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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 14:50


L’Épreuve



« Ô vous, dont j’étais, dont je suis, les écartés, les allongés, les promis à la mort, les sans force et sans pouvoir – à tout être humain vivant, il est permis d’être le sel de la terre.

Il lui suffit d’aimer, autant qu’il peut, la divine douceur. Il lui suffit, dans l’océan de trouble et de douleur, d’une goutte de cette eau pure.

Alors, à la mesure même de son abîme, fût-ce le désespoir et la folie, sa vie humaine s’élève à la vie divine, qui est la vie humaine enfin libre de l’horreur et du démoniaque – libre en sa source et son principe.

Alors, tout humain peut ouvrir la bouche, pour nourrir sa grande faim et donner sa parole au monde.

Car tel est le mot de la divine douceur, le premier et le dernier, elle ne dit rien d’autre : il n’y a pas de bouche inutile. »


Maurice Bellet (septembre 1987)
L’Épreuve ou Le tout petit livre de la divine douceur
Éd. Desclée de Brouwer




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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 06:10

Un Deus ex machina ! Le monde serait gouverné par quelques "oligarques", en somme, par des horlogers qui auraient pourtant bien des difficultés à réguler l’horloge. Tout serait sur le billet d’un dollar : "Novus Ordo Sectorum". L’affaire DSK apporte une démonstration par l’absurde que ces théories sont fumeuses.

 


yartiComplotisme01L’idée du complot a toujours existé, aussi lointaine que les rumeurs en elles-mêmes. L’affaire DSK montre un nouvel exemple d’une mécanique pourtant très banale. Il s’agit d’imaginer que tous les événements qu’on vit, ou qu’on découvre, sont la conséquence d’une manipulation implacable d’êtres que je dirais suprêmes qui contrôleraient tout. Certains n’hésiteraient pas à dire que ces êtres seraient venus de loin !

Or, pour une fois, l’idée de complot tombe sur ceux qui s’en défendaient jusqu’à maintenant. Disons qu’elle a pu être un peu rapidement exprimée pour de simples raisons d’émotion, d’amitié, et c’est assez classique que les impressions prennent le dessus sur la raison lorsqu’il y a un coup dur. C’est aussi un bon moyen de tester la moralité de certaines personnes. Épreuve pas forcément très valorisante…


Mettre du sens à toutes ces infos ?

Mais je voudrais plutôt revenir à ces complotistes du dimanche, ces conspirationnistes d’addiction qui ne cessent de mêler les événements qui nous arrivent en pleine figure… et 2011 en aura déjà eu beaucoup, je cite pêle-mêle : chute de Ben Ali, chute de Moubarak, Fukushima, intervention en Libye, chute de Gbagbo, répression en Syrie, mariage princier, mort de Ben Laden, affaire DSK… on constate d’ailleurs que l’affaire DSK est celle qui a le moins d’importance, même si elle peut avoir une incidence sur le résultat de l’élection présidentielle de 2012, car c’est la seule qui n’a pas de mort d’homme, comme dirait de manière hasardeuse Jack Lang.

Car que nous disent les conspirationnistes de pacotille à longueur d’interventions depuis plusieurs années ? Que Dominique Strauss-Kahn aurait été choisi par une sorte de Grand Capital pour mondialiser la France. Et pour dépecer la peuple français. Et transférer sa richesse aux grands financiers le couteau entre les dents.


Les mots clefs

Dans ce monde de psychose, les mots "oligarques", "mainstream", "Bilderberg", "Trilatérale", "Davos", "Le Siècle", "CIA", "loi 1973", "NOM" (nouvel ordre mondial) ou encore son équivalent anglais "NWO" sont allègrement distribués à droite et à gauche pour faire savant et connaisseur. Le lecteur pourra même y voir un joli organigramme issu du blog du journaliste Samuel Laurent.

L’idée fait également tangente avec un certain antisémitisme redécliné en antisionisme puisqu’il est souvent rappelé la "judéité" de Dominique Strauss-Kahn (qu’il considérait avec les femmes et l’argent comme son triple talon d’Achille dans le cas d’une éventuelle campagne présidentielle) alors que ça n’a rien à voir ni avec sa politique économique ni avec son comportement sexuel.


Le Grand Marionnettiste

Alors, évidemment, ces complotistes du dimanche ont beau rappeler qu’au début, le grand capital mondialiste avait choisi Nicolas Sarkozy, dont les probables origines judéo-hongroises sont sans cesse rappelées (on se demande pourquoi), et pour aider son élection, "il" (c’est-à-dire ce grand capital, c’est le seul nom que je reprends car finalement, je n’en sais rien de qui manierait les marionnettes) a lancé dans les sondages la candidature de Ségolène Royal qui aurait été la candidate la plus facile à battre…

Mais comme Nicolas Sarkozy ne satisferait plus ce grand capital, alors il lui préférerait Dominique Strauss-Kahn (allez savoir pourquoi ? comme ça, un matin, le grand capital se dirait : ah non, pas Sarkozy, mais DSK !).

Pour cette nouvelle religion qui réussirait à trouver une explication à tous les événements, l’affaire est simple : pour "mondialiser" la France, les forces des ténèbres auraient coopté Nicolas Sarkozy et maintenant, elles auraient placé Dominique Strauss-Kahn.

Ben oui, c’est très beau tout cela, mais ce nouveau catéchisme ne tient pas une minute à l’analyse. Et l’affaire DSK est justement là pour le démontrer.


Contradiction intrinsèque

Le grand ordre nouveau mondial du capital aurait ainsi décidé de remplacer Nicolas Sarkozy par Dominique Strauss-Kahn, en faisant l’impasse d’ailleurs sur l’incertitude des urnes en France qui reste assez élevée depuis 1974, il suffit de voir les faibles écarts au premier tour (1995 entre Balladur et Chirac ; 2002 entre Jospin et Le Pen) ou au second tour (1974 et 1981 entre Giscard d’Estaing et Mitterrand).

Seulement, le problème, c’est que cette belle mécanique, cette belle machine du monde qui dirigerait tout, les banques, les gouvernements, les citoyens, a déraillé avec un simple fait divers hélas très fréquent au ras de la ceinture… (Dernier exemple en date, rappel d’une dépêche du 24 mai 2011 : « Essonne : le violeur présumé d’une fillette de 10 ans s’est rendu » ; ici, ce n’est assurément pas un présumé innocent…).

En trois ans de plan mondial savamment orchestré par tous les médias, tous les instituts de sondages, etc., l’opération capoterait en un week-end. Une modeste employée d’hôtel réussirait à mettre à terre la grande planification mondiale. Diable !

Comment nos complotistes du dimanche pourraient-ils donc expliquer ce soudain effondrement ? Comment autant de puissances occultes qui dirigeraient tant de consciences pourraient-elles laisser faire ce bug complètement dérisoire face au grand dessein promis ?

Évidemment, on pourrait toujours dire : comme pour Nicolas Sarkozy (dont on ne dit plus d’ailleurs depuis deux ans qu’il aurait les médias à sa botte), le grand manitou aurait abandonné Dominique Strauss-Kahn parce qu’il ne serait pas fiable. Mais pour quelle raison ? Nommé à la tête du FMI avec l’appui de l’Union Européenne et des États-Unis, il symbolisait bien au contraire cette puissance monétaire mondiale. Pourquoi aurait-il eu disgrâce si près du but ?

Un conspirationnisme de seconde zone pourrait même échafauder l’hypothèse très tirée par les cheveux selon laquelle DSK serait l’auteur de sa propre machination afin d’être ensuite relaxé et blanchi et afin de bénéficier d’un nouvelle sympathie populaire due à l’émotion, un peu à l’instar de l’attentat de l’Observatoire le 15 octobre 1959 pour François Mitterrand. Ce serait évidemment sans compter qu’il y a dans cette affaire un autre protagoniste, une victime présumée dont la vie risque d’être analysée sans complaisance par les avocats de la défense.


Un monde chaotique

L’explication est malheureusement beaucoup plus simple. Contrairement à ce qu’on voudrait imaginer, il y a peu de liens de cause à effet entre les différents événements d’actualité qui passent sous le nez des observateurs.

La marche du monde serait plus proche du mouvement brownien ou de l’indétermination d’Heisenberg que d’un mécanisme déterministe séquentiel.

Cette réalité est évidemment peu satisfaisante intellectuellement. Le cerveau humain préfère tirer un sens là où il n’y en a pas. La meilleure leçon avait été donnée par le peintre génial Salvador Dali qui adorait apporter des explications oiseuses et loufoques à ses tableaux, histoire de se moquer des exégètes professionnels.

Sans savoir la culpabilité ou l’innocence de Dominique Strauss-Kahn (il y a une justice pour le déterminer), il paraît pourtant simple que son arrestation et son inculpation ont été des événements totalement incontrôlables et imprévisibles.

Et malheureusement, il en est de même pour de nombreux événements : le monde est plus proche du chaos que du complot.


Un nouveau Dieu ?

Évoquer sans cesse la théorie du complot, c’est en quelque sorte refuser le chaos, refuser le libre arbitre individuel, côtoyer la complexité néguentropique, affirmer qu’il existe un Être suprême capable de tout contrôler et de faire tourner la planète. En d’autres termes, c’est croire en l’existence d’un Dieu dirigiste qui s’emparerait exclusivement du destin du monde.

Pour sourire de ce qui sévit sur Internet, je vous recommande la lecture des trois billets de Samuel Laurent sur le sujet.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 mai 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
11 septembre 2001, un complot, avez-vous dit ?
Les théories du complot décortiquées sur Internet.
Ben Laden, DSK, même complot ?

Complèment et précisions au 28 mais 2011 :

"Deus ex machina" ; la définition du Petit Larousse dit : "Personne ou événement venant opportunément dénouer une situation dramatique sans issue".

L'affaire DSK (pour éventuellement éliminer un concurrent), les attentats du 11 septembre 2001 (supposés être un prétexte à la guerre en Afghanistan et en Irak), l'intervention de l'OTAN en Libye pour aider les révolutionnaires etc. sont autant de discontinuités historiques multiples. On peut donc y voir la main d'un grand metteur en scène qui contrôlerait tout. Pour autant, ces événements n'ont pas un sens unique, un dessein global. Ni conséquence unique ni cause unique.

Explication "non-complotiste" : ces événements sont plus le reflet du chaos de ce monde qui est "trop libre" et trop multiple pour permettre un grand complot mondial (Internet permettrait aujourd'hui au moindre complice de le "trahir", volontairement ou pas). Les révélations de Wikileaks vont justement à l'encontre des théories du complot. Les hommes sont faillibles, plus il y en a impliqués dans un éventuel complot, plus il y aurait d'aveux, de trahisons, de regrets, de coming out etc.

Le principe du complot est un moyen simple d'expliquer le monde. En amalgamant tous les événements, en les mélangeant, on cherche à proposer des liens de corrélation. Pourtant, rien, aucun fait, ne peut prouver l'existence d'un complot mondial (je ne parle pas des petits "complots" qui peuvent se faire jour parfois, je parle bien de la traduction intellectuelle d'une analyse approfondie de l'évolution du monde). C'est le principe du complotisme : ni prouvable ni réfutable. Donc, hors du domaine du raisonnement, hors du champ de la raison.

Ne pas croire au complot à chaque événement, ce n'est pas croire à un monde de bisounours ; bien au contraire, c'est croire à un monde beaucoup plus complexe que celui où un simple groupuscule (une "oligarchie") serait capable de tout manipuler. C'est au contraire croire à un monde imprévisible, difficile à appréhender, inquiétant (parfois exaltant), alors que le conspirationnisme apporte une solution intellectuelle de facilité pour se rassurer de la difficulté des situations.




(Illustrations : 1° affiche du film "L’île au Complot" de 1949 ; 2° tableau de Salvador Dali "Enfant géopolitique observant la naissance").

 

 

yartiComplotisme07



http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/complot-vs-chaos-vers-une-nouvelle-94733


 






 

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 08:25

(dépêche-blog)

 

« Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier. »

 

JusteParmiLesNations


Une loi émise par la Knesset (Parlement israélien) en 1953 stipule que le Mémorial de l’Holocauste à Yad Vashem est destiné à entretenir le souvenir des millions de Juifs, victimes de la bestialité nazie.

Cette loi prévoit également de rendre hommage aux Justes parmi les Nations qui, selon cette loi « ont risqué leur vie pour venir en aide à des Juifs ».

Loi sur la commémoration des martyrs et des héros de l’Holocauste
YAD VASHEM 1953

Une fondation « Yad Vashem » est créée par la présente loi à Jérusalem, pour commémorer :

-Les six millions de membres du peuple juif qui ont péri en martyrs, exterminés par les nazis et leurs complices.
-Les familles juives anéanties par l’oppresseur.
-Les communautés, synagogues, mouvements et organisations, ainsi que les institutions publiques, culturelles, scolaires et sociales détruites dans le dessein atroce d’effacer à jamais le nom et la culture du peuple d’Israël.
-La bravoure des Juifs qui ont fait le sacrifice de leur vie pour leur peuple.
-La vaillance des soldats juifs et des résistants, en ville, au village et au maquis, qui ont mis leur vie en jeu en combattant l’oppresseur nazi et ses complices.
-L’héroïsme des Juifs assiégés dans les ghettos qui ont déclenché la révolte, pour sauver l’honneur de leur peuple.
-La lutte des communautés juives, grandiose, constante et menée jusqu’à la dernière extrémité, pour la sauvegarde de leur dignité humaine et de leur culture juive.
-Les efforts incessants des Juifs assiégés dans les ghettos pour immigrer en Israël, ainsi que le dévouement et le courage de leurs frères, accourus pour secourir et délivrer les rescapés.
-Les Justes parmi les Nations qui ont risqué leur vie pour venir en aide à des Juifs.

Signée Nathan Karp, la médaille est l’expression à la fois artistique et symbolique de la phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ». Les deux mains qui agrippent la corde du salut – à la base ce sont des barbelés – semblent surgir du néant, tandis que la corde enroulée avec force autour du globe terrestre proclame que les actes tels que ceux des Justes justifient l’existence du monde et notre foi en l’humanité.

En 1962, après le procès Eichmann et les traumatismes que suscita le rappel des crimes nazis, une Commission permanente fut créée, avec à sa tête le juriste Moshe Landau (Président de la Cour au procès Eichmann) et le Dr Arieh Kubovy, alors directeur de Yad Vashem. Les autres membres de cette commission émanaient de diverses organisations liées à l’Holocauste. Le but était de rendre hommage aux personnes qualifiées de « Justes parmi les Nations » (Justes non-juifs). Dès 1970, la Commission est dirigée par Moshe BEJSKI, survivant de la Shoah. A présent, Mordehaï Paldiel est le directeur du Département des Justes de l’institut Yad Vashem. La Commission permanente a accordé ce titre à plus de 21.000 hommes et femmes en provenance de tous les pays européens qui avaient subi l’occupation nazie.

Ces personnes ont reçu la médaille des Justes, ainsi qu’un diplôme honorifique, récompenses qui leur ont été remises en mains propres ou à un de leurs proches (en cas d’attribution posthume). Elles ont aussi l’honneur d’avoir un arbre planté à leur nom dans le Jardin des Justes à Yad Vashem, à Jérusalem. Leurs noms sont également inscrits sur le mur d’honneur (la plantation d’arbres n’ayant pu continuer faute de place).

Les récompenses sont remises lors d’une cérémonie organisée par l’Ambassade israélienne dans le pays de la personne désignée ou à Yad Vashem, quand cette dernière choisit de se rendre en Israël à cette occasion.

Cette avenue ombragée du Mémorial Yad Vashem à Jérusalem rend hommage aux non- Juifs  qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs de l’Holocauste nazi. Des arbres ont été plantés au nom de ces valeureux amis des Juifs, auxquels s’applique si justement la phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».

Le concept de Juste parmi les Nations – en hébreu, hasidi umot haolam – est très ancien dans la tradition juive. A l’origine, ces « nations » étaient les tribus non israélites des temps bibliques. Pendant la prière de la Pâque, selon une tradition d’après-guerre, les Juifs évoquent Shifra et Puah, les deux sages-femmes égyptiennes « qui défièrent l’édit du Pharaon exigeant que tous les enfants mâles d’Israël soient noyés dans le Nil », et la fille du Pharaon « qui désobéit au décret de son père et sauva Moïse ». Voyant le nouveau-né israélite, condamné à mort, elle le recueillit et l’éleva comme son propre fils. Les sages juifs lui ont donné un nom : Batya, fille de Dieu.

 

(Source : maisondesjustes.com)

 

 

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 10:26

Née le 12 juin 1913 à Zurich, en Suisse, Élisabeth Eidenbenz fut institutrice en Suisse et au Danemark puis, en mission à Madrid, puis Valence (en Espagne), puis Argelès, elle est devenue infirmière. Elle fonda en 1937 la Maternité suisse d'Elne et réussit à sauver 597 enfants, juifs, tziganes ou réfugiés espagnols ayant fui le nazisme et le franquisme, en leur donnant refuge entre 1939 et 1944. Devant être neutre à cause de son association avec la Croix-Rouge, elle avait falsifié leur identité. Elle a pris sa retraite en 1975 à Retawinkel, en Autriche. Elle fut reconnue en 2002 comme une Juste parmi les nations par le gouvernement d'Israël. Malade, elle s'est éteinte à plus de 97 ans et demi dans la nuit du 22 au 23 mai 2011. Elle fait partie de ces femmes épatantes, comme Irina Sendler.

EEidenbenz

Élisabeth Eidenbenz : « Quoi vous dire de plus  ? Je suis très heureuse et contente du travail 
accompli, ça a été très important dans ma vie. Je n’ai jamais pensé qu’ils nous devaient la vie grâce à notre travail. ».

EEidenbenz2 

Un de ses "enfants nés", Guy Eckstein, avait tout fait pour que son courageux héroïsme fût reconnu. Il déclara le 23 mai 2011 : « Elle disait considérer comme un cadeau ce que la vie lui avait permis de faire, quitte à devoir désobéir pour pouvoir le faire, ce qui démontre que la désobéissance peut être constructive. Elle a passé sa vie à défendre les plus vulnérables, sans jamais demander leur origine à ceux qu'elle sauvait et c'est ainsi que je lui dois la vie. J'ai été très heureux de l'hommage qui lui fut rendu en 2002, faire reconnaître publiquement son action était devenu mon combat. ».


SR 


NB : La République française avait honoré Élisabeth Eidenbenz le 15 mai 2007 en la faisant Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur dont voici le discours de Pierre Viaux de remise des insignes :



Discours à l’intention de Mme Elisabeth Eidenbenz (15.05.2007)
Remise des insignes de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur

à
Mme Elisabeth Eidenbenz
Résidence – mardi 15 mai 2007 – 13 H 00

 

« Chère Madame Elisabeth Eidenbenz,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur de cabinet,
Mesdames, Messieurs,

C’est un très grand honneur et un grand plaisir, pour mon épouse et pour moi-même de vous recevoir, chère Madame Eidenbenz, entourée de vos proches et amis - certains pouvant se dire presque vos enfants - dans cette belle Résidence de France de Vienne, pour vous marquer la reconnaissance de la République Française en présence EEidenbenz3du Préfet des Pyrénées Orientales et du Directeur de cabinet du maire d’Elne. Le Président de la République a souhaité en effet que nous honorions par cette cérémonie le courage et le dévouement dont vous avez fait preuve très tôt dans votre vie, dans les terribles conditions de la guerre civile espagnole et de la seconde guerre mondiale.

Jeune institutrice, Volontaire du Secours suisse aux enfants, âgée alors de seulement 24 ans, vous partez tout d’abord pour l’Espagne afin de vous occuper d’enfants victimes de la guerre civile. Suivant le mouvement de la Retirada, vous arrivez en Roussillon en 1939 et vous vous consacrez à aider les futures mères réfugiées. En effet, dans les camps hâtivement improvisés sur les plages à Saint-Cyprien, Argelès et au Barcarès, à Arles-sur-Tech et Prats de Mollo, puis dans ceux de Gurs et Rivesaltes, de nombreuses femmes internées se voient contraintes d’accoucher dans des conditions indescriptibles qui conduisent à un haut niveau de mortalité tant des mères que des enfants.

A l’automne 1939, une première tentative d’installation d’une maternité à Brouilla pour accueillir des réfugiées espagnoles, ne peut aboutir. Vous ne vous ne vous découragez pas. Vous vous employez alors à trouver à Zurich les fonds nécessaires pour installer une maternité de fortune au Château d’En Bardou, à Elne. Sous l’égide du Secours suisse aux enfants victimes de la guerre, avec l’aide de fonds privés venant d’organisations humanitaires suisses, vous dirigez cette « Maternité Suisse d’Elne » de 1939 à avril 1944. Vous y accueillez des réfugiées espagnoles sur le point d’accoucher, puis des mères juives, tsiganes et d’autres origines, toutes fuyant les persécutions. Vous vous démenez sans compter, au péril de votre vie, pour protéger et soigner ces mères et leurs enfants, pour leur rendre espoir et pour leur donner un avenir.

Du 7 septembre 1939, date de naissance du premier enfant, jusqu’à Pâques 1944, date de la fermeture du lieu après réquisition par la Wehrmacht, votre action et celle de vos camarades ont permis à des femmes enceintes, réfugiées d’Espagne puis de toute l’Europe, d’accoucher de 597 enfants, en grande majorité de confessions juive ou d’origine tzigane, arrachant ainsi mères et enfants à la persécution nazie.

Parallèlement à ces naissances et à l’accueil d’enfants venus « se refaire une santé », ou dans l’obligation de se cacher pour échapper aux rafles visant les juifs, vous apportez votre aide aux camps des environs, tout particulièrement ceux d’Argelès-sur-Mer, Saint Cyprien et Rivesaltes, en les approvisionnant en nourriture et par l’aménagement de baraquements.

La fin de la guerre ne signifie pas pour vous la fin de votre engagement humanitaire. A partir de 1946, vous vous installez en Autriche où vous créez et dirigez jusqu’en 1975 des « Maisons Suisses » placées sous le patronage de l’Eglise Evangélique Suisse . Vous vous y occupez encore de nouveau-nés et de jeunes enfants de réfugiés des pays alors placés sous le joug soviétique.

Ainsi, dans des conditions très difficiles et dangereuses, vous avez, Mme Elisabeth Eidenbenz, avec votre équipe, protégé et sauvé d’une mort presque certaine des centaines de femmes, de nouveau-nés et d’enfants.

Parlant de cette action exceptionnelle, vous dîtes que vous ne faisiez que votre devoir, que c’était normal – indispensable - d’aider les opprimés, les gens traqués.

Cette fidélité, dans les actes, aux principes d’humanité force le respect et vous honore.

Vous êtes une « Juste ». Vous faites partie de ces femmes et de ces hommes qui, dans une Europe presque totalement asservie à la barbarie nazie, avec souvent de faibles moyens, sans s’interroger, dans la discrétion et l’anonymat conservés le plus souvent jusqu’à nos jours, ont tout simplement fait le choix du bien.

Réunis aujourd’hui autour de vous, nous devons évoquer un passé terrible. Mais ce que vous avez fait éclaire d’optimisme et enrichit notre présent et notre avenir.

"Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier", dit le Talmud, devise qui d'ailleurs orne la médaille des « Justes » qui vous a été remise par les autorités israéliennes. Il faut en comprendre toute la force : en sauvant une personne, chaque « Juste » a en quelque sorte sauvé l'humanité. Cette mémoire, cet exemple, soyez-en certaine, soyez-en fière, perdurera de génération en génération.

Pour toutes ces raisons, pour votre engagement au service des persécutés, pour votre abnégation, pour votre courage, la République Française a voulu marquer solennellement sa reconnaissance.

Mme Elisabeth Eidenbenz, au nom du Président de la République, nous vous remettons les insignes de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur. ».

Pierre Viaux, ambassadeur de France en Autriche, Résidence de France à Vienne.


Réponse de Elisabeth Eidenbenz :

Discours de Mme Eidenbenz (15.05.2007)

« C’est pour moi un grand honneur de recevoir cette distinction extraordinaire et cela après plus de 67 ans. Je vous remercie de tout cœur.

J’accepte avec reconnaissance la Légion d’Honneur en tant que représentante de toutes mes collaboratrices suisses et espagnoles, les sages-femmes et infirmières suisses. Nous avons fait ce travail avec beaucoup de joie et toute notre disponibilité. C’était un privilège de pouvoir aider ces pauvres mères.

Le Secours Suisse aux Enfants victimes de la guerre nous a donné la possibilité d’accueillir les femmes enceintes des camps, pour qu’elles puissent accoucher dans des bonnes conditions. Elles venaient des camps d’Argelès, St. Cyprien, Rivesaltes et Gurs. Toutes les femmes que nous avons reçues étaient déracinées, sans patrie, avec un futur incertain. Nous avons pu leur donner pendant quelque temps un peu de calme, de sécurité et de chaleur humaine, ce qui leur manquait le plus. Les mères ont pu se reposer dans une atmosphère familiale et amicale.

Pendant ces 5 ans nous avons eu plus de 600 naissances. Trois de ces enfants sont ici présents et savent de leurs mères comment se déroulait la vie dans la maternité.

Plusieurs des enfants, nés dans la maternité, sont revenus malades des camps. Les autres mères étaient très généreuses et leur donnaient de leur lait. Beaucoup de bébés on pu être sauvés grâce au lait de ces mères.

De temps en temps je revois quelques uns de « mes enfants » de la maternité, ce qui me rend très heureuse. C’est la richesse de mes vieux jours.

Bien plus tard je me suis rendue compte, de ce que la maternité représentait pour toute la région. Dans toute la misère et la terreur de la guerre, il y avait un îlot de paix. »

Elisabeth Eidenbenz
Vienne, le 15 mai 2007



Les funérailles d'Élisabeth Eidenbenz auront lieu le vendredi 27 mai 2011, à 14 heures, au temple protestant de Zurich et elle reposera exceptionnellement dans le cimetière jouxtant le temple.




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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 08:40

Le 1er mai, la HALDE qui protège les citoyens des discriminations (organisme créé sur recommandation de Bernard Stasi) a fusionné avec d'autres organismes (dont le Médiateur de la République) dans la nouvelle fonction de Défenseur des Droits du citoyen dont le titulaire n'est pas encore nommé (on parle de Jack Lang, de Dominique Baudis ou de Bernard Kouchner).

 

La HALDE a publié son dernier rapport d'activité sur l'année 2010.

 

Cliquer sur le lien pour télécharger le rapport (fichier .pdf) :

http://www.la-croix.com/content/download/622969/18856096/Halde2010.pdf

 

SR

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 20:31

(dépêche)

 

 

L'insupportable banalisation médiatique du Front national
 | 11.04.11 | 13h48  •  Mis à jour le 12.04.11 | 18h38

"Je ne sais pas si c'est dû à mon manque d'expérience de chroniqueuse sur la matinale de France Inter, mais je ne m'étais pas rendu compte que la ligne de démarcation séparant les bonnes et les mauvaises manières d'aborder le Front national (FN) avait bougé. Sérieusement bougé.

Mon boulot n'étant pas de rendre compte de ces glissements successifs mais plutôt de faire rire ou sourire les auditeurs d'Inter au moment où ils terminent de se brosser les dents, je ne mesurais pas mon ignorance avant de poser une babouche sur le terrain miné de l'extrême droite. Une babouche que je repris dans la figure avec une violence qui incite à la réflexion.

C'est donc à la suite d'une chronique que j'avais consacrée à Jean-Marie Le Pen que j'allais, pour la première fois, mesurer l'ampleur de ce phénomène. Pour Guy Carlier, chroniqueur à Europe 1, ma chronique était celle d'"une conne" d'une "vulgarité médiocre et pitoyable" et surtout j'étais coupable de "faire gagner 2 points au FN ". Pour le site de Marianne, je n'avais "pas la chance d'avoir de talent", préférant "l'attaque frontale convenue". Enfin, pour Le Figaro, j'étais "une tigresse" n'hésitant pas à "tirer sur l'ambulance" (Le Pen !), coupable de vouloir "faire gagner 12 % au FN".

Mais qu'avais-je donc pu faire pour mériter une telle acrimonie de la part d'une coalition aussi hétéroclite qu'efficace ? J'avais osé proposer à M. Le Pen "de faire la paix avec tous ceux qui avaient subi ses invectives et ses sarcasmes pendant des années et ce, avant que les vers et les pissenlits ne terminent le travail que le temps avait visiblement bien avancé." Ensuite, je l'ai attaqué sur l'héritage qu'il allait laisser sur terre en lui expliquant qu'il n'était finalement "qu'un thermomètre planté dans le derrière des Français pour mesurer leur degré de xénophobie".

Me voilà donc coupable de manquer de courtoisie à l'égard d'un homme qui... Qui quoi ? Qui aurait toujours pris soin de mesurer ses coups, que ce soit devant un micro ou dans la Villa des roses, à Alger ? C'est là que je dois promettre d'être sage ? A la limite je veux bien essayer de gagner en élégance, mais il y a des jours où elle vient à manquer.

La violence des réactions suscitées par cette chronique m'a laissé penser que je venais de commettre un crime largement plus important que celui de ne pas être drôle à leurs yeux. L'article de Marianne2.fr me permit également, grâce à l'évident manque de bonne volonté de son modérateur, de découvrir un échantillon des commentaires haineux que je pouvais susciter en éborgnant le leader frontiste.

Quant à la thèse de Guy Carlier et du Figaro selon laquelle je serais coupable de faire gagner des points au Front national, en toute logique, elle ne s'imposa pas auprès des commentateurs politiques comme une explication plausible de la montée de l'extrême droite en France.

Mais, pour élargir le débat au-dessus des motivations concurrentielles d'un chroniqueur sur le tard, d'un site en proie aux glissements de terrain et d'un journal soucieux de déculpabiliser une partie de son lectorat, j'aimerais aborder un argument qui m'a été opposé après la chronique que j'ai consacrée aux sympathisants frontistes, le 23 mars.

Après y avoir rappelé le discours ambiant sur la nécessité de ne pas stigmatiser une partie des Français votant FN, en évitant de les traiter de "gros cons" par exemple, je diffusais un extrait de propos tenus par un sympathisant frontiste qui me conduisait à penser que, même si je n'avais pas le droit de dire qu'il s'agissait "d'un gros con", c'était quand même pas mal imité.

Cette fois-ci, je venais, sans le savoir, de me rendre coupable d'un manque de compassion à l'égard des électeurs frontistes. L'heure n'est donc plus à l'"antiracisme autoproclamé", mais à la compassion envers "des Français de souche victimes d'une politique migratoire incontrôlée et à qui, comble de l'horreur, les commissaires du politiquement correct interdisent de mettre des mots sur leurs souffrances" ? Si je ne suis pas radicalement hostile à cette soudaine bienveillance, elle n'est pas sans risque puisqu'elle débouche sur deux principes contribuant à faire bouger les lignes : l'interdiction de dire trop fort ce que, selon moi, ils n'ont jamais cessé d'être ; répondre aux questions qu'ils posent mais en acceptant leur manière de la poser, ce qui n'est pas sans conséquence.

Ces nouveaux apôtres, qu'ils s'appellent Philippe Bilger, Philippe Cohen, Robert Ménard, Elisabeth Lévy et j'en passe, nous imposent leur soudaine lucidité et nous enjoignent d'arrêter de diaboliser ces victimes qui se tournent vers un parti censé "poser les bonnes questions, même s'il n'apporte pas toujours les bonnes réponses". Le risque c'est que, si vous prenez goût à poser les questions de la souffrance ou de la misère sociale à travers le prisme de la couleur de peau, de la culture ou la religion, alors vous allez adorer les solutions que sont le repli identitaire et la préférence nationale.

Du coup, j'ai beau écouter les trémolos dans la voix de Guy Carlier, rien n'y fait. J'ai toujours du mal à faire la différence entre un gros con et quelqu'un qui penserait que tous ces malheurs sont dus à la présence d'étrangers en France.

Voilà l'unique message de ma chronique du 23 mars. Je n'ai dit que ça. La rapidité avec laquelle certains se sont sentis concernés ne regarde qu'eux. Mais les lignes ont bougé et, sans le savoir, je venais de les franchir. Cette fois, Guy Carlier me traita de "petite conne", coupable de vouloir "faire le buzz pour remplir (m)es salles de spectacle". Mais, de manière plus inattendue, au milieu des insultes, il sortit sa traditionnelle pompe à mélo pour lire les messages des victimes de l'immigration. Il avait la sincérité des repentis de l'antiracisme qui ont enfin l'honnêteté de s'avouer troublés par tous ces témoignages. Son trouble était tel qu'à un moment j'ai eu peur qu'il n'abandonne la douche pour le Kärcher.

Sous la plume légère de Philippe Bilger, le site de Marianne en remet une louche, usant d'une violence à mon endroit qui interroge sur les arrière-pensées de ce magistrat soudainement spécialiste de l'humour radiophonique. On pourrait se demander ce que vient faire dans les colonnes de Marianne2.fr celui qui appelle à intégrer le Front national au sein de l'UMP ? Pas grand-chose si l'on oublie qu'au moment où son rédacteur en chef, Philippe Cohen, est contraint de s'expliquer devant sa rédaction pour son traitement étonnamment neutre du Front national, le site me consacre trois articles pour m'apprendre à éviter les attaques frontales à l'égard de Marine, Jean-Marie Le Pen et de leurs électeurs.

Il y a toujours eu un grand nombre de personnes favorables à la préférence nationale. Mais ce qui a changé, c'est qu'ils ont dans les médias des défenseurs à la fois organisés et actifs pour leur expliquer qu'il est tout à fait normal en ces temps de crise où la peur de l'autre devient la règle de penser que ces Français "d'origine musulmane" finissent quand même par poser pas mal de problèmes.

Quand l'origine et la couleur de peau deviennent les critères pour comprendre le monde, j'ai tendance à me raidir. C'est peut-être parce que je suis viscéralement attachée aux valeurs républicaines et laïques, ce qui, compte tenu de mes origines, doit les surprendre."

Sophia Aram, humoriste chroniqueuse sur France Inter

Article paru dans l'édition du 12.04.11

 

 

 

 

 

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 04:54

L’hôpital Antoine Béclère de Clamart a aidé à mettre au monde un bébé sain qui pourra guérir sa sœur. Une nouvelle réjouissante pour la famille qui n’est pas sans poser quelques questions d’éthique.


yartibebeM05Les journalistes aiment bien trouver l’expression choc qui va aller droit à l’émotion des lecteurs ou auditeurs. En parlant de la naissance, le 26 janvier 2011, du premier "bébé médicament" français, on frappe évidemment l’imagination et les peurs resurgissent, comme on avait parlé des "bébés éprouvette" (initiés par Robert Edwards, Prix Nobel 2010) qui n’ont d’éprouvette qu’un utérus normal.

Présenté ainsi, un couple aurait fait un bébé uniquement pour venir au secours de leurs deux premiers enfants, atteints de b-thalassémie, une maladie génétique grave rendant nécessaire des transfusions sanguines permanentes.

On évoque aussi l’origine turque de la famille, pour laisser entendre que c’est un peu exotique comme naissance, et si on n’y prenait pas garde, on penserait presque que le bébé du 26 janvier serait dépecé pour distribuer ses organes.

En fait, l’histoire est moins parlante mais néanmoins problématique pour la bioéthique. Le bébé a été conçu in vitro, comme un "bébé éprouvette" classique, c’est-à-dire avec un embryon conçu à l’extérieur et implanté ensuite dans l’utérus de sa mère.

Là où c’est moins commun, c’est dans le choix de l’embryon. Pour une question de probabilité élevée d’échec, on conçoit plusieurs embryons pour réussir une naissance (d’où la naissance de jumeaux, triplés etc.).

C’est d’ailleurs le principal problème des lois de bioéthique (dont les parlementaires sont en train de réviser celle de 2004 depuis ce 8 février 2011) : que faire des embryons surnuméraires ? les éliminer au risque de supprimer une potentialité de vie ? les conserver yartibebeM02congelés (mais pour combien de temps) ? les utiliser pour la recherche génétique (avec risque d’instrumentalisation du vivant) ? Beaucoup de questions qui n’ont guère de réelle réponse, puisque aucune solution n’est humainement vraiment acceptable.

Or, le choix est possible avec ce qu’on appelle le "diagnostic préimplantatoire". Ce diagnostic est très efficace avec les progrès de la génétique : on peut en effet y déceler des maladies et même des traits humains associés à l’ADN. Le risque eugénique est donc réel quand on peut se permettre de choisir certaines caractéristiques de l’enfant à naître, et notamment le sexe, par exemple.

C’est à cause du diagnostic préimplantatoire que Jacques Testard a arrêté ses recherches médicales. Il y voit trop de risques eugéniques.

Dans le cas d’Umut-Talha, le prénom du bébé de trois kilogrammes six cent cinquante, c’est un double diagnostic préimplantatoire qui a eu lieu. Le premier visait à s’assurer que l’embryon n’était pas porteur de la maladie de son grand frère et de sa grande sœur, et le second qu’il pouvait devenir un donneur compatible avec l’un de ses deux aînés.

En tout, vingt-sept embryons ont été conçus et de ces vingt-sept, un seul était compatible avec la sœur du futur bébé. En raison des risques d’échecs, un second embryon a cependant été implanté dans l’utérus de la mère, les parents voulaient dans tous les cas un troisième enfant, compatible ou pas. Finalement, c’est le "bon" embryon qui s’est développé.

Le premier diagnostic préimplantatoire est réalisé assez souvent lorsqu’il y a des antécédents familiaux connus de maladie génétique. Le second est donc une nouveauté en France, mais cela fait depuis plusieurs années que dans le monde et en Europe, cette technologie est utilisée sciemment dans un but de faire naître un bébé donneur.

Et que donnera-t-il, le bébé ? des cellules sanguines prélevées dans le cordon ombilical qui, de toute façon, auraient été détruites.

Des enfants ont ainsi pu être sauvés, aux États-Unis (Molly Nash, qui souffrait de l’anémie de Fanconi qui affecte le système immunitaire, a été guérie grâce à son petit frère Adam dont l’embryon avait été sélectionné pour cela), ou encore en Espagne il y a deux ans pour la même maladie que celle du frère et de la sœur d’Umut-Talha.

Ce que montre le cas d’Umut-Talha, c’est que ce dernier a été voulu pour lui-même et sera aimé comme n’importe quel enfant. En revanche, quelle faute journalistique de parler de "bébé médicament" ! Quand ce bébé sera en âge de comprendre, il pourrait douter des raisons de sa naissance, de sa propre finalité alors que la famille a bien montré qu’elle voulait un troisième enfant dans tous les cas, "compatible" ou pas.

Pour René Frydman, qui a supervisé les opérations et qui a été aussi à l’origine d’Amandine, le premier bébé français conçu in vitro, la science médicale n’a fait que faire pencher la balance du hasard.

Le généticien Axel Kahn, président de l’Université Descartes (Paris-5) depuis le 20 décembre 2007, considère lui aussi que le terme "bébé médicament" est très mal trouvé car il donne un aspect d’instrumentalisation de l’enfant qui ne correspond pas à la réalité.


Au contraire, invité du journal de 20 heures sur France 2 le 8 février 2011, Axel Kahn estime que dans la plupart des cas, les parents yartibebeM03conçoivent un enfant, non seulement pour lui-même, mais parfois en lui associant des projets ou des désirs (succéder à l’entreprise paternel, reprendre la ferme, transmettre son patronyme, avoir un héritier etc.) qui n’est pas plus éloigné que l’intention de soigner la sœur tout en concevant un enfant désiré.

L’humain n’est pas un matériau. L’embryon est une sorte d’OVNI juridique, sans statut, ni personne humaine (sinon, l’avortement serait considéré comme un assassinat) tout en l’étant un peu (du moins, lorsqu’il devient un fœtus et que la famille voudrait lui donner un nom d’état civil).

Les personnes qui protestent (notamment Christine Boutin et Mgr André Vingt-Trois, cardinal, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France), alors que la France a adopté l’une des législations les plus protectrices des avancées médicales, confondent à mon sens le risque, réel, d’eugénisme qui verrait la systématisation d’une sélection d’embryons selon des critères purement normatifs (ou esthétiques), ce qui est technologiquement possible, avec quelques cas bien spécifiques où la famille, à la naissance de leur enfant, reçoit cette double grâce, celle d’avoir un nouvel enfant et celle de permettre la guérison d’un aîné.

Axel Kahn conclut très sagement : « Un enfant ne peut pas naître avec un autre objectif qu’un enfant qu’on aimera, mais par ailleurs, s’il peut aider sa grande sœur, il ne faut pas, peut-être au cas par cas, se l’interdire. ».

Cette naissance devrait au contraire réunir tous les humains de bonne volonté dans la joie de cette famille qui va trouver à la fois une nouvelle étincelle à guider et un espoir pour en sauver une autre.

Le parcours de combattant pour faire aboutir cette naissance, les autorisations nécessaires et la rareté des cas sont suffisamment de garde-fous pour éviter toute dérive eugénique d’une société dans son ensemble.

De plus, l’ardente nécessité d’utiliser tous les moyens actuels pour soigner, tous moyens qui ne lèsent aucun autre être humain, évidemment, est, elle aussi, un impératif moral, aussi fort que celui de rester droit dans ses convictions mais coupé des réalités médicales qui dépassent parfois de loin l’imagination.

Alors, une seule chose à dire à cette bonne nouvelle :

Bienvenue dans ce monde, petit Umut-Talha !
Et bonne chance de guérison à ta sœur.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (9 février 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Trente ans de fécondation in vitro.
Robert Edwards Prix Nobel 2010.

Le fœtus a-t-il un état civil ?


yartibebeM01


 

http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/en-quoi-le-progres-medical-est-il-88541

 

http://fr.news.yahoo.com/13/20110209/tot-en-quoi-le-progrs-mdical-est-il-immo-89f340e_1.html

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-248

 

 

 

 

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 01:53

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Scrutin n° 139 - séance du 25 janvier 2011 sur l'amendement n° 7 rectifié, présenté par M. Gilbert Barbier et Mme Sylvie Desmarescaux et l'amendement n° 21 rectifié quinquies, présenté par Mme Marie-Thérèse Hermange et plusieurs de ses collègues, tendant à supprimer l'article 1er de la proposition de loi relative à l'assistance médicalisée pour mourir

Consulter les amendements 21 7
Consulter le dossier législatif

Résultat du scrutin


Nombre de votants : 332
Suffrages exprimés : 315
Majorité des suffrages exprimés : 158
Pour : 172
Contre : 143



Le Sénat a adopté (les résultats ci-dessus ont fait l'objet d'une mise au point en séance publique)

Analyse par groupes politiques

Groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche (24)

Contre : 20 - Mme Éliane Assassi, M. François Autain, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Billout, Jean-Claude Danglot, Mme Annie David, MM. Guy Fischer, Thierry Foucaud, Mme Brigitte Gonthier-Maurin, M. Robert Hue, Mme Marie-Agnès Labarre, M. Gérard Le Cam, Mmes Josiane Mathon-Poinat, Isabelle Pasquet, MM. Jack Ralite, Ivan Renar, Mmes Mireille Schurch, Odette Terrade, MM. Bernard Vera, Jean-François Voguet

Abstentions : 4 - Mmes Nicole Borvo Cohen-Seat, Michelle Demessine, Évelyne Didier, Gélita Hoarau

Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (18)

Pour : 4 - MM. Gilbert Barbier, Jean-Marie Bockel, Mme Anne-Marie Escoffier, M. Daniel Marsin

Contre : 10 - MM. Jean-Michel Baylet, Jean-Pierre Chevènement, Yvon Collin, François Fortassin, Mme Françoise Laborde, MM. Jacques Mézard, Jean Milhau, Robert Tropeano, Raymond Vall, François Vendasi

Abstentions : 4 - MM. Nicolas Alfonsi, Denis Detcheverry, Aymeri de Montesquiou, Jean-Pierre Plancade

Groupe Socialiste (115)

Pour : 1 - Mme Virginie Klès

Contre : 108 - Mmes Jacqueline Alquier, Michèle André, MM. Serge Andreoni, Bernard Angels, Jean-Étienne Antoinette, Alain Anziani, David Assouline, Bertrand Auban, Jean-Pierre Bel, Claude Bérit-Débat, Jacques Berthou, Jean Besson, Mmes Marie-Christine Blandin, Maryvonne Blondin, M. Yannick Bodin, Mme Nicole Bonnefoy, MM. Yannick Botrel, Didier Boulaud, Mme Alima Boumediene-Thiery, M. Martial Bourquin, Mme Bernadette Bourzai, M. Michel Boutant, Mme Nicole Bricq, M. Jean-Pierre Caffet, Mme Claire-Lise Campion, M. Jean-Louis Carrère, Mme Françoise Cartron, M. Bernard Cazeau, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Yves Chastan, Gérard Collomb, Pierre-Yves Collombat, Roland Courteau, Yves Daudigny, Yves Dauge, Marc Daunis, Jean-Pierre Demerliat, Mme Christiane Demontès, MM. Jean Desessard, Claude Domeizel, Mme Josette Durrieu, MM. Alain Fauconnier, Jean-Luc Fichet, Jean-Claude Frécon, Bernard Frimat, Charles Gautier, Jacques Gillot, Jean-Pierre Godefroy, Jean-Noël Guérini, Didier Guillaume, Claude Haut, Edmond Hervé, Mme Annie Jarraud-Vergnolle, M. Ronan Kerdraon, Mme Bariza Khiari, MM. Yves Krattinger, Philippe Labeyrie, Serge Lagauche, Serge Larcher, Mme Françoise Laurent-Perrigot, M. Jacky Le Menn, Mmes Claudine Lepage, Raymonde Le Texier, MM. Alain Le Vern, Claude Lise, Jean-Jacques Lozach, Roger Madec, Philippe Madrelle, Jacques Mahéas, Jean-Pierre Masseret, Marc Massion, Pierre Mauroy, Rachel Mazuir, Louis Mermaz, Jean-Pierre Michel, Gérard Miquel, Jean-Jacques Mirassou, Robert Navarro, Mme Renée Nicoux, MM. Jean-Marc Pastor, Georges Patient, François Patriat, Daniel Percheron, Jean-Claude Peyronnet, Bernard Piras, Roland Povinelli, Mme Gisèle Printz, MM. Marcel Rainaud, Daniel Raoul, Paul Raoult, François Rebsamen, Daniel Reiner, Thierry Repentin, Roland Ries, Mmes Michèle San Vicente-Baudrin, Patricia Schillinger, MM. Michel Sergent, René-Pierre Signé, Jean-Pierre Sueur, Simon Sutour, Mme Catherine Tasca, MM. Michel Teston, René Teulade, Jean-Marc Todeschini, Richard Tuheiava, André Vantomme, Mme Dominique Voynet, M. Richard Yung

Abstentions : 2 - Mme Samia Ghali, M. Claude Jeannerot

N'ont pas pris part au vote : 4 - MM. Robert Badinter, Serge Godard, Mme Odette Herviaux, M. François Marc

Groupe Union centriste (29)

Pour : 21 - MM. Jean-Paul Amoudry, Jean Arthuis, Denis Badré, Claude Biwer, Didier Borotra, Jean Boyer, Marcel Deneux, Yves Détraigne, Daniel Dubois, Mmes Françoise Férat, Jacqueline Gourault, MM. Jean-Jacques Jégou, Joseph Kergueris, Jean-Claude Merceron, Mmes Catherine Morin-Desailly, Anne-Marie Payet, MM. Jean-Jacques Pignard, Yves Pozzo di Borgo, Daniel Soulage, Jean-Marie Vanlerenberghe, François Zocchetto

Contre : 2 - Mmes Muguette Dini, Valérie Létard

Abstentions : 2 - Mme Roselle Cros, M. Adrien Giraud

N'ont pas pris part au vote : 4 - M. Jean-Léonce Dupont, Président de séance, Mme Nathalie Goulet, MM. Pierre Jarlier, Hervé Maurey

Groupe Union pour un Mouvement Populaire (148)

Pour : 141 - MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Gérard Bailly, René Beaumont, Michel Bécot, Claude Belot, Pierre Bernard-Reymond, Laurent Béteille, Joël Billard, Jean Bizet, Jacques Blanc, Paul Blanc, Pierre Bordier, Joël Bourdin, Mmes Brigitte Bout, Marie-Thérèse Bruguière, MM. François-Noël Buffet, Christian Cambon, Jean-Pierre Cantegrit, Jean-Claude Carle, Auguste Cazalet, Gérard César, Alain Chatillon, Jean-Pierre Chauveau, Marcel-Pierre Cléach, Christian Cointat, Gérard Cornu, Raymond Couderc, Jean-Patrick Courtois, Philippe Dallier, Serge Dassault, Mme Isabelle Debré, MM. Robert del Picchia, Gérard Dériot, Mmes Catherine Deroche, Marie-Hélène Des Esgaulx, MM. Éric Doligé, Philippe Dominati, Michel Doublet, Alain Dufaut, André Dulait, Mme Catherine Dumas, M. Ambroise Dupont, Mme Bernadette Dupont, MM. Louis Duvernois, Jean-Paul Emorine, Hubert Falco, Jean Faure, André Ferrand, Louis-Constant Fleming, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Paul Fournier, Jean François-Poncet, Christophe-André Frassa, Yann Gaillard, René Garrec, Mme Joëlle Garriaud-Maylam, M. Jean-Claude Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Jacques Gautier, Patrice Gélard, Bruno Gilles, Mme Colette Giudicelli, MM. Alain Gournac, Adrien Gouteyron, Francis Grignon, Charles Guené, Michel Guerry, Mme Françoise Henneron, M. Pierre Hérisson, Mme Marie-Thérèse Hermange, MM. Michel Houel, Alain Houpert, Jean-François Humbert, Mme Christiane Hummel, MM. Benoît Huré, Jean-Jacques Hyest, Soibahadine Ibrahim Ramadani, Mlle Sophie Joissains, M. Jean-Marc Juilhard, Mmes Christiane Kammermann, Fabienne Keller, M. Marc Laménie, Mme Élisabeth Lamure, MM. André Lardeux, Robert Laufoaulu, Daniel Laurent, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Antoine Lefèvre, Jacques Legendre, Dominique de Legge, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Leleux, Philippe Leroy, Mme Christiane Longère, MM. Gérard Longuet, Jean-Louis Lorrain, Simon Loueckhote, Roland du Luart, Michel Magras, Mme Lucienne Malovry, MM. Philippe Marini, Pierre Martin, Jean-François Mayet, Mmes Colette Mélot, Lucette Michaux-Chevry, MM. Alain Milon, Albéric de Montgolfier, Philippe Nachbar, Louis Nègre, Mmes Mireille Oudit, Jacqueline Panis, Monique Papon, MM. Charles Pasqua, Philippe Paul, Jackie Pierre, François Pillet, Xavier Pintat, Louis Pinton, Rémy Pointereau, Christian Poncelet, Ladislas Poniatowski, Hugues Portelli, Jean-Pierre Raffarin, André Reichardt, Charles Revet, Josselin de Rohan, Roger Romani, Mme Janine Rozier, MM. Bernard Saugey, Bruno Sido, Mme Esther Sittler, M. André Trillard, Mme Catherine Troendle, MM. François Trucy, Alain Vasselle, René Vestri, Jean-Pierre Vial, Jean-Paul Virapoullé

Contre : 3 - MM. Christian Demuynck, Alain Fouché, André Villiers

Abstentions : 3 - M. Dominique Braye, Mmes Sylvie Goy-Chavent, Catherine Procaccia

N'a pas pris part au vote : 1 - M. Gérard Larcher, Président du Sénat

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7)

Pour : 5 - M. Philippe Darniche, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Gaston Flosse, Bruno Retailleau, Alex Türk

Abstentions : 2 - MM. Philippe Adnot, Jean Louis Masson

Analyse détaillée

Ont voté pour

Jean-Paul Alduy Gérard Dériot Françoise Henneron Lucette Michaux-Chevry
Jean-Paul Amoudry Catherine Deroche Pierre Hérisson Alain Milon
Pierre André Marie-Hélène Des Esgaulx Marie-Thérèse Hermange Albéric de Montgolfier
Jean Arthuis Sylvie Desmarescaux Michel Houel Catherine Morin-Desailly
Denis Badré Yves Détraigne Alain Houpert Philippe Nachbar
Gérard Bailly Éric Doligé Jean-François Humbert Louis Nègre
Gilbert Barbier Philippe Dominati Christiane Hummel Mireille Oudit
René Beaumont Michel Doublet Benoît Huré Jacqueline Panis
Michel Bécot Daniel Dubois Jean-Jacques Hyest Monique Papon
Claude Belot Alain Dufaut Soibahadine Ibrahim Ramadani Charles Pasqua
Pierre Bernard-Reymond André Dulait Jean-Jacques Jégou Philippe Paul
Laurent Béteille Catherine Dumas Sophie Joissains Anne-Marie Payet
Joël Billard Ambroise Dupont Jean-Marc Juilhard Jackie Pierre
Claude Biwer Bernadette Dupont Christiane Kammermann Jean-Jacques Pignard
Jean Bizet Louis Duvernois Fabienne Keller François Pillet
Jacques Blanc Jean-Paul Emorine Joseph Kergueris Xavier Pintat
Paul Blanc Anne-Marie Escoffier Virginie Klès Louis Pinton
Jean-Marie Bockel Hubert Falco Marc Laménie Rémy Pointereau
Pierre Bordier Jean Faure Élisabeth Lamure Christian Poncelet
Didier Borotra Françoise Férat André Lardeux Ladislas Poniatowski
Joël Bourdin André Ferrand Robert Laufoaulu Hugues Portelli
Brigitte Bout Louis-Constant Fleming Daniel Laurent Yves Pozzo di Borgo
Jean Boyer Gaston Flosse Jean-René Lecerf Jean-Pierre Raffarin
Marie-Thérèse Bruguière Jean-Pierre Fourcade Dominique Leclerc André Reichardt
François-Noël Buffet Bernard Fournier Antoine Lefèvre Bruno Retailleau
Christian Cambon Jean-Paul Fournier Jacques Legendre Charles Revet
Jean-Pierre Cantegrit Jean François-Poncet Dominique de Legge Josselin de Rohan
Jean-Claude Carle Christophe-André Frassa Jean-François Le Grand Roger Romani
Auguste Cazalet Yann Gaillard Jean-Pierre Leleux Janine Rozier
Gérard César René Garrec Philippe Leroy Bernard Saugey
Alain Chatillon Joëlle Garriaud-Maylam Christiane Longère Bruno Sido
Jean-Pierre Chauveau Jean-Claude Gaudin Gérard Longuet Esther Sittler
Marcel-Pierre Cléach Gisèle Gautier Jean-Louis Lorrain Daniel Soulage
Christian Cointat Jacques Gautier Simon Loueckhote André Trillard
Gérard Cornu Patrice Gélard Roland du Luart Catherine Troendle
Raymond Couderc Bruno Gilles Michel Magras François Trucy
Jean-Patrick Courtois Colette Giudicelli Lucienne Malovry Alex Türk
Philippe Dallier Jacqueline Gourault Philippe Marini Jean-Marie Vanlerenberghe
Philippe Darniche Alain Gournac Daniel Marsin Alain Vasselle
Serge Dassault Adrien Gouteyron Pierre Martin René Vestri
Isabelle Debré Francis Grignon Jean-François Mayet Jean-Pierre Vial
Robert del Picchia Charles Guené Colette Mélot Jean-Paul Virapoullé
Marcel Deneux Michel Guerry Jean-Claude Merceron François Zocchetto

Ont voté contre

Jacqueline Alquier Yvon Collin Yves Krattinger Jean-Claude Peyronnet
Michèle André Gérard Collomb Marie-Agnès Labarre Bernard Piras
Serge Andreoni Pierre-Yves Collombat Philippe Labeyrie Roland Povinelli
Bernard Angels Roland Courteau Françoise Laborde Gisèle Printz
Jean-Étienne Antoinette Jean-Claude Danglot Serge Lagauche Marcel Rainaud
Alain Anziani Yves Daudigny Serge Larcher Jack Ralite
Éliane Assassi Yves Dauge Françoise Laurent-Perrigot Daniel Raoul
David Assouline Marc Daunis Gérard Le Cam Paul Raoult
Bertrand Auban Annie David Jacky Le Menn François Rebsamen
François Autain Jean-Pierre Demerliat Claudine Lepage Daniel Reiner
Jean-Michel Baylet Christiane Demontès Valérie Létard Ivan Renar
Marie-France Beaufils Christian Demuynck Raymonde Le Texier Thierry Repentin
Jean-Pierre Bel Jean Desessard Alain Le Vern Roland Ries
Claude Bérit-Débat Muguette Dini Claude Lise Michèle San Vicente-Baudrin
Jacques Berthou Claude Domeizel Jean-Jacques Lozach Patricia Schillinger
Jean Besson Josette Durrieu Roger Madec Mireille Schurch
Michel Billout Alain Fauconnier Philippe Madrelle Michel Sergent
Marie-Christine Blandin Jean-Luc Fichet Jacques Mahéas René-Pierre Signé
Maryvonne Blondin Guy Fischer Jean-Pierre Masseret Jean-Pierre Sueur
Yannick Bodin François Fortassin Marc Massion Simon Sutour
Nicole Bonnefoy Thierry Foucaud Josiane Mathon-Poinat Catherine Tasca
Yannick Botrel Alain Fouché Pierre Mauroy Odette Terrade
Didier Boulaud Jean-Claude Frécon Rachel Mazuir Michel Teston
Alima Boumediene-Thiery Bernard Frimat Louis Mermaz René Teulade
Martial Bourquin Charles Gautier Jacques Mézard Jean-Marc Todeschini
Bernadette Bourzai Jacques Gillot Jean-Pierre Michel Robert Tropeano
Michel Boutant Jean-Pierre Godefroy Jean Milhau Richard Tuheiava
Nicole Bricq Brigitte Gonthier-Maurin Gérard Miquel Raymond Vall
Jean-Pierre Caffet Jean-Noël Guérini Jean-Jacques Mirassou André Vantomme
Claire-Lise Campion Didier Guillaume Robert Navarro François Vendasi
Jean-Louis Carrère Claude Haut Renée Nicoux Bernard Vera
Françoise Cartron Edmond Hervé Isabelle Pasquet André Villiers
Bernard Cazeau Robert Hue Jean-Marc Pastor Jean-François Voguet
Monique Cerisier-ben Guiga Annie Jarraud-Vergnolle Georges Patient Dominique Voynet
Yves Chastan Ronan Kerdraon François Patriat Richard Yung
Jean-Pierre Chevènement Bariza Khiari Daniel Percheron 

Abstentions

Philippe Adnot Michelle Demessine Sylvie Goy-Chavent Jean-Pierre Plancade
Nicolas Alfonsi Denis Detcheverry Gélita Hoarau Catherine Procaccia
Nicole Borvo Cohen-Seat Évelyne Didier Claude Jeannerot 
Dominique Braye Samia Ghali Jean Louis Masson 
Roselle Cros Adrien Giraud Aymeri de Montesquiou 

N'ont pas pris part au vote

Gérard Larcher, Président du Sénat Serge Godard Pierre Jarlier 
Jean-Léonce Dupont, Président de séance Nathalie Goulet François Marc 
Robert Badinter Odette Herviaux Hervé Maurey 

--------------------------------------------------------------------------------

Les nombres annoncés en séance avaient été de :

Nombre de votants : 329
Suffrages exprimés : 312
Majorité des suffrages exprimés : 157
Pour : 170
Contre : 142

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.


--------------------------------------------------------------------------------
1 : Lors de la séance du mercredi 26 janvier 2011, M. Pierre Jarlier a fait savoir qu'il aurait souhaité voter "contre" (www.senat.fr/cra/s20110126/s20110126_6.html#par_290)



 


Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (1)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755105.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (2)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755212.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (3)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755251.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (4)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755284.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (5)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755337.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (6)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755362.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (7)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755398.html

Intégralité de la discussion au Sénat le 25 janvier 2011 (8)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755468.html

Unique scrutin public sur l'euthanasie au Sénat le 25 janvier 2011
http://rakotoarison.over-blog.com/article-doc-66755494.html

 

 

 

 

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 06:07

Depuis plusieurs années, des militants associatifs font pression sur la classe politique pour légiférer sur l’euthanasie. Au besoin avec un sondage dont on fausse sciemment les conclusions. Un débat au Sénat va avoir lieu et va susciter une nouvelle fois des passions bien peu constructives. Cinquième et dernière partie.



yartieuthanasie201104Après avoir introduit le cadre de la discussion du Sénat du 25 janvier 2011 sur l’euthanasie et avoir discuté des principaux arguments, je conclus.


Non à la légalisation de la mort !

Pour résumer, au-delà de considérations purement morales qu’il ne faut pas prendre en compte dans un débat de société car la politique consiste en l’intérêt général et non à imposer une morale personnelle qui, par définition, peut être discutable, il est tout de même bien curieux que la seule réponse que peuvent trouver certains partisans de l’euthanasie à la détresse de certains malades en fin de vie, c’est de leur infliger la mort.

Or, ce n’est pas le fait de vivre qui est en question, mais le fait de souffrir. Abréger les souffrances dans le secret des consciences, c’est aussi garantir la sécurité des personnes.

Si un médecin "aide" un patient à mourir, hors de toute législation, il est vrai qu’il peut être considéré comme un criminel. Et dans ce cas, il peut être jugé. Mais justement, toutes les affaires concernant une réelle euthanasie, où l’acte fut suscité par l’amour sincère et pas par la lâcheté ou d’autres sentiments moins avouables, ont abouti à un non-lieu.

Certains affirment que ces non-lieux sont hypocrites et qu’il s’agirait justement de protéger ceux qui "aident". À mon sens, cette protection juridique serait la brèche irréversible vers tous les possibles : le permis de tuer (car il s’agit bien de cela), une fois le concept établi, n’aura aucune raison de s’arrêter en si bon chemin.

L’absence de légalisation évite justement les abus. Quand il y a doute, il y a un procès. Et la Justice prend toujours ses décisions sur un cas particulier, jamais, comme la loi, sur un cas général. Les tribunaux doivent condamner sévèrement les assassins (seul un juge peut trancher entre un acte d’amour et un empoisonnement).

De l’euthanasie à l’eugénisme, il y a peu de distance. Déjà, Alain Minc considérait les soins des très vieux comme un boulet pour la société.

C’est aussi la relation de confiance entre le médecin et son patient qui serait à terme cassée. Qui pourrait assurer que le médecin ne conseillerait pas l’euthanasie comme solution la plus simple à des maladies incurables quand il manque tant de lits dans les services de soins palliatifs ?

Sous le prétexte d’une liberté individuelle, une logique comptable va rapidement se profiler. On l’a vu avec Alain Minc. D’autres en rajouteront avec les déficits publics colossaux.

Enfin, comment peut-on aborder l’année 2011 avec une loi sur l’euthanasie alors que le débat sur la dépendance est organisé pour aider justement à rendre autonome, financièrement du moins, toutes les malades déficients qui souhaiteraient encore vivre, et vivre dans les meilleures conditions ?

Des mouvements catholiques ne mâchent évidemment pas leurs mots sur l’euthanasie. Pour eux, c’est un manquement total aux valeurs qui fondent l’humain.

Leur argument paraît recevable : « L’euthanasie, c’est le déclin d’une société incapable de pitié envers ses malades, le déclin d’une société de consommation et de jouissance impuissante devant la souffrance devenue taboue ».

Et ils poursuivent ainsi : « La bonne attitude face à la mort, c’est la générosité, le dévouement, le secours au malades par les soins, l’affection de leur entourage. De nombreux services de soins palliatifs existent et prouvent qu’aborder la mort sereinement et de manière apaisée est possible. ».

En somme, ce débat est un véritable choix de société : entre l’individualisme froid du citoyen prêt à tuer son grand-père "pour lui faire plaisir" et la compassion courageuse du proche prêt à l’accompagner avec affection pour lui permettre de partir dans la sérénité et l’apaisement.

Et c’est là que le consensus devrait se situer.
Pas ailleurs.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (21 janvier 2011)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

Texte exact qui sera débattu le 25 janvier 2011 au Sénat.
Alain Minc et le coût des soins des très vieux.

Lettre ouverte à Chantal Sébire.

Allocation de fin de vie.

Loi Leonetti du 22 avril 2005.

Rapport du 28 novembre 2008 sur la mission d’évaluation de la loi Leonetti.

Ordre du jour du Sénat du 25 janvier 2011.

Le texte des trois propositions de loi en discussion.

Sondage IFOP du 2 novembre 2010.



(Illustration : Salvador Dali, "Ballerines").






 

 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 05:13

Depuis plusieurs années, des militants associatifs font pression sur la classe politique pour légiférer sur l’euthanasie. Au besoin avec un sondage dont on fausse sciemment les conclusions. Un débat au Sénat va avoir lieu et va susciter une nouvelle fois des passions bien peu constructives. Quatrième partie.



yartieuthanasie201108Après avoir passé en revue les expériences actuellement en cours dans des pays étrangers, il est ainsi possible de comprendre en quoi le mécanisme de légiférer sur l’euthanasie est malsain. Voici quelques réflexions


Quelques arguments sur l’euthanasie

Les partisans de l’euthanasie mettent en avant plusieurs arguments qui sont repris très fréquemment dans les débats sur le sujet depuis plusieurs années.

La liberté : évoquer la liberté en ce qui concerne sa propre mort est assez déconcertant. A-t-on eu la liberté de naître ? La liberté de se tuer, c’est le suicide. Cela ne doit pas être une norme légale. Il n’y a juridiquement aucun "droit au suicide". Même s’il n’y a aucune interdiction, tout doit être fait au contraire pour décourager. Parler de liberté, c’est avoir la prétention de vouloir tout contrôler de sa vie, tout maîtriser. C’est un leurre.

La dignité : l’argument est sans doute le plus employé pour défendre l’euthanasie. En quoi une personne souffrante, dans son corps ou dans son esprit, est-elle indigne ? En quoi la dignité serait-elle synonyme de bonne santé ? Les souffrances ne sont ni dignes ni indignes. Elles doivent être soulagées le mieux possible. Mais comment envisager de tuer la maladie en tuant le malade ? « La maladie n’altère pas notre humanité. (…) Le principe du respect dû à notre prochain ne s’effondre pas soudain quand se dégradent ses facultés. (…) La vulnérabilité en appelle à notre conscience morale, et c’est pourquoi le droit existe : pour protéger le faible sans anéantir son autonomie. » martèle Roselyne Bachelot.

Plus on emploie cet argument pour faire légaliser l’euthanasie, plus on fragilise la vie des handicapés qui cherchent, eux, à vivre le mieux possible. En gros, on leur dit qu’ils ne sont plus dignes de vivre. L’eugénisme n’est pas loin.

La pitié ou l’amour pour la personne : achever la personne en fin de vie est-elle une preuve d’amour ou de compassion ? Pourtant, un étude de 2001 conclut que neuf demandes d’euthanasie sur dix se rétractent lorsque le malade est bien entouré, bénéficiant de l’affection de ses proches, qui le prennent comme une personne digne et non comme un mourant.

Comme le dit la mission parlementaire, les demandes d’euthanasie « apparaissent être le plus souvent l’expression d’un sentiment de détresse, de solitude voire d’abandon. La présence et le dévouement de l’entourage, l’administration de soins palliatifs et le dialogue constituent alors une réponse appropriée à ces demandes et sont de nature à apaiser le patient. ».

L’égalité : à côté de la liberté et de la fraternité (ou pitié), il y a bien sûr l’égalité. Le problème serait que les "grands de ce monde" pourraient bénéficier d’euthanasie secrète pendant que les "personnes du peuple" devraient rester à souffrir sous acharnement thérapeutique. Il me semble que les rôles sont plutôt inversés. Qui se rappelle encore que l’ancien Premier Ministre israélien Ariel Sharon vit toujours, à presque 83 ans, dans le coma depuis le 4 janvier 2006 (cela fait plus de cinq ans !), maintenu en vie artificielle par la volonté de ses deux fils, et peut-être pas à tort puisqu’il réagit parfois à la voix de ses proches ?

Cependant, l’égalité est encore à améliorer sur les soins palliatifs, par manque de moyens et de structures. Ce sont sur des ressources supplémentaires que l’État devrait donc focaliser l’effort pour reconnaître à chaque malade le droit d’être soulagé dans ses souffrances (par la loi Leonetti).

Et puis il y a d’autres arguments, tout autant évoqués mais qui me paraissent encore beaucoup moins recevables.

La modernité, le sens de l’histoire : c’est un argument qui paraît assez puéril et utilisé surtout par les accros aux nouvelles technologies. Pourtant, l’euthanasie est loin d’être une "nouveauté". L’Allemagne nazie l’employait à tour de bras pour éliminer tous ses "indésirables", qu’ils soient malades mentaux, gitans… ou Juifs. Et à l’époque, c’était le "sens de l’histoire" d’être nazi en Allemagne, ou pour Vichy en France. Le socialiste arriviste Pierre Laval avait mal analysé la situation : en disant « Je souhaite la victoire de l’Allemagne » sur l’Union soviétique, il se croyait assurément dans le sens de l’histoire, celle d’une Europe définitivement allemande et qu’il fallait bien "faire avec". De Gaulle le 18 juin 1940 était bien loin d’être moderne et d’être dans le sens de l’histoire, à l’époque.

À côté de la modernité, il y a aussi "faire comme nos voisins", un argument très souvent avancé en politique économique. C’est un argument qui n’en est pas un. Réfléchir sur les raisons de la législation d’autres pays, pourquoi pas ? mais faire comme les autres comme un effet de mode, encore une fois ne présente rien d’intelligent en propre. D’autant plus que justement, il y a très peu de pays étrangers qui ont légiféré sur l’euthanasie ; en tout, seulement trois États ont légalisé l’euthanasie active directe : les Pays-Bas, la Belgique et l’Oregon (aux États-Unis), et la Suisse a légalisé le suicide assisté.

La mort douce : voici un argument bien trompeur. Il n’y a pas de mort douce ! Toute fin est horrible. C’est même le drame des promoteurs de la peine de mort aux États-Unis, dont le but serait de démontrer que l’injection létale se fait sans souffrance. Le passage dans l’au-delà est toujours un moment terrible. Quelles qu’en soient les circonstances. Là aussi, c’est un leurre.

L’euthanasie des animaux domestiques : souvent, les chats et les chiens domestiques finissent chez le vétérinaire avec une piqûre "pour qu’ils ne souffrent plus" et on ne donnerait même pas ce droit aux êtres humains. C’est un argument assez spécieux car en général, ces animaux malades sont rarement soignés et souvent, c’est le prix qui décourage ces soins.

Et justement, passons au dernier argument, le plus odieux, le moins avouable et sans doute le plus contreproductif à la cause pour l’euthanasie mais qui pourrait développer le plus de dérapage : l’intérêt économique. Il est indéniable. En précipitant les personnes en fin de vie dans la mort, en avançant la date de quelques jours, semaines voire mois ou années, à l’évidence, la société réduit ses frais de santé et accélèrent les transmissions entre générations (successions). Le problème, c’est qu’avec un tel raisonnement, cela irait vite à culpabiliser le malade à ne pas demander son euthanasie, "puisque sa vie ne vaut plus la peine d’être vécue".

Une telle considération ne peut qu’entraîner une question sur le concept de vie qui vaut ou pas d’être vécue, de vie inutile, ou improductive ? de vie qui ne mérite pas d’être poursuivie ?… Cela pourrait aboutir à bien des dérives, quand la brèche est ouverte. L’an dernier, Alain Minc avait déjà lancé une sonde sur l’utilité, pour l’État, de financer les soins des très vieux, et sans doute que d’autres reviendront à la charge, parfois avec le sentiment faussement sincère de tout faire pour les plus modestes.


Questions de procédures et protocoles

Parmi les éléments techniques, il y en a deux qui méritent discussion.

Le premier concerne la volonté réelle de la personne. Avec deux cas : le cas où la personne peut encore s’exprimer clairement et le cas où elle ne peut plus s’exprimer. Dans les deux cas, malgré une volonté exprimée précédemment ou récemment, la personne pourrait changer d’avis. La maladie, comme d’autres malheurs de l’existence, peut faire vivre des moments d’incertitude, d’angoisse, de désespoir profond, mais aussi de profonde espérance, de joie, de combativité. Ces phases peuvent même se succéder rapidement. Pourquoi faudrait-il écouter plutôt l’une que l’autre ?

Et chez ceux qui auraient exprimé en toute abstraction, hors contexte, en bonne santé, leur volonté d’être "aidés", qui pourrait dire que justement, au moment crucial et malheureux, leur humeur, leur conscience ne puissent pas changer radicalement, et sans forcément pouvoir l’exprimer clairement ? Quand on est en situation, parfois contre toute attente, contre toute raison, le combat pour la vie est plus fort que tout.

L’autre élément, c’est la procédure demandée par l’administration aux médecins. C’est indispensable justement pour justifier que tout aurait pu être fait selon la procédure établie par la loi. C’est bien pour cela qu’aux Pays-Bas, de nombreuses euthanasies sont encore pratiquées clandestinement : à l’hypocrisie s’est substituée la négligence administrative des médecins. Et pourtant, cette lourdeur bureaucratique serait indispensable si la loi voulait encadrer la mort assistée.


Dans la dernière partie, je conclus sur le sujet en souhaitant la continuation de l’actuelle législation en France.


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Sylvain Rakotoarison (21 janvier 2011)
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