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2 décembre 2024 1 02 /12 /décembre /2024 03:29

« J’ai entendu parler d’une épée de Damoclès qui pèserait sur la tête du gouvernement mais la véritable épée de Damoclès, est dès aujourd’hui là sur la tête de la France et des Français et faute d’actions, faute de courage maintenant, je suis sûr d’une chose : elle pèsera beaucoup plus gravement demain sur nos enfants et nos petits-enfants. La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale : 3 228 milliards d’euros. Si l’on n’y prend garde, elle placera notre pays au bord du précipice. (…) Il y a une autre épée de Damoclès, tout aussi redoutable, celle de la dette écologique. Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » (Michel Barnier, le 1er octobre 2024 dans l'hémicycle).



 


Dans une perspective de récession en Allemagne, mais surtout, d'instabilité politique durable en Allemagne (de nouvelles élections législatives sont prévues pour le 23 février 2025), la situation politique française est observée très attentivement par le monde. Cette semaine, et probablement les semaines à venir, vont être cruciales non seulement pour le gouvernement Barnier, mais aussi pour l'avenir économique de la France.

L'enjeu est très important : serons-nous, Français, dans la situation de la Grèce en 2010 ou en 2015 ? Notre super-endettement sera-t-il encore absorbé par la confiance que les milieux financiers portent à la France ? Pour l'instant, le Premier Ministre Michel Barnier s'est assez bien débrouillé. Il a su convaincre la Commission Européenne, et je pense qu'il était le seul Premier Ministre possible à pouvoir le faire, que la trajectoire budgétaire, même si elle a pris un peu de retard, restait dans la bonne direction et que la France ne sera pas sanctionnée pour manquement à ses engagements (ce n'est pas la dictature de Bruxelles, il s'agit ici de la parole de la France à honorer).


Petite cerise sur le gâteau, l'agence de notation Standard & Poor's n'a pas abaissé la note de confiance de la France ce vendredi 29 novembre 2024, ce qui montre que la crédibilité financière de la France reste intacte malgré toutes les difficultés. En effet, l'agence a communiqué : « Malgré l'incertitude politique, nous nous attendons à ce que la France se conforme avec un délai au cadre budgétaire européen et consolide progressivement ses finances publiques. ».

Le renversement du gouvernement Barnier et donc le rejet du projet de loi de finances, c'est-à-dire le vote d'une motion de censure, serait un événement qui mettrait en danger la crédibilité de la France et même de l'Europe alors qu'il n'y existe plus beaucoup de pôle stable. Le scénario catastrophe peut être envisagé mais le pire n'est jamais sûr non plus, et c'est important de résister aux défaitismes ambiants.

Par exemple, quand les journalistes disent avec une panique surjouée (ça va faire de l'audience) que la France désormais emprunte de l'argent au même taux d'intérêt que la Grèce, à savoir 3%, ils oublient de dire que c'est le taux d'intérêt de 2024, pas celui de 2010 qui devait être (je n'ai pas vérifié) entre 15 et 20% ! Entre-temps, la Grèce a adopté une politique pour le coup qu'on peut appeler d'austérité, qui n'a rien à voir avec le budget à peine rigoureux présenté depuis deux mois par Michel Barnier.


A priori, le RN a annoncé qu'il voterait une motion de censure. Rien ne dit que c'est la même motion de censure que celle que déposera inévitablement la nouvelle farce populaire (NFP) puisque dans les motions de censure, il y a les motivations qui déterminent la politique que les signataires veulent conduire, or le RN est loin du NFP en termes programmatiques.
 


En revanche, on peut se demander quelle est la motivation réelle de Marine Le Pen à vouloir censurer le gouvernement. Jusqu'à maintenant, elle avait adopté une attitude responsable afin de montrer que son parti était en mesure de gouverner bientôt la France. Cela a été un très lent processus, qui a commencé dès son accession à la tête du FN le 16 janvier 2011. En votant une motion de censure alors que le gouvernement a reculé sur le pouvoir d'achat en renonçant à augmenter la taxe sur l'électricité (soit dit en passant, ce n'est pas augmenter, mais c'est supprimer la réduction de la taxe qu'avaient voulue les gouvernements précédents pour faire face à l'inflation), le RN risquerait fort de ne plus être compréhensible. D'ailleurs, Jordan Bardella serait plutôt sur la ligne de responsabilité au contraire de sa mentor.

On peut imaginer que Marine Le Pen sente sa carrière cramer à court terme avec sa probable condamnation le 31 mars 2025. Alors, elle peut jouer comme Jean-Luc Mélenchon et vouloir la tactique du chaos pour bénéficier d'une élection présidentielle anticipée. Mais il ne faut pas qu'elle se leurre, même en cas de démission du Président de la République (fort peu probable, mais la dissolution était tout aussi improbable), l'élection présidentielle ne serait pas organisée avant avril ou mai 2025, soit après une possible condamnation et inéligibilité exécutoire immédiatement. On peut alors imaginer plutôt une politique de la terre brûlée, ce qui est très étrange pour le RN à qui il manquait encore des électeurs de responsabilité pour atteindre une majorité absolue.

Je ne suis pas madame Soleil ni madame Irma, et donc, à part dire que le pire n'est jamais certain, je suis bien incapable de prédire l'avenir politique très proche, avec un élément à prendre en compte, du 2 au 4 décembre 2024, le Président de la Républiqe sera absent du territoire français puisqu'en visite d'État en Arabie Saoudite.


En revanche, je voudrais revenir sur ce qu'on entend depuis une semaine (depuis cinq mois en fait) sur les institutions et sur les critiques contre Emmanuel Macron. Comme 99,999% de la population, je n'ai pas compris la dissolution le 9 juin 2024 et j'ai été particulièrement choqué par celle-ci, sidéré plutôt, mais il ne faut pas exagérer : une dissolution, c'est le retour au peuple, c'est redonner la parole au peuple et s'il n'avait pas dissous, Emmanuel Macron aurait été critiqué de ne pas l'avoir fait, d'autant plus que le RN hurlait à la dissolution depuis une bonne année.

 


On a tendance à faire des comparaisons avec De Gaulle. Comparaison n'est jamais raison et puis, De Gaulle était De Gaulle et personne ne l'est dans la classe politique depuis 1970, il ne faut donc pas, là non plus, exagérer : la démission de De Gaulle le 28 avril 1969, c'était aussi la retraite anticipée d'un vieillard de 78 ans (âge qu'aura Jean-Luc Mélenchon au milieu du prochain quinquennat), il s'est sabordé lui-même, car il savait très bien où il allait quand il a annoncé son référendum. Mais surtout, personne ne l'a contraint à démissionner, c'était un choix personnel sans pression extérieure, celui d'un vieux monsieur qui a fait l'histoire et qui ne comprenait plus son pays depuis une année (mai 68).

De plus, la comparaison avec la pratique institutionnelle de De Gaulle s'arrête généralement à sa démission, mais c'est incomplet, on oublie aussi qu'il a dissous deux fois l'Assemblée, une fois en 1962 à une époque où les députés gaullistes ont considéré que c'était de la folie et anticipaient un désastre électoral majeur (qui n'a heureusement pas eu lieu), et une seconde fois en 1968 à une époque où c'était le "foutoir" de mai 68. Les deux "paris" de De Gaulle ont été gagnés, mais ils auraient pu être perdus, et dans ce cas, la faute n'en aurait pas été imputable à De Gaulle mais au peuple qui a voté.


D'autres Présidents de la République ont subi de graves revers électoraux, parfois très graves, et j'en citerai deux : François Mitterrand, le 16 mars 1986 et surtout le 28 mars 1993, deux échecs de son parti aux élections législatives, et Jacques Chirac, le 1er juin 1997, échec aux élections législatives (provoquées par une dissolution !) et le 29 mai 20065, échec du référendum sur le TCE. Aucun de ces deux Présidents de la République n'a démissionné et personne, à part quelques excités du bocage, n'a réclamé leur démission.

En 2024, Emmanuel Macron a fait mieux (et pas pire) que Jacques Chirac en 1997. À l'évidence, il n'a pas réussi puisqu'il a obtenu moins de sièges de sa majorité à la fin qu'au début, comme en 1997, mais au contraire de 1997, aucune opposition n'a réussi à obtenir une majorité absolue pour autant. C'est cette situation de no-man's-land politique qui rend la situation actuelle très incertaine et, répétons-le, elle ne finirait pas avec la démission du Président de la République puisqu'il serait constitutionnellement impossible de dissoudre avant une année (s'il y avait bien une réforme institutionnelle à faire, ce serait de réduire ce délai).


Le seul message clair des électeurs le 7 juillet 2024, c'est qu'ils ne voulaient pas d'un gouvernement dirigé par le RN alors que tous les prescripteurs d'opinion le pronostiquaient. Et c'était donc aux groupes qui ont fait élire leurs députés sous cette bannière du front républicaine de s'entendre pour gouverner. Au lieu de cela, Jean-Luc Mélenchon a pris en otage toute la gauche, et celle-ci, curieusement, s'est laissée faire. Cela coûtera très cher à la France.

Car le plus sot (on ne prête qu'aux riches), c'est qu'on impute à Emmanuel Macron une responsabilité qu'il n'a pas. Il a eu la responsabilité de dissoudre l'Assemblée mais c'est sa décision souveraine et constitutionnelle et personne n'a à la discuter, éventuellement on peut la commenter, mais c'était son droit souverain et constitutionnel de dissoudre. En revanche, on ne peut pas le rendre responsable du résultat des élections législatives de 2024 : ce sont les Français, souverainement, démocratiquement, par leur vote libre, sincère et secret, qui ont donné à la France cette Assemblée impossible.

Ce n'est pas Emmanuel Macron qui a mis les institutions en surpression, ce n'est même pas les institutions qui l'ont voulu alors que les constituants de 1958 avaient tenté de chercher toutes les causes d'ingouvernabilité, et ils avaient un bon modèle avec la Quatrième République. Mais ils n'ont pas imaginé la situation de 2024. Ce sont les Français qui l'ont voulu, et eux seuls.


Alors, dans cette situation, plus qu'Emmanuel Macron seul qui n'a fait qu'amorcer un processus, je vois le peuple principale cause de cette difficulté à gouverner en choisissant trois forces politiques d'égale représentation (au lieu de deux). Ce choix est là, est un fait. On peut le regretter (tout le monde le regrette), mais quoi faire ? Ce n'est pas destituer Emmanuel Macron ou le pousser à la démission qui résoudra quelque chose, ou alors, dans cette logique, il faudrait plutôt destituer le peuple !

 


Mais je vois un autre responsable, la classe politique dans sa globalité, ou plutôt, celle représentée à l'Assemblée Nationale, l'ensemble des groupes politiques qui montrent une absence totale de responsabilité face aux grands défis qui attendent la France dans une conjecture internationale particulièrement inquiétante au moment où Vladimir Poutine évoque la possibilité d'envoyer des missiles nucléaires en Europe. Et en France, pour d'obscures ambitions présidentielles des uns et des autres, on ergote sur un budget, on veut encore moins travailler, raser encore plus gratis, etc. Société de paresse alors qu'on devrait plutôt remonter ses manches.

Assurément, nous ne sommes plus en 1933 avec l'expression enflammée des extrêmes. C'est déjà du passé. Nous sommes maintenant en 1936, avec les grèves, avec les congés payés, avec l'espoir de la belle vie... sans voir un seul moment que se profilait 1939 et 1940. Décidément, j'ai parfois l'impression que l'histoire repasse les plats, mais alors les plus réchauffés...



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (01er décembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Gouvernement Barnier : les yeux du monde rivés sur la France.
Risque de censure : Non, le RN n'est pas l'arbitre des élégances !
Michel Barnier plaide pour la sobriété normative et procédurale !
Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 21 novembre 2024 à la Porte de Versailles (vidéo et texte intégral).
Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
PLF 2025 : la majorité de rejet !
Michel Barnier : déjà deux mois !
François Guizot à Matignon ?
5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
Doliprane : l'impéritie politique.
Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.



 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241201-gouvernement-barnier.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/gouvernement-barnier-les-yeux-du-257923

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/12/01/article-sr-20241201-gouvernement-barnier.html




 

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6 octobre 2024 7 06 /10 /octobre /2024 03:44

« Par patriotisme, par égard pour nos compatriotes qui souffrent, par respect envers nos institutions, et compte tenu de la tâche ingrate qui vous incombe en ces circonstances, ramasser l’action publique que certains ont laissé choir, je vous le dis, monsieur le Premier Ministre : le mouvement national n’entend pas entraîner le pays vers le chaos, vers cette politique du pire qui est la pire des politiques. Voilà pourquoi le Rassemblement national a fait un choix responsable : refuser de censurer a priori votre gouvernement pour lui donner une chance, si infime soit-elle, d’engager enfin les mesures de redressement nécessaires. » (Marine Le Pen, le 1er octobre 2024 dans l'hémicycle).



 


Contrairement à la rumeur publique, Michel Barnier et ses ministres ne sont pas les otages de Marine Le Pen et de son groupe RN à l'Assemblée Nationale. Le groupe RN et ses alliés ne comptent que 142 députés sur 577 et pour faire adopter une motion de censure, il en faut au moins le double, 289. Illustration par l'absurde : les premiers à tirer, c'est la gauche.

En effet, les 192 membres des partis de la
nouvelle farce populaire (NFP) ont déposé ce vendredi 4 octobre 2024 une motion de censure contre le gouvernement. Sa rédaction semble quasiment sortie d'une école primaire, sur le fond et même sur la forme, puisqu'on y relève quelques fautes d'orthographe (c'est vrai que, dans une sorte de comble de l'idéologie gauchiste, certains de ces députés considèrent que la connaissance de la langue française dépendrait du niveau de son compte en banque ; cela pourrait bien s'appliquer au gourou Jean-Luc Mélenchon).

Les motivations de cette motion de censure reprennent la fable urbaine selon laquelle le NFP aurait gagné les élections : eh bien, non, 192 députés ne constituent pas une majorité, pas même relative. Si cela avait été le cas, le candidat du NFP André Chassaigne aurait été élu au perchoir puisqu'il suffisait, au troisième tour, de n'avoir qu'une majorité relative. Si
Yaël Braun-Pivet a été brillamment réélue, c'est parce qu'une autre coalition, plus importante que le NFP, soutient aujourd'hui le gouvernement, avec une majorité relative très faible, certes, de 213 députés, mais supérieure aux troupes du NFP.

On n'insistera pas sur les nombreux exemples de mauvaise foi politicienne dont est truffé le texte de cette motion de censure, comme le fait que le Président de la République
Emmanuel Macron n'a pas voulu nommer l'inconnue de la dette abyssale de la ville de Paris Lucie Castets à Matignon : « Le Président de la République aurait dû nommer à Matignon la personnalité proposée par le nouveau front populaire. ». Truffé aussi de procès d'intention comme celui-ci : « Michel Barnier semble se contenter de vaines paroles sur la défense de l’environnement et du climat. Ainsi, le ministère de la Transition écologique a par exemple hérité d’un périmètre d’action fortement rogné. ». Ce qui est très maigre pour donner une raison de tuer le gouvernement.

Sur le sujet environnemental, Michel Barnier a déjà répondu à Cyrielle Chatalain, la présidente du groupe écologiste à l'Assemblée : « Madame la présidente Chatelain, vous avez parlé d’effets de manche mais je ne vois pas où vous en avez trouvé dans mon discours. Je n’en ai pas fait et je n’en ferai pas, on dit d’ailleurs souvent de moi, je le sais bien, que je suis trop sérieux et pas marrant. Je me suis exprimé sincèrement et sobrement et je continuerai ainsi. Je suis attentif, vous le savez, à la transition écologique. J’étais même engagé avant vous sur ces questions. (…) Je rappellerai ici que j’ai la fierté d’avoir créé, il y a trente ans, le fonds Barnier, dont il est beaucoup question. Je continue à suivre son développement et je vais avec la ministre compétente augmenter les moyens dont il est doté. J’estime en effet que la prévention coûte toujours moins cher que la réparation et qu’une réparation anticipée et organisée est plus efficace et moins coûteuse qu’une réparation improvisée. ».

Ce qui est désolant avec cette motion de censure, c'est que ceux des députés socialistes supposés s'être opposés à la mainmise des insoumis sur la gauche ont finalement tous signé ce texte de censure, en particulier Jérôme Guedj, Aurélien Rousseau, ancien ministre d'
Élisabeth Borne, et même François Hollande, ancien Président de la République, qui n'a vraiment pas peur de l'humiliation publique. Tous ceux-là viennent de montrer, en s'associant aux délires mélenchonesques, qu'ils ne souhaitent plus gouverner la France, ils ne souhaitent plus être responsables ni crédibles.

Incontestablement, ceux qui risquent de faire sauter le gouvernement Barnier ne sont pas d'extrême droite mais de la gauche ultradicalisée. Si cette gauche ne voulait pas censurer le gouvernement, le RN n'aurait aucun poids politique, ne pourrait rien exiger, puisqu'il serait dans l'incapacité de réunir 289 voix pour faire adopter une motion de censure.


D'ailleurs, il était très instructif (et risible) de voir Manuel Bompard, le représentant des insoumis, sur France 2 le soir du 3 octobre 2024, faire la danse du ventre devant la représentante du RN, la suppliant de voter pour sa motion de censure, alors qu'il se prétend la locomotive du combat contre le RN (sauf quand il a besoin de lui). La réponse a été très claire. Laure Lavalette, députée RN, a rejeté les appels du pied des insoumis : « Je pense que la situation est suffisamment grave pour ne pas censurer en amont déjà ce gouvernement. On va, j'allais dire, donner la chance au produit (…). On ne peut pas ajouter du chaos comme vous le faites. ». Le RN en situation d'être responsable alors que François Hollande joue au pyromane de la République : postures improbables.

Cette motion de censure sera examinée en séance publique l'après-midi du mardi 8 octobre 2024, après l'hommage solennel à
Louis Mermaz, ancien Président de l'Assemblée Nationale, et les questions au gouvernement. Son issue prévisible est le rejet, faute d'avoir convaincu les députés RN de se joindre à la gauche (pour une collusion des non, mais certainement pas pour un gouvernement commun).
 


Mais revenons sur la position du RN qui peut étonner. Marine Le Pen, dans un discours très grandiloquent, écrit avant d'avoir écouté la déclaration de politique générale de Michel Barnier, en a donné quelques éléments de compréhension le 1er octobre 2024.

La chose principale, qui ne coûte pas un rond, c'est d'avoir de la considération : représentante de millions d'électeurs, Marine Le Pen veut que les 142 députés RN et alliés soient reconnus comme tels, comme des élus de la République et soient ainsi respectés comme tels, puissent participer aux concertation, puissent aussi participer à la gestion de l'Assemblée (le 19 juillet 2024, ils ont été exclu du
bureau de l'Assemblée au contraire de la législature précédente qui comptait deux vice-présidents RN de l'Assemblée). Sa revendication a été ainsi formulée : « Je le dis ici de manière solennelle, à l’intention de chacun des ministres, de tout détenteur de l’autorité publique issue de ce gouvernement : nous entendons que les 11 millions de patriotes qui ont voté pour notre coalition d’union nationale soient respectés, que cessent ces attaques inutiles et injustes qui procèdent tant du mépris de classe que de l’intolérance caractéristique des totalitarismes. Ces attitudes n’honorent ni surtout ne servent le pays, son unité, son modèle démocratique. ». Devant les députés, Michel Barnier n'a pas arrêté d'annoncer qu'il écouterait tous les groupes, qu'il n'exclurait aucun groupe politique. Il a donc tout bon !

Sans s'empêcher de fustiger le Président de la République à de nombreuses reprises, Marine Le Pen a voulu se montrer responsable et annoncé qu'elle ne s'opposerait pas pour s'opposer. C'est vrai qu'en procès depuis le 30 septembre 2024, avec vingt-six autres dirigeants du RN, sur une suspicion de fraude de 7 millions d'euros, pour une durée très longue de deux mois, la potentielle candidate du RN préférerait attendre que cette affaire soit oubliée avant un prochain scrutin.

Elle a ainsi interpellé Michel Barnier : « Ma première demande, monsieur le Premier Ministre, est simple : faites preuve de volontarisme dans tous les domaines, et pas seulement dans celui des finances. Il ne s’agit pas de vous concilier votre "aile gauche", votre "aile droite" ou vos "partenaires exigeants", bref, toutes ces périphrases qui vous permettraient de justifier votre inaction par le respect de médiocres équilibres partisans : il s’agit de produire un impact rapidement perceptible par tous les Français. Or, en vous écoutant, j’entends des constats, mais tout de même bien peu de solutions. ».

Voulant montrer sa bonne volonté, Marine Le Pen a encouragé le gouvernement à faire preuve de courage : « Vous avez sur ce point, monsieur le Premier Ministre, une possibilité considérable : sans mandat électif à défendre aujourd’hui ou demain, vous pouvez faire preuve de courage en réalisant les économies dont le gisement a été identifié depuis des années, dans les observations de la Cour des Comptes comme dans d’autres rapports publics portant sur le sujet. Une étude américaine publiée fin 2023 évalue à quatre points de PIB les pertes causées en France par la suradministration. ». Il faudra donc rappeler à ses éventuels électeurs venant de la gauche que le RN est pour restreindre l'intervention de l'État, comme le souhaite également son allié ultralibéral
Éric Ciotti. Ce qui est tout à fait dans la tradition du FN dont le fondateur, son père Jean-Marie Le Pen, voulait supprimer l'impôt sur le revenu.

Elle a même proposé à Michel Barnier les clefs de sa popularité : « Vous le savez, nous avons trois priorités, au sujet desquelles notre vigilance s’exercera de manière accrue : le pouvoir d’achat, l’immigration et la sécurité. Ce faisant, nous vous rendrons service, puisqu’elles correspondent aux exigences des Français et que vos mesures en la matière, peut-être, vous rendront populaire ; la France aussi y trouvera son intérêt, puisque ces urgences, trop longtemps négligées, ne peuvent plus l’être davantage. ».

La dirigeante du RN a donc donné sa règle du jeu très clairement, les trois « lignes rouges sur lesquelles notre groupe pourrait, demain, fonder un vote de censure ». C'est habile : elle n'a réduit sa "surveillance" que sur trois sujets et pas plus, parce qu'elle veut obtenir des avancées concrètes sur les mesures que proposera le gouvernement. En cela, elle joue le jeu de l'écoute et de la coconstruction de la loi quand la gauche joue l'opposition systématique et l'obstruction (jusqu'à vouloir
destituer le Président de la République pour des raisons de cour de récréation).


La première ligne rouge : baisser la pression fiscale


Le choix des priorités du RN est intéressant : « La première d’entre elles réside dans l’évolution de la pression fiscale, déjà insupportable, qui s’exerce sur les Français, en particulier sur les classes populaires et moyennes. Toute hausse d’impôt touchant les plus fortunés, entreprises ou ménages, devra être compensée par du pouvoir d’achat rendu à nos concitoyens modestes, qui travaillent et ont vu leur reste à vivre fondre depuis trois ans. ».

Le meilleur moyen de réduire le déficit, pour le RN, est donc de s'attaquer aux dépenses publiques, ce qui, pour de nombreux membre de la majorité, est du bon sens (mais n'est pas facile à pratiquer). Elle a même apporté son soutien à venir pour toutes les décisions courageuses de réduction des dépenses : « Soyez-en sûr : dans cette mission, nos députés ne vous seront pas des obstacles, mais des soutiens, si vous savez faire preuve de courage. ». Le gouvernement n'en demandait pas tant !


La deuxième ligne rouge : baisser la pression migratoire

Sans surprise, après le pouvoir d'achat, l'immigration est le thème par excellence du RN pour racoler des électeurs (et il y parvient !) : « Notre deuxième ligne rouge serait l’absence du sursaut migratoire, sécuritaire et pénal qu’attendent des millions de Français. Nous vous demandons, à vous qui teniez il y a quelques années un discours si ferme à ce sujet, de remettre à votre agenda, dès le premier trimestre de 2025, un projet de loi "immigration" restrictif, reprenant au minimum les
dispositions censurées en janvier par le Conseil Constitutionnel. De plus, puisqu’une tragique actualité a encore une fois mis en lumière la question des obligations de quitter le territoire français (OQTF) et des laisser-passer consulaires, je vous suggère une règle simple : en l’absence de laissez-passer, zéro visa. ».
 


Notons quand même que cette dernière règle n'aura aucune efficacité, et l'ancien Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est bien placé pour le savoir car il avait essayé et il se trouve que les ressortissants des pays en question, faute de visa français, demandent un visa espagnol et avec Schengen, peuvent arriver en France en toute légalité. En clair, ces pays se moquent bien d'une politique de zéro visa. Il faut trouver autre chose pour être efficace.

Comme on le dit généralement, les solutions les plus simplistes sont les moins efficaces (sinon, on les aurait mises à l'œuvre depuis longtemps). Les responsables politiques ont toujours cette tentation prétentieux qu'avant eux, la lumière était éteinte et qu'avec eux, tout va réussir, alors que, ici, les idées du RN ne sont pas vraiment innovantes, c'est le moins qu'on puisse dire.


Marine Le Pen a réclamé d'autres mesures sur le plan sécuritaire et pénal, qui semblent recevoir un écho favorable pour la majorité des députés (et ne devraient donc pas être la cause d'un renversement possible du gouvernement).


La troisième ligne rouge : le scrutin proportionnel

Je cite cette troisième et dernière condition pour ne pas censurer le gouvernement Barnier, qui est le
mode de scrutin. J'y reviendrai très prochainement plus en détails.

Quand on analyse les deux premières conditions, elles ne sont pas insurmontables. En quelque sorte, Marine Le Pen a choisi d'emballer convenablement son choix de ne pas censurer le gouvernement et de tenter d'y donner son influence. Tout ce tralala pour garder la face. C'est sans doute une stratégie payante à moyen terme, sauf si le gouvernement réussit trop bien.


Ainsi, Marine Le Pen s'est positionnée totalement à l'opposé de l'affrontement permanent voulu par la gauche : « Si je prends l’engagement aujourd’hui de ne jamais céder, un seul instant, aux médiocres sirènes de la comédie des menaces de censure qui seraient fondées sur autre chose que l’observation impartiale de vos actes, c’est parce que c’est à vous, et à vous seul, qu’il appartient, par la juste prise en considération des mesures que je viens d’évoquer, de faire de cette période, autant que possible, un temps de construction et de service de l’intérêt général. Cet esprit d’ouverture ne doit pas être interprété comme un blanc-seing, pas plus que notre esprit républicain ne doit être assimilé à de la faiblesse, de l’irrésolution, voire une forme d’allégeance à un gouvernement que nous considérons davantage de circonstances que de convenance. ».

Elle a même donné un argument patriotique à sa non-censure : « L’absence de direction gouvernementale signifierait mécaniquement, pour notre pays et pour les Français, une double servitude technocratique, française et surtout bruxelloise. Or le pays a besoin de décisions politiques, parfois fortes et exigeantes, qui ne peuvent émaner que de politiques et non d’administratifs, aussi dévoués soient-ils, ni, encore moins, d’instances supranationales, acquises à d’autres intérêts. ».

À la fin de son discours, Marine Le Pen a été ovationnée, tous les membres de son groupe et de celui d'Éric Ciotti se sont levés, montrant aussi une manifestation de force dans l'hémicycle face à un Premier Ministre qui, à la fin de sa déclaration de politique générale, n'a eu que les membres du groupe LR (Droite républicaine) pour se lever et le saluer, les membres de l'ancienne majorité macroniste étant restés ostensiblement assis (ce qui, à mon sens, n'est politiquement pas très malin).

Comme celui qui tombait du haut d'un immeuble, dans le film "La Haine" (de Mathieu Kassovitz, sorti le 31 mai 1995), Michel Barnier peut se dire à la veille du délicat débat budgétaire : "Jusqu'ici, tout va bien !". Mais, ne soyons pas trop rapide, regardons d'abord précisément qui votera (ou ne votera) pas la motion de censure ce mardi 8 octobre 2024. La première motion de censure, évidemment, car la gauche n'hésitera pas à en déposer régulièrement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (05 octobre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.
 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241001-marine-le-pen.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-3-lignes-rouges-de-marine-le-257018

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/02/article-sr-20241001-marine-le-pen.html



 

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25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 03:09

« Personne, rigoureusement personne, n’a voté pour avoir Michel Barnier à Matignon. Ni même pour une coalition macroniste et droite LR, qu’aucun leader n’envisageait. Les électeurs RN (…) voulaient Bardella à Matignon : ils n’ont eu que les trois premières lettres ! Ceux du centre votaient pour y garder Gabriel Attal. Ceux de gauche voulaient le virer et voir appliquer le programme du NFP. Ceux de LR disaient "ni Macron, ni Mélenchon, ni Bardella", mais sans espoir d’un retour de la droite. Et au second tour, c’est sans les LR que les électeurs de gauche et du centre ont mêlé leurs voix pour empêcher une majorité RN de gouverner le pays. » (Patrick Cohen, le 24 septembre 2024 sur France Inter).



 


Le gouvernement de Michel Barnier s'est réuni en conseil des ministres ce lundi 23 septembre 2024 sous la présidence du Président Emmanuel Macron. Il est, pour nos institutions, un véritable OVNI, une sorte de chose dont on a encore du mal à donner un nom tellement c'est inédit dans notre histoire de la Cinquième République.

Ce n'est pas un gouvernement ordinaire d'un Président avec sa majorité présidentielle à l'Assemblée, mais ce n'est pas non plus un gouvernement de cohabitation avec l'opposition présidentielle devenue majoritaire. Ce n'est même pas un gouvernement de coalition tel qu'on l'entend dans certaines démocraties parlementaires européennes où des partis parfois opposés se mettent d'accord pour gouverner ensemble faute de majorité pour gouverner tout seul, car le gouvernement Barnier ne jouira que d'un capital d'environ 220 sièges sur les 577 que compte l'Assemblée, soit loin de la majorité absolue (il manque environ 70 députés !). Alors, au début, certains ont appelé cela coalitation, d'autres parlent de coexistence plus ou moins pacifique. Aucun mot ne semble à ce jour satisfaire les commentateurs.

Ce qui est clair, c'est que la légitimité de Michel Barnier n'émane pas du Président de la République, pas plus de l'Assemblée puisqu'il ne peut pas se reposer sur une majorité absolue, il est issu d'un parti qui n'a obtenu que 47 sièges sur 577, mais sans doute (le sans doute visant à attendre la suite pour s'en convaincre) sa légitimité vient de sa capacité à esquiver (ou pas) toutes les motions de censure qui ne manqueront pas d'être déposées contre lui. Dès lors que l'Assemblée ne le censure pas, il est par définition d'essence démocratique, qu'on le veuille ou pas.

 


Certes, la nomination de Michel Barnier à Matignon provient de l'aboutissement (long) d'une analyse du Président de la République, mais il faut noter que Michel Barnier n'était pas son premier choix et si les premiers choix (Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, Thierry Beaudet) ont été écartés, c'est bien parce qu'il y avait une probabilité de 100% pour qu'une motion de censure soit adoptée à très brève échéance (quelques jours). Dans ce jeu de dupes (tous sont des dupes : le Président, le nouveau gouvernement, mais surtout, tous les groupes et partis représentés à l'Assemblée), le couple de l'exécutif Macron-Barnier est déséquilibré et c'est Michel Barnier qui a aujourd'hui l'ascendant, comme dans les gouvernements de cohabitation. La preuve, c'est que pour finaliser la composition de son gouvernement, Michel Barnier a dû menacer (semble-t-il) de jeter l'éponge et cette démission aurait été catastrophique pour les institutions et le pays.

Le plus cocasse, et c'est le chance de Michel Barnier, c'est que (presque) tout le monde a intérêt à ce qu'il dure : le Président de la République et les membres du gouvernement, bien sûr, les groupes politiques à l'Assemblée qui le composent, mais aussi le RN qui n'est pas encore prêt au grand remplacement politique (il doit d'abord y avoir la phase du grand déballement, euh, enfin, du grand déballage au tribunal), et gauche est bien rassurée de ne pas avoir à gérer le pays. Seuls les insoumis de Jean-Luc Mélenchon auraient intérêt au blocage complet de nos institutions pour renverser notre République. Je rappelle que démission d'Emmanuel Macron ou pas, destitution d'Emmanuel Macron ou pas, l'Assemblée Nationale ne pourra pas être dissoute avant le 7 juin 2025. Le gouvernement Barnier devra donc tenir ces quelques mois si on veut un pays gouverné.

 


Parmi les idées reçues, il y a que c'est un gouvernement de droite ou très à droite. Pauvre Didier Migaud que j'ai connu député de l'Isère pourtant bien à gauche dans les années 1990 (face à Alain Carignon dans l'agglomération grenobloise et en Isère), j'espère que son appétit institutionnel ne prendra pas ombrage de ces procès en trahison que ne manquent pas de lui faire ces potentats de la nouvelle farce populaire (NFP), à commencer par le NFP lui-même. Pour fonder cette idée reçue (gouvernement le plus à droite), on se réfère aux nouveaux ministres LR qui, quand ils étaient parlementaires, n'avaient pas eu l'honneur de voter pour les lois progressistes voire transgressives (pires, ils auraient voter contre). C'est pourtant un mauvais procès puisque la plupart des parlementaires de droite avaient voté contre et on n'a pas dit avant 2012 que c'étaient des gouvernements d'extrême droite. Quant aux intentions, Michel Barnier a déjà confirmé qu'il ne toucherait pas à ces réformes, et de toute façon, ce ne serait pas son intérêt de remettre dans l'actualité des sujets clivants alors qu'il doit d'abord faire adopter les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale.

L'idée que ces réformes sociétales risquent d'être abrogées a été véhiculée par l'ancien Premier Ministre Gabriel Attal, qui préside le groupe EPR, qui a besoin de marquer son territoire. Tout le monde, d'ailleurs, à l'intérieur ou à l'extérieur de la majorité gouvernementale, va marquer son territoire. On peut même imaginer un mini-clash entre Michel Barnier et Emmanuel Macron, sans conséquence sinon de mousse médiatique, pour bien montrer que l'un n'est pas l'autre et réciproquement.

Autre critique et inquiétude dans les milieux sociaux, l'absence supposée de ministère du handicap. D'une part, c'est faux, le ministre chargé du handicap, c'est Paul Christophe, Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes, c'est inclus dans l'Autonomie. D'autre part, on critique toujours le trop grand nombre de ministres (ce qui est le cas ici, 39 membres) et on critique l'absence de certains ministères, en créer de nouveaux. Les critiques sont toujours très contradictoires.


On a dit aussi que les nouveaux ministres étaient des inconnus, mais ceux qui l'ont dit étaient généralement des éditorialistes politiques nationaux arrogants et paresseux qui, au contraire de leurs prédécesseurs, ne travaillent plus leur carte électorale ni leur carte politique. Heureusement, j'en ai entendu au moins un qui a relevé l'honneur de la profession, Patrick Cohen, qui, dans sa chronique à la matinale de France Inter du 23 septembre 2024, insistait sur le fait que tous ces nouveaux ministres étaient d'abord des élus locaux qui sont très connus de leurs administrés et jamais un gouvernement n'a représenté autant et aussi bien les territoires de la France que celui-ci, des ministres profondément ancrés dans leurs territoires, connaissant parfaitement la vie quotidienne des Français.

C'est le contraire des gouvernements précédents qu'on disait hors sol, pas implantés, technocratiques, parisiens... Un journal (je ne sais plus lequel) a calculé la distance moyenne entre le lieu de naissance des ministres et Paris, dans le gouvernement Barnier, c'est autour de 200 kilomètres quand, pour les précédents gouvernements, c'était de l'ordre de 10 à 20 km (j'aurais préféré le calcul de la distance entre Paris et la collectivité locale dans laquelle étaient implantés les ministres).


Patrick Cohen dit notamment : « Ces "inconnus" à Paris ne le sont pas à Lorient, à Valence, Châteauroux, Bordeaux, Le Havre, Mont-de-Marsan, Fécamp, Valenciennes, Oullins, Châteaugiron, Zuydcoote, Aubergenville… toutes ces villes où les nouveaux ministres œuvrent ou ont œuvré comme maire, maire-adjoint ou président de métropole. Il y a là un afflux inédit d’élus de terrain, qui répond aux procès en "déconnexion" régulièrement intentés à ceux qui nous gouvernent. ».

Je dois d'ailleurs avouer bien modestement que je n'aurais pas été capable de situer deux des trois dernières communes citées : Châteaugiron près de Rennes (Françoise Gatel en a été la maire de 2001 à 2017) ; Zuydcoote, en revanche, je savais que c'est près de Dunkerque, grâce au film "Week-end à Zuydcoote" d'Henri Verneuil (sorti le 18 décembre 1964) avec Jean-Paul Belmondo et Jean-Pierre Marielle (Paul Christophe en a été le maire de 2008 à 2017) ; Aubergenville, dans les Yvelines, près de Flins-sur-Seine à cheval sur la cité jardin Élisabethville (Sophie Primas en a été la maire de 2014 à 2017).

Et Patrick Cohen a souligné dans sa chronique que certes, la légitimité démocratique du nouveau gouvernement reste faible, mais aucun autre gouvernement n'aurait toutefois une meilleure légitimité démocratique : « Guère plus faible que celle de la gauche. Qui compte 20 députés de moins que l’alliance du centre et de LR. 193 contre 213. Pour le même nombre de voix au premier tour des législatives. Un peu moins de 9 millions. Et pour mémoire, 9 millions 3 pour le RN. ».


Le plus fort de café sont ces gens de gauche qui fustigent le caractère droitier du gouvernement. Évidemment ! La gauche a refusé de gouverner. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Michel Barnier a proposé à Stéphane Le Foll, François Rebsamen, Karim Bouamrane, Philippe Brun, Jérôme Guedj, Carole Delga, Bernard Cazeneuve, etc. d'entrer au gouvernement et tous ont refusé, tous sauf Didier Migaud qui ne représente que lui-même, d'ailleurs (on peut prédire pour lui une démission spectaculaire dans quelques mois à la Nicolas Hulot). Forcément, dès lors que la gauche et en particulier le parti socialiste se défile pour prendre ses responsabilités et penser à l'intérêt national, le barycentre, mécaniquement, se déplace vers la droite. Rappelons et insistons, martelons : Emmanuel Macron était prêt à nommer Bernard Cazeneuve à Matignon, le seul accepté de gauche par le bloc central, susceptible de recueillir jusqu'à une majorité absolue, sans "surveillance" des extrêmes (tant du RN que de FI). C'est le PS qui l'a lourdé, comme un malpropre, et aujourd'hui, ses anciens soutiens au sein du PS (33 au bureau national, contre 38), font machine arrière et condamne la droitisation du gouvernement. Ils auraient pu sortir de la nasse de mélenchonisme d'Olivier Faure. Ils ont préféré l'hypocrisie des postures aux actes sincères. Au lieu d'avoir un programme de gauche édulcorée, ils ont un programme de droite droite... de leur fait ! De le volonté de ne pas vouloir l'intérêt des Français mais le leur.
 


Amusant d'ailleurs de voir la manifestation révolutionnaire des insoumis contre Emmanuel Macron et Michel Barnier le samedi 21 septembre 2024. Quelques milliers de manifestants sur toute la France, tellement pitoyable qu'il n'y a pas eu de prétentions dans les chiffres des organisateurs ! C'est rassurant : les Français ne sont pas remacronisés ni barniérisés, mais ont le respect des responsables et attendent de juger sur les actes, sur les projets avant de critiquer, avant de lyncher.

Prenons encore une autre idée reçue : le gouvernement Barnier serait à la merci du RN. En clair, il faut que le gouvernement Barnier obéisse aux injonctions du RN sinon, ce parti le censurerait. C'est encore une idée fausse : le RN n'a que 146 députés et il faut 289 voix pour faire tomber le gouvernement. Il n'est donc pas à la merci du RN ou plutôt, c'est le NFP qui le rend à la merci du RN puisque le NFP a déjà annoncé qu'il voterait systématiquement la censure. Si le PS, par exemple, négociait avec le gouvernement sa non-censure en échange de mesures concrètes, le PS pourrait avoir une influence bien plus grande que le RN. Le gouvernement Barnier est à la merci du RN uniquement parce que c'est la gauche qui le veut bien. C'est donc de l'imposture de le fustiger en même temps. Il est donc faux de dire que le gouvernement est l'otage du RN : il est l'otage du RN et du NFP à la fois.

 


L'exemple le plus flagrant, qui montre que cela va être très difficile de gérer tous les ministres, s'est produit le 24 septembre 2024. Le nouveau Ministre de l'Économie et des Finances Antoine Armand a téléphoné à tous les partis sauf le RN. Michel Barnier s'est senti alors obligé d'appeler le RN pour ne pas l'exclure de la concertation. Marine Le Pen en a profité pour déclarer : « Quand j'entends Antoine Armand dire que sa porte est fermée au RN alors que le budget arrive, je pense que le Premier Ministre doit aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement car il semblerait que certains n'aient pas encore totalement compris. ». Là encore, pas de quoi se trouver scandalisé : ceux qui sont choqués sont ceux qui ont mis le gouvernement dans cette situation. S'il donnait sa chance au gouvernement Barnier de trouver des compromis, c'est-à-dire de ne pas le censurer systématiquement, le NFP, surtout le PS, se trouverait en position d'arbitre et de faiseur de roi. Mais l'intérêt national ne les intéresse pas, ce qui rend le dialogue du gouvernement avec le RN crucial pour son existence.

Je termine sur cet exercice de grand équilibriste que devra faire en ce moment Michel Barnier. Heureusement, il est sportif. Entre le lundi 23 septembre 2024 à 16 heures, fin du premier conseil des ministres à l'Élysée, et le vendredi 27 septembre 2024 à 15 heures, début du premier séminaire gouvernemental à Matignon (donc sans Emmanuel Macron), où le Premier Ministre va se mettre d'accord avec ses ministres sur leur programme gouvernemental, c'est la foire à la saucisse ! Il y a là une fenêtre de tir unique, pour les ministres, de faire avancer les dossiers qui leur tiennent à cœur, car après le discours de politique générale, la feuille de route aura été fixée et le gouvernement la prendra en référence en excluant tout autre projet.


C'est pourquoi cette semaine, quelques ministres médiatiques annonceront leurs propres souhaits de réforme. Par exemple, Rachida Dati espère presser le pas pour poursuivre sa réforme en profondeur de l'audiovisuel public (par le regroupement de Radio France et France Télévisions, ce qui serait une erreur grave). Alors que le RN veut purement et simplement privatiser l'audiovisuel public et que la gauche veut augmenter les dépenses pour l'audiovisuel et donc, augmenter les impôts, Michel Barnier n'a aucun intérêt à poursuivre cette réforme qui, du reste, n'est pas d'une absolue urgence. Je lui souhaite bien du plaisir à circonscrire les ardeurs réformatrices de ses ministres !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (50) : les premiers pas du gouvernement Barnier.
Composition du Gouvernement Michel Barnier I nommé le 21 septembre 2024.
Législatives 2024 (49) : les socialistes crient au secours la droite revient !
Législatives 2024 (48) : les adieux de Bruno Le Maire à Bercy.
Législatives 2024 (47) : le dur accouchement du gouvernement Barnier.
Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...
Gérard Larcher, protecteur des institutions.
"À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
Législatives 2024 (45) : Michel Barnier, le choix de l'apaisement.
Législatives 2024 (44) : l'introuvable Premier Ministre.
Édouard Philippe massivement candidat.
Législatives 2024 (43) : Haro sur le Beaudet !
Législatives 2024 (42) : Bernard Cazeneuve et le retour à la case départ ?
Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
Législatives 2024 (40) : Patrick Cohen a raison !
Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
Législatives 2024 (38) : la coconstruction du Premier Ministre.
Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240923-gouvernement-barnier.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-50-les-premiers-256921

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/24/article-sr-20240923-gouvernement-barnier.html



 

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21 septembre 2024 6 21 /09 /septembre /2024 20:25

« Une équipe ! Maintenant, au travail ! » (Michel Barnier, le 21 septembre 2024 sur Twitter).



 


Le plus important de ce très laconique tweet du Premier Ministre (qui est plutôt un taiseux et peut-être tant mieux), ce sont les deux petits drapeaux en guise de point final : drapeau français et drapeau européen. Certes, chaque ministre, chaque assemblée arbore désormais ce double symbole de la France et de l'Union Européenne, mais cela signifie bien la détermination du chef du gouvernement à ne pas céder à toute sorte de compromission contraire à ses valeurs. Il est un Européen convaincu et il le demeurera, comme il est un amoureux de la France.
 


Donc, oui, ça y est !Juste avant le début de l'Automne. Accouchée dans la douleur, la composition du gouvernement Barnier a été annoncée ce samedi 21 septembre 2024 peu avant 19 heures 50 par le Secrétaire Général de l'Élysée Alexis Kohler, comme le veut la tradition républicaine.

Ce qui n'était pas traditionnel, c'était la gestation de ce gouvernement pour remplacer le gouvernement de Gabriel Attal démissionnaire le 16 juillet 2024. Plus d'un mois et demi pour trouver un Premier Ministre (la balle à l'Élysée), puis seize jours (plus de deux semaines) pour arriver à une liste de ministres (la balle à Matignon). Très atypique, cette annonce un samedi soir, en plein week-end. A fortiori un samedi de la Journée du patrimoine où même le Palais de l'Élysée était envahi de visiteurs jusqu'à 18 heures. Plus logique en revanche de faire l'annonce juste avant le journal de 20 heures, il est encore des grands-messes qui obligent.

Ce qui est, en revanche, ahurissant, c'est que cette composition a été élaborée à ciel ouvert, comme dans un gigantesque jeu de téléréalité. Au départ, Michel Barnier a fait des consultations en B to B (face-à-face) avec chaque parti prêt à s'engager et à s'investir dans cette aventure gouvernementale. Mais c'est vite devenu intenable, tant les caprices des uns, les calculs des autres, les lignes rouges, les irresponsabilités rendaient impossible toute solution.

 


Le Premier Ministre a alors eu un coup de sang et s'est dit prêt à jeter l'éponge, ce qui aurait plongé la France dans une véritable crise politique. Et a décidé de faire comme lors de l'élection du pape par les cardinaux : on se réunit et on libère les participants seulement lorsqu'il y a une fumée blanche. C'était le jeudi 19 septembre 2024. On a pensé que tout était réglé, mais il a encore fallu travailler deux jours. Et pleine transparence, jusqu'aux coups de fil du Premier Ministre au Président de la République, jusqu'aux ministres pressentis qui, finalement, n'en seraient pas (exemples, Violette Spillebout à l'Éducation nationale, ou encore Mathieu Lefèvre, ancien collaborateur de Gilles Carrez et très proche de Gérald Darmanin, au Budget), tandis que Laurent Wauquiez paradait devant les députés LR pour proclamer sa non-participation (il était pressenti à Bercy). Quant à la très conservatrice Laurence Garnier, pressentie à la Famille, elle a été sauvée mais à la Consommation. On imagine le stress dans un tel cas et sans doute fallait-il prier pour que son nom ne soit pas publié trop tôt et lâché aux chiens médiatiques et internautiques.

En tout cas, Michel Barnier a tenu son objectif de nommer tout son gouvernement avant dimanche soir pour un conseil des ministres le lundi 23 septembre 2024 à 15 heures, après les passations de pouvoir et avant le voyage du Président de la République à l'Assemblée Générale de l'ONU. Le prochain rendez-vous sera pour le 1er octobre 2024, date de rentrée parlementaire et surtout du crucial discours de politique générale (enfin, on va parler du fond après cet été surréaliste).

À l'issue de la lecture de la liste des ministres, les commentateurs politiques, qu'ils soient journalistes ou responsables politiques, était particulièrement pitoyables et vides (je sais qu'il ne faut pas attendre grand-chose un samedi soir, même si on peut quand même noter la participation exceptionnelle sur BFMTV de l'éditorialiste Alain Duhamel, que j'apprécie). Pourquoi ? Parce que le vide ne vient pas de rien, il vient d'un parisianisme qui ne connaît que les ultracélèbres et qui ignore la réalité territoriale de la (vraie) classe politique. Avant (dans l'ancien monde ?), les journalistes politiques connaissaient exactement la carte électorale, qui était député et maire d'où, et sans s'aider de l'antisèche parfois trompeuse Wikipédia. Maintenant, le creux l'emporte sur le travail : on se repose simplement sur des préjugés, des clichés, des impressions pour faire de commentaires peu pertinents... Exemple frappant : un éditorialiste proche du RN évoquait le choc idéologique entre Bruno Retailleau et Didier Migaud... sans connaître l'idéologie de ce dernier puisque ce dernier, fort discret depuis 2010 sur le plan politique, a quitté l'engagement militant.

Moi, je dis deux choses à propos de ce nouveau gouvernement. D'une part, et c'est ce qui suit, il y a des noms intéressants, des pépites, des personnalités peu connues qui méritent de l'être, et une construction beaucoup plus subtile et sophistiquée qu'on veuille bien le croire (ce qui justifie ce temps long et confirme que Michel Barnier est un vieux routard de la vie politique). D'autre part, et je pense que cette affirmation peut être partagée par beaucoup de Français, même s'ils ne sont pas de la même opinion politique que la coalition qui va gouverner, il faut que le gouvernement Barnier réussisse, car il faut que la France gagne. L'intérêt national commande la réussite, du moins pour quelques mois, de cette tentative désespérée de sortir de l'impasse. Laissons les ministres, le gouvernement gouverner, donnons-leur au moins la chance de montrer ce qu'ils vont faire, avant tout préjugé. À l'épreuve du pouvoir, les gens peuvent changer. Les Français doivent les juger sur les actes, pas sur les réputations (très faibles ici puisque la plupart des ministres sont inconnus tant du grand public que des journalistes autosatisfaits).

 


Et rappelons l'origine de l'impasse. L'impasse, ce n'est pas la dissolution par Emmanuel Macron. Certes, à sa place, je n'aurais jamais pris cette décision téméraire à ce moment précis de notre vie démocratique, mais c'est son choix, souverain, constitutionnel, et il n'y a pas à épiloguer sur le sujet. Du reste, le RN avait réclamé cette dissolution depuis plusieurs mois et on ne peut pas critiquer la dissolution et en même temps traiter Emmanuel Macron d'autocrate voire de dictateur. Il a fait appel au peuple français. Personne ne peut le lui reprocher !

L'impasse, elle ne vient pas de là. De cette dissolution, comme la précédente, en 1997, aurait pu survenir une majorité absolue claire, d'un camp ou d'un autre, on aurait été alors joyeux dans le camp des vainqueurs ou déçus dans le camp des vaincus, mais il y aurait des gagnants et des perdants et il y aurait un gouvernement stable pour appliquer une politique donnée. Si ces élections législatives anticipées n'ont pas abouti à cela, ce n'est pas la faute d'Emmanuel Macron, c'est celle du peuple ! Ce sont les électeurs qui ont choisi trois blocs, ou plutôt, qui ont choisi de manière à rejeter les deux autres blocs, si bien que l'Assemblée s'est retrouvée divisée en trois et pas en deux. C'est ce vote, pas collectivement conscient de la difficulté, mais résultat d'un véritable état de l'opinion, divisée en trois, qui a fait toute la difficulté et je trouve qu'Emmanuel Macron a réussi à trouver le bon Premier Ministre au bon moment. Il s'en sort bien.

De quoi est donc la cause de ce gouvernement ? D'une réflexion menée simplement : pas de majorité pour la nouvelle farce populaire (NFP), qui n'a que 193 députés sur 289, loin donc d'une majorité absolue ; pas de majorité pour le RN, mais avec 146 députés, ceux-là le reconnaissent bien volontiers et on peut louer leur lucidité. Le bloc central qui cumule le camp présidentiel et Les Républicains totalisent autour de 220 députés (soit plus que le NFP, d'où la victoire de Yaël Braun-Pivet sur André Chassaigne au perchoir). C'est nettement insuffisant pour une majorité absolue, mais mieux que le NFP. Faute d'un compromis à gauche, le compromis s'est déplacé à droite et à l'extrême droite. En gros, le RN a accepté l'idée de ne pas immédiatement censurer le nouveau gouvernement si on l'écoutait sur les noms à ne pas prendre (en l'occurrence Xavier Bertrand, Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin).

Pour avoir le détail des noms et des postes, on pourra lire la totalité de cette composition ici. La première chose qui frappe est le nombre pléthorique de ministres : contrairement à d'habitude, il n'y a pas eu l'affichage hypocrite d'une volonté d'un gouvernement resserré. Ce n'est même pas préférable (parmi les premières critiques, celle qu'il n'y a pas de ministère pour les personnes en situation de handicap alors que pourtant, il y a un ministère pour l'autonomie qui inclut bien sûr le handicap : c'est la schizophrénie française, on critique l'endettement et on veut toujours dépenser plus ; on veut un gouvernement resserré mais on voudrait avoir mille ministères de tout et de rien). Celui de Michel Barnier est très clairement pléthorique car il était impossible de faire autrement pour satisfaire tous les partis de la coalition. 40 membres si l'on compte le Premier Ministre (qui reste chargé de la Planification écologique comme ses deux prédécesseurs), 19 ministres pleins, 15 ministres délégués et 5 secrétaires d'État. Parité parfaite : 20 femmes, 20 hommes.

 


La première remarque évidente, c'est qu'il n'y a que des politiques, quasiment que des politiques, pour 39 sur 40 : d'après ma comptabilité (je ne tiens pas compte qu'une nouvelle ministre a quitté LR le 11 juin 2024 à cause de l'alliance d'Éric Ciotti), il y a 15 LR (dont 2 proches de Valérie Pécresse et 1 proche de Xavier Bertrand), 12 EPR (Renaissance), 3 UDI, 3 MoDem, 2 Horizons, 2 ex-LR, 1 radical, 1 ex-PS et 1 sans étiquette (Clara Chappaz, directrice de la French Tech de 2021 à 2024 nommée Secrétaire d'État chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique).

Seulement six ministres sortants sont reconduits, dont deux (voire trois) gardent leur ministère : Sébastien Lecornu aux Armées (on lui a rajouté les Anciens combattants), Rachida Dati à la Culture (on lui a rajouté le Patrimoine), éventuellement Agnès Pannier-Runacher qui hérite du grand Ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques (elle était déjà dans ce ministère dans certains précédents gouvernement). Trois autres changent d'attributions : Catherine Vautrin (Territoires et Décentralisation), Jean-Noël Barrot (Quai d'Orsay) et Guillaume Kasbarian (Fonction publique entre autres). On pourrait rajouter une septième ministre sortante, mais sortie dès juillet 2023 : Geneviève Darrieussecq, qui devient Ministre de la Santé (elle est médecin). Enfin, deux autres ont été déjà ministres avant 2017 : Valérie Létard et Michel Barnier (sous Nicolas Sarkozy). En tout, donc, 9 ministres expérimentés sur 40, ou, à l'envers, 31 nouveaux ministres, noms nouveaux, sur 40.

Cette dernière remarque signifie qu'il y a un grand renouvellement des personnes. Mais le poids politique aussi est important. Les poids lourds actuels de cette coalition sont à l'extérieur du gouvernement : Gabriel Attal, Édouard Philippe, Gérald Darmanin, François Bayrou, Élisabeth Borne, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire sont à l'extérieur. Si on veut donner le qualificatif de poids lourd au-delà de Michel Barnier, ce sera sans doute à Bruno Retailleau, très influent président du groupe LR au Sénat, qui aurait sans doute été le Premier Ministre de François Fillon en cas d'élection de ce dernier. Bruno Retailleau est nommé Ministre de l'Intérieur. Ce choix est crucial. L'opposition de gauche l'accuse déjà d'être "inhumain" (ce qui est un sacré argument politique !). Notons d'ailleurs (je ne suis pas le seul à faire ce constat) qu'Éric Ciotti, qui rêve d'être Ministre de l'Intérieur, aurait certainement été nommé dans ce gouvernement à ce poste s'il ne s'était pas jeté, trop confiant dans les sondages, dans les bras incertains de Marine Le Pen.

Autre remarque, les noms de ministères et leur architecture. Beaucoup de nouvelles appellations, parfois assez longues. Sur la structure, il faut noter l'indépendance du logement (une réelle politique du logement est nécessaire), mais aussi des transports par rapport à la transition écologique. C'est très intelligent de faire dépendre les transports des territoires. Le Ministère de l'Europe dépend à la fois du Quai d'Orsay (domaine du Président) et de Matignon (domaine du Premier Ministre). Les Outre-mer dépendent directement de Matignon et pas de l'Intérieur comme à l'époque de Gérald Darmanin (une des revendications des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie). Au-delà d'une Ministre déléguée chargée des Relations avec le Parlement et d'une porte-parole du gouvernement, il y a aussi une Ministre déléguée chargée de la "Coordination gouvernementale". Enfin, on peut aussi s'étonner que le Ministère du Budget et des Comptes publics soit rattaché à Matignon et pas à Bercy.

Comme dans chaque gouvernement, beaucoup de personnalités sont de grande valeur, énarques, normaliens, ESSEC, IEP, etc. (de formation), avec une trajectoire personnelles très intéressante et diversifiée. On peut citer deux présidents de commission bombardés ministres : le président de la commission des affaires économiques Antoine Armand (EPR) nommé à 33 ans (il les a eus il y a onze jours) Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie ; celui de la commission des affaires sociales Paul Christophe (Horizons) nommé Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes (amusant de voir dans la défense des femmes... un homme).

 


Dernière remarque, anecdotique celle-ci : certains sont nommés alors qu'ils ont échoué aux élections législatives, c'est le cas notamment de François Durovray et Laurent Saint-Martin.

Trois critiques reviennent généralement dans les réactions à ce nouveau gouvernement, issues des extrêmes.

La première, c'est de dire, de croire, de faire croire que ce gouvernement est la suite du macronisme (elle provient de l'extrême gauche et de l'extrême droite). C'est ne rien comprendre à Michel Barnier de dire cela. C'est surtout factuellement faux. On reprochait à Emmanuel Macron de faire ses gouvernements (sauf le dernier) en se basant sur des non-personnalités politiques, sur des personnes dites de la "société civile", en somme, sur des ministres hors sol. Celui de Michel Barnier est exactement l'inverse. Comme je l'ai écrit, il est ultrapolitisé (chaque ministre a eu un engagement politique, une histoire politique parfois très ancienne, cinquante-deux ans pour le premier d'entre eux). Il est au contraire très axé sur les territoires : beaucoup de sénateurs (en particulier LR), et les sénateurs sont sur le terrain, connaissent parfaitement les communes, les départements, il y a aussi beaucoup de maires ou de présidents d'exécutif, comme Gil Avérous (maire de Châteauroux), Fabrice Loher (maire de Lorient), Nicolas Daragon (maire de Valence), François Durovray (président du conseil départemental de l'Essonne), etc. Si on prend les parlementaires qui ont dû quitter leur mandat exécutif mais qui y sont restés très attachés (comme Bruno Retailleau pour la Vendée et les Pays de la Loire, Valérie Létard pour le Nord et Valenciennes, Marie-Agnès Poussier-Winsback pour Fécamp, Alexandre Portier pour Villefranche-sur-Saône, Geneviève Darrieussecq pour Mont-de-Marsan, Sébastien Lecornu pour l'Eure et Vernon, François-Noël Buffet pour Lyon, Othman Nasrou pour Trappes, etc.), alors on a une France des territoires très diversifiée et aussi très connue localement.

Les Français ont voulu un réel changement dans leur gouvernance, et il l'ont obtenu avec le gouvernement Barnier. Les principaux ténors du gouvernement précédent sont hors des ministères, même certains, comme Gérald Darmanin, qui auraient bien voulu rester.

La deuxième critique, provenant exclusivement des insoumis, est de dire que ce gouvernement est vendu à l'extrême droite, ce qui est d'autant plus excessif et stupide qu'il suffit d'écouter l'opinion des députés RN sur ce gouvernement. Le RN n'a pas intérêt à un clash alors qu'à la veille de la rentrée parlement s'ouvre le procès du RN, mais la nature revient toujours au galop et on peut lire ici ou là l'absence d'approbation d'une telle composition (ce qui ne veut pas dire la censure).
 


Enfin, celle relayée le plus dans les médias, la troisième critique, provenant surtout des socialistes, qui condamnent ce gouvernement de droite ! Ce PS mélenchonisé définitivement n'est vraiment plus récupérable ! Ce sont les socialistes eux-mêmes qui ont refusé d'entrer au gouvernement, et après, ils critiquent le gouvernement qui n'a rien à gauche. C'est dément comme argumentation et les Français aiment bien un peu de logique dans les postures politiques. Emmanuel Macron avait pressenti Bernard Cazeneuve à Matignon, mais le PS l'a flingué en direct à Blois. Le plus hypocrite est François Hollande qui critique la nomination de Michel Barnier mais qui n'a pas levé son petit doigt pour aider son ancien Premier Ministre, de peur de contrarier le gourou des insoumis. Mais même après le choix du Premier Ministre, tout restait possible. Michel Barnier a proposé à de nombreux hiérarques socialistes d'entrer au gouvernement, notamment à Bernard Cazeneuve, Stéphane Le Foll, Jérôme Guedj, Karim Bouamrane, François Rebsamen, Carole Delga, Philippe Brun... Le PS a refusé de gouverner et ensuite, il critique le choix d'un gouvernement "de droite", quelle hypocrisie et quelle contradiction !

On a reproché à Michel Barnier de faire du casting avant de définir le fond de son programme. En termes de programme, son gouvernement sera certainement bien humble : s'il arrive à faire adopter les deux lois de finances avant le 31 décembre 2024, il sera bien content. Selon Matignon, Michel Barnier souhaiterait coconstruire son plan d'action avec les ministres. Si les socialistes avaient accepté d'être présents, ils auraient pu infléchir la politique de la nation à gauche. Ils ont préféré servir de serviles faire-valoir à Jean-Luc Mélenchon. Ils n'auront plus aucune influence, à l'image du 1,7% de leur score à la présidentielle.

Ce dimanche, le maître mot sera donc : PASSATION !



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Composition du Gouvernement Michel Barnier I nommé le 21 septembre 2024.
Législatives 2024 (49) : les socialistes crient au secours la droite revient !
Législatives 2024 (48) : les adieux de Bruno Le Maire à Bercy.
Législatives 2024 (47) : le dur accouchement du gouvernement Barnier.
Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...
Gérard Larcher, protecteur des institutions.
"À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
Législatives 2024 (45) : Michel Barnier, le choix de l'apaisement.
Législatives 2024 (44) : l'introuvable Premier Ministre.
Édouard Philippe massivement candidat.
Législatives 2024 (43) : Haro sur le Beaudet !
Législatives 2024 (42) : Bernard Cazeneuve et le retour à la case départ ?
Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
Législatives 2024 (40) : Patrick Cohen a raison !
Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
Législatives 2024 (38) : la coconstruction du Premier Ministre.
Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240921-gouvernement-barnier.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-49-les-256891

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/09/21/article-sr-20240921-gouvernement-barnier.html







 

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21 septembre 2024 6 21 /09 /septembre /2024 19:54




Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240921-gouvernement-barnier.html



La composition du Gouvernement résultant du décret signé ce jour par le Président de la République Emmanuel Macron sur la proposition du Premier Ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique, Michel Barnier, est la suivante :

19 Ministres :

M. Didier MIGAUD (ex-PS), Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ;

Mme Catherine VAUTRIN (ex-LR), Ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation ;

M. Bruno RETAILLEAU (LR), Ministre de l’Intérieur ;

Mme Anne GENETET (EPR), Ministre de l’Éducation nationale ;

M. Jean-Noël BARROT (MODEM), Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;

Mme Rachida DATI (ex-LR), Ministre de la Culture et du Patrimoine ;

M. Sébastien LECORNU (EPR), Ministre des Armées et des Anciens combattants ;

Mme Agnès PANNIER-RUNACHER (EPR), Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques ;

M. Antoine ARMAND (EPR), Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie ;

Mme Geneviève DARRIEUSSECQ (MODEM), Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins ;

M. Paul CHRISTOPHE (HOR), Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes ;

Mme Valérie LÉTARD (UDI), Ministre du Logement et de la Rénovation urbaine ;

Mme Annie GENEVARD (LR), Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt ;

Mme Astrid PANOSYAN-BOUVET (EPR), Ministre du Travail et de l’Emploi ;

M. Gil AVÉROUS (LR), Ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative ;

M. Patrick HETZEL (LR), Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ;

M. Guillaume KASBARIAN (EPR), Ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique ;

M. François-Noël BUFFET (LR), Ministre auprès du Premier Ministre, chargé des Outre-mer ;

M. Laurent SAINT-MARTIN (EPR), Ministre auprès du Premier Ministre, chargé du Budget et des Comptes publics.

15 Ministres délégués :

Auprès du Premier Ministre et du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

M. Benjamin HADDAD (EPR), chargé de l’Europe ;

Auprès du Premier Ministre :

Mme Nathalie DELATTRE (RAD), chargée des Relations avec le Parlement ;
Mme Maud BREGEON (EPR), porte-parole du Gouvernement ;
Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE (LR), chargée de la Coordination gouvernementale ;

Auprès de la Ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation :

Mme Françoise GATEL (UDI), chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat ;
M. François DUROVRAY (LR), chargé des Transports ;
M. Fabrice LOHER (UDI), chargé de la Mer et de la Pêche ;

Auprès du Ministre de l’Intérieur :

M. Nicolas DARAGON (LR), chargé de la Sécurité du quotidien ;

Auprès de la Ministre de l’Éducation nationale :

M. Alexandre PORTIER (LR), chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel ;

Auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

Mme Sophie PRIMAS (LR), chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger ;

Auprès de la Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques :

Mme Olga GIVERNET (EPR), chargée de l’Énergie ;

Auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie :

M. Marc FERRACCI (EPR), chargé de l’Industrie ;
Mme Marie-Agnès POUSSIER-WINSBACK (HOR), chargée de l’Économie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation ;
Mme Marina FERRARI (MODEM), chargée de l’Économie du tourisme ;

Auprès du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes :

Mme Agnès CANAYER (LR), chargée de la Famille et de la Petite enfance.

5 Secrétaires d’État :

Auprès du Ministre de l’Intérieur :

M. Othman NASROU (LR), chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations ;

Auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

M. Thani MOHAMED SOILIHI (EPR), chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux ;

Auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie :

Mme Laurence GARNIER (LR), chargée de la Consommation ;

Auprès du Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes :

Mme Salima SAA (LR), chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ;

Auprès du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche :

Mme Clara CHAPPAZ, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique.

Le Président de la République réunira l’ensemble des membres du Gouvernement pour un Conseil des ministres qui se tiendra le lundi 23 septembre à 15h00 au Palais de l'Élysée.


Source : Élysée
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20240921-composition-gouvernement-barnier-i.html



 





 

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17 septembre 2024 2 17 /09 /septembre /2024 12:15

« Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. » (Article 68 alinéa 1 de la Constitution du 4 octobre 1958).



 


Ce mardi 17 septembre 2024 à 9 heures 30, le bureau de l'Assemblée Nationale s'est réuni dans les salons de la Présidence de l'Assemblée Nationale, à l'Hôtel de Lassay, pour sept points, et c'est le sixième point qui est le plus important : « 6. Examen de la recevabilité de la proposition de résolution présentée par Mme Mathilde Panot et plusieurs de ses collègues, visant à réunir le Parlement en Haute Cour en application de l’article 68 de la Constitution et de la loi organique n° 2014-1392 du 24 novembre 2014 ». Il s'agit de la procédure de destitution du Président de la République selon l'article 68 de la Constitution. Je l'avais déjà évoquée il y a un mois. Le bureau a adopté la recevabilité de la motion de destitution déposée par le groupe FI et l'a transférée à la commission des lois pour son examen.

En effet, ce n'est pas une surprise puisque Jean-Luc Mélenchon avait annoncé dès le 17 août 2024 dans "La Tribune Dimanche" qu'il comptait engager cette procédure si Emmanuel Macron ne nommait pas Lucie Castets à Matignon. Un chantage qui ne se révéla pas vraiment efficace puisque deux semaines plus tard, Michel Barnier a succédé à Gabriel Attal. Du coup, les insoumis ont donc fait ce qu'ils avait dit, tenter la procédure en sachant pertinemment qu'elle n'aboutirait pas puisqu'il faut notamment l'accord des sénateurs (où la gauche est ultraminoritaire) et ensuite le vote du Parlement en Congrès avec une majorité des deux tiers de ses membres, soit plus qu'une révision constitutionnelle qui ne nécessite qu'une majorité des trois cinquièmes.

 


L'entreprise est donc vouée à l'échec, et pourtant, elle est engagée dans le seul but de faire du bruit, de la mousse médiatique, de perdre le temps précieux des parlementaires, et de renforcer les conflits au sein de la société française. C'est le but du gourou des insoumis qui veut détruire les institutions de la Cinquième République. Rappelons alors plusieurs choses.

Et d'abord, rappelons que la démission ou la destitution du Président de la République ne débloquerait absolument pas la situation inextricable de l'Assemblée divisée en trois blocs de même taille, car le nouveau Président de la République, le cas échéant, ne pourrait pas plus dissoudre avant l'été 2025 qu'Emmanuel Macron. Un changement à l'Élysée ne réglerait donc aucun problème de cette XVIIe législature.
 


La procédure de destitution est récente, elle a moins de dix ans ; elle a été mise en place par la loi organique n°2014-1392 du 24 novembre 2014, à la suite de la dernière révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (voulue par Nicolas Sarkozy). Cette procédure était une sorte de toilettage de modernité de la procédure de haute trahison. L'idée était double : d'une part, si le Président de la République n'était plus en capacité physique ou mentale d'exercer ses fonctions et qu'il n'en avait plus la lucidité, les parlementaires pourraient trouver une porte de sortie ; d'autre part, si le Président de la République faisait n'importe quoi (exemple de Paul Deschanel qui descendait du train en pyjama), ou agissait contre l'intérêt national, par exemple en complotant avec un ennemi de la France, alors les parlementaires pourraient l'exclure du pouvoir.

Cette nouvelle procédure permet donc de résoudre surtout les problèmes de santé qui se sont posés avec des Présidents malades ou âgés après la triple expérience de Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac, puisque les cas de haute trahison sont ultrarares dans l'histoire de France (sur le dernier siècle, on ne compte que Philippe Pétain, mais cette procédure, si elle avait existé, n'aurait servi à rien puisque la grande majorité des parlementaires, issue des élections du (vrai) Front populaire de 1936, ont voté les pleins pouvoirs à Pétain).

Les mélenchonistes ont choisi de guerroyer pour transformer cette procédure en outil politicien. Double : un outil médiatique (faire du bruit autour de la destitution), et un outil institutionnel. Si même le RN est réticent devant cette procédure, c'est bien parce qu'il y a un grave risque de transformation de cette procédure en manipulations politiciennes. Du reste, les insoumis ne sont pas les premiers à tenter de l'utiliser politiquement puisque les parlementaires LR avaient tenté, en 2016, sans succès heureusement, de destituer François Hollande après la publication du livre "Un Président ne devrait pas dire ça" (de Fabrice Lhomme et Gérard Davet) qui lui valut l'impossibilité politique de se représenter à l'élection présidentielle.

Le risque de transformation institutionnel, c'est de remettre en permanence la légitimité politique du Président de la République. Or, celle-ci provient du peuple français, seul souverain dans son vote, libre, secret et sincère. Pour rappel, Emmanuel Macron a été élu en 2017 par 66% des Français et réélu en 2022 par 59% des Français. L'oublier serait une grave erreur : malgré son échec électoral (réel) après la dissolution, Emmanuel Macron reste totalement légitime car réélu pour cinq ans et son mandat se termine en mai 2027 et il entend aller jusqu'au bout, quoi qu'il advienne, il en a le droit constitutionnel. Malgré leur échec électoral, François Mitterrand (en 1986 et 1993) et Jacques Chirac (1997) ont gardé toute leur légitimité à finir leur mandat.

Vouloir s'embarquer dans cette procédure de destitution, sans motivation institutionnelle (« cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat »), c'est accepter le principe que voudraient imposer les mélenchonistes, celui du mandat révocable : ce qui serait une aberration politique. Les mandats sont déjà trop courts pour faire quelque chose dans la durée, vouloir permettre leur révocation ferait que les élus ne feraient plus rien, ou pire, ne feraient plus que de la démagogie. Le contraire du courage et de la vision dans l'engagement.

 


Ce qui est donc absolument stupide, c'est de confondre des considérations institutionnelles et des considérations politiciennes. Ces dernières, en l'occurrence, signifieraient qu'il y a un désaccord dans l'interprétation des résultats des élections législatives de 2024 et leurs conséquences. Pour Jean-Luc Mélenchon, la nouvelle farce populaire (NFP) aurait gagné les élections et devrait gouverner, ce qui est totalement en opposition avec l'arithmétique parlementaire : cette coalition n'a qu'un tiers des sièges et ne peut pas gouverner sans s'élargir vers le centre. Mais les mélenchonistes ont toujours refusé cet élargissement. Emmanuel Macron a donc eu raison de rejeter l'option NFP puisqu'elle n'aboutirait pas à un gouvernement viable, car rejeté par les deux tiers de l'Assemblée.

Au contraire, l'attitude prudente du Président de la République a été salutaire, car peu de responsables politiques auraient su quoi faire le soir du 7 juillet 2024 avec de pareilles responsabilités ! Emmanuel Macron a tenté le centre gauche avec Bernard Cazeneuve : le rejet incompréhensible des socialistes, quoi qu'ils en disent, l'a obligé à se tourner vers le centre droit avec Michel Barnier. Sur la nomination du nouveau Premier Ministre, Emmanuel Macron est peu critiquable sur le plan politique et absolument irréprochable sur le plan constitutionnel, même si chacun a ses préférences (et on peut les citer puisque des dizaines de candidats plus ou moins volontaires s'étaient fait connaître pour Matignon). Vouloir destituer Emmanuel Macron parce que sa chouchou inconnue n'a pas nommée relève du caprice d'enfant gâté (très gâté si l'on en croit son patrimoine).

Dans cette folie mélenchonesque, qui est ce qu'elle est et on n'est pas étonné par l'excessif débordement du gourou, ce qui est le plus condamnable, c'est que les insoumis ne comptent que 72 députés sur 577 mais ils agissent avec une force de frappe de 193 députés parce que leurs partenaires sont de véritables larbins du gourou pour des raisons compréhensibles uniquement par cynisme : avoir le plus de sièges possibles, et donc, le plus d'argent possible (car un siège rapporte de l'argent public chaque année au parti).


Rappelons un point de procédure : pour pouvoir débattre en séance publique de la motion de destitution, il faut l'adoption par la commission des lois, mais auparavant, l'accord sur la recevabilité de l'initiative par le bureau de l'Assemblée Nationale. C'est là où l'absence, en pleine nuit, celle du 19 au 20 juillet 2024, d'un certain nombre de députés macronistes a été désastreux car cela a fait basculer l'avantage numérique au NFP pour l'élection des douze secrétaires de l'Assemblée. Aujourd'hui (et pour un an), le bureau de l'Assemblée compte douze députés NFP sur vingt-deux, soit une majorité absolue, mais il y a trois députés PS dans le bureau, si bien que si ces trois députés refusaient de déclarer recevable la demande de destitution, les mélenchonistes n'auraient plus que neuf voix sur vingt-deux. Dans ce dossier, le PS a donc une position cruciale.

La posture du parti socialiste est à cet égard instructive, d'autant plus condamnable que cruciale. J'avais cru depuis 1981 qu'il était un parti de gouvernement. Je constate que depuis 2022, il est un parti de rebelles pas plus éduqués que les insoumis. Olivier Faure a déjà mené le PS à 1,7% à l'élection présidentielle ; jusqu'où descendra-t-il en 2027 ? Peut-on avoir un pourcentage négatif ?!

Le grand écart adopté le lundi 16 septembre 2024 par le groupe des députés PS est incroyable d'hypocrisie. En effet, le communiqué explique : « Le bureau de l'Assemblée Nationale ne doit pas se voir confier un rôle de juge de l'opportunité politique de cette initiative. Cette résolution étant signée par plus d'un dixième des membres de l'Assemblée et motivée, nos représentants au bureau de l'Assemblée Nationale voteront en faveur de sa recevabilité. ».


Donc, les socialistes ne vont pas empêcher que les parlementaires perdent leur temps dans un débat qui n'a pas lieu d'être. Ce communiqué est particulièrement fumeux puisque si ! le bureau de l'Assemblée doit effectivement juger, pour sa recevabilité, si cette motion de destitution correspond bien aux faits reprochés en rapport au manquement évoqué dans la Constitution. Les socialistes sont tellement anesthésié ou peureux de la colère du grand maître insoumis qu'ils n'osent plus avoir leur propre libre arbitre. C'est grave et cela remet en cause le principe fondamental de notre démocratie parlementaire, celui de la décision libre en conscience de chaque député (rappelons que le mandat impératif est anticonstitutionnel).

Mais c'est le grand écart puisque les députés socialistes n'attendent pas de connaître les arguments avancés dans l'éventuel futur débat pour avoir déjà leur conclusion : « Nous sommes résolument opposés à cette procédure de destitution héritière de la procédure d'exception pour "haute trahison". Les députés socialistes et apparentés ne sont pas à l'initiative de cette procédure, n'en sont pas signataires et s'opposeront unanimement à cette proposition de destitution lors de son examen en commission des lois puis en séance publique. ». En gros, très courageusement, en traduisant : cette procédure, nous la permettons car nous avons peur de l'ogre Mélenchon et ses sbires, mais c'est pas nous, c'est eux !
 


N'osant pas donner les vrais arguments à leur refus sur le fond (cette destitution n'a pas lieu d'être car il n'y a pas de manquement constitutionnel), afin de garder la face devant le camarade Mélenchon, les députés donnent de piètres arguments pour rassurer sur leur antimacronisme chronique : « Nous considérons en effet que cette procédure de destitution consistera essentiellement à remettre le Président de la République au centre du débat politique et à lui donner une légitimité nouvelle car cette procédure est, compte tenu des conditions à réunir, vouée à l'échec. Nous ne voulons donner aucune victoire à Emmanuel Macron. Le pouvoir n'est plus à l'Élysée, il est au Parlement. ». En gros, traduction : c'est parce que nous détestons Macron que nous sommes contre sa destitution. Comprenne qui pourra !

Alors, pourquoi avoir accepté la recevabilité de cette motion, si ce n'est pas par masochisme promélenchonesque ? Certainement pas par intérêt national.

D'ailleurs, les députés socialistes donnent un argument que j'ai évoqué plus haut, il y a mieux à faire au Parlement : « L'urgence est ailleurs. Les forces de gauche doivent se concentrer sur les batailles qui vont peser sur le quotidien des Françaises et des Français, sujets dont le nouveau front populaire s'est emparé pleinement. ». Visiblement, les socialistes sont stupides : ils ouvrent la porte à un débat qui leur fait perdre du temps et les disperse dans leurs objectifs. Pourquoi n'ont-ils pas immédiatement fermé la porte pour s'occuper vraiment des Français ? Ils sont les complices de Jean-Luc Mélenchon, y compris François Hollande élu en Corrèze uniquement grâce au soutien des insoumis, qui, eux, ne pensent pas à l'intérêt des Français mais à défoncer les institutions comme des délinquants qui foncent dans les barrages routiers.


Donc, honte aux socialistes d'être les complices de cette destruction calculée et progressive de la démocratie française ! Les électeurs n'auront pas la mémoire courte à ce sujet. Remettre en cause la légitimité du Président de la République, c'est grave, c'est remettre en cause toutes nos institutions, notre bien commun, et c'est particulièrement étonnant de la part d'un vieillard pervers pourtant obsédé par la seule élection présidentielle. Destituons plutôt son parti, considéré comme une menace pour notre démocratie par 71% des sondés !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 septembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (46) : les socialistes entraînés dans la destitution...
Gérard Larcher, protecteur des institutions.
"À vendre" Lucie Castets 9 000 €/mois !
Législatives 2024 (45) : Michel Barnier, le choix de l'apaisement.
Législatives 2024 (44) : l'introuvable Premier Ministre.
Édouard Philippe massivement candidat.
Législatives 2024 (43) : Haro sur le Beaudet !
Législatives 2024 (42) : Bernard Cazeneuve et le retour à la case départ ?
Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
Législatives 2024 (40) : Patrick Cohen a raison !
Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
Législatives 2024 (38) : la coconstruction du Premier Ministre.
Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240917-destitution.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-46-les-256818

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31 août 2024 6 31 /08 /août /2024 03:46

« On me monte au premier donc, soi-disant pour me sonder. Je me rassure un peu. Je louche. Y avait pas de cercueils au premier. Rien que des lits, entre les paravents. » (Céline, "Guerre", éd. Gallimard, 2022).


 


Version célinienne des consultations à Élysée... Déjà un mois et demi sans gouvernement et le nouveau Premier Ministre n'est toujours pas nommé. La faute à qui ? Elle est partagée entre le Président de la République et les partis politiques qui composent l'Assemblée Nationale. Aucune majorité, donc la nécessité d'une grande coalition peut-être pas de soutien mais au moins de non-censure.

Le campus du PS qui a commencé ce 29 août 2024 à Blois (l'équivalent d'une université d'été) a montré que les socialistes étaient profondément divisés entre le maintien coûte que coûte au sein du NFP avec le mot d'ordre de Jean-Luc Mélenchon du programme NFP, rien que lui, tout lui, prôné par la direction actuelle sous la houlette du premier secrétaire Olivier Faure, et une part de plus en plus grandissante d'une aile réformiste qui constate l'absence de majorité du NFP et la nécessité de dialoguer avec d'autres forces politiques pour constituer le gouvernement. Selon Jean-Christophe Cambadélis, le prédécesseur d'Olivier Faure, seulement 25 députés socialistes (sur les 66) seraient sur la ligne Mélenchon.

Malgré le NFP, les vocations ne manquent pas pour donner de sa personne au pays (!) : Ségolène Royal, Bernard Cazeneuve, Didier Migaud, Pierre Moscovici se préparent... à tout hasard. Plus le temps passe et plus les noms se multiplient, au point de provoquer quelques éclats de rire sinon des sanglots. L'hilarité du désespéré.

De l'autre côté, Les Républicains, montrant un courage incroyable, refusent absolument de faire partie d'une coalition gouvernementale, préférant se réserver pour l'élection présidentielle. Cette ligne de Laurent Wauquiez a un opposant important, son ancien mentor Nicolas Sarkozy qui, dans une interview au "Figaro", ce vendredi 30 août 2024, a prôné un Premier Ministre issu de la droite parce que jamais les Français n'ont élu une Assemblée aussi à droite que celle de 2024 (ce qui est vrai). Xavier Bertrand, Christine Lagarde, entre autres, sont les propositions de l'ancien chef de l'État.

Dans les deux camps, PS et LR, les "coalitionnistes" (si j'ose les appeler ainsi) insistent sur le moment crucial (le Président de la République voudrait nommer le Premier Ministre avant la rentrée scolaire, il ne lui reste que ce week-end), et si les caciques de LR refusaient le pouvoir, Matignon irait à la gauche. Et réciproquement, si les caciques du PS refusaient le pouvoir, Matignon irait à la droite. La vérité, c'est qu'un gouvernement serait stable si et seulement s'il contenait à la fois des caciques du PS et des caciques de LR.

Les journalistes n'en finissent donc pas de pérorer sur le sujet. Mais cela peut provoquer certaines réactions. Arlette Chabot, éditorialiste politique sur LCI (et ancienne du service public, France 2 et France Inter), s'est cru obligée de mêler ses propres convictions aux contraintes du jeu politique actuel. Elle a dit que la clef pour la participation des socialistes au gouvernement, ce serait l'instauration de la proportionnelle (lorsqu'on en parle, il s'agit bien sûr pour le scrutin des élections législatives).

Sa raison est la même que celle de François Bayrou : avec la proportionnelle, les socialistes retrouveraient leur liberté et pouraient se désengager des mélenchonistes. Cette raison est à la fois fausse politiquement et honteuse philosophiquement.

Même avec un scrutin proportionnel, Jean-Luc Mélenchon imposerait une liste unique aux législatives pour avoir le meilleur ratio nombre de sièges sur nombre de voix. Et même si chaque parti du NFP y allait avec sa propre liste, cela ne changerait pas la situation des grandes villes aux élections municipales de 2026 qui serait un désastre pour le PS en cas de liste mélenchoniste contre lui.


Mais le plus grave est la philosophie de la proposition : on veut bouleverser les institutions pour le simple intérêt d'un parti. Et, comme je viens de l'expliquer, ce n'est même pas l'intérêt du PS, car cela n'empêcherait pas l'emprise de Jean-Luc Mélenchon sur toute la gauche qui provient des acteurs du drame et pas de la règle du jeu. En effet, tant que les socialistes n'ont pas un leader historique valable, du genre de François Mitterrand ou de Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon (malgré son âge) dominera largement l'espace politique de la gauche, et en particulier lors de l'élection présidentielle qui est une compétition de personnalités plus que de partis politiques.

Néanmoins, il y a une inquiétude : des journalistes bien informées pensent que le Président Emmanuel Macron serait très ouvert pour instaurer la proportionnelle si cela était nécessaire pour former le gouvernement. C'est cette inquiétude que j'exprime donc ici. J'ai déjà, à de très nombreuses reprises, évoqué le poison institutionnel qu'était le scrutin proportionnel pour les élections législatives.

Aujourd'hui, la proportionnelle est sans fondement, sans intérêt, puisque les Français ont voté comme si c'était la proportionnelle avec une Assemblée ingouvernable. La preuve n'est pas encore tout à fait établie, mais depuis juillet 2024, voire depuis juin 2022, la France a du mal à être gouvernée par absence de majorité absolue. Le scrutin proportionnel ne résoudrait rien de ce problème important : l'absence de majorité absolue. Au contraire, le scrutin proportionnel empêcherait à l'avenir toute majorité absolue éventuelle. Et ce serait définitif, car qui dit absence de majorité absolue dit absence de majorité pour rechanger le mode de scrutin.


Il faut être clair : tous les mouvements politiques significatifs du paysage politique sont aujourd'hui bien représentés à l'Assemblée Nationale, il n'y a donc pas de déni démocratique avec le scrutin majoritaire à deux tours. À un seul tour, le 30 juin 2024, il y aurait eu une très large majorité absolue, de l'ordre de 350 à 400 députés pour le RN ! (scrutin britannique). Les deux tours ont permis de corriger le tir, puisque deux tiers des Français ont refusé un gouvernement RN. Les prétentions de la gauche mélenchoniste devraient se rappeler d'où on partait au moment de la dissolution, d'un gouvernement Bardella à 65% des sièges. Cette gauche-là pourrait être plus humble et admettre que cette victoire RN a été évitée grâce à la conjonction du NFP et du camp présidentiel, et sans ce dernier, la majorité serait allée au RN.

Avec la proportionnelle, tout le monde y perdrait. D'abord, bien sûr, le RN, qui pourtant avait pour tradition historique de réclamer la proportionnelle car le scrutin majoritaire l'empêchait d'avoir des élus. Aujourd'hui, on voit bien qu'il n'y a plus de plafond de verre, et pour pouvoir gouverner seul, le scrutin majoritaire est indispensable au RN.


Mais ce qui est valable pour le RN est valable pour tous les partis dits de gouvernement, LR évidemment, mais aussi le PS. En voulant la proportionnelle, le PS s'interdirait de gouverner seul, et le pire, c'est que le PS est sans doute le parti qui a le plus profité du scrutin majoritaire, tant en 1981 (s'affranchissant des communistes) qu'en 1997 (tirant son épingle du jeu lors de triangulaires avec le FN).

La victoire législative du camp macroniste en 2017, un parti politique sans histoire, sans tradition, sans idéologie, venu de nulle part, et la victoire au premier tour du 30 juin 2024 du RN ont montré que le scrutin majoritaire n'empêchait pas à des partis marginaux, centristes ou extrémistes d'atteindre la majorité absolue leur permettant de gouverner seul. La démonstration a été interrompue pour le RN, mais ce parti reste encore le favori des prochains scrutins nationaux, c'est ce que la gauche semble avoir complètement oublié depuis un mois et demi.

On voit bien qu'aucun parti n'est partant pour faire cette grande coalition qui est nécessaire pour gouverner. La proportionnelle rendrait cette coalition nécessaire à tous les coups. La classe politique, visiblement, n'y est donc pas prête puisque chacun reste sur ses positions de manière obstinée.

Enfin, avec la proportionnelle, ce serait avant tout le peuple qui serait le grand perdant. Les électeurs qui, de bonne foi, voteraient pour un parti ne sauraient absolument pas ce qu'adviendrait leur vote, ne sauraient pas si ce parti serait dans une coalition ou une autre. C'était le principe du scrutin majoritaire, qui n'a pas fonctionné cette fois-ci, celui de conclure des alliances, des coalitions avant les élections, en toute transparence, et pas après les élections, dans des conciliabules, dans de la cuisine politicienne, hors de tout contrôle des électeurs.

Au-delà du choix des alliances et des programmes, ce serait bien le choix des personnes qui serait remis en cause par la proportionnelle puisque l'avantage pour les partis, c'est de choisir eux-mêmes ses cadres, et pas leurs électeurs, qui serait ou ne serait pas député, simplement avec l'ordre dans la liste. Tous les apparatchiks seraient alors en tête de liste et seraient élus automatiquement. Pour être sur une place éligible, il ne faudrait plus aller parler aux électeurs et les convaincre, smais simplement se prostituer auprès des chefs du parti.

L'intérêt national ? Aucun. L'intérêt des appareils de parti serait en revanche énorme puisqu'ils pourraient placer leurs permanents à des places éligibles, ce qui permettrait de les financer (au frais de la République). Quant aux personnalités un peu particulières, originales, hors parti, elles ne pourraient plus être élues faute d'un parti suffisamment fort pour gagner des sièges : exit les Nicolas Dupont-Aignan (certes battu en 2024), Bernard Tapie, Christine Boutin, Jean Lassalle, Philippe de Villiers, et autres électrons libres, qui n'auraient jamais été élus députés sans scrutin majoritaire (protégée de Raymond Barre, Christine Boutin a été élue en 1986 parce qu'elle n'était pas encore Christine Boutin et elle s'est émancipée seulement plus tard). Ces personnalités un peu en dehors de la norme politique, aussi singulières soient-elles, ont beaucoup apporté à la vie politique par leur pluralisme, leur originalité, leur origines diverses. Elles contribuent aussi le renouvellement de la classe politique.

Enfin, à l'heure où le fossé est grandissant entre la classe politique et le peuple, la proportionnelle accroîtrait encore plus ce fossé en éloignant les députés de leurs électeurs. Attachés à une circonscription, les députés ont un rôle majeur auprès de la population de leur circonscription, on dit souvent qu'ils sont des assistantes sociales, confrontés à des problèmes de recherche d'emploi, de logement, etc. Ce lien avec la réalité populaire, déjà meurtri par l'interdiction du cumul avec un mandat local opérationnel (comme maire), est pourtant essentiel pour la cohésion des institutions. Sans cet attachement à une circonscription, le député deviendrait hors sol, et n'aurait plus les moyens de comprendre sur le terrain les conséquences des lois votées ni d'envisager de les améliorer. Qui connaît le nom de la totalité (les 81) députés européens élus le 9 juin 2024 ? Quel député européen sortant, à la fin de son mandat, a fait un bilan entendu de son mandat, autrement que sur son blog que personne ne lit ?


La proportionnelle n'est qu'une idée de politiciens pour politiciens. Des journalistes aussi y croient, ainsi que des constitutionnalistes, car cela ferait de nouvelles normes, et toute nouveauté est bonne à prendre, pour les journalistes, cela fait de l'audience, pour les universitaires, cela fait de l'expérimentation en grandeur nature. Mais le peuple n'est pas un jouet.

Le problème actuel qui se pose depuis le 7 juillet 2024, ce n'est pas du tout le mode de scrutin. En amont, c'est le fait que les électeurs ont envoyé à l'Assemblée une représentation très éclatée de la vie politique. En aval, c'est le fait que les partis politiques ne sont pas (encore) capables d'appréhender cette décision des électeurs et veulent gouverner à 100% ou ne rien faire (aut Ceasar aut nihil).

L'intérêt national, ce n'est pas modifier la règle du jeu pour que la prochaine fois, ce soit encore pire que cette fois-ci. L'intérêt national, c'est de prendre ses responsabilités avec la situation parlementaire de fait voulue par les électeurs (bien malgré eux), et de travailler ensemble pour le bien commun. Et parmi les sujets les plus chauds, il y en a un qui nécessite un ressaisissement évident, c'est le logement : il faut trouver de nouveaux mécanismes pour favoriser la construction de nouveaux logements. Toute la politique du logement est à revoir, et celle-ci ne se détermine pas par une idéologie quelconque, mais par des propositions concrètes. Il y a ainsi quelques domaines sur lesquels le prochain gouvernement pourrait travailler hors de toutes arrières-pensées politiciennes et électoralistes, hors de toute passion, de toute colère, de toute démagogie, pour le bien commun.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 août 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (41) : intérêt national et mode de scrutin.
Législatives 2024 (40) : Patrick Cohen a raison !
Législatives 2024 (39) : Consultations et mains tendues !
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Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
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Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
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Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
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Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
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Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
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Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240830-proportionnelle.html

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21 août 2024 3 21 /08 /août /2024 03:26

« Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Sur la proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions. » (Article 8 de la Constitution du 4 octobre 1958).




 


La fin de l'été arrive et se précise le choix (périlleux) du prochain Premier Ministre. Faut-il rappeler les deux principales leçons des élections législatives anticipées ? La première, c'est que le camp présidentiel a perdu ces élections. Tout le monde en convient, l'opposition la première, bien sûr. La seconde, c'est que personne n'a gagné ces élections. Et là, il manque aux mélenchonistes et affiliés cette lucidité arithmétique : leur nouvelle farce populaire (NFP) ne dispose que de 193 députés, soit bien moins que les 289 de la majorité absolue. De plus, l'élection au perchoir a montré le 18 juillet 2024 très clairement que les partis constituants le NFP ne constituaient pas une majorité relative puisque leur candidat André Chassaigne a perdu à la majorité relative face à Yaël Braun-Pivet.

Rappelons aussi que si Emmanuel Macron est responsable (à 100%) de la dissolution de l'Assemblée Nationale, il n'est pas le responsable du résultat des élections législatives ; ce sont les Français qui en sont responsables, et eux seuls. Et maintenant, il faut faire avec. Le Président comme la classe politique en général, doivent faire avec ce résultat assez baroque et étonnant de ces élections.

L'article 8 de la Constitution est assez clair sur la totale liberté du Président de la République à nommer le Premier Ministre (les ministres du gouvernement, en revanche, doivent être nommés sur proposition du Premier Ministre). Cette liberté doit aller avec la responsabilité du gouvernement devant le Parlement et en particulier avec l'article 49 aliéna 2 de la Constitution : « L'Assemblée Nationale met en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une telle motion n'est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l'Assemblée Nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu'à la majorité des membres composant l'Assemblée. Sauf dans le cas prévu à l'alinéa ci-dessous, un député ne peut être signataire de plus de trois motions de censure au cours d'une même session ordinaire et de plus d'une au cours d'une même session extraordinaire. » ("l'aliéna ci-dessous", c'est l'article 49 alinéa 3, celui où le gouvernement engage sa responsabilité pour l'adoption d'un texte, initiative qui émane bien sûr du gouvernement et qui peut provoquer le dépôt voire l'adoption d'une motion de censure).

Lorsque le camp présidentiel dispose de la majorité absolue voire relative à quelques sièges près à l'Assemblée Nationale, le Président de la République a une liberté entière et tous les Présidents depuis 1959 ne s'en sont pas privés, parfois avec quelques surprises (Georges Pompidou, Raymond Barre, Jean Castex).

Lorsque le camp opposé au camp présidentiel dispose d'une majorité absolue (ou relative dans le sens ci-dessus), alors le Président de la République n'a plus aucune liberté de nomination et doit se conformer au choix du nouveau camp majoritaire à l'Assemblée. Cela s'est passé trois fois avec les cohabitations : Jacques Chirac en 1986, Édouard Balladur en 1993 et Lionel Jospin en 1997. Le Président de la République peut juste chipoter sur la méthode du camp majoritaire (légiférer par ordonnances par exemple) et garder tête haute lors des rencontres internationales.

Lorsque, comme en 2024, aucune majorité ne se dégage, mais vraiment aucune, car l'Assemblée est divisée en trois blocs de force plus ou moins équivalente, alors le flou redonne de la liberté et du pouvoir au Président de la République. Pas pour n'en faire qu'à sa tête, car, comme je viens de l'écrire, le camp présidentiel n'a pas gagné et gare au Président qui n'a pas su décrypter la volonté des électeurs. Mais pour proposer la méthode pour former un gouvernement viable (notion nouvelle, donc), et donc, en choisissant lui-même la majorité plurielle qui le soutiendrait (ou, du moins, qui ne le censurerait pas).

 


Le choix du Premier Ministre est donc une liberté présidentielle surveillée de près par le Parlement. À moins de faire perdre du temps à la France, le Président de la République ne nommera pas de Premier Ministre s'il sait qu'il subira inéluctablement l'adoption d'une motion de de censure. C'est la raison pour laquelle il n'a pas nommé le mois dernier Lucie Castets, vouée à être censurée par l'Assemblée Nationale. Prendre le temps de former un gouvernement dans les conditions, c'est gagner du temps pour éviter des initiatives douteuses qui rendraient instable le gouvernement de la France et multiplieraient les crises politiques.

C'est la raison pour laquelle l'Élysée a proposé cette réunion de consultations des présidents de groupe et de parti le vendredi 23 août 2024. L'objectif du Président de la République serait de connaître les positions des uns et des autres, mais surtout, de les convaincre de faire des compromis pour que les voisins puissent accepter l'autre. Méthode très périlleuse du vivre ensemble version parlementaire !

 


En gros, Emmanuel Macron devra convaincre les chefs de partis de ne pas vouloir rester sur leurs positions d'origine de revendiquer l'opposition en attendant l'élection présidentielle (dans trois ans, un siècle !) et surtout, de prendre leurs responsabilités, de gouverner la France, de manière difficile car sans direction clairement définie par les électeurs, dans le seul souci de l'intérêt général. Les Français seront très exigeants et très sensibles au choix, à cet instant précis de leur histoire politique, des responsables politiques, choix entre l'intérêt personnel ou partisan (je ne gouverne pas maintenant et je veux être Président et gouverner tout seul dans trois ans) et l'intérêt national (je gouverne dès maintenant, avec d'autres, je co-gouverne, même si c'est très difficile et casse-cou, même si je m'en prends plein dans les dents, même si cela me brûle définitivement à la prochaine élection présidentielle, mais je suis avant tout au service des Français, comme le devrait être tout responsable politique).

L'analyse d'Emmanuel Macron, du moins son postulat de départ, c'est que, d'une part, les Français ont rejeté clairement l'idée d'un gouvernement RN malgré le fort attrait électoral dont a su profiter ce parti, ce qui exclut le RN, et d'autre part, les Français aspirent à un gouvernement qui joue l'apaisement des conflits politiques, ce qui exclut FI qui ne cherche qu'à attiser la fureur et le conflit (du reste, en demandant la destitution du Président de la République, les responsables insoumis ont renoncé définitivement à gouverner, après pourtant avoir fait appel à voter pour des candidats du camp présidentiel pour faire barrage au RN !). Son idée est donc de former un gouvernement qui soit acceptable, c'est-à-dire qui ne soit pas censuré par un large ensemble de députés qui va des élus PS aux élus LR en passant par le camp présidentiel (potentiellement, par 363 députés sur 577).

Sur le plan programmatique, deux injonctions paradoxales semblent avoir été exprimées par les électeurs français : dépenser plus d'argent public sur le plan social et renforcer la sécurité dans le pays. J'évoque ces deux injonctions paradoxales car l'une serait plutôt de gauche et l'autre de droite, ce qui ajoute à la difficulté originelle.

 


Une autre analyse pourrait donner le RN comme le groupe pivot à l'Assemblée : il pourrait s'allier tantôt avec le bloc de gauche, tantôt avec le bloc central, selon les dossiers qui leur seraient soumis. Les élus RN pourraient donc être des faiseurs de roi, ce que ne voudrait absolument pas Emmanuel Macron.

L'analyse d'Emmanuel Macron peut avoir des ratés et les deux difficultés sont les suivantes : d'une part, que les députés LR dépassent leur haine d'Emmanuel Macron (cela semble se produire) ; d'autre part, que les députés PS se désolidarisent des insoumis (ils ont eu mille occasions pour le faire) et ne se fassent pas traiter de traîtres à la gauche (l'injure suprême), ce qui nécessiterait qu'ils aillent à la soupe avec un solide argument social (une mesure sociale qu'ils pourraient agiter face aux insoumis pour leur dire que non, ils sont bien de gauche, mais aussi pour l'intérêt national). Sur ce deuxième point, on en est encore loin.

L'argument des insoumis pour imposer Lucie Castets à Matignon est que le NFP est le groupe le plus important dans l'Assemblée (193 députés en tout). Dans ce cas, la logique voudrait que Matignon revienne au RN qui est le groupe le plus important de l'Assemblée (126 députés, 142 avec les députés ciottistes). S'il s'agit d'alliance entre groupes, rien n'empêcherait donc que des groupes du bloc central fassent alliance avec le groupe LR, ce qui ferait une coalition de 213 députés (166 du bloc central et 47 LR), supérieur aux 193 députés NFP. Restent ensuite 22 députés du groupe LIOT et 7 députés non-inscrits, et ces 29 députés auront, eux aussi, un rôle pivot dans les semaines à venir.

 


Si on restait dans une logique camp contre camp. Le premier camp serait donc le NFP avec Lucie Castets (après Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, Huguette Bello, Laurence Tubiana, Clémence Guetté, Clémentine Autain, Mathilde Panot, François Ruffin, etc.). Puis le camp présidentiel avec Gabriel Attal, dont le leadership est incontestable chez les macronistes. Enfin le troisième camp, le RN, serait avec Jordan Bardella. Mais cette logique est à rejeter puisque aucun camp n'a obtenu de majorité. Dans la formation d'un futur gouvernement, il faudra donc que justement, aucune de ces têtes de liste, ni Lucie Castets, ni Gabriel Attal, ni Jordan Bardella ne soit nommée Premier Ministre pour pouvoir faire un gouvernement partagé et accepté.

Plus généralement, aucun élu RN à Matignon puisque le RN s'est placé délibérément dans l'opposition dès lors qu'il n'a pas obtenu de majorité absolu. C'est peut-être le groupe le plus lucide sur ses capacités.

Mais également, aucun macroniste à Matignon pour répondre à l'une des leçons des élections, l'échec des macronistes. Cela signifie qu'aucun macroniste ne pourrait être nommé : Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin, Bruno Le Maire, Édouard Philippe, Jean Castex, etc. Avec peut-être une petite inconnue pour François Bayrou car lui est le rare macroniste qui existait politiquement déjà bien avant Emmanuel Macron, et à ce titre, a gardé son indépendance d'esprit (et rappelons-nous qu'il a refusé d'entrer au gouvernement en février dernier).

Alors bien sûr, beaucoup d'hypothèses ont été exprimées par différentes personnes depuis le 7 juillet 2024 sur le nom du prochain Premier Ministre. Je vais essayer de les énumérer en espérant ne pas en avoir oublié et en pensant que le véritable "nominé" serait probablement un autre.

 


D'origine PS : Bernard Cazeneuve, Karim Bouamrane, Pierre Moscovici, François Hollande, Olivier Faure, Ségolène Royal, Boris Vallaud, Jérôme Guedj, Julien Dray, Anne Hidalgo, Raphaël Glucksmann, Jean-Christophe Cambadélis, Stéphane Le Foll, Martine Aubry, Bertrand Delanoë, Guillaume Garot, Patrice Kanner, Emmanuel Grégoire, Christiane Taubira, Aurélien Rousseau, Carole Delga, Johanna Rolland.

D'origine écologiste (je la cite même si cela me paraît complètement déraisonnable) :Cécile Duflot.

D'origine macroniste (malgré ce que je viens d'écrire !) : Gérald Darmanin, Jean-Yves Le Drian.

D'origine centriste : Jean-Louis Borloo, Charles de Courson, Hervé Morin, Valérie Létard.

D'origine LR : Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Philippe Juvin, Michel Barnier, Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher, Aurélien Pradié, Olivier Marleix, Bruno Retailleau, Christine Lagarde, Nathalie Kosciosko-Morizet, François Baroin, Jean-François Copé.

Acteurs économiques : Louis Gallois, Laurence Tubiana, Laurence Parisot, Alexandre Bompard, Jean-Claude Trichet, Thierry Breton, Michel Camdessus, François Villeroy de Galhau, Jean Peyrelevade, etc.

Option olympique : Tony Estanguet, Léon Marchand, Teddy Riner, etc.

En fait, la plupart de ces noms sont peu pertinents, soit parce que les personnes sont un peu trop âgées, soit parce que les Français ont tourné la page (François Hollande, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, etc.).

Dans le profil du Premier Ministre, cela paraîtrait pertinent qu'il ait eu une expérience parlementaire assez convaincante à l'Assemblée pour en connaître tous les arcanes (et son précieux règlement intérieur). Et qu'il soit LR PS-compatible ou PS LR-compatible. Xavier Bertrand s'était présenté très tôt après les élections pour dire qu'il était prêt à Matignon mais est-il bien raisonnable que le Premier Ministre fasse partie d'une formation politique qui ne représente que 8% des sièges ? Bernard Cazeneuve, dont le sens de l'État est reconnu de tous, est en revanche de plus en plus cité comme possible Premier Ministre, une fonction qu'il connaît puisqu'il l'a exercée pendant quelques mois.

 


Vous l'avez compris, la perle rare n'est peut-être pas encore née à ce jour... mais il faudra quand même bien avoir un Premier Ministre de la France dans quelques jours !

L'historien Jean Garrigues a évoqué sur France 5 le 19 août 2024 l'expérience du quatrième gouvernement de Raymond Poincaré nommé le 23 juillet 1926 pour faire face à la crise financière. C'était un gouvernement de combat et d'union nationale qui disposait de l'appui de 422 députés sur 581, Raymond Poincaré (rappelé) étant le chef des républicains modérés (Bloc national) aux Finances et son numéro deux aux Affaires étrangères, Aristide Briand, un socialiste indépendant, Édouard Herriot, président du parti radical, le chef de la gauche de l'époque (chef du Cartel des gauches) à l'Instruction publique. À droite, il y avait Louis Barthou (Justice), Georges Leygues (Marine), André Tardieu (Travaux publics), Louis Marin (Pensions), etc., et à gauche, Paul Painlevé (Guerre), Albert Sarraut (Intérieur), Henri Queuille (Agriculture), etc. Ce gouvernement, qui a redressé le franc, a mené une politique de rigueur budgétaire, est devenu très populaire par sa réussite financière, a gagné les élections législatives des 22 et 29 avril 1928 et a été reconduit au pouvoir jusqu'à la démission de Raymond Poincaré, malade et épuisé, le 26 juillet 1929.

Il y a eu aussi, avant celle-ci, l'expérience du gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau du 22 juin 1899 au 2 juin 1902. La France très inventive a toujours su trouver des solutions à ses crises politiques. Aux acteurs d'aujourd'hui d'imaginer celle d'aujourd'hui !



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 août 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (38) : la coconstruction du Premier Ministre.
Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
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Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
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Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.



 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240820-premier-ministre.html

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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 03:57

« Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. » (Article 68 de la Constitution du 4 octobre 1958).



 


Ils étaient contents, ce samedi soir. La bombe allait être lâchée. Précisément, le samedi 17 août 2024 à 23 heures 25, le papier était en ligne. Le papier ? Une tribune, un torchon plutôt, publié par "La Tribune Dimanche" qui remplace le JDD dans les communications politiques du week-end. Les auteurs, Jean-Luc Mélenchon (73 ans ce lundi) et ses sbires s'en prenaient à la fonction du Président de la République et par là même, se mettaient en retrait de la nouvelle farce populaire (NFP).

Ils espéraient créer la polémique toute la journée du dimanche, réactions, contre-réactions, surréactions, les rédactions n'ayant plus grand-chose à dire après les Jeux olympiques, et avec un peu de chance, la mousse médiatique de leur énième provocation institutionnelle s'étendrait jusqu'au début de la semaine, une bonne entrée en matière avant la rencontre à l'Élysée des chefs des groupes parlementaires fixée au vendredi 23 août 2024.

Et là, pas de chance ! Ils vont vraiment finir par haïr Alain Delon ! Le grand acteur est mort dans la nuit du samedi au dimanche, vers 3 heures du matin. Toutes les chaînes de télévision et les stations de radio occupèrent alors leur journée du dimanche à rendre des hommages appuyés et quasi-unanimes (quasi, car il ne faut pas rêver !) à Alain Delon, monument national de la culture française. L'idée de la destitution du Président de la République est passée à la trappe médiatique ! Caramba, encore raté !

Pourtant, l'initiative mériterait d'être connue de tous les Français pour bien faire comprendre en quoi le groupement politique appelé France insoumise est anti-républicain, anti-institutionnel et dangereux pour la cohésion institutionnelle. On le savait déjà mais maintenant, c'est tellement clair que Jean-Luc Mélenchon ne prend plus de gants, il imite le piètre François Asselineau dans la relecture (erronée) de la Constitution (qu'il déteste pourtant : pour lui, aucune constitution n'est digne de lui, juste lui est capable de dire le bien, les règles, Lui, le seul, le garant, le gourou !).

Dans sa une, "La Tribune Dimanche" a tenté d'en faire son gras avec deux photographies, mettant en opposition Jean-Luc Mélenchon, candidat perdant trois fois la qualification au second tour, et Emmanuel Macron, élu deux fois Président de la République, à 66% puis à 59%. Comme on le voit, il est factuellement erronée de mettre sur le même plan les deux personnalités, un qui est sans arrêt rejeté par les Français (selon un sondage, 71% des sondés considéreraient que le gourou insoumis est un danger pour la République) et un qui a été plébiscité par le peuple français lors d'élections présidentielles libres, sincères et démocratiques, deux fois, avec des scores très élevés dans l'histoire de la Cinquième République (et la deuxième fois, après la crise des gilets jaunes et la pandémie de covid-19, entre autres crises).

De quoi s'agit-il ? De réclamer la destitution du Président de la République. Comment ? En faisant jouer l'article 68 de la Constitution. Petit rappel historique : pendant trois républiques, on a laissé la possibilité très floue d'évincer (de destituer) le Président de la République si une haute cour (le Parlement) le jugeait coupable de haute trahison. Sans définir juridiquement ce qu'est la haute trahison. On pensait à l'époque à de l'espionnage (vendu à l'ennemi) et l'expérience de Pétain entre 1940 et 1944 a conforté les constituants successifs à laisser cette disposition. C'est Nicolas Sarkozy qui a réformé cette possibilité beaucoup trop floue et grave en évoquant, à la place de la haute trahison, le cas de « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ».

 


Il faut se rappeler les conditions du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy : il a succédé à Jacques Chirac après douze années de Présidence, malade pendant les deux dernières années, et à François Mitterrand après quatorze années de Présidence, gravement malade pendant quasiment la totalité de ses deux mandats. Dans les mémoires aussi, la maladie du Président Georges Pompidou, mort en cours de mandat (un cas d'empêchement manifeste !). L'idée était de permettre l'éviction constitutionnelle d'un Président de la République qui n'aurait plus la lucidité de quitter lui-même le pouvoir pour des raisons de santé mentale (on peut parler d'atteinte de la maladie d'Alzheimer ou d'autres pathologies). Après tout, cela s'est déjà produit avec Paul Deschanel, Président de la République en 1920, qui a lui-même eu quelques déficiences mentales mais il a eu la lucidité et la bonne idée de démissionner. Nicolas Sarkozy voulait qu'en cas de défaut de lucidité, les parlementaires puissent l'évincer, étant entendu qu'il ne s'agissait pas d'un acte politique (comme une motion de censure) mais d'un acte institutionnel pour résoudre un problème due au comportement inapproprié du Président de la République ou à son état de santé.

Dès lors, la menace d'initier une procédure de destitution du Président de la République sous prétexte que ce dernier refuse de se soumettre au caprice d'une très faible proportion de l'électorat (28%), à savoir nommer Lucie Castets à Matignon, est doublement stupide. D'une part, comme je viens de le préciser, la procédure constitutionnelle n'a rien de politicienne comme c'est le cas de la démarche des insoumis qui assument bien leur appellation. D'autre part, la raison invoquée est pour le coup anticonstitutionnelle puisque le Président de la République peut nommer tout Premier Ministre comme il l'entend, sans contre-seing, et remettre en cause cette compétence présidentielle, c'est s'opposer à l'article 8 de la Constitution que j'avais déjà cité : « Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Sur la proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions. ». Dans ce texte, aucune notion de délai ni de pression sur le Président de la République ne sont de mise. Bien entendu, toute la Constitution s'applique et les députés peuvent toujours déposer une motion de censure pour renverser un gouvernement qui ne leur plairait pas.


C'est justement pour éviter qu'une motion de censure soit inéluctablement adoptée dès son éventuelle nomination que le Président Emmanuel Macron n'a pas voulu nommer Lucie Castets qui n'aurait eu le soutien que de 193 députés sur 577, soit très loin de la majorité. Si Jean-Luc Mélenchon a raison de rappeler que les macronistes ont perdu les élections législatives de cet été (Emmanuel Macron l'a reconnu lui-même), en revanche, il a tort quand il dit que le NFP les a gagnées. Le problème d'aujourd'hui, c'est justement que personne n'a gagné et qu'il faudra faire des compromis pour que le futur gouvernement soit viable. Rappelons enfin que l'histoire de la majorité relative ne tient pas puisque ce n'est pas le candidat du NFP, à savoir le communiste André Chassaigne, mais Yaël Braun-Pivet qui a été élue Présidente de l'Assemblée Nationale le 18 juillet 2024 (il y a un mois), au troisième tour à la majorité relative, sans voix du NFP, évidemment, mais aussi sans aucune voix du RN (c'est important de le préciser).
 


Je viens d'évoquer le fond de la destitution, mais avec la forme, c'est encore plus facile à montrer que l'initiative, vouée à l'échec, n'a pour seul objectif que médiatique, faire du bruit, faire du conflit, faire des polémiques, de manière complètement stérile, ce qui conforte l'idée que Jean-Luc Mélenchon n'a aucune envie de gouverner et veut empêcher toute tentative de gouverner. Ce qui, du coup, conforte le Président de la République dans l'idée de refuser toute solution politique où des insoumis seraient au gouvernement (on imagine mal le Président de la République nommer des ministres qui auraient signé quelques jours auparavant un tribune enragée pour réclamer sa destitution !).

La forme, c'est la capacité d'aller au bout de la procédure selon la Constitution et la loi organique. Il faut d'abord que la proposition passe le stade du bureau de l'Assemblée, et Jean-Luc Mélenchon a rappelé que 12 membres du bureau sont NFP sur les 22 au total (NFP et pas FI). Une fois à l'ordre du jour, il faut que 385 députés au moins votent la destitution (les deux tiers), sans quoi la proposition ne franchira pas le Palais-Bourbon pour aller rue de Vaugirard au Sénat où 232 sénateurs seront également nécessaires pour poursuivre la procédure (deux tiers). Enfin, le Parlement réuni en Congrès, institué en Haute Cour, présidée par la Présidente de l'Assemblée Nationale, devra ratifier la proposition de destitution à la majorité des deux tiers toujours. Autant dire que, pour le cas qui nous occupe, une raison purement politicienne, cette proposition n'a aucune chance d'aboutir. Mais elle dit beaucoup de ses auteurs.


Du reste, le parti socialiste, qui semble avoir gardé un minimum de raison, a annoncé le 18 août 2024, entre deux hommages à Alain Delon, qu'il n'était pas question pour le PS d'être associé à l'initiative mélenchonesque, ce qui montre que le NFP n'a jamais été une union pour gouverner puisqu'ils ne sont même pas capables de se mettre d'accord avec le cadre institutionnel pour gouverner. Ils ne représentent que 72 députés et ils veulent renverser le Président de la République ! Le RN et LR sont aussi peu disposé à jouer le jeu de la destitution qui affaiblirait durablement la fonction présidentielle (en mélangeant les enjeux institutionnels) et tout parti qui a pour ambition de conquérir l'Élysée devrait, en principe, s'opposer à cette stupide démarche pour éviter, le cas échéant, d'être confronté à une telle opération à son encontre dans un avenir plus ou moins proche.

Toute cette agitation médiatique est très grave et pas du tout anodine, elle hystérise les clivages partisans et concourt à la trumpisation de la vie politique et on peut s'inquiéter de ce conflit permanent que veut imposer Jean-Luc Mélenchon aux Français. Avec cette initiative, il n'a pas franchi la ligne rouge car il l'avait déjà franchie depuis bien longtemps, mais il renforce l'idée que décidément, les insoumis refusent le cadre institutionnel de notre République et ont renoncé depuis longtemps à conquérir le pouvoir par l'État de droit. Leur modèle, bien sûr, c'est Maduro qui, lui, n'aurait pas à être destitué malgré les nombreuses fraudes électorales.
 


C'est la raison pour laquelle dans les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, certains internautes éclairés commencent à réclamer, au lieu de la destitution stupide du Président de la République, la dissolution des insoumis qui mettent en péril non seulement la République mais aussi la cohésion du peuple français par leur rage et leur excitation pas du tout constructive. Les Français n'aspirent qu'au calme et qu'à la fin des hostilités politiques et on verra bien dans les sondages quels responsables politiques les Français sanctionneront sévèrement par leur comportement ...inapproprié.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 août 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (37) : stupide chantage à la destitution !
Législatives 2024 (36) : Gérald Darmanin plaide pour un Premier Ministre non macroniste !
François Hollande sera-t-il le Premier Ministre de son ancien Ministre de l'Économie ?
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.


 






https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20240817-destitution.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2024-37-stupide-256380

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/08/18/article-sr-20240817-destitution.html



 

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2 août 2024 5 02 /08 /août /2024 03:43

« Le Président de la République est malgré tout supposé se cantonner à n’appliquer "rien que la Constitution", c’est-à-dire à n’assumer qu’une mission d’arbitre, non de capitaine. Il peut endosser un tel rôle lorsque le peuple le lui a clairement confié, après une élection présidentielle, mais non lorsque ce même peuple le lui a clairement retiré, après des élections législatives que le Président a perdues. Il ne lui appartient donc pas de définir "l’arc" dans lequel doit s’inscrire le futur gouvernement. » (Jean-Philippe Derosier, le 15 juillet 2024 dans "Le Monde").



 


Comme Benjamin Morel, Jean-Philippe Derosier, dont j'apprécie les billets précis et rigoureux sur son blog, fait partie de ces constitutionnalistes qui ont pris soudain la lumière à l'issue des élections législatives anticipées avec leur résultat, l'absence totale de majorité par une division tripartite de l'Assemblée Nationale.

Jean-Philippe Derosier considère que le Président de la République n'a pas à indiquer l'architecture de la nouvelle majorité, mais il oublie que lui seul peut prendre l'initiative pour contribuer à la formation de celle-ci, puisque la nomination du Premier Ministre est exclusivement de sa prérogative constitutionnelle, comme l'a oublié la nouvelle farce populaire (NFP) avec la "désignation" de l'inconnue Lucie Castets venant de nulle part (véritable arnaque politique et électorale pour les électeurs du NFP, soit dit en passant).

Le professeur de droit constitutionnel de Lille rappelait au début de son billet du 15 juillet 2024 les mots de François Mitterrand avant le 16 mars 1986, avec la perspective de la première cohabitation : « La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution ! ». Mais avec cela, on n'est pas vraiment avancés...

 


À l'époque, la situation inquiétait d'un point de vue institutionnel, car aucune cohabitation n'avait encore eu lieu, et surtout, aucune condition ne s'était produite pour donner lieu à une cohabitation. La droite républicaine allait revenir au pouvoir, dans les hypothèses les plus probables, tandis qu'un Président de gauche avait annoncé qu'il resterait coûte que coûte à l'Élysée, quel qu'en soit le résultat. Comment cela allait-il se passer ? C'était une inquiétude, mais aussi une belle curiosité pour les constitutionnalistes de l'époque qui allaient prouver une fois de plus à quel point la Constitution était souple, flexible et adaptée aux imprévus institutionnels. En ce sens, la situation inédite d'aujourd'hui est, elle aussi, très intéressante en pratique comme en théorie.

Lors de sa conférence de presse du 16 mai 1967, le Général De Gaulle a commenté le résultat des élections législatives de mars 1967 (courte majorité absolue à un siège près). Il expliquait à quel point les partis d'opposition voulaient remettre en cause les institutions, un commentaire qui pourrait tellement bien s'appliquer à la France politique du 7 juillet 2024 :
« Les institutions de la République étaient en cause. Elles étaient en cause parce que, pour les dirigeants de toutes les oppositions, le but à atteindre, c’était grâce à ces élections, de remettre le pouvoir à la discrétion des partis comme il l’était autrefois, et comme tout justement l’exclut notre Constitution. Ils comptaient y parvenir en faisant élire à l’Assemblée Nationale une majorité négative. Qui, ils espéraient tout au moins, en censurant tous les gouvernements qu’aurait nommés le chef de l’État, auraient, je répète, ils l’espéraient, amené celui-ci à se soumettre ou à se démettre, et contrairement aux obligations du mandat, qu’il tient, lui, du peuple tout entier, à abandonner la responsabilité suprême de notre République et de la France. S’ils y étaient d’aventure parvenus, il va de soi qu’ils n‘auraient rien pu mettre que la confusion en lieu et place du régime qu’ils auraient ainsi détruit. ».

À l'instar de Maurice Duverger, les constitutionnalistes se sont mis d'accord pour décrire la Cinquième République comme un régime semi-présidentiel à parlementarisme rationalisé. C'est-à-dire avec cette bivalence à la fois présidentiel (élection du Président de la République au suffrage universel direct) et parlementaire (responsabilité du Premier Ministre et de son gouvernement devant le Parlement avec possibilité réciproque de censure et de dissolution). Cette description ne départage cependant pas les différentes interprétations du texte fond.

Il y avait, en effet, en 1986, deux lectures possibles de la Constitution, au-delà de l'interprétation (celle de Raymond Barre) selon laquelle la défaite aux élections législatives du parti présidentiel entraînerait une délégitimation du Président de la République et la remise en jeu de son mandat (démission et nouvelle candidature). Cette dernière interprétation est d'ailleurs plus compliquée à accomplir avec la limitation à deux mandats successifs, car, dans le cas du Président Emmanuel Macron en 2024, comment remettre en jeu son mandat puisqu'il ne pourrait plus se représenter en même temps ?

Il y avait une lecture parlementaire qu'a adoptée immédiatement François Mitterrand, qui n'a pas tergiversé et a nommé le seul Premier Ministre accepté de l'alliance UDF-RPR ayant la majorité absolue, Jacques Chirac. Dans cette lecture, François Mitterrand aurait pu aussi nommer d'autres personnalités UDF-RPR à Matignon, comme Valéry Giscard d'Estaing (son adversaire récurrent, cela aurait fait bizarre), Jacques Chaban-Delmas (son ami de la Résistance et de la Quatrième République), Simone Veil (très populaire), Édouard Balladur (le théoricien de la cohabitation), Alain Peyrefitte (un autre théoricien de la cohabitation), René Monory (au bon sens sénatorial), etc. Le président du RPR avait de toute façon tout verrouillé de manière à ce que la majorité parlementaire refusât toute autre personnalité que lui-même (à l'époque, il y avait de vrais chefs dans les partis politiques).

Mais il y avait une autre lecture, une lecture présidentialiste, en considérant que le régime est plus présidentiel que parlementaire. Et cette lecture voudrait que le Président de la République, élu par le peuple français, reste légitime pour nommer le pouvoir exécutif, si bien que, comme aux États-Unis, il pourrait nommer un gouvernement de sa couleur politique, à charge pour ce dernier de convaincre l'Assemblée à la majorité contraire de ne pas le censurer (mais aux États-Unis, il n'y a ni censure ni dissolution). Cette option n'a pas été choisie ni par François Mitterrand ni par Jacques Chirac parce qu'un tel gouvernement aurait une durée de vite très limitée, de l'ordre du jour et au plus long, du mois. En effet, on peut imaginer que la majorité parlementaire élue souhaiterait un gouvernement de sa couleur politique et censurerait tout gouvernement qui n'irait pas dans ce sens, ce qui est logique et démocratique. C'est pour cette raison que la lecture parlementaire a été définitivement adoptée par la pratique, pour une simple question de bon sens.

 


La configuration d'un Président socialiste et d'une majorité absolue UDF-RPR à l'Assemblée s'est produite deux fois, en mars 1986 et en mars 1993, et a abouti à la nomination respectivement de Jacques Chirac et Édouard Balladur à Matignon. Une configuration inverse, de deuxième type, s'est produite en juin 1997 avec un Président gaulliste, Jacques Chirac, et une majorité absolue de gauche à l'Assemblée, ce qui a abouti à la nomination d'un gouvernement dit de la gauche plurielle dirigé par Lionel Jospin. Chacun de ces trois Premiers Ministres, d'ailleurs, s'est présenté à l'élection présidentielle à l'issue de cette période de cohabitation, mais aucun n'a été élu, deux ont même été battus dès le premier tour !

Ces trois cohabitations étaient finalement faciles. Il n'y a pas eu beaucoup de changements dans la pratique institutionnelle, si ce n'est que le centre des décisions était transféré de
l'Élysée à Matignon. Il s'agit là de la traduction de la légitimité populaire la plus récente. J'ajoute, pour évoquer l'hypothèse d'une cohabitation avec un gouvernement RN dirigé par Jordan Bardella, que les trois premières cohabitations ont fait intervenir des acteurs politiques soucieux de l'intérêt national et qui avaient le sens de l'État, si bien qu'ils pouvaient se mettre d'accord sur des visions d'intérêt national comme la politique étrangère, la défense, la construction européenne et quelques autres visions stratégiques (ce qui n'aurait pas été le cas avec un RN quasiment acheté par Vladimir Poutine).

Mais l'hypothèse d'un gouvernement RN car d'une majorité absolue RN a été battue en brèche par le front républicain plébiscité par une grande partie des électeurs (sinon, cette tactique n'aurait pas réussi), et on se retrouve ainsi avec une absence totale de majorité. Comme sous la Quatrième République.


Parlons alors histoire politique. Contrairement à ce qu'on dit habituellement, le Président de la Quatrième République avait un pouvoir non négligeable, et c'était justement le choix du Président du Conseil (chef du gouvernement).

Ainsi, le choix de Guy Mollet en janvier 1956 est provenu exclusivement de René Coty et pas de l'alliance qui avait gagné les élections législatives anticipées du 2 janvier 1956 après la dissolution décidée par Edgar Faure le 1er décembre 1955 (Président du Conseil qui a été mis en minorité le 29 novembre 1955). Pourtant, la victoire du front républicain qui rassemblait les socialistes (SFIO) et les radicaux, ainsi que quelques partis annexes, a été menée par Pierre Mendès France. Logiquement, à la fois politiquement et électoralement, René Coty aurait dû nommer Pierre Mendès France à Matignon. Mais René Coty a eu une autre interprétation, il s'est basé sur le groupe politique le plus important, et a nommé Guy Mollet, le chef du parti ayant eu le plus de députés (secrétaire général de la SFIO). Du reste, Guy Mollet a dirigé le gouvernement le plus long de la Quatrième République (quinze mois et demi !).
 


Entre parenthèses, notons que dans cette logique de tradition républicaine, Lucie Castets, dont on dit qu'elle émanerait plus du PS que des insoumis (c'est en tout cas ce qu'a prétendu Olivier Faure, premier secrétaire du PS, le 25 juillet 2024 au conseil national du PS : « La candidature de Lucie Castets, c'est nous qui l'avons voulue. (…) C'est nous qui l'avons proposée. (…) Et il faudrait maintenant que nous soyons les premiers à dire que, finalement, on ne sait pas très bien si nous la soutenons ou pas ? »), n'a rien à faire dans cette galère, puisque le groupe le plus important du NFP est les insoumis : la logique de la tradition républicaine, ce serait plutôt de désigner Jean-Luc Mélenchon, chef des insoumis, et personne d'autre du NFP... ou même, si on prenait l'ensemble des groupes politiques, de nommer Jordan Bardella, président du RN, puisque le RN est aujourd'hui le groupe le plus important de l'Assemblée (suivi... du groupe macroniste Ensemble pour la République). Je referme ma parenthèse.
 


De même, la désignation de De Gaulle pour former un nouveau gouvernement, a été une initiative historique mais personnelle de René Coty. Il aurait pu, au contraire, la refuser et on ne sait pas où l'on en serait aujourd'hui. On voit bien que la désignation de De Gaulle n'était pas évidente politiquement, même si la plupart des partis politiques lui ont finalement accordé les plein pouvoirs le 1er juin 1958. Le rôle du Président de la République était donc crucial dans une crise politique parce que le Président de la République était justement un pôle de stabilité institutionnel, ce qu'il reste encore aujourd'hui.

Ainsi, il n'est pas anormal, d'un point de vue institutionnel et même constitutionnel, dans la grande tradition républicaine plus que séculaire (depuis 1870), qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron soit à l'initiative pour rechercher cette impossible majorité au sein de l'Assemblée. Il a au moins la légitimité pour la rechercher ou pour l'encourager, et il en a la compétence constitutionnelle.
 


Cela écrit, il s'agit bien aujourd'hui d'une impossible majorité puisque, autour du bloc central, seuls des députés du bloc de gauche pourraient le compléter pour former une majorité. Or, pour l'instant, alors que d'un point de vue intellectuel, beaucoup de députés socialistes ne seraient pas opposés à faire cette grande coalition, ils meurent de trouille de se faire accuser par les mélenchonistes d'être des traîtres à la gauche, et surtout, de laisser à Jean-Luc Mélenchon l'exclusivité du terrain à gauche dans la perspective de l'élection présidentielle de 2027 (leur problème, c'est que ni les socialistes ni les écologistes n'ont de candidat solide et sérieux à l'élection présidentielle, donc, dans tous les cas, Jean-Luc Mélenchon préemptera le terrain à gauche).

Pour l'instant, les Français s'en moquent. Après un mois particulièrement stressant et fatigants, ils décompressent, se détendent, prennent des vacances, se réjouissent des nombreuses médailles olympiques de nos champions. Mais à la rentrée, bien évidemment, exigeants, ils vont attendre la nomination d'un gouvernement et des mesures concrètes. Dans les sondages, le principe de la "grande coalition" est plébiscité, probablement plus par raison que par passion. En d'autres termes, les Français disent à leurs députés : mettez-vous d'accord pour un gouvernement !
 


On verra bien, dans l'indicible "opinion" politique, qui aura la sympathie des sondés, les doctrinaires qui refusent de gouverner par refus obstiné du compromis au point de créer une absence de gouvernement ou les bonnes volontés qui, par esprit de responsabilité et pour l'intérêt national, vont chercher des compromis pour pondre le futur budget de l'État (projet de loi de finances 2025).

C'est cette bataille de "l'opinion publique" qu'Emmanuel Macron cherche à gagner. Et gare aux inconséquents, il se pourrait qu'il puisse la gagner !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (01er août 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
La première cohabitation (1986-1988).
Législatives 2024 (35) : Vers une cohabitation du troisième type ?
Législatives 2024 (34) : Lucie Castets noyée dans une réalité alternative !
Législatives 2024 (33) : Le grain de sel du Sénat !
Législatives 2024 (32) : Le casse-tête de Lucie Castets.
Législatives 2024 (31) : Emmanuel Macron et les joyeux JO.
Interview du Président Emmanuel Macron le 23 juillet 2024 sur France 2 (vidéo intégrale).
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Législatives 2024 (30) : coalition ou pacte ?
Législatives 2024 (29) : le staff de l'Assemblée Nationale.
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
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Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.

 




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