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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 19:50

« J’ai l’honneur d’avoir posé hier après-midi la toute dernière question au gouvernement de cette législature. Je suis heureuse de l’avoir posée sur la grande cause du quinquennat, l’égalité entre les femmes et les hommes, un combat qui nous a tous réunis ! » (Yaël Braun-Pivet, 23 février 2022 sur son site Internet).




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La députée Renaissance de la 5e circonscription des Yvelines (Le Vésinet dont elle est conseillère municipale depuis 2020, Maisons-Laffitte, Sartrouville, etc.) Yaël Braun-Pivet a été élu Présidente de l’Assemblée Nationale ce mardi 28 juin 2022 vers 16h. Cela pourrait avoir l’air anodin en 2022 mais il faut quand même préciser que cette élection est (malheureusement) historique puisque c’est la première fois de toute l’histoire de la République française qu’une femme est élue Présidente de l’Assemblée Nationale et plus généralement, présidente d’une chambre parlementaire.

Le choix de Yaël Braun-Pivet s’est fait en deux étapes. La première étape fut la désignation du candidat unique des groupes de la majorité présidentielle Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons) et elle avait un sérieux adversaire, également président sortant de commission (des Affaires économiques), avec Roland Lescure qui, au premier tour a recueilli 67 voix sur 206 tandis que Yaël Braun-Pivet seulement 87. Les autres candidats furent l’ancien ministre radical Joël Giraud avec 27 voix, l’ancienne ministre écologiste Barbara Pompili 20 voix et Sophie Errante 4 voix. À noter que le MoDem n’avait pas présenté de candidat (au contraire du 12 septembre 2018 où Marc Fesneau avait réuni un nombre non négligeable de voix face à Richard Ferrand) et que l’ancien ministre UMP Éric Woerth avait finalement renoncé à maintenir sa candidature. Au second tour, toujours 20 voix ont séparé les deux finalistes, Yaël Braun-Pivet vainqueure avec 105 voix contre 85 à Roland Lescure.

La seconde étape, c'est l'élection elle-même. Au premier tour dont les résultats ont été annoncés vers 17 heures 15, Yaël Braun-Pivet n'a pas réuni une majorité absolue de suffrages, seulement 238 voix sur 553 exprimés (soit 43,0%). Elle avait face à elle Sébastien Chenu, candidat du RN, qui a eu 90 voix, Annie Genevard (ancienne vice-présidente), candidate de LR, 61 voix, Fatiha Keloua-Hachi, candidate PS-Nupes, 146 voix, et Nathalie Bassire, candidate du groupe LIOT (groupe centriste technique d'opposition), 18 voix. La surprise a été le retrait de la candidature de Sébastien Chenu (RN) pour le second tour. Ce retrait a engendré 88 abstentions supplémentaires par rapport au premier tour, ce qui a déplacé la barre de la majorité absolue de 277 à 232 et a permis l'élection au second tour de Yaël Braun-Pivet avec 242 voix sur 462 (soit 52,4%), contre 144 voix à Fatiha Keloua-Hachi, 60 voix à Annie Genevard et 16 à Nathalie Bassire.

C'est donc une grosse surprise, positive pour la majorité présidentielle, qui a franchi le premier vote avec brio, dès le second tour à la majorité absolue alors qu'avait été annoncé un troisième tour où l'élection a lieu à la majorité relative. Ce scrutin est en effet le premier de cette législature, et est un marqueur dans la mesure où il n’existe aucune majorité absolue certaine. Le vote de confiance après la déclaration de politique générale reviendrait donc dans les hypothèses envisageables si le gouvernement pouvait convaincre 83 députés qui ne sont pas dans la majorité de s'abstenir (les 12 ministres élus députés n'ont pas le droit de prendre part au vote). L'élément marquant de cette première élection est en tout cas la démonstration de force du groupe RN (89 membres) mais aussi son esprit de responsabilité, en évitant un troisième tour.

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Avec cette élection, la XVIe législature promet ainsi d’être féminisée, même si la proportion des femmes députées a diminué par rapport à la précédente législature entre 2017 et 2022 (37,3% au lieu de 38,7%), notamment en raison de la position qu’occupent aujourd’hui trois femmes : Élisabeth Borne à Matignon, Yaël Braun-Pivet à l’Hôtel de Lassay (résidence de la Présidente de l’Assemblée Nationale) et Aurore Bergé, élue présidente du groupe Renaissance le 22 juin 2022 (dès le premier tour avec 88 voix sur 175), le plus important groupe de l’Assemblée Nationale (et à ce titre, c’est aussi une première pour une femme). Évidemment, il reste que la Première Ministre doit durer comme ses prédécesseurs hommes pour normaliser la fonction avec une femme, car si d’aventure, elle n’était pas maintenue au moins deux ans (la durée moyenne est entre deux et trois ans), ce serait encore une Première Ministre éphémère, comme Édith Cresson.

Il est vrai que Yaël Braun-Pivet, pour être la première femme au perchoir, n’est pourtant pas une femme politique majeure, elle n’est pas parmi les "poids lourds" de la vie nationale, comme peuvent ou pouvaient l’être des femmes comme Ségolène Royal (je pense à elle qui convoitait ce poste en juin 2012 mais qui a raté son élection dans la circonscription où elle s’était parachutée), Marine Le Pen (comme la précédente, elle est arrivée au second tour d’une élection présidentielle, et même deux fois), Christiane Taubira, Martine Aubry, Simone Veil, Michèle Alliot-Marie (première femme présidente d’une grand parti gouvernemental et recordwoman de longévité dans les ministères régaliens), Édith Cresson (première femme à Matignon), etc. En revanche, elle était la femme de la situation, profitant de l’échec électoral de Richard Ferrand qui, s’il avait été réélu dans sa circonscription, aurait probablement souhaité renouveler son bail au perchoir.

Certes, c’est désolant qu’encore en 2022, on puisse "s’extasier" par le fait qu’une femme soit élue au perchoir et il faut aussi insister sur ce point : si Yaël Braun-Pivet a été choisie puis élue, ce n’est pas parce qu’elle était une femme (il y en a plein d’autres dans l’hémicycle) mais parce qu’elle avait toutes les qualités pour présider l’Assemblée. En effet, pendant cinq ans, elle a présidé la très importante commission des lois de l’Assemblée Nationale (à ce titre, elle a présidé la mission parlementaire sur l’affaire Benalla) et a pris en charge des textes très importants (moralisation de la vie politique, réformes des institutions, etc.). À ce titre, elle a donc été déjà la première femme à accéder à la présidence de la commission des lois et la deuxième femme à accéder à la présidence d’une commission en général, après Catherine Tasca qui, elle, avait été auparavant ministre.

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Née à Nancy il y a 51 ans et demi, Yaël Braun-Pivet est une descendante de « l’immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes » dans les années 1930 pour fuir les folies hitlériennes. Avocate à Paris, elle a suivi son mari et s’est expatriée en Asie et en Europe dans les années 2000, puis elle s’est lancée dans la création d’une startup et s’est investie dans l’action bénévole (notamment en proposant des consultations juridiques gratuites et en gérant de restos du cœur, etc.).

À partir des années 2000, elle a milité au sein du parti socialiste et fut séduite par le positionnement du candidat Emmanuel Macron. Le 18 juin 2017, elle fut élue députée avec 59,0% des voix en battant un vieux routier de la politique, Jacques Myard (LR). Et le 29 juin 2017, elle fut élue présidente de la commission des lois face au radical de gauche Alain Tourret. Si son élection a été favorisée par cette volonté de parité dans les présidences de commission, elle n’a été soutenue par personne (notamment, pas par Emmanuel Macron) et c’est d’ailleurs inédit de voir un député novice (nouvellement élu) bombardé à la tête de la plus puissante des commissions.

Déjà en septembre 2018, Yaël Braun-Pivet voulait se présenter au perchoir pour la succession de François de Rugy nommé au gouvernement, mais elle aurait reçu d’amicales pressions de la part de proches de Richard Ferrand pour y renoncer. Elle fut ensuite réélue laborieusement à la tête de la commission des lois le 24 juillet 2019 (sérieusement concurrencée par Laetitia Avia, on lui reprochait sa gestion de l’affaire Benalla qui faisait trop apparaître une commission soumise à l’Élysée).

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Après sa réélection le 19 juin 2022 avec 64,6% des voix, Yaël Braun-Pivet a été nommée brièvement Ministre des Outre-mer dans le gouvernement d’Élisabeth Borne du 20 mai 2022 au 25 juin 2022, date à laquelle elle a démissionné pour se consacrer à son élection au perchoir. Le Président du Sénat Gérard Larcher a déjà affirmé qu’il avait beaucoup de respect pour elle.

Les Présidents des deux chambres font partie du petit groupe des quatre principaux personnages de l’État avec le Président de la République et le Premier Ministre : en 2022, il y a enfin la parfaite parité parmi ceux-ci. Mais bien sûr, d’autres voient encore une absence dans la conquête des femmes aux responsabilités politiques : la magistrature suprême, l’Élysée !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 juin 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Yaël Braun-Pivet.
Richard Ferrand.
Il faut une femme au perchoir !
François de Rugy.
Claude Bartolone.
Patrick Ollier.
Jean-Louis Debré.
Raymond Forni.
Laurent Fabius.
Philippe Séguin.
Henri Emmanuelli.
Louis Mermaz.
Jacques Chaban-Delmas.
Edgar Faure.
Édouard Herriot.
Vincent Auriol.
Paul Painlevé.
Léon Gambetta.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220628-yael-braun-pivet.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/yael-braun-pivet-une-femme-au-242455

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/06/27/39535957.html







 

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20 mai 2022 5 20 /05 /mai /2022 16:49

« Ce choix souverain m’oblige car c’est bien le peuple français, celui qui désigne ses représentants et en particulier le Président de la République, qui m’investit de ce mandat en ce jour. Oui, le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève, commencé le 14 mai 2017. Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un Président nouveau un mandat nouveau. Le temps qui s’ouvre sera celui d’une action résolue pour la France et pour l’Europe. » (Emmanuel Macron, le 7 mai 2022 au Palais de l’Élysée).



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À force d’attendre, on aurait pu oublier que la France n’avait plus de gouvernement depuis le 16 mai 2022. Le Président Emmanuel Macron a sans doute battu le record de durée de réflexion pour nommer un nouveau gouvernement. Il a été réélu le 24 avril 2022 à 20 heures, le nouveau gouvernement a été nommé ce vendredi 20 mai 2022 à 16 heures 30, près d’un mois plus tard. Pourtant, quand on est candidat à l’élection présidentielle, a fortiori quand on en est le favori, on doit avoir une petite idée de son futur gouvernement.

Peut-être aussi qu’il y a une part de calculs : plus tard est nommé le nouveau gouvernement, plus courte est la campagne des élections législatives des 12 et 19 juin 2022. Mais après tout, le nouveau quinquennat a démarré seulement ce 14 mai 2022, il y a moins d’une semaine.

Le premier exercice a d’abord été de trouver un nouveau Premier Ministre : l’éviction de Jean Castex était une nécessité pour promettre un nouvel élan plus social, et aussi pour enfin nommer à nouveau une femme à Matignon. La recherche a été laborieuse, parce qu’Emmanuel Macron aurait voulu faire au PS ce qu’il avait fait à LR en 2017 avec Édouard Philippe en débauchant une pointure mais encore sans existence politique propre. Il aurait pu choisir à droite Nathalie Kosciusko-Morizet, à gauche Marisol Touraine (très chaleureusement saluée lors de la seconde investiture présidentielle à l’Élysée), et le choix porté sur Valérie Rabault (qui a refusé) donnait une idée du profil (solide, pas connue, de gauche, et bien sûr, une femme).

Faute d’avoir abouti, Emmanuel Macron s’est replié sur une valeur sûre, excellente technicienne, capable d’autorité et de décision, expérimentée au gouvernement (cinq ans déjà) et connaissant bien le milieu politique, Élisabeth Borne. Il lui manquait de sourire, d’être affable (ce que Jean Castex sait être), mais elle semble apprendre vite et son premier déplacement aux Mureaux le 19 mai 2022, sur la place des femmes dans la société, montre à l’évidence qu’elle pourra surprendre les Français à Matignon, et c’est tant mieux.

La nomination d’Élisabeth Borne à Matignon peut d’ailleurs être perçue comme la réussite d’une ancienne candidate à l’élection présidentielle, à savoir Ségolène Royal qui l’avait choisie comme directrice de cabinet lorsqu’elle était Ministre de l’Écologie. Matignon dont aurait eu fort envie Ségolène Royal pour elle-même. L’amertume l’emportera certainement sur la fierté. C’était la dernière occasion pour elle d’être encore ministre, cela fait depuis 2016 qu’elle reluquait le Quai d’Orsay et visiblement, elle attendra encore.

Le choix d’attendre le 20 mai 2022 pour rendre publique la composition du gouvernement qui, a priori, démissionnera à l’issue des élections législatives dans un mois (c’est cher payé un mois de réflexion pour un mois d’existence !), est en tout cas très habile politiquement, que ce soit par hasard ou calculé, car à 18 heures ce vendredi 20 mai 2022, c’est la fermeture des dépôts de candidature pour les élections législatives.

Ainsi, certains candidats (en particulier de LR) se demandaient quelle étiquette revendiquer pour se présenter, selon qu’ils seront retenus ou pas dans le nouveau gouvernement. L’exemple se porte ainsi sur Damien Abad, influent président du groupe LR à l’Assemblée Nationale, qui, après une demande pressante et publique de Christian Jacob, le président de LR, a démissionné de son poste et s’est mis en congé de LR le 19 mai 2022. Son absence du gouvernement aurait donc été assez incompréhensible.

Il faut reconnaître que le choix des ministres est beaucoup plus compliqué que dans les temps moyennement anciens. Ainsi, au-delà de l’étiquette politique (toutes les composantes de la majorité doivent être servies), au-delà des compétences, au-delà des origines géographiques (la France des territoires doit être complètement représentée, y compris en Outre-mer), il faut bien sûr assurer la parité homme-femme (devenue une absolue nécessité) et aussi, il faut vérifier que la fonction de ministre soit compatible avec le CV de la personne pressentie, en particulier en relation avec la déontologie, les conflits d’intérêts, et pire encore, les éventuelles casseroles (affaires judiciaires sorties ou qui vont sortir).

C’est cette dernière phase qui est très difficile et longue, et si elle est bâclée, il est possible de devoir renvoyer un ministre au bout de quelques jours ou semaines (cela s’était déjà passé sous François Hollande avec un rétif aux contraintes administratives qui ne payait pas ses impôts, il me semble). Et tout cela sans compter avec les imprévus de dernières minutes, un pressenti qui finalement renonce et qui provoque une chaîne de complication en déséquilibrant tout l’édifice. Ceux qui ont déjà eu à faire le plan de table à un mariage peuvent avoir une idée de l’exercice !

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Dans l’ensemble, cette composition (qu’on peut lire ici) est du "changement dans la continuité". Il y a 28 membres, dont 17 ministres, 6 ministres délégués et 4 secrétaires d’État. Le premier conseil des ministres se réunira le lundi 23 mai 2022 à 10 heures. Cette semaine qui va se terminer n’aura donc pas eu de conseil ministre, ce qui est très rare hors des périodes de vacances.

Parmi les départs, il y a Jean-Yves Le Drian, Barbara Pompili, Jean-Michel Blanquer, Florence Parly, Roselyne Bachelot, Annick Girardin, Frédérique Vidal, Julien Denormandie, Emmanuelle Wargon, Jean-Baptiste Djebbari, Roxana Marcineanu, Geneviève Darrieussecq, Marlène Schiappa, Brigitte Klinkert, Sophie Cluzel, Jean-Baptiste Lemoyne, Bérangère Abba, Sarah El Haïry, Cédric O, Laurent Pietraszewski et Adrien Taquet. Certains sont volontaires (Jean-Yves Le Drian, Julien Denormandie), d’autres "moins volontaires". Et certains départs envisagés n’ont finalement pas eu lieu, comme Éric Dupond-Moretti qui a réussi à se maintenir et même à monter dans l’ordre protocolaire (son maintien est d’ailleurs une petite surprise). Notons au passage que Jean-Yves Le Drian est resté dix ans sans discontinuité au gouvernement à deux postes régaliens, Défense puis Affaires étrangères. En ce sens, il a surpassé Michèle Alliot-Marie.

Parmi les autres "maintenus", le plus puissant est Bruno Le Maire, devenu numéro deux du gouvernement, au Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Michel Houellebecq avait donc raison dans son dernier roman (le ministre y durait deux quinquennats). De même, c’était attendu, Gérald Darmanin reste à l’Intérieur avec la place de numéro trois du gouvernement. Clément Beaune est promu Ministre délégué chargé des Affaires étrangères. Franck Riester ne change pas au Commerce extérieur et à l’Attractivité.

Plusieurs ministres sortants restent au gouvernement avec des portefeuilles différents. Les grands promus sont : Amélie de Montchalin à la Transition écologique et à la Cohésion des territoires, Sébastien Lecornu qui accède à 35 ans au Ministère des Armées, Brigitte Bourguignon à la Santé et à la Prévention, Olivier Dussopt, issu du parti socialiste (il a été élu député PS et pas LREM en juin 2017), au crucial Ministère du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion, Marc Fesneau (MoDem) à l’Agriculture et à la Souveraineté alimentaire, et Agnès Pannier-Runacher à la Transition énergétique.

De plus, Gabriel Attal est nommé Ministre délégué aux Comptes publics (c’est-à-dire le Budget), un poste essentiel, ce qui, à 33 ans, est gage de grand avenir politique. Il est remplacé comme porte-parole du gouvernement, avec le titre de secrétaire d’État, par Olivia Grégoire au franc-parler réputé, beaucoup moins lisse que Gabriel Attal.

Le plus étonnant est le cas du Ministre sortant de la Santé et des Solidarités Olivier Véran qui n’avait pourtant pas démérité à tenir à bout de bras la gestion de la crise sanitaire pendant plus de deux ans et qui se retrouve rétrogradé au rang de Ministre délégué, chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie citoyenne, un poste beaucoup plus politique qui pourrait lui ouvrir ensuite d’autres perspectives (l’Intérieur ou la Justice, par exemple).

Dans les arrivées, presque aucun ancien ministre (à l’exception de Catherine Colonna) ne redevient ministre, c’est à noter car beaucoup "d’ex" pouvaient espérer des retours en grâce (comme ce fut le cas de Roselyne Bachelot en 2020), mais Emmanuel Macron a préféré un plus profond renouvellement de l’équipe gouvernementale. Exit donc les supputations sur Manuel Valls, sur Éric Woerth ou sur Jean-Pierre Raffarin, pour ne prendre que ces exemples.

Voici les principales entrées, selon l’ordre protocolaire. La nomination de Catherine Colonna à l’Europe et aux Affaires étrangères, qui est actuellement ambassadrice à Londres et qui était ancienne ministre de Jacques Chirac (une très fidèle de ce dernier, ancienne collaboratrice), va sans doute rassurer les diplomates qui étaient en opposition avec le gouvernement dans la réforme administrative au sein de leur ministère. La plus grosse surprise semble être l’historien Pap Ndiaye au Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Normalien, agrégé d’histoire, docteur et professeur à l’IEP Paris, il est également le directeur général du Musée de l’Histoire de l’immigration. J’aurai certainement plusieurs occasions de revenir sur la trajectoire et les idées de Pap Ndiaye dont les travaux sur l’histoire sociale des États-Unis et des minorités sont remarquables.

En revanche, la venue de Damien Abad était attendue, il reçoit le portefeuille des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Le secrétaire général de LREM, Stanislas Guérini fait son entrée au gouvernement par la grande porte comme Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, tout comme Rima Abdul Malak, conseillère culture à l’Élysée, au Ministère de la Culture. Yaël Braun-Pivet, actuelle présidente de la commission des Lois à l’Assemblée Nationale, fait partie aussi de l’équipe gouvernementale, comme attendue, et son portefeuille est les Outre-mer. Le maire d’Angers, ancien sénateur LR, Christophe Béchu, actuel secrétaire général de Horizons et proche de l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe, considéré depuis longtemps au sein de LR comme jeune espoir, fait également son entré au gouvernement comme Ministre délégué chargé des Collectivités territoriales.

Malgré la promotion de quelques ministres issus de gauche, comme Olivier Dussopt, la part des ministres issus de la droite est très importante en contrôlant des ministères clefs : les Finances, l’Intérieur, les Affaires étrangères, les Armées, etc. Malgré quelques nominations d’anciens hauts fonctionnaires ou personnalités dites de la "société civile" (je n’aime pas ce terme), ce gouvernement a l’air beaucoup plus politique que le premier gouvernement du premier quinquennat, malgré l’absence de grands poids lourds (Gérard Collomb, François Bayrou, etc.). On peut en effet citer : Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Olivier Dussopt, Damien Abad, Marc Fesneau, Stanislas Guérini, Olivier Véran, Gabriel Attal, Christophe Béchu, Franck Riester et Olivia Grégroire, entre autres, sont des personnalités très politisées qui sont déjà bien introduites dans le monde médiatique et politique.

En conclusion, la composition du nouveau gouvernement Borne I n’est pas un exemple exceptionnel d’innovation en politique, elle montre un renouvellement plutôt classique des ministères (à noter que Jean-Michel Blanquer, en restant cinq ans, a probablement battu un record de longévité au Ministère de l’Éducation nationale, du moins depuis 1958 mais sauf erreur de ma part, je pense que c’est le cas aussi toutes républiques confondues). On y comprend dans les intentions une prise en compte du social, de l’insertion, de l’autonomie. La vraie surprise, comme indiquée plus haut, est Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, je pense que cela préfigure des changements importants dans la manière de voir l’école de demain, mais je suis pour l’instant incapable d’en donner le sens à moyen et long termes.

La vraie question est celle-ci : ce gouvernement sera-t-il un gouvernement de combat pour mener la majorité présidentielle à la victoire aux élections législatives ? Car il ne faut pas se tromper, ce sera son principal boulot. Un autre gouvernement sera nommé à l’issue des législatives…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mai 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (53) : la composition sans beaucoup de surprises du premier gouvernement d’Élisabeth Borne.
Composition du gouvernement Élisabeth Borne I du 20 mai 2022 (liste officielle).
Élysée 2022 (52) : Élisabeth Borne succède à Jean Castex à Matignon.
Élisabeth Borne.
L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 9 mai 2022 au Parlement Européen à Strasbourg (vidéo et texte intégral).
Élysée 2022 (51) : le serment d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 7 mai 2022 au Palais de l’Élysée à Paris (vidéo et texte intégral).
Élysée 2022 (50) : Macron II succède à Macron I.
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
Élysée 2022 (48) : qui sera le prochain Premier Ministre d’Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (47) : la victoire historique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron réélu Président de la République le 24 avril 2022.
Discours du Président Macron le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris (texte intégral et vidéo).
Interview d’Emmanuel Macron le 22 avril 2022 sur France Inter.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220520-gouvernement-borne-i.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-53-la-composition-sans-241702

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/05/20/39484991.html









 

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20 mai 2022 5 20 /05 /mai /2022 15:32

(verbatim)


Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220520-gouvernement-borne-i.html


Élisabeth Borne a été nommée Première Ministre le lundi 16 mai 2022 à 18h00 en remplacement de Jean Castex. La composition de son premier gouvernement a été rendue publique le vendredi 20 mai 2022 à 16 heures 30.










COMPOSITION DU GOUVERNEMENT ÉLISABETH BORNE I


Sur la proposition de la Première ministre, chargée de la Planification écologique et énergétique, le Président de la République a nommé :

    M. Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ;
    M. Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur ;
    Mme Catherine COLONNA, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
    M. Éric DUPOND-MORETTI, Garde des Sceaux, ministre de la Justice ;
    Mme Amélie de MONTCHALIN, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;
    M. Pap NDIAYE, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse ;
    M. Sébastien LECORNU, ministre des Armées ;
    Mme Brigitte BOURGUIGNON, ministre de la Santé et de la Prévention ;
    M. Olivier DUSSOPT, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion ;
    M. Damien ABAD, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;
    Mme Sylvie RETAILLEAU, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;
    M. Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;
    M. Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;
    Mme Yaël BRAUN-PIVET, ministre des Outre-mer ;
    Mme Rima ABDUL-MALAK, ministre de la Culture ;
    Mme Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique ;
   Mme Amélie OUDÉA-CASTÉRA, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Sont nommés ministres délégués :
Auprès de la Première ministre :

    M. Olivier VÉRAN, chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie démocratique ;
   Mme Isabelle ROME, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances ;

Auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique :

    M. Gabriel ATTAL, chargé des Comptes publics ;

Auprès du ministre de l’Intérieur et de la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :

    M. Christophe BECHU, chargé des Collectivités territoriales ;

Auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

    M. Franck RIESTER, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité ;
    M. Clément BEAUNE, chargé de l’Europe.

Sont nommées secrétaires d’Etat :
Auprès de la Première ministre :

    Mme Olivia GRÉGOIRE, porte-parole du Gouvernement ;
    Mme Justine BENIN, chargée de la Mer ;
    Mme Charlotte CAUBEL, chargée de l’Enfance ;

Auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

    Mme Chrysoula ZACHAROPOULOU, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux.

Le Président de la République réunira le Conseil des ministres, avec l’ensemble des membres du Gouvernement lundi 23 mai à 10h00.

Source : www.elysee.fr

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220520-composition-gouvernement-borne-i.html


 

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16 mai 2022 1 16 /05 /mai /2022 18:18

« La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » (Françoise Giroud, "Le Monde" du 11 mars 1983).




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On est encore loin de l’égalité entre l’homme et la femme si l’on en croit Françoise Giroud il y a près de quarante ans. Car à l’évidence, Élisabeth Borne, qui vient d’être nommée Première Ministre par le Président Emmanuel Macron ce lundi 16 mai 2022 quelques minutes après la démission de Jean Castex, est loin d’être incompétente, au contraire, elle est supercompétente.

Et c’est finalement peut-être cela qui gêne. Car la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon révèle deux points importants, plus le troisième qui est la durée de cette nomination. Il aura fallu trois semaines pour choisir définitivement cette Première Ministre d’exception, la première pressentie avant de nombreuses autres (dont Valérie Rabault, Valérie Létard, Catherine Vautrin, Marisol Touraine, etc.), et finalement, le Président de la République en est revenu au premier choix.

La première caractéristique est que le nouveau Premier Ministre est une femme. Ce n’est pas la première fois, certes, car avant elle, il y a trente et un ans, Édith Cresson a été nommée à Matignon par François Mitterrand. Mais elle n’a pas été nommée au début d’un mandat présidentiel ; elle l’a été comme si c’était un coup politique du Sphinx, après "le plus jeune Premier Ministre apporté à la France" (Laurent Fabius en 1984), voici "la première femme". Et son tempérament, sa voix aussi, ses idées parfois à l’emporte-pièce (les délocalisations des organismes d’État, en particulier de l’ENA à Strasbourg), qui n’étaient pas forcément injustifiées et même avant-gardistes, tout a concouru à faire de cette mission de courte durée (elle fut longtemps la plus brève personne à occuper le poste, avant Bernard Cazeneuve), un véritable calvaire gangrenée par la misogynie des éléphants du parti socialiste, en particulier du numéro deux du gouvernement, Pierre Bérégovoy, le Ministre de l’Économie et des Finances, qui considérait que Matignon aurait dû lui revenir.

Dans son discours de passation des pouvoirs, Élisabeth Borne a dédié sa nomination à « toutes les petites filles », elle a dit merci à Jean Castex et surtout, elle a eu une petite pensée pour Édith Cresson qui l’a remerciée en retour et a salué le courage dont elle devra faire preuve. Heureusement, la société a bien changé. Et si Édith Cresson s’est réjouie de la nomination d’Élisabeth Borne, ce n’était pas spécifiquement pour son sexe, le fait d’être une femme, mais avant tout pour ses qualités, ses compétences, son expérience et son positionnement politique.

La société a beaucoup changé et parmi les attentes des Français sur le nouveau Premier Ministre, il y avait pour les trois quarts des sondés le fait qu’elle soit une femme. C’est souvent la dernière marche des escaliers du pouvoir qui manque aux femmes. Il y a par exemple la parité dans les conseils municipaux, mais il y a encore un énorme déséquilibre parmi les maires. On pourrait même espérer une future Présidente de l’Assemblée Nationale dans quelques semaines, si Richard Ferrand ne s’accrochait pas trop au perchoir (!).

La vraie preuve que la société politique a changé, c’est qu’en trente ans, tous les grands ministères ont déjà été occupés par une femme, tant les sociaux que les régaliens : Économie et Finance, Recherche, Industrie, Justice, Affaire étrangères, Intérieur, Défense (ou Armées), Éducation nationale, Santé, Culture, Affaires sociales, Travail, Agriculture, Affaires européennes, Budget, Fonction publique, Transports, Sports, Logement, Écologie, etc.

De même, la plupart des grands partis ont déjà été dirigés par une femme, en particulier le RPR (Michèle Alliot-Marie), le PS (Martine Aubry), le FN/RN (Marine Le Pen), le PCF (Marie-George Buffet), etc. Enfin, à l’élection présidentielle, deux femmes ont déjà été présentes trois fois au second tour avec donc la possibilité d’être élues, Ségolène Royal en 2007 et Marine Le Pen en 2017 et en 2022. De plus, les deux (anciens) grands partis gouvernementaux depuis soixante ans ont présenté en 2022 une femme comme représentante, Valérie Pécresse pour LR/UDI et Anne Hidalgo pour le PS.

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L’autre point qui se révèle par cette nomination est l’aspect politique et institutionnel. Élisabeth Borne coche toutes les cases (compétence, expérience, centre gauche, rigueur, ténacité, combativité, etc.), sauf une, certains diraient le charisme mais je ne pense pas que ce soit le cas (les critiques sur ce sujet contre Valérie Pécresse lors de son meeting du 13 février 2022 étaient, me semble-t-il, totalement injustifiées). Ce qui lui manque simplement, c’est d’être un poids lourd politique, et on peut peser politiquement sans forcément être très charismatique (c’est courant de nos jours).

Or, c’est étonnant de nommer celle qui devrait mener la majorité présidentielle dans la campagne des élections législatives, alors que toutes les investitures, à quelques exceptions près, ont déjà été attribuées en dehors d’elle. Cela ne s’improvise pas de peser politiquement. Emmanuel Macron semble vouloir préférer de hauts commis de l’État comme Jean Castex à de grands politiques comme Édouard Philippe. La distinction est ténue car la fonction crée l’organe : dans le passé, on a vu de grands commis de l’État devenir des politiques de premier plan. Georges Pompidou, Raymond Barre, Édouard Balladur en furent.

Il est donc faux de dire qu’il y a une dérive des institutions : De Gaulle a nommé Georges Pompidou totalement inconnu du grand public, de même que Valéry Giscard d’Estaing a nommé Raymond Barre, et tous se sont transformés en d’authentiques grands politiques. Même Jean-Pierre Raffarin, dont la notoriété était très faible, avait déjà résolu le problème peu avant sa nomination à Matignon en mai 2002 en répondant que le problème ne se poserait plus à sa nomination !

Mais il est vrai que la notoriété d’Élisabeth Borne est probablement très faible. À 61 ans, elle accède à un au-delà très rare, même pour les hommes. Polytechnicienne, ingénieure générale des ponts et chaussées, diplômée d’un MBA, elle a été membre du cabinet de Lionel Jospin à Matignon en 1997, directrice de la stratégie de la SNCF en 2002, directrice générale de l’urbanisme de la ville de Paris sous Bertrand Delanoë en 2008, préfète du Poitou-Charentes en 2013 puis directrice de cabinet de Ségolène Royal au Ministère de l’Écologie en 2014 avant de présider aux destinées de la RATP en 2015.

Elle était donc dircab de Ségolène Royal quand Alexis Kohler était dircab d’Emmanuel Macron à Bercy. Pas étonnant que l’actuel Secrétaire Général de l’Élysée a appuyé sa nomination, eux qui se connaissaient bien et interagissaient déjà au gouvernement.

De sensibilité socialiste, elle est avant tout macroniste depuis 2017 et son entrée au gouvernement à des postes stratégiques : Ministre chargée des Transports du 17 mai 2017 au 16 juillet 2019, puis Ministre de la Transition écologique et solidaire du 16 juillet 2019 au 6 juillet 2020, puis Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion du 6 juillet 2020 au 16 mai 2022. Même si ce n’est plus rare, cinq ans sans discontinuité au gouvernement reste une longévité remarquable. Elle a été préférée à des personnalités issues de la droite (Catherine Vautrin) ou de la gauche (Marisol Touraine, Audrey Azoulay, etc.). La tradition présidentielle est donc respectée, ce qui n’avait pas été le cas en 2017 quand Matignon a été confié à un responsable d’un parti opposant.

Parmi les réactions politiques, la plus négative et la plus humoristique (car c’est bien de l’humour), celle de Jean-Luc Mélenchon. Avant la nomination formelle, il a tweeté : « Grande tension avant la nomination de mon prédécesseur. Sera-t-elle de droite ou bien de droite ? Personne ne veut le job. C’est un CDD de mission d’intérim. ». L’humour, c’est bien sûr de croire qu’il sera nommé Premier Ministre lui-même en juin 2022 et d’appeler ainsi Élisabeth Borne son prédécesseur ! En revanche, le chef de FI et de la NUPES a la mémoire un peu courte car lorsqu’il était ministre de Lionel Jospin, Élisabeth Borne était l’un des collaborateurs du Premier Ministre et faisait donc partie de la gauche socialiste exactement comme lui.

Après la nomination, Jean-Luc Mélenchon s’est contenté, ridiculement, d’attaquer celle « parmi les figures les plus dures de la maltraitance sociale » : « Sa nomination commence dès les premiers instants par une tentative de tromperie, madame Borne serait une femme de gauche (…) [mais] nous ne lui accordons pas ce label ». Mais en quoi Monsieur Mélenchon est-il habilité à délivrer des brevets de gauche ? (à titre personnel, je précise que je m’en moque car je ne suis pas de gauche).

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Et Jean Castex, va-t-on le regretter ? Pour l’heure, il est heureux de retrouver du temps libre : « Je vais retourner dans mes Pyrénées (…). Il faut que je repeigne mes volets et ma rambarde qui ont pris un coup pendant deux ans. ». Jean-Luc Mélenchon, deux jours auparavant, avait déjà pressenti le décalage dans "Le Monde" : « J’adore le numéro qu’il fait. Il se fait passer pour un plouc de province, alors que c’est un technocrate de haut vol. C’est comme ça qu’il roule tout le monde. ». Se trompe-t-il ? En tout cas, Élisabeth Borne semble à cet égard un peu plus transparente…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 mai 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élisabeth Borne.
L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 9 mai 2022 au Parlement Européen à Strasbourg (vidéo et texte intégral).
Élysée 2022 (51) : le serment d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 7 mai 2022 au Palais de l’Élysée à Paris (vidéo et texte intégral).
Élysée 2022 (50) : Macron II succède à Macron I.
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
Élysée 2022 (48) : qui sera le prochain Premier Ministre d’Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (47) : la victoire historique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron réélu Président de la République le 24 avril 2022.
Discours du Président Macron le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris (texte intégral et vidéo).
Interview d’Emmanuel Macron le 22 avril 2022 sur France Inter.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220516-elisabeth-borne.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-52-elisabeth-borne-241587

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/05/16/39479587.html










 

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8 mai 2022 7 08 /05 /mai /2022 03:32

« De la confiance accordée par le peuple français, je me sais redevable. Cette confiance toujours fragile, chaque matin remise en cause, est le socle de notre régime de liberté. Chaque jour du mandat qui s’ouvre, je n’aurai qu’une boussole : servir. (…) Servir nos enfants et notre jeunesse (…) à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable et une France plus vivante et plus forte. » (Emmanuel Macron, le 7 mai 2022 à Paris).




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C’est probablement la caractéristique de tous les candidats qui ont été élus Présidents de la République, celle d’avoir d’une méga-ambition à la limite de la mégalomanie, a fortiori quand ils sont réélus : vouloir une planète plus vivable quand on ne maîtrise (et encore !) qu’un pays responsable d’à peine 1% de sa destruction, c’est très osé, surtout que le dernier rapport du GIEC explique que la France est déjà parmi les pays les moins polluants (grâce à sa politique nucléaire). Emmanuel Macron a ainsi été investi une nouvelle fois Président de la République ce samedi 7 mai 2022 à 11 heures au Palais de l’Élysée, à Paris, au milieu de plusieurs centaines d’invités et de corps constitués.

Parmi les invités, on a pu voir les deux anciens Présidents encore en vie, Nicolas Sarkozy et François Hollande, des anciens Premiers Ministres, notamment Laurent Fabius, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Édouard Philippe et Manuel Valls, des anciens ministres comme Éric Woerth, Christian Estrosi, Pierre Moscovici, Marisol Touraine et Jack Lang, des politiques mais aussi des artistes, Guillaume Gallienne et François Cluzet en particulier, etc., aussi le sénateur Jean-Marie Bockel qui a perdu un enfant mort au combat pour la France, les parents de Samuel Paty, etc.

Aucun enjeu réel pour le Président sinon réunir tous ceux qui lui sont chers. La séquence après le discours est d’ailleurs remarquable, c’est une séquence de "monarchie républicaine décontractée" (allégeance, mais on se tutoie, on s’embrasse). À part quelques masques, plus de vestiges du covid-19 tandis que l’épidémie régresse heureusement à grandes enjambées (en attendant un autre variant, peut-être venu d’Afrique du Sud ?).

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Lors de son introduction devant Brigitte Macron, devant le Premier Ministre Jean Castex, devant le Président du Sénat Gérard Larcher, devant le Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand, devant François Bayrou, devant le gouvernement, etc., le Président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius a eu un trou de mémoire pour indiquer le nombre exact de suffrages portés sur Emmanuel Macron (son amour propre lui avait refusé de prendre un papier sur lui, si bien que l’ancien Premier Ministre lui a retiré 100 000 suffrages !). Il a délivré un message bien compris à l’adresse de Marine Le Pen et autres apprentis sorciers des institutions : l’État de droit est un bien précieux à protéger et réviser la Constitution doit se faire selon les procédures constitutionnelles (à savoir, selon l’article 89 et pas selon l’article 11 de la Constitution). Enfin, Laurent Fabius a déclaré que le début du second quinquennat aura lieu le 14 mai 2022 à zéro heure, et pas ce jour-ci.

Dans son discours, qui a été très court (une dizaine de minutes, lui qui est capable de tenir une ou deux heures) et sans beaucoup de nouveauté, le Président de la République a donné ses priorités : « Oui, agir sans relâche avec un cap, celui d’être une Nation plus indépendante, de vivre mieux et de construire nos réponses françaises et européennes aux défis de notre siècle. Cette action, nous le savons tous, s’inscrit à un moment de la vie de notre Nation où les peurs sont là, nombreuses, autant que les fractures. ».

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Et effectivement, Emmanuel Macron a insisté sur le climat politique très tendu de la campagne et de la France et a considéré qu’il ne s’agissait pas seulement de réfléchir à quoi faire, mais de réfléchir à comment faire. Ce n’est pas nouveau, Alain Juppé, présent à cette cérémonie, avait aussi théorisé ce qu’il n’aurait pas dû faire en 1995-1996, qu’on ne doit pas réformer la France avec l’esprit "droit dans ses bottes", mais cela prend ici une importance très élevée avec la colère exprimée électoralement par les scores de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

C’est aussi la conséquence heureuse d’un Président expérimenté, c’est-à-dire qui entame un second mandat : il sait qu’on ne peut plus réformer la fleur au fusil, à l’arraché, il faut savoir dialoguer avec le peuple pour aboutir à des réformes profondes mais acceptées par les citoyens : « Agir ne signifiera donc pas d’administrer le pays, enchaîner des réformes comme on donnerait des solutions toutes faites à notre peuple. L’action, en ces temps, est jumelle du rassemblement, du respect, de la considération, de l’association de tous. C’est pourquoi il nous faut tous ensemble inventer une méthode nouvelle, loin des rites et chorégraphies usées par laquelle nous pourrons seuls bâtir un nouveau contrat productif, social et écologique. Car rassembler et pacifier ne saurait signifier accepter de ne plus rien faire ou oublier nos responsabilités. ».

En clair, la voie est étroite et le saut dans l’inconnu est clair : cette voie à inventer, cette ingénierie de la réforme à inventer, elle sera sans doute l’attente de ce nouveau mandat, également la raison de ce nouveau mandat. Car après 2027, dans l’incapacité à se représenter, avec l’implosion des deux autres partis de gouvernement LR et le PS, il faudra bien trouver une relève raisonnable et responsable pour prendre la suite, et c’est Emmanuel Macron qui doit la préparer en évitant le "après moi, le chaos" : « Ce sera là le fondement de la renaissance démocratique dont notre pays a besoin. Elle sera bien entendu aussi institutionnelle et politique, mais elle doit être en acte et dans la pratique de chaque jour et chacun aura sa part de responsabilité. ».

On comprend alors que le mot "renaissance" n’a pas été employé par hasard et que le nouveau nom de son parti présidentiel, issu de l’appellation non seulement de la liste européenne de LREM mais aussi du groupe centriste au Parlement Européen (qui s’appelait auparavant l’Alliance des libéraux démocrates européens), suggère une véritable… révolution (son mot fétiche de 2017).

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Et probablement que l’élément clef est cette renaissance est ceci : « Ma conviction est faite. Ayons le courage de regarder le réel en face pour mieux concrétiser notre idéal plutôt que de nous laisser aller à d’illusoires chimères. ». Une phrase qui devra être interprétée par Jean-Luc Mélenchon, tout ivre, à Aubervilliers, d’avoir vassalisé tout ce qui avait fait la "gauche plurielle" (celle de Lionel Jospin) il y a vingt-cinq ans (à l’époque, il était ministre du gouvernement Jospin et s’en satisfaisait) : le PS, le PCF et EELV. Seul le NPA a senti le piège et puis, franchement, a-t-on déjà vu une combinaison politiquement susceptible de gouverner avec le NPA ?

Fort de sa réélection, Emmanuel Macron prend son temps. Il s’occupe d’ailleurs plus de politique étrangère que de politique intérieure en ce moment, même si, au détour d’un petit mot, la réalité se montre. Ainsi, à l’un de ses invités dans le salon d’honneur de l’Élysée, qui lui disait "je suis candidat aux législatives pour vous défendre", il a répondu avec un grand sourire : "oui, je le sais, je me suis vaguement intéressé à ce sujet"… L’artiste confirmé, ce titre, ce sera au soir du 19 juin 2022, pas avant, lorsqu’il aura obtenu de la part des Français la majorité parlementaire dont il a besoin, c’est-à-dire, le mandat clair pour agir. D’ici à cette date, c’est la campagne électorale, et comme pour l’élection présidentielle, elle sera difficile, avec son lot de morts, de blessés de guerre… et aussi, de miraculés !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 mai 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (51) : le serment d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron le 7 mai 2022 au Palais de l’Élysée à Paris (vidéo et texte intégral).
Élysée 2022 (50) : Macron II succède à Macron I.
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
Élysée 2022 (48) : qui sera le prochain Premier Ministre d’Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (47) : la victoire historique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron réélu Président de la République le 24 avril 2022.
Discours du Président Macron le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris (texte intégral et vidéo).
Interview d’Emmanuel Macron le 22 avril 2022 sur France Inter.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).









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7 mai 2022 6 07 /05 /mai /2022 10:53

(verbatim et vidéo)


Pour en savoir plus :
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Discours du Président Emmanuel Macron le samedi 7 mai 2022 à Paris


Mesdames et Messieurs,

A l'heure où les Français me confient à nouveau la plus haute charge, la conscience de la gravité des temps m'accompagne. Du retour de la guerre en Europe à la pandémie, en passant par l'urgence écologique et tant de crises que vous venez, Monsieur le président, à l'instant d'évoquer, rarement, notre monde et notre pays n'avaient été confrontés à une telle conjonction de défis.

Là où de nombreux peuples ont décidé le repli, cédé parfois à la tentation nationaliste, à la nostalgie du passé, aux sirènes d'idéologies dont nous pensions avoir quitté les rives au siècle précédent, le peuple français a fait le choix d'un projet clair et explicite d'avenir. Un projet républicain et européen, un projet d'indépendance dans un monde déstabilisé, un projet de progrès scientifique, social et écologique, un projet fidèle à l'esprit qui, depuis les Lumières, n'a cessé de souffler sur nos terres, tournant le dos aux démagogies faciles. Ce choix s'inscrit dans l'histoire de notre République et la présence ici de mes deux prédécesseurs, que je remercie pour cela, en témoigne. Ce choix souverain m'oblige, car c'est bien le peuple français, celui qui désigne ses représentants et en particulier le Président de la République qui m’investit de ce mandat en ce jour.

Oui, le peuple français n'a pas prolongé le mandat qui s'achève, commencé le 14 mai 2017. Ce peuple nouveau, différent d'il y a 5 ans, a confié à un Président nouveau un mandat nouveau. Le temps qui s'ouvre sera celui d'une action résolue pour la France et pour l'Europe.

Agir d'abord pour éviter toute escalade suite à l'agression russe en Ukraine, aider la démocratie et le courage à l'emporter, bâtir une nouvelle paix européenne et une nouvelle autonomie sur notre continent.

Agir pour faire de notre pays une puissance agricole, industrielle, scientifique et créative plus forte en simplifiant nos règles et en investissant pour cette France de 2030.

Agir pour bâtir une société du plein emploi et d'un juste partage de la valeur ajoutée car la France a besoin de continuer de produire et d'innover davantage.

Agir pour faire de notre pays la grande puissance écologique qu'il a à être par une transformation radicale de nos moyens de produire, de nous déplacer, de vivre en métropole comme dans nos Outre-mer.

Agir pour continuer de nous attaquer aux inégalités à la racine en refondant notre école et notre santé. Une école toujours plus inclusive, formant aux savoirs fondamentaux et forgeant des esprits républicains. Une école ouvrant à la culture et aux sports, nous qui aurons à accueillir les Jeux Olympiques en 2024. Une santé accessible partout sur le territoire en formant, en améliorant les conditions de travail et en prévenant mieux les maladies.

Agir pour continuer de construire des progrès pour chacun et œuvrer à l'égalité entre les femmes et les hommes.

Agir pour continuer de protéger nos compatriotes par une armée forte, engagée, sur tous les continents, et en luttant contre les insécurités du quotidien, du terrorisme qui rôde toujours et des nouvelles menaces comme le cyber.

Agir enfin pour réunir, rassembler nos territoires, des ruralités aux quartiers populaires, des métropoles à nos Outre-mer.

Oui, agir sans relâche avec un cap, celui d'être une Nation plus indépendante, de vivre mieux et de construire nos réponses françaises et européennes aux défis de notre siècle. Cette action, nous le savons tous, s'inscrit à un moment de la vie de notre Nation où les peurs sont là, nombreuses, autant que les fractures.

Agir ne signifiera donc pas d’administrer le pays, enchaîner des réformes comme on donnerait des solutions toutes faites à notre peuple. L'action, en ces temps, est jumelle du rassemblement, du respect, de la considération, de l'Association de tous.

C'est pourquoi il nous faut tous ensemble inventer une méthode nouvelle, loin des rites et chorégraphies usées par laquelle nous pourrons seul bâtir un nouveau contrat productif, social et écologique. Car rassembler et pacifier ne saurait signifier accepter de ne plus rien faire ou oublier nos responsabilités. En partageant les objectifs, les ambitions, les responsabilités au niveau national, en faisant travailler ensemble le Gouvernement, son administration, le Parlement, les partenaires sociaux, les associations et en associant partout à travers le pays l'ensemble des forces vives politiques, économiques, sociales et culturelles pour décider et faire, en planifiant, en réformant, en associant, je suis sûr que notre pays peut en même temps décider de grandes ambitions nationales et libérer la créativité et les initiatives partout dans le pays. Surtout, ce sera là le fondement de la renaissance démocratique dont notre pays a besoin. Elle sera bien entendu aussi institutionnelle et politique, mais elle doit être en acte et dans la pratique de chaque jour et chacun aura sa part de responsabilité.

Mesdames et Messieurs, notre passé en est l'ardent témoignage. C'est dans les temps les plus difficiles que la France révèle le meilleur d'elle-même. C'est lorsque se lève le vent du tragique que nous, Français, trouvons la force de nous hisser au-delà de nous-mêmes pour écrire l'histoire à l'encre de l'universel. Nous en sommes là, à ce moment où le siècle bascule et où, dans le grand dérèglement planétaire, nous avons ensemble à tracer un chemin et à montrer une voie. Ma conviction est faite. Ayons le courage de regarder le réel en face pour mieux concrétiser notre idéal plutôt que de nous laisser aller à d’illusoires chimères.

Soyons fidèles aux valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité qui nous font depuis 1789 et que nous avons collectivement choisi le 24 avril.

Chérissons en bloc cette histoire millénaire qui nous lie les uns aux autres, cette culture à part, cette langue dont l'abbé Grégoire disait qu'elle est l'idiome de l'universel.

Continuons d'aimer la République et tout ce qu'elle en porte. La prééminence de la volonté générale sur les intérêts particuliers, la reconnaissance du verdict des urnes, le respect de la loi comme clef de voûte du contrat social.

Aimons notre patrie, comme ce trésor de géographie et de paysages où depuis le plateau de Gergovie jusqu'aux confins des Marquises, depuis les Pyrénées de mon enfance jusqu'à mes plaines picardes, on sent battre le cœur de ce vieux peuple enraciné qui a offert au monde les rêves les plus fous : l'humanisme, les lumières, les droits de l'homme.

Alors oui, la France n'aura pas fini d'inspirer le monde. De la confiance accordée par le peuple français, je me sais redevable. Cette confiance toujours fragile, chaque matin remise en cause, est le socle de notre régime de liberté.

Chaque jour du mandat qui s'ouvre, je n'aurai qu'une boussole : servir.

Servir notre pays, miracle de la volonté et de la liberté des hommes. Servir nos concitoyens dont le sens du devoir et l'amour de la patrie sont nos plus sûrs atouts. Servir nos enfants et notre jeunesse vers lesquels mes pensées vont en cet instant et à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable et une France plus vivante et plus forte.

Vive la République et vive la France !

Emmanuel Macron, le samedi 7 mai 2022 au Palais de l’Élysée à Paris.

Source : www.elysee.fr

https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220507-discours-macron.html


 

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29 avril 2022 5 29 /04 /avril /2022 03:55

« Ce n’était pas un référendum national, à cet égard, c’étaient simplement, quand je dis simplement, c’est une manière de dire, 487 compétitions locales. Et cependant, les institutions de la République étaient en cause. Elles étaient en cause parce que, pour les dirigeants de toutes les oppositions, le but à atteindre, c’était grâce à ces élections, de remettre le pouvoir à la discrétion des partis comme il l’était autrefois, et comme tout justement l’exclut notre Constitution. Ils comptaient y parvenir en faisant élire à l’Assemblée Nationale une majorité négative. Qui, ils espéraient tout au moins, en censurant tous les gouvernements qu’aurait nommés le chef de l’État, auraient, je répète, ils l’espéraient, amené celui-ci à se soumettre ou à se démettre, et contrairement aux obligations du mandat, qu’il tient, lui, du peuple tout entier, à abandonner la responsabilité suprême de notre République et de la France. S’ils y étaient d’aventure parvenus, il va de soi qu’ils n‘auraient rien pu mettre que la confusion en lieu et place du régime qu’ils auraient ainsi détruit. » (Conférence de presse de De Gaulle du 16 mai 1967 à propos des élections législatives de mars 1967).





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Le Président sortant Emmanuel Macron a été réélu le 24 avril 2022 et déjà, on parle des élections législatives des 12 et 19 juin 2022. Vu l’importance de l’enjeu, il est normal de s’en préoccuper dès maintenant, ce que font activement tous les partis dont ceux de l’opposition. Jean-Luc Mélenchon a fait mieux puisque sur BFM-TV, dès le 19 avril 2022, avant donc le second tour de l’élection présidentielle, il a appelé les Français à « l’élire Premier Ministre ». En d’autres termes, 2022 sera-t-il l’année d’une quatrième cohabitation dans la Cinquième République ?

Rappelons que les cohabitations ont lieu lorsqu’une majorité parlementaire est élue en opposition au Président de la République en exercice. Raymond Barre considérait que dans ce cas de figure, le Président de la République devait remettre en jeu son mandat car de telles élections législatives l’auraient désavoué. Mais tout le monde ne s’appelle pas De Gaulle et se maintenir légalement coûte que coûte, quand on est au sommet de l’État, a été plus fort que le simple jeu de la légitimité populaire.

Historiquement, il y en a eu trois à ce jour : la première entre 1986 en 1988 fut une cohabitation très difficile, malveillante et conflictuelle, entre François Mitterrand et Jacques Chirac et l’échec de ce dernier à l’élection présidentielle de 1988 l’a dissuadé de renouveler l’expérience en 1993, si bien que la deuxième cohabitation fut bien plus douce, entre 1993 et 1995, entre François Mitterrand et Édouard Balladur. Mais il n’a pas fallu attendre longtemps pour une troisième cohabitation, issue d’élections législatives anticipées d’un an, pour une longue période, entre 1997 et 2002, entre Jacques Chirac, dans le rôle du Président de la République cette fois-ci, et Lionel Jospin.

Notons que les Premiers Ministres de cohabitation ont tous échoué à l’élection présidentielle qui a fini cette période de cohabitation, et pour deux d’entre eux, ils ont été éliminés dès le premier tour. Ces trois cohabitations ont fait dire aux humoristes que François Mitterrand avait inventé le septennat de cinq ans, tandis que Jacques Chirac avait inauguré le septennat de deux ans !

Depuis 2000, pour éviter une nouvelle cohabitation, l’institution du quinquennat et le calendrier électoral (les législatives suivent de quelques semaines l’élection présidentielle) ont donné, depuis une vingtaine d’années, un rythme à notre démocratie peu satisfaisant, car cela signifie que pendant cinq ans, il n’y a plus de respiration démocratique à l’échelle nationale. Insistons sur le fait que rien n’est figé et qu’une dissolution en cours de mandat ou un mandat écourté par une démission voire un décès (que je ne souhaite à aucun Président), deux évènements qui ont eu lieu au début de la Cinquième République (en 1969 et en 1974), bouleverseraient le calendrier actuel.

L’expérience historique six fois observée (1981, 1988, 2002, 2007, 2012, 2017) a montré que des élections législatives précédées d’une élection présidentielle apportent toujours la victoire au Président nouvellement élu ou réélu. En 1988, François Mitterrand n’avait bénéficié que d’une majorité relative, suffisante pour pouvoir gouverner dans une Assemblée aux oppositions divergentes. Avant 2000, ce type de calendrier avait simplement été décidé par le Président (c’est-à-dire François Mitterrand) qui avait procédé dès sa victoire à la dissolution de l’Assemblée Nationale (annoncée pendant la campagne présidentielle).

Les cas où le Président de la République avait des problèmes avec sa majorité proviennent d’ailleurs du fait qu’à son élection, il n’avait pas fait comme François Mitterrand, à savoir : Valéry Giscard d’Estaing en 1974 avec une majorité pompidolienne (et pas giscardienne) et Jacques Chirac en 1995 avec une majorité balladurienne (et pas chiraquienne).

À cet égard, tordons le cou à une idée reçue à propos de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Cette procédure, totalement constitutionnelle car intégrée dans la Constitution, ne vise pas à "écraser" le pouvoir du Parlement. Il vise à résoudre les divisions au sein même de la majorité parlementaire. Le choix pour les députés de la majorité est donc d’approuver un projet de loi ou de voir leur mandat se terminer prématurément avec des élections anticipées (en effet, la seule chose qui empêcherait l’adoption du texte serait l’adoption d’une motion de censure qui renverserait le gouvernement mais qui, en réplique, aboutirait à une dissolution).

En d’autres termes, le 49 alinéa 3 concerne les problèmes internes à la majorité parlementaire, pas les problèmes d’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Ainsi, si par exemple Jean-Luc Mélenchon réussissait à obtenir une majorité absolue homogène de députés FI, d’une part, le Président de la République ne pourrait que nommer un gouvernement représentant cette majorité (en tout cas, c’est la triple jurisprudence 1986, 1993 et 1997) ; d’autre part, si ce gouvernement voulait utiliser l’article 49 alinéa 3 pour faire autre chose que le programme de la majorité parlementaire, celle-ci n’aurait aucun mal à voter une motion de censure, puisqu’elle serait majoritaire. Donc, dire que le 49 alinéa 3 permettrait à Emmanuel Macron de faire aboutir une éventuelle réforme des retraites contre une majorité de députés, c’est faux, absurde, stupide et signe de ne rien comprendre à nos institutions.

Nous ne sommes pas dans un régime exclusivement présidentiel (comme les États-Unis) puisque celui qui gouverne émane prioritairement de l’Assemblée Nationale et pas du Président de la République (c’est ce que nous enseignent les trois cohabitations). Ce n’est pas non plus un régime exclusivement parlementaire (comme l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne), car la vie politique est polarisée par l’élection présidentielle et le choix du Président de la République qui reste le chef s’il obtient la majorité à l’Assemblée. En clair, nous sommes dans une "République gouvernementale" car la Constitution donne au gouvernement les moyens de gouverner efficacement, et ce gouvernement a une double légitimité, celle du Président de la République et celle de l’Assemblée, eux deux choisis par le peuple.

Un décalage dans le temps des deux élections (présidentielle et législatives) n’empêchera pas, non plus, comme en 1981 et en 1988, que le Président, une fois élu, puisse dissoudre systématiquement l’Assemblée pour avoir une majorité parlementaire soutenant son projet présidentiel. Seule une différence de durée des mandats du Président de la République et des député, pourrait redonner une meilleure respiration démocratique en organisant des élections législatives bien avant la fin du mandat présidentiel.

Venons-en à 2022. La situation est-elle très différente des précédentes élections ? Je ne le crois pas. Au contraire de 2002 qui a montré une paysage éclaté, et comme 2017, le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 a montré un paysage politique plutôt polarisé derrière quatre pôles en 2017, et trois pôles en 2022 : le RN (Marine Le Pen), FI (Jean-Luc Mélenchon, et LREM (Emmanuel Macron). La destinée du PS en juin 2017 laisse augurer très mal la destinée de LR en juin 2022 après le désastre du premier tour de l’élection présidentielle.

L’inconnue sur la survivance de ces deux partis, LR et le PS, aux élections législatives, est un enjeu important qui va se résumer à cette question : les implantations locales vont-elles prendre le dessus sur la logique nationale ? En 2007, entre les deux tours des élections législatives, il y a eu un "redressement" en faveur du PS qui a fait perdre des dizaines de sièges à la future majorité UMP (également sortante), en raison d’une maladresse de Jean-Louis Borloo. La réalité est probablement les deux à la fois : une logique nationale, la logique institutionnelle, et une logique locale qui fera que les députés qui ont été le plus présents sur le terrain seront épargnés même s’ils ne font pas partie de la majorité.

À ce petit jeu, nul doute que Jean-Luc Mélenchon se moque de ses électeurs en leur faisant miroiter une majorité FI. C’est son "excuse" au soutien à Emmanuel Macron au second tour : évitons Marine Le Pen à l’Élysée mais élisez-vous à Matignon ! Ce raisonnement a été en plus énoncé entre les deux tours de l’élection présidentielle : Emmanuel Macron a rappelé que chaque chose en son temps, il est vain de parler législatives quand le second tour de l’élection présidentielle n’a pas encore eu lieu.

Maintenant qu’il a eu lieu, que la présidentielle est passée, il faut aussi réfléchir sur les chances de Jean-Luc Mélenchon à obtenir "sa" majorité. Là, c’est le règne du bluff ! Il y a beaucoup de signes qui montrent qu’il dupe les Français. Le premier, c’est que le 19 avril 2022, il a dit le même soir qu’il proposait d’être le Premier Ministre de la France (il peut toujours le proposer) mais qu’il était trop fatigué pour faire trois heures de TGV entre Paris et sa circonscription à Marseille. À presque 71 ans, je comprends très bien qu’il puisse être fatigué, d’autant plus qu’une campagne présidentielle est physiquement épuisante. Mais pourquoi alors postuler à la fonction la plus épuisante de France, Matignon ?

Autre sujet de tromperie : le 27 avril 2022, des négociations d’appareil ont eu lieu entre autres entre FI, EELV et le PS. Mais pour négocier quoi ? Car les positions des différents partis de la gauche sont divergentes sur beaucoup de sujets (en particulier sur le nucléaire). Or, l’affiche de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives est sortie bien avant le début des négociations ; donc rien n’est en fait négociable, l’idée était de soumettre totalement au mélenchonisme les autres partis perdus de gauche, puisque dans l’affiche, il y a Jean-Luc Mélenchon Premier Ministre que ne veulent pas les socialistes et les écologistes enragent de ne voire aucune mention sur l’écologie.

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Qu’importe ces petites duperies : Jean-Luc Mélenchon est trop fin politique pour ne pas croire à ses illusions. Que ses électeurs y croient n’est pas son problème. Comment pourrait-il obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale alors qu’il n’a même pas pu franchir le premier tour présidentiel ? Il met une énergie désespérée à vouloir encore et encore exister.

Si l’on regarde l’ensemble des circonscriptions et qu’on prend en compte le candidat arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle, cela donne ceci : 265 circonscriptions dominées par LREM, 205 par le RN et 105 par FI. Cette première approche montre bien l’irrationnel de la méthode Mélenchon. Pourquoi vouloir croire en quelque chose qui ne pourrait absolument pas se passer ? Encore décevoir ses électeurs ? Sait-il que c’est à cause de cela que l’abstention progresse ?

Ce qui est clair, c’est que les trois chiffres indiqués constituent une première approche, mais très grossière, car en fin de compte, il faut plutôt obtenir une majorité absolue pour conquérir un siège. Cette capacité à rassembler au second tour, le RN l’a très peu à l’heure actuelle. Quant à FI, cela suppose aussi que l’électorat de Jean-Luc Mélenchon est très homogène, ce qui est faux : la moitié au moins de ceux qui ont voté pour lui au premier tour du 10 avril 2022 n’était pas mélenchoniste mais de gauche par vote utile. Résultat, lorsque, dans une circonscription, un autre candidat de gauche se présentera en concurrence avec un candidat FI, ces électeurs-là ne choisiront pas le candidat FI car il n’y aura pas d’effet vote utile.

Ainsi déjà en 2017 : au premier tour de l’élection présidentielle du 23 avril 2017, Jean-Luc Mélenchon a rassemblée 7 millions d’électeurs, soit 19,6%. Et au premier tour des élections législatives du 11 juin 2017, les candidats FI n’ont convaincu que 2,5 millions d’électeurs, soit 11,0% (une perte sèche de 4,5 millions d’électeurs !). Visiblement, tous les candidats FI n’ont pas le même bagout que le talentueux Mélenchon ! Il n’y a pas de raison que FI ne s’effondre pas de la même manière le 12 juin 2022.

De plus, comme le paysage politique s’est polarisé en trois pôles, on pourrait croire que ça va se terminer par des triangulaires au second tour. Mais c’est fort peu probable car pour être présent au second tour, il faut au moins obtenir 12,5% des électeurs inscrits. Or, la forte abstention prévisible signifie que pour être présent au second tour, le candidat devra obtenir au moins 25% des suffrages exprimés, ce qui est un seuil très élevé. Ce sera donc très difficile pour le troisième parti d’avoir une majorité.

Comme on le voit, au contraire de FI, le RN a pu atteindre la majorité dans de nombreux territoires, en particulier ruraux. Mais cela impose que le RN puisse mobiliser autant qu’à la présidentielle, ce qui est fort peu probable. Sébastien Chenu, représentant Marine Le Pen, est d’ailleurs très franc quand il convient que le RN n’aura pas de majorité absolue, fustigeant au passage l’imposture du slogan "Mélenchon Premier Ministre". En revanche, la stratégie d’avoir le plus de sièges, d’abord pour pouvoir former un groupe, ensuite pour former le groupe d’opposition le plus important, est tout à fait logique et cohérent avec les mécanismes profonds de la Cinquième République.

Cependant, la partie n’est pas facile non plus au sein de la majorité, car Édouard Philippe souhaite négocier de nombreuses circonscriptions. Son problème, c’est que les élus LR qui rejoignent Emmanuel Macron n’ont pas besoin d’un sas comme Horizons, d’autant plus que le Président de la République souhaite rassembler toute sa majorité dans une seule formation (Édouard Philippe et François Bayrou ont refusé cette uniformisation ; pour le MoDem, c’était prévisible, François Bayrou ne voulait déjà pas intégrer l’UMP, ce n’est pas pour intégrer dans un autre bloc majoritaire, ici LREM, vingt ans plus tard).

La difficulté est de savoir comment les députés sortants LR se comportent vis-à-vis de la majorité présidentielle, et plus généralement les élus LR. Certains élus sont très clairement favorables à la coopération avec Emmanuel Macron, comme Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et actuel maire de La Baule, et Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée Nationale. Officiellement, LR a décidé de refuser toute alliance avec la majorité présidentielle et de partir seul, avec son alliance avec l’UDI. Une stratégie qui peut être fatale si l’abstention est aussi élevée qu’en 2017.

L’autre problème de la majorité, c’est de reconduire les députés sortants de LREM dont certains n’ont toujours pas réussi leur implantation locale (on l’a vu pour certains aux élections municipales). Il y a donc une incertitude sur le niveau d’adhésion aux candidats LREM qui dépendra aussi de l’identité du chef de file, à savoir, du prochain Premier Ministre.

Dans tous les cas, l’enjeu de ces prochaines élections législatives n’est pas seulement de savoir quelle majorité il en ressortira. Mais aussi quelle opposition et avec quels moyens. Du paysage parlementaire de l’été 2022 dépendront les conditions de l’élection présidentielle de 2027…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
Élysée 2022 (48) : qui sera le prochain Premier Ministre d’Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (47) : la victoire historique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron réélu Président de la République le 24 avril 2022.
Discours du Président Macron le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris (texte intégral et vidéo).
Interview d’Emmanuel Macron le 22 avril 2022 sur France Inter.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220428-cohabitation.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-49-vers-une-quatrieme-241256

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/28/39454954.html











 

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26 avril 2022 2 26 /04 /avril /2022 03:34

« Après cinq années de transformations, d’heures heureuses et difficiles, de crises exceptionnelles aussi, ce jour du 24 avril 2022, une majorité d’entre nous a fait le choix de me faire confiance pour présider notre République durant les cinq années à venir. » (Emmanuel Macron, le 24 avril 2022 à Paris).




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L’hymne à la joie en se présentant devant ses partisans au Champ-de-Mars dans son nouveau costume de Président réélu, entouré de la jeunesse de France ! La réélection d’Emmanuel Macron est la confirmation populaire et démocratique que le pays préfère la voie de la modernité et de la raison au repli sur soi et à la frustration. On peut toujours être élu par hasard ou par un concours de circonstances, on n’est jamais réélu par hasard, d’autant plus qu’historiquement, c’est exceptionnel.

Pour autant, Emmanuel Macron doit avoir le triomphe modeste. Pas parce qu’il a été mal réélu, bien au contraire, avec 58,5%, il a été très largement réélu, j’ai expliqué précédemment qu’il a eu une majorité absolue des votants, et que la proportion d’électeurs inscrits qui ont voté pour lui est équivalente à celle des inscrits qui ont voté pour François Hollande en 2012. Mais parce que le pays a été divisé par une campagne très angoissante, très dure, très clivante, depuis le début du mois de septembre 2021, avec les idées complètement anti-humanistes du polémiste Éric Zemmour qu’on entend un peu moins dans les médias depuis qu’il s’est pris une gamelle (7%) et cela repose un peu, mais relayées par les mêmes idées présentées par Marine Le Pen.

On reparlera de cette fracture du pays, les sondeurs et les sociologues adorent en parler et ils auront cinq ans pour en parler. Emmanuel Macron, lui, doit faire de la politique et doit dans un premier temps réfléchir sur le choix de son prochain Premier Ministre. Jean Castex devrait franchir le 1er mai 2022 mais jusqu’à quand ? Certains peuvent imaginer qu’il puisse aller jusqu’à la fin des élections législatives, mais cela signifierait que la majorité présidentielle table sur une défaite électorale.

Comme Emmanuel Macron a promis de nouvelles méthodes, une non-continuité avec le quinquennat précédent, il serait donc logique de se séparer de Jean Castex dès maintenant, d’autant plus qu’il a été prévenu à sa nomination le 3 juillet 2020 que son contrat est un contrat à durée déterminée jusqu’à la fin du premier quinquennat.

Sur le plan politique, Emmanuel Macron doit rassembler ses électeurs du second tours, ce que n’avait pas réalisé Jacques Chirac en 2002. Il est passé de 28% à 58%, soit plus de 30 points supplémentaires, il a plus que doubler son score. Sa philosophie s’est exprimée ainsi le 24 avril 2022 au soir : « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Je veux ici les remercier et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. Je suis dépositaire de leur sens du devoir, de leur attachement à la République et du respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines. ». La manière dont il appliquera cette parole influera directement sur le climat politique de son deuxième quinquennat.

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Quel serait le profil idéal ? Il faudrait que le prochain Premier Ministre soit un poids lourd de la politique capable de mener à la victoire la majorité présidentielle dans la campagne des législatives ; il vaudrait mieux qu’il soit elle, une femme ; il faudrait qu’il connaisse bien les questions sur l’énergie, la transition écologique, le logement, etc. (je reste avec le pronom "il" qui est un neutre signifiant "il" ou "elle") ; il faudrait qu’il puisse satisfaire Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse ; il faudrait aussi qu’il soit en très bonne forme physique et intellectuelle (Matignon est sans doute l’emploi le plus dévoreur de personnalité). Et en plus, il faudrait que ses relations avec Emmanuel Macron permettent la plus parfaite efficacité au sommet de l’État.

Dans ce profil, la personnalité qui se dégagerait le mieux serait incontestablement Valérie Pécresse, mais après avoir autant fustigé la politique d’Emmanuel Macron pendant sept mois, matin, midi et soir (lui reprochant entre autres d’avoir cramé la caisse alors que c’est plutôt elle-même qui a cramé sa propre caisse), il lui serait difficile d’expliquer un tel revirement, même si Édouard Philippe, par exemple, avait eu le même changement de direction.

Bref, autant dire que ce profil est introuvable à moins de créer son propre être transhumanisé ! Alors, évidemment, et bien avant le second tour, les journalistes ont cité des noms et le premier qui revient est Christine Lagarde, régulièrement premier-ministrable depuis l’époque de Nicolas Sarkozy. Mais quel intérêt aurait-elle à vouloir diriger le gouvernement de la France, elle qui a quitté la France depuis onze ans, depuis juin 2011, pour diriger le FMI puis la BCE ? Sa fonction est très importante au sein de l’Europe, et même cruciale pour la politique économique d’Emmanuel Macron. La nommer à Matignon, c’est retirer une Française à la BCE et ce n’est pas sûr de trouver un successeur de la même carure à la BCE. De plus, il pourrait y avoir des désaccords sur la politique monétaire.

On a parlé aussi d’Élisabeth Borne qui est l’une des révélations du premier quinquennat. Elle a pris la succession de François de Rugy, puis le Ministère du Travail qui est particulièrement difficile, et excellente technicienne (elle a réalisé au début du premier quinquennat la réforme de la SNCF), elle n’a pas démérité. Il reste pourtant qu’elle ne semble pas avoir un poids politique majeur pour mener une campagne législative nationale qui puisse entraîner toute la majorité présidentielle (il faut se rappeler la trop grande légèreté politique de Nathalie Loiseau aux européennes de mai 2019).

On peut aussi voir du côté des poids lourds politiques, mais dans ce cas, ce ne sont pas des femmes. Le premier d’entre eux est Bruno Le Maire, lui aussi premier-ministrable depuis 2010, même s’il semble plutôt partant pour continuer à Bercy (un peu à l’instar de Valéry Giscard d’Estaing dans les années 1960). Qui d’autres donc ? Gérald Darmanin ? Julien Denormandie est cité aussi plus récemment. Dans ce cas, pourquoi pas non plus Barbara Pompili ou Amélie de Montchalin ? Certains pensent même à Nathalie Kosciusko-Morizet qui pourrait "cocher toutes les cases" : femme, connaissant l’écologie (elle a pris la succession de Jean-Louis Borloo), personnalité d’ouverture, poids lourds politique ambitieuse au point d’avoir dépassé Bruno Le Maire à la primaire LR de novembre 2016. Son seul problème est d’avoir déserté la vie politique depuis son échec aux élections législatives de juin 2017, battue à Paris par un candidat LREM (Gilles Le Gendre).

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Autre hypothèse : Jean-Pierre Chevènement, qui s’est beaucoup activé pendant la campagne présidentielle, en organisant un meeting de soutien à Emmanuel Macron (le 19 avril 2022 à Belfort avec son parti Refondation républicaine) et aussi en proposant des points forts d’action qui pourraient être l’ossature d’un discours de politique générale (par exemple, dans une tribune au journal "Le Monde" du 19 avril 2022, il a exposé trois axes : redonner un sens au travail avec la réindustrialisation du pays et la réhabilitation de la science ; refonder la République avec les valeurs de la citoyenneté et la place de la France dans le monde ; enfin, restaurer le socle de l’école publique en poursuivant le chantier ouvert durant le premier quinquennat). Bien entendu, l’âge (83 ans) serait un handicap dans un monde qui va à 100 à l’heure.

Le journaliste Yves Théard imaginerait bien, quant à lui, la nomination de François Bayrou, poids lourds politique incontestable de la Macronie, mais avec un certain nombre de défauts pour le profil, en particulier celui de vouloir continuer à exister politiquement indépendamment du Président de la République.

Le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il dispose de grands poids lourds politiques avec une grande expérience, mais plutôt âgés et symboles plus du passé que de l’avenir (on peut citer encore Jean-Yves Le Drian, qui va bientôt avoir 75 ans, premier-ministrable depuis l’époque de François Hollande ; aussi Bertrand Delanoë, etc.), ou alors de talents qui sont souvent excellents du point de vue technique, mais généralement inconsistants politiquement.

Mais peut-être que la solution se cache devant les yeux : et pourquoi pas Sandrine Rousseau, qui est écologiste (point d’insistance dans la campagne de second tour d’Emmanuel Macron), mélenchon-compatible, etc. ? Bien sûr, je plaisante, surtout depuis qu’elle a proposé de créer un "délit de non-partage des tâches domestiques", la difficulté du choix renforce les hypothèses les plus farfelues. Réponse dans quelques jours.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (48) : qui sera le prochain Premier Ministre d’Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (47) : la victoire historique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron réélu Président de la République le 24 avril 2022.
Discours du Président Macron le 24 avril 2022 au Champ-de-Mars à Paris (texte intégral et vidéo).
Interview d’Emmanuel Macron le 22 avril 2022 sur France Inter.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle du 24 avril 2022 (Ministère de l’Intérieur).

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220425-premier-ministrable.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-48-qui-sera-le-241172

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19 avril 2022 2 19 /04 /avril /2022 03:42

« Nous savons pour qui nous ne voterons jamais. (…) Alors, je le sais bien, je le répète parce que des fois, il arrive que même quand je dis les choses, c’est comme si je ne les avais pas dites. Alors, je recommence à cet endroit du film : il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Voilà, je crois que le message pour cette partie a été entendu. » (Jean-Luc Mélenchon, le 10 avril 2022).





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Je n’aurais pas la mauvaise foi de me retrouver en complicité idéologique avec Jean-Luc Mélenchon, mais il a eu le mérite d’être clair à cette élection-ci, au contraire de celle de 2017, quoi qu’il en dise aujourd’hui. Mais sa position ne tient compte que du point de vue de ses électeurs, à savoir que moralement, ils ne doivent pas se compromettre avec le "diable". Mais dans ce raisonnement, il semble se moquer un peu de la France, qu’elle soit gouvernée ou pas par le "diable". Car le leader de FI est un fin politique, il sait très bien qu’on ne fait pas barrage à Marine Le Pen en s’abstenant ou en votant blanc. Il sait très bien que pour faire barrage à la famille Le Pen, il faut voter au second tour pour son adversaire, et il l’avait remarquablement prouvé en 2002 en ayant été parmi les premiers socialistes à appeler à voter pour Jacques Chirac. Encore un effort, monsieur Mélenchon, vous savez que Marine Le Pen peut gagner en 2022, alors, avant la fin de la campagne, soyez encore plus clair, comme en 2002, appelez à voter pour Emmanuel Macron !

Ce qui y a de bizarre, c’est qu’il faut attendre l’issue du premier tour pour découvrir le programme de Marine Le Pen. Comme si son programme n’était pas disponible auparavant. Et ce n’est pas faute de Marine Le Pen, car on peut dire qu’elle a fait campagne depuis six mois, multipliant les déplacements thématiques. Mais les journalistes semblent vraiment neurasthéniques, peut-être anesthésiés par la guerre en Ukraine ? Pourtant, les programmes, cela donne quelques indications intéressantes sur le futur, enfin, sur le conditionnel présent, à défaut d’être déjà du futur antérieur.

Pour Marine Le Pen, c’était même pire. C’est comme si Éric Zemmour lui avait servi de paratonnerre : pour toutes les mesures dégueulasses (désolé, je n’ai pas trouvé d’autres mots), c’est le polémiste qui s’en est pris plein la figure. Et la p’tite reine Le Pen en est sortie tout intacte, tout vierge de son immaculée rédemption (pour la conception, il faut voir avec Le Pen père).

Par exemple, on redécouvre que l’ex-présidente du RN veut interdire le port du voile en public. Pas les fonctionnaires dans une administration ouverte au public, mais n’importe quelle citoyenne. Faut-il argumenter sur l’ineptie ? Oui, d’autant plus que cette mesure pourrait même recevoir l’assentiment d’une majorité de Français (c’est là, le problème de la France, la démagogie est toujours aussi efficace dans la formation des opinions publiques).

La première chose, c’est que cela viole le principe d’égalité et le principe de liberté, ainsi que le principe de proportionnalité de la mesure (l’égalité n’est pas absolue, par exemple, on a accepté des mesures spécifiques au passe vaccinal pour garantir la protection de la santé des Français, mais quel principe suprême évoquer pour justifier cette interdiction du voile ?). Cette mesure serait donc forcément déclarée comme anticonstitutionnelle par le Conseil Constitutionnel. Déjà, on entend certains adeptes du lepénisme marinien dire que le Conseil Constitutionnel, on s’en b…, voire qu’on pourrait le dissoudre.

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C’est là où l’on retient un invariant de la pensée de Marine Le Pen : il n’y a rien entre le peuple et la loi. Ben si, il y a justement ce qui fonde la démocratie et l’État de droit, car sinon, il suffirait qu’une majorité décide de renier les libertés publiques, l’égalité pour qu’on tombe en dictature. C’est le principe de la démocratie, ce qu’on appelle aujourd’hui le bloc de constitutionnalité, qui va bien au-delà de la Constitution de la Cinquième République puisqu’il englobe aussi la (simple) loi du 9 décembre 1905 sur la laïcité, le préambule de la Constitution de la Quatrième République… sans compter qu’il y a d’autres instances juridiques, internationales, qui protègent les citoyens des abus d’une éventuelle majorité autocratique, en particulier la Cour européenne des droits de l’homme qui n’est pas, rappelons-le, l’émanation de l’Union Européenne mais du Conseil de l’Europe.

On voit bien la petite musique lepéniste visant à s’affranchir du Conseil Constitutionnel (et le déconsidérer en rappelant qui le préside), et cette idée, ne serait-ce qu’elle soit déjà formulée, est très inquiétante en elle-même. Le Conseil Constitutionnel, la seule chose qu’une postulante à la magistrature suprême peut faire, c’est de le respecter, comme de respecter le peuple français, la France, son histoire, son État de droit, ses institutions, sa démocratie et sa République.

Sur le voile, il y aurait beaucoup à redire d’ailleurs, car la candidate du RN prétend réconcilier les Français et elle irait au contraire les diviser gravement en stigmatisant toutes ces femmes qui portent le voile. Ce serait d’ailleurs totalement stupide de mobiliser les forces de l’ordre (qui, selon elle, auraient du boulot ailleurs) pour ce genre de "délit", d’autant plus qu’il n’y aurait que des risques de dérapage dès lors les personnes n’obtempéreraient pas. Plus stupide encore de vouloir mettre de l’eau dans son vin en "réduisant" la portée de la mesure d’interdiction aux seules femmes de moins de 70 ans, afin de se déclarer "extrémiste modérée" ! (genre : on n’est pas des monstres, les vieilles peuvent se voiler !).

Cette idée renforce d’ailleurs l’absurdité de la mesure, motivée soit par une démagogie sotte, soit par un réel racisme, puisqu’il n’y a rien qui justifie d’interdire à 69 ans ce qui est autorisé à 71 ans, à moins de confusion mentale et de mélanger les choses avec la vaccination pour laquelle les personnes plus âgées devaient être prioritaires quand il manquait de doses. La neutralité des journalistes me paraît d’ailleurs révoltante sur un tel sujet. Ils devraient exprimer leur indignation et au lieu de cela, ils ergotent comme s’ils demandaient pourquoi 70 ans et pas 65 ans.

Ce type de mesures, totalement kafkaïenne (depuis quand, sans raison, l’État doit-il dicter ce qu’on doit porter, ce qu’on doit manger, etc. dans un pays libre ?), typiquement zemmouriennes, mais le zemmourisme électoral les avait cachées (attention, un train extrémiste peut en cacher un autre !), justifie a posteriori le principe de l’État de droit et le bloc de constitutionnalité où un individu capable d’avoir la majorité des voix ne peut pas se permettre de faire tout et n’importe quoi. Ces garde-fous s’appellent démocratie. C’est justement parce qu’il y a des candidats à la Présidence de la République qui s’appellent Marine Le Pen qu’il faut ce genre de garde-fous.

J’aurais évidemment le même raisonnement avec beaucoup de propositions de Marine Le Pen, comme l’ineffable "préférence nationale" qui va diviser la société en deux catégories alors que les étrangers habitant en France contribuent, autant que les nationaux, à la richesse de la France (ou à sa pauvreté, mais ça revient au même, l’important, c’est : "autant que les nationaux"). C’est ce que les Le Pen ont toujours su faire, diviser et la méthode Coué qui consiste à hurler avec un sourire carnassier qu’on veut réconcilier les Français et qu’on veut une unité nationale ne retire rien à la réalité des choses.

Dans sa conférence de presse du mardi 12 avril 2022 à Vernon, Marine Le Pen a présenté ses propositions sur les institutions. Elle a eu l’outrecuidance de se réclamer de De Gaulle en présentant sa volonté de faire de référendums sur tout et n’importe quoi : justement, il n’en était pas ainsi question. Le référendum, au contraire, était réservé à des champs d’application très précis et exceptionnels que Jacques Chirac a certes étendu mais que François Mitterrand n’avait pas réussi à étendre en été 1984 dans une énième manœuvre politicienne (il voulait faire un référendum sur le référendum en prenant au mot les opposants de la réforme Savary qui réclamaient un référendum sur l’enseignement).

Et surtout, pour De Gaulle, il ne s’agissait pas de laisser au peuple le soin du sujet ni du calendrier. Il n’était pas question d’un référendum d’origine citoyenne qui, en France, au contraire de la Suisse, n’est pas réalisable concrètement car nous sommes trop nombreux. De Gaulle remettait sa légitimité systématiquement en cause à chaque référendum tandis que l’idée de Marine Le Pen est de faire une sorte de QCM permanent, sans suite, sans cohérence, en totale inconséquence, et surtout, sans mettre sa responsabilité personnelle en jeu. Dans ce cas, autant ne pas chercher à gouverner. C’est justement aux dirigeants de prendre des mesures parfois impopulaires mais qui peuvent se justifier. C’est cela qui s’appelle courage politique. Suivre les sondages, ce n’est qu’une lâcheté populiste quand ce n’est pas commandé par une vision cohérente de la France.

Ne serait-ce que la remise en cause de la peine de mort par un référendum alors que son abolition est une obligation engagée par un traité international ainsi qu’une disposition constitutionnelle me paraît procéder d’une dérive grave de la démocratie. Ce n’est pas ainsi que je conçois des institutions d’essence gaullienne.

Je termine sur un autre point du programme sur lequel je me suis déjà largement exprimé, la mise en place d’un scrutin proportionnel aux élections législatives. Marine Le Pen ne manque pas de toupet de se dire l’héritière de De Gaulle et de vouloir revenir justement aux délices et poisons de la Quatrième République qui est morte de son incapacité à trouver des majorités de gouvernement, d’autant plus qu’à l’époque, le paysage politique était nettement moins morcelé qu’aujourd’hui.

Marine Le Pen, qui prétend vouloir plus de proximité, veut faire élire des députés complètement hors sol, déconnectés des réalités du terrain, dont les élus ne seraient plus choisis par le peuple lui-même (ce serait le parti qui décide de l’ordre sur la liste qui ferait l’élection), au même titre que les députés européens (au point que les collaborateurs des députés européens RN auraient servi à faire autre chose que ce pour quoi ils ont été payés). Ce serait d’ailleurs pour Marine Le Pen un suicide institutionnel, celui de la France qui avait jusqu’alors des institutions qui fonctionnaient efficacement, mais aussi un suicide politique personnel car se retrouvant dans l’incapacité à rassembler au-delà de son seul parti, elle ne pourrait jamais avoir de majorité parlementaire sans scrutin majoritaire.

Il ne faut jamais oublier que construire des institutions démocratiques est un lent processus qu’il faut sans relâche favoriser au fil du temps et des modes, mais détruire des institutions peut se faire en un jour. La France est d’ailleurs championne du monde du cassage d’institutions depuis 1789. Grâce à De Gaulle qui a fait cette Cinquième République justement pas pour lui (toutes les institutions l’auraient glorifié et son autorité a été réelle sous la Quatrième République, en 1945 comme en juin 1958), mais pour ses successeurs qui ne pouvaient pas se prévaloir de sa légitimité historique exceptionnelle. Cet apport, le seul majeur et actuel, de De Gaulle, devrait être protégé précieusement par tous les amoureux de la République et de la démocratie. Il ne s’agit pas de se réveiller un lundi matin avec un arrière-goût dans la bouche et comprendre quand il sera trop tard. Réveillez-vous, abstentionnistes !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Avec Marine Le Pen, l’État de droit en peine.
Marine Le Pen : ne nous trompons pas de colère !
Programme 2022 de la candidate Marine Le Pen (à télécharger).
Philippe de Villiers.
Élysée 2022 (38) : Marine Le Pen et la Russie de Vladimir Poutine.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Robert Ménard.
Éric Zemmour et l’obsession de l’immigration.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen.
L’effet majoritaire.
Florian Philippot.
Bruno Mégret.
Jean-Frédéric Poisson.
Christine Boutin.
La création de Debout la Patrie.
Marion Maréchal.
Patrick Buisson.
Nicolas Dupont-Aignan.
Choisis ton camp, camarade !
Fais-moi peur !
Peuple et populismes.
Les valeurs de la République.
Être patriote.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220416-marine-le-pen.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/avec-marine-le-pen-l-etat-de-droit-240

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/18/39439662.html












 

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11 janvier 2022 2 11 /01 /janvier /2022 03:36

« Pour être candidat, il faut d’abord réunir au moins 500 parrainages d’élus avant la fin de la période de réception. Ces 500 parrainages doivent provenir de 30 départements et collectivités d’outre-mer différents. Il n’est pas permis que plus de 10% des parrainages proviennent d’un même département. » (site Internet du Conseil Constitutionnel).



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Le 7 janvier 2022, le candidat Éric Zemmour a fait état de ses difficultés à recueillir les fameuses 500 signatures d’élus pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle. Il a annoncé qu’il avait recueilli déjà autour de 330-340 promesses de signature, ce qui est loin du compte, d’autant plus qu’il y a parfois des promesses qui n’aboutissent pas à la signature et des signatures invalidées.

Ce sujet n’est pas nouveau et c’est même d’un perpétuel recommencement. C’est ce qu’on appelle un "marronnier" à saisir dans le calendrier électoral (tous les cinq ans). J’avais moi-même déjà évoqué ce sujet plusieurs fois et mon article du 7 mars 2007  fut même l’objet de ma première publication sur le site Agoravox.

À l’époque, c’était Jean-Marie Le Pen qui mettait en garde contre le risque de ne pas avoir ses signatures pour l’élection présidentielle de 2007, alors qu’il avait réuni 16,9% des suffrages exprimés en 2002. Mais la sauce ne prenait plus, il faisait le coup à chaque élection, on ne le croyait plus. Pour autant, on a pu observer à quel point, affaibli par l’âge, il a mené une campagne assez peu dynamique, ce qui a pu expliquer un résultat assez médiocre (10,4%).

On ne s’étonnera donc pas que cette fois-ci, Éric Zemmour reprenne ce marronnier, alors que Marine Le Pen, hilare, est assurée de ses signatures maintenant que le Rassemblement national est un parti bien installé, bien structuré et bien implanté avec de nombreux élus locaux. Certains disent que Jean-Luc Mélenchon peinerait aussi à collecter ses signatures, parce qu’il n’a plus l’appui du parti communiste français qui soutient son propre candidat, Fabien Roussel.

En fait de "parrainages", il s’agit plus rigoureusement de "présentations" dont les candidats ont besoin pour se présenter. À l’origine de la Cinquième République, le Président de la République était élu par un collège d’élus (suffrage universel indirect). Pour pouvoir se présenter, il lui fallait alors 50 présentations issues de ce collège. Quand l’élection présidentielle est passée au suffrage universel direct, en 1962, il fallait 100 présentations.

C’est parce qu’il y a eu un grand nombre de candidats en 1974, à l’occurrence douze, que le Président Valéry Giscard d’Estaing a souhaité rendre plus difficile l’acte de candidature en relevant le seuil à 500 présentations, par la loi organique n°76-528 du 18 juin 1976. C’est ce seuil qui est toujours en cours pour l’élection présidentielle de 2022.

Le collège est composé des maires de France, des élus nationaux (parlementaires nationaux et européens), des élus régionaux et départementaux (conseillers régionaux et départementaux), des représentants des Français de l’étranger, ainsi que des présidents de structures intercommunales ou encore de territoires particulier (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, etc.). En 2022, cela fait à peu près 44 000 personnes (47 413 mandats en 2012, certains cumulent encore plusieurs mandats mais beaucoup moins qu’en 2012).

La règle est néanmoins stricte puisqu’il faut que les signataires soient représentatifs du territoire national, qu’ils soient donc issus d’au moins 30 départements ou collectivités différentes, à la condition qu’on ne comptabilise pas plus de 50 signataires par départements ou collectivités (c’est-à-dire qu’on ne peut pas avoir seulement 1 signature dans 29 départements et 471 signatures dans le 30e département).

Le Président François Hollande a fait une autre modification par la loi organique n°2016-506 du 25 avril 2016 : les signataires doivent envoyer directement au Conseil Constitutionnel leur présentation (auparavant, c’était le candidat qui les recueillait et qui les déposait au Conseil Constitutionnel), si bien que le Conseil Constitutionnel publie un état dynamique de la situation réelle. En effet, deux fois par semaine, le site Internet du Conseil Constitutionnel publie les présentations (noms des signataires et bénéficiaires) qu’il a reçues depuis la dernière mise à jour.

Cette nouvelle façon de procéder empêche le candidat de "tricher" ou de faire un "coup politique" en se victimisant et en disant qu’il n’aurait pas ses signatures, ou le contraire pour se rendre important et passer dans les médias, car les électeurs connaissent comme lui sa situation exacte. En 2017, 14 296 élus ont signé la présentation de 61 personnes voulant être candidates, seules 11 d’entre elles ont été retenues dans les conditions requises (parmi ces 61 bénéficiaires, certains ne voulaient pas être candidats).

Auparavant, la liste des signataires était aussi publiée quelques jours avant le premier tour, mais si un candidat avait plus de 500 signataires, seuls 500 tirés au sort étaient indiqués au Journal officiel, ce qui n’est plus le cas depuis 2016.

La réforme de 1976 n’a pas empêché la multiplication des candidats : en 2002, seize candidats se bousculaient dans la compétition. Malgré la contrainte très forte, un candidat potentiel avec une équipe structurée, même s’il ne représente pas beaucoup de monde, peut être un candidat reconnu.

Jean-Marie Le Pen a été la première victime de ce système en 1981 : le système était nouveau et on ne pouvait plus prendre à la légère l’acte de candidature. Cela nécessite budget, moyens humains, etc. Sa non-candidature de 1981 avait-elle été "antidémocratique" ? Dans l’absolu, oui, puisqu’il représentait un courant d’opinion. Mais dans le concret, en 1974, il ne représentait que 0,7% des suffrages exprimés, très loin des 16,9% futurs de 2002.

D’autres personnalités politiques n’ont pas, ou n’auraient pas obtenu les 500 fameuses signatures, mais des personnalités isolées, même si elles étaient connues, pas soutenues par des organisations politiques. C’était aussi un moyen pour ces personnalités de s’exprimer pendant la précampagne sans avoir les inconvénients d’une réelle candidature, il suffisait de se victimiser ensuite en disant que le système les empêcher de se présenter.

Ainsi Charles Pasqua en 2002. J’ai du mal à croire que Charles Pasqua n’aurait pas été capable de réunir ses 500 signatures alors qu’il était le combinard en chef dès les années 1970, passé quatre ans au Ministère de l’Intérieur au contact direct avec les élus par les préfets. Dominique de Villepin aurait aussi postulé en 2012, mais là encore, il y a une véritable réflexion à avoir sur sa motivation. Plus sûrement, Corinne Lepage, déjà candidate en 2002, n’a pas pu réunir 500 signatures en 2012. On peut lui faire crédité de la motivation et de la sincérité. En 2017, ont été rejetées les candidatures de Rama Yade (353), d’Alexandre Jardin (165) et de Charlotte Marchandise (135). Il y a aussi des véritables abonnés au rejet, avec peu de signatures dans leur besace : Antoine Waechter (11), Nicolas Miguet (15), Pierre Larrouturou (33), etc.

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Ce système n’a pourtant pas empêcher la candidature de personnalités représentant des organisations ultraminoritaires, c’est le cas des candidats de la LCR devenu NPA et de LO qui ont été présents dans quasiment tous les scrutins (Arlette Laguiller, Alain Krivine, Nathalie Arthaud, Olivier Besancenot, Philippe Poutou, etc.). Il est vrai que ces organisations rassemblent peu de monde mais très mobilisé et très efficace (il suffisait de coller des affiches la nuit pour savoir qu’un militant de LO repasserait nécessairement après soi pour que ce soit les affiches de LO qui fussent vues au petit matin, dans tous les grandes agglomérations, cela il y a une vingtaine d’années, je ne sais pas maintenant).

De même, Emmanuel Macron, inconnu avant 2014, avec un auto-parti créé en 2016, a pu non seulement recueillir assez de signatures (1 829) mais aussi assez de suffrages (près de 21 millions) pour être élu Président de la République. Dans la démarche, Éric Zemmour reprend la démarche d’Emmanuel Macron en 2016 : nouvel arrivant sur la scène politique, nouveau parti, avec l’aura personnel et son fond programmatique comme principaux atouts et une couverture médiatique inégalée.

Bien entendu, ce système de parrainages a plusieurs inconvénients. Par exemple, il permet aux candidats soutenus par des grands partis très structurés qui ont beaucoup d’élus locaux de faire des manœuvres politiciennes. Comme soutenir des petits candidats du camp opposé pour l’affaiblir. Ces petits candidats sont bien sûr, à l’origine, déjà motivées politiquement. C’était le cas (entre autres) de Michel Debré en 1981 et Bruno Mégret en 2002. Probablement que d’autres candidats ont été ainsi soutenus en 2002, année faste des candidatures.

Autre conséquence : à chaque veille présidentielle, les maires sont assaillis de représentants de candidats sollicitant leur parrainage, ce qui, pour de nombreux d’entre eux, est aussi lourd que du harcèlement publicitaire. Un maire qui en avait marre a même mis en vente sur Internet son parrainage en 2007, par pure provocation.

Mais un filtre me paraît nécessaire pour se présenter. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder quand il n’y a pas de filtre. Les élections européennes de 2019 étaient justement à l’échelon national et il y a eu trente-quatre listes ! Dont seulement six ont eu des sièges (plus de 5%), et treize qui ont dépassé 1%. On peut considérer que le filtrage des 500 signatures permet de se retrouver à treize candidats (plus de 1%) au lieu de se retrouver à trente-quatre. Déjà à treize, le débat démocratique est difficile, alors à trente-quatre…

Au-delà des motivations politiques qui, elles, toutes, sont respectables (y compris le parti animaliste qui a fait un score non négligeable aux dernières européennes, 2,2%), certaines candidatures peuvent avoir bien d’autres motivations : faire sa publicité personnelle, de la promotion commerciale, de la provocation artistique, de la retape de secte, etc. Aux élections régionales de mars 1992, grâce à une système de financement avantageux, plusieurs partis spontanément créés s’étaient présentés dans plusieurs régions, comme le "parti du ras-le-bol" ou le "parti de la loi naturelle".

Faut-il ne plus publier le nom des signataires de présentation des candidats ? Dans une époque de transparence où l’on publie désormais le patrimoine des élus (j’y reviendrai), c’est difficile de faire machine arrière vers plus d’opacité. Un élu qui présente n’est pas un élu qui soutient, il y a une grande différence. Cependant, certains évoquent une sorte de chantage que ferait peser un président de département ou de région sur un petit maire rural dont la commune bénéficierait, ou pas, des largesses territoriales. Il faut se rappeler que cette menace (signature ou non signature en échange de subvention) est clairement de la corruption (qui sera difficile à prouver certes), puisqu’un élu n’a jamais de mandat impératif et décide en toute conscience et responsabilité.

Dans les trois élections présidentielles précédentes, je posais surtout la question cruciale : pourquoi un maire (car c’est surtout des maires, les autres sont plus politisés et aguerris) aurait-il "honte" de présenter tel ou tel candidat ? C’est un candidat pour être élu Président de la République : s’il est si "honteux" pour un maire, peut-il être respectable pour la majorité des citoyens ?

Je prends un exemple. Admettons un candidat qui se présente au nom d’une association connue de personnes homosexuelles. Je ne précise pas plus les motivations éventuelles, mais il est probable qu’en cette qualité, aucune personne n’aurait été candidate dans les années 1960 ou 1970, l’homosexualité pouvant être considérée comme honteuse sinon illégale. Puis, l’homosexualité a été autorisée dans le droit, puis dans la société, au point qu’aujourd’hui, où de nombreuses fictions font intervenir des personnages homosexuels, il ne viendrait pas à l’esprit de refuser une candidature en qualité de représentant d’une telle association. Cette lente évolution vers la respectabilité peut évidemment se retrouver dans certaines idées. La "respectabilité" acquise par Marine Le Pen provient aussi de sa volonté personnelle d’éviter tous les dérapages dont était coutumier son père. Éric Zemmour, comme polémiste, a aussi eu des positions suffisamment provocatrices ou choquantes pour qu’il doive faire ce même travail de respectabilité tout autant que politique pour être crédible et avoir une chance d’être élu.

Au-delà du filtre de respectabilité/crédibilité, le système actuel propose un filtre d’organisation et de méthode, en bref, un filtre de faisabilité de la candidature : si on n’est pas capable de recueillir 500 signatures dans toute la France, à quoi bon se présenter et demander le suffrage des électeurs ? C’est aussi un peu l’intérêt du mariage : c’est un projet commun à deux, au même titre que les vacances, l’achat d’une maison, ou (le plus grand), la naissance d’un ou plusieurs enfants. Si le "management" de ce projet d’organisation d’un mariage se passe mal, faut-il aller plus loin dans le partenariat ? Des mariages avortent à ce moment crucial. Autant éviter les frais. Ce filtre-là aussi est important, car plus il y a de candidats, plus la démocratie est illisible, moins le débat public est facile.

Une fois dit cela, la nécessité du filtre, la question est donc : est-ce qu’il y a un moyen d’améliorer ce filtre voire d’en trouver un autre ?

En fait, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions comme alternative. Elles sont toutes anciennes.

La première proposition est de remplacer ce système (ou le compléter, ce serait au choix) par le recueil de parrainages de simples citoyens. Il faut d’abord mettre un seuil : 150 000 ? 300 000, 500 000 ? Le seuil à fixer est important et il faut bien insister que ce seuil pourrait rendre ce système bien plus difficile que le système des maires : à la dernière élection présidentielle, cinq candidats sur onze ont recueilli moins de 500 000 voix, sans contraintes géographiques. Ce système de parrainages populaires pourrait donc être pire que l’existant s’il n’est pas proposé comme une possibilité complémentaire.

Un autre problème, pas insurmontable mais réel, c’est de vérifier et de valider chaque signature. Le Conseil Constitutionnel vérifie actuellement les signatures de présentation des élus (cela en fait plus de 14 000 !) avec près de 5% de prise de contact avec le signataire pour vérifier qu’il a bien signé. Avec des centaines de milliers de signataires par candidat, avec une dizaine ou une vingtaine de candidats, c’est quasiment impossible de vérifier la réalité de ces signatures et leur exclusivité, à moins de mettre des moyens considérables (c’est possible, c’est un budget) et aussi d’avoir du temps (c’est plus délicat).

Deux autres pistes, elles aussi anciennes, peuvent cependant nourrir la réflexion. Le Comité Balladur nommé par le Président Nicolas Sarkozy pour préparer la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a remis son rapport le 29 octobre 2007 dans lequel il évoque ce sujet : il propose d’élargir le collège des élus susceptibles de présenter un candidat à la manière du collège des grands électeurs pour l’élection des sénateurs, c’est-à-dire en y incluant des délégués des communes selon leur population, ce qui pourrait faire entre 100 000 et 200 000 signataires possibles, au lieu de 44 000.

La seconde piste, elle aussi ancienne, me paraît assez simple et exposée par Jean-Luc Mélenchon le 9 janvier 2022 sur LCI : il suffirait, là aussi, d’élargir le collège à tous les élus, y compris tous les conseillers municipaux. Les zones rurales seraient alors surreprésentées, mais ce n’est pas important puisqu’il ne s’agit pas d’élire et seulement de permette à un candidat de se présenter. Il faudrait alors peut-être relever le seuil de signatures, car il y a plus de 512 000 conseillers municipaux (512 266 au 1er juillet 2020).

Dans tous les cas, l’expérience depuis vingt ans montre que le sujet n’échauffe les esprits qu’avant une campagne présidentielle. Après l’élection présidentielle, plus personne n’en parle, pas l’élu, mais non plus les malheureux candidats, malheureux soit parce qu’ils n’ont pas été élus, soit parce qu’il n’ont même pas réussi à remplir les conditions pour être candidats. Cela signifie finalement que toutes les velléités de réforme étaient principalement des postures assez hypocrites de victimisation et que le système, globalement, tient ses promesses. Et je ne doute pas que ce soit encore le cas pour cette élection présidentielle de 2022.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 janvier 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.
En 2012, faut-il réformer le système de parrainages pour l’élection présidentielle ?
Onze candidats à l’élection présidentielle française du 23 avril 2017.
Liste des parrainages des candidats à l’élection présidentielle au 18 mars 2017.
Dix candidats à l’élection présidentielle française du 22 avril 2012.
Sarkozy parrainera-t-il Le Pen ?
Faut-il supprimer l’élection présidentielle ?
Supprimer les professions de foi ?
Petits candidats et grands candidats.
Bercy : les grands argentiers de France.
Quai d'Orsay.
Évaluation des ministres : Rendre des comptes aux citoyens, est-ce un mal ?
L’abstention, c’est grave, docteur ?
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 avril 2013.
Mathématiques militantes.
L’ambition en politique.
Vive la Cinquième République !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220109-presidentielle-parrainages.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-serpent-de-mer-des-parrainages-238574

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/01/10/39298261.html








 



 

 



 

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