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Scandale Madoff : BNP Paribas annonce une possible perte de 350 millions d'euros
lun 15 déc 2008 - 5h56 - Par LeMonde.fr
Deux mois après avoir pâti des effets de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, les gestionnaires de fortunes en Europe se remettent à trembler face à la fraude gigantesque du gérant de fonds new-yorkais Bernard Madoff. Selon de premiers décomptes non officiels, les "banques privées", européennes spécialistes en gestion de fortunes et les investisseurs spécialisés dans les placements à risque de type "hedge funds" seraient exposés à hauteur de plusieurs milliards de dollars.
La société d'investissements du célèbre courtier de Wall Street, qui a avoué une fraude "pyramidale" de 50 milliards de dollars, attirait "l'aristocratie financière mondiale", soulignait dimanche le journal espagnol El Pais. Parmi les clients de la Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, on trouve les grandes banques internationales, les plus discrètes "banques privées" et les confidentiels "family offices", sociétés chargées de gérer le patrimoine d'une seule riche famille.
En France, d'ores et déjà, la banque BNP Paribas a indiqué, dimanche soir, qu'elle pourrait perdre 350 millions d'euros. La banque souligne qu'elle n'a pas investi directement dans les fonds spéculatifs du gérant, mais qu'elle est exposée via "ses activités de marchés" et les prêts qu'elle a accordés à certains fonds qui ont en revanche investi dans les hedge funds de Madoff. "Si la valeur des actifs de ces derniers était totalement anéantie, la perte de BNP Paribas pourrait s'élever à 350 millions d'euros", affirme la banque.
En Espagne, la première banque, Santander, a annoncé dimanche que les clients de son fonds spéculatif Optimal Strategic étaient exposés à hauteur de 2,33 milliards d'euros à la fraude Madoff. Santander, deuxième banque européenne par la capitalisation, a ajouté qu'elle avait investi 17 millions d'euros pour son propre compte dans des produits de Madoff. Selon L'Expansion, les investisseurs de M&B Advisers Gestion (M&B Capital Advisers) sont également concernés.
En suisse, les banquiers, traditionnels spécialistes de la gestion de fortune, pourraient perdre, eux, jusqu'à cinq milliards de dollars, selon le journal helvétique Le Temps.
13 décembre 2008
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(dépêche)
Le retour des banques, par Isabelle Ehrhart
13 déc. 2008 - 21h01 - LeMonde.fr
Décidément, à quelques jours de la fermeture de fin d'année, l'espoir renaît sur le marché primaire obligataire de l'euro. Certes, les entreprises non financières se sont faites plus discrètes ces derniers jours ; mais une agréable surprise est venue des banques.
Depuis la rentrée de septembre et la faillite de l'américaine Lehman Brothers, pas une n'avait osé se présenter aux investisseurs pour leur emprunter de l'argent, tant l'accueil risquait d'être glacial. L'Etat français, comme tant d'autres, a débloqué la situation en offrant sa garantie et les plans de sauvetage européens ont achevé de convaincre les investisseurs que les banques de première qualité bénéficiaient d'une garantie d'Etat implicite.
Sur ces bases, il fallait tout de même que les banques émettrices et les investisseurs se mettent d'accord sur le prix de cette confiance retrouvée. La Société générale a été la première à le trouver, d'abord sous forme d'une émission d'obligations placées hors marché, "un placement privé" selon le langage des professionnels, puis d'un classique emprunt obligataire de 500 millions d'euros remboursables dans cinq ans.
Trois autres banques ont saisi l'occasion : BNP Paribas, avec 1,5 milliard d'euros empruntés, l'italienne Intesa Sanpaolo, avec 1,25 milliard, puis Credit suisse, avec 1 milliard. Toutes ont choisi la même maturité, et les quelque 4,2 milliards d'euros ont trouvé preneur rapidement. Il est vrai que, si les obligations de ces banques sont considérées comme implicitement garanties par les Etats, les primes de risque sont encore plus séduisantes : entre 160 et 195 points de base (1,60 % à 1,95 %), soit des coupons supérieurs ou égaux à 5 %.
Et les investisseurs sont à la recherche de titres pour boucler leur année : avec un dernier trimestre dense en remboursements, ils ont de nombreuses liquidités à réinvestir. L'Etat français, par exemple, a remboursé une petite trentaine de milliards d'euros en octobre.
Une autre banque européenne devrait suivre dans les jours qui viennent, pour emprunter sous la forme la plus classique qu'il soit. C'est aussi un moyen simple de compléter les financements garantis par les Etats et de compenser le long sommeil des obligations dites sécurisées, dont personne n'attend rien avant 2009.