règles de la dette pour suspendre les paiements en cas de choc climatique dans les pays les plus fragiles. Nous avons changé le mandat des banques multilatérales de développement, comme la Banque mondiale, pour qu’elles prennent plus de risques et qu’elles mobilisent davantage l’argent privé.

Réformer Bretton Woods

Nous allons continuer ce travail, y compris dans le cadre du nouveau fonds sur les pertes et préjudices [créé lors de la COP27 en 2022], où il nous faut mobiliser, au-delà des financements publics, de nouveaux mécanismes d’assurance privée face au risque climatique. Nous partirons des besoins spécifiques des pays les plus touchés : dès le premier semestre 2024, la France signera avec le Bangladesh un premier paquet pour l’adaptation au changement climatique et les pertes et préjudices, avec un investissement de l’Agence française de développement de 1 milliard d’euros, et de nouveaux prêts du FMI débloqués grâce aux droits de tirage spéciaux, à hauteur de plus de 1 milliard de dollars.

Cela suppose d’identifier aussi des mécanismes de gouvernance à l’échelle mondiale sur les défis les plus vitaux qui vont s’imposer dans les prochaines décennies, à commencer par celui de l’accès à l’eau : la France et le Kazakhstan organiseront à ce sujet un sommet One Planet en marge de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2024.

5. Construire les bases d’une « bioéconomie » qui rémunère les services rendus par la nature. C’est capital, car la nature est notre meilleure technologie pour séquestrer le carbone à grande échelle. Les pays qui disposent des plus grandes réserves de carbone et de biodiversité, notamment dans les trois grands bassins de forêts tropicales, doivent obtenir beaucoup plus de ressources en échange de la conservation de ces réserves vitales. Cela passe par des contrats pays par pays. Nous en avons d’ores et déjà lancé trois à la COP28, avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo.

Cela passe aussi par une réforme en profondeur du marché volontaire pour l’échange de crédits carbone : nous avons besoin d’une Bourse internationale du carbone et de la biodiversité qui permette aux acteurs publics et privés d’organiser des échanges volontaires de crédits carbone sur la base de critères suffisamment ambitieux pour éviter le greenwashing et rémunérer les populations locales.

6. Protéger l’océan, qui est notre tout premier puits de carbone. La France et le Costa Rica organiseront conjointement à Nice en juin 2025 la troisième conférence des Nations unies sur l’océan. Elle aura pour objectif d’adopter un compact pour l’océan qui actualise le droit international – notamment sur l’interdiction de la pollution plastique et la protection de la haute mer et des fonds marins – et qui permette d’obtenir des stratégies nationales sur la protection des littoraux de la part des pays qui disposent de zones économiques exclusives.

7. Enfin, cette méthode ne pourra être appliquée par tous que si nous réformons la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le FMI, qui ont un rôle éminent pour fixer les standards et pour financer la transition écologique à l’échelle globale. Or, quatre-vingts ans après sa création, cette architecture financière est sous-dimensionnée face à la taille de l’économie et de la population mondiales. Elle est aussi largement fragmentée, car nous n’avons pas ouvert la porte aux pays émergents et en développement dans la gouvernance de ces institutions. Or nous ne pourrons pas nous mettre d’accord sur des objectifs et des financements si tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité à la table des négociations. Nous devons donc revoir la gouvernance de Bretton Woods et, réciproquement, demander aux pays émergents de prendre leur part de responsabilité dans le financement des biens publics mondiaux.

Emmanuel Macron dans "Le Monde" du 29 décembre 2023.

Source :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/29/emmanuel-macron-nous-devons-accelerer-en-meme-temps-sur-le-plan-de-la-transition-ecologique-et-de-la-lutte-contre-la-pauvrete_6208231_3232.html



https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20231229-tribune-macron-le-monde.html



 

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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 05:54

« Des volontaires, munis de pelles et de pioches, ont travaillé sans répit pour trouver des survivants à la suite du séisme de samedi, qui a entièrement détruit six villages du district rural de Zenda Jan et affecté plus de 12 000 personnes, selon l’ONU. Fournir des abris en grande quantité, à l’approche de l’hiver, sera un défi pour les autorités talibanes, qui ont pris le pouvoir en août 2021 et entretiennent des relations tendues avec les organisations d’aide internationale. » ("Le Monde" du 11 octobre 2023).





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Au même moment que les terroristes du Hamas massacraient la population civile israélienne, des séismes de forte magnitude ont dévasté une partie de l'Afghanistan. Cela s'est passé le samedi 7 octobre 2023 dans la matinée au nord-ouest de la ville d'Hérat. Hérat est une agglomération urbaine de près de 500 000 habitants, près de la frontière de l'Iran et du Turkménistan, la troisième ville d'Afghanistan après Kaboul et Kandahar.

Un premier tremblement de terre a eu lieu de magnitude 6,3, puis quelques minutes plus tard, une réplique de magnitude 5,5, et deux autres séismes de magnitude 6,3 et 5,9 dans l'heure qui a suivi. Un autre séisme, avec des répliques, a encore secoué la région d'Hérat dans la nuit du 10 au 11 octobre 2023, de magnitude 6,3 qui a, semble-t-il, provoqué peu de victimes (1 mort et 130 blessés selon les autorités).

Selon Sarah Château, responsable des opérations en Afghanistan pour Médecins Sans Frontières, interrogée par France Culture le 11 octobre 2023, la ville d'Hérat a été plutôt épargnée et c'est la campagne rurale autour qui a été beaucoup touchée : « Ce sont des habitats traditionnels construits avec des matériaux rudimentaires qui ont été touchés. Énormément de femmes et d’enfants sont morts dans les secousses. ».

L'Afghanistan est situé dans une zone à tremblements de terre, coincée entre la plaque eurasienne et la plaque indienne. Sept séismes de magnitude supérieure à 6,0 ont déjà eu lieu récemment dans la région. En plus d'être situé sur une faille sismique, le pays est aussi composé d'un relief très difficile pour l'accès aux secours. Les montagnes en effet rendent difficiles les opérations de sauvetage dans des villages complètement détruits par le tremblement de terre.

Les bilans généralement augmentent toujours au fil du temps, celui de découvertes de nouvelles victimes. C'était un peu différent pour ce séisme puisque les autorités afghanes (désormais sous domination talibane depuis deux ans) ont d'abord communiqué sur 2 053 morts du premier séisme (puis, il était question de 2 400 morts et de 9 000 blessés). Le 11 octobre 2023, elles ont rectifié à la baisse le bilan, en étant cependant assez vague, avec « plus de 1 000 morts » (ce qui n'est pas vraiment contradictoire avec 2 000), et 2 400 blessés. L'erreur du premier bilan provient d'un comptage double de victimes issus de plusieurs organismes de secours.

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Il y a plusieurs problèmes pour secourir les rescapés de ces nouveaux séismes. Le premier est de faire arriver l'aide internationale, or le gouvernement taliban est en froid depuis son arrivée au pouvoir avec les organisations d'aide humanitaire qui essaient de faire prévaloir leurs urgences. En outre, la mobilisation de la solidarité internationale est difficile à amorcer dans le contexte de sidération mondiale de l'attaque terroriste du Hamas en Israël et de la succession des horreurs qui sont découvertes jour après jour.

Sarah Château a ainsi précisé les relations entre les ONG et les talibans : « C’est une collaboration qui dure depuis plusieurs années, car les talibans étaient présents sur le territoire afghan avant leur prise de pouvoir. Ils nous connaissent et nous laissent travailler, même s’ils imposent un cadre et certaines restrictions. S’ils nous ont demandé de mettre en place une ségrégation entre les hommes et les femmes, Médecins Sans Frontières a continué à fonctionner normalement. Nous n’avons rien changé, mais c’est une lutte permanente avec les talibans. ». Le principal problème des organisations humanitaires, c'est le manque de soignants : les talibans interdisent aux femmes de travailler au sein de ces ONG et il y a donc un manque cruel de soignants.

Enfin, la situation humanitaire avant le séisme était déjà très délicate en Afghanistan (en raison de la crise économique) et la catastrophe naturelle vient encore un peu plus assombrir une situation très noire. L'objectif des secours est, d'une part, de retrouver le maximum possible de survivants dans les villages reculés, d'autre part, de permettre aux dizaines de milliers de rescapés, qui n'ont plus d'abri, de trouver une solution d'hébergement avant l'arrivée de l'hiver toujours très rude dans ces régions montagneuses.

La responsable chez MSF a poursuivi : « Nous avons doublé le nombre de patients admis dans nos consultations cette année. De janvier à juin 2023, plus de 150 000 personnes sont arrivées en urgences pédiatriques. On a une augmentation des personnes malnutries, avec des maladies chroniques qui ne sont pas prises en charge. Il n’y a plus de vaccination non plus. La situation était tout de même fragile avant l’arrivée des talibans et 75% du système de santé était financé par une aide internationale. Le système de santé a toujours été précaire en Afghanistan. ». La situation désastreuse de l'Afghanistan appelle donc à une mobilisation accrue de la "communauté internationale" comme on a pu heureusement l'observer pour le Maroc.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (11 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Kaboum.
Emmanuel Macron sur les Talibans à Kaboul.
Les Talibans à Kaboul en 2021.
Les soldats français morts en Afghanistan.
Chasseur alpin en Afghanistan.
L’invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique.
Séismes en Afghanistan : "plus de 1 000 victimes" près d'Hérat.
Inondations en Libye : la ville de Derna dévastée.
Séisme au Maroc.
Fukushima, dix ans après.
Apocalypse à la Toussaint ?
Haïti, cauchemars et espoirs.
Erika (12 décembre 1999).
Le tsunami des Célèbes (28 septembre 2018).
Le tremblement de terre à Haïti (12 janvier 2010).
L'incendie de Notre-Dame de Paris (15 avril 2019).
Le syndrome de Hiroshima.
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).

_yartiSeismeHerat03




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20231011-seisme-herat.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/seismes-en-afghanistan-plus-de-1-250910

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/10/12/40071596.html



 

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27 septembre 2023 3 27 /09 /septembre /2023 05:13

« C'est le défi de l'ambition juste. (…) Je suis convaincu que nous avons un chemin qui est celui de l'écologie à la française qui n'est ni le déni (…) ni la cure qui consiste à dire ça va être un massacre, les agriculteurs vont arrêter leurs activités, on va fermer des sites industriels. Il y a un chemin d'écologie à la française qui est une écologie de progrès. » (Emmanuel Macron, le 24 septembre 2023 sur TF1 et France 2).




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Au cours de son interview télévisée du 24 septembre 2023, le Président Emmanuel Macron avait annoncé que le lendemain, il allait présenter sa planification écologique pour le quinquennat.

Il avait alors annoncé deux mesures fortes, la fin des centrales à charbon (fermeture des deux dernières centrales en France, dont celle de Saint-Avold rouverte à cause de la maintenance trop massive du parc nucléaire en hiver 2022), et le passage à la voiture électrique en lâchant ce petit mot populaire ("bagnole") : « Il faut continuer (…) l'électrification de nos véhicules. C'est le grand défi qui est le nôtre. Et donc on doit accompagner. Et ça, on doit le faire de manière intelligente, c'est-à-dire qu'on doit pousser nos ménages à céder les vieux diesel et les vieux véhicules thermiques, comme on dit, pour aller plus vers ou de l'hybride et de l'électrique, et progressivement de plus en plus de l'électrique. Mais on doit le faire en étant intelligent, c'est-à-dire en les produisant chez nous, les véhicules et les batteries. (…) On est attaché à la bagnole. On aime la bagnole, et moi, je l'adore. Mais la voiture, dans notre pays, il faut le dire, ça a été de la restructuration industrielle ces vingt dernières années. On a perdu beaucoup d'emplois. (…) Ce que nous avons fait ces dernières années, c'est qu'on a relocalisé grâce à l'écologie. Et donc, nous sommes en train de reproduire des véhicules électriques sur le sol français. (…) Comme ils sont à plus haute valeur ajoutée, on peut les produire en France. D'ici à la fin du quinquennat, on aura au moins un millions de véhicules électriques qu'on produit, ça veut dire qu'on réindustrialise par l'écologie. (…) Et ensuite, il faut accompagner les ménages. Qu'est-ce qu'on fait ? Ben, notre fameux bonus malus, donc, on encourage et on allège le coût du véhicule électrique et d'ici à la fin de l'année, on va mieux encore accompagner nos ménages, on va finaliser ce leasing que j'avais promis, c'est-à-dire qu'on va, à la fin de l'année, mettre en place un système, à horizon d'environ 100 euros par mois, on va permettre à des ménages d'acheter des véhicules produits en Europe, électriques, qu'ils vont pouvoir amortir. ».

On a le droit de rester sceptique sur l'objectif final, non qu'il ne soit pas vertueux (au contraire), mais si tout le parc automobile français devait se transformer ainsi en véhicules électriques, "toute chose égale par ailleurs", il faudrait alors doubler notre capacité de production d'électricité, ce qui, dans les perspectives actuelles, est loin d'être le cas (au mieux, dans la même période, on augmenterait de 10% le nombre de réacteurs nucléaires). Donc, ce point, crucial, doit être étudié en profondeur, en rajoutant aussi une demande supplémentaire pour le chauffage des bâtiments qui utilisera nécessairement plus d'électricité si on veut sortir du fuel et surtout, du gaz. Bref, au-delà du cahier des charges technologique qui mérite d'être amélioré pour être un plus par rapport aux véhicules thermiques (autonomie en distance, durée de charge), il faut aussi se préoccuper de cette explosion future de la demande en électricité qui n'est pas encore résolue.

Ce lundi 25 septembre 2023, Emmanuel Macron est donc intervenu à l'Élysée pour la conclusion des quatorze mois de travaux du conseil de planification écologique, un conseil interministériel visant à décliner dans tous les domaines la planification écologique. Les réactions de la classe politique étaient plutôt gênées car même les écologistes ont admis que le Président de la République avait su faire un plan de grande envergure et les timides critiques restaient prévisibles : il n'est pas allé assez loin. L'enjeu est plutôt : jusqu'à quel niveau le peuple français est-il capable d'accepter autant de changements aussi rapidement, car la planification écologique concerne des pans entiers de la vie quotidienne : les transports, le logement, l'alimentation, la consommation, etc. ?

Définissons d'abord ce qu'est la planification écologique. Emmanuel Macron a rappelé l'objectif en préambule : « C'est de bâtir une écologie à la française qui répond à un triple défi, qui n'est pas que le nôtre mais celui de la planète. Celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d'un effondrement de notre biodiversité, et celui que je qualifiais, il y a plus d'un an, de "fin de l'abondance" et au fond, de la rareté de nos ressources, qu'il s'agisse de l'eau, des matériaux et des terres rares, etc. Pour cela, nous avons bâti une stratégie de baisse des émissions de CO2 et d'adaptation visant également à renforcer notre souveraineté, et donc réduire nos dépendances, compatible avec notre objectif de réindustrialisation et de plein emploi, et qui vise également à accompagner à la fois les territoires et les personnes qui sont les plus fragiles et donc de bâtir un chemin de transition juste. ».

Durant le premier quinquennat, entre 2017 et 2022, la réduction des émissions de CO2 a été deux fois plus rapide qu'avant, à savoir une baisse de 2% chaque année. Depuis 1990, la France a accompli la moitié du chemin pour réduire de 55% ses émissions à l'horizon de 2030, mais pour atteindre cet objectif, il faut aller 2,5 fois plus vite dans le futur proche, à savoir une baisse de 5% par an entre 2022 et 2030, au lieu de 2%. Petit commentaire personnel : je reste toujours stupéfait de la facilité déconcertante avec laquelle on parle de % en les additionnant. Comme les intérêts du livret A (petit exercice à l'école), les % se composent ou se décomposent avec l'évolution de la valeur. 1% des émissions de CO2 aujourd'hui est dans l'absolu plus faible que 1% il y a dix ans, puisqu'elles ont diminué entre-temps.

En fait, je ne suis pas certain qu'Emmanuel Macron soit très convaincu de cette nécessité écologique, d'autant plus que l'effort de la France seul ne parviendra pas à "sauver" la planète si les autres pays, et surtout, les plus gros pollueurs (Chine, États-Unis, Russie, Inde, Brésil, Corée du Sud, etc.) ne font aucun effort (ce n'est pas anodin qu'à ce conseil de planification écologique, Catherine Colonna, la Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, y a participé, à la droite du père).

En revanche, je suis convaincu qu'en bon pragmatique, le Président de la République n'a pas hésité à saisir l'occasion pour mener la France dans un nouveau paradigme industriel, comme l'avait fait De Gaulle dans les années 1960 et Valéry Giscard d'Estaing dans les année 1970 (grands projets sur l'énergie avec les raffineries et le nucléaire civil, les transports avec Airbus et le TGV, l'aérospatial avec Ariane, etc.), un mouvement qui a permis de nombreuses innovations dans ces domaines. Pour lui, c'est une aubaine politique et c'est bien pour cela qu'il insiste sur cet aspect des choses : la transition écologique doit bénéficier à la France qui a perdu beaucoup d'industries et qui se réindustrialise à cette occasion (en particulier dans les batteries électriques).

De plus, l'argument écologique (sauvegarde de la biodiversité et bouleversements climatiques) est devenu un argument d'autorité, à la fois à la mode et aussi de vertu : personne, même ceux qui nient tant la réalité du réchauffement climatique que sa supposée origine anthropique, personne ne peut contredire le fait qu'émettre moins de polluants est une chose intelligente, et si ce n'est pas pour la planète, ce sera au moins pour la santé des citadins. C'est pour cela que cette planification écologique a beaucoup de mal à être critiquée par les oppositions. Personne ne peut refuser que l'eau soit plus pure ou l'herbe plus verte.

Car l'idée générale du gouvernement, c'est que la transition écologique, c'est d'un côté, polluer moins, et donc protéger tant les humains (leur santé) que leur environnement (la planète, les autres êtres vivants dans leur biodiversité), et de l'autre côté, plus d'industrie (verte, c'est-à-dire vertueuse), plus d'innovation (pour relever des défis technologiques importants comme celui de la batterie électrique), plus d'emplois et donc, plus de richesses produites. Cette « écologie de progrès » que veut Emmanuel Macron tente de faire sa place entre de déni ricaneur et la décroissance larmoyante. Mais Jean-Marc Jancovici a déjà répondu qu'il était thermodynamiquement impossible de préserver la planète et de continuer, "en même temps", cette course à la croissance, qui, "soit dit en passant", a permis de sortir des milliards d'individus de la précarité, de la famine et de la maladie (j'aurai l'occasion d'y revenir).

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Le Président de la République a insisté sur le fondement de sa réflexion : « C’est une écologie qui est basée sur la science et sur les résultats objectifs. Tout ce qui est présenté dans ce plan repose sur les études du GIEC, sur tout ce que je viens d'évoquer du premier quinquennat, et donc des éléments élaborés, documentés par nos scientifiques. C'est pour ça que ça n'est ni une écologie du déni, ni une écologie de la cure qui serait incompatible avec la tenue d'un modèle productif et social qui est le nôtre. Ensuite, c'est une écologie souveraine. Et j'insiste sur ce point. Et notre souveraineté est en effet renforcée par la décarbonation. En effet, au fond, toute cette stratégie va nous permettre de réduire notre dépendance à ce qu'on appelle les énergies fossiles, essentiellement le charbon, le pétrole, le gaz ; énergie que d'ailleurs nous ne produisons pas, dont nous dépendons. Les études ont très bien montré, et elles ont conforté cette stratégie, qu'on va passer au fond de 60% d'énergie fossile à 40% en raison de 2030 grâce à cette stratégie. ».

La première mesure, déjà annoncée la veille, est la fin définitive de l'exploitation des centrales à charbon au 1er janvier 2027 pour produire de l'électricité. Plus généralement, il s'agit de la décarbonation de notre production d'énergie et du renforcement de notre souveraineté : « C'est ainsi que nous consoliderons le renforcement de notre souveraineté, cette décarbonation de notre production d'énergie. Tout ça s'accompagne aussi de notre stratégie européenne, parce que cette écologie souveraine, c'est celle que nous portons en Europe avec la taxe carbone aux frontières, c'est celle aussi qui nous a conduits (…) à développer des filières industrielles sur notre sol et à avoir une stratégie du made in Europe. (…) Notre dépendance aux énergies fossiles, ça nous coûte 120 milliards par an. ».

Parmi les autres mesures, il y a la décarbonation de l'industrie française. Le Président de la République a indiqué que les cinquante sites industriels français les plus émetteurs de CO2 sont en cours de décarbonation ; leurs dirigeants ont été reçus à l'Élysée il y a un an : « Tous ont désormais un plan usine par usine qui permet d'atteindre la réduction d'émissions à hauteur 2030 de 45%. Ces plans seront signés fin octobre-début novembre, pour la totalité d'entre eux, ce qui nous permettra de tenir l'objectif. Tout ça a été fait grâce à l'effort collectif, un investissement massif de l'État pour changer les modes de production et décarboner. Et nous allons ensuite l'étendre à nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire. ».

En outre, toujours sur le plan industriel, l'État va faire un grand inventaire des ressources minières nécessaires à la transition écologique pour sécuriser la souveraineté des matières premières, et renforcer les investissements dans des technologies de rupture, « en particulier hydrogène et capture et séquestration de carbone ».

Sur les transports, le gouvernement veut développer les transports collectifs avec des RER métropolitains : « C'est de développer ces RER métropolitains pour favoriser le transfert justement de la voiture individuelle vers du transport collectif moins émetteur. C'est un chantier à la fois d'aménagement du territoire, mais également un chantier industriel. Au total, il représentera 10 milliards d'euros. Il va faire travailler les industriels français massivement et donc on a retenu 13 projets, là aussi, notre objectif est dépassé. Il y a plusieurs autres projets moins mûrs, qui sont, si je puis dire, dans la file d'attente. Et donc ces RER métropolitains, nous engageons dès aujourd'hui 700 millions d'euros de l'État pour accompagner les projets et ils donneront lieu à une planification. On aura donc dès octobre la signature des contrats de plan État-Région, le déploiement des financements sur ces 13 premiers projets en même temps que le plan ferroviaire. Tout ça est extrêmement cohérent et ça permettra de lancer là aussi des projets pour notre industrie ferroviaire et les emplois qui vont avec. ». L'autre projet pour les transports, déjà annoncé la veille, c'est le renforcement des investissements pour produire en France un million de véhicules électriques d'ici à 2027.

Pour le logement, l'incitation a été retenue sur l'interdiction : « Là où nous aurions pu, comme certains autres, interdire totalement les chaudières à gaz, nous avons décidé, parce que nous sommes une grande nation de production de chaudières à gaz, d'être plutôt sur une politique d'incitation. Nous avons décidé d'encourager nos compatriotes, sans interdiction mais en les incitant à changer plus vite, à développer une filière industrielle de production de pompes à chaleur qui est un formidable levier de substitution, qui est beaucoup moins consommateur et émetteur. Nous avons décidé de tripler la production de pompes à chaleur d'ici à 2027 et d'arriver donc à produire 1 million de pompes à chaleur sur notre territoire et de former en parallèle 30 000 installateurs. Cet objectif nous permettra de tenir, là aussi, nos chiffres de réduction d'émissions, mais nous permettra de créer et de développer véritablement toutes ces filières. ».

Ne séparant jamais l'écologie de l'économie, Emmanuel Macron a aussi confirmé un principe important de sa politique : « Nous voulons une écologie compétitive et c'est un point clé. Si nous voulons être souverains, si nous voulons créer de la valeur économique, eh bien, on doit avoir des solutions décarbonées qui sont pleinement compétitives. D'abord, c'est cohérent avec la stratégie économique qui est la nôtre, celle que nous déployons à travers le programme qui nous permet aujourd'hui d'être le pays le plus attractif d'Europe et nous allons continuer de le faire. (…) Et surtout, il y a un point très important qui est au cœur de ce projet et que nous annoncerons en octobre, c'est de reprendre le contrôle du prix de notre électricité. Il n'y a pas d'écologie qui soit compétitive si on a un prix de l'électricité dont on ne reprend pas le contrôle et qui, en quelque sorte, ne nous permet pas d'être soutenable à la fois pour nos entreprises et pour nos ménages. (…) Nous allons reprendre d'ici la fin de l'année le contrôle sur les prix de notre électricité au niveau français et européen. ». Nul doute que cette "reprise de contrôle" du prix de l'électricité voulue par la France va engendrer bien des discussions et des négociations sur le plan européen.

Ce principe de compétitivité fait aussi appel à une taxe carbone pour les produits franchissant les frontières européennes, en guise de clause miroir : « Cette écologie accessible et juste, elle passe là aussi par la cohérence au niveau européen international, les clauses miroirs que nous défendons à l'international et qui protègent nos industriels et nos agriculteurs. La taxe carbone aux frontières, qui est un mécanisme absolument essentiel pour de la justice et de la loyauté à l'égard de nos producteurs. (…) Il n'y a pas de politique loyale sans une taxe carbone aux frontières pour nos Européens ».

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Autre principe cher à l'Élysée, en effet, c'est de prôner une écologie socialement juste : « Nous voulons une écologie accessible et juste, c'est-à-dire une écologie qui ne laisse personne sans solutions. C'est d'ailleurs le cœur de notre investissement et de l'investissement de la nation. C'est d'accompagner ceux qui sont le plus loin. Permettre l'accès, c'est permettre en particulier de mettre en place des mécanismes très innovants, nous serons les premiers à le faire en Europe. ».

Quatre exemples. Le premier pour les véhicules électriques : « Dès le mois de novembre, nous serons en situation justement de révéler ce dispositif de leasing à 100 euros pour les premiers modèles de véhicules électriques. Ce ne sera pour l'année 2024 que quelques dizaines de milliers de modèles, mais ce sera l'ouverture de ce guichet. Pourquoi ? Parce que d'abord, nous voulons qu'il soit juste, bien ciblé. Et ensuite, nous voulons qu'il permette l'accès à des véhicules électriques qui sont produits en Europe pour éviter que nous ayons une politique d'accès qui, en quelque sorte, viendrait contredire notre politique industrielle. ».

Le deuxième exemple, la rénovation thermique des bâtiments : « Il nous faudra donc accompagner les ménages qui sont les plus modestes. Au-delà de ce que nous avons commencé à faire avec MaPrimeRénov’, nous sommes en train de continuer sa réforme et sa transformation. Et ce, avec une stratégie qui va se lancer dans le logement social, dès octobre, avec la finalisation de l’ensemble de nos mécanismes d’accompagnement pour la rénovation des logements en novembre, qui va nous permettre de mieux accompagner les ménages les plus modestes mais aussi les familles moyennes tout en accompagnant là aussi les bailleurs sociaux et les acteurs les plus structurants pour pouvoir rénover plus rapidement le parc, avec là aussi une exemplarité du côté de l’État. Nous allons donc accélérer nos investissements pour la rénovation thermique de nos propres logements. ».

Le troisième exemple, l'agriculture : « Avoir une écologie accessible, c'est ne jamais laisser des agriculteurs sans solution. C'est la politique que nous avons retenue pour le glyphosate, celle de toujours chercher le bon point d'équilibre. Néanmoins, en France, nous allons baisser de 30%, ce qui est unique en Europe, notre dépendance. Nous ne laisserons jamais d'agriculteurs sans solutions et sans impasse. Ça se fera donc par une stratégie d'investissement dans la recherche d'investissements, dans l'accompagnement, sans surtransposition, et en veillant à ce qu'il n'y ait pas justement de différences entre pays européens pour ne jamais nous placer dans la situation de perdre là aussi notre compétitivité. ».

Le quatrième exemple, l'aménagement du territoire : « Nous allons mettre en place des budgets verts territoriaux, des vraies libertés d'action, mais en même temps des objectifs clairs et des responsabilités partagées au niveau des territoires. La maille est régionale, mais c'est au fond chaque bassin de vie qui sera responsabilisé et donc nos communes auront un rôle très important à jouer. Nos intercommunalités d’agglomération et évidemment les départements seront insérés dans ce jeu avec un accompagnement en matière d'ingénierie territoriale pour que les bonnes réponses soient apportées sur le terrain. ».

Cette planification écologique, sur le papier, a donc l'air à la fois cohérente et intéressante. Elle essaie de rendre compatibles beaucoup de considérations antagonistes, écologiques, économiques, sociales, diplomatiques. Elle est cependant très ambitieuse, il faudra surveiller de près son application, les budgets mis en œuvre, mais Emmanuel Macron a la chance d'avoir encore du temps, près de quatre années pour mettre tout en musique. Il a aussi l'avantage politique de ne plus avoir de réformes impopulaires à imposer, comme c'était le cas pour la réforme des retraites l'an dernier. Il reste que les aides à la transformation écologique, que ce soit pour les logements ou pour les véhicules, resteront toujours trop faibles pour une partie de la population qui est trop riche pour être convenablement aidée et pas assez riche pour supporter l'effort financier que cette transition impose. En quelque sorte, justement le profil des gilets jaunes...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (26 septembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : bâtir une écologie à la française.
Discours du Président Emmanuel Macron le 25 septembre 2023 sur la planification écologique (texte intégral et vidéo).
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
COP26 : face à l’alarmisme, le leadership mondial d’Emmanuel Macron.
Écologie : un référendum, pourquoi pas ?
Convention citoyenne pour le climat : le danger du tirage au sort.
Emmanuel Macron explique sa transition écologique.
Le Plan France 2030 qui prépare l’avenir des Français.
Le plan quantique en France.
France Relance, 100 milliards d’euros pour redresser la confiance française.
J'y veillerai personnellement !
Interview du Président Emmanuel Macron le 24 septembre 2023 à 20 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).
Charles III accueilli par Emmanuel Macron.
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Les Rencontres de Saint-Denis : une innovation institutionnelle d'Emmanuel Macron.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Décalage.
Interview du Président Emmanuel Macron le 24 juillet 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

Emmanuel Macron : le choix de l'efficacité.
Intervention filmée du Président Emmanuel Macron au conseil des ministres du vendredi 21 juillet 2023 (vidéo).
Composition complète du gouvernement d'Élisabeth Borne au 20 juillet 2023.

Le 4e remaniement ministériel du premier gouvernement d'Élisabeth Borne du 20 juillet 2023.
La France des investissements productifs félicitée par Emmanuel Macron.
Interview du Président Emmanuel Macron le 15 mai 2023 à 20 heures sur TF1 (vidéo).
Faut-il encore polémiquer sur le RSA ?
Emmanuel Macron : "J'appelle à la pause réglementaire européenne".

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230925-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/emmanuel-macron-batir-une-ecologie-250618

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/09/26/40054056.html







 

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25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 23:12

(verbatim et vidéo)



Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230925-macron.html



CONSEIL DE PLANIFICATION ÉCOLOGIQUE À L'ÉLYSÉE LE 25 SEPTEMBRE 2023






DISCOURS DU PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON
LE 25 SEPTEMBRE 2023 SUR LA PLANIFICATION ÉCOLOGIQUE
 

25 septembre 2023
Conclusion du Conseil de planification écologique.

Je tiens à remercier Madame la Première Ministre et l’ensemble des ministres qui ont été présents pour ce Conseil de planification écologique.

L’objectif qui est le nôtre, dont nous avons débattu pendant 2h30 et qui était l’objet du travail du Gouvernement depuis maintenant 14 mois, c’est de bâtir une écologie à la française, qui répond à un triple défi, qui n’est pas que le nôtre mais celui de la planète. Celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d’un effondrement de notre biodiversité et celui de ce que je qualifiais il y a un petit peu plus d’un an de “fin de l’abondance” et au fond de la rareté de nos ressources, qu’il s’agisse de l’eau, des matériaux et terres rares, etc.

Pour cela, nous avons bâti une stratégie de baisse des émissions de CO2 et d’adaptation visant également à renforcer notre souveraineté, et donc réduire nos dépendances, compatible avec notre objectif de réindustrialisation et de plein emploi, et qui vise également à accompagner à la fois les territoires et les personnes qui sont les plus fragiles et donc de bâtir un chemin de transition juste.

J’avais pris durant la campagne présidentielle un engagement : que la Première Ministre soit en charge de la planification écologique, qu’elle ait auprès d’elle un secrétariat général de la transition, ce qui a été fait dès le début de ce quinquennat, et que deux ministres soient principalement chargés de ces dossiers, un ministre en charge de la transition écologique, environnementale et des territoires, et une ministre en charge de la transition énergétique. Ces engagements ont été tenus et la planification, qui a été validée aujourd’hui, est le fruit de 14 mois à la fois de travaux, de concertations, dans le cadre des Conseils nationaux de la refondation qui ont été largement débattus.

Le plan d’aujourd’hui ainsi validé décline plusieurs dizaines d’actions qui vont nous permettre de réduire nos émissions de CO2. Il sera complété par une stratégie biodiversité qui sera présentée en octobre et un plan d’adaptation qui sera présenté en décembre. Et c’est en quelque sorte dans ce triptyque que nous ferons avancer le pays.

Ce plan, je veux ici le dire, s’inscrit d’abord sur un bilan, et c’est ce qui fait notre crédibilité. Nous avons ces dernières années commencé le travail pour la biodiversité en luttant contre l’artificialisation des sols, en protégeant nos forêts, en abandonnant aussi des grands projets, de la Montagne d’or en Guyane à Europa City en région parisienne.

On a renforcé aussi une politique de souveraineté écologique ces dernières années. Pour les voitures, nous avons une stratégie batterie qui nous permet d’avoir 4 grandes usines de batteries, en particulier dans les Hauts-de-France, qui sont le fruit de ce travail. Nous avons développé une stratégie claire sur l’aérien avec l’interdiction des vols domestiques dès qu’il y a une alternative en train, relancé les petites lignes, les trains de nuit en lien avec nos régions, relancé le chantier à la fois de la régénération de notre réseau ferroviaire avec les réformes et les réinvestissements, et des lignes à grande vitesse partout où elles étaient adaptées.

Donc c’est sur cette base, et je ne veux pas être trop long sur le bilan, mais c’est tout ce bilan qui nous permet d’avoir d’abord des résultats : nous avons durant les cinq dernières années réduit nos émissions de CO2 deux fois plus vite qu’auparavant. Et là où on les réduisait d’environ 1% par an, on les a réduites de 2% par an entre 2017 et 2022. Pour que nos compatriotes mesurent l’effort qui est demandé, au fond si on prend l’effort total depuis 1990, on a fait la moitié du chemin. C’est l’autre moitié qui nous reste pour atteindre la réduction de 55% des émissions de CO2 à horizon 2030. C’est donc un chemin qui est atteignable, il suppose d’aller 2,5 fois plus vite sur les 5 années à venir. Et donc là où on a ces 5 dernières années baissé de 2% par an les émissions, de réussir à baisser sur la période 2022-2030 de 5% par an ces émissions. Et de le faire par une stratégie qui correspond à la philosophie d’ensemble qui a toujours été la nôtre, qui est une politique de sobriété mesurée – ce qu’on a fait sur l’eau, ce qu’on a fait sur l’énergie ces derniers mois – où les efforts sont partagés.

Une politique d’innovation, où on investit là aussi sur l’innovation technologique c’est ce que porte la mission France 2030 et chacun des ministères ; et une politique de transformation de tous les comportements, ceux du consommateur par entre autres l'étiquetage, la responsabilisation, ceux des producteurs, ceux des financeurs, qu’ils soient publics ou privés avec les mécanismes d’éco-conditionnalité. Donc c’est cet ensemble que nous allons continuer de décliner.

Au fond, cette écologie française, pour moi, repose sur quelques principes simples que je veux ici détailler pour conclure notre propos et le plan d’action qui tient en quelques dizaines de pages et est beaucoup plus ambitieux que je ne saurais ici y revenir en détail.

D’abord, j’insiste sur ce point : c’est une écologie qui est basée sur la science et sur les résultats objectifs. Tout ce qui est présenté dans ce plan repose sur les études du GIEC, sur tout ce que je viens d'évoquer du premier quinquennat, et donc des éléments élaborés, documentés par nos scientifiques. C'est pour ça que ça n'est ni une écologie du déni, ni une écologie de la cure qui serait incompatible avec la tenue d'un modèle productif et social qui est le nôtre. Ensuite, c'est une écologie souveraine. Et j'insiste sur ce point. Et notre souveraineté est en effet renforcée par la décarbonation. En effet, au fond, toute cette stratégie va nous permettre de réduire notre dépendance à ce qu'on appelle les énergies fossiles, essentiellement le charbon, le pétrole, le gaz ; énergie que d'ailleurs nous ne produisons pas, dont nous dépendons. Les études ont très bien montré, et elles ont conforté cette stratégie, qu'on va passer au fond de 60 % d'énergie fossile à 40 % en raison de 2030 grâce à cette stratégie.

On va réduire notre dépendance avec pour moi, un objectif qui est absolument fondamental dans cette décarbonation, c'est la sortie du charbon. Je pense que la priorité que nous nous sommes donnée pour le pays et que nous allons porter à l'Europe et à l'international, c'est sous ce mandat, et donc d'ici au 1er janvier 2027, d'être totalement sortis du charbon pour la production de notre électricité. Et c'est cette sortie du charbon qu'il faut porter en Européens et pour le monde et qui correspond là encore aux objectifs que nous fixe le GIEC, qui fixe la barre de 2030 pour sortir du charbon. La France sera en avance sur ce rendez-vous grâce à cette stratégie.

L'écologie souveraine, c'est aussi celle que nous avons déployée à travers la stratégie dite de Belfort, c'est-à-dire notre triptyque : sobriété et efficacité énergétique, déploiement des ENR, des énergies renouvelables, et nucléaire. Donc, sur ce volet-là, la stratégie que nous avons validée aujourd'hui, s'appuyant là aussi sur ce que nous avons consolidé, permettra de mettre en consultation notre politique pluriannuelle de l'énergie dès octobre, d'avoir réunion politique en octobre et novembre sur le déploiement de l'éolien en mer, qui permettra de lancer le débat public sur l'éolien en mer et qui nous permettra de tenir l'objectif des appels d'offres sur l'éolien en mer à horizon fin 2024, ce qui est absolument clé, et d'avoir une loi sur la production d'énergie pour le mois de décembre. C'est ainsi que nous consoliderons le renforcement de notre souveraineté, cette décarbonation de notre production d'énergie.

Tout ça s'accompagne aussi de notre stratégie européenne, parce que cette écologie souveraine, c'est celle que nous portons en Europe avec la taxe carbone aux frontières, c'est celle aussi qui nous a conduits, et je vais y revenir dans un instant, à développer des filières industrielles sur notre sol et à avoir une stratégie du made in Europe.

Deuxième élément justement, c'est une écologie qui crée de la valeur économique et qui s'appuie sur une stratégie industrielle. C'est ça qu'il y a derrière ce plan et sur lequel il faut ici insister. Au fond, notre dépendance aux énergies fossiles, ça nous coûte 120 milliards par an. Et nos compatriotes doivent l'avoir en tête, c'est le prix de notre dépendance. Ce qu'on veut progressivement faire, c'est pouvoir le réinvestir, ce qui va nous améliorer la balance commerciale, moins dépendre et éviter d'ailleurs ensuite, quand il y a des déséquilibres des cours mondiaux, de devoir les compenser comme on est en train de le faire aujourd’hui sur les carburants ou sur d’autres éléments qu’on importe sur lesquels nous sommes totalement dépendants. C’est aussi pour ça que c’est la bonne stratégie économique et de pouvoir d'achat dans la durée, cette stratégie de décarbonation et cette stratégie écologique que nous portons.

Alors en matière justement d’une écologie qui crée de la valeur économique, on a lancé il y a un an la décarbonation des 50 grands sites industriels les plus émetteurs. Ils ont été reçus à l'Élysée il y a un an. Tous ont désormais un plan usine par usine qui permet d'atteindre la réduction d'émissions à hauteur 2030 de 45 %. Ces plans seront signés fin octobre-début novembre, pour la totalité d'entre eux, ce qui nous permettra de tenir l'objectif. Tout ça a été fait grâce à l'effort collectif, un investissement massif de l'État pour changer les modes de production et décarboner. Et nous allons ensuite l'étendre à nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire.

Ensuite, on va accélérer sur la partie industrielle avec deux grands chantiers qui s'ouvrent devant nous. D'abord, un grand inventaire de ressources minières qui sont nécessaires à la transition écologique, parce qu'on doit disposer d'une carte précise des ressources en matière de lithium, de cobalt qui se trouvent sur notre territoire pour sécuriser cette souveraineté de nos matières premières. C'est là où la rareté est en quelque sorte jumelle de la décarbonation. Et nous devons aussi regarder précisément les gisements d'hydrogène naturel qui pourraient jouer un rôle majeur pour produire cette énergie du futur.

Et puis, le deuxième chantier sur lequel on va accélérer en matière d'industrie, c'est celui des technologies de rupture, en particulier hydrogène et capture et séquestration de carbone. Et sur ce dernier sujet, une consultation est en cours et à l'issue, il faut que nous soyons capables de développer au moins un site en France, là aussi pour réduire notre dépendance à l'extérieur.

Et enfin, l'industrie et ses filières, mais aussi la recherche, ce sont les laboratoires à solutions pour cet immense défi. Et c'est ce qui est au cœur de la loi pluriannuelle de l'enseignement supérieur et de la recherche et de la mission France 2030 qui vont se concentrer sur ces enjeux.

Je vais insister sur quelques autres grandes filières industrielles et de transformation économique, sur cette écologie créatrice de valeur, c'est la question des transports. C'est une question d'aménagement du territoire, d'égalité de nos territoires, mais également là aussi de filières, parce qu'on a des grands acteurs industriels très forts en la matière. Nous avons lancé là aussi il y a un an une ambition, c'est de développer ces RER métropolitains pour favoriser le transfert justement de la voiture individuelle vers du transport collectif moins émetteur. C'est un chantier à la fois d'aménagement du territoire, mais également un chantier industriel. Au total, il représentera 10 milliards d'euros. Il va faire travailler les industriels français massivement et donc on a retenu 13 projets, là aussi, notre objectif est dépassé. Il y a plusieurs autres projets moins mûrs, qui sont, si je puis dire, dans la file d'attente. Et donc ces RER métropolitains, nous engageons dès aujourd'hui 700 millions d'euros de l'État pour accompagner les projets et ils donneront lieu à une planification. On aura donc dès octobre la signature des contrats de plan État-Région, le déploiement des financements sur ces 13 premiers projets en même temps que le plan ferroviaire. Tout ça est extrêmement cohérent et ça permettra de lancer là aussi des projets pour notre industrie ferroviaire et les emplois qui vont avec.

L'autre grand sujet sur les transports, c'est évidemment la voiture électrique. Là-dessus, je le disais, nous avons beaucoup avancé. Nous avons structuré d'abord des volumes. On aura au moins 1 million de voitures électriques produites d'ici 2027 sur le sol de France, nous aurons aussi ouvert les 4 grandes usines de production de batteries électriques de Dunkerque à Douai, dans cette vallée de la batterie qui nous permettra, là aussi, d'être exportateur de batteries électriques à horizon 2027. Et nous continuons donc d'accroître l'investissement en la matière.

De la même manière, cette écologie créatrice de valeur économique, c'est celle que nous voulons pour le logement. Là aussi, je l'ai évoqué hier en parlant aux Françaises et aux Français, là où nous aurions pu, comme certains autres, interdire totalement les chaudières à gaz, nous avons décidé, parce que nous sommes une grande nation de production de chaudières à gaz, d'être plutôt sur une politique d'incitation. Nous avons décidé d'encourager nos compatriotes, sans interdiction mais en les incitant à changer plus vite, à développer une filière industrielle de production de pompes à chaleur qui est un formidable levier de substitution, qui est beaucoup moins consommateur et émetteur. Nous avons décidé de tripler la production de pompes à chaleur d'ici à 2027 et d'arriver donc à produire 1 million de pompes à chaleur sur notre territoire et de former en parallèle 30 000 installateurs. Cet objectif nous permettra de tenir, là aussi, nos chiffres de réduction d'émissions, mais nous permettra de créer et de développer véritablement toutes ces filières. Et donc, vous le voyez, sur l'ensemble de ce spectre, on a véritablement une écologie qui crée de la valeur économique.

Je pourrais vous parler aussi de la stratégie agricole qui est la nôtre, de la stratégie forêt, biomasse etc. C'est ce qu'il y a dans ce plan.

L'autre élément de principe, c'est que nous voulons une écologie compétitive et c'est un point clé. Si nous voulons être souverains, si nous voulons créer de la valeur économique, eh bien, on doit avoir des solutions décarbonées qui sont pleinement compétitives. D'abord, c'est cohérent avec la stratégie économique qui est la nôtre, celle que nous déployons à travers le programme qui nous permet aujourd'hui d'être le pays le plus attractif d'Europe et nous allons continuer de le faire. À cet égard, le projet de loi qui sera bientôt mis en œuvre pour l'industrie verte va nous permettre de garder cette compétitivité en baissant le coût d'investissement pour les grands industriels comme pour nos agriculteurs, et en favorisant l'industrie verte de manière compétitive pour, en particulier, tenir face à la Chine et aux États-Unis. C'est cette compétitivité qui nous pousse aussi à avoir une politique européenne qui doit investir davantage pour gagner la bataille européenne en matière de compétitivité.

Et surtout, il y a un point très important qui est au cœur de ce projet et que nous annoncerons en octobre, c'est de reprendre le contrôle du prix de notre électricité. Il n'y a pas d'écologie qui soit compétitive si on a un prix de l'électricité dont on ne reprend pas le contrôle et qui, en quelque sorte, ne nous permet pas d'être soutenable à la fois pour nos entreprises et pour nos ménages. Parce que nous avons nationalisé Electricité De France, parce que nous avons une chance qui est notre base installée nucléaire, parce que nous avons cette stratégie de Belfort que j'évoquais, nous pourrons en octobre véritablement annoncer les prix de l'électricité qui sont compatibles avec cette compétitivité et qui vont donner de la visibilité à la fois aux ménages et à nos industriels et avoir des prix qui nous mettent dans une situation tout à fait favorable et compétitive au niveau européen. Nous allons reprendre d'ici la fin de l'année le contrôle sur les prix de notre électricité au niveau français et européen.

Ensuite, nous voulons une écologie planifiée, donc c'est l'objet même de ce plan présenté et validé aujourd'hui et financé, financé d'abord au niveau de l'État. Là où nous investissons aujourd'hui 33 milliards en 2023, nous allons passer à 40 milliards d'euros d'investissements et donc faire plus 7 dès 2024. Nous avons une trajectoire pluriannuelle qui est inscrite dans nos textes et qui est consolidée avec une méthodologie de budget vert qui est validée, qui correspond aux critères de l'OCDE et qui est maintenant la norme. Notre objectif va être dans les prochaines semaines de consolider notre trajectoire pluriannuelle, de mieux mobiliser d'autres acteurs publics, en particulier la Caisse des dépôts et Consignations, de développer une méthodologie commune avec les collectivités territoriales pour qu'elles se dotent aussi de budgets verts avec des critères homogènes et de pouvoir avoir une stratégie toutes administrations publiques cohérentes avec ce financement.

Ensuite, on doit avoir une politique européenne cohérente avec cette approche. C'est pourquoi l'un des combats que nous mènerons dans les prochains mois sera d'avoir un pacte de stabilité cohérent avec cette approche. L'Europe doit plus l’investir dans la transition écologique et il ne peut pas y avoir une transition écologique européenne et une vraie stratégie européenne de décarbonation s'il n'y a que de la réglementation et pas d'investissements. Et donc, la France se battra pour avoir une stratégie d'investissement massif pour l'ensemble de nos territoires. Et puis enfin, il nous faut avoir des meilleures incitations pour le secteur privé. Et donc au cœur de cette écologie planifiée et financée, il y a tout un travail qu'on va mener sur les crédits carbone et leur sincérisation - aujourd'hui ils ne fonctionnent pas parce qu'ils sont trop faibles - et la mise en place aussi de crédits biodiversité sur lesquels nous ferons un point d'étape à la fin de l'année.

Ensuite, nous voulons une écologie accessible et juste, c'est-à-dire une écologie qui ne laisse personne sans solutions. C'est d'ailleurs le cœur de notre investissement et de l'investissement de la nation. C'est d'accompagner ceux qui sont le plus loin. Permettre l'accès, c'est permettre en particulier de mettre en place des mécanismes très innovants, nous serons les premiers à le faire en Europe, par exemple, pour les véhicules électriques. C'est pourquoi, dès le mois de novembre, nous serons en situation justement de révéler ce dispositif de leasing à 100 euros pour les premiers modèles de véhicules électriques. Ce ne sera pour l'année 2024 que quelques dizaines de milliers de modèles, mais ce sera l'ouverture de ce guichet. Pourquoi ? Parce que d'abord, nous voulons qu'il soit juste, bien ciblé. Et ensuite, nous voulons qu'il permette l'accès à des véhicules électriques qui sont produits en Europe pour éviter que nous ayons une politique d'accès qui, en quelque sorte, viendrait contredire notre politique industrielle. Mais donc nous allons mettre en place des dispositifs pour rendre accessible le véhicule électrique.

De la même manière, la rénovation thermique des bâtiments doit doubler d’une politique de justice et d'accessibilité. Il nous faudra donc accompagner les ménages qui sont les plus modestes. Au-delà de ce que nous avons commencé à faire avec MaPrimeRénov’, nous sommes en train de continuer sa réforme et sa transformation. Et ce, avec une stratégie qui va se lancer dans le logement social, dès octobre, avec la finalisation de l’ensemble de nos mécanismes d’accompagnement pour la rénovation des logements en novembre, qui va nous permettre de mieux accompagner les ménages les plus modestes mais aussi les familles moyennes tout en accompagnant là aussi les bailleurs sociaux et les acteurs les plus structurants pour pouvoir rénover plus rapidement le parc, avec là aussi une exemplarité du côté de l’État. Nous allons donc accélérer nos investissements pour la rénovation thermique de nos propres logements.

Quand je parle d'une écologie accessible et juste, c'est évidemment aussi le travail que nous devons faire pour accompagner nos agriculteurs. Avoir une écologie accessible, c'est ne jamais laisser des agriculteurs sans solution. C'est la politique que nous avons retenue pour le glyphosate, celle de toujours chercher le bon point d'équilibre. Néanmoins, en France, nous allons baisser de 30 %, ce qui est unique en Europe, notre dépendance. Nous ne laisserons jamais d'agriculteurs sans solutions et sans impasse. Ça se fera donc par une stratégie d'investissement dans la recherche d'investissements, dans l'accompagnement, sans surtransposition, et en veillant à ce qu'il n'y ait pas justement de différences entre pays européens pour ne jamais nous placer dans la situation de perdre là aussi notre compétitivité.

Et puis, cette écologie accessible et juste, elle passe là aussi par la cohérence au niveau européen international, les clauses miroirs que nous défendons à l'international et qui protègent nos industriels et nos agriculteurs. La taxe carbone aux frontières, qui est un mécanisme absolument essentiel pour de la justice et de la loyauté à l'égard de nos producteurs.

Mais plus largement, quand on parle de justice, je veux ici souligner que beaucoup des transformations que nous sommes en train de faire, portent en elles-mêmes des éléments de justice parce qu'elles sont nécessaires pour les plus modestes d'entre nous. Réduire les émissions, c'est réduire la pollution dans nos villes, c'est avoir une politique de prévention pour lutter contre la bronchiolite ou la détresse respiratoire qui touchent souvent les plus vulnérables d'entre nous, et les personnes âgées comme les femmes enceintes ou les enfants des milieux les plus modestes. C'est de la véritable justice.

Ensuite, nous voulons une écologie qui protège les Français et la nature. C'est la mission qui nous est donnée. C'est aussi pour ça que je crois que l'écologie a quelque chose de régalien à cet égard. Et ce qui est au cœur de la stratégie d'ensemble qui est la nôtre. Travailler avec les agriculteurs pour leur permettre d'avoir par l'écologie une réponse à la baisse des rendements par l'agrivoltaïsme, la biomasse, les carburants durables qui sont des mécanismes de revenus complémentaires mais qui vont permettre justement de protéger leurs revenus. Travailler avec les forestiers pour leur permettre, là aussi, de protéger, reconstituer la forêt et qui viendront compléter la stratégie forestière qui est la nôtre à la fois de protection et de plantation d'un milliard d'arbres nouveaux d'ici 2030. Travailler avec nos Outre-mer, qui concentre l'essentiel de notre biodiversité pour avoir cette stratégie que nous déploierons en octobre. Travailler pour, au fond, protéger notre nature et nos paysages, ce qui montre que notre écologie est aussi une stratégie de préservation de notre cadre de vie, de notre richesse de biodiversité et au fond, de nos paysages qui constituent l’identité profonde de la France.

Ensuite, nous voulons une écologie qui soit territorialisée. La stratégie qui a été présentée aujourd’hui est détaillée point à point, est une stratégie qui est le fruit d’un très gros travail d’une concertation qui a associé toutes les parties prenantes. La Première Ministre et le ministre en charge de la Transition lanceront un débat au mois d’octobre, sur le terrain, dans chaque région. Notre objectif est maintenant que ces objectifs nationaux soient partagés au niveau des territoires et qu'ils soient déclinés avec, au fond, des objectifs qui sont eux intangibles et une liberté qui est donnée sur les moyens et le chemin des indicateurs et des responsabilités clairement établies. Ceci, pour que nous puissions distinguer, si je puis m'exprimer ainsi, ceux qui sont engagés ont des résultats de ceux qui, en quelque sorte, décident de ne pas jouer le jeu, et pour que ce soit clair pour l'ensemble de nos compatriotes.

Et donc nous allons mettre en place des budgets verts territoriaux, des vraies libertés d'action, mais en même temps des objectifs clairs et des responsabilités partagées au niveau des territoires. La maille est régionale, mais c'est au fond chaque bassin de vie qui sera responsabilisé et donc nos communes auront un rôle très important à jouer. Nos intercommunalités d’agglomération et évidemment les départements seront insérés dans ce jeu avec un accompagnement en matière d'ingénierie territoriale pour que les bonnes réponses soient apportées sur le terrain.

Enfin, c'est une écologie que nous portons partout dans le monde. Nous sommes le premier pays à nous doter d'une stratégie nationale. Mais elle correspond point à point à ce que nous portons à l'international. La sortie du charbon avant 2030, la décarbonation industrielle, la stratégie d'investissement, la stratégie biodiversité reposant sur la protection et le renforcement de nos forêts et la protection de nos océans, c'est une stratégie que nous portons au cœur de l'Europe et à l'international, que nous avons encore défendue et qui est au cœur du Pacte de Paris pour les peuples et la planète.

C'est cette cohérence qui, je crois, nous donne beaucoup de force et c'est l'ensemble de ces points qui structurent cette écologie à la française que j'évoquais. Qui ne décide pas de rouvrir des centrales à charbon. Qui décide de ne pas abandonner ses objectifs, même quand c'est difficile, mais qui sait concilier une ambition climatique avec plus de souveraineté, avec une stratégie industrielle, avec la création d'emplois à travers les principes que je viens d'évoquer.

Je souhaite que l'ensemble des formations politiques qui concourent à la vie de la nation, lorsqu'elles condamnent parfois trop vite le nucléaire, se rendent compte que tous les scientifiques nous disent qu'il n'y a pas une stratégie qui existe sans le nucléaire. Que ceux qui nous expliquent qu'au fond, la taxe carbone aux frontières ne serait pas une bonne chose, quand ils refusent de la voter à l'Europe, se rangent à notre solution parce qu'il n'y a pas de politique loyale sans une taxe carbone aux frontières pour nos Européens et que sur chacun des points que je viens d'évoquer, nous puissions bâtir le maximum de concorde.

J'ai compris que c'était ce qui ressortait des consultations politiques que la Première Ministre avait tenues à l'exception d'une formation politique qui a fait le choix de ne pas s'y rendre pour des raisons qui m'ont encore échappé. Mais je ne peux pas imaginer que ce ne soit par désintérêt, c'était sans doute par oubli.

En tout cas, sur tous ces sujets, je veux remercier Madame la Première Ministre, les ministres en charge, le secrétariat général à la transition écologique. Très bon travail, on le voit. Les prochaines semaines seront marquées par la déclinaison de tout ce que nous nous sommes dit, par des investissements nouveaux, par des actions que nous allons conduire et par cette territorialisation absolument essentielle ; et sur le plan international, par des rendez-vous européens-internationaux qui iront jusqu'à la COP 28 en fin d'année dans laquelle nous porterons chacun de ces objectifs. Je vous félicite en tout cas pour le travail conduit.

Nous avons maintenant la mise en œuvre qui ne sera pas plus simple, mais dans laquelle il va nous falloir associer toutes les forces vives et partager les responsabilités. Je compte sur vous pour cela et je vous remercie de tout le travail qui a été mené.

Merci à vous. Merci beaucoup, Messieurs, Dames.

Emmanuel Macron, le lundi 25 septembre 2023 au Palais de l'Élysée à Paris.


Source : www.elysee.fr

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230925-discours-macron.html


 

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15 septembre 2023 5 15 /09 /septembre /2023 05:32

« En ce moment, nos pensées vont aux milliers de personnes touchées dans leurs communautés, nous sommes solidaires de toute les populations en Libye pendant cette période difficile. » (Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire Général de l'ONU, le 12 septembre 2023 à New York).





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Des équipes de l'ONU seraient déjà sur les lieux ce 12 septembre 2023 : « Nous mobilisons des ressources et des équipes d’urgence pour secourir les personnes touchées et travaillons avec des partenaires locaux, nationaux et internationaux pour acheminer l’aide humanitaire d’urgence aux personnes dans les zones sinistrée. » (Stéphane Dujarric).

Quelques heures après le séisme désastreux du Maroc, l'Afrique du Nord a été touchée très durement par un autre dérèglement météorologique et environnemental, à savoir la tempête Daniel qui, après avoir dévasté la Grèce et la Bulgarie, est arrivé sur les côtes libyennes, surtout au nord-est de la Libye, touchant les villes de Benghazi, Al-Marj, Al-Bayda et Derna (en Cyrénaïque). Des pluies torrentielles ont secoué ces zone le 10 septembre 2023 au point de provoquer de très graves inondations et coulées de boue.

414 millimètres de pluie sont tombés dans la journée. Le plus grave se trouve à Derna car les pluies torrentielles auraient détruit deux barrages en amont de cette ville de 100 000 habitants, ce qui aurait entraîné une crue énorme et submergé plusieurs quartiers dont certains, emportés, sont allés à la mer.

Jamais le pays n'a connu ce genre de situation catastrophique. Elle provient de conditions météorologiques particulières, une zone à forte pression coincée entre deux dépressions et un air très chaud.

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Les autorités du pays ont évoqué le 12 septembre 2023 environ 3 800 morts et plus de 10 000 personnes disparues. Deux jours plus tard, il serait question de plus de 11 000 morts et de plus de 6 000 disparus. On compterait aussi 40 000 personnes déplacées, mais la docteure Margaret Harris, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que 1,8 million de personnes auraient été touchées par ces pluies torrentielles, avec un vent jusqu'à 80 kilomètres par heure, qui ont détruit tout sur leur passage, même des hôpitaux : « Le travail consiste maintenant à rassembler du matériel de secours, y compris, malheureusement, des sacs mortuaires et des kits de traumatologie. (…) Notre seconde priorité est de veiller aux personnes déplacées. (…) Beaucoup de gens vivaient déjà dans des conditions précaires. Et nous devons établir quel type d’hôpitaux de campagne et de cliniques mobiles peuvent être mis en place. ».

Cette catastrophe en Libye a été beaucoup moins médiatisée que le séisme au Maroc ou que l'arrivée massive de réfugiés à Lampedusa (6 800 réfugiés en une seule journée sur le sol italien), mais probablement que la Libye a besoin encore plus d'aide internationale. Pour compliquer les secours, la Libye est dirigée par deux administrations rivales, une de Tripoli, reconnue par la "communauté internationale" et une autre issue d'une légitimité parlementaire à l'Est de la Libye.

Le gouvernement de Tripoli a envoyé des aides à l'Est qu'il ne contrôle pas. Le Croissant rouge est complètement dépassé par la catastrophe et des équipes internationales sont mobilisées pour les secours et l'aide humanitaire.

Différentes instances de l'ONU ont commencé à récolter des dons (l'objectif serait de venir en aide à 250 000 personnes pour la somme de 71,4 millions de dollars ; ensuite 800 000 personnes à aiders). La Turquie, l'Égypte, l'Algérie, la Jordanie et le Qatar ont déjà mobilisé des aides pour la Libye.

La France, dans le cadre de l'Union Européenne, participe aussi aux secours. Elle a envoyé un hôpital de campagne à l'aéroport d'Al Abraq tandis que l'Italie s'occupe plutôt de Derna avec l'arrivée de deux hélicoptères. Le 13 septembre 2023, une équipe d'une soixantaine de sapeurs-pompiers et de sauveteurs français venus du Gard est partie pour la Libye. L'Allemagne, la Finlande, la Belgique, les Pays-Bas, la Roumanie et la Suède participent aussi aux interventions européennes.

Autre grave difficulté, la Libye est un passage obligé pour l'immigration hors de l'Afrique : les réfugiés d'une quarantaine de pays d'Afrique passent en effet par la Libye pour aller en Europe. Paul Dillon, le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), craint que le nombre de victimes des inondations en Libye soit bien plus grand encore : « Nous sommes conscients qu’environ 600 000 migrants sont en Libye à l’heure actuelle et qu’une partie d’entre eux se trouvait dans des zones touchées. Mais à ce stade précoce, vu les nombreux problèmes d’accès auxquels les intervenants humanitaires sont confrontés, nous n’avons pas encore une vision claire de la gravité de leur situation. » (12 septembre 2023).

La Libye, terre de passage ? Selon certains, pas toujours. Certains réfugiés d'origine subsaharienne s'y retrouvent sans identité et en l'état d'esclaves, ce qui est un scandale aussi grave voire plus grave que le grand nombre de réfugiés qui échouent à Lampedusa, sans compter les malheureux passagers qui se noient par naufrage dans la Méditerranée à cause de passeurs criminels sans scrupules.

Mais tout cela est très différent de ces rescapés de la tempête Daniel qui comptent encore leurs morts et qui tentent d'aider et de sauver les personnes qui ont tout perdu, domicile, biens, etc. Solidarité aussi au peuple libyen dans ces moments graves.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (14 septembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Une intervention militaire pour stopper le massacre en Libye ?
"Je reste !"

La fuite de Kadhafi ?
Les sanctions de l’ONU.
Égypte, Tunisie, Libye : et si l’on écoutait Michel Rocard ?
Syrte (Libye) est tombé.
Mort du colonel Mouammar Kadhafi ce 20 octobre 2011 à Syrte (Libye).

La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
Inondations en Libye : la ville de Derna dévastée.
Séisme au Maroc.
Fukushima, dix ans après.
Apocalypse à la Toussaint ?
Haïti, cauchemars et espoirs.
Erika (12 décembre 1999).
Le tsunami des Célèbes (28 septembre 2018).
Le tremblement de terre à Haïti (12 janvier 2010).
L'incendie de Notre-Dame de Paris (15 avril 2019).
Le syndrome de Hiroshima.
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).

_yartiLibyeInondations04




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230912-libye-inondations.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/inondations-en-libye-la-ville-de-250387

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/09/14/40040653.html




 

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