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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 17:00

La nouvelle Assemblée Nationale s’installe pour la durée de la XIVe législature de la Ve République. Le PS rafle la plupart des responsabilités, ce qui est normal puisqu’il est majoritaire.


yartiBartolone01En un an, la France a changé ses quatre principaux personnages de l’État : François Hollande, Jean-Pierre Bel, Jean-Marc Ayrault et Claude Bartolone ont remplacé Nicolas Sarkozy, Gérard Larcher, François Fillon et Bernard Accoyer. La caractéristique commune, c’est que le parti majoritaire s’est octroyé pleinement ces quatre postes cruciaux, occupés uniquement par des hommes.

L’ancien ministre Claude Bartolone a en effet été élu Président de l’Assemblée Nationale le mardi 26 juin 2012 à 17h05.

Il a recueilli 298 voix face à son prédécesseur Bernard Accoyer qui a obtenu 185 voix et 2 voix ont atterri sur un autre nom. Sur 540 votants (sur 577 députés), 55 ont voté blanc, en particulier les écologistes mécontents de ne pas avoir obtenu la présidence de la Commission du développement durable (ils ont quand même obtenu une vice-présidence, une autre présidence de commission et deux vice-présidences de commission) et les centristes du nouveau groupe présidé par Jean-Louis Borloo et intitulé "Union des démocrates et indépendants" regroupant le Nouveau centre, l’Alliance centriste et le Parti radical valoisien. Jean-Louis Borloo avait plaidé pour que chaque groupe eût une vice-présidence.

Les radicaux de gauche présidés par l’ancien ministre Roger-Gérard Schwartzenberg (qui ont accueilli Olivier Falorni, le dissident de La Rochelle) ne semblaient pas avoir pris part au vote, ni ceux du Front de gauche présidé par André Chassaigne.

L’élection formelle n’était pas une surprise en raison de la majorité absolue de députés PS et tout s’était joué lors de la primaire au sein du groupe PS (présidé par Bruno Le Roux) le 21 juin 2012. Quatre candidats s’étaient présentés, tous anciens ministres : Jean Glavany avait obtenu 59 voix, Élisabeth Guigou 50, Daniel Vaillant 22 et Claude Bartolone, souhaité par Ségolène Royal et par François Hollande, avait gagné avec 127 voix (bien que la majorité absolue ne fût pas atteinte, il n’y a pas eu de 2e tour après le retrait des autres candidats).

Le lendemain, 27 juin 2012, le bureau de l’Assemblée Nationale s’est constitué à l’unanimité, selon une répartition vaguement proportionnelle : les six vice-présidences, trois questeurs (dont le rôle est déterminant pour le fonctionnement du Palais-Bourbon) et les douze secrétaires.

Le surlendemain, 28 juin 2012, les commissions ont désigné leur président. L’opposition reste à la tête de la Commission des finances (avec l’ancien rapporteur général du budget, Gilles Carrez, comme son homologue du Sénat Philippe Marini), ce qu’avait initié la majorité précédente, et Élisabeth Guigou a obtenu (enfin !) la présidence de la Commission des affaires étrangères. Elle souhaite depuis longtemps multiplier les relations entre les parlements européens.

Mais revenons à ce mardi 26 juin 2012. L’émotion a présidé cette première séance de la législature. Organisant le vote du Président, ce fut le doyen d’âge, François Scellier, 76 ans, qui a été chargé de prononcer le premier discours : « Cette émotion est d’autant plus forte qu’outre la présence de ma famille à la tribune, je sais que ma maman, qui vient d’avoir cent ans, me regarde à la télévision. ».

François Scellier a exhorté ses collègues à faire le meilleur travail législatif possible : « Soyons inventifs, transgressifs parfois et sérieux toujours pour impulser une dynamique de progrès et apporter des solutions. Jacques de Romilly évoquait la "fulgurance de la pensée antique" pour louer sa modernité et sa force. De la même manière, écrivons une loi solide qui, pour être efficace, doit être débarrassée des boursouflures technocratiques et des dernières chimères conceptuelles à la mode. ».

L’émotion était également vive lorsque Claude Bartolone a été formellement élu au perchoir. Parmi les premières personnes à le féliciter, l’ancien Ministre des Finances François Baroin, voisin par les hasards de l’ordre alphabétique (tandis que Patrick Balkany, assis devant lui, tirait une "drôle de gueule").

Je ne connaissais pas vraiment Claude Bartolone sinon qu’il était avant tout un apparatchik influent du PS depuis un quart de siècle, proche de Laurent Fabius. Cet aspect très interne de ses responsabilités partisanes, ainsi que son rôle habituellement dévolu aux seconds couteaux (à savoir, de jouer les snipers contre le camp d’en face) avaient ainsi masqué sa personnalité très riche et très attachante.

Dans son allocution de seize minutes qu’il avait consciencieusement préparée (et qui fut applaudie par tous les députés debout, opposition comprise), Claude Bartolone a cité ses onze prédécesseurs au perchoir depuis 1958, comme Jacques Chaban-Delmas, Edgar Faure, Louis Mermaz, Laurent Fabius ou Jean-Louis Debré, mais en appuyant plus particulièrement sur la mémoire de Philippe Séguin et Raymond Forni.

J’applaudis son discours très consensuel et républicain attaché surtout à défendre les valeurs de la République et la concorde nationale bien plus qu’à accroître les rivalités politiciennes et désaccords partisans.

Il a souligné "le goût de la loi" et a donné une idée de sa gouvernance : « Notre assemblée doit vivre avec son temps. Plus que jamais, ayons à cœur d’en faire une maison de verre. Transparente, exemplaire, irréprochable, parce que la force de la loi est subordonnée à l’exemplarité du législateur. ». Il a d’ailleurs proposé dès le lendemain à son homologue du Sénat de réduire leur indemnité de président d’assemblée.

Claude Bartolone a donc insisté dans son discours sur la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité : « La tentation de s’affranchir de ces valeurs est forte lorsqu’un pays connaît des heures difficiles, et singulièrement quand la morsure d’une crise sociale fait sentir son empreinte. ».

yartiBartolone04

À bientôt 61 ans, Claude Bartolone a derrière lui trente et un ans d’expérience de député (élu huit fois sans discontinuité). Il a été élu pour la première fois dans la vague rose du 10 mai le 21 juin 1981 à l’âge de 29 ans.

Né à Tunis le 29 juillet 1951 de père italien et de mère maltaise, il s’est installé avant l’âge de 10 ans avec sa famille dans une "cité" de Seine-Saint-Denis, au Pré-Saint-Gervais. Son destin aurait dû le conduire à un CAP de mécanique mais une enseignante l’a encouragé à faire des études plus longues qui le menèrent à une licence de mathématiques. À 23 ans, il s’engagea au PS, puis fut élu au conseil municipal du Pré-Saint-Gervais à 25 ans, et conseiller général à 27 ans.

Après avoir abandonné le mandat départemental au profit de son siège de député, de la mairie du Pré-Saint-Gervais (où il succéda en 1995 à l’ancien ministre Marcel Debarge), et d’un mandat régional, il s’est fait réélire conseiller général dès le 1er tour le 9 mars 2008 pour conquérir sur les communistes la présidence du conseil général de Seine-Saint-Denis le 20 mars 2008.

Petit à petit, le PS a grignoté du terrain sur celui du PCF (ce fut encore le cas lors de ces législatives 2012). Pour les élus communistes de base en Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone a représenté le rouleau compresseur du PS qui récupère un à un les bastions communistes.

Très impliqué dans les luttes d’appareil au sein du PS, il fut le représentant de Laurent Fabius lors des querelles intestines à Rennes en 1990, et comme fabiusien, il choisit très tôt de faire équipe avec Martine Aubry au congrès de Reims en 2008.

Quoiqu’aubryiste pendant la primaire de 2011, Claude Bartolone fut préféré à Jean Glavany et Élisabeth Guigou pour le perchoir par François Hollande. Claude Bartolone et François Hollande se connaissent bien depuis longtemps et ont même passé des vacances ensemble en famille.

Claude Bartolone n’a pas eu beaucoup de responsabilités ministérielles et il n’a été que Ministre de la Ville du 30 mars 1998 au juin 2002 dans le gouvernement de Lionel Jospin. En mai 2012, il a été particulièrement déçu de ne pas faire partie du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault et l’échec de Ségolène Royal à La Rochelle a donné un tournant nouveau à sa trajectoire.

Apprécié même de l’opposition (Jean-François Copé et Bernard Accoyer ont fait des compliments sur ses qualités d’homme de dialogue et de débat), Claude Bartolone accède maintenant à des fonctions prestigieuses qui couronnent son engagement politique. Son interview sur LCP, "Le Monde", France Info et AFP à "Questions d’info" le 27 juin 2012 a montré qu’il entendait continuer à participer pleinement au débat national.

Nul doute que désormais, la vie politique devra compter avec Claude Bartolone.
Et c’est mérité, l’Assemblée Nationale le méritait bien plus qu’une Ségolène Royal à la recherche de nouveaux honneurs pour son simple ego…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 juin 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Claude Bartolone gagne la primaire au PS.
Claude Bartolone élu au perchoir.
Allocution de Claude Bartolone du 26 juin 2012.
Nouveau bureau de l’Assemblée Nationale.
Les nouveaux présidents de commissions à l’Assemblée Nationale.
Le second tour des élections législatives.
François Hollande.
Gouvernement Ayrault II

yartiBartolone03


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/claude-bartolone-l-enfant-immigre-119182



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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 12:49

Les commissions permanentes à l'Assemblée Nationale désignent officiellement ce jeudi 28 juin 2012 leur bureau et en particulier, leur président dont le rôle est majeur dans le fonctionnement de celles-ci. La tradition inaugurée en juin 2007 a été reprise par la majorité socialiste, à savoir de laisser à l'opposition la présidence de la Commission des finances.

Président de la Commission des lois : Jean-Jacques Urvoas (PS)
Président de la Commssion des finances : Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget sortant
Rapporteur général du budget : Christian Eckert (PS)
Présidente de la Commission des affaires étrangères : Élisabeth Guigou (PS)
Président de la Commission des affaires culturelles : Patrick Bloche (PS).
Présidente de la Commission des affaires socialies : Catherine Lemorton (PS)
Président de la Commission des affaires économies : François Brottes (PS)
Présidente de la Commission de la défense : Patricia Adam (PS)
Président de la Commission du développement durable : Jean-Paul Chanteguet (PS)
Présidente de la Commission des affaires européennes : Danielle Auroi (EELV) prévu pour le 3 juillet 2012

Outre le poste de vice-président (Denis Baupin) et de président de commission (Danielle Auroi), les écologistes obtiennent deux vice-présidences de commission : François-Michel Lambert au développement durable et Eva Sas aux finances.

Ces désignations sont faites, comme pour le bureau de l'Assemblée Nationale, de manière consensuelle.

SR

 

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 20:55

Claude Bartolone a présidé ce mercredi 27 juin 2012 une séance de trois minutes pour désigner de façon consensuelle la composition du bureau de l'Assemblée Nationale.

6 vice-présidents (3 PS, 2 UMP, 1 EELV) :
Sandrine Mazetier (PS)
Laurence Dumont (PS)
Christophe Sirugue (PS)
Catherine Vautrin (UMP)
Marc Le Fur (UMP)
Denis Baupin (EELV)

3 questeurs (2 UMP, 1 PS) :
Bernard Roman (PS)
Marie-France Clergeau (PS)
Philippe Briand (UMP)

12 secrétaires (2 PS, 2 PRG, 5 UMP, 1 UDI, 2 PCF) :
Pascale Got (PS)
Jean-Luc Laurent (PS)
Gérard Charasse (PRG)
Paul Giacobbi (PRG)
Pierre Lequiller (UMP)
Dino Cinieri (UMP)
Arlette Grosskost (UMP)
Bernard Perrut (UMP)
Bérangère Poletti (UMP)
Rudy Salles (UDI)
Marc Dolez (PCF)
Gabriel Serville (PCF)

Claude Bartolone a proposé à son homologue du Sénat Jean-Pierre Bel de diminuer leur indemnité de Président d'assemblée.

Le premier rendez-vous crucial est le 3 juillet 2012 avec la déclaration de politique générale du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault suivi du vote de confiance des députés.

SR

 

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 17:44

Claude Bartolone a été élu Président de l'Assemblée Nationale pour la XIVe Législature. Le résultat du vote a été annoncé le 26 juin 2012 à 17h05 par le doyen d'âge François Scellier (76 ans). Claude Bartolone a recueilli 298 voix, Bernard Accoyer, son prédécesseur, 185 voix, autres : 2 voix (sur 577 députés). Dans son discours de seize minutes, Claude Bartolone a rendu hommage à ses onze prédécesseur : Henri Emmanuelli, Patrick Ollier et Bernard Accoyer, présents dans l'hémicycle, Louis Mermaz, Laurent Fabius et Jean-Louis Debré, ainsi que les disparus Jacques Chaban-Delmas, Achille Peretti, Edgar Faure, Philippe Séguin et Raymond Forni.

Claude Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis, avait été choisi par ses amis socialistes le 21 juin 2012 parmi quatre candidats : lui, Jean Glavany, Élisabeth Guigou et Daniel Vaillant.

SR

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 21:06

Annoncé par le secrétaire général de la Présidence de la République le jeudi 21 juin 2012 à 20h45, le second gouvernement de Jean-Marc Ayrault est composé comme le premier nommé le 16 mai 2012, à ces différences près suivantes.

Composition du gouvernement Ayrault I du 16 mai 2012 :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-105265438.html


Modifications et complément du 21 juin 2012 :

Ministre de l'Écologie, de l'énergie et du développement durable : Delphine Batho.
Ministre du Commerce extérieur : Nicole Bricq.
Ministre (plein) du Commerce (etc.) : Sylvia Pinel.

Ministre délégué chargé de la Formation professionnelle et de l'apprentissage : Thierry Repentin.
Ministre déléguée chargée de la Décentralisation : Anne-Marie Escoffier.
Ministre délégué chargé de l'Agroalimentaire : Guillaume Guarot.
Ministre déléguée chargée des Français de l'étranger : Hélène Conway.
Ministre déléguée chargée de la Francophonie : Yamina Benguigui.

En tout, il y a 38 ministres, 19 hommes et 19 femmes.


MINISTRES

Affaires étrangères : Laurent Fabius
Education nationale : Vincent Peillon
Garde des Sceaux (Justice) : Christiane Taubira
Economie, Finances : Pierre Moscovici
Affaires sociales et Santé : Marisol Touraine
Egalité des territoires et Logement : Cécile Duflot
Intérieur : Manuel Valls
Commerce Extérieur : Nicole Bricq
Redressement productif : Arnaud Montebourg
Ecologie, Développement durable et Energie : Delphine Batho
Travail, Emploi, Formation professionnelle et Dialogue social : Michel Sapin
Défense : Jean-Yves Le Drian
Culture et Communication : Aurélie Filippetti
Enseignement supérieur et Recherche : Geneviève Fioraso
Droits des femmes, porte-parole du gouvernement : Najat Vallaud-Belkacem
Agriculture, Agroalimentaire et Forêt : Stéphane Le Foll
Réforme de l'Etat, Décentralisation et Fonction publique : Marylise Lebranchu
Outre-mer : Victorin Lurel
Artisanat, Commerce et Tourisme : Silvia Pinel
Sports, Jeunesse, Education populaire et Vie associative : Valérie Fourneyron

MINISTRES DELEGUES

Budget : Jérôme Cahuzac
Réussite éducative : George Pau-Langevin
Relations avec le Parlement : Alain Vidalies
Ville : François Lamy
Affaires européennes : Bernard Cazeneuve
Personnes âgées et Autonomie : Michèle Delaunay
Economie sociale et solidaire et Consommation : Benoît Hamon
Famille : Dominique Bertinotti
Personnes handicapées, Lutte contre l'exclusion : Marie-Arlette Carlotti
Développement : Pascal Canfin
Formation professionnelle et Apprentissage : Thierry Repentin
Francophonie : Yamina Benguigui
Transports, Mer et Pêche : Frédéric Cuvillier
PME, Innovation et Economie numérique : Fleur Pellerin
Anciens combattants : Kader Arif
Décentralisation : Anne-Marie Escoffier
Agroalimentaire : Guillaume Garot
Français de l'étranger : Hélène Conway


Premier conseil des ministres de ce gouvernement le 22 juin 2012 à 10h00.

SR













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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 17:24

Claude Bartolone, député de Pantin et président du conseil général de Seine-Saint-Denis, vient d'être choisi par le groupe PS pour être son candidat à l'élection du Président de l'Assemblée Nationale. L'élection aura lieu le 26 juin 2012. Trois autres candidats socialistes se disputaient cette fonction : Jean Glavany, Élisabeth Guigou et Daniel Vaillant. Cette fonction avait été initialement évoquée pour Ségolène Royal mais son échec à La Rochelle a eu raison de cette ambition. Celle de devenir présidente des présidents de conseils régionaux risque également d'être compromise par le rejet qu'elle provoque chez les élus socialistes.


Sur 280 membres du groupe PS :
Claude Bartolone : 127
Jean Glavany : 59
Élisabeth Guigou : 50
Daniel Vaillant : 22.

La désignation a eu lieu le 21 juin 2012 vers 16h30 et peu avant, Bruno Le Roux avait été acclamé pour être président du groupe PS à l'Assemblée Nationale.

Jean Glavany avait annoncé qu'il se désisterait en faveur d'Élisabeth Guigou si elle le devançait. Claude Bartolone, ex-fabiusien et aubryiste, était le candidat de François Hollande et il a été chaleureusement félicité par Ségolène Royal sur Twitter.

SR

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 12:58

 Photographie du Gouvernement Ayrault II à l'issue du conseil des ministres du 20 juin 2012.



yartiGouvernementAyraultII01

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 07:59

Dans une atmosphère de faible mobilisation, les élections législatives vont avoir lieu les 10 et 17 juin 2012. Un scrutin essentiel, tout autant que l’élection présidentielle, contrairement à ce qui se dit parfois, qui sera soit la confirmation soit au contraire la compensation du résultat du 6 mai 2012.


yartiCoha01Les risques d’une nouvelle cohabitation sont-ils élevés ? Sans doute pas, mais de quelle cohabitation parlons-nous ?


Un vrai régime parlementaire

L’existence même des trois précédentes cohabitations (1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002) démontre pour les plus sceptiques que la Ve République est bel et bien un régime parlementaire puisque le pouvoir exécutif, celui qui est opérationnel, celui qui est aux commandes des administrations de l’État, est bien dépendant de la majorité parlementaire et pas de la majorité présidentielle. Enfin, c’est ce que l’expérience a montré depuis 1958. Rien n’interdit cependant d’innover…

Ce que certains peuvent contester en revanche, c’est que le pli présidentiel est suffisamment large pour que la mécanique électorale favorise, tant dans les candidatures que dans les élections, l’émergence au Palais-Bourbon d’une majorité totalement conforme aux aspirations élyséennes. Et cela dès novembre 1962.

Je ne répéterai d’ailleurs jamais assez que la mise en place du quinquennat (approuvé par référendum le 24 septembre 2000) et la concordance présidentielle/législatives depuis 2002 (mais aussi en 1981 et en 1988) ont rendu les parlementaires bien plus "dociles" aux "sollicitations" présidentielles.


Des sondages plutôt rassurants pour l’Élysée

Pour ce printemps 2012, les sondages restent relativement incertains sur l’issue des élections législatives. Si la mécanique présidentielle et la logique institutionnelle jouent à l’évidence en faveur du Parti socialiste, les études d’opinion montrent que les deux grands partis restent au coude à coudre.

En effet, les intentions de vote pour l’UMP et pour le PS sont situées entre 30% et 35%, soit bien plus que leurs candidats respectifs à l’élection présidentielle du 22 avril 2012, et avec souvent un écart de 1% ou 1,5% seulement, soit à peu près la même différence qu’au premier tour de l’élection présidentielle.

Alors que le Front de gauche et les écologistes sont déterminés à faire élire des candidats de gauche, à droite, le FN risque de troubler le jeu même si l’hypothèse de triangulaires ne concernera qu’un faible nombre de circonscriptions (pour se maintenir au second tour, un candidat doit recueillir au moins 12,5% des électeurs inscrits, ce qui fait que pour une abstention de l’ordre de 40%, cas du 10 juin 2007, il faut qu’il obtienne au moins 21% des suffrages exprimés, ce qui est un seuil élevé bien que pas insurmontable).

L’essentiel, pour ces élections législatives, n’est évidemment pas le pourcentage des suffrages mais le nombre de sièges et cette double question : le PS arrivera-t-il à obtenir des électeurs une majorité à l’Assemblée Nationale ? et si oui, sera-t-elle absolue, seul, avec ses alliés écologistes remuants, avec le Front de gauche ?


Détenir tous les pouvoirs ?

Bénéficiant d’une popularité non négligeable de début de mandat (voir en particulier ce sondage), François Hollande devrait avoir toutes les cartes en main pour appliquer (ou pas) son programme présidentiel (téléchargeable ici).

Ce serait d’ailleurs une première historique en France que d’avoir la gauche, et plus particulièrement, le Parti socialiste, à la tête de toutes les institutions de la République : Élysée, gouvernement, Assemblée Nationale, Sénat, quasi-totalité des conseils régionaux et grande majorité des conseils généraux, des grandes villes et des regroupements de communes.

Au contraire de ce qu’évoque l’UMP pendant cette courte et inaudible campagne des législatives, cela ne me choque pas vraiment, pour au moins deux raisons : d’une part, personne ne semblait vraiment choqué lorsque c’était la droite qui avait toutes les commandes ; d’autre part, c’est le jeu démocratique des alternances, et je ne doute pas que 2014 sera une année cruciale pour le nouveau pouvoir et qu’il aura bien du mal à préserver ses conquêtes locales de ses années d’opposition.


Pas de nuages à gauche

Il est clair que François Hollande n’aura aucun souci du côté du Front de gauche : après lui avoir apporté son soutien inconditionnel au second tour, Jean-Luc Mélenchon a clairement indiqué que "ses" députés ne voteraient jamais une motion de censure en joignant leurs voix à celles de l’UMP. Le gouvernement socialiste peut donc compter sur la "bienveillante neutralité" de l’aile gauche de la prochaine législature pour continuer à gouverner (quelles que soient les vociférations futures de l’ancien candidat soutenu par les communistes).

Donc, même si le PS ou l’alliance PS-EELV n’avait qu’une majorité relative, la gauche pourrait gouverner sans trop de souci mais avec sans doute plus de discussions à gauche. Après tout, François Mitterrand était au contraire très heureux de cette majorité relative sortie des urnes de juin 1988, et les fins connaisseurs savent bien qu’une majorité trop large peut engendrer beaucoup de contestations en son sein (voir par exemple la législature entre 1993 et 1997) alors qu’une majorité très serrée la rend soudée et unie (comme entre 1986 et 1988).


Et si l’UMP gagnait quand même ?

Il serait cependant intéressant de nous arrêter à un cas, sûrement pas le plus probable, mais qui n’est pas, non plus, à exclure : une victoire de l’UMP et de ses alliés aux élections législatives. Dire victoire signifie qu’il y aurait plus de députés UMP et alliés que de députés PS et alliés. Que la majorité soit relative ou absolue.

Jusqu’à maintenant, depuis 1958, cette déconnexion des deux majorités s’est produite trois fois. En mars 1986, en mars 1993 et en juin 1997.


Dyslexie institutionnelle

Dans les deux premiers cas, une majorité de centre droit avait gagné face à un Président de gauche et dans le troisième cas, c’était l’inverse, une majorité de gauche avait gagné face à un Président de droite. Dans les trois cas, inaugurés par François Mitterrand, un gouvernement de cohabitation a été nommé, à savoir, un gouvernement émanant de la majorité parlementaire et cohabitant avec un Président de la République de bord opposé. C’est désolant, sur le principe, qu’un Président élu au suffrage universel direct puisse ainsi être en stand-by, inerte, inactif, immobile, pendant une certaine période.

Trois cas ? En fait, il y en a eu quatre, de cas de cohabitation. Une cohabitation invisible, indolore. La législature 1958-1962 n’était pas totalement aux ordres de De Gaulle. Au contraire, le 5 octobre 1962, ce fut l’unique occasion où une majorité des députés a voté une motion de censure contre le gouvernement (pour protester contre l’institution de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct). Et la résolution de cette crise fut purement et simplement la dissolution de cette majorité contestataire. Depuis lors, aucune majorité n’a été réunie pour le vote d’une motion de censure, même lors des pires guerres intestines menées par Jacques Chirac contre les gouvernements dirigés par Raymond Barre.


Une cohabitation longue

La dernière cohabitation n’a pas été comme les deux précédentes : alors que les deux premières finissaient un septennat sur une durée relativement courte (deux ans), la cohabitation Jospin a duré… cinq ans ! le temps d’une législature normale. Pourquoi le Président Chirac n’a-t-il pas cherché à dissoudre avant 2002 ? Personne ne saura répondre, si ce n’est par des considérations purement électoralistes.

On cite d’ailleurs régulièrement ce petit mot d’humour : François Mitterrand a inventé le septennat de cinq ans …tandis que Jacques Chirac a inventé le septennat de deux ans !


Le quinquennat, fausse solution

En fait, Jacques Chirac a même enterré le septennat. Le quinquennat a d’ailleurs été introduit en partie pour en finir définitivement avec les cohabitations, considérant que les électeurs ne voudraient pas se dédire à un mois d’intervalle. Mais ce sont des considérations assez hasardeuses.

D’une part, rien n’indique que la concordance résistera au temps puisqu’elle est survenue par un simple hasard des calendriers. Un Président pourrait écourter son mandat pour une raison ou une autre, démission ou décès, cela s’est déjà produit deux fois en cinquante ans, et un Président pourrait également dissoudre l’Assemblée Nationale, cela s’est déjà produit cinq fois en cinquante ans, soit, en moyenne, une chance tous les sept ans de rompre avec le rythme régulier.

D’autre part, les électeurs, dans leur grand sagesse, pourrait un jour préférer au contraire équilibrer les pouvoirs entre les deux grands partis.


Des gouvernements minoritaires, il y en a déjà eu…

Comme on peut le remarquer depuis le début de la Ve République, dans quatre cas, le gouvernement ne bénéficiait pas de majorité à l’Assemblée Nationale : les gouvernements Pompidou I en octobre 1962, Mauroy I en mai 1981, Rocard I en mai 1988 et Ayrault I en mai 2012.

Pour les trois derniers, ce n’était pas très important puisque des élections législatives allaient se dérouler quelques semaines plus tard (et les députés ne siégeaient plus en session). Quant au premier cas, il a abouti à une dissolution le 10 octobre 1962.

Les quatre Premiers Ministres concernés ont d’ailleurs été tous les quatre reconduits à Matignon une fois élue une nouvelle majorité conforme à leurs vues. Les éventuels scrupules des constitutionnalistes (surtout en automne 1962) furent donc simplement balayés par la volonté populaire.


Qui serait à Matignon en cas de victoire de l’UMP aux législatives ?

Avec le recul des expériecences précédentes, on pourrait donc imaginer qu’en cas de victoire de l’UMP aux élections législatives de juin 2012, une nouvelle cohabitation se déroulerait, au moins dans un premier temps. Avec un Premier Ministre UMP qui serait très probablement (quoi qu’on en dise) Jean-François Copé (parce que François Fillon n’a plus aucune envie de faire du rab). Dans le même ordre d’idées, François Hollande lui aussi s’était imaginé comme un Premier Ministre potentiel en juin 2002 après l’échec de Lionel Jospin et la réélection de Jacques Chirac.

yartiCoha02


Le précédent historique de 1986

Pourtant, dans les textes, rien n’oblige le Président de la République à désigner un Premier Ministre issu de la majorité parlementaire. Rien. Absolument rien. Si c’est ce qu’il s’est passé pour les trois premières cohabitations, c’est parce que François Mitterrand avait pris cette décision historique et que son successeur l’a suivi par la suite. Valéry Giscard d’Estaing avait indiqué qu’il aurait agi de la sorte le cas échéant (en cas de victoire de la gauche) en mars 1978, envisageant de nommer François Mitterrand à Matignon et de s’exiler au château de Rambouillet dans l’attente de jours meilleurs.

Mais un autre Président aurait pu prendre une autre décision. Par exemple, démissionner, considérant qu’il n’avait plus le soutien du peuple (cela aurait été probablement le cas de De Gaulle même si ce n’était pas certain, en particulier en 1967).


Un nouveau précédent

Or, en 2012, une situation de cohabitation dans une double élection serait d’un nouveau type, une troisième configuration : elle s’installerait en début de quinquennat. Cela voudrait dire que la légitimité du Président de la République serait aussi fraîche, donc aussi forte, que la légitimité de la majorité parlementaire nouvelle.

Rien n’empêcherait donc le Président François Hollande de suivre la troisième possibilité qui s’était offerte au Président François Mitterrand le soir du 16 mars 1986 : ni démission, ni nomination à Matignon du chef de la nouvelle majorité …mais plutôt, nomination d’un gouvernement minoritaire. L’aspect présidentiel du régime serait alors accentué.

Oui, rien n’empêcherait finalement François Hollande de reconduire Jean-Marc Ayrault à Matignon, même sans majorité parlementaire, et que la cohabitation ne se passe plus entre l’Élysée et Matignon mais plutôt entre Matignon et le Palais-Bourbon.


Politiquement difficile à défendre

J’imagine que cette situation (gouvernement minoritaire) serait politiquement difficile à tenir dans la durée. Elle pourrait néanmoins être défendable avec des objectifs précis de résolution de la crise du surendettement de l’État (l’objectif du déficit 0% en 2017 est défendu autant par le PS que par l’UMP et le MoDem).

Sous la IIIe République, elle n’a tenu que deux jours, entre le 8 et le 10 juin 1924. Alors que le Président de la République Alexandre Millerand avait fait ouvertement campagne pour les candidats du Bloc national (droite), en particulier lors de son discours à Évreux le 14 octobwre 1923, ce fut le bord opposé, le Cartel des gauches (radicaux et SFIO) qui, sous la direction d’Édouard Herriot, avait remporté les élections législatives des 11 et 25 mai 1924. Alexandre Millerand refusa de s’incliner et nomma à la tête du gouvernement français le Ministre des Finances du gouvernement sortant (dirigé par Raymond Poincaré), Frédéric François-Marsal. Finalement, Alexandre Millerand démissionna le 10 juin et Édouard Herriot fut nommé Président du Conseil le 15 juin 1924.


Des possibilités novatrices ?

La différence entre la Ve République et les précédentes, c’est que pour renverser le gouvernement, il ne suffit plus d’avoir une majorité contre, il faut aussi pouvoir rassembler une majorité pour une autre solution. Cela explique comment les gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy ont tenu sans majorité absolue, ce qui aurait été impossible sous la III e ou la IV e République.

Il y a aussi quelques outils utiles pour imposer le point de vue gouvernemental à une assemblée assez peu disposée à l’égard du pouvoir exécutif, comme l’article 49-3 (quoique son utilisation a été strictement limitée par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008).


Séparation des pouvoirs ou présidentialisation ?

Cette hypothèse d’un gouvernement minoritaire, que je ne souhaite pas, serait le meilleur moyen de renforcer la séparation des pouvoirs (exécutif et législatif) et surtout, un pas supplémentaire d’un processus d’américanisation des institutions qui a déjà commencé, à partir d’une forte bipolarisation du paysage politique, de l’institution du quinquennat, de la concordance entre les élection présidentielle et législatives, par la réforme du 23 juillet 2008 qui donne plus de pouvoir au Parlement, et enfin, par la nomination d’un seul Premier Ministre au cours du mandat présidentiel précédent.

Et qui peut aujourd’hui affirmer que, libérés du joug sarkozyste, quelques députés de centre droit, radicaux ou centristes, alliés traditionnels de l’UMP, ne verraient pas d’un bon œil l’utilité d’une (toujours) "bienveillante neutralité" pour éviter à tout prix une cohabitation qui handicaperait le pays en pleine tourmente financière ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (8 juin 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le quinquennat.
L’élection présidentielle.
François Hollande.
Jean-François Copé.
Gouvernement Ayrault I.
Programme du candidat Hollande (à télécharger).
Sondage encourageant pour le nouveau pouvoir (à télécharger).

yartiCoha03



http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/legislatives-2012-vers-la-118136

 




 

 

 

 

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 16:42

Raymond Depardon a tiré le portrait officiel du nouveau Président de la République. C’est tout nouveau et cela va rester pendant cinq ans.


blogHollandePortraitOfficiel20120529C’est tiré ! Le portrait officiel du septième Président de la Ve République, François Hollande, est désormais public ce lundi 4 juin 2012. Il arrive avec deux semaines de retard par rapport à son prédécesseur Nicolas Sarkozy.

Le portrait officiel est une photographie importante puisqu’elle va se retrouver dans toutes les mairies de France, et on sait que le pays en compte beaucoup, dans les trente-six mille six cent soixante-quatre communes de France, ainsi que dans toutes les institutions nationales, commissariats, écoles, préfectures, ambassades etc.

La séance de photographie a eu lieu dans la matinée du mardi 29 mai 2012 dans les jardins de l’Élysée et le cliché a été réalisé par Raymond Depardon (bientôt 70 ans) qui a été le premier réalisateur, en France, à avoir filmé un documentaire de campagne électorale, celle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, à la demande du candidat de l’époque, et le film n’a pu être diffusé, toujours à cause du devenu Président, qu’en février 2002. Il fut ensuite l’inspirateur des excellents documentaires politiques de Serge Moati (notamment dans les campagnes présidentielles depuis plusieurs décennies).

blogDepardonRaymond

François Hollande est sans doute, dans ce portrait officiel, le Président le moins pompeux et celui qui a le moins posé. Comme Jacques Chirac, photographié en mai 1995 par Bettina Rheims (42 ans à l’époque, une artiste du nu féminin), il a été pris dans les jardins mais avec un arrière-plan plus flou et confus, représentant son palais. Comme pour Jacques Chirac (et ses prédécesseurs), aucun drapeau n’est visible. Bettina Rheims a été un peu déçue par sa photo qui ne lui ressemblait pas beaucoup.

blogChiracPortraitOfficiel1995

Son prédécesseur direct, Nicolas Sarkozy, avait étonné lorsque son portrait officiel a été rendu public le 22 mai 2007. Réalisé dans l’après-midi du 21 mai 2007 par le photographe dit people Philippe Warrin (44 ans en 2007), très fier de son travail présidentiel, le portrait était très conventionnel, très classique pour un Président qui se plaisait à vouloir transgresser. En effet, le cliché le représentait debout dans la bibliothèque de l’Élysée, et la seule innovation correspondait au fait que deux drapeaux étaient placés à l’arrière-plan, le drapeau tricolore, bien sûr, et le drapeau européen.

blogSarkozyPortraitOfficiel20070521li

À part Nicolas Sarkozy, seul Valéry Giscard d’Estaing s’est fait, lui aussi, photographier devant un drapeau tricolore. Valéry Giscard d’Estaing a été probablement le plus novateur dans son portrait officiel en mai 1974. La première nouveauté qui sera conservée par tous ses prédécesseur, ce fut son habit. Il a définitivement abandonné l’habit de cérémonie avec le cordon rouge de Grand Maître de la Légion d’honneur pour garder un costume de ville simple. Mais une autre innovation qui ne sera reprise que par deux autres de ses prédécesseurs, c’est le fait de faire le portrait à l’extérieur du Palais. Réalisé par Jacques-Henri Lartigue (1894-1986), qui avait presque 80 ans à l’époque, le cliché a été raté, mal cadré sur le perron de l’Élysée, à tel point qu’il a fallu rajouter à la main le rouge du drapeau tricolore et le visage en trop gros plan. Lartigue, qui n’était pas un portraitiste, voulait avant tout saisir un mouvement dans la photo.

blogGiscarddEstaingPortraitOfficiel1974

Cette mésaventure a replacé François Mitterrand dans le plus grand classicisme des portraits officiels. Voulant toujours imiter le comportement de De Gaulle, François Mitterrand fut donc photographié en mai 1981 par Gisèle Freund (1908-2000), qui avait 72 ans à l’époque, dans la bibliothèque de l’Élysée. Les originalités majeures furent que le Président tenait dans ses mains un livre ouvert, le livre était, je crois, "Les Essais" de Montaigne, et qu’il n’était visible qu’en buste et pas en pieds.

blogMitterrandPortraitOfficiel1981

Les deux premiers Présidents de la Ve République, Charles De Gaulle (photographié en janvier 1959 par Jean-Marie Marcel qui l’avait déjà pris en photo en 1945 dans une pose décontractée, avec une cigarette aux lèvres) et Georges Pompidou (photographié par François Pagès, de "Paris Match"), avaient réalisé des portraits officiels très classiques dans la stricte continuité des deux Républiques précédentes depuis 1871, à l’instar de René Coty.

blogDeGaullePortraitOfficiel1959

À l’innovation près que les clichés étaient désormais en couleurs et que les Présidents ne portaient plus l’habit présidentiel officiel tout en portant toutefois les décorations officielles, au contraire de leurs successeurs.

blogPompidouPortraitOfficiel1969


Revenons au portrait officiel du nouveau Président François Hollande.

Il étonne par sa relative spontanéité. On a l’impression qu’il est pris en action, en train de marcher. Le cadrage est relativement mauvais, le fond n’est pas bien défini et surtout, aucune symétrie n’est décelée. Bien que de taille assez moyenne, François Hollande ne semble pas savoir quoi faire de ses deux mains qu’il installe parallèlement à ses jambes si bien qu’on pourrait croire qu’il va dégainer dans un duel de western, avec la musique d’Ennio Moricone. Son seul prédécesseur à avoir adopté la même atmosphère champêtre, Jacques Chirac, avait maladroitement résolu ce problème en mettant ses mains derrière le dos, ce qui faisait un peu le genre touriste qui se fait photographier devant un monument historique ou encore épicier posant devant son épicerie.

La grande étendue de verdure derrière lui paraît renforcer l’impression qu’il est désormais seul aux commandes, dans cette solitude voire cet isolement du pouvoir suprême. Peut-être que ce vert persistant est également un clin d’œil à ses remuants alliés gouvernementaux pour leur assurer qu’il entendait prendre en compte l’environnement dans son action et sa réflexion. La position à l’ombre des arbres, meilleure qu’en plein soleil pour le visage, donne également une impression de pique-nique dans les champs.

Au final, François Hollande ne s’est pas senti le besoin, comme Nicolas Sarkozy, de parfaire sa stature présidentielle en se mettant dans une position de Musée Grévin, avec la grande solennité des dorures élyséennes. Mais on pourrait cependant regretter l’absence de drapeaux national et européen, lui qui, pourtant, à tous ses nombreux meetings de campagne, pendant trois mois et demi, n’avait pas lésiné à reproduire sans cesse une tribune présidentielle avec ces étendards.

Ce choix de l’extérieur est clairement une attention portée à Jacques Chirac, qui fut, comme lui, député de Corrèze et président du conseil général de Corrèze. Bizarrement, les rivaux de juin 1981 (François Hollande s’était confronté à Jacques Chirac aux législatives) ont su, au fil de ces trois décennies, nourrir une estime réciproque à tel point que certains proches auraient affirmé que Jacques Chirac aurait voulu voter pour le nouveau Président.

À la vision de ce portrait, comme avec Jacques Chirac, le citoyen français a maintenant envie de dire à François Hollande, nouveau locataire pour un bail de cinq ans : bienvenu à l’Élysée !

Et maintenant, au boulot !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (4 juin 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Portrait officiel de François Hollande (29 mai 2012).
Portrait officiel de Nicolas Sarkozy (21 mai 2007).
François Hollande.
Nicolas Sarkozy.
Jacques Chirac.
François Mitterrand.
Valéry Giscard d’Estaing.
Georges Pompidou.
Charles De Gaulle.
René Coty.

blogHollandePortraitOfficiel20120529 


http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/portrait-officiel-francois-117940

 

 

 

 

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 04:56

Portrait officiel de François Hollande, Président de la République française (2012-2017).

blogHollandePortraitOfficiel20120529

La photographie a été réalisée dans le parc du Palais de l'Élysée le mardi 29 mai 2012 dans la matinée par Raymond Depardon. François Hollande a été pris dans la verdure comme Jacques Chirac (1995-2007), en simple costume de ville comme depuis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981), hors de la bibliothèque de l'Élysée (contrairement à tous ses autres prédécesseurs qui n'ont pas été cités).

SR

 

 

 

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