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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 23:37

Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a remis le 5 juin 2018 le rapport de synthèse sur les États généraux de la bioéthique organisés à partir du 18 janvier 2018. On peut le lire ainsi que différents documents sur le sujet. Cliquer sur les liens pour télécharger le fichier .pdf correspondant.

Rapport de synthèse du Comité d'éthique du 5 juin 2018 :
http://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/rapport_de_synthese_ccne_bat.pdf

Communiqué de presse sur l'ouverture d'un site Internet le 9 février 2018 :
https://etatsgenerauxdelabioethique.fr/media/default/0001/01/85932e22eff77a5ce165b00a90bdb0e8a3718fa7.pdf

Dossier de presse sur l'ouverture des États généraux de la bioéthique le 18 janvier 2018 :
https://etatsgenerauxdelabioethique.fr/media/default/0001/01/5f0a2059803ef477ded725f8d7c4cee9d1b864b6.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180605-etats-generaux-bioethique.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180605-rapport-comite-ethique.html



 

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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 23:18

Le 6 juin 2018, les sénateurs ont adopté à l'unanimité une proposition de loi permettant l'analyse des caractéristiques génétiques de personnes décédées avec un certain encadrement. Cliquer sur les liens pour télécharger le fichier .pdf correspondant.

Texte adopté par le Sénat le 6 juin 2018 :
http://www.senat.fr/leg/tas17-114.pdf

Rapport de Catherine Deroche du 30 mai 2018 :
http://www.senat.fr/rap/l17-523/l17-5231.pdf

Synthèse du rapport Deroche du 30 mai 2018 :
http://www.senat.fr/rap/l17-523/l17-523-syn.pdf

Compte rendu de la séance du 06 juin 2018 au Sénat :
http://www.senat.fr/cra/s20180606/s20180606.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180606-test-adn.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180606-documents-proposition-milon.html



 

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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 03:56

« Il y a énormément de points communs entre ton geste, Mamoudou, et les valeurs portées par la BSPP faites de courage, d’audace et aussi d’humilité. » (Général Jean-Claude Gallet, commandant de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le 29 mai 2018).


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Ce mercredi 30 mai 2018, un campement de plus d’un millier de "migrants" (sans-papiers) a été évacué dans la matinée par la police du côté de la Porte de la Villette à Paris. Faut-il comprendre dans cette actualité la fameuse politique du "en même temps" du Président Emmanuel Macron ? Il a été critiqué (injustement à mon avis) pour avoir voulu récupérer un exploit moral et sportif en recevant Mamoudou Gassama. Les plus critiques étaient ceux qui sont pour une politique d’immigration plus ferme sinon plus fermée, mais on aurait des raisons de penser que cela aurait dû être ceux qui étaient contre ce type de politique qui avaient tout à critiquer un Président double face qui se donnait un alibi moral le lundi pour appliquer une politique sans concession le mercredi… Revenons sur cette actualité.

On pourra toujours critiquer le tutoiement du général pompier cité en tête de l’article, mais c’est un tutoiement d’admiration et d’honneur d’un officier pour celui qui est, il faut insister, un héros national. Mamoudou Gassama est un jeune Malien sans-papiers de 22 ans qui habite dans un foyer à Montreuil depuis septembre 2017. Il a mis cinq ans pour arriver en France et rejoindre son frère, quittant son pays en proie au jihadisme (la France est intervenue militairement au Mali pour cette raison ; au moins vingt-deux de ses soldats y sont morts) en passant par le Burkina-Faso, le Niger et la Libye avant de traverser la Méditerranée dans des conditions dramatiques, et de parcourir l’Italie. Jusqu’à maintenant, il vivait en travailleur clandestin sans beaucoup de perspectives d’avenir.

Un héros désormais médiatisé et invité dans de nombreuses émissions de télévision (BFM-TV, TMC, C8, etc.) pour une raison qui a l’avantage d’être heureuse : en début de soirée, le samedi 26 mai 2018, il a sauvé un enfant de 4 ans qui était tombé du cinquième étage dans un immeuble du dix-huitième arrondissement. L’enfant a réussi à se rattacher au balcon de l’appartement juste en dessous, au quatrième étage, et a tenu dans le vide grâce au grillage de la balustrade (dans l’opération, il s’est arraché un ongle d’orteil).

Mamoudou Gassa n’a pas réfléchi quand il a compris la situation. Il a traversé la rue, franchi la clôture et a commencé à escalader à mains nues la façade de l’immeuble en enjambant balcon sur balcon. Initiative complètement folle qui nécessitait d’avoir une rudement bonne forme physique et sportive. En même pas une minute, il a réussi l’exploit de rejoindre le balcon où était le garçon, et il l’a mis en sécurité.

Le procureur de la République de Paris François Molins a expliqué, le 28 mai 2018 sur BFM-TV, l’absence des parents du garçon : sa mère était en déplacement loin de Paris, et son père (effondré a posteriori) était parti faire des courses. Sa négligence pourrait lui coûter deux ans de prison selon l'article 227-17 du code pénal (ce qui punirait surtout l’enfant). Le père a été placé brièvement en garde-à-vue et confié à la brigade de protection des mineurs pour "soustraction à une obligation parentale", et le garçon confié à une structure d’accueil pendant ce temps.

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Depuis quelques jours, certains de ceux qu’on pourrait appeler la "fachosphère", mais je vais les appeler seulement ceux qui sont pour la fermeture des frontières, s’emploient sur Internet à vouloir dénaturer ou détruire la réalité de l’exploit.

Un tel complotisme est ahurissant dans la mesure où cet exploit, certainement surprenant, a été fait devant de nombreux témoins et heureusement, l’un au moins l’a filmé. Alors, certains essaient de disséquer le film pour y trouver matière à contester la réalité. Le principal argument vient du voisin de l’appartement du quatrième étage qui aurait attendu sagement que Spiderman arrivât.

En fait, le voisin a cherché à aider le garçon, au point que celui-ci (le garçon) a essayé de se déplacer vers le balcon voisin, mais à cause de la cloison qui sépare les deux balcons, tenter de soulever le garçon aurait été très risqué tandis que le voisin avait aperçu Mamoudou Gassama réussir son ascension. Le voisin a donc préféré seulement lui tenir la main pour le sécuriser et éviter qu’il ne tombât. D’ailleurs, même si ce voisin avait réussi à hisser le garçon (que ceux qui lui reprochent de ne pas l’avoir fait en soient capables !), cela n’aurait rien ôté au caractère courageux et héroïque du geste spontané de Mamoudou Gassama.

À tous ces complotistes qui mettent en doute la réalité, j’aimerais poser la question : et vous, qu’avez-vous fait d’héroïque dans votre vie ? Moi, j’ai la modestie de dire que je n’ai rien fait de vraiment héroïque (ou alors, je ne m’en suis pas aperçu !), mais, au moins, je les admire, ces héros, je ne les conteste pas.

Ce complotisme s’éteindra de lui-même, et cet exploit a déjà, comme la plupart des faits d’actualité, son lot de caricatures, d’humour, de canulars aussi. Nicolas Dupont-Aignan fut ainsi victime d’un canular du site belge NordPress qui a diffusé le soir du 27 mai 2018 un faux tweet mettant en cause l’humanisme de l’ancien candidat avec ces mots : « Rien n’indique à ce jour si le clandestin malien qui a "sauvé" l’enfant à Paris ne cherchait pas à le kidnapper. » (il a annoncé qu’il allait déposer plainte pour atteinte à son honneur et à sa réputation et il n’a pas forcément tort, vu le nombre de tweeter à être tombés dans le piège parodique et à avoir pris le message au premier degré). Il y a aussi des propos qui se veulent un peu plus distants comme ceux, condescendants, de Franck Crudo : « À ce rythme-là, ce pauvre bougre de 22 ans, déjà un peu héros malgré lui, va finir emmuré vivant au Panthéon avant la fin de la semaine, sous les vivas [sic] du bobo en délire. Avec Christine Angot pour remplacer André Malraux lors du discours d’intronisation. (…) Cet acte de bravoure exceptionnel qui ferait presque passer Jean Moulin pour un rond de cuir un peu mou du genou ou Steve McQueen et Paul Newman pour des petites b… dans "La Tour infernale", suscite toutefois quelques questions. » (dans "Causeur", le 29 mai 2018).

La réalité de l’exploit n’a donc évidemment pas empêché certains de critiquer ce qu’ils ont appelé la récupération politique. En effet, le Président Emmanuel Macron, visiblement sensible au courage et à l’héroïsme du jeune Malien, l’a invité à l’Élysée pour une courte réception (une dizaine de minutes) le lundi 28 mai 2018 dans la matinée. Voulant le récompenser, Emmanuel Macron lui a assuré qu’il serait naturalisé français avant trois mois : « Vous êtes devenu un exemple, il est normal que la nation soit reconnaissante. ».

Pour Mamoudou Gassama, il a comme plongé sur une sorte de petit nuage. Le matin du mardi 29 mai 2018, il est allé à la préfecture de Bobigny (dans le département où il est domicilié) pour recevoir un récépissé de régularisation avant de recevoir une carte de séjour valable dix ans.

Puis, il a été reçu par les sapeurs-pompiers de Paris, par leur commandant (le général Jean-Claude Gallet) qui l’a invité à déjeuner et qui lui a fait visiter la caserne Champerret : « Nous avons eu une discussion très profonde. Je sais qu’il a eu un parcours difficile, compliqué. Maintenant, il veut s’engager au service des autres. ». Le général Gallet l’avait présenté ainsi : « La brigade des sapeurs-pompiers de Paris a l’honneur et la fierté d’accueillir Mamoudou Gassama. ». Il lui a offert d’intégrer ses équipes dans le cadre d’un service civique volontaire de dix mois au minimum (rémunéré 472 euros par mois, on ne peut pas dire que c’est luxueux), en sachant que s’il veut être recruté, il devra d’abord avoir la nationalité française.

Pour Mamoudou Gassama, qui a connu la "galère", tout s’éclaire pour son avenir qu’il peut maintenant voir avec optimisme, et ce n’est que justice et mérite car ce qu’il a accompli, peu en auraient été capables, quelle que soit d’ailleurs leur identité (on s’en moque qu’il soit sans-papiers ou pas dans ces cas-là, en tout cas, le garçon et sa famille s’en sont moqué).

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Aujourd’hui, ceux qui critiquent l’hypermédiatisation de Mamoudou Gassama considèrent que ce dernier aurait été "héroïsé" par des "bobos immigrationnistes" pour devenir un exemple, pour faire comprendre qu’un sans-papiers, qu’un immigré, qu’une personne humaine qui a déjà risqué sa vie en traversant une mer pour rejoindre notre pays et qui a risqué une seconde fois sa vie pour sauver la vie d’un enfant dans un pays dont de nombreux habitants lui ont montré toute leur réticence à l’accueillir, que lui, le rien-du-tout, pouvait être un atout précieux pour le pays. Sans lui, il y avait une forte probabilité pour que la vie de ce garçon se terminât tragiquement dans la rue. Et d’être persuadés que s’il n’avait pas été sans-papiers mais Français, s’il avait été plus… enfin, moins… enfin, d’une autre couleur de la peau (disons-le clairement), alors il n’aurait pas été aussi honoré.

Phénomène de projection de toujours vouloir voir autre chose que les seuls actes dans une République où chacun, y compris les étrangers, est égal et se distingue par son seul mérite. En fait, ce sont eux-mêmes qui font cette discrimination, car si justement, ce héros avait été "autre", c’est-à-dire, n’avait pas été "l’Autre", s’il n’avait pas été de ceux qu’ils voudraient repousser à la frontière, qu’ils voudraient expulser, dont ils ont peur car dans leur tête, pour un héros, il y aurait dix terroristes en puissance, s’il avait fait partie de ceux qu’ils considéraient parmi "les leurs", alors ils n’auraient pas remis en cause la réalité de l’exploit, ils n’auraient pas fustigé la récupération politique, ils n’auraient pas désapprouvé la surmédiatisation de cet inconnu, ils l’auraient simplement applaudi.

Et alors ? Même s’il y a eu récupération politique, que vaut-elle face à la vie du jeune Malien qui s’ouvre désormais vers l’avenir ? Quel électeur, sinon très simple d’esprit, initialement macronophobe, deviendrait macronophile uniquement parce qu’Emmanuel Macron aurait parlé dix minutes avec un héros ? Laurent Joffrin l’a écrit avec d’autres mots : « Faut-il s’en plaindre ? Après tout, si un homme politique tire avantage d’une décision humaine en faveur d’un sans-papiers, quelles que soient ses motivations, n’est-ce pas une bonne nouvelle ? Ceux qui le critiquent doivent se demander ce qu’ils auraient dit si Emmanuel Macron avait pris la décision inverse. » ("Libération", le 28 mai 2018).

D’ailleurs, Emmanuel Macron a déjà célébré d’autres héros, hélas, certains sont morts de leur geste héroïque, comme le colonel Arnaud Beltrame. Il n’était pourtant ni Malien, ni sans-papiers, ni musulman, ni…

C’était le minimum syndical que pouvait faire la République française pour remercier, car il n’y a pas d’autre fonction que cela, pour dire merci à celui qui a sauvé la vie d’un de ses enfants. C’était la moindre des choses d’être reçu par le Président de la République (on ne parle pas de récupération quand ce dernier, lui, encore bientôt le 5 juin 2018, ou ses prédécesseurs, reçoivent une équipe de football dont les membres n’ont peut-être pas fait preuve d’une même moralité ou d’un même sens du devoir que Mamoudou Gassama). C’était la moindre des choses de vouloir naturaliser un héros.

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Certains disent qu’ils veulent retirer la nationalité française aux terroristes (concrètement, cela ne servirait à rien puisqu’ils sont prêts à mourir pour tuer les autres, alors perdre leur nationalité…), et voici qu’ils voudraient la refuser à un homme comme Mamoudou Gassama ? Parce que cela irait trop vite ? Heureusement qu’il est allé vite dans son alpinisme de béton.

Pourtant, le retrait de la nationalité française procède de la même logique, celle du mérite républicain. Du reste, Mamoudou Gassama ne sera pas le premier "héros" à bénéficier d’une naturalisation accélérée : avant lui, Lassana Bathily, le manutentionnaire du supermarché Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, et Didi, un vigile au Bataclan, ont été naturalisés pour la même raison, leur comportement héroïque face aux terroristes. S’ils ont été moins médiatisés, c’est aussi parce que leur acte s’est inséré dans une série de terribles événements, de terribles attentats qui ont traumatisé tout le pays.

Quant à offrir un stage aux pompiers de Paris, le privilège n’est pas un très lourd engagement : 472 euros par mois ! C'est mois que le prix de l'hôtel pour reloger les sans-abris. Il a l’avantage cependant d’apporter un emploi et de donner un sens à une vie qui était jusque-là en stand-by.

Alors, je réponds à ma question du titre : Mamoudou Gassama est-il une chance pour la France ? Évidemment ! C’est déjà "acté". Le garçon sauvé pourra en témoigner, ses parents aussi. Chance qu’il fût là au bon moment. L’affaire est déjà entendue. En tout cas, pour la grande majorité des Français.

Une "chance pour la France", c’est l’expression condescendante de ceux qui veulent renvoyer "chez eux" tous les immigrés, boucs émissaires d’une crise économique qui n’a pourtant pas besoin d’eux pour exister et durer, qui reprenait le titre courageux et audacieux du livre de Bernard Stasi "L’immigration, une chance pour la France ?" (toujours avec un point d’interrogation) publié en 1984.

Je ne redirai jamais assez à quel point Bernard Stasi (1930-2011) a eu cette intuition et cette anticipation d’aller à contre-courant d’une classe politique volontiers démagogique avant les échéances électorales, pour rappeler quelques fondamentaux sur l’humain qui font honneur à la France, comme celui-ci : le courage et la lâcheté n’ont pas de nationalité ! Merci et bravo Mamoudou Gassama, et bonne route pour la suite !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 mai 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Mamoudou Gassama.
Arnaud Beltrame.
Donner sa vie.
L’esprit républicain.
Ce qu’est le patriotisme.
Les réfugiés.
Une politique d’immigration ratée.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180526-mamoudou-gassama.html

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/mamoudou-gassama-une-chance-pour-204798

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/05/31/36447577.html


 

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2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 03:43

« My gladiator lay down his shield and gained his wings (…). Absolutely heartbroken. » (Tom Evans, le 28 avril 2018).

 

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En français, cela donne à peu près ceci : "Mon gladiateur a déposé son bouclier et a gagné ses ailes (…). Le cœur complètement brisé". La tristesse du père de l’enfant.

Comme beaucoup de monde, j’ai été très ému par la mort du petit garçon Alfie Evans lorsque je l’ai apprise ce samedi 28 avril 2018 dans la matinée. La mort remontait à 2 heures 30 du matin. Cela faisait plusieurs mois que je suivais le combat malheureux de ses parents pour qu’ils puissent avoir le droit de le faire soigner. Son père Tom était même allé le 18 avril 2018 à Rome pour y rencontrer le pape François au cours d’une audience d’une vingtaine de minutes. Le pape lui avait alors adressé un soutien chaleureux. La République italienne avait honoré Alfie Evans le 23 avril 2018 en lui attribuant la nationalité italienne pour faciliter les démarches administratives.

Peine perdue. la Haute Cour de Londres a donné raison le 25 avril 2018 à l’hôpital où était soigné Alfie (à Liverpool) et sa mort fut provoquée par l’arrêt des traitements. Il était sous respirateur artificiel et sous alimentation et hydratation artificielles. Si vous ne buvez plus et que vous ne mangez plus, il n’y a pas beaucoup d’incertitude sur l’issue à court terme. Si vous ne respirez plus non plus, à cela près que même sans ventilation provoquée, Alfie Evans est parvenu à respirer tout seul ! Il a mis cinq jours avant de mourir (les traitements ont été arrêtés le 23 avril 2018) Il n’est donc pas mort de ne pas avoir pu respirer, malgré l’absence de ventilation artificielle.

Pourtant, un hôpital italien à Rome, le Ospedale Pediatrico Bambino Gesu (l’hôpital pédiatrique de l’enfant Jésus), avait annoncé qu’il était prêt à accueillir et à soigner le mieux possible Alfie et s’était même engagé à le faire à ses propres frais. Donc, il n’y avait pas d’obstacle financier ni d’obstacle médical pour permettre à Alfie d’avoir la meilleure vie courte possible avec son état de santé.

Alfie Evans était un bébé né le 9 mai 2016 (il aurait eu 2 ans dans quelques jours) qui était atteint d’une maladie neurodégénérative. Inutile de dire que son espérance de vie était probablement courte. Il était aimé de ses parents qui cherchaient à le soigner le mieux possible. Ce bébé ne souffrait pas. Ses médecins britanniques ont cependant considéré qu’il était incapable de vivre.

En Grande-Bretagne, c’est la deuxième mort de bébé en moins d’un an, où sont mêlées justice et médecine. Le 28 juillet 2017 est mort Charlie Gard, quelques jours avant son douzième mois (4 août), malgré la demande de transfert de ses parents vers un hôpital de New York. Comme pour Alfie, cela avait provoqué une forte réaction médiatique, notamment un article de Lindsey Bever du "Washington Post" le 28 juillet 2017. Donald Trump avait alors exprimé sa compassion. Mais sa situation était un peu différente de celle d’Alfie. Restons avec Alfie.


Les gens sont choqués car les faits sont scandaleux

La mort d’Alfie est un multiple scandale. Il faut néanmoins éviter de faire trop de confusions. Le sujet touche trop à l’intime pour que chacun ne puisse pas réagir autrement que selon ses propres expériences et sa propre émotion.

Le multiple scandale, c’est la décision de deux grandes institutions britanniques, l’hôpital et la justice. Les parents ont placé leur enfant dans cet hôpital. Ils lui ont donc fait confiance. Ils auraient pu choisir un autre hôpital. D’ailleurs, c’était justement ce qu’ils voulaient faire depuis plusieurs mois, le transférer dans un hôpital italien qui était prêt, je le répète et j’insiste, à financer les coûts du transfert, le séjour et les soins.

Mais l’hôpital britannique a demandé à la justice l’autorisation d’arrêter les traitements sur Alfie en faisant un recours le 19 décembre 2017 à la Haute Cour de justice de Londres, pour être déchargé de toute responsabilité par la suite. Ce qui est scandaleux, c’est que la justice l’a autorisé. Et l’hôpital l’a fait. Fait quoi ? Laisser mourir (pas tuer, soyons précis). D’où le décès. En quelques sortes, la peine de mort a été appliquée passivement sur Alfie Evans.

Ce qui est révoltant, c’est que les parents ont toujours refusé cette solution. Il n’y a donc pas d’accord du patient ou de ses représentants. C’est donc une décision hors champ, hors contrôle. C’est un pouvoir discrétionnaire des médecins. Ce qui est révoltant, c’est que l’enfant, dans tous les cas, même en bonne santé, ne peut pas vivre seul, sans aide, sans ses parents. Ce qui est révoltant, c’est que les parents avaient trouvé une solution "alternative" et qu’ils n’ont pas eu la possibilité de la mettre en pratique : où est leur liberté ?

Pire. L’hôpital a appelé la police pour bloquer toutes les issues afin d’empêcher une opération de force en cas de tentative d’enlèvement du bébé. Pourtant, les parents d’Alfie avait juridiquement le droit de faire sortir leur enfant et le faire soigner dans un autre établissement (voir lettre ci-dessous). Le père avait signé une décharge pour enlever toute responsabilité de l’hôpital en cas de problème lors du transfert et les services sociaux avaient a posteriori fait une demande d’ordonnance de protection, ce qui démontrait qu’ils ne pouvaient juridiquement pas empêcher ce transfert sans cette ordonnance.

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Ce que n’est pas cette "affaire"

Dans les réactions très émues, le débat sur l’euthanasie a resurgi. C’est une erreur. Cette histoire n’est pas une histoire d’euthanasie. L’hôpital n’a pas fait d’injection létale sur le bébé, il l’a "simplement" laissé mourir en arrêtant les traitements. Cela signifie qu’il n’y avait pas besoin d’une légalisation de l’euthanasie pour que cet acte survînt. C’est important de le signaler. Tout au plus, on pourra parler d’euthanasie passive, mais cela ne signifie pas grand-chose. L’arrêt de traitements de maintien en vie, même si c’est plus long sémantiquement, est plus pertinent pour caractériser cette situation. C’est important d’être précis pour ce genre de sujet très sensible.

Ce n’est pas non plus le sujet de la fin de vie : Alfie Evans n’était pas en fin de vie, n’était pas une personne très âgée, n’était pas au stade terminal d’une maladie incurable. Il était simplement dans une situation de lourd handicap.

À ce sujet, laissons parler Aude Mirkovic, maître de conférence en droit privé et spécialiste de bioéthique, qui était interviewée par Atlantico ce 30 avril 2018 : « Personne ne veut l’acharnement thérapeutique et il est acquis que, lorsque des traitements sont devenus inutiles, disproportionnés, et n’ont d’autre effet que de maintenir artificiellement quelqu’un en vie, ils n’ont pas de sens et qu’il vaut lieux laisser la mort faire son œuvre (…). Le problème est que certaines sociétés aujourd’hui, c’est le cas de la France et visiblement également de l’Angleterre, assimilent des personnes lourdement handicapées à des personnes en fin de vie, ce qu’elles ne sont pas. (…) Dans le cas de ces patients dépendants pour vivre, l’arrêt des traitements signifie qu’ils vont mourir, non pas de leur maladie ou de vieillesse, mais de faim ou de soif selon les cas. Lorsque les médecins ont débranché la respiration artificielle d’Alfie, il s’est mis à respirer tout seul, il était bien vivant. ».


L’abjection des défenseurs d’une société eugénique

Certains, sans cœur visiblement, ont trouvé normal de laisser mourir Alfie Evans. Ils sont heureusement une minorité si l’on en juge par la consternation des réactions. Prenons quelques-uns de leurs "arguments" (même s’il n’y a pas d’arguments qui tiennent pour l’amour d’un enfant).

1. La compassion et la dignité

Ceux qui, pour justifier la décision injustifiable de l’hôpital, évoquent la "compassion" et la "dignité" défendent des arguments particulièrement abjects. La compassion ne peut pas être synonyme de mort. La dignité humaine, c’est justement celle AUSSI des plus fragiles, des plus vulnérables. Il n’y a AUCUNE vie humaine indigne d’être vécue. Celui qui pense le contraire n’a, à l’évidence, pas les mêmes valeurs que les miennes et que, je l’espère, la plupart de mes contemporains.

Car dès lors qu’on considère qu’une vie humaine n’est pas digne d’être vécue, on aboutit nécessairement à une société eugénique, c’est-à-dire qui sélectionnerait, selon des critères qu’on croirait rationnels alors qu’ils seraient totalement arbitraires, qui est digne et qui est indigne de vivre. Pas la peine d’aller trop loin dans l’histoire du monde pour voir une correspondance avec l’idéologie nazie : Juifs, homosexuels, personnes en situation de handicap, tziganes, etc. Eux ne valaient pas le coup de vivre. Il fallait les supprimer. Une fois "l’épuration" achevée, jusqu’où seraient-ils allés ? Si on remonte plus loin, on peut imaginer la Terreur sous Robespierre où l'élimination était plus politique qu'idéologique ou médicale, mais cela procédait à la même folie de sélection et d'élimination.

Cela fait penser au récent film de Wes Anderson, "L'Île aux chiens" (sorti le 23 mars 2018), où la sélection est médico-spéciste. Cela fait penser aussi au film d'Andrew Niccol, "Bienvenue à Gattaca" (sorti le 24 octobre 1997), où la société sépare la population en "valides" (les génétiquement parfaits, par PMA) et en "invalides" (les conçus par la voie naturelle, forcément génétiquement imparfaits). C’est la raison pour laquelle le professeur Jacques Testart (qui n’a rien d’un catholique, rappelons que l’éthique n’est pas réservée aux seules religions et que, fort heureusement, d’autres ont, eux aussi, le souci des plus fragiles) s’est toujours opposé au diagnostic prénatal qui permet de sélectionner les fœtus qui ont le droit de vivre des autres, dont on aurait détecté une anomalie (plus ou moins grave, la frontière ne peut être qu’arbitraire).

C’est important aussi de rappeler que le handicap est la seule possibilité de l’évolution au sens darwinien du terme. Le handicap est d’abord une erreur de la nature, une "anormalité". S’il y a beaucoup de handicaps qui mettent les êtres ou l’espèce "dans les choux", d’autres permettent au contraire de mieux s’adapter à son environnement et à son mode de vie. Or, avec les changements climatiques, cela sera de toute façon nécessaire. Le handicap est une diversité extrême. Et c’est la diversité qui enrichit une espèce, une population (il suffit de voir les familles royales dont sont issues des personnes avec très peu de sang diversifié).

2. Les gros sous

Mais ceux qui, dans le débat, évoquent le coût des soins sont encore pires dans l’abjection. Le raisonnement comptable aboutirait aux mêmes dérives eugéniques que précédemment, mais avec une considération économique. Il est là l’ultralibéralisme et nullement ailleurs : est-ce que cela vaut le coût (et le coup) qu’on le soigne ? Si l’on sait qu’il ne produira jamais de sa vie, que sa vie sera de toute façon courte, alors pas la peine de miser sur le patient parce qu’il n’y aura pas de retour sur investissement. Quelle horreur.

3. La situation inconfortable des proches

Que dire que ceux qui évoquent la situation psychologique des personnes qui accompagnent le patient ? Bien sûr que la vie des aidants est difficile, stressante, épuisante (la moitié des aidants meurt avant la personne dépendante qu’ils accompagnent, c’est une statistique terrible). Mais faut-il pour autant les prendre en compte dans la détermination des soins du patient ? Un peu comme on décide des rythmes scolaires en fonction des parents d’élèves, des professionnels du tourisme et des enseignants, et pas des élèves eux-mêmes ? (Oups, je retire la question précédente !).

Les décisions médicales ne doivent être prises que pour le "bien" (plus ou moins compris) du patient, jamais pour celui des ses proches. Imaginons les dérives avec l’héritage pour les enfants, l’envie d’une nouvelle vie conjugale pour le conjoint, etc.

Prendre cet argument, c’est nier aussi que la plupart des aidants aiment la personne qu’ils accompagnent (sinon, d’ailleurs, ils n’auraient pas la force de l’accompagner), et surtout, qu’ils l’aiment comme elle est, avec sa faiblesses avec son état, et que ce n’est pas cet état qui est un frein à l’amour, au contraire, il serait plutôt susceptible d’appeler à plus d’amour, pas seulement de la "compassion".

4. La liberté

Enfin, ceux qui évoquent la liberté pour demander le droit de tuer une vie indigne et pas rentable, alors là, c’est le summum de l’abjection. Les parents d’Alfie ont-ils eu la possibilité d’être libres de choisir ?

Alors, comment pourront être libres ceux qui ne peuvent même pas s’exprimer, ceux qui n’auront pas de défenseur ni de protecteur comme ces parents courageux ? Je n’ose l’imaginer. Fausse liberté et vraie contrainte. Cela explique pourquoi beaucoup de personnes âgées belges ou néerlandaises habitant près de la frontière allemande décident de déménager de l’autre côté de la frontière, ils ont trop peur que leurs enfants les aident un peu trop à demander d’en finir… La liberté a bon dos.


Comparaison avec la situation de Vincent Lambert

Une fois dit cela, parlons de Vincent Lambert. En France, on évoque souvent la similitude de la situation de Vincent Lambert. C’est vrai et faux en même temps.

Leur situation est comparable en ce sens qu’ils n’étaient, ne sont pas en fin de vie mais en situation de très lourd handicap. Aucun des deux n’était ou n’est capable d’exprimer son souhait, sa volonté, par absence de conscience (et plus encore pour un bébé qui n’aurait pas pu s’exprimer clairement même en bonne santé). Les deux ne souffraient ou ne souffrent pas et donc, leur survie n’était pas faite en contrepartie d’une souffrance insoutenable (ce qui aurait été blâmable, évidemment). Les parents des deux ont dû ou doivent batailler avec la justice pour avoir le droit de soigner leur enfant. Dans les deux situations, l’hôpital veut arrêter la vie du patient et surtout, refuse son transfert vers un établissement spécialisé plus adapté à leur état. Et dans les deux cas, l’hôpital a bouclé les issues pour empêcher l’enlèvement forcé du patient. Où est la démocratie ?

Néanmoins, il y a trois différences.

La première, sur le plan de l’état de santé, Vincent Lambert est dans un "meilleur" état qu’Alfie Evans dans la mesure où son état n’est pas évolutif (alors que pour Alfie, on ne pouvait s’attendre qu’à une évolution qui aurait fait empirer son état), et surtout, qu’il n’a pas besoin de respirateur artificiel : Vincent n’est pas débranchable, puisqu’il n’est pas branché ! De plus, on a déjà réussi à "réveiller" une personne proche de son état de santé. Encore faut-il le soigner convenablement.

Or, la tragique fin d’Alfie Evans, qui a tant ému, pourrait avoir une conséquence "positive" : celle d’ouvrir les yeux à ceux qui parlent de "compassion" et de "dignité" à tort et de travers. Si cette fin est si scandaleuse, celle de Vincent le serait encore beaucoup plus, puisque l’état de Vincent Lambert justifierait encore moins un arrêt des traitements.

La deuxième différence, elle est judiciaire : à chaque fois qu’il y a eu une procédure judiciaire, un recours, etc., la procédure d’arrêt de soins a été suspendue, ce qui a permis à Vincent Lambert de continuer à vivre. Alfie Evans n’a pas eu la même chance. Enfin, la troisième différence, c'est l'unité de la famille pour Alfie Evans et la division de la famille pour Vincent Lambert.


Soigner les plus vulnérables

C’est l’un des premiers objectifs d’un État, celui de protéger les plus fragiles et de faire jouer la solidarité entre ses citoyens, solidarité financière mais aussi sociale.

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Cette protection a d’ailleurs aussi une conséquence essentielle : celle de faire progresser la médecine. Si l’on devait laisser mourir tous patients atteints d’une des maladies incurables, il n’y aurait aucun espoir de rendre guérissables ces maladies. Or, c’est justement là le miracle de la recherche scientifique, celui de réussir à guérir certaines maladies, même si, parallèlement, de nouvelles maladies se développent. Renoncer, rester dans une sorte de fatalisme de la nature, n’a rien d’humain, n’a rien de logique non plus. Il conduit tout droit à la disparition de l’espèce humaine, faute de trouver de nouveaux moyens pour se protéger des prochaines maladies.

Je termine par cette réflexion d’Aude Mirkovic que je fais mienne : « Laisser mourir une personne en fin de vie, c’est le refus de l’acharnement thérapeutique. Laisser mourir un patient dépendant, c’est très différent. (…) La société s’est donc émue à juste titre. Saura-t-elle en tirer des conclusions constructives ? C’est à espérer. Il est inutile (…) d’en rester à la consternation. C’est le moment de s’interroger sur la place que nous voulons bien donner au handicap, aux plus faibles, et plus généralement, sur le sens et la dignité de toute vie humaine. (…) Avec [Alfie], les gens réalisent que l’abandon de certaines vies considérées comme ne méritant pas d’être vécues conduit à une impasse et, surtout, à une société inhumaine. » (Atlantico, le 30 avril 2018).

Espérons que cette tragique issue puisse réveiller les consciences !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Alfie Evans, tragédie humaine.
Pétition : soutenez Vincent !
Vers une nouvelle dictature des médecins ?
Sédation létale pour l’inutile Conseil économique, social et environnemental.
Vincent Lambert et Inès : en route vers une société eugénique ?
Le congé de proche aidant.
Stephen Hawking, le courage dans le génie.
Le plus dur est passé.
Le réveil de conscience est possible !
On n’emporte rien dans la tombe.
Le congé de proche aidant.
Un génie très atypique.
Les nouvelles directives anticipées depuis le 6 août 2016.
Un fauteuil pour Vincent !
Pour se rappeler l'histoire de Vincent.
Dépendances.
Sans autonomie.
La dignité et le handicap.
Alain Minc et le coût des soins des "très vieux".
Euthanasie ou sédation ?
François Hollande et la fin de vie.
Les embryons humains, matériau de recherche ?
Texte intégral de la loi n°2016-87 du 2 février 2016.
La loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016.
La leçon du procès Bonnemaison.
Les sondages sur la fin de vie.
Les expériences de l’étranger.
Indépendance professionnelle et morale.
Fausse solution.
Autre fausse solution.
La loi du 22 avril 2005.
Chaque vie humaine compte.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180428-fdv2018cd-alfie-evans.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/alfie-evans-tragedie-humaine-203937

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/05/03/36368253.html


 

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14 avril 2018 6 14 /04 /avril /2018 03:38

« Alors que le nom de son assassin déjà sombrait dans l’oubli, le nom d’Arnaud Beltrame devenait celui de l’héroïsme français, porteur de cet esprit de résistance qui est l’affirmation suprême de ce que nous sommes, de ce pour quoi la France toujours s’est battue, de Jeanne d’Arc au Général De Gaulle : son indépendance, sa liberté, son esprit de tolérance et de paix contre toutes les hégémonies, tous les fanatismes, tous les totalitarismes. » (Emmanuel Macron, le 28 mars 2018 dans la cour d’honneur des Invalides, à Paris).



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Retour sur le colonel Arnaud Beltrame (son grade lui a été attribué à titre posthume). Quelques semaines plus tard, il semble déjà presque oublié dans les médias plus préoccupés par les grèves de la SNCF si ce n’est par les héritiers de Johnny Hallyday.

Je suis fier que ce héros ait reçu l’hommage solennel qu’il a eu aux Invalides le mercredi 28 mars 2018 en présence du Président de la République Emmanuel Macron et de nombreux hauts responsables ou anciens hauts responsables de la vie politique nationale. C’est une unanimité qui, comme le 11 janvier 2015, montre que les Français sont capables de se rassembler quand il le faut, pour défendre des valeurs fondamentales de la République.

Personne ne pourra jamais obliger une seule personne à faire le même geste qu’Arnaud Beltrame, mais ce geste doit être salué à sa juste valeur, celui du sacrifice, celui du don de soi, et évidemment, celui du courage.

Pour la première fois à propos d’un attentat terroriste, on parle plus d’une victime que des terroristes. Je suis souvent en colère quand j’entends évoquer trop souvent, même en mal, forcément en mal, les noms des terroristes, lorsqu’on raconte leur vie, lorsqu’on essaie d’expliquer  leurs actes barbares. Ils doivent être oubliés. La mémoire doit les laisser dans la boue de l’horreur qu’ils ont produite. Ce n’est pas la loi, mais la conscience des journalistes qui devrait guider cette nécessité de ne pas insister sur la personnalité des terroristes, du moins pour le grand public (bien sûr que les enquêteurs ont besoin, eux, d’insister).

Il est des noms qui surgissent de l’âme nationale, au détour d’une actualité soudaine, et qui marquent durablement l’histoire populaire. Je suis persuadé qu’Arnaud Beltrame fera partie de ces légions improbables de héros ou, plutôt, de figures héroïsées a posteriori (c’est un peu comme les saints, on le sait rarement de son vivant).

Dans "Libération" du 29 mars 2018, Laurent Joffrin a voulu mettre un parallèle saisissant entre cet hommage à Arnaud Beltrame et, dans la même cour d’honneur des Invalides (selon l'éditorialiste), la cérémonie de dégradation de Dreyfus, accusé (injustement) d’espionnage et de haute trahison. En fait, le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus a été dégradé dans la cour de l'École militaire et pas dans la cour d'honneur des Invalides. Ce fut le début de "l’affaire Dreyfus" pendant plus de dix ans, la France coupée en deux, et l’antisémitisme en toile de fond. Alfred Dreyfus, bien malgré lui, est devenu, lui aussi, un "héros", le symbole d’une injustice d’État qui a marqué les esprits.

Laurent Joffrin a même attribué à cette injustice la cause du sionisme : si, même en France, pays des droits de l’homme, les Juifs ne pouvaient pas vivre tranquillement, il leur faudrait alors une terre spécifique. Je ne sais pas si c’est la cause, car le concept de la Terre promise est bien plus ancien que cela, peut-être la cause "moderne", mais dans le monde de 1895, et jusqu’en 1945 au moins, l’antisémitisme a eu un écho suffisamment important pour gagner même des honnêtes gens.

Est-on revenu à cette époque ? Probablement pas, fort heureusement. L’assassinat de Mireille Knoll à Paris a eu lieu le même jour que l’attentat de Trèbes, le 23 mars 2018, qui pourrait être antisémite (ou crapuleux, l’enquête le dira), et plusieurs assassinats auparavant montrent qu’il faut toujours rester vigilant.

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D’autres noms peuvent surgir des mémoires à l’évocation d’Arnaud Beltrame. Guy Môquet, par exemple, qui ne voulait pas plus être un héros (ni non plus être une station de métro).

Oui, il est sain que la République, unie et rassemblée, ait célébré la France du colonel Beltrame. Ce serait ingratitude de sa part si elle ne l’avait pas fait. Il ne s’agit pas de récupération, ni politique ni religieuse, car son geste a ému trop de personnes pour qu’il soit la "propriété" d’une seule catégorie de la population.

Dans sa belle allocution d’hommage du 28 mars 2018 (lisible dans son intégralité ici), Emmanuel Macron a évidemment fait le rapprochement avec la France résistante. Celle qui refuse la fatalité et qui combat pour ses valeurs.

Emmanuel Macron a d’abord rappelé la recherche de la mort du terroriste : « [Le colonel Beltrame] savait (…) que le terroriste détenait une employée en otage. Qu’il se réclamait de cette hydre islamiste qui avait tant meurtri notre pays. Qu’avide de néant, ce meurtrier cherchait la mort. Cherchait sa mort. Cette mort que d’autres avant lui avaient trouvée. Une mort qu’ils croyaient glorieuse, mais qui était abjecte : une mort qui serait pour longtemps la honte de sa famille, la honte des siens et de nombre de ses coreligionnaires ; une mort lâche, obtenue par l’assassinat d’innocents. L’employée prise en otage était de ces innocents. Pour le terroriste qui la tenait sous la menace de son arme, sa vie ne comptait pas, pas plus que celle des autres victimes. Son sort sans doute allait être le même. ».

En brossant ce tableau d’introduction, ce qu’a trouvé Arnaud Beltrame en entrant dans la supérette, on comprend deux choses : qu’il voulait sauver la vie de l’otage, et que sa propre vie prenait un risque considérable : « Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l’engagement du soldat. Être prêt à donner sa vie parce que rien n’est plus important que la vie d’un concitoyen, tel est le ressort intime de cette transcendance qui le portait. Là était cette grandeur qui a sidéré la France. ».

Oui, le mot présidentiel est juste, il s’est effectivement agi d’une "sidération" de toute la nation française. Il est en effet stupéfiant de savoir que certains placent les valeurs avant toute autre chose, bien avant des considérations plus matérielles comme on pourrait le croire dans cette société consumériste. Au prix de leur propre vie, au prix de détruire celle de leurs proches qu’ils aiment, qui en seraient forcément affectés. Arnaud Beltrame a agi selon un idéal. En allant jusqu’au bout de son idéal. Qu’importe que cet idéal soit professionnel, républicain, spirituel, religieux. Il est sans doute un mélange de tout cela. Ce qui semble admis, c’est qu’il y avait beaucoup réfléchi tout au long de son existence. Ce geste était mûrement réfléchi, même si la situation avait fait irruption devant lui sans crier gare. Il était déjà moralement prêt.

Il est allé sans hésitation. C’est la différence entre les "héros" et les autres : « À cet instant (…), d’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité. Mais [il] s’est trouvé face à la part la plus profonde et peut-être la plus mystérieuse de son engagement. Il a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice, mais celle d’abord de la fidélité à soi-même, de la fidélité à ses valeurs, de la fidélité à tout ce qu’il avait toujours été et voulu être, à tout ce qui le tenait. ».

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Le rendez-vous avec son destin : « Lucide, déterminé, le lieutenant-colonel Beltrame a pris auprès du terroriste la place de l’otage. (…) Un soldat aussi aguerri, gendarme d’élite, cité au combat en Irak, sentait sûrement qu’il avait rendez-vous avec la mort ; mais il avait rendez-vous avant tout et plus encore avec sa vérité d’homme, de soldat, de chef. Ce fut la source de son immense courage : pour ne pas manquer aux autres, il faut ne pas se manquer à soi-même. [Il] a fait ce choix parce qu’il se serait éternellement reproché de ne pas l’avoir fait. ».

Emmanuel Macron a fait ensuite l’association entre le geste d’Arnaud Beltrame et un acte de résistance : « Droit, lucide, et brave, il faisait face à l’agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière, et avec lui surgissait du cœur du pays l’esprit français de résistance, par la bravoure d’un seul entraînant la Nation à sa suite. Cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des Martyrs du Vercors et des combattants du maquis. ».

Et de poursuivre en remontant l’histoire : « Soudain se levèrent obscurément dans l’esprit de tous les Français, les ombres chevaleresques des cavaliers de Reims et de Patay, des héros anonymes de Verdun et des Justes, des compagnons de Jeanne et de ceux de Kieffer, enfin, de toutes ces femmes et de tous ces homme qui, un jour, avaient décidé que la France, la liberté française, la fraternité française, ne survivraient qu’au prix de leur vie, et que cela en valait la peine. ».

Rappelons que le capitaine Philippe Kieffer (1899-1962), fut compagnon de la Libération et le commandant du 1er bataillon de fusiliers marins commandos qui s’illustra pendant la Seconde Guerre mondiale et en particulier lors du Débarquement de Normandie, et dont l’héroïsme ne fut reconnu en France que …le 6 juin 2004 ! Ils avaient été "oubliés" à cause de De Gaulle, mis à l’écart de la préparation du Débarquement, qui les trouvaient "trop" britanniques.

Face aux résistants, « un obscurantisme barbare » qu’Emmanuel Macron a désigné clairement : « Non, ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daech, les imams de haine et de mort que nous combattons. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain, qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son œuvre de manière invisible, qui agit clandestinement, sur des esprits faibles ou instables (…). C’est un ennemi insidieux, qui exige de chaque citoyen, de chacun d’entre nous, un regain de vigilance et de civisme. ».

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Faire d’un citoyen un héros de la France, cela pourrait paraître de l’instrumentation. Pas l’instrumentation politique au service d’un clan, d’un parti (je l’ai écrit plus haut, l’émotion a été trop largement partagée pour être durablement accaparée), mais l’instrumentation la plus glorieuse qui peut être faite, celle de servir de but à montrer, d’horizon à tendre.

C’est bien sûr à la jeunesse qu’Emmanuel Macron a pensé : « Puisse son engagement [celui du colonel Beltrame] nourrir la vocation de toute notre jeunesse, éveiller ce désir de servir à son tour cette France pour laquelle un de ses meilleurs enfants, après tant d’autres, vient de donner héroïquement sa vie, clamant à la face des assoupis, des sceptiques, des pessimistes : Oui, la France mérite qu’on lui donne le meilleur de soi. Oui, l’engagement de servir et de protéger peut aller jusqu’au sacrifice suprême. Oui, cela a du sens, et donne sens à notre vie. ».

Et d’insister : « Et je dis à cette jeunesse de France, qui cherche sa voie et sa place, qui redoute l’avenir, et se désespère de trouver en notre temps de quoi rassasier la faim d’absolu, qui est celle de toute jeunesse : l’absolu est là, devant nous. ».

Le geste d’Arnaud Beltrame est donc une pierre nouvelle à la morale républicaine : « [L’absolu] n’est pas dans les errances fanatiques, où veulent vous entraîner des adeptes du néant, il n’est pas dans le relativisme morne que certains autres proposent. Il est dans le service, dans le don de soi, dans le secours porté aux autres, dans l’engagement pour autrui, qui rend utile, qui rend meilleur, qui fait grandir et avancer. ».

Et Emmanuel Macron de conclure : « Arnaud Beltrame rejoint aujourd’hui le cortège valeureux des héros qu’il chérissait. (…) Sa mémoire vivra. Son exemple demeurera. J’y veillerai ; je vous le promets. Votre sacrifice, Arnaud Beltrame, nous oblige. (…) Au moment du dernier adieu, je vous apporte la reconnaissance, l’admiration et l’affection de la Nation tout entière. ».

Par antimacronisme primaire, certains opposants au gouvernement actuel (qui ont des raisons tout à fait respectables de s’opposer politiquement) pourraient être tentés de dénigrer ce genre de discours en pensant que le Président de la République voudrait faire de la récupération. Ce serait une erreur.

Je crois, au contraire, qu’Emmanuel Macron était parfaitement dans son rôle, celui du chef des armées, du chef de la Nation, du chef de l’État, pour parler au nom de tous les citoyens et adresser à la famille et aux proches d’Arnaud Beltrame, unanimement, ce petit mot de reconnaissance si précieux : merci, colonel !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La France d’Arnaud Beltrame.
Discours du Président Emmanuel Macron aux Invalides le 28 mars 2018 (texte intégral).
La gendarmerie nationale.
Arnaud Beltrame, la foi et la République.
Que faire des djihadistes français en Syrie ?
L’attentat du Super U de Trèbes le 23 mars 2018.
Les attentats de Barcelone et de Cambrils (17 et 18 août 2017).
Daech : toujours la guerre.
Les attentats du 11 septembre 2001.
L’attentat de Manchester du 22 mai 2017.
L’attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L’unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les assassinats de Merah (mars 2012).
Les attentats contre "Charlie-Hebdo" (janvier 2015).
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180328-arnaud-beltrame-0.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/06/22/36506145.html



 

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 23:48

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté un avis sur l'euthanasie le 10 avril 2018. Cet avis peut être lu sur son site Internet.

Cliquer sur le lien pour télécharger l'avis (fichier .pdf) :
http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2018/2018_10_fin_vie.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180410-cese-fdv2018cb.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180410-avis-cese-euthanasie.html

 

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 03:52

« Ô vous (…), les allongés, les promis à la mort, les sans force et sans pouvoir, à tout être humain vivant, il est permis d’être le sel de la terre. (…) Il lui suffit, dans l’océan de trouble et de douleur, d’une goutte de cette eau pure. (…) Tel est le mot de la divine douceur, le premier et le dernier, elle ne dit rien d’autre : il n’y a pas de bouche inutile. » (Maurice Bellet, 1987).


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Et voici que Vincent Lambert revient dans l’actualité, par la plus mauvaise porte : par une nouvelle "condamnation à mort". Vincent Lambert (41 ans) a été victime d’un accident de la circulation le 29 septembre 2008. Il est en "état de conscience minimal" que certains, même médecins, osent qualifier d’état "végétatif" contre toute dignité de l’humain : un être humain n’est pas une plante, quel que soi sont état, quel que soit son handicap, il reste humain, avec sa dignité et sa réalité. Ces dernières années, j’ai longuement évoqué sa douloureuse situation tant médicale que familiale et même judiciaire.

Au terme d’une quatrième procédure collégiale, ce lundi 9 avril 2018, le CHU de Reims s’est prononcé en faveur d’un "arrêt des traitements" de Vincent Lambert. La loi Claeys-Leonetti a précisé clairement que l’alimentation et l’hydratation font partie des "traitements" et pas des "soins", précision sémantique qui pourrait avoir une conséquence gravissime pour Vincent Lambert puisque la décision de l’hôpital Sébastopol (prise par le docteur Vincent Sanchez qui est déclaré "déterminé" par le neveu de Vincent) signifierait sa condamnation à mort.

Cette décision a été prise contre l’avis de ses parents mais en accord avec son épouse. Ses parents vont faire, dans un délai de dix jours, un recours auprès du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, et si c’est nécessaire, cela pourra remonter une fois encore au Conseil d’État, comme cela a été le cas dans les précédentes procédures judiciaires. La première décision d’arrêt des traitements avait été prise par le docteur Éric Kariger le 10 avril 2013 en catimini, sans consulter les parents de Vincent, en espérant bénéficier du fait accompli.

Cet avis a été pris en considérant que laisser vivre Vincent Lambert correspondrait à une "obstination déraisonnable". Or, le seul raisonnement qui conduit à ce constat d’obstination déraisonnable, c’est que l’on ne serait pas sûr que le patient ne souffre pas. Son neveu, particulièrement prosélyte pour son euthanasie, a donné, pour commenter l’avis du CHU qu’il approuve, une raison inquiétante : « Ca veut dire qu’on n’est pas sûr que Vincent ne ressent pas la souffrance. ». Faut-il donc tuer selon le principe de précaution ? S’il souffre vraiment, il existe pourtant des solutions pour lui éviter de ne pas souffrir sans le tuer.

Maître Jean Paillot, l’un des avocats des parents de Vincent, a déclaré : « Nous contestons le fait que Vincent soit en situation d’obstination déraisonnable : nous sommes en présence d’une décision d’euthanasie, d’arrêt de vie, et Viviane Lambert, son père, son frère et sa sœur ont reçu cette décision comme un coup de poing dans l’estomac. Ils ont assisté aujourd’hui à une condamnation à mort. ». Et de continuer : « C’est sur le terrain médical que nous allons nous placer (…). On a fait valoir des éléments médicaux qui ont été sciemment laissés de côté par le médecin. » (cité par "Science et Avenir" le 9 avril 2018).

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Tout le problème provient du fait que Vincent Lambert ne peut pas donner son avis éclairé et sincère, et n’a donné aucune consigne, aucune directive anticipée, avant de tomber dans cet état de conscience minimal, ni n’a désigné aucune personne de confiance qui aurait pu le représenter légalement sur ce terrain de la fin de vie. Et les proches de Vincent, d’une part, son épouse, d’autre part, ses parents, sont profondément divisés sur la décision à prendre pour lui. Ce qui explique les nombreuses procédures judiciaires depuis avril 2013. Personne ne doute que les deux "parties" agissent par amour pour le mari ou le fils. Mais personne n’a su les concilier pour une solution apaisée et pacifiée pour le bien de tous, et d’abord de Vincent.

Rappelons que Vincent Lambert n’est pas le seul patient dans cet état de conscience minimal. Plusieurs centaines voire milliers de personnes sont, en France, dans la même situation que lui. Rappelons que Vincent Lambert n’est pas en maintien artificiel de la vie : il n’a aucun branchement, aucune assistance respiratoire. Comme il ne peut pas déglutir (et je connais une personne très proche dont c’était le cas), il faut bien l’aider à s’alimenter et à s’hydrater. C’est la seule assistance… à personne en danger de mort sinon. Ceux qui ne peuvent pas manger ou boire tout seuls, ce n’est pas par milliers qu’on peut les compter en France mais plutôt par dizaines ou centaines de milliers. Où est l’obstination déraisonnable ?

Le service Coma Science Group du CHU de Liège, qui avait évalué l’état de Vincent en juillet 2011, a décrit un « état pauci-relationnel impliquant la persistance d’une perception émotionnelle et l’existence de possibles réactions à son environnement » et précise que « dès lors, l’alimentation et l’hydratation artificielles n’[ont] pas pour objet de le maintenir artificiellement en vie ». Les experts médicaux du Conseil d’État ont diagnostiqué, en avril 2014, « des troubles de la déglutition, une atteinte motrice sévère des quatre membres, quelques signes de dysfonctionnement du tronc cérébral » mais « une autonomie respiratoire préservée » (Ces deux avis ont été cités dans l’arrêt du 5 juin 2015 de la Cour européenne des droits de l’homme).

Rappelons aussi qu’une récente publication scientifique avait fait état, il y a quelques mois (le 25 septembre 2017), d’un retour à la conscience d’une personne sans espoir d’en revenir. La médecine est encore assez pauvre sur ces sujets mais les progrès peuvent arriver rapidement. Neurologue au CHU de Liège, un des spécialistes mondiaux du domaine, le professeur Steven Laureys l’avait déclaré dans "Le Monde" le 25 septembre 2017 : « Un vieux dogme voudrait qu’il n’existe aucune chance d’amélioration chez les patients sévèrement cérébrolésés depuis plus d’un an. Mais ce dogme est faux, comme le confirme cette étude. La plasticité cérébrale, cette capacité de remodelage et d’adaptation de notre cerveau, est parfois étonnante. ».

La question qui demeure sans arrêt dans les esprits, c’est pourquoi le CHU de Reims veut absolument garder Vincent Lambert alors qu’il n’est pas équipé, pas spécialisé pour soigner des patients dans sa situation. Il existe pourtant beaucoup d’établissements qui accueillent des personnes dans cette situation avec des soins qui correspondent à ses besoins, notamment en matière de kinésithérapie (aucun soin de ce type n’a été réalisé sur Vincent depuis des années, elle est là, la souffrance). Plusieurs fois, les parents ont fait une demande pour pouvoir faire prendre en charge leur fils dans un établissement médical spécialisé et à chaque fois, il leur a été refusé : pourquoi ?

La réponse juridique est compréhensible : la Cour de cassation avait jugé le 13 décembre 2017 que seule, l’épouse de Vincent, qui est sa tutrice légale (désignée le 10 mars 2016 par le juge des tutelles de Reims et confirmée le 8 juillet 2016 par la cour d’appel de Reims), était autorisée à faire la demande d’un transfert vers un autre établissement. La même instance avait en outre interdit aux parents l’accès au dossier médical de leur fils.

Mais la réponse d’humanité ? Pourquoi l’épouse refuse-t-elle un tel transfert ? Pourquoi refuser la seule lueur d’espoir ? Vincent Lambert est-il la victime collatérale d’un mouvement de lobbying très organisé en faveur de l’euthanasie et de la culture de la mort alors que se déroulent actuellement les états-généraux de la bioéthique ?

Jusqu’à maintenant, Viviane Lambert, la mère de Vincent, avait eu le plus gros choc de sa vie le 29 avril 2013 à Reims, lors du premier arrêt de traitements de son fils, auquel il avait mystérieusement survécu après un mois de jeûne forcé : « Je suis au chevet de mon fils. (…) Vincent n’a rien mangé depuis vingt jours. (…) Il est là, devant moi, dans un lit d’hôpital à Reims, amaigri, affaibli, et il va mourir. Dans un jour ? Dans cinq jours ? Je ne sais pas… Mais il va mourir parce que quelqu’un l’a décidé. Un médecin lui a supprimé toute nourriture, presque toute hydratation, pour le mettre sur un chemin de "fin de vie". Je parle à Vincent, mais il ne peut pas me répondre : il est en "état de conscience minimal" (…). Il peut ressentir des émotions, mais il est incapable de s’exprimer. Il me regarde, et il pleure. Des larmes coulent le long de ses joues. Il va mourir. Il souffre, je le sais : je suis sa mère ! » (Exprimé dans son livre publié le 7 mai 2015).

Cinq juges de la Cour européenne des droits de l’Homme, faisant partie de "l’opinion dissidente" de l’avis prononcé sur Vincent Lambert, s’exprimaient ainsi le 5 juin 2015 : « Nous posons donc la question : qu’est-ce qui peut justifier qu’un État autorise un médecin (…), en l’occurrence non pas à "débrancher" Vincent Lambert (celui-ci n’est pas branché à une machine qui le maintiendrait artificiellement en vie) mais plutôt à cesser ou à s’abstenir de le nourrir et de l’hydrater, de manière à, en fait, l’affamer jusqu’à la mort ? (…) Une personne lourdement handicapée, qui est dans l’incapacité de communiquer (…), peut être privée de deux composants essentiels au maintien de la vie, à savoir la nourriture et l’eau, et, de plus, la Convention [européenne des droits de l’Homme] est inopérante face à cette réalité. Nous estimons non seulement que cette conclusion est effrayante mais de plus, et nous regrettons d’avoir à le dire, qu’elle équivaut à un pas en arrière dans le degré de protection que la Convention et la Cour ont jusqu’ici offerte aux personnes vulnérables. ».

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Vincent Lambert n’est hélas pas seul dans cette situation médico-judiciaire précaire. Atteinte d’une maladie neuromusculaire auto-immune, Inès, une adolescente de 14 ans qui est tombée dans un état de conscience minimal le 22 juin 2017 à la suite d’une crise cardiaque, vit, elle aussi, dans cette incertitude de la vie. Dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti et après une procédure collective, le chef du service d’anesthésie-réanimation du CHU de Nancy avait décidé l’arrêt des traitements le 21 juillet 2017 contre l’avis des deux parents. Cette décision a été validée par le tribunal administratif de Nancy le 7 décembre 2017, puis par le Conseil d’État le 5 janvier 2018 et enfin par la Cour européenne des droits de l’homme le 25 janvier 2018 (saisie avec la procédure d’urgence, cette dernière a en effet déclaré irrecevable la requête des parents).

Je ne reviendrai pas ici sur l’euthanasie, j’ai déjà longuement argumenté sur le sujet. Il ne s’agit pas de morale mais de société. Dans quelle société voulons-nous vivre demain ? Une société qui se priverait de ses personnes les plus fragiles, qui les éliminerait au lieu de les protéger, serait une société qui serait prête au Soleil vert, qui se déshumaniserait nécessairement. Toute personne improductive serait alors éliminable, car jusqu’où irait-on ? quelles en seraient les limites ? On parlerait déficit de la sécurité sociale, ou plutôt, on éviterait de parler gros sous mais on y penserait très fort. Des fictions ont déjà été écrites sur le sujet, de quoi frémir. Au-delà de cet effrayant avenir, il y a aussi le progrès de la médecine qui est en jeu : si l’on tue au lieu de chercher à guérir, on ne guérira plus aucune maladie ou trouble grave dans quelques décennies…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Les quatre illustrations proviennent de tableaux de Paula Modersohn-Becker.


Pour aller plus loin :
Vincent Lambert et Inès : en route vers une société eugénique ?
Le congé de proche aidant.
Stephen Hawking, le courage dans le génie.
Le plus dur est passé.
Le réveil de conscience est possible !
On n’emporte rien dans la tombe.
Le congé de proche aidant.
Un génie très atypique.
Les nouvelles directives anticipées depuis le 6 août 2016.
Un fauteuil pour Vincent !
Pour se rappeler l'histoire de Vincent.
Dépendances.
Sans autonomie.
La dignité et le handicap.
Alain Minc et le coût des soins des "très vieux".
Euthanasie ou sédation ?
François Hollande et la fin de vie.
Les embryons humains, matériau de recherche ?
Texte intégral de la loi n°2016-87 du 2 février 2016.
La loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016.
La leçon du procès Bonnemaison.
Les sondages sur la fin de vie.
Les expériences de l’étranger.
Indépendance professionnelle et morale.
Fausse solution.
Autre fausse solution.
La loi du 22 avril 2005.
Chaque vie humaine compte.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180409-vincent-lambert-fdv2018ca.html

https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/vincent-lambert-et-ines-en-route-203233

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/04/10/36309434.html



 

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27 mars 2018 2 27 /03 /mars /2018 03:15

« Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces. » (Jean Jaurès, Albi le 30 juillet 1903).


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Je reviens sur l’attentat du 23 mars 2018 à Trèbes et sur l’émotion de la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui a donné sa vie pour sauver celle des autres, pris en otages dans la supérette par le terroriste islamiste. Dès l’annonce de sa mort tôt le samedi matin, une onde de choc et d’émotion a envahi le pays et même au-delà (par exemple, comment ne pas "apprécier" la réaction de Donald Trump avec son tweet : « La France honore un grand héros. » ?).

Arnaud Beltrame recevra ce mercredi 28 mars 2018 à 11 heures 30 un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides en présence du Président de la République Emmanuel Macron, pour honorer son acte de bravoure et de sacrifice qu’on pourrait appeler "amour". Emmanuel Macron avait déjà déclaré le 24 mars 2018 : « [Il] est mort au service de la Nation, à laquelle il avait déjà tant apporté. En donnant sa vie pour mettre un terme à l’équipée meurtrière d’un terroriste djihadiste, il est tombé en héros. ».

Le sentiment de fierté se mêle presque au sentiment de tristesse. Fierté qu’un représentant de la République, pas un élu mais un protecteur de la République, un représentant de l’autorité républicaine, un représentant de l’État de droit, celui pour qui l’essentiel est de permettre à chaque citoyen de vivre tranquillement, sans trouble, ait commis un acte dont on ne répétera jamais assez l’intensité du courage. Donner sa vie. Et insistons-le : il n’a pas fait "que" son travail. Il est allé bien au-delà.

La réaction de la quasi-unanimité, c’est cette reconnaissance de ce courage, cet hommage à un homme quasiment surhumain. À de très rares exceptions près, et je me demande d’ailleurs, à ce sujet, si c’est très productif de faire la publicité de ces aigris anti-maréchaussée qui n’ont aucun sens des valeurs, celle de la vie, celle du courage, celle de la bravoure, celle du don de soi et qui ne font finalement qu’exprimer leurs aigreurs bien assis dans leur fauteuil derrière un écran (mais pas anonymement, rappelons-le toujours, le numérique n’est jamais anonyme).

Ces hommages quasi-unanimes sont justice pour Arnaud Beltrame et j’espère que la Nation ne cessera de le remercier, de l’honorer, qu’il soit un exemple sinon un modèle, que les jeunes puissent s’identifier à lui, qu’il donne une autre tournure des valeurs qui parfois s’effilochent au fil du consumérisme et de la communication par zapping qui polluent notre société humaine.

Quant aux médias, ils font leur travail. On peut s’en agacer mais pas le leur reprocher. Ainsi, la vie du gendarme est disséquée, étalée dans le but de la valoriser, les membres de sa famille se sont exprimés, les voisins, les collègues, les camarades de promotion, les amis… Je préfère mille fois qu’on parle d’Arnaud Beltrame à ce qu’on ressasse encore sur l’héritage de Johnny Hallyday. Il ne s’agit pas de les opposer mais simplement de mesurer l’importance du temps d’antennes pour les valeurs à mettre en avant.

Certains journaux, comme "Le Figaro", "La Croix" ou l’hebdomadaire "La Vie" ont mis en avant la foi catholique d’Arnaud Beltrame. Faut-il en parler et faut-il la mettre en avant ? Avec le risque de placer le débat public dans une perspective de croisade chrétienne contre les Sarrasins ? Je crois que oui, malgré ce risque. Je crois qu’il faut même insister, non sur la foi catholique en général, mais sur la foi personnelle d’Arnaud Beltrame.

Pas de croisade, en effet. Le gendarme avait mené une mission aux côtés de soldats irakiens musulmans en 2005, il n’y a donc pas lieu de placer la réflexion dans une fausse guerre de religions.

Pas de croisade non plus aujourd’hui. Lors de la messe des Rameaux en l’église Saint-Étienne de Trèbes, le 25 mars 2018, célébrée par l’évêque de Carcassonne et de Narbonne, Mgr Alain Planet, les musulmans et les chrétiens se sont retrouvés dans une unité multiconfessionnelle pour dénoncer les assassinats gratuits du terroriste islamiste. L’imam de la mosquée du Viguier de Carcassonne, Mohamed Belmihoub, est venu soutenir ainsi les victimes : « On ne trouve pas les mots, on est bouleversés. On fait partie de cette nation, c’est la France multicolore, multiconfession. Il faut que tout le monde se mette ça dans la tête. On est condamnés à vivre ensemble et à combattre ces brebis égarées. ». L’évêque a commenté : « Votre présence nous dit que les fauteurs de haine ne gagneront pas. ». Impossible d’imaginer l’esprit des croisades avec de tels échanges.

La foi du gendarme était importante dans sa vie. C’est pourquoi il me paraît important d’en parler. La laïcité, c’est de permettre à chacun de croire ou de ne pas croire, ce n’est pas de cacher sinon censurer la foi d’un héros. Mgr Alain Planet l’a déclaré dans son homélie du 25 mars 2018 : « Je sais aujourd’hui, par les témoignages nombreux que j’ai reçus, que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame joignait à son dévouement de soldat la foi d’un chrétien. ».

On a ainsi évoqué la venue d’un prêtre à son chevet à l’hôpital avant de mourir (mais peut-être était-il déjà mort ?). Rappelons d’ailleurs que "l’extrême-onction" n’est pas un sacrement pour celui qui va mourir, mais un sacrement pour donner au malade la force de surmonter la maladie et d’éviter de mourir, mais ici n’est pas le lieu pour ce genre de nuance. Déjà marié civilement le 27 août 2016, le gendarme devait se marier religieusement le 9 juin 2018. On imagine l’extrême tristesse de son épouse, de sa famille, de ceux qui se projetaient déjà dans cette fête encore lointaine qui n’aura jamais lieu.

Dans "Ce que je crois" (1978), l’ancienne ministre François Giroud a écrit : « La foi est une espérance tragique. ». Je suis bien incapable de connaître la nature exacte de la foi d’Arnaud Beltrame. Les témoignages nombreux laissent entendre qu’il aurait été en réflexion philosophique pendant de longues années. Qu’il se serait converti au catholicisme il y a onze ans (il était officier de gendarmerie depuis longtemps), qu’il aurait aussi été franc-maçon pendant quelques temps. Que jeune, il se serait posé déjà beaucoup de questions philosophiques et qu’il aurait fait partager ses réflexions à des proches. Que cet acte extrême du sacrifice, il l’avait imaginé depuis longtemps, il l’avait "mûri" depuis longtemps.

Bien sûr qu’il y a risque de "récupération". Surtout dans cette période d’émotion intense. Récupération politique, récupération religieuse. Mais il y a aussi de la reconnaissance partagée par tous. Arnaud Beltrame appartient désormais au peuple français en entier parce qu’il a fait don de sa vie pour le sauver, en quelques sortes. C’est d’ailleurs une drôle de coïncidence que cela corresponde à la veille du début de la Semaine Sainte pour les chrétiens qui les fait revivre la douloureuse Passion du Christ puis sa résurrection à Pâques (le dimanche 1er avril 2018).

Avec beaucoup de pertinence, le magazine "La Vie" a mis en parallèle, dès le 23 mars 2018, l’acte héroïque exceptionnel d’Arnaud Beltrame et le sacrifice du père Maximilien Kolbe (1894-1941). Kolbe était un prêtre franciscain polonais qui a été arrêté par la Gestapo le 17 février 1941 et envoyé au camp d’extermination d’Auschwitz le 28 mai 1941 parce qu’il avait refusé de renier sa foi face aux nazis.

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Le 31 juillet 1941, après l’évasion d’un prisonnier, les nazis ont choisi dix hommes pour les faire mourir de faim, isolés dans un bunker, comme ils le faisaient à chaque évasion. Kolbe proposa aux nazis d’échanger sa vie contre celle d’une des personnes choisies, qui était père de famille. Les nazis ont accepté. Le père de famille a vécu jusqu’en 1995 (et ses enfants sont tous morts d’un bombardement en 1945). Quant au père Kolbe, il a survécu à ses neuf autres camarades d’infortune au bout de deux semaines et fut achevé par l’injection d’un produit létal par les nazis le 14 août 1941 puis incinéré dans un four crématoire le lendemain. Il fut béatifié par Paul VI le 17 octobre 1971 et canonisé par Jean-Paul II le 10 octobre 1982, ces deux cérémonies en présence même du père de famille infiniment reconnaissant (qui avait été arrêté par les nazis parce qu’il avait aidé des résistants juifs polonais).

La journaliste de "La Vie", Alexia Vidot, après avoir cité saint Paul : « Pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir ? » (Romains 5, 7), a poursuivi avec cette question : « Mais pour un inconnu ? (…) Ce commandement de l’amour rédempteur, qui est désintéressé, gratuit, parfait, Maximilien Kolbe l’a vécu sang pour sang. ». Et de citer ensuite Jean-Paul II : « Cette mort affrontée spontanément, par amour pour l’homme, ne constitue-t-elle pas un accomplissement particulier des paroles du Christ ? » (10 octobre 1982).

Dans "Amoralités familières" (éd. Grasset), le chroniqueur Maurice Chapelan a rappelé en 1964 une caractéristique de la foi : « La foi ne se prouve pas, elle s’éprouve. Les croyants n’ont pas besoin de preuves, mais d’épreuves. ».

Pourtant, cet acte sacrificiel est déconseillé voire interdit par les autorités de l’État. Car face à un terroriste sans valeurs, sans respect de la vie, sans honneur, le risque évident du sacrifice est de rajouter des victimes aux victimes.

Ce qu’il s’est passé à Trèbes le 23 mars 2018, ce n’était donc évidemment pas un affrontement entre une religion et la République, encore moins un combat entre l’islam et le christianisme, mais entre un fanatisme, sans foi ni loi, sans religion ni nation, et des valeurs qui unissent la foi chrétienne (mais pas seulement) et la République, et plus généralement, qui rassemblent la communauté nationale dans ce qu’elle a de plus cher, la vie.

Arnaud Beltrame pourrait le cas échéant être béatifié voire canonisé par l’Église, il pourrait être panthéonisé par la République, personne, aucune chapelle ne pourrait de toute façon récupérer son geste personnel, intimement personnel, parce qu’il appartient déjà à l’histoire nationale.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2018)
http://www.rakotoarison.eu


(Première photographie provenant de Wikipédia, datée du 16 février 2018).

Précisions :
Les autres victimes de l'attentat terroriste du 23 mars 2018 à Carcassonne et à Trèbes sont Jean Mazières (66 ans), retraité, qui était le passager de la voiture volée par le terroriste, Christian Medvès (50 ans), chef boucher au Super U de Trèbes, et Hervé Sosna (65 ans), retraité, un client du Super U.


Pour aller plus loin :
Arnaud Beltrame, la foi et la République.
Que faire des djihadistes français en Syrie ?
L’attentat du Super U de Trèbes le 23 mars 2018.
Les attentats de Barcelone et de Cambrils (17 et 18 août 2017).
Daech : toujours la guerre.
Les attentats du 11 septembre 2001.
L’attentat de Manchester du 22 mai 2017.
L’attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L’unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les assassinats de Merah (mars 2012).
Les attentats contre "Charlie-Hebdo" (janvier 2015).
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.

_yartiBeltrameArnaudB03



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180326-arnaud-beltrame.html

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/arnaud-beltrame-la-foi-et-la-202734

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/03/27/36266595.html

 

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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 04:05

Hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, héros national.


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Un ancien patron du GIGN l’affirmait dans la soirée du 23 mars 2018 : aucune procédure n’a jamais été proposée aux gendarmes pour donner leur vie à la place d’autres citoyens. Même s’ils connaissent les risques de leur métier, leur objectif n’est jamais d’aller à la mort en toute conscience. Quel pouvoir pourrait leur imposer ?

S’approcher de la mort, c’est pourtant ce qu’a fait le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame (44 ans) qui vient de mourir dans la nuit du 23 au 24 mars 2018 de ses blessures. En décembre 2017, il avait participé à un exercice de simulation d’attentat dans un supermarché à Carcassonne (selon "La Dépêche du Midi"). Le Président Emmanuel Macron avait déclaré avant son décès : « Il a sauvé des vies, a fait honneur à son arme et à notre pays. ».

Originaire de Bretagne, Arnaud Beltrame venait d’être affecté en août 2017 comme officier adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l’Aude. Il avait été affecté à Satory, dans les Yvelines, à la gendarmerie mobile, puis a été nommé entre 2010 et 2014 commandant de la compagnie d’Avranches, dans la Manche, puis a été nommé conseiller auprès du secrétaire général au Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie pour coordonner l’action du gouvernement dans la lutte contre les crimes environnementaux (selon "Libération"). Décoré de l’ordre national du Mérite en 2012, il a été promu lieutenant-colonel en 2016. Il fut membre du GIGN et est officier depuis l’âge de 26 ans. Il venait de postuler à l’École de guerre, dont le concours qu’il avait passé est très difficile.

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Le vendredi 23 mars 2018 a eu lieu un nouvel attentat terroriste islamiste qui a été revendiqué par Daech. Un fanatisé de l’extrémisme islamiste a tué quatre personnes et blessé quinze autres. Il a volé une voiture, tué un passager, tiré sur des forces de l’ordre en train de faire du jogging puis s’est réfugié dans un supermarché à Trèbes, pas loin de Carcassonne où il a tué un client et un employé avant de prendre en otage les personnes présentes.

Depuis les assassinats commis par Merah, on connaît le jusqu’au-boutisme de "ces terroristes". Ils n’ont tellement aucun respect de la vie qu’ils ne respectent même pas leur vie. Au contraire, ils voudraient tomber en "martyrs". C’est cela qui est dangereux, car aucune discussion ne peut véritablement avoir lieu. Les objectifs des forces de l’ordre, c’est d’agir pour qu’il y ait le moins de victimes possible, mais dans une telle situation, c’est difficile de ne pas prévoir le pire.

Un gendarme, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, est allé bien au-delà de ses prérogatives. Par un acte de grande bravoure, il a réussi à échanger la vie de tous les otages contre la sienne. Quand on connaît la détermination de "ces terroristes", on ne doit pas imaginer beaucoup de cadeaux de leur part. Arnaud Beltrame a été blessé par des coups de couteau et deux fois par tir. L’extrême courage de sa part aurait mérité qu’il survît à ses blessures. Il ne sera honoré par la Nation hélas que mort. Toutes les larmes de la Nation ne compenseront pas le chagrin infini de son épouse et de sa famille.

On pourra toujours rappeler que les risques d’attentat sont toujours bien réels. Le précédent attentat en France avait coûté la vie à deux jeunes femmes d'une vingtaine d'années (Mauranne et Laure) sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille, tuées par un terroriste islamiste le 1er octobre 2017. Le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a révélé que depuis le début de l’année, la police a fait échouer deux préparations d’attentat, un prévu dans un centre sportif, un autre contre des militaires. Il est nécessaire que, sans paranoïa, chacun, chaque citoyen, soit capable d’imaginer qu’un attentat puisse survenir à n’importe quel moment de l’existence, dans des activités aussi banales que prendre le métro, prendre un pot à une terrasse de café, faire des courses, aller au musée, assister à un spectacle ou à un événement sportif, etc. au même titre que lorsqu’on prend le volant, on peut risquer sa vie et celle des autres. Avoir juste cette petite idée au fond de l’esprit sans en être obsédé, mais rester toujours vigilant.

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L’acte de courage exceptionnel d’Arnaud Beltrame devra être honoré à sa juste place. Pas devenir un modèle, car ce n’est pas donné à tout le monde, et sûrement pas à moi, d’avoir un tel courage. Mais le remercier, tout simplement le remercier. On dit que la guerre a permis aux lâchetés et au courage de s’exprimer. Oui, c’est vrai. L’héroïsme ne peut se révéler que dans des situations dramatiques. Pourtant, les situations dramatiques ne sont pas si rares qu’on pourrait le croire, pas seulement dans les guerres lointaines ou lors d’attentats dont la probabilité de fréquence, heureusement, reste faible. Dans la vie quotidienne, on peut se retrouver devant ce choix de risquer sa propre vie pour sauver la vie d’un autre (un enfant à l’eau, un accident de la route, etc.). Rien n’est évident car il faut d’abord avoir une bonne analyse de la situation avant d’agir sans que ce ne soit inutile.

Ce courage, c’est le meilleur hommage à la patrie. C’est pour cela que la République ne devra jamais oublier la mémoire d’Arnaud Beltrame, que son acte entre, lui aussi, dans l’histoire, qu’il ne soit pas vain, jamais vain. D’une manière ou d’une autre.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 mars 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Note du 25 mars 2018 à 12h30 :
Les autres victimes de cet attentat terroriste sont Jean Mazières (66 ans), retraité, qui était le passager de la voiture volée par le terroriste, Christian Medvès (50 ans), chef boucher au Super U de Trèbes, et Hervé Sosna (65 ans), retraité, un client du Super U.


Pour aller plus loin :
L’attentat du Super U de Trèbes le 23 mars 2018.
Les attentats de Barcelone et de Cambrils (17 et 18 août 2017).
Daech : toujours la guerre.
Les attentats du 11 septembre 2001.
L’attentat de Manchester du 22 mai 2017.
L’attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L’unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les assassinats de Merah (mars 2012).
Les attentats contre "Charlie-Hebdo" (janvier 2015).
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180323-arnaud-beltrame.html

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/donner-sa-vie-202663

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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 19:48

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Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190511-vincent-lambert-fdv2019cm.html


Déclaration de la Conférence des évêques de France sur la fin de vie le 22 mars 2018
Évêques de France : oui à l'urgence de la fraternité !

Nous devons tous pouvoir réfléchir le plus sereinement possible à la fin de vie. En apportant leur éclairage, les 118 évêques de France signent une Déclaration « Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ! », ce jeudi 22 mars 2018. Ils expriment leur compassion envers leurs frères et sœurs en fin de vie et saluent les professionnels de santé qui leur procurent une réelle qualité de vie avec une fin de vie la plus apaisée possible. Ils déplorent les disparités d’accès aux soins palliatifs sur le territoire national, ainsi que l’insuffisance des formations proposées aux personnels soignants, car cela engendre des souffrances tragiques. Ce sont elles qui occasionnent les demandes de légalisation d’assistance au suicide et d’euthanasie.

Avec ces constats, les évêques de France avancent six raisons éthiques majeures pour s’opposer à cette légalisation qui, à nouveau, troublerait profondément notre société. Ils appellent leurs concitoyens et leurs parlementaires à un sursaut de conscience pour que s’édifie une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres.

Les 118 évêques signataires insistent : « Ne nous trompons donc pas d’urgence ! »


 

Quelles que soient nos convictions, la fin de vie est un temps que nous vivrons tous et une inquiétude que nous partageons. Chacun doit donc pouvoir y réfléchir le plus sereinement possible, en évitant les écueils des passions et des pressions.

Nous voulons avant tout exprimer notre pleine compassion envers nos frères et sœurs en « fin de vie », comme l’Église a toujours essayé de le faire. Ils se présentent dans leur faiblesse, parfois extrême. Leur existence est un appel : de quelle humanité, de quelle attention, de quelle sollicitude ferons-nous preuve envers eux qui vivent au milieu de nous ?

Nous saluons les professionnels de santé qui leur procurent une qualité de vie dans une fin de vie la plus apaisée possible, grâce à leur compétence technique et à leur humanité, aussi bien dans le suivi quotidien que dans les situations d’urgence. Certains d’entre eux sont engagés, souvent avec de fortes convictions personnelles, en soins palliatifs. Grâce à eux et à l’effort de déploiement de ces soins, nombre de nos concitoyens vivent de manière apaisée leur fin de vie.

Cependant, ces soins ne sont pas suffisamment développés et les possibilités de soulagement de la souffrance sous toutes ses formes ne sont pas assez connues. Il est urgent de combattre cette ignorance, source de peurs qui ne sont jamais bonnes conseillères et dont s’abreuvent les sondages.

Ancrés dans l’ensemble du territoire, nous déplorons les disparités d’accès aux soins palliatifs ainsi que l’insuffisance de formations proposées au personnel médical et soignant, ce qui engendre des souffrances parfois tragiques. C’est pourquoi l’urgence consiste à poursuivre le développement des soins palliatifs pour que toute personne en ayant besoin puisse, selon la loi du 9 juin 1999, y avoir accès quel que soit son lieu de vie, y compris dans les EHPAD et dans les maisons de retraite.

En raison de ces carences et de la médiatisation de certains cas, plusieurs réclament un changement de la loi par la légalisation d’une assistance médicale au suicide et de l’euthanasie. Face à cette réclamation, nous affirmons notre opposition éthique pour au moins six raisons :

1. La dernière loi a été votée récemment, le 2 février 2016. Dans la suite de celle du 22 avril 2005 – dont le retentissement fut international –, elle poursuit l’effort d’une prise en charge responsable et collégiale de la part des soignants pour garantir une fin de vie apaisée. Son application est encore largement en chantier et demande une formation appropriée. Apprécier, au cas par cas, comment accompagner au mieux chaque personne en grande vulnérabilité demande temps, discernement et délicatesse. Changer la loi manifesterait un manque de respect non seulement pour le travail législatif déjà accompli, mais aussi pour la patiente et progressive implication des soignants. Leur urgence, c’est qu’on leur laisse du temps.

2. Fort de la fraternité qu’il proclame, comment l’État pourrait-il, sans se contredire, faire la promotion – même encadrée – de l’aide au suicide ou de l’euthanasie tout en développant des plans de lutte contre le suicide ? Ce serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur : « Tu ne tueras pas. » Le signal envoyé serait dramatique pour tous, et en particulier pour les personnes en grande fragilité, souvent tiraillées par cette question : « Ne suis-je pas un poids pour mes proches et pour la société ? » Quelles que soient les subtilités juridiques recherchées pour étouffer les problèmes de conscience, le geste fratricide se dresserait dans notre conscience collective comme une question refoulée et sans réponse : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

3. Si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou d’euthanasie, des personnels soignants seraient entraînés, malgré eux, à penser qu’une vie ne serait plus digne d’être vécue, ce qui serait contraire au Code de déontologie médicale : « Le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité. » Selon Paul Ricœur reprenant la tradition hippocratique, la relation de soin est par nature un « pacte de confiance » qui unit soignés et soignants et qui interdit à ces derniers, au nom de cette dignité, de faire volontairement du mal à autrui et encore moins de le faire mourir. Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine.

4. Même si une clause de conscience venait protéger les soignants, qu’en serait-il des personnes vulnérables ? Dans leur autonomie, elles ont besoin de confiance et d’écoute pour confier leurs désirs, souvent ambivalents. Quelle serait la cohérence de l’engagement médical si, dans certains lieux, des soignants étaient prompts à accéder à leurs désirs de mort chimiquement provoquée, tandis que dans d’autres, ils les accompagnaient, grâce à l’écoute patiente et au soulagement des différentes souffrances, vers une mort naturelle paisible ? La vulnérabilité de personnes – jeunes et moins jeunes – en situation de dépendance et de fin de vie appelle non un geste de mort mais un accompagnement solidaire. La détresse de celles qui demandent parfois que l’on mette fin à leur vie, si elle n’a pu être prévenue[1], doit être entendue. Elle oblige à un accompagnement plus attentif, non à un abandon prématuré au silence de la mort. Il en va d’une authentique fraternité qu’il est urgent de renforcer : elle est le lien vital de notre société.

5. Les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin ». Ils prétendent que « l’exercice de ce droit n’enlève rien à personne. C’est le type même de la liberté personnelle qui ne déborde pas sur la liberté d’autrui ». Mais qu’est-ce qu’une liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision ? L’expérience atteste que la liberté est toujours une liberté en relation grâce à laquelle le dialogue se noue afin que le soignant soit bienfaisant. Nos choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont une dimension collective. Les blessures du corps individuel sont des blessures du corps social. Si certains font le choix désespéré du suicide, la société a avant tout le devoir de prévenir ce geste traumatisant. Ce choix ne doit pas entrer dans la vie sociale par le biais d’une coopération légale au geste suicidaire.

6. Réclamer sous quelque forme que ce soit une « aide médicale à mourir », c’est imaginer, comme c’est le cas dans des pays voisins, des institutions spécialisées dans la mort. Mais alors quelles institutions ? Et avec quel financement ? Ou bien, c’est conduire notre système de santé à imposer à nos soignants et à nos concitoyens une culpabilité angoissante, chacun pouvant être amené à s’interroger : « Ne devrais-je pas envisager un jour de mettre fin à ma vie ? » Cette question sera source d’inévitables tensions pour les patients, leurs proches et les soignants. Elle pèserait gravement sur la relation de soin.

Ne nous trompons donc pas d’urgence !

Face aux troubles et aux doutes de notre société, comme le recommande Jürgen Habermas, nous offrons le récit du « bon Samaritain » qui prend en charge « l’homme à demi-mort », le conduit dans une « auberge » hospitalière et exerce la solidarité face à la « dépense » qu’occasionnent ses « soins ». À la lumière de ce récit, nous appelons nos concitoyens et nos parlementaires à un sursaut de conscience pour que s’édifie toujours plus en France une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres. Cette fraternité inspira l’ambition de notre système solidaire de santé au sortir de la Seconde guerre mondiale. Que ferons-nous de cette ambition ? La fraternité relève d’une décision et d’une urgence politiques que nous appelons de nos vœux.

Card. Philippe BARBARIN, archevêque de Lyon,
Card. Jean-Pierre RICARD, archevêque de Bordeaux, évêque de Bazas,
Card. André VINGT-TROIS, archevêque émérite de Paris,

Mgr Georges PONTIER, archevêque de Marseille et président de la CEF,
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, archevêque de Montpellier et vice-président de la CEF,
Mgr Pascal DELANNOY, évêque de Saint-Denis et vice-président de la CEF,

Mgr Marc AILLET, évêque de Bayonne, Lescar-Oloron,
Mgr Bernard-Nicolas AUBERTIN, archevêque de Tours,
Mgr Gilbert AUBRY, évêque de Saint-Denis de la Réunion,
Mgr Eric AUMONIER, évêque de Versailles,
Mgr Michel AUPETIT, archevêque de Paris,
Mgr Jean-Marc AVELINE, évêque auxiliaire de Marseille,
Mgr Claude AZEMA, évêque auxiliaire de Montpellier,
Mgr Philippe BALLOT, archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et Tarentaise,
Mgr Jean-Louis BALSA, évêque de Viviers,
Mgr Sylvain BATAILLE, évêque de Saint-Etienne,
Mgr Jean-Pierre BATUT, évêque de Blois,
Mgr Jérôme BEAU, évêque auxiliaire de Paris,
Mgr Jacques BENOIT-GONNIN, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis,
Mgr Didier BERTHET, évêque de Saint-Dié,
Mgr Francis BESTION, évêque de Tulle,
Mgr Dominique BLANCHET, évêque de Belfort-Montbéliard,
Mgr Jacques BLAQUART, évêque d’Orléans,
Mgr Yves BOIVINEAU, évêque d’Annecy,
P. Jean BONDU, administrateur diocésain de Luçon,
Mgr Jean-Luc BOUILLERET, archevêque de Besançon,
Mgr Jean-Claude BOULANGER, évêque de Bayeux-Lisieux,
Mgr Pierre-Antoine BOZO, évêque de Limoges,
Mgr Thierry BRAC de la PERRIÈRE, évêque de Nevers,
Mgr Nicolas BROUWET, évêque de Tarbes et Lourdes,
Mgr Jean-Luc BRUNIN, évêque du Havre,
Mgr Laurent CAMIADE, évêque de Cahors,
Mgr Jean-Pierre CATTENOZ, archevêque d’Avignon,
Mgr Raymond CENTENE, évêque de Vannes,
Mgr Philippe CHRISTORY, évêque nommé de Chartres,
Mgr Georges COLOMB, évêque de La Rochelle et Saintes,
Mgr Luc CREPY, évêque du Puy-en-Velay,
Mgr Emmanuel DELMAS, évêque d’Angers,
Mgr Renauld de DINECHIN, évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin,
Mgr Laurent DOGNIN, évêque de Quimper et Léon,
Mgr Vincent DOLLMANN, évêque auxiliaire de Strasbourg,
Mgr Christophe DUFOUR, archevêque d’Aix-en-Provence et Arles,
Mgr Jean-Marc EYCHENNE, évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix,
Mgr Bruno FEILLET, évêque auxiliaire de Reims,
Mgr François FONLUPT, évêque de Rodez et Vabres,
Mgr Maurice GARDÈS, archevêque d’Auch,
Mgr François GARNIER, archevêque de Cambrai,
Mgr Maroun Nasser GEMAYEL, évêque de l’Éparchie Notre-Dame-du-Liban de Paris des Maronites de France,
Mgr Olivier de GERMAY, évêque d’Ajaccio,
Mgr Bernard GINOUX, évêque de Montauban,
Mgr Hervé GIRAUD, archevêque de Sens et Auxerre et prélat de la Mission de France,
Mgr Emmanuel GOBILLIARD, évêque auxiliaire de Lyon,
Mgr Hervé GOSSELIN, évêque d’Angoulême,
Mgr Bruno GRUA, évêque de Saint-Flour,
Mgr Borys GUDZIAK, évêque de l’Éparchie de Saint-Vladimir-le-Grand de Paris,
Mgr Jean-Paul GUSCHING, évêque de Verdun,
Mgr Jacques HABERT, évêque de Séez,
Mgr Hubert HERBRETEAU, évêque d’Agen,
Mgr Antoine HEROUARD, évêque auxiliaire de Lille,
Mgr Denis JACHIET, évêque auxiliaire de Paris,
Mgr François JACOLIN, évêque de Mende,
Mgr Jean-Paul JAEGER, évêque d’Arras,
Mgr Jean-Paul JAMES, évêque de Nantes,
Mgr Thierry JORDAN, archevêque de Reims,
Mgr Vincent JORDY, évêque de Saint Claude,
Mgr François KALIST, archevêque de Clermont,
Mgr Guy de KERIMEL, évêque de Grenoble – Vienne,
Mgr Christian KRATZ, évêque auxiliaire de Strasbourg,
Mgr Bertrand LACOMBE, évêque auxiliaire de Bordeaux,
Mgr Emmanuel LAFONT, évêque de Cayenne,
Mgr Jean-Christophe LAGLEIZE, évêque de Metz,
Mgr Stanislas LALANNE, évêque de Pontoise,
Mgr Laurent LE BOULC’H, évêque de Coutances et Avranches,
Mgr Patrick LE GAL, évêque auxiliaire de Lyon,
Mgr Robert LE GALL, archevêque de Toulouse,
Mgr Yves LE SAUX, évêque du Mans,
Mgr Jean-Marie LE VERT, évêque auxiliaire de Bordeaux,
Mgr Olivier LEBORGNE, évêque d’Amiens,
Mgr Dominique LEBRUN, archevêque de Rouen,
Mgr Jean LEGREZ, archevêque d’Albi,
Mgr David MACAIRE, archevêque de Saint-Pierre et de Fort-de-France,
Mgr Charles MAHUZA YAVA sds, évêque de Mayotte,
Mgr Armand MAILLARD, archevêque de Bourges,
Mgr Xavier MALLE, évêque de Gap et Embrun,
Mgr André MARCEAU, évêque de Nice,
Mgr Joseph de METZ-NOBLAT, évêque de Langres,
Mgr Pierre-Yves MICHEL, évêque de Valence,
Mgr Roland MINNERATH, archevêque de Dijon,
Mgr Eric de MOULINS-BEAUFORT, évêque auxiliaire de Paris,
Mgr Philippe MOUSSET, évêque de Périgueux et Sarlat,
Mgr Denis MOUTEL, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier,
Mgr Jean-Yves NAHMIAS, évêque de Meaux,
Mgr Jean-Philippe NAULT, évêque de Digne, Riez et Sisteron,
Mgr Christian NOURRICHARD, évêque d’Evreux,
Mgr Pierre d’ORNELLAS, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo,
Mgr Michel PANSARD, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes,
Mgr Jean-Louis PAPIN, évêque de Nancy et Toul,
Mgr Laurent PERCEROU, évêque de Moulins,
Mgr Alain PLANET, évêque de Carcassonne et Narbonne,
Mgr Luc RAVEL, archevêque de Strasbourg,
Mgr Dominique REY, évêque de Fréjus – Toulon,
Mgr Jean-Yves RIOCREUX, évêque de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre,
Mgr Benoît RIVIÈRE, évêque d’Autun,
P.  Sébastien ROBERT, administrateur diocésain de Chartres,
Mgr Pascal ROLAND, évêque de Belley-Ars,
Mgr Antoine de ROMANET, évêque aux Armées françaises,
Mgr Michel SANTIER, évêque de Créteil,
Mgr Thierry SCHERRER, évêque de Laval,
Mgr Nicolas SOUCHU, évêque d’Aire et Dax,
Mgr Marc STENGER, évêque de Troyes,
Mgr Jean TEYROUZ, évêque de l’Eparchie de Sainte-Croix de Paris des Arméniens catholiques de France,
Mgr François TOUVET, évêque de Châlons,
Mgr Norbert TURINI, évêque de Perpignan-Elne,
Mgr Laurent ULRICH, archevêque de Lille,
Mgr Thibault VERNY, évêque auxiliaire de Paris,
Mgr Robert WATTEBLED, évêque de Nîmes, Uzès et Alès
Mgr Pascal WINTZER, archevêque de Poitiers,
P. Hugues de WOILLEMONT, administrateur diocésain de Nanterre.

[1] À ce sujet, voir les propositions concrètes données dans le document : Mgr Pierre d’Ornellas et alii, Fin de vie, un enjeu de fraternité, Salvator, 2015, pp. 147-149.


Source : eglise.catholique.fr/

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180322-article-conference-eveques-france.html



 

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