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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 11:17

« Imaginez que vous veniez vous faire dédicacer un livre d'un auteur que vous aimez particulièrement. Soudain des hordes de barbares se jettent sur vous, vous frappent, vous insultent. C'est très grave ! » (Éric Zemmour, le 19 juin 2023 sur BFMTV).




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Il est toujours étonnant de voir une personnalité qui cultive le culte nostalgique de la grandeur nationale d'antan, prête à se prendre pour Napoléon (Napoléon le Petit bien sûr), et finir en Caliméro de service. Éric Zemmour aurait voulu attribuer personnellement le prénom de chaque Français, je lui propose de se faire attribuer à son tour celui de Caliméro.

Eh oui ! L'a pas de chance, le Zemmour ! Chaque fois qu'il visite la France, avec une arrière-pensée éditoriale (il ne rencontre pas des électeurs, il rencontre des lecteurs, il signe des dédicaces de son dernier livre "Je n'ai pas dit mon dernier mot"), il y a une "horde de barbares" (c'est son expression) qui l'attend de pied ferme. En effet, plusieurs dizaines de militants d'extrême gauche se mobilisent chaque fois pour pourrir la vie d'Éric Zemmour. Certains affichent des banderoles de la CGT, d'autres sont largement relayés par la France insoumise.

Sa séance de dédicace du samedi 17 juin 2023 dans un hôtel de Brest a été un peu plus violente que d'habitude : les militants d'extrême gauche s'en sont pris aux lecteurs d'Éric Zemmour (selon "Le Télégramme", 240 étaient inscrits), parfois des personnes âgées, d'autres accompagnés d'enfants. Non seulement Éric Zemmour est en colère contre ces pressions insupportables (à mon sens très contre-productives), mais aussi contre le préfet du Finistère et contre les médias qui ont présenté ces violences comme des "tensions" ou des "affrontements" entre zemmouriens et gauchistes.

Sur BFMTV le 19 juin 2023, Éric Zemmour a effectivement rejeté l'idée qu'il y ait eu des "tensions" car il s'agissait avant tout d'agressions violentes contre ses partisans qui n'ont même pas eu le temps de se défendre (toutefois, lors d'un récent banquet de Reconquête dans le Var, ce sont bien quatre militants zemmouriens, mis en examen pour violences en réunion, qui ont grièvement blessé un élu écologiste de La Seyne-sur-Mer).

L'éditorialiste a mis en cause la préfecture car les quatre-vingts policiers présents n'ont initialement pas bougé, tandis que dans d'autres départements où il se déplaçait, les policiers avaient reçu l'ordre d'éloigner les manifestants des accès avant son arrivée : « Partout où je vais, il y a des gens qui me pourrissent la vie. Là, le préfet a été soit incompétent, soit hostile : dans les deux cas, c'est un scandale et je demande à Gérald Darmanin de prendre des sanctions. ». Ce lundi 19 juin 2023 dans la soirée, Éric Zemmour était à Marcq-en-Barœul pour une nouvelle séance de dédicaces.

Paradoxalement, ce fait-divers, car c'est un fait-divers, a remis dans l'actualité Éric Zemmour qui était retombé dans l'oubli politique depuis sa lourde défaite à l'élection présidentielle d'avril 2022 et surtout, son échec total aux élections législatives de juin 2022 (aucun élu). En ce sens, l'activisme parfois violent de ces militants d'extrême gauche est complètement contre-productif et place Éric Zemmour dans le rôle de la victime.

D'ailleurs, j'avais comparé en 2021 Florian Philippot à Bruno Mégret, croyant emporter avec eux le noyau dur du Front national et finalement, tous les deux se sont marginalisés politiquement (l'un en 2018, l'autre en 1999), la puissance électorale de la marque Le Pen étant plus forte que tout autre considération. En fin de compte, c'est Éric Zemmour qui devrait être comparé à Bruno Mégret, ils ont quelques signes de ressemblance dans leur comportement politique, avec le même défaut, ou plutôt, une qualité dans l'absolu mais un défaut en politique quand on recherche des électeurs : ils sont beaucoup trop cérébraux, trop intellos, et pas assez dans l'émotion (c'était patent quand il parlait des enfants en situation de handicap qu'il voulait séparer des autres).

Mais un Mégret réconcilié avec Le Pen père. Car Éric Zemmour pensait recueillir les sympathisants nostalgiques du Front national canal historique, pas le modernisé, mondialisé pourrait-il presque dire du RN de sa fille Marine Le Pen. Et il n'était pas loin de recueillir le soutien de Jean-Marie Le Pen pour une meilleure cohérence idéologique (conservateur sociétal, libéral économique, anti-immigration).

Jean-Marie Le Pen a été tenté, au début de 2022, de soutenir la candidature d'Éric Zemmour, mais il s'en est dissuadé pour deux raisons : la première, c'est qu'Éric Zemmour n'a fait aucun geste envers lui, comme venir le voir dans sa maison de Rueil-Malmaison pour une visite de courtoisie ; la seconde, c'est sa dégringolade dans les sondages à partir de janvier 2022 et la certitude qu'il ne pourrait pas être présent au second tour de l'élection présidentielle.

Finalement, Jean-Marie Le Pen a soutenu sa fille Marine Le Pen et a été triste de sa défaite le 24 avril 2022 en lâchant au journal "Le Parisien" : « Elle a fait tout ce qu’elle pouvait. Elle a été très bien (…). Je félicite Marine Le Pen (…), elle sait ce que je pense, que mon cœur bat pour elle et pour tous les militants (…). Il y a le temps d’organiser la prochaine victoire. Marine Le Pen, Éric Zemmour, Bardella et d’autres sont capables de mener cette bataille-là ! ». Une dernière phrase qui n'est certainement pas de l'avis de Marine Le Pen.

Malgré la défaite d'Éric Zemmour, il faut reconnaître que sa candidature était la surprise de la campagne présidentielle de 2022. En effet, de tous les protagonistes, il était l'unique candidat dont le nom n'était pas identifié un an avant l'échéance. Si cela lui a permis de passer devant la candidate de LR (surtout en raison du dévissage de Valérie Pécresse qui ne s'explique que par l'effet du vote utile et de la crainte qu'aucun candidat "raisonnable" ne soit présent au second tour), à un niveau honorable (7%), c'était insuffisant pour faire partie de la cour des grands candidats qu'étaient en 2022 la "bande des trois", à savoir Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Le PS a été marginalisé en 2017 et LR en 2022.

BFMTV expliquait que le dernier bouquin d'Éric Zemmour se vendait beaucoup moins bien, mais s'il n'a pas été vendu à 250 000 exemplaires comme le précédent ("La France n'a pas dit son dernier mot" sorti en septembre 2021), il s'est déjà vendu à 61 000 exemplaires, ce qui est déjà une belle performance pour la plupart des auteurs contemporains, surtout si on se limite aux auteurs d'essais politiques. Mais la chaîne d'information continue a posé la bonne question à Éric Zemmour qui n'a pas su y répondre bien que prévisible : la violence qu'il reçoit serait-elle amenée par ses provocations idéologiques ?

En ce qui me concerne, j'aurais plutôt une autre question : sachant qu'il ne sera jamais élu Président de la République, à qui son existence politique profite-t-elle ? En d'autres termes, de qui donc Éric Zemmour est-il "l'idiot utile" ?


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (19 juin 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Éric Caliméro Zemmour.
Jean-Marie Le Pen et sa marque dans l'histoire.
La tactique politicienne du RN.
La sanction disciplinaire la plus lourde de la Cinquième.

Louis Aliot.
Jordan Bardella.
Marine Le Pen.

Le congrès du RN.
Grégoire de Fournas.
Incident raciste : 89 nuances de haine à la veille du congrès du RN ?
Le Front national des Le Pen, 50 ans plus tard...

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230619-zemmour.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/eric-calimero-zemmour-248909

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/06/19/39946083.html






 

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11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 05:01

« Il accepte sa sanction judiciaire (…). Il accepte sa sanction politique, calquée sur le jugement. (…) Il suivra un stage sur les violences sexistes et sexuelles par des organisations féministes. Il prendra des notes. Il s'achètera un cahier neuf. Il fera tout ce qu'on lui demande, sauf une chose : se retirer pour de bon. Disparaître. Et il ne comprend pas pourquoi on le lui demande. (…) Tout son être résiste. » (Daniel Schneidermann, le 14 décembre 2022).




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Le député non-inscrit Adrien Quatennens a réintégré son groupe politique d'origine, celui de France insoumise, ce mardi 11 avril 2023 à l'Assemblée Nationale. À cela, rien de surprenant, puisqu'il en avait été temporairement exclu après sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis le 13 décembre 2022 par le tribunal de Lille pour avoir giflé son épouse.

Pour dire les choses crûment, l'idée d'une sanction symbolique contre leur collègue Quatennens de la même durée que la durée de la condamnation avec sursis était peu appropriée puisqu'il est toujours condamné à cette peine (c'est-à-dire que, même après ces quatre mois, si le député devait être condamné pour une autre affaire, il devrait ajouter quatre mois de prison ferme à son éventuelle seconde peine).

Toujours difficile pour les copains de se comporter : d'un côté, ne pas le rejeter et continuer à exprimer leur affection ; de l'autre côté, être prudents face aux enragés du féminisme du genre de Sandrine Rousseau, pourtant l'une des meilleures alliées écologistes des insoumis. À cela, vous rajoutez la relation particulière avec Jean-Luc Mélenchon qui l'imaginait comme le véritable dauphin, dont la condamnation, soit dit en passant, fait l'affaire de quelques concurrents à ce rôle.

L'isolement politique d'Adrien Quatennens était très symbolique car pendant l'examen des motions de censure déposée à l'occasion de l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution le 20 mars 2023, ce dernier s'est exprimé à la tribune de l'hémicycle pour soutenir la motion de censure de Charles de Courson au nom des non-inscrits, ce qui doublonnait les orateurs de FI.

Pourtant, des députés, à l'instar de Sandrine Rousseau, quittaient systématiquement l'hémicycle quand Adrien Quatennens prenait la parole, afin de manifester leur soutien aux victimes des violences faites aux femmes. Ce mardi 11 avril 2023, elle a annoncé qu'elle cessait ce départ systématique, car ce ne serait pas aux féministes de quitter les lieux.

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Il faut pourtant comprendre qu'Adrien Quatennens n'est pas le symbole de la violence faite aux femmes et d'ailleurs, "sa" victime est rarement intervenue dans les débats, voire jamais. À la rigueur, il est le symbole d'un mari en cours de séparation difficile, probablement blessé dans son ego, dont l'émotion a certainement dépassé le cadre de ses propres valeurs. Tout homme est faillible et que celui qui n'a jamais giflé personne jette la première pierre (ce qui ne serait pas mieux qu'une gifle). Du reste, sur le plan électoral, on peut rappeler que le candidat François Bayrou avait involontairement boosté électoralement sa campagne de 2002 parce qu'il avait giflé par réflexe un djeune qui avait volé son portefeuille dans la poche.

Plus clairement, je dirais que le député Adrien Quatennens a suffisamment pris de positions sur divers sujets pour que ses adversaires le fustigent sur le fond plutôt qu'ils utilisent cet argument qui concerne sa vie privée dont on ne connaît rien du contexte. Il est vrai qu'il avait l'habitude d'être arrogant avec ses adversaires, aimant leur faire la leçon. Un autre donneur de leçon que cela n'a pas réussi, c'était François Fillon...

Alors, le groupe FI fait-il une erreur en réintégrant Adrien Quatennens ? À mon sens, non, car son "affaire" va finir par être oubliée, et comme il est un petit génie de la politique, il apportera beaucoup plus qu'il ne plombera son parti. Son avenir reste quand même sombre : sera-t-il sanctionné par les électeurs pour cet aspect d'un homme qui se voulait lisse jusqu'au bout des ongles ?

Ce qui me frappe et me fait sourire, c'est la détermination des socialistes à s'opposer à Adrien Quatennens. Bon, c'est clair que depuis le débat sur la réforme des retraites, la Nupes n'existe plus. Mais encore faut-il le médecin légiste pour signé son acte de décès. L'obstruction et les inconvenances du groupe FI ont profondément choqué ses alliés de gauche.

Les communistes sont les premiers à vouloir quitter cette alliance qui n'a plus de sens. Fabien Roussel, réélu secrétaire national du PCF avec une forte majorité au cours du congrès du PCF ce week-end de Pâques, voudrait plutôt former un nouveau front populaire. André Chassaigne a même été chahuté par les députés insoumis pour vouloir débattre sur le fond de la réforme des retraites à l'Assemblée Nationale. Ils ont suffisamment d'identité pour exister par eux-mêmes et être prêts à la rupture. À cet égard, je m'étonne de ce caractère probablement le plus raisonnable de toute la Nupes.

En revanche, les socialistes sont très différents. À l'évidence, leur premier secrétaire Olivier Faure voudrait succéder à Jean-Luc Mélenchon au poste convoité de gourou de gauche. Je suis persuadé que c'est un horizon assez vain, car Jean-Luc Mélenchon bénéficie avant tout de son grand talent d'orateur tandis que le charisme d'Olivier Faure, on le cherche encore.

La conséquence directe, c'est que le PS ne souhaite pas vraiment offenser France insoumise. Certes, le PS était content quand la candidate PS dissidente l'avait emporté sur la candidate invalidée FI à la législative partielle en Ariège le 2 avril 2023, mais jamais officiellement. Car les socialistes ont peur de Jean-Luc Mélenchon.

Alors, pourquoi s'opposer tant à la réintégration d'Adrien Quatennens au groupe FI ? Après tout, ce n'est pas l'affaire du PS mais du FI. Pas d'ingérence dans un autre parti. Je crois que pour le PS, c'est le meilleur moyen de s'opposer aux insoumis sans froisser le grand gourou. Car militer contre les violences faites aux femmes, c'est toujours honorables, même si Adrien Quatennens n'est pas, loin de là, le symbole du diable sous ce regard-là. Cela a pour conséquence que les socialistes surréagissent dans leur indignation, en particulier Guillaume Garot et même Anne Hidalgo (il vaut mieux être un femme pour parler de ces choses-là !).

Le Président Emmanuel Macron pourrait être satisfait de cette singularité parmi ses opposants : à cause de sa situation particulière, Adrien Quatennens, sauf à se retirer définitivement de la vie politique, ne fera qu'attiser les divisions au sein de la Nupes. Laissant la majorité présidentielle toujours plus seule face au redoutable Rassemblement national...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (11 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Adrien Quatennens, le meilleur allié du Président Macron ?
Et si le peuple révoquait Adrien Quatennens ?
La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
Le député Adrien Quatennens doit-il démissionner de l'Assemblée Nationale ?
Mais où est donc passé Adrien Quatennens ?
Thomas Portes.
Carlos Martens Bilongo.
Clémentine Autain.
Éric Coquerel.
Jean-Luc Mélenchon.
Danièle Obono.
François Ruffin.
Sandrine Rousseau.
Pour ou contre M… ?
Sous la NUPES de Mélenchon.
La consécration du mélenchonisme électoral.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230411-quatennens.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/adrien-quatennens-le-meilleur-247822

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 05:32

« Il n'y a pas d'autre sortie de crise que le retrait de la réforme (…). On ne peut pas parler d'autres sujets tant qu'on ne retire pas cette réforme, le gouvernement doit le comprendre (…). D'une façon ou d'une autre, elle ne s'appliquera pas. » (Sophie Binet, le 3 avril 2023 sur France Inter).



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La succession de Philippe Martinez à la tête de la CGT (Confédération générale du Travail), annoncée depuis un an, n'a pas été un long fleuve tranquille. Sur fond de surenchères du mouvement social contre la réforme des retraites du gouvernement, le 53e congrès qui s'est tenu à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars 2023 fut particulièrement chaotique. La désignation de Sophie Binet (41 ans) comme secrétaire générale de la CGT le matin du 31 mars 2023 a donc été une surprise même si son nom faisait partie des possibles.

Surprise car Sophie Binet n'était pas du tout candidate à ce poste. À l'origine, Marie Buisson (54 ans), enseignante et secrétaire générale de la fédération de l'éducation, de la recherche et de la culture de la CGT depuis 2017 (petite fédération) était proposée dès mai 2022 par Philippe Martinez pour être sa successeure. Mais elle a été vite contestée par les plus radicalisés.

Il y a d'abord eu le 28 mars 2023 le refus du congrès d'approuver le bilan de Philippe Martinez, mis ainsi en minorité. Il y a eu ensuite cette impossibilité de trancher entre trois candidats déclarés : Marie Buisson, donc, à qui on a mis en face une sympathisante mélenchoniste, Céline Verzeletti (54 ans), gardienne de prison et secrétaire générale de la CGT pénitentiaire, puis, secrétaire générale de l'Union fédérale des syndicats de l'État depuis 2021, mais elle n'a pas pu faire non plus le consensus.

Autre candidat également, Olivier Mateu (49 ans), membre du PCF, opposé à la fermeture des centrales nucléaires et des centrales au charbon, forestier sapeur et secrétaire de la fédération des Bouches-du-Rhône de la CGT depuis 2016, très médiatisé depuis l'été 2022, notamment par ses déclarations publiques contre Emmanuel Macron (le seul département où l'État n'a pas réquisitionné pour faire cesser la grève des raffineries), a aussi vu sa candidature être rejetée par le congrès.

Ce fut finalement Sophie Binet qui a été élue secrétaire générale de la CGT le 31 mars 2023, avec 82% des voix ; elle a fait le consensus après des discussions interminables sur fond de divisions pendant toute la nuit du 30 au 31. Il y a clairement deux axes au moins, des réformistes et des radicalisés.

Qui est Sophie Binet ?

Les médias l'ont donc présentée comme la première secrétaire générale de la CGT, et cela depuis sa création en 1895. Il faut saluer cela, même s'il y avait une forte probabilité qu'une femme allât succéder à Philippe Martinez dans tous les cas. Elle n'est cependant pas la première femme secrétaire générale d'un grand syndicat en France puisque la première femme est Nicole Notat qui a été secrétaire générale de la CFDT d'octobre 1992 à mai 2002. Du reste, Sophie Binet est également féministe et un tantinet écolo.

L'autre singularité est qu'elle émane des cadres et ingénieurs, ce qui est rare et nouveau. Déjà Philippe Martinez était technicien et pas ouvrier. Un cadre à la tête du syndicat supposé être le plus ouvrier est donc aussi une première. En effet, Sophie Binet est conseillère principale d'éducation (CPE), autrement dit, ce qu'était avant le surveillant général, ce qui est un cadre A de la fonction publique nécessitant un master. Elle a exercé son métier pendant neuf ans dans des lycées professionnels, d'abord à Marseille (dans les quartiers nord) puis au Blanc-Mesnil (en Seine-Saint-Denis). Son objectif personnel était d'aider les lycéens dans des quartiers difficiles pour qu'il s'en sortent et se retrouvent avec un vrai métier et une vraie situation.

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Permanente de la CGT à partir de 2013, elle a été élue secrétaire générale adjointe, en 2014, puis secrétaire générale de l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT depuis mars 2018 et a acquis une bonne connaissance de l'industrie à ce poste, selon le magazine professionnel "L'Usine nouvelle".

Pourtant, plus que femme, plus que cadre, j'insisterais plutôt sur une troisième singularité qui me paraît de taille : Sophie Binet a eu d'autres engagements, et le plus singulier est qu'elle ne s'est pas engagée au sein du parti communiste, mais du parti socialiste dont elle a été militante de 2008 à 2012. Au congrès de Reims, elle a en effet soutenu Benoît Hamon, puis à la primaire socialiste de 2011, la candidature de Martine Aubry. Après l'élection de François Hollande en 2012, elle a soutenu la motion majoritaire au congrès du PS à Toulouse, mais s'est éloignée du PS avec la loi Travail défendue par le gouvernement de Manuel Valls.

Plus exactement, on aurait du mal à ranger Sophie Binet dans une case. Ainsi, dans sa jeunesse, elle a d'abord milité à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à Nantes avant de rejoindre le syndicat étudiant UNEF dont elle fut par la suite membre du bureau fédéral. L'ancien secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly l'a rencontrée dès début 2006 à l'époque des manifestations contre le CPE (contrat première embauche, pas conseiller principal d'éducation), alors qu'elle avait 23 ans.

Au contraire des militants CGT habituels qui sont plutôt favorables à la filière nucléaire (car pourvoyeuse de beaucoup d'emplois), Sophie Binet a plutôt des convictions écologistes. En 2016, elle s'est engagée dans le combat contre la loi Travail. En 2022, elle s'est lancée aussi dans un combat contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde du travail (elle est par ailleurs membre du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes de 2022 à 2025).

Plus généralement, Sophie Binet a toujours été une militante particulièrement efficace dans ses prises de parole. La CGT, qui a perdu la première place au profit de la CFDT sous son prédécesseur Philippe Martinez, tente ainsi un grand coup de renouvellement, plus jeune, féminin, pour relancer la centrale. Toutefois, lorsqu'on lit les réactions des nombreux internautes dans différents endroits du Web (articles de journaux, vidéo Youtube, etc.), on trouve très majoritairement, sinon exclusivement, des réactions scandalisées qui crient à la magouille et qui regrettent qu'Olivier Mateu ne fût pas désigné (avec lui, "on" aurait été défendus et renforcés dans le mouvement contre la réforme des retraites, selon eux).

Pour l'heure, il n'est pas question de ramollissement. L'élection de Sophie Binet a mis un coup d'arrêt aux divisions internes à la CGT, confortant l'unité de l'intersyndicale en annonçant dès le 31 mars 2023 sa participation à l'invitation de la Première Ministre Élisabeth Borne à venir discuter avec elle le 5 avril 2023 à Matignon tant sur le travail que sur la réforme des retraites. À la fin du congrès de la CGT, elle a chanté des paroles en menaçant Emmanuel Macron de coupures d'électricité.

Invitée de la matinale de France Inter le lundi 3 avril 2023, Sophie Binet a justifié la surprise du chef du congrès : « C'est le propre des organisations démocratiques de réserver des surprises et donc c'est ce que la CGT a fait (…). Ce sont des débats qui durent depuis longtemps et je pense que c'est d'abord ce que l'on appelle à la CGT notre culture des débats, notre capacité à dialoguer ensemble et à trouver des solutions plutôt que de s'enfermer dans des logiques de blocs qui ne correspondent pas du tout à l'identité et au mode de fonctionnement de la CGT. ».

Elle s'est aussi exprimée sur la valeur symbolique d'une femme à la tête de la CGT : « Je sais que cela représente un message très fort pour les syndiquées, les travailleuses et c'est aussi une responsabilité importante (…). Mais pour moi, il y a une chose importante, c'est que je ne serai pas l'arbre qui cache la forêt et donc d'avoir une impulsion à tous les niveaux dans la CGT et au-delà pour permettre qu'il y ait des femmes qui arrivent à tous les niveaux de responsabilités. L'émancipation des femmes se fait par les femmes elles-mêmes. ».

Secrétaire générale de compromis, elle laissera certainement exprimer pleinement sa personnalité dans ses nouvelles fonctions. En plein combat contre la réforme des retraites, Sophie Binet est donc immédiatement mise à l'épreuve dans ce mouvement social finalement très traditionnel. Sa référence, c'est le CPE, qui a été retiré il y a dix-sept ans par Jacques Chirac malgré son adoption au Parlement et sa future promulgation. La différence avec aujourd'hui, c'est que la contestation du CPE s'était propagée jusque dans les rangs de la majorité, avec un Nicolas Sarkozy préférant jouer le rôle d'un médiateur dont la prudente neutralité n'égalait que son désir de mettre des bâtons dans les roues de son possible rival Dominique de Villepin...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (03 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Sophie Binet.
Philippe Martinez.
Henri Krasucki.
Edmond Maire.
François Chérèque.
Georges Séguy.
Marc Blondel.
André Bergeron.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230331-sophie-binet.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/01/39864411.html






 

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 04:59

« Après deux semaines de mutisme dans l’hémicycle, l’extrême droite s’est enfin réveillée, naturellement pas pour faire des propositions, évidemment pas pour sauver notre système de retraite, surtout pas pour faire avancer le pays, mais pour une manœuvre grossière qui visait uniquement à obtenir un brevet de meilleur opposant. Qu’importe le fond, tant que le coup tactique est bon. Le Rassemblement national attend sagement, tapi dans l’ombre, pour voir où le vent tourne, et à la vingt-cinquième heure, il surgit pour se remettre au centre du jeu médiatique, mais toujours pas dans le débat démocratique. (…) La réalité, c’est que vous n’avez ni projet social, ni solution pour nos compatriotes, et qu’à plusieurs reprises, les Français ont refusé vos pseudo-solutions. Vous dressez un écran de fumée qui se veut le gage de votre respectabilité. Vous avancez masqués, refusant de participer au débat. Vous espérez que la discussion abîmera un peu plus l’image que nos concitoyens se font de nos institutions. Vous attendez que les débats se soient tenus pour attaquer, manipuler, récupérer. » (Élisabeth Borne, le 17 février 2023 à l'Assemblée Nationale).




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À la fin de la première lecture du projet de loi de la réforme des retraites à l'Assemblée Nationale, le 17 février 2023, la Première Ministre Élisabeth Borne avait vu juste : le Rassemblement national n'a rien à proposer aux Français mais cherche à récupérer tout le bénéfice politique de la colère sociale.

Rien à proposer car Marine Le Pen est assez simpliste dans sa conception de la politique économique et sociale du pays : démagogie. Elle veut la retraite à 60 ans (elle nous refait le coup de François Mitterrand version 1981 !), elle veut renforcer les services publics (bravo), elle veut réduire les impôts et taxes (c'est très louable), et en plus, elle veut réduire la dette publique et les déficits (tout à fait d'accord). Cherchez l'erreur ! À moins de croire au Père Noël, l'ex-présidente du RN prend les Français pour des demeurés.

Qu'importe que ça ne marche pas avec tout le monde, c'est suffisant pour avoir su faire élire un groupe de 88 députés à l'Assemblée Nationale en juin 2022 (une moyenne de 18,6% au premier tour), le papa Jean-Marie Le Pen a dû être vert de rage, lui qui n'a pu emmener sur les bancs de l'Assemblée que 35 députés, et encore, grâce uniquement à la proportionnelle.

Ce gros bataillon a fait que le RN est le groupe le plus important de l'opposition et les sondages ne changent guère, quoi qu'en pense le grand gourou insoumis : la présidente de ce groupe, Marine Le Pen a été confortée dans sa position de principale opposante au Président Emmanuel Macron à la fin des débats sur la réforme des retraites. Pourtant, pas de participation aux manifestations, pas de projet alternatif, pas d'obstruction par des montagnes d'amendements. Juste attendre le discrédit des excités de la Nupes.

Considérant que le texte de la commission mixte paritaire n'était pas assuré d'obtenir un vote positif à l'Assemblée Nationale, le gouvernement a utilisé le 17 mars 2023 l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter définitivement la réforme des retraites. Une méthode qui a préféré favoriser le contenu de la réforme (le risque d'une rejet aurait fait perdre au mieux plusieurs mois ou même années) à s'appesantir sur l'aspect politique voire social du sujet. Élisabeth Borne aurait dû sans doute prendre le risque d'un rejet et montrer au pays qu'on pouvait tenter de légiférer normalement, sans cette arme qu'est l'article 49 alinéa 3. Cela ressort bien sûr du choix d'Emmanuel Macron et la suite dira s'il a eu raison ou pas de saisir cet outil à prendre avec des pincettes.

À la suite de cette décision, naturellement, les oppositions ont déposé des motions de censure. À ma connaissance, deux motions de censure ont été déposées avant le lendemain 15 heures (18 mars 2023). La dernière émane du groupe RN qui a peu de chance d'avoir plus que 89 votes (les 88 du RN et Nicolas Dupont-Aignan). La première, en revanche, n'émane pas de la Nupes qui a préféré laisser au petit groupe LIOT l'initiative de la motion de censure, en la signant pour certains afin d'obtenir le quota nécessaire au dépôt d'une motion de censure.

Ainsi, 90 signataires ont déposé cette première motion de censure, dont les premiers signataires sont des centristes, Bertrand Pancher en tête, avec le bouillonnant Charles de Courson, Olivier Serva et d'autres, mais l'ont signée aussi des députés communistes (comme Sébastien Jumel), des députés écologistes (comme Delphine Batho, Julien Bayou, Sandra Regol, Aurélien Taché), des députés socialistes (comme Guillaume Garot, Jérôme Guedj, Dominique Potier, Valérie Rabault) et même des députés FI (comme Caroline Fiat, Éric Coquerel, Rachel Kéké). Ce n'était d'ailleurs pas une surprise puisque le chef du PCF Fabien Roussel avait annoncé dès jeudi que les communistes voteraient une motion de censure du groupe LIOT.

Mais on voit bien que c'est une grosse tromperie politique, car ces signataires ne sont pas prêts à gouverner ensemble, bien sûr, ce qui dénature le principe d'une motion de censure : on vote la censure quand une majorité alternative existe dans l'hémicycle.

Dans la présentation de cette motion de censure, il est évoqué « un détournement manifeste et inédit de la procédure parlementaire », et elle s'inquiète de la méthode adoptée par le gouvernement qui « créerait un précédent dangereux qui permettrait aux gouvernements de faire passer de vastes réformes sociales par des procédures détournées, contraintes, et dangereuses pour notre démocratie ». (En fait, le texte utilise trois fois le mot "détourné" ou "détournement", et une fois "contournement"). Et le texte de la motion conclut par cette affirmation définitive (qui n'est qu'une opinion) : « Ce projet de réforme des retraites n’a ni légitimité sociale, ni légitimité populaire, ni légitimité démocratique. ».

Pourtant, ce n'est pas du côté de la Nupes et de LIOT qu'il faut chercher la manipulation. Certes, les députés RN ont clairement annoncé la couleur en disant que le RN voterait pour toutes les motions de censure, montrant qu'il se moque bien de l'intérêt national puisque le but est de déconstruire : voter une motion de censure de la Nupes n'équivaut pas à voter une motion de censure du RN, c'est pourquoi les excités de la Nupes ne voteront pas la motion du RN. Certes, c'est une hypocrisie puisque la Nupes mêlera ses voix avec celles du RN dans la première motion de censure.

Où en sont les comptes ? Il y a 573 députés actuellement (4 sièges sont vacants), ce qui signifie une majorité absolue de 287 députés. L'opposition farouche au gouvernement est composée de la Nupes (74 FI, 31 PS, 22 EELV et 22 PCF) et du RN et allié (88 RN et 1 NDA), soit 238. Si on rajoute le 20 de LIOT, ce fait 258. Il manquerait donc encore 29 députés à convaincre pour faire adopter la motion de censure : ils ne peuvent être comptés que parmi les 61 LR et les 4 non-inscrits (il y en a 5 en tout, mais j'ai déjà compté Nicolas Dupont-Aignan avec le RN).

Quatre à cinq députés LR ont déjà fait part de la possibilité de voter cette motion de censure. Il faut bien comprendre la conséquence d'un tel vote, que le gouvernement soit renversé ou pas : cela signifie que le parti Les Républicains se suicide complètement, reniant l'une des propositions phares de son programme depuis deux à trois élections présidentielles. Ce qui restait de sa crédibilité politique et de sa cohérence idéologique s'effondrait immédiatement.

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Au RN, on considère que la chute du gouvernement et le retour devant les urnes profiteraient aux candidats du RN comme véritable force alternative. C'est probablement un défaut de raisonnement mais il est "entendable" (et je ne connais pas l'avenir). Donc, les dirigeants du RN font en ce moment le forcing pour que les députés LR votent massivement pour cette première motion de censure.

Jordan Bardella a trouvé alors un moyen infaillible pour convaincre certains députés LR, notamment ceux élus dans l'Est de la France où le RN représente un courant électoral non négligeable : il leur fait savoir que s'ils votaient une motion de censure contre le gouvernement actuel, ils n'auraient pas de candidat RN en concurrence sur leur circonscription en cas d'élections législatives anticipées.

C'est un deal important, qui peut être salutaire dans certains cas de circonscription, mais qui aurait des conséquences ravageuses pour l'avenir de LR. Une circonscription au prix de l'âme, c'est cher payé. Car un candidat sans concurrence RN, ce serait forcément un candidat soutenu par le RN. Autant dire un candidat RN. Certains ont déjà passé le cap pour être élus, par exemple l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, qui avait échoué pour se faire réélire député et qui est devenu transfuge du FN pour être élu député européen FN. Mais ils sont actuellement une ultraminorité. La ligne Éric Ciotti, président de LR, est très claire : pas d'alliance électorale avec le RN.

Paradoxalement, celui qui se revendique de l'aile gauche de LR, Aurélien Pradié, est, lui aussi, tenté de voter la motion de censure de LIOT. Une trentaine de députés LR, cela signifie la moitié du groupe LR, cela fait beaucoup. La colère est également très intense contre le pouvoir, mais peut-être pas au point de saborder leur propre parti. Même si la tentation est grande.

Incontestablement, le lundi 20 mars 2023 à 16 heures, l'heure de l'examen des motions de censure, est un moment clef de la réforme des retraites. Ou cela passe, et le gouvernement fera le dos rond, jusqu'à la prochaine polémique, ou cela casse, et c'est le retour aux élections. Dans les deux cas, Emmanuel Macron aura gagné en clarification.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (18 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La tactique politicienne du RN.
La sanction disciplinaire la plus lourde de la Cinquième.

Louis Aliot.
Jordan Bardella.
Marine Le Pen.

Le congrès du RN.
Grégoire de Fournas.
Incident raciste : 89 nuances de haine à la veille du congrès du RN ?
Le Front national des Le Pen, 50 ans plus tard...

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230318-rassemblement-national.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-tactique-politicienne-du-rn-247386

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/19/39850417.html





 

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7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 09:41

« Il faut que les députés assument leur choix parce qu'ils ont des comptes à rendre aux électeurs. (…) Le fait de ne pas avoir permis ce vote [de l'article 7 qui repousse l'âge à 64 ans] fait que (…) des députés nous disent : "mais vous ne savez pas ce que j'aurais fait à l'Assemblée Nationale puisqu'il n'y a pas eu de vote". Ils ont des comptes à rendre aux électeurs. » (Philippe Martinez, le 7 mars 2023 sur France Info).





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Le secrétaire général de la CGT, du deuxième syndicat de France (la CFDT a dépassé la CGT en mars 2017 pour la première place), Philippe Martinez va suivre, pour lui-même, le code du travail avant le projet de réforme des retraites : il aura 62 ans le 1er avril 2023 et il ne sera plus le chef de la CGT, au sommet d'une gloire (temporaire), celui du mouvement social contre le projet du gouvernement.

En effet, il "lâchera" son mandat au prochain congrès de la CGT qui aura lieu du 27 au 31 mars 2023 à Clermont-Ferrand. Il souhaiterait laisser le témoin à une femme, Marie Buisson (enseignante dans un lycée professionnel), mais des centrales plus extrémistes souhaiteraient proposer une autre figure, ce qui risque de créer une véritable division au sein de la CGT (Olivier Mateu, qui tenait des propos « guerriers », selon l'expression de Philippe Martinez, en menaçant, il y a quelques mois, de mettre le feu dans les raffineries en cas de réquisition, serait parmi les prétendants, également Céline Verzeletti).

Pour Philippe Martinez, il faut une CGT « encore plus ouverte, qui s'intéresse à tous les problèmes de la société et qui ne considère pas que l'écologie ou le féminisme, ce sont des problèmes sociétaux » et il a ajouté, sur France Info : « On aurait tort d'avoir une CGT qui se replie sur elle-même, qui considère qu'elle a raison toute seule. ».

La journaliste Fanny Guinochet considérait, le 7 mars 2023 sur France Info, que l'affrontement au prochain congrès provoquerait des surenchères : « En attendant, ces tensions internes promettent de peser sur la mobilisation contre les retraites, car les soutiens de Céline Verzeletti risquent de vouloir faire monter la pression avant le congrès. Pression sur le gouvernement, mais aussi sur Philippe Martinez, histoire de lui montrer qu'ils ont les moyens de contrecarrer son plan de succession. ».

Philippe Martinez est arrivé à la tête de la CGT le 3 février 2015 un peu par hasard, en pleine crise. Son prédécesseur Thierry Lepaon, qui semblait avoir une faible personnalité, était critiqué pour son train de vie et au bout de dix-neuf mois, a dû démissionner. Technicien et pas ouvrier, il n'était alors pas connu du grand-public. Progressivement, il s'est imposé comme l'une des grandes figures syndicales contemporaines (qui serait capable de donner le nom d'un autre dirigeant syndical actuel autre que lui et Laurent Berger de la CFDT ?), aidé probablement par ses moustaches et son air assez tranquille.

Refusant de bloquer immédiatement le pays avant de faire les cinq premières journées de grève et de manifestation pour s'opposer à la réforme des retraites, Philippe Martinez est partisan, au contraire de Laurent Berger, de la reconduction systématique des journées de grèves à partir du 7 mars 2023, puisque, selon lui, le gouvernement n'a pas écouté les manifestants (qui, soit dit en passant, bien que nombreux, sont très loin des 18,8 millions d'électeurs qui ont reconduit Emmanuel Macron pour un second mandat ; rappelons que Philippe Martinez n'a pas caché avoir voté pour lui).

Invité de la matinale de France Info, la seule station de radio du service public qui n'était pas en grève ce mardi 7 mars 2023, Philippe Martinez a confirmé ce qu'on pouvait subodorer depuis longtemps : il n'a aucun contact avec Jean-Luc Mélenchon, incapable de dire à quand remonte sa dernière conversation avec lui, et en tout cas, cela remonte à avant le début de cette année.

Philippe Martinez est très remonté contre les députés FI car ils ont empêché le vote de l'article 7 du projet de réforme, celui qui repousse l'âge de la retraite à 64 ans (cet article 7, le Sénat devrait procéder à son vote ce soir ou demain). Il n'est pas du tout d'accord avec la stratégie mélenchonienne de terre brûlée. Parce que le vote aurait mis dans l'embarras bien des députés, y compris des députés de la majorité qui peuvent ainsi se permettre de lui dire, un peu lâchement, qu'ils n'ont pas voté l'article (ni le projet). Le chef de la CGT voudrait, au contraire, que les députés prennent leurs responsabilités et assument leur choix.

Cette fracture, finalement, qui se trouve au sein même de la CGT puisque la fédération des Bouches-du-Rhône (Olivier Mateu) est beaucoup plus extrémiste que le siège à Paris, est très notable au sein de la gauche, entre une gauche révolutionnaire de pacotille (des élus immatures passant leur temps dans un fauteuil à liker dans les réseaux sociaux), de type insoumis, et la gauche traditionnelle qui fait son boulot, à l'Assemblée ou dans la rue, de type communiste (Philippe Martinez a quitté le PCF en 2002). La Nupes aussi est traversée par cette ligne de division.

Philippe Martinez termine en beauté ses huit années de mandat, avec une manifestation de 700 000 personnes à Paris selon la CGT (ce qui est une estimation excessive et les statistiques de la police, pas encore publiées, sont certainement plus proches de la réalité
; au niveau national, 1,28 million de manifestants selon la police, 3,5 millions selon la CGT). Son départ de la tête de la CGT en pleine opposition au projet de réforme des retraites constituera probablement un handicap car il a su incarner une opposition syndicale raisonnable bien que frontale que pouvaient suivre de nombreux opposants "modérés". Si l'aile extrémiste de la CGT venait à gagner le congrès dans trois semaines, les grèves seraient paradoxalement plus dures mais moins efficaces car "l'opinion publique" ne suivrait plus.

De toute façon, la loi est votée au Parlement et pas dans la rue. Il y a donc peu d'incertitude sur l'issue de ce texte. À moins d'une nouvelle pandémie !...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (07 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Philippe Martinez.
Henri Krasucki.
Edmond Maire.
François Chérèque.
Georges Séguy.
Marc Blondel.
André Bergeron.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230307-philippe-martinez.html

https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-retraite-de-philippe-martinez-247179

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/07/39836964.html







 

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27 février 2023 1 27 /02 /février /2023 22:02

(audio)


On peut écouter sur le site Internet de Radio France un podcast intéressant et très documenté par des archives sur la vie de Jean-Marie Le Pen en sept parties diffusé le 27 février 2023.


JEAN-MARIE LE PEN, L'OBSESSION NATIONALE
podcast original de Philippe Colin
en sept épisodes de 55 minutes pour France Inter


Dans cette série en sept épisodes, fabriquée à partir d’archives rares et avec le regard d'éminents chercheurs, Philippe Collin analyse la trajectoire de Jean-Marie Le Pen en nous prémunissant contre nos émotions.

Un récit de Philippe Collin, réalisé par Violaine Ballet, Flora Bernard et Juliette Médevielle.

Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen et son Front National accèdent au second tour de l’élection présidentielle. Ce soir-là, peu après 20h, le leader de l’extrême droite s’adresse aux Françaises et aux Français. C’est sans doute son meilleur discours, car au lieu d’exclure, comme à son habitude, le candidat Le Pen cherche plutôt à inclure, disons, à sa manière…

Puis il appelle à un redressement national, l’expression est mûrement choisie, Jean-Marie Le Pen est un fin connaisseur de l’histoire de France. Le redressement national, c’était l’obsession de Philippe Pétain, et ce n’est en rien caricatural, c’est Le Pen lui-même qui a choisi cette expression. La suite du discours cherche à nourrir le lien, entre un peuple et un chef. Jean-Marie Le Pen appelle les Français à se regrouper autour de lui pour sauver une patrie en danger, une nation entravée. Enfin, Le Pen résume son programme et définit son identité politique : « Je suis socialement de gauche, économiquement de droite et nationalement de France ».

Au second tour, le 5 mai 2002 au soir, Jean-Marie Le Pen sera largement battu par Jacques Chirac avec 82 % des voix, mais désormais plus rien ne sera comme avant. En avril 2022, vingt ans plus tard, Marine Le Pen, sa fille, était à nouveau au second tour de l’élection présidentielle, avec cette fois 41,5 % des suffrages. Et dans la foulée, en juin, 89 députés du Rassemblement national, sont entrés au Palais-Bourbon. Ils sont tous les héritiers de Jean-Marie Le Pen. Alors, quelle est leur matrice idéologique ? Et qu’incarne Jean-Marie Le Pen dans l’histoire de France ? Il faut sonder son destin pour éclairer notre présent. Or, le péril consisterait à voir dans ce destin, celui du diable. Donc, dans cette série inédite en sept épisodes, fabriquée à partir d’archives rares et accompagnés par de grandes pointures universitaires, historiens et politistes, nous allons analyser la trajectoire de Jean-Marie Le Pen en nous prémunissant contre nos émotions.

Une seule règle, toujours la même, expliquer, faire de l’histoire.


Les épisodes

    1er épisode : Le pupille de la nation (1928-1956)
    2e épisode : Le chagrin et le ressentiment (1956-1962)
    3e épisode : L’union fait le Front (1962-1974)
    4e épisode : Le national populisme (1976-1986)
    5e épisode : Le vol noir du corbeau (1987-1998)
    6e épisode : Aux marches du palais (2002-2015
    7e épisode : Une France contre l’autre…


Les intervenants

    Benjamin Stora, historien, Professeur des universités. Il enseigne l’histoire du Maghreb contemporain (XIXe et XXe siècles), les guerres de décolonisations, et l’histoire de l’immigration maghrébine en Europe, à l’Université Paris 13 et à l’INALCO (Langues Orientales, Paris). Auteur d’un rapport sur les questions mémorielles franco-algériennes remis à Emmanuel Macron en janvier 2021 ; auteur de « France Algérie : les passions douloureuses » (Albin Michel) et de « Les mémoires dangereuses : de l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui » (Albin Michel)

    Olivier Dard, historien, Professeur d’Histoire contemporaine en Histoire politique à l’Université Paris IV, spécialiste de l’extrême droite française.

    Pascal Perrineau, politiste et spécialiste de sociologie électorale, il a été le directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) entre 1992 et 2013. Il est professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po Paris) où il a la charge de plusieurs cours sur le vote, l'analyse des comportements et des attitudes politiques, la science politique et l'extrême droite en France et en Europe. Auteur de « La France au front : essai sur l'avenir du Front national » (Fayard) et de « Le Front National à découvert » avec Nonna Mayer (Presses de Sciences Po)

    Nonna Mayer, politiste, directrice de recherche émérite au CNRS rattachée au Centre d’études européennes de Sciences Po, spécialiste de l’extrême droite en France. Auteure de « Ces Français qui votent Le Pen » (Flammarion) et de « Le Front national à découvert » avec Pascal Perrineau (Presses de Sciences Po)

    Fabien Archambault, historien, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-1 Panthéon Sorbonne, spécialiste de la culture politique au XXe siècle.

    Valérie Igounet, historienne, chercheuse rattachée à l’Institut d’histoire du temps présent, spécialiste de l’histoire du Front national. Auteure de « Le Front national : de 1972 à nos jours : le parti, les hommes, les idées » (Seuil, 2014)

    Nicolas Lebourg, historien. Chercheur au Centre d’études politiques de l’Europe latine (CEPEL) à l’université de Montpellier, il est spécialiste de l'extrême droite. Membre de l'Observatoire des radicalités politiques. Auteur de « Dans l'ombre des Le Pen : une histoire des numéros 2 du FN » (Nouveau Monde éditions) et de « François Duprat, l’homme qui inventa le Front national » (Denoël)

    Cécile Alduy, Professeure associée en littérature et civilisation française à Stanford University, chercheure associée au Cevipof à Sciences Po, elle a étudié tous les discours et les symboliques du Front National ces cinquante dernières années. Auteure de « Ce qu'ils disent vraiment : les politiques pris aux mots » (Seuil) et de « Marine Le Pen prise aux mots : décryptage du nouveau discours frontiste » (Seuil)

    Abel Mestre, journaliste au service politique du Monde, il a suivi Jean-Marie Le Pen de 2008 à 2015. Co-auteur de « Le système Le Pen : enquête sur les réseaux du Front national » (Denoël)


Équipe

    Récit et production : Philippe Collin
    Réalisation : Violaine Ballet, Flora Bernard et Juliette Médevielle
    Lecture : Nicolas Lormeau (de la Comédie française) et Marion Bierry
    Assistance éditoriale : Irène Menahem
    Documentation sonore : Frédéric Martin et Romain Couturier
    Reportage : Martine Abat
    Mixage et sound design : Benjamin Orgeret et Basile Beaucaire


Archives sonores

    Déclaration de Jean-Marie Le Pen. Soirée électorale : élection présidentielle 1er tour, A2/France 2, avril 2002
    Philippe Pétain. Les deux armistices avec l'Allemagne et l'Italie, juin 1940
    L'heure de vérité : Jean Marie Le Pen, A2 / France 2, février 1984
    Portrait de Jean-Marie Le Pen. JT 13H, RTF / ORTF, janvier 1973
    Le divan d'Henry Chapier : Jean Marie Le Pen, décembre 1989
    Campagne électorale officielle : élection présidentielle 1er tour, Jean-Marie Le Pen, A2/France 2, avril 1988
    L'élection du président de la République de la zone Est. Journal Les Actualités Françaises, octobre 1949
    Guerre de Corée : entrée en action des chars américains, RDF/RTF / Autres (1949-1963), juillet 1950
    Le procès de Charles Maurras. Actualités Françaises, janvier 1945
    Émission électorale : Pierre Poujade. RDF/RTF, décembre 1955
    Allocution de Pierre Mendes France, juillet 1954
    Meeting du mouvement poujadiste. RDF / RTF, septembre 1955
    Émission électorale : Jean Marie Le Pen. RDF / RTF, décembre 1955
    Première séance de la nouvelle Assemblée. Journal Les Actualités Françaises, janvier 1956
    Évènements d'Algérie. RDF / RTF, mai 1958

    Algérie : recrudescence du terrorisme. Paris vous parle. RDF/RTF (1949-1963), novembre 1956
    Mitterrand : L’Algérie c’est la France. François Mitterrand et la "Toussaint rouge", RDF/RTF (1949-1963), novembre 1954
    Gouvernement Guy Mollet. Journal Les Actualités Françaises.Messages familiaux de nos soldats d'Algérie : compagnie muletière, décembre 1956
    Jean Marie Le Pen, sur l'Indochine et l'Algérie. Campagne électorale présidentielle 1er tour, RTF/ORTF, avril 1974
    Pierre Vidal-Naquet. La guerre d'Algérie : 8ème partie. Là bas, si j'y suis, janvier 1998
    Semaine des barricades en Algérie : après les fusillades du 24 janvier, RDF/RTF (1949-1963), janvier 1960
    Putsch. Alger dans la nuit du 13 au 14 mai 1958, RDF/RTF (1949-1963), mai 1958
    Elections. Actualités de midi, RDF/RTF (1949-1963), novembre 1958
    Assemblée nationale. Guerre d'Algérie. Inter actualités de 07H15, RDF/RTF (1949-1963), mars 1962
    Le Pen Promesses. Jean Marie Le Pen, sur l'Indochine et l'AlgérieManifestation Indépendance du 30 juin 1962
    Première semaine d'indépendance. Journal Les Actualités Françaises, juillet 1962
    Discours du 15 novembre 1964 à Arras : De Gaulle. Jean-Marie Le Pen : Discours et allocutions
    Tixier-Vignancourt. Le challenger : Mr TV. Émission : 9000000, SONUMA-RTBF

    Premier meeting du Front National, ORTF, novembre 1972
    François-Henri de Virieu : Je vous ai invité ce soir. L'heure de vérité : Jean Marie Le Pen, A2, février 1984
    L’Attentat du petit Clamart. Inter actualités, août 1962
    Charles De Gaulle : Je vous ai compris ! Alger, juin 1958
    Charles De Gaulle : le Référendum. Campagne électorale pour les législatives, 1962
    Jean-Louis Tixier-Vignancourt : De Gaulle est en ballotage, décembre 1965
    Charles De Gaulle est proclamé Président de la République. Inter actualités, décembre 1965
    Signification de « Front National ». Portrait de Jean-Marie Le Pen, ORTF, 1973
    François Duprat et Ordre Nouveau. Inter actualités : Paris, meeting d "Ordre nouveau", décembre 1971
    Maurice Bardèche. Emission : Ouvrez les guillemets, 1974
    Philippe Pétain : La terre, elle, ne ment pas, juin 1940
    Entrée en campagne électorale de Jean-Marie Le Pen, ORTF, avril 1974
    Le logo du Front National, ORTF, novembre 1972
    Candidature de Jean-Marie Le Pen. Inter actualités, mars 1974
    Spot officielle de la campagne présidentielle : Jean-Marie Le Pen, avril 1974
    Les camps de la mort. Journal Les Actualités Françaises du 20 avril 1945
    Jean-Marie Le Pen demande le renvoi des travailleurs étrangers. Inter actualités du 17 janvier 1974

    Jean-Marie Le Pen : "Le XXe siècle est le temps du nationalisme". Normandie actualités, janvier 1981
    Jean-Marie Le Pen. "Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop", Le Havre, février 1978
    VGE se présente aux Français. Campagne électorale présidentielle 1er tour, ORTF, avril 1974
    Soirée électorale présidentielle du Premier tour, mai 1974
    L'héritage de Jean-Marie Le Pen. Antenne 2, octobre 1976
    Attentat au domicile de Jean Marie Le Pen à Paris. Inter actualités, novembre 1976
    Extrait d’une allocution du conservateur britannique Enoch Powell, 1968
    Valérie Pécresse « Pas de fatalité au grand remplacement ». Meeting de campagne au Zénith, février 2022
    Jean-Marie Le Pen « Je revendique de parler du chômage et de l’immigration ». France Inter, janvier 1980
    Chanson à la gloire du général Boulanger. Music-Hall dans un fauteuil, RDF, 1956
    Mort de François Duprat dans l'explosion de sa voiture. Inter actualités, mars 1978
    Discours de Jean-Marie Le Pen sur la tombe de François Duprat en 2008
    Annonce de l’élection de François Mitterrand. France Inter, 11 mai 1981
    Discours de François Mitterrand à Figeac, 27 septembre 1982
    Jean-Marie Le Pen demande que le pluralisme soit appliqué à la télévision, 29 juin 1982
    Le tribunal des flagrants délires : Jean-Marie Le Pen. France Inter le 28 septembre 1982
    Election municipale de Dreux : triangulaire RPR - UDF - FN. Inter actualités, septembre 1983
    Simone Veil s’oppose à l’alliance avec le FN, septembre 1984
    L'heure de vérité : Jean Marie Le Pen. Antenne 2, février 1984
    Résultat du FN aux élections européennes. Inter actualités, juin 1984
    4e fête des Bleus, blancs, rouges. Antenne 2, juin 1984
    Reportage sur des électeurs du Front national. Antenne 2, septembre 1984
    Analyse politique sur la montée en puissance du FN, Antenne 2, février 1985       
    Entrée du FN à l’Assemblée nationale avec 35 sièges. Inter actualités, mars 1986

    Jean-Marie Le Pen de retour à l’Assemblée nationale. Inter actualités, 17 mars 1986
    Jacques Chirac nommé premier ministre. Inter actualités, 20 mars 1986
    Jean-Marie Le Pen et ses filles. Soir 3, 21 février 1986
    Sos racisme. Soir 3, 12 janvier 1985Fête "SOS Racisme" à la Concorde. Soir 3, 15 juin 1985
    Concert à l’Olympia des Berruriers Noir en 1989
    La secte Moon. Inter actualités, 18 avril 1977
    Jean-Marie Le Pen annonce sa candidature à la présidentielle de 1988. Antenne 2, 26 avril 1987
    Voyage de Jean-Marie Le Pen en Afrique noire. Inter actualités, 14 avril 1987
    Ouverture du procès de Klaus Barbie à Lyon. Inter actualités, 11 mai 1987
    Les enfants d'Izieu. Antenne 2 Midi, 11 mai 1987
    Jean-Marie Le Pen : le point de détail. Antenne 2, 15 septembre 1987
    Premier tour de l'élection présidentielle. Inter actualités, 25 avril 1988
    Réélection de François Mitterrand. Inter actualités, 09 mai 1988
    Jean-Marie Le Pen à Berlin : le détail de l’histoire. A2, 08 février 1990
    Jean-Marie Le Pen à Bagdad. A2 le 09 novembre 1990
    Soirée électorale : élections cantonales et régionales. Les résultats en PACA. A2, 22 mars 1992
    Jacques Chirac « Le bruit et l’odeur ». A2, 20 juin 1991
    Toulon, Marignane et Orange passent au FN. France Inter, 19 juin 1995
    Jean-Marie Le Pen à Mantes-la-Jolie. France 2, 30 mai 1997
    Bruno Mégret. France 3, 30 mai 1999
    La nouvelle droite française : Michel-Georges Micberth. Tribune libre. FR3, 20 avril 1976
    Jany Le Pen. France 2, 04 avril 1995
    Présidentielle 2002, Soirée électorale du 1er tour. France 2, 21 avril 2002
    Déclaration de Jean-Marie Le Pen « N’ayez pas peur ». France 2, 21 avril 2002

    Annonce des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle, A2, 21 avril 2002
    Manifestation à Bastille, A2, 21 avril 2002
    Attentat à New-York, France Inter, 11 septembre 2001
    INA - Fête Front national “Bleu blanc rouge”, septembre 2001
    Alain Finkielkraut sur la “guerre de civilisations”, France Culture, juillet 2002
    Jean-Marie Le Pen : “Tout le monde parle comme moi”, A2, janvier 2002
    Jacques Chirac sur l’insécurité, France 2, octobre 2001
    Réactions le soir du 1er tour de l’élection présidentielle au QG du PS, FR3, avril 2002
    Lionel Jospin : “J'assume la responsabilité de cet échec”, FR3, avril 2002
    Lionel Jospin : “Mon projet n’est pas un projet socialiste”, A2, février 2002
    Déclaration de Jean-Marie Le Pen, Soirée électorale : élection présidentielle 1er tour, France 2, avril 2002
    Robert Hue au soir du 1er tour de l’élection présidentielle, avril 2002
    Victoire de Jacques Chirac, mai 2002
    Débat télévisé entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy, A2, novembre 2003
    Résultats du 1er tour de l’élection présidentielle, A2, avril 2007
    Jean-Marie Le Pen : “ Nous avons gagné la bataille des idées”, avril 2007
    Nicolas Sarkozy à Rungis, A2, février 2007
    Nicolas Sarkozy : récompenser le travail et questionner l’identité nationale, A2, mars 2007
    Congrès de Tours du FN, France Inter, janvier 2011
    Discours de Marine Le Pen au congrès de Tours, LCI, janvier 2011
    Jean-Marie Le Pen, dérapage antisémite au congrès de Tours, A2, janvier 2002
    Jean-Marie Le Pen, le “détail de l’Histoire”, RMC, 2015
    Jean-Marie Le Pen est exclu du Front national, FR3, août 2015

    Jean-Marie Le Pen expose sa vision du monde, L’heure de vérité, A2, 27 janvier 1988
    Le Général de Gaulle annonce la paix, RDF, 8 mai 1945
    Les élections de 1946, RDF, juin 1946
    Fête de l’Humanité, discours Maurice Thorez, RDF, septembre 1945
    Reportage sur l’église du village de Montferrat, ORTF, novembre 1958
    Discours de Marine Le Pen, FR3, avril 2017
    Jean-Marie Le Pen se définit comme patriote, FR3, 16 février 1984
    Discours de Maurice Barrès, FR3, octobre 1995
    Le Général de Gaulle annonce la paix, RDF, mai 1945
    Discours Marine Le Pen, le FN devient le RN, France Inter, 2 juin 2018
    Jean-Marie Le Pen : ”Les valeurs occidentales et chrétiennes“, A2, 04 mai 1988
    Marine Le Pen sur la laïcité, 22 septembre 2012
    Léon Blum et la France, 06 septembre 1936
    Discours du Général de Gaulle, 15 novembre 1941
    François Mitterrand au Parlement européen, 17 janvier 1995


Films

    Le cheval d’Orgueil de Claude Chabrol, 1980
    Au plaisir de Dieu de Robert Mazoyer, 1977
    Au revoir les enfants de Louis Malle, 1987
    DOCUMENTAIRE - Le Pen, vous et moi de Serge Moati, 2003
    DOCUMENTAIRE - Jean-Marie Le Pen de Pierre Jouve et Ali Magoudi, 1988

    Mon Colonel de Laurent Herbiet
    Loin des hommes de David Oelhoffen
    Cartouches gauloises de Mehdi Charef
    Avoir vingt ans dans les Aures de René Vautier
    Le Premier homme de Gianni Amelio
    L’ennemi intime de Florent-Emilio Siri
    Le Pen, vous et moi de Serge Moati
    La Bataille d’Alger de Gilles Pontecorvo
    DOCUMENTAIRE - Jean-Marie Le Pen de Pierre Jouve et Ali Magoudi, 1988

    DOCUMENTAIRE - Histoire d’une droite extrême de William Karel, 1998
    DOCUMENTAIRE - Jean-Marie Le Pen de Pierre Jouve et Ali Magoudi, 1988
    DOCUMENTAIRE - Le Pen, vous et moi de Serge Moati, 2003

    DOCUMENTAIRE - Jean-Marie Le Pen de Pierre Jouve et Ali Magoudi, 1988

    Jean-Marie Le Pen de Pierre Jouve et Ali Magoudi, 1988
    Le diable de la République, 40 ans de Front National de E. Blanchard, G. Kauffmann et J-C Deniau, 2011
    Klaus Barbie un procès pour mémoire de Jérôme Lambert et Philippe Picard, 2017
    Le Bébête Show. Elysée 1988 de Jean Roucas, TF1 Video 1990


Chansons

    Horst Wessel Lied, hymne du parti nazi, édité par la SERP, maison de disque de Jean-Marie Le Pen
    Les Lansquenets, hymne du mouvement Ordre Nouveau



Cliquer sur les liens correspondant à chaque épisode pour télécharger le podcast (fichiers .mp3).


1. 1928-1956 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0001-22.mp3

2. 1956-1962 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0002-22.mp3

3. 1962-1974 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0003-22.mp3

4. 1976-1986 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0004-22.mp3

5. 1987-1998 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0005-22.mp3

6. 2002-2015 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0006-22.mp3

7. Après 2015 :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-27.02.2023-ITEMA_23289479-2023F50532E0007-22.mp3

8. Annonce du podcast :
https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23891-01.02.2023-ITEMA_23272892-2023F50532E0008-22.mp3

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230620-jean-marie-le-pen.html


Source :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/jean-marie-le-pen-l-obsession-nationale

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20230227-podcast-philippe-collin-le-pen.html



 

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24 janvier 2023 2 24 /01 /janvier /2023 04:02

« Je ne peux m’empêcher d’observer que si, par hypothèse, les circonstances de la vie m’avaient fait archevêque, on évoquerait aujourd'hui mes origines avec tact, sans insinuation perfide. » (Henri Krasucki, le 18 janvier 1987).



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Le syndicaliste communiste Henri Krasucki est mort à Paris il y a vingt ans, le 24 janvier 2003, à l'âge de 78 ans (il est né le 2 septembre 1924 près de Varsovie, en Pologne), des suites d'une très grave maladie. Syndicaliste, il a été le secrétaire général de la CGT (confédération générale du travail), syndicat très proche du parti communiste français (PCF), du 18 juin 1982 au 31 janvier 1992.

Henri Krasucki était un syndicaliste assez connu du grand public qui était à la CGT ce qu'était Georges Marchais au PCF. Ouvrier métallurgiste chez Renault avec un CAP d'ajusteur pour bagage (élève brillant ; ses parents auraient voulu qu'il fît de longues études), puis permanent de la CGT dès 1947 (il avait 23 ans), il était également membre de la direction du PCF (membre du comité central en 1956, membre du bureau politique en 1964). En 1961, il est entré au bureau confédéral de la CGT et a été pressenti en 1967 pour succéder à Benoît Frachon qui allait prendre sa retraite. Finalement, ce fut Georges Séguy (de deux ans et demi son cadet) qui fut désigné secrétaire général de la CGT.

Lors des Accords de Grenelle, Henri Krasucki a fait partie de la délégation de la CGT (avec notamment Benoît Frachon et Georges Séguy) pour les négociations les 25 et 26 mai 1968 avec le gouvernement représenté par Georges Pompidou (Premier Ministre), Jean-Marcel Jeanneney (Ministre des Affaires sociales), Jacques Chirac (Secrétaire d'État aux Affaires sociales), et Édouard Balladur (conseiller à Matignon). André Bergeron a conduit la délégation de Force ouvrière et d'autres syndicats furent représentés, en particulier la CFDT, la CFTC, la CGC et la FEN, ainsi que le patronat français (CNPF) et les PME. Jacques Chirac et Henri Krasucki se sont rencontrer discrètement pour réussir ces négociations.

Au 41e congrès de la CGT à Lille, du 13 au 18 juin 1982, Henri Krasucki fut élu secrétaire général de la CGT, prenant la succession de Georges Séguy, contesté par certains pour sa volonté d'un peu démocratiser le syndicat. La CGT se trouvait dans un moment critique. La gauche socialo-communiste était au pouvoir depuis un an (le Premier Ministre et maire de Lille Pierre Mauroy avait ouvert le congrès avec un discours de bienvenue) et les effets désastreux de sa politique économique allaient se faire sentir à la CGT avec une désindustrialisation croissante et une montée rapide du chômage. Inféodée au PCF qui avait quatre ministres au gouvernement, la CGT ne pouvait pas s'opposer frontalement au gouvernement. Ainsi, des voix s'élevaient pour dissocier la CGT du pouvoir et préserver son indépendance syndicale.

Le soutien de la CGT aux réformes du gouvernement était d'autant moins évident que depuis justement ce mois de juin 1982, le Président François Mitterrand a renversé la vapeur et commencé une politique de rigueur afin de sauver la monnaie. Le départ des ministres communistes en juillet 1984, après la démission de Pierre Mauroy de Matignon, a permis à la CGT de redevenir l'opposant social traditionnel du pouvoir. Henri Krasucki, à cet égard, était dans une ligne dure à coup de grèves et de manifestations (Georges Séguy voulait plutôt que la CGT restât neutre dans le conflit entre le PCF et le PS dans les années 1970 pour ne pas perdre d'adhérents).

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Henri Krasucki a aussi pris un mandat international comme vice-président de la Fédération syndicale mondiale (FSM) qu'allait quitter la CGT en 1995. L'indépendance de la CGT vis-à-vis du PCF s'est accrue à la fin des années 1980 (en 1986, la CGT continuait encore à recevoir des fonds issus de l'URSS), ce qui a entraîné une chute moins sévère des syndiqués de la CGT par rapport aux adhérents du PCF, après l'effondrement de l'URSS.

Au 44e congrès de la CGT à Montreuil, du 26 au 31 janvier 1992, Louis Viannet, entré au bureau confédéral en juin 1982, a succédé à Henri Krasucki au secrétariat général. Ce dernier se retira également du bureau politique du PCF en 1994 et du comité central du PCF en 1996. En janvier 2003, à la mort du syndicaliste, l'ancien secrétaire général du PCF Robert Hue lui a rendu cet hommage : « Toute sa vie, Henri aura été d'une fidélité absolue à la cause des humbles, des exploités, des opprimés. ».

Henri Krasucki était souvent moqué par les humoristes, en raison de son ton qui pouvait faire penser au sketch de Bourvil sur l'eau ferrugineuse (écrit par Roger Pierre). Il a été pastiché notamment par le Bébête Show sous forme d'un crabe, pour faire le jeu de mot Crabe Zuki. L'une des raisons de ce "Krasu-bashing" était qu'il était mal à l'aise avec les grands nombres et se trompait souvent, comme le 12 octobre 1989 (voir vidéo).





Cette réputation d'inculte était plutôt injuste car Henri Krasucki était au contraire un homme très cultivé, qui adorait les opéras, se passionnait pour la musique, et qui, au milieu des années 1960, avait justement, aux côtés de Roland Leroy et de Louis Aragon, fait tourner le PCF vers les intellectuels, les artistes, les scientifiques, etc. (avec succès) afin d'accroître sa zone d'influence.

Le 9 février 1999, dans l'une de ses dernières interventions publiques, il martelait : « Il n'y a pas une musique pour une élite et une musique pour les roturiers. Il y a une musique pour tout le monde : c'est LA musique. ». Le même jour dans le journal "L'Humanité", il témoignait : « La musique a accompagné tous les moments forts de ma vie. Dans le camps annexe d'Auschwitz où j'échouai (…), je fis la connaissance d'un violoniste belge qui avait réussi à garder son instrument. Dans des moments très fugitifs, il jouait des thèmes de Mozart. Alors, la paix s'installait. ».

Car c'est probablement cette autre face d'Henri Krasucki qui a amené toute la classe politique, y compris ses adversaires politiques, à lui rendre un hommage appuyé lors de sa disparition. En effet, d'origine polonaise et juive, il est arrivé en France quand il était enfant (et a été naturalisé français en 1947).

Au début de la guerre, Henri Krasucki a dû quitter l'école à cause de son père communiste qui devait rester clandestin. Devenu ouvrier en 1940 dans la région parisienne, il s'est engagé dans les jeunesses communistes. Dès août 1941 (il n'avait pas encore 17 ans), Henri Krasucki a fait de la résistance. Son père a été arrêté le 20 janvier 1943 , déporté à Auschwitz-Birkenau par le convoi du 9 février 1943 et assassiné dans une chambre à gaz à son arrivée le 13 février 1943. Henri Krasucki fut lui-même arrêté le 23 mars 1943, comme sa mère et sa sœur et fut torturé par la police française avant d'être déporté avec sa mère et sa compagne (Paulette Sliwka) à Auschwitz-Birkenau par le convoi du 23 juin 1943. Seulement 86 personnes ont survécu à ce convoi qui a transporté plus de 1 000 personnes. Henri Krasucki fut ensuite transféré en janvier 1945 à Buchenwald car les nazis tentaient de fuir les Alliés. Il en a réchappé et a pu revenir en France le 28 avril 1945. Paulette Sliwka, après Auschwitz, a été transférée à Ravensbrück puis Neustadt-Glewe et a été libérée le 2 mai 1945.

Ainsi, il commençait la vie active à 20 ans avec une expérience dramatique de la résistance et des camps d'extermination. C'est sans doute cet homme-là plus que le seul syndicaliste que la mairie de Paris a honoré en inaugurant le 23 juin 2005 la Place Henri-Krasucki dans le vingtième arrondissement, pas loin de la rue des Couronnes où il habitait.

Henri Krasucki devait parfois se justifier sur son origine polonaise. Ainsi, lors de l'émission politique "Le Club de la presse" diffusée en direct le dimanche 18 janvier 1987 sur Europe 1, son patriotisme mis en cause par un journaliste, il s'est comparé à Mgr Jean-Marie Lustiger, dont les parents, comme les siens, étaient des Juifs polonais, et aussi à Michel Poniatowski, descendant de princes polonais : « Mes origines n’ont rien d’extraordinaire (…). Il se trouve d’ailleurs qu’elles sont les mêmes que celles du cardinal archevêque de Paris. Ses parents et les miens ont, à peu d’années d’intervalle, vécu la même histoire, bien qu’avec des idées différentes. Je ne peux m’empêcher d’observer que si, par hypothèse, les circonstances de la vie m’avaient fait archevêque, on évoquerait aujourd'hui mes origines avec tact, sans insinuation perfide. Et si je comptais parmi mes ancêtres quelques grands princes polonais, alors là… ». Ce qui dénotait un certain humour...


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (21 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Henri Krasucki.
Edmond Maire.
François Chérèque.
Georges Séguy.
Marc Blondel.
André Bergeron.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230124-henri-krasucki.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/henri-krasucki-l-archeveque-de-la-246248

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/12/12/39743916.html








 

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23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 19:25

« Nous souhaitons que la procédure judiciaire en cours se poursuive jusqu'à son terme. Une fois la décision de justice rendue, notre groupe décidera collectivement des suites à donner en son sein. » (Communiqué du groupe de la France insoumise, le 23 novembre 2022).



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Ce mercredi 23 novembre 2022 s'est déroulé un nouvel épisode dans ce que les médias appellent "l'affaire Quatennens" et qui ne devrait qu'être une affaire d'ordre privé. Adrien Quatennens peut-il encore continuer à exercer son mandat de député ? Cette question mine la crédibilité du groupe de la France insoumise à l'Assemblée Nationale depuis deux mois avec des solutions très contrastées qui vont du lâchage pur et simple de l'ancien dauphin de Jean-Luc Mélenchon jusqu'à une fidélité et une solidarité sans faille en sa faveur.

Actuellement, il est officiellement en arrêt-maladie et cela faisait quelques jours que ses amis préparaient le terrain pour son retour dans l'hémicycle.
Le 15 novembre 2022, la présidente du groupe FI Mathilde Panot confiait : « Nous assumons de discuter pour accompagner le retour d'Adrien Quatennens (…). Tout le monde est d'accord pour dire qu'il ne doit pas être exclu du groupe ni pour qu'on demande sa démission. Il est donc logique que nous discutions et que nous réfléchissions sur les modalités et l'accompagnement de son retour. ».

Sur le plan du droit constitutionnel, la réponse est ultrasimple : le mandat de député est sacré, il est l'élu du peuple ; seule une condamnation définitive à l'inéligibilité peut lui retirer juridiquement la possibilité de poursuivre son mandat parlementaire. Mais sur le plan politique, c'est une autre chose. Son groupe politique (France insoumise) a toujours été à donner des leçons de morale aux autres et le moins qu'on puisse lui demander, c'est de respecter lui-même les valeurs qu'il veut prôner à la société, et parmi celle-ci, la lutte contre les violences conjugales. Dans les leçons de morale en politique, le risque est toujours d'être l'arroseur arrosé, François Fillon en sait quelque chose. Et contrairement à ce dernier, on ne pourra jamais dire qu'il s'agit d'une "boule puante" ou d'un "complot", à moins de vouloir politiser les déclarations de Céline Quatennens et s'en moquer.

La situation humaine est plus compliquée, car l'amitié aussi est une valeur en politique. Et lorsqu'un ami passe un moment particulièrement difficile de sa vie (une séparation n'est jamais une partie de plaisir), on hésite à surenchérir en le condamnant politiquement. Mais l'affaire est finalement assez simple : le navire Quatennens, qui avait suscité beaucoup d'espoir pour la pérennisation du mouvement mélenchoniste à long terme, est devenu le Titanic et la question est de savoir si ses amis doivent le quitter avant qu'il ne soit trop tard. La réponse est évidemment dans la question et tout est dans l'emballage : comment procéder pour qu'il y ait le moins de dégâts affectifs et politiques possible ?

Un peu naïvement, Adrien Quatennens a voulu jouer le jeu de la transparence en avouant sans ambiguïté qu'il avait donné une gifle à son épouse. Cette violence reconnue est le scandale réel : il n'y a plus la possibilité que ce fait soit faux, puisqu'il le reconnaît, et donc, il est beaucoup moins facilement défendable, politiquement, que celui qui, même condamné définitivement par la justice de son pays, même de mauvaise foi et par cynisme, nie les faits qui lui ont été reprochés.

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Du reste, on avait appris le 21 novembre 2022 que le député était convoqué par un magistrat du parquet de Lille pour le 13 décembre 2022 dans une procédure de comparution de reconnaissance préalable de culpabilité (appelée aussi le plaider-coupable, mise en place par la loi n°2004-204 du 9 mars 2004 portant sur l'adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité défendue par le ministre Dominique Perben, dite loi Perben II), ce qui lui permettrait d'échapper à un procès au tribunal correctionnel.

Son avocate avait confirmé auprès de France Info : « Monsieur le député a accepté cette procédure dans la continuité de sa volonté de vérité et d'exemplarité, dans la mesure où il a reconnu les faits pour lesquels il sera sanctionné. ». Ce dont il est question : « Les faits retenus à son encontre sont la gifle ayant eu lieu il y a plus d'un an dans un contexte déjà évoqué d'agressivité mutuelle et les sms qu'il a envoyés après leur séparation et dont l'absence de caractère malveillant avait déjà été reconnue. ». En revanche, le motif de harcèlement n'a pas été retenu.

Le problème d'exemplarité, c'est que la version d'Adrien Quatennens n'est pas celle de son épouse. Au début de l'affaire, le député avait évoqué un "divorce à l'amiable" et, à la suite des deux mains courantes, il avait insisté sur le fait que la justice n'avait pas été saisie... mais cela jusqu'à la plainte judiciaire déposée le 26 septembre 2022 par Céline Quatennens qui a complètement remis en cause la version édulcorée de leurs relations conflictuelles.

Et ce 23 novembre 2022, Céline Quatennens est sortie de son silence par un communiqué à l'AFP pour mettre quelques points sur les i en renforçant ses accusations contre son mari. Elle a dénoncé des
« colères », des « crises » et « des violences physiques et morales » de la part d'Adrien Quatennens contre elle depuis « plusieurs années », ce qui est loin d'être l'unique faute isolée reconnue par le député. De plus, elle a réfuté tout « contexte d'agressivité mutuelle » et a ajouté : « Au cours de ces dernières années, j'ai voulu le divorce à trois reprises, à chaque fois sous la pression je suis revenue en arrière ». Cette version change complètement celle d'Adrien Quatennens et en ferait un mari difficile qui aurait malmené son épouse pendant des années.

Mais Adrien Quatennens « dément catégoriquement les accusations à son encontre ». Ce sera donc parole contre parole. Son avocate a en effet publié le même jour un communiqué pour réfuter les déclarations de Céline Quatennens : « Ces déclarations interviennent dans le cadre des négociations tendues à l'occasion de son divorce. ». Elle a précisé : « Aucun fait de violences répétées, ni de harcèlement, évoqués ce matin par Céline Quatennens, n'ont été retenus par le parquet. Celui-ci n'a retenu que deux infractions, que mon client a lui-même reconnues, et qui seront traitées dans la procédure de comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité le 13 décembre prochain. ».

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Le développement politique a été évidemment plus rapide que la procédure judiciaire : ses amis de la Nupes désormais le lâchent complètement. Ainsi Olivier Faure, premier secrétaire du PS et l'un des plus proches alliés de Jean-Luc Mélenchon, a tweeté : « Notre devoir est de dire que nous accueillons sa parole et la croyons. » (en parlant de Céline Quatennens). Quant à la députée écologiste Sandrine Rousseau, elle s'est jetée sur l'occasion : « Adrien Quatennens ne peut pas revenir à l'Assemblée. La parole de Céline Quatennens doit être entendue. (…) Je pense qu’il ne peut plus être député. ». Elle a insisté un peu plus tard : « En l'état, Adrien Quatennens ne peut pas revenir à l'Assemblée. Je crois qu'il faut entendre ce qu'elle dit. Elle dit qu'elle a subi plusieurs épisodes de violences physiques et morales. Cette parole doit être respectée. ». Madeline Da Silva, cofondatrice de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique et adjointe au maire PS des Lilas, a déclaré de son côté sur France Info : « [On] ne peut pas, quand on est un député, défendre l'intérêt général à partir du moment où on est un homme violent. ».

Pour les députés insoumis, le piège s'est refermé. Soutenir explicitement Adrien Quatennens reviendrait à dire que son épouse dirait n'importe quoi, le problème récurrent des accusations de violences conjugales auquel voulait mettre fin justement, entre autres, ce groupe politique. Pour l'heure, histoire de prendre rapidement une non-décision, les députés FI ont communiqué très courageusement dans la soirée du 23 novembre 2022 que leur collègue Adrien Quatennens « ne participera plus à l'activité » du groupe parlementaire jusqu'au 13 décembre 2022, date de la comparution pour reconnaissance préalable de culpabilité, dans l'attente de ce qu'en dira la justice.

D'un point de vue strictement politique, et sans préjuger tant de la réalité des faits (personne, à part eux deux, savent ce qui s'est réellement passé) que des suites judiciaires, Adrien Quatennes se retrouve, avec les violences conjugales, dans la même situation que Jérôme Cahuzac avec les malversations financières : dans l'incapacité d'exercer raisonnablement un mandat politique, et cela pour une période longue, jusqu'à l'oubli dans les consciences populaires.

Après avoir démissionné du gouvernement le 19 mars 2013, et alors qu'il aurait dû retrouver automatiquement son siège de député un mois plus tard, Jérôme Cahuzac avait effectivement pris la sage décision, le 18 avril 2013, de démissionner de l'Assemblée Nationale et de se faire médiatiquement tout petit (le 19 mai 2013, il avait annoncé qu'il renonçait à se représenter dans sa circonscription à l'élection partielle des 16 et 23 juin 2013 provoquée par sa démission). Ayant avoué l'existence d'un compte en Suisse le 2 avril 2013, il a été exclu de son parti, le PS, le 9 avril 2013 (France soumise est un peu plus long à la détente). Si Adrien Quatennens souhaitait résoudre ses problèmes personnels sans l'écho épouvantable des médias et des réseaux sociaux, il lui suffirait simplement de quitter la sphère publique et de s'éloigner ainsi des projecteurs. La politique est un ogre qui dévore ses enfants.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 novembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le député Adrien Quatennens doit-il démissionner de l'Assemblée Nationale ?
Mais où est donc passé Adrien Quatennens ?
Clémentine Autain.
Éric Coquerel.
Jean-Luc Mélenchon.
Danièle Obono.
François Ruffin.
Sandrine Rousseau.
Pour ou contre M… ?
Sous la NUPES de Mélenchon.
La consécration du mélenchonisme électoral.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221123-adrien-quatennens.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-depute-adrien-quatennens-doit-245133

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/11/23/39720582.html








 

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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 18:59

« Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national (…) n’est pas en train de céder au grand "compromis nationaliste", cette stratégie d’union des droites radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche. (…) Il n'y a pas que l'immigration et l'identité, il faut parler des problèmes du quotidien et des problèmes sociaux. » (Steve Briois, le 5 novembre 2022).





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L'accélération des procédures a été une catastrophe médiatique pour le Rassemblement national qui tenait son 18e congrès ce samedi 5 novembre 2022 à la Mutualité de Paris. En effet, alors que cette journée devait être la consécration de la respectabilité du parti fondé par Jean-Marie Le Pen il y a cinquante ans, l'un des ses plus importants députés Grégoire de Fournas a été très sévèrement sanctionné par le bureau de l'Assemblée Nationale puis par l'ensemble de la représentation nationale la veille, le 4 novembre 2022 (j'y reviendrai).

La respectabilité, c'est juste un vernis sur une idéologie extrémiste qui n'a au fond jamais varié depuis un demi-siècle : le bouc émissaire de tous nos maux sont les étrangers, immigrés, extra-européens, et il n'y a pas loin entre la xénophobie et le racisme (car à ma connaissance, les immigrés suédois n'ont jamais été fustigés par ce parti). Dans le cas de cette polémique parlementaire, celui qui a été lourdement sanctionné Grégoire de Fournas aurait dû être nommé porte-parole du RN de Jordan Bardella, dont la victoire ne faisait aucun doute, dans la nouvelle direction du parti. Pour le RN, c'était donc un soulagement que le député ait fait cette embardée avant d'être nommé, car ainsi, il ne représentait pas ès qualités le RN (même si le groupe RN s'est complètement solidarisé).

Revenons donc à ce congrès très politique. Marine Le Pen, réélue présidente du RN au précédent congrès le 3 juillet 2021 à Perpignan et qui avait succédé à son père le 16 janvier 2011 à Tours (face à Bruno Gollnisch), avait démissionné temporairement de cette présidence le 13 septembre 2021 pour se consacrer pleinement à la campagne présidentielle. En tant que premier vice-président, Jordan Bardella avait assuré l'intérim, et le 21 juin 2022, Marine Le Pen a confirmé qu'elle démissionnait définitivement de la présidence du parti pour se consacrer pleinement à la présidence du groupe des 89 députés RN à l'Assemblée Nationale. Et cela lui permet aussi d'être moins tributaire des petites bricoles partisanes.

Le congrès avait donc un enjeu pas ordinaire : qui sera le successeur de Marine Le Pen, et par conséquent, le successeur de Jean-Marie Le Pen ? Deux candidats se sont présentés : Louis Aliot et Jordan Bardella. L'un proclamait : "Tout commence", tandis que l'autre se réjouissait : "On continue". Pour Louis Aliot, il était évident qu'il fallait laisser la présidence à celui qui, dans ce parti, avait réussi à se faire élire au poste d'exécutif le plus important de l'histoire du parti, la mairie de Perpignan en juin 2021.

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Louis Aliot, à 53 ans, a déjà un long passé de militant du FN/RN auquel il a adhéré en 1990 (à l'âge de 21 ans). Son accent du Sud-Ouest le fait présenter comme un représentant de la France provinciale, celle des territoires, en opposition avec la France de Paris et de la région parisienne que Jordan Bardella pourrait symboliser d'autant plus que ce dernier est lisse et le premier rugueux. Il a été secrétaire général du FN de 2005 à 2011, vice-président du FN de 2011 à 2018 et depuis 2021 (premier vice-président dans les années 2010). Conseiller régional de 1998 à 2015, il a été élu député européen de mai 2014 à juillet 2017, puis député national de juin 2017 à août 2020 (à ce titre, il a joué au rugby avec Alexis Corbière), enfin maire de Perpignan depuis juillet 2020. Par ailleurs, ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen en 1999 et 2000, ancien collaborateur parlementaire de Marine Le Pen en 2011, il fut également son compagnon entre 2009 et 2019 selon Wikipédia.

Jordan Bardella est beaucoup plus jeune que Louis Aliot, il est carrément de la génération d'en dessous (il pourrait être son fils). À 27 ans, il a également déjà une longue vie de militant, adhérant à 17 ans au FN. Conseiller régional d'Île-de-France depuis décembre 2015, il a mené la liste nationale du RN aux élections européennes de mai 2019, qui a obtenu la première place avec 23,3% juste devant celle de Renaissance, et est ainsi élu député européen. Tête de liste aux élections régionales de juin 2021 en Île-de-France, il a fait un score médiocre (10,8% au second tour). Battu aux élections départementales à Tremblay-en-France en mars 2015, il a par ailleurs été candidat aux élections législatives en juin 2017 en Seine-Saint-Denis et a été éliminé dès le premier tour. Au sein du FN/RN, il a rapidement gravi les marches : collaborateur parlementaire de Jean-François Jalkh en 2015, il a été nommé porte-parole du FN en septembre 2017, puis directeur national du mouvement des jeunes FN entre mars 2018 et juillet 2021. Après avoir été choisi par Marine Le Pen pour mener la campagne des européennes en 2019, il a été bombardé vice-président du RN en juillet 2019, premier vice-président en juillet 2021 et président par intérim à partir de septembre 2021.

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Marine Le Pen a annoncé les résultats du vote qui a été clos le 3 novembre 2022. Sur 36 673 adhérents inscrits, 26 218 ont participé au vote, soit 71,5%. Sans surprise, Jordan Bardella a gagné, avec 22 130 voix, soit 84,8% contre 3 955 voix (15,2%) à Louis Aliot. Marine Le Pen a donc accueilli son successeur comme président du RN, Jordan Bardella. Est-ce à dire qu'il n'y a plus de Le Pen à la tête du RN ? C'est un peu rapide en conclusion, car c'est bien encore le clan Le Pen qui est à la tête du RN même si c'est une génération plus jeune. En effet, après avoir fréquenté la fille de Frédéric Chatillon, ancien président du GUD (mouvement d'extrême droite) et très proche de Marine Le Pen, il est depuis 2020, toujours selon Wikipédia, le compagnon de la nièce de Marine Le Pen, à savoir, la fille de Marie-Caroline Le Pen (la sœur aîné, qui avait suivi Bruno Mégret lors de la sécession en 1998) et de son ancien conjoint Philippe Olivier qui est député européen depuis 2019 et tenant de la ligne identitaire du parti, comme du reste Jordan Bardella.

Au-delà du président, c'est toute la direction du RN qui a été renouvelée. 100 membres du conseil national ont été élus ou réélus, en particulier : Sébastien Chenu, David Rachline, Marie-Caroline Le Pen, Steve Briois, Julien Odoul, Edwige Diaz, Laurent Jacobelli, Philippe Ballard, Jean-Lin Lacapelle, Julien Sanchez, Bruno Gollnisch, Wallerand de Saint-Just, Hélène Laporte, Laure Lavalette, Bruno Bilde, Ludovic Pajot, Philippe Olivier, José Gonzalez, Emma Minot, etc. 20 autres membres ont été nommés par Jordan Bardella, en particulier : Jean-Paul Garraud, Thierry Mariani et Jean-Philippe Tanguy.

Un bureau national a été choisi par le président mais sans beaucoup de pouvoirs. La vraie instance directive est le bureau exécutif qui est ainsi composé notamment de Jordan Bardella (président), Louis Aliot (premier vice-président), David Rachline, Hélène Laporte, Edwige Diaz et Julien Sanchez (quatre autres vice-présidents), et parmi les membres, Marine Le Pen, Jean-Paul Garraud, Sébastien Chenu, Philippe Olivier, etc.

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Je m'arrête sur une caractéristique intéressante qui est observable dès 2017 chez LREM/Renaissance et chez FI/Nupes et qui est aujourd'hui aussi observable au RN : la capacité à des militants très jeunes trentenaires (voire avant) de devenir députés et aussi responsables nationaux dans leur parti. Ces trois partis autour desquels le jeu politique et présidentiel tourne depuis 2017 (avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, chacun représentant une génération, années 1970, années 1960 et années 1950), ont apporté un vent de renouvellement indéniable en renversant le paysage politique qui a prévalu pendant au moins quarante ans si ce n'est depuis le début de la Cinquième République, à savoir l'UDF/RPR-UMP-LR et leurs alliés d'une part, et le PS et leurs alliés d'autres part. Certes, il y a eu aussi du renouvellement dans ces anciens partis gouvernementaux, en confiant des investitures parfois à des très jeunes (je pense à Robin Reda par exemple chez LR en 2017), mais c'est relativement rare et plutôt l'exception alors qu'il y a de très nombreux députés très jeunes chez LREM/Renaissance, FI/Nupes et FN/RN. Notons d'ailleurs qu'avant septembre dernier, trois jeunes parlementaires se sont fait remarquer par leur ambition d'être un jour les dauphins : Aurore Bergé à Renaissance, Adrien Quatennens à FI et Jordan Bardella au RN. Adrien Quatennens a visiblement des empêchements, et Jordan Bardella est désormais le chef du RN (quant à Aurore Bergé, elle préside le groupe Renaissance, ce qui n'est pas une mince affaire quand on a une majorité relative). Le saut à la génération des années 1990 va faire vieillir ceux de la génération des années 1970 et des années 1980 qui espèrent encore nourrir une ambition nationale.

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Au moment où ces annonces sur les organes de direction ont été faites, en fin de matinée du 5 novembre 2022, Steve Briois, quatrième mieux élu du RN, maire d'Hénin-Beaumont, a exprimé sa grande amertume contre la victoire de Jordan Bardella, en raison de son éviction du bureau exécutif et de la vice-présidence, alors qu'il a été premier vice-président, secrétaire général (la fonction a été supprimée) et même président par intérim. Steve Briois est apparu comme un frondeur, ainsi que Martin Bilde, tous les deux souhaitant conserver la ligne ni droite ni gauche du FN des années 2010, rejetant le "rabougrissement" d'une éventuelle alliance des droites radicales qui ne marcherait pas.

La colère était palpable : « Alors que depuis de nombreux mois je tire la sonnette d’alarme sur une potentielle re-radicalisation, je ne peux voir dans mon éviction qu’une sanction pour avoir voulu sensibiliser sur un phénomène que les faits confirment, depuis les ronds de jambe faits à certains intégristes, jusqu’à l’adoption de positions droitardes, contraires à mon sens au "ni droite, ni gauche" qui a prévalu pendant des décennies au Front national. Certaines outrances me donnent encore raison. ». Les outrances font référence à Grégoire de Fournas.

Les mots sont durs, très amers, et montrent un véritable clivage au sein du parti, entre ceux qui, comme Jordan Bardella, souhaiteraient se rapprocher de l'extrême droite identitaire et tenter de faire revenir ceux qui sont partis chez Éric Zemmour, et ceux qui veulent absolument séduire une partie de la gauche désabusée (à l'instar de Florian Philippot qui a quitté la maison). Du reste, Jordan Bardella continue de voir régulièrement Marion Maréchal malgré son éloignement politique.

L'effondrement de la respectabilité avec l'incident à l'Assemblée Nationale et la sanction disciplinaire qui a suivi, la plus dure prise (seulement un autre député a été sanctionné aussi sévèrement depuis 1958 !), renforcé par la prise de pouvoir de la tendance clairement identitaire et extrémiste de droite, va sans doute engendrer d'autres mouvements d'humeur que celui de Steve Briois, peut-être de nouvelles scissions comme cela se passe dans ce parti dès qu'une ligne semble être sortie d'une certaine ambiguïté idéologique.

Pour Marine Le Pen, quitter la présidence du RN lui permet de s'attacher une image plus consensuelle et moins autoritaire, d'autant plus que les convictions très fortes de Jordan Bardella pourrait faire l'office de l'outrance d'Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle ou de celle des députés de la Nupes depuis le début de l'été, à savoir un recentrage relatif de Marine Le Pen, élément capital si elle veut un jour séduire au moins 50% des Français. Il restera avant la présidentielle de 2027 l'épreuve des européennes de 2024 où il faudra au moins récidiver l'exploit de 2019 pour s'élancer dans la future campagne présidentielle.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (05 novembre 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Louis Aliot.
Jordan Bardella.
Marine Le Pen.

Le congrès du RN.
Grégoire de Fournas.
Incident raciste : 89 nuances de haine à la veille du congrès du RN ?
Le Front national des Le Pen, 50 ans plus tard...

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221105-jordan-bardella.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/11/06/39698946.html





 

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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 18:56

« Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national (…) n’est pas en train de céder au grand "compromis nationaliste", cette stratégie d’union des droites radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche. (…) Il n'y a pas que l'immigration et l'identité, il faut parler des problèmes du quotidien et des problèmes sociaux. » (Steve Briois, le 5 novembre 2022).




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L'accélération des procédures a été une catastrophe médiatique pour le Rassemblement national qui tenait son 18e congrès ce samedi 5 novembre 2022 à la Mutualité de Paris. En effet, alors que cette journée devait être la consécration de la respectabilité du parti fondé par Jean-Marie Le Pen il y a cinquante ans, l'un des ses plus importants députés Grégoire de Fournas a été très sévèrement sanctionné par le bureau de l'Assemblée Nationale puis par l'ensemble de la représentation nationale la veille, le 4 novembre 2022 (j'y reviendrai).

La respectabilité, c'est juste un vernis sur une idéologie extrémiste qui n'a au fond jamais varié depuis un demi-siècle : le bouc émissaire de tous nos maux sont les étrangers, immigrés, extra-européens, et il n'y a pas loin entre la xénophobie et le racisme (car à ma connaissance, les immigrés suédois n'ont jamais été fustigés par ce parti). Dans le cas de cette polémique parlementaire, celui qui a été lourdement sanctionné Grégoire de Fournas aurait dû être nommé porte-parole du RN de Jordan Bardella, dont la victoire ne faisait aucun doute, dans la nouvelle direction du parti. Pour le RN, c'était donc un soulagement que le député ait fait cette embardée avant d'être nommé, car ainsi, il ne représentait pas ès qualités le RN (même si le groupe RN s'est complètement solidarisé).

Revenons donc à ce congrès très politique. Marine Le Pen, réélue présidente du RN au précédent congrès le 3 juillet 2021 à Perpignan et qui avait succédé à son père le 16 janvier 2011 à Tours (face à Bruno Gollnisch), avait démissionné temporairement de cette présidence le 13 septembre 2021 pour se consacrer pleinement à la campagne présidentielle. En tant que premier vice-président, Jordan Bardella avait assuré l'intérim, et le 21 juin 2022, Marine Le Pen a confirmé qu'elle démissionnait définitivement de la présidence du parti pour se consacrer pleinement à la présidence du groupe des 89 députés RN à l'Assemblée Nationale. Et cela lui permet aussi d'être moins tributaire des petites bricoles partisanes.

Le congrès avait donc un enjeu pas ordinaire : qui sera le successeur de Marine Le Pen, et par conséquent, le successeur de Jean-Marie Le Pen ? Deux candidats se sont présentés : Louis Aliot et Jordan Bardella. L'un proclamait : "Tout commence", tandis que l'autre se réjouissait : "On continue". Pour Louis Aliot, il était évident qu'il fallait laisser la présidence à celui qui, dans ce parti, avait réussi à se faire élire au poste d'exécutif le plus important de l'histoire du parti, la mairie de Perpignan en juin 2021.

_yartiRNcongresXVIII02

Louis Aliot, à 53 ans, a déjà un long passé de militant du FN/RN auquel il a adhéré en 1990 (à l'âge de 21 ans). Son accent du Sud-Ouest le fait présenter comme un représentant de la France provinciale, celle des territoires, en opposition avec la France de Paris et de la région parisienne que Jordan Bardella pourrait symboliser d'autant plus que ce dernier est lisse et le premier rugueux. Il a été secrétaire général du FN de 2005 à 2011, vice-président du FN de 2011 à 2018 et depuis 2021 (premier vice-président dans les années 2010). Conseiller régional de 1998 à 2015, il a été élu député européen de mai 2014 à juillet 2017, puis député national de juin 2017 à août 2020 (à ce titre, il a joué au rugby avec Alexis Corbière), enfin maire de Perpignan depuis juillet 2020. Par ailleurs, ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen en 1999 et 2000, ancien collaborateur parlementaire de Marine Le Pen en 2011, il fut également son compagnon entre 2009 et 2019 selon Wikipédia.

Jordan Bardella est beaucoup plus jeune que Louis Aliot, il est carrément de la génération d'en dessous (il pourrait être son fils). À 27 ans, il a également déjà une longue vie de militant, adhérant à 17 ans au FN. Conseiller régional d'Île-de-France depuis décembre 2015, il a mené la liste nationale du RN aux élections européennes de mai 2019, qui a obtenu la première place avec 23,3% juste devant celle de Renaissance, et est ainsi élu député européen. Tête de liste aux élections régionales de juin 2021 en Île-de-France, il a fait un score médiocre (10,8% au second tour). Battu aux élections départementales à Tremblay-en-France en mars 2015, il a par ailleurs été candidat aux élections législatives en juin 2017 en Seine-Saint-Denis et a été éliminé dès le premier tour. Au sein du FN/RN, il a rapidement gravi les marches : collaborateur parlementaire de Jean-François Jalkh en 2015, il a été nommé porte-parole du FN en septembre 2017, puis directeur national du mouvement des jeunes FN entre mars 2018 et juillet 2021. Après avoir été choisi par Marine Le Pen pour mener la campagne des européennes en 2019, il a été bombardé vice-président du RN en juillet 2019, premier vice-président en juillet 2021 et président par intérim à partir de septembre 2021.

_yartiRNcongresXVIII03

Marine Le Pen a annoncé les résultats du vote qui a été clos le 3 novembre 2022. Sur 36 673 adhérents inscrits, 26 218 ont participé au vote, soit 71,5%. Sans surprise, Jordan Bardella a gagné, avec 22 130 voix, soit 84,8% contre 3 955 voix (15,2%) à Louis Aliot. Marine Le Pen a donc accueilli son successeur comme président du RN, Jordan Bardella. Est-ce à dire qu'il n'y a plus de Le Pen à la tête du RN ? C'est un peu rapide en conclusion, car c'est bien encore le clan Le Pen qui est à la tête du RN même si c'est une génération plus jeune. En effet, après avoir fréquenté la fille de Frédéric Chatillon, ancien président du GUD (mouvement d'extrême droite) et très proche de Marine Le Pen, il est depuis 2020, toujours selon Wikipédia, le compagnon de la nièce de Marine Le Pen, à savoir, la fille de Marie-Caroline Le Pen (la sœur aîné, qui avait suivi Bruno Mégret lors de la sécession en 1998) et de son ancien conjoint Philippe Olivier qui est député européen depuis 2019 et tenant de la ligne identitaire du parti, comme du reste Jordan Bardella.

Au-delà du président, c'est toute la direction du RN qui a été renouvelée. 100 membres du conseil national ont été élus ou réélus, en particulier : Sébastien Chenu, David Rachline, Marie-Caroline Le Pen, Steve Briois, Julien Odoul, Edwige Diaz, Laurent Jacobelli, Philippe Ballard, Jean-Lin Lacapelle, Julien Sanchez, Bruno Gollnisch, Wallerand de Saint-Just, Hélène Laporte, Laure Lavalette, Bruno Bilde, Ludovic Pajot, Philippe Olivier, José Gonzalez, Emma Minot, etc. 20 autres membres ont été nommés par Jordan Bardella, en particulier : Jean-Paul Garraud, Thierry Mariani et Jean-Philippe Tanguy.

Un bureau national a été choisi par le président mais sans beaucoup de pouvoirs. La vraie instance directive est le bureau exécutif qui est ainsi composé notamment de Jordan Bardella (président), Louis Aliot (premier vice-président), David Rachline, Hélène Laporte, Edwige Diaz et Julien Sanchez (quatre autres vice-présidents), et parmi les membres, Marine Le Pen, Jean-Paul Garraud, Sébastien Chenu, Philippe Olivier, etc.

_yartiRNcongresXVIII06

Je m'arrête sur une caractéristique intéressante qui est observable dès 2017 chez LREM/Renaissance et chez FI/Nupes et qui est aujourd'hui aussi observable au RN : la capacité à des militants très jeunes trentenaires (voire avant) de devenir députés et aussi responsables nationaux dans leur parti. Ces trois partis autour desquels le jeu politique et présidentiel tourne depuis 2017 (avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, chacun représentant une génération, années 1970, années 1960 et années 1950), ont apporté un vent de renouvellement indéniable en renversant le paysage politique qui a prévalu pendant au moins quarante ans si ce n'est depuis le début de la Cinquième République, à savoir l'UDF/RPR-UMP-LR et leurs alliés d'une part, et le PS et leurs alliés d'autres part. Certes, il y a eu aussi du renouvellement dans ces anciens partis gouvernementaux, en confiant des investitures parfois à des très jeunes (je pense à Robin Reda par exemple chez LR en 2017), mais c'est relativement rare et plutôt l'exception alors qu'il y a de très nombreux députés très jeunes chez LREM/Renaissance, FI/Nupes et FN/RN. Notons d'ailleurs qu'avant septembre dernier, trois jeunes parlementaires se sont fait remarquer par leur ambition d'être un jour les dauphins : Aurore Bergé à Renaissance, Adrien Quatennens à FI et Jordan Bardella au RN. Adrien Quatennens a visiblement des empêchements, et Jordan Bardella est désormais le chef du RN (quant à Aurore Bergé, elle préside le groupe Renaissance, ce qui n'est pas une mince affaire quand on a une majorité relative). Le saut à la génération des années 1990 va faire vieillir ceux de la génération des années 1970 et des années 1980 qui espèrent encore nourrir une ambition nationale.

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Au moment où ces annonces sur les organes de direction ont été faites, en fin de matinée du 5 novembre 2022, Steve Briois, quatrième mieux élu du RN, maire d'Hénin-Beaumont, a exprimé sa grande amertume contre la victoire de Jordan Bardella, en raison de son éviction du bureau exécutif et de la vice-présidence, alors qu'il a été premier vice-président, secrétaire général (la fonction a été supprimée) et même président par intérim. Steve Briois est apparu comme un frondeur, ainsi que Martin Bilde, tous les deux souhaitant conserver la ligne ni droite ni gauche du FN des années 2010, rejetant le "rabougrissement" d'une éventuelle alliance des droites radicales qui ne marcherait pas.

La colère était palpable : « Alors que depuis de nombreux mois je tire la sonnette d’alarme sur une potentielle re-radicalisation, je ne peux voir dans mon éviction qu’une sanction pour avoir voulu sensibiliser sur un phénomène que les faits confirment, depuis les ronds de jambe faits à certains intégristes, jusqu’à l’adoption de positions droitardes, contraires à mon sens au "ni droite, ni gauche" qui a prévalu pendant des décennies au Front national. Certaines outrances me donnent encore raison. ». Les outrances font référence à Grégoire de Fournas.

Les mots sont durs, très amers, et montrent un véritable clivage au sein du parti, entre ceux qui, comme Jordan Bardella, souhaiteraient se rapprocher de l'extrême droite identitaire et tenter de faire revenir ceux qui sont partis chez Éric Zemmour, et ceux qui veulent absolument séduire une partie de la gauche désabusée (à l'instar de Florian Philippot qui a quitté la maison). Du reste, Jordan Bardella continue de voir régulièrement Marion Maréchal malgré son éloignement politique.

L'effondrement de la respectabilité avec l'incident à l'Assemblée Nationale et la sanction disciplinaire qui a suivi, la plus dure prise (seulement un autre député a été sanctionné aussi sévèrement depuis 1958 !), renforcé par la prise de pouvoir de la tendance clairement identitaire et extrémiste de droite, va sans doute engendrer d'autres mouvements d'humeur que celui de Steve Briois, peut-être de nouvelles scissions comme cela se passe dans ce parti dès qu'une ligne semble être sortie d'une certaine ambiguïté idéologique.

Pour Marine Le Pen, quitter la présidence du RN lui permet de s'attacher une image plus consensuelle et moins autoritaire, d'autant plus que les convictions très fortes de Jordan Bardella pourrait faire l'office de l'outrance d'Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle ou de celle des députés de la Nupes depuis le début de l'été, à savoir un recentrage relatif de Marine Le Pen, élément capital si elle veut un jour séduire au moins 50% des Français. Il restera avant la présidentielle de 2027 l'épreuve des européennes de 2024 où il faudra au moins récidiver l'exploit de 2019 pour s'élancer dans la future campagne présidentielle.


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Pour aller plus loin :
Louis Aliot.
Jordan Bardella.
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