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17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 11:13

« Je ne tomberai pas dans le piège d’un combat politique contre une institution que je respecte. » (Nicolas Sarkozy, le 3 mars 2021 sur TF1).




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Ceux qui craignaient un retour dans l'arène politique de l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy avaient tort, forcément tort. Lui-même ne souhaitait pas ce retour et surtout, ne voulait pas les contraintes de son ancienne vie assommante. Ce mercredi 17 mai 2023 en début de matinée, la cour d'appel de Paris a prononcé à son encontre une peine de trois ans de prison dont un ferme et de trois ans d'inéligibilité pour corruption et trafic d'influence.

Comme ses avocats ont annoncé que Nicolas Sarkozy allait se pourvoir en cassation et que la cour d'appel n'a pas assorti la condamnation d'une demande d'exécution provisoire de la peine, l'exécution de celle-ci est donc suspendue le temps d'examiner le pourvoi. Par conséquent, aucun bracelet électronique n'est donc prévu à court terme. Si la décision de la Cour de cassation était prise dans plus d'un an, une confirmation de la peine rendrait Nicolas Sarkozy dans l'incapacité civique de se présenter à l'élection présidentielle de 2027 (il aurait alors 72 ans).

Cette peine est la confirmation de la décision du tribunal judiciaire de Paris du 1er mars 2021. Elle va au-delà des réquisitions du procureur général de la République qui avait requis seulement trois ans avec sursis (sans prison ferme) contre l'ancien Président de la République lors du procès le 13 décembre 2022. Son avocat et ami Thierry Herzog et le juge Gilbert Azibert ont été condamnés aux mêmes peines.

Rappelons le fond de l'affaire : elle a surgi en marge d'une autre affaire, celui d'un éventuel financement libyen. Des moyens énormes ont été mis en œuvre pour tenter de trouver la moindre infraction. Car l'affaire de la condamnation de ce jour concerne uniquement des écoutes téléphoniques qui ont été faites à partir de 2013 sur les lignes de Nicolas Sarkozy, dont une troisième ligne créée le 11 janvier 2014 sous le nom de Paul Bismuth afin d'échanger discrètement avec Thierry Herzog (rappelons que les communications entre un prévenu et son avocat sont en principe totalement confidentielles dans un État de droit).

Ces communications enregistrées ont été entendues lors du procès en appel et laisseraient entendre un possible pacte de corruption pour examiner favorablement un pourvoi en cassation dans l'affaire Bettencourt en échange d'une aide au magistrat pour obtenir un poste honorifique à Monaco (qu'il n'a pas eu ni même demandé). La condamnation ne se base donc que sur des suspicions et des suppositions.

Ce qui a été déterminant pour les juges, alors que Nicolas Sarkozy avait clamé son innocence (en particulier lors de sa première condamnation, le 3 mars 2021 sur TF1), ce sont les compétences juridiques des trois prévenus. La présidente de la cour d'appel Sophie Clément a ainsi constaté : « Messieurs Herzog et Sarkozy sont avocats, monsieur Azibert est un spécialiste de la procédure pénale. Aucun des trois ne peut prétendre d'une méconnaissance des infractions commises. ».

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Mauvais mois de mai 2023 pour Nicolas Sarkozy puisque justement, sur le fond de l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, le parquet national financier (PNF) a demandé le 10 mai 2023 son renvoi devant le tribunal correctionnel. Pour cette affaire, Nicolas Sarkozy a été mis deux fois en examen, en mars 2018 puis en 2020 et est poursuivi pour « recel de détournement de fonds publics, corruption passive, financement illégal de campagne électoral et association de malfaiteurs en vue de commettre une infraction punie de dix ans d'emprisonnement ». Nicolas Sarkozy a, dans cette affaire aussi, rejeté toutes les accusations. À ses côtes sont aussi poursuivis douze autres prévenus dont Claude Guéant, Éric Woerth, Brice Hortefeux, Ziad Takiedine, Thierry Gaubert et Alexandre Djouhri avec des chefs d'inculpation différents.

C'est la première fois qu'un ancien Président de la République est condamné en appel à une peine de prison ferme. En revanche, il a été déjà condamné deux fois à la prison ferme en première instance puisqu'il avait été également condamné le 30 septembre 2021, en première instance, à un an de prison ferme dans l'affaire Bygmalion (financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012). Le début de son procès en appel, dans cette affaire-là, est fixé au 8 novembre 2023.

Avec cette actualité judiciaire éprouvante, les antisarkozystes forcenés ne seront pourtant pas renforcés dans leur haine contre Nicolas Sarkozy, cette haine-là plus politique que judiciaire, car ils ont déjà déplacé leur haine sur un autre bouc émissaire politique tout trouvé, depuis six ans, Emmanuel Macron (une haine au moins aussi excessive qu'en 2012). Quant aux fidèles sarkozystes, il en existe forcément encore quelques-uns même s'ils sont de plus en plus rares (certains n'ayant pas compris ni digéré l'absence de soutien à la candidature de Valérie Pécresse en 2022), cela fait depuis longtemps qu'ils s'étaient accommodés des risques judiciaires encourus par leur mentor.

Sur cette affaire de trafic d'influence de Paul Bismuth, la question se pose véritablement sur la réalité des faits, même si l'intention de faire a pu être vaguement comprise (une conversation téléphonique n'engage pas réellement). Pourtant, la confirmation en appel rend l'innocence de Nicolas Sarkozy plus délicate à défendre, à moins de considérer que les juges sont tous politiquement partiaux (ce qui relèverait du complotisme). La décision de la Cour de cassation sera donc très importante puisqu'elle relèvera, ou pas, des vices de procédure qui ont amené à ces deux condamnations.

Je terminerai en paraphrasant Bernadette Chirac en 2001 quand son époux a été mis en cause dans des affaires financières (bien avant sa condamnation post-élyséenne), sur le fait que, dans tous les cas, Nicolas Sarkozy a été « un homme qui a donné l'essentiel de son existence au service de l'État, au service des autres, avec une très grande générosité et beaucoup de rigueur ».


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (17 mai 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
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La justice harcèle-t-elle la classe politique ?
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La sagesse de Nicolas Sarkozy.
Pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
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Sarko et ses frères...

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230517-sarkozy.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/sale-temps-pour-nicolas-sarkozy-248381

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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 05:19

« Moi qui vous parle, la seule vue d'un évier, même terne, m'embrase les sens au plus haut point, me noue le gosier, m'assèche la luette et m'irradie la sous-ventrière des mille flammes dévorantes du désir le plus fou. Je vois bien ce que mon discours peut avoir d'incongru auprès d'une portée de contribuables plus ou moins vivipares. » (Pierre Desprogres, 1986).





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Parfois, il faut avoir la victoire modeste. Certes, il n'y a aucune modestie à avoir pour avoir gagné la finale de la coupe de France de football qui s'est déroulée ce samedi 29 avril 2023 au Stade de Paris, à Saint-Denis. Au contraire, l'équipe de Toulouse a mené le match du début à la fin, détrônant son solide adversaire, l'équipe de Nantes, détentrice du titre en 2022, avec un score sans ambiguïté de 5 à 1. Avec un tel score, c'est vrai qu'il n'y avait pas à être modeste et qu'il fallait fêter la victoire.

D'ailleurs, il était amusant d'entendre un journaliste dire à un joueur de l'équipe victorieuse : "Cela fait soixante-six ans que vous attendiez cette victoire". Le joueur devait avoir une vingtaine d'années et n'existait pas, probablement même ses parents n'existaient encore pas lorsque que Toulouse avait gagné pour la dernière fois la coupe de France, en 1957 face à Angers, c'était plutôt ses grands-parents qui avaient dû attendre soixante-six ans !

Mais il était un autre match qui s'était agrégé dans la coupe de France, ou plutôt, que la CGT et les médias voulaient voir en filigrane : celui des opposants à la réforme de retraites versus le Président de la République Emmanuel Macron lui-même.

En effet, la tradition veut que le Président de la République honore de sa présence la finale de la coupe de France de football qui est, me semble-t-il, la manifestation sportive nationale la plus importante de l'année. C'était donc aussi l'occasion, comme c'est le cas depuis deux semaines lors de chaque sortie publique d'Emmanuel Macron, d'exprimer bruyamment (et sans délicatesse) son opposition au Président et à la réforme des retraites.

Évidemment, pas de casserole dans l'enceinte du Stade de France, pour des raisons de sécurité, mais la CGT a trouvé mieux, le sifflet (également interdit dans le règlement du Stade de France) et le carton rouge (arme de dissuasion massive). Pour la CGT qui s'est mobilisée pour l'occasion, il n'y a pas de petit événement qui ne pourrait donner l'occasion d'exprimer sa colère et fort des sondages d'impopularité élyséenne, la centrale syndicale voulait montrer la force de ses positions. Certes, c'était un peu puérile (et vain) mais on lutte comme on peut (faute d'électeurs mais aussi de syndiqués).


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La chaîne d'information continue BFM-TV s'est également mobilisée pour l'occasion (afin de concurrencer sa rivale LCI devenue une chaîne ukrainienne, BFM-TV cherche de nouvelles obsessions ; il y a deux mois, c'était Pierre Palmade, mais cela n'a pas duré plus de quelques semaines). Pendant quarante-huit heures, elle n'a fait que disserter sur les risques d'Emmanuel Macron à se faire huer, à se faire siffler, sur est-ce qu'il ira assister au match ? Sur est-ce qu'il ira descendre sur la pelouse pour saluer les joueurs ? Sur faut-il interdire la CGT dans le stade ? etc. (non, j'exagère, cette dernière question n'était pas à l'étude).

Bref, tout le dispositif était en place, on a même envoyé des correspondants spéciaux au Stade de France (qui, je le rappelle pour les provinciaux, est situé en bordure du périphérique parisien !). On a mobilisé des équipes pour accompagner les militants de la CGT, que ce fût aux abords du Stade de France (ils distribuaient leur matériel de colère, un sifflet et un carton rouge) ou à côté de leur téléviseur.

Le rassemblement à côté du Stade de France que la préfecture de police avait interdit a été finalement autorisé par le tribunal administratif. Il faut insister sur notre système : nous sommes bien en démocratie et lorsque le pouvoir exécutif, un peu trop trouillard, prend des mesures un peu trop disproportionnées, le pouvoir judiciaire est là pour l'arrêter. C'est cela l'État de droit, c'est cela la démocratie et bien des pays et des peuples au monde nous envient ce système, à commencer par le peuple russe qui est dans l'incapacité d'exprimer une éventuelle colère contre son dirigeant Vladimir Poutine (par ailleurs fossoyeurs de centaines de milliers de personnes).

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BFM-TV avait également déployé tous ses éditorialistes maison pour disserter de l'éventuel camouflet que recevrait Emmanuel Macron à l'occasion de cette finale. De sa difficulté à être, de l'historique des Présidents de la République, de Jacques Chirac qui a quitté le stade lorsque la Marseillaise a été sifflée par des supporters, de François Hollande qui n'a pas jamais le courage de descendre sur le terrain, du bisou de François Mitterrand à Jean-Pierre Papin, etc.

Alors, évidemment, quand il s'est passé ce qui s'est passé, c'est-à-dire que le Président de la République n'a pas été victime de la colère des supporters, on a entendu seulement quelques sifflets ou vu seulement quelques cartons rouges à la quarante-neuvième minute et trois secondes (pour faire 49 alinéa 3) ou à la soixante-quatrième minute (pour les 64 ans de la réforme), non seulement les militants de la CGT ont été déçus (on les comprend bien), mais l'armée de journalistes de BFM-TV aussi a été déçue : il ne s'était RIEN passé ! Tout ça pour ça !

La moralité revient à un supporter à qui on avait proposé un carton rouge et un sifflet et qui a répondu à l'activiste frustré : laissons la politique à la politique, et le football au football (c'est beau de paraphraser des grandes phrases). La finale de la coupe de France est une fête sportive, et rien que sportive, également nationale, et le feu d'artifice qui a détoné par la suite dans la nuit du Stade a rappelé que l'heure était à la fête et pas à la colère. Et d'ailleurs, le discret Emmanuel Macron était-il vraiment là ? En tout cas, bravo les Toulousains !


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Coupe de France de football 2023 : victoire de Toulouse ...et d'Emmanuel Macron !
La France et le football.
Objectifs à cours terne !
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Réforme des retraites : feu vert (sans surprise) du Conseil Constitutionnel.
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Renouveau à la CGT.
Laurence Rossignol.
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
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Le maître des horloges et sa montre.
Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230429-macron-football.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/coupe-de-france-de-football-2023-248114

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/30/39894282.html





 

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14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 05:25

« La seule autocritique que vous nous concédez est celle d'une défaillance pédagogique. Vous voulez apaiser le pays ? Je le crois sincèrement. Mais il n'y a qu'une solution : rendez aux Français les deux ans de vie que vous leur volez ! » (Laurence Rossignol, le 22 mars 2023 au Sénat).




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Depuis le débat sur la réforme des retraites, l'esprit populiste de la Nupes est entré jusqu'au Sénat, qui n'a pourtant pas de
"sénateurs insoumis". Ce court extrait ci-dessus, c'est la fin de la question (qui n'en était pas une) de la sénatrice Laurence Rossignol, lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 22 mars 2023 au Sénat.

Il est assez stupide, franchement illusoire, foncièrement démagogique et grossièrement simpliste de parler de
"deux ans de vie volés" alors qu'une année de travail n'est pas une année de vie et rien de volé, au contraire, mieux rémunérée qu'une pension de retraite. Et rappelons toujours qu'avant 1981, selon les directives du CNR, la retraite était à 65 ans à une époque où l'on mourait beaucoup plus tôt et où l'on protégeait très peu les travailleurs des risques sanitaires majeurs (genre amiante) qui écourtait réellement la vie de bien des travailleurs. Et on ne parlait alors pas "d'années volées".

Cette séance, alors présidée par Gérard Larcher, se tenait deux heures après le début de l'intervention du Président de la République Emmanuel Macron à la télévision. C'était donc l'occasion pour cette représentante de l'opposition d'en faire un rapide résumé... polémique bien sûr, sans omettre d'interpréter abusivement quelques paroles présidentielles. Sa question avait donc plutôt valeur de commentaire personnel. Elle s'adressait à la Première Ministre Élisabeth Borne mais elle n'a eu en réponse
"que" le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

Avant d'évoquer la réponse du ministre, rappelons qui est Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat depuis le 6 octobre 2020 (elle allait d'ailleurs présider la séance dès la fin des questions au gouvernement).

C'est une sénatrice de l'Oise de 65 ans (âge dépassé de départ à la retraite). Issue de la LCR et journaliste au journal de la CGT, Laurence Rossignol a rejoint le parti socialiste en 1981 et s'est retrouvée membre de plusieurs cabinets de ministres ou de responsables socialistes (Pierre Joxe, Laurent Fabius, Frédérique Bredin, etc.) et entre deux missions de cabinet, elle s'est retrouvée bombardée responsable à la MNEF. Élue locale de Compiègne et de l'Oise depuis la fin des années 1990, membre du Conseil Économique et Social (tremplin pour sa carrière), après plusieurs défaites aux élections législatives, elle est élue sénatrice de l'Oise en septembre 2011 et réélue en septembre 2017.

Le plus important a été qu'elle a été nommée membre du gouvernement sous le quinquennat de François Hollande, sous la houlette de Marisol Touraine, d'abord comme Secrétaire d'État chargée de la Famille, des Personnes âgées, de l'Autonomie et de l'Enfance, du 9 avril 2014 au 11 février 2016, puis Ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes du 11 février 2016 au 10 mai 2017. Dans la majorité socialiste se trouvait un jeune député socialiste de Grenoble, par ailleurs neurologue, du nom de ...Olivier Véran.

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C'est sans doute la raison pour laquelle Élisabeth Borne a laissé répondre son porte-parole. Car ce dernier n'a pas la mémoire courte et a rappelé que Marisol Touraine avait aussi défendu une réforme des retraites, et plutôt une réforme dure puisqu'il s'agissait d'augmenter la durée de cotisation jusqu'à 43 annuités, ce qui revient, pour ceux, entre autres ceux qui ont fait des études, qui ont démarré tardivement leur vie active, à ne pas pouvoir prendre leur retraite avant l'âge de 67 ans ! L'âge légal est l'arbre qui cache donc la forêt. Le plus important est la durée de cotisation (d'où d'ailleurs les revendications justifiées pour les carrières longues).

Olivier Véran a donc rappelé à Laurence Rossignol ce passé commun pourtant pas si lointain, 2014 : « En 2014, vous étiez ministre déléguée auprès de Marisol Touraine. J'ai été député socialiste et vous et moi, nous avons eu le courage de soutenir en 2014 une réforme des retraites portée par le gouvernement auquel vous apparteniez, qui a, pardonnez du peu, allongé la durée de cotisation pour tous les Français qui travaillent. Vous l'avez fait dans un souci de justice, avec pour objectif d'équilibrer un système de retraite qui, dans la durée, aurait été déficitaire. ».

Et aussi un autre rappel, la loi Travail adoptée avec l'article 49 alinéa 3 de la Constitution : « Permettez-moi aussi de vous rappeler, madame la sénatrice, qu'à l'époque, lorsque vous faisiez partie du gouvernement, un texte important, courageux et nécessaire pour l'économie de notre pays, a été adopté en ayant recours à l'article 49 al. 3. Pour autant, vous n'avez pas alors démissionné du gouvernement, pas plus que je n'ai quitté le groupe socialiste. Vous avez sans doute la mémoire sélective, moi pas ! ».

Le ministre a conclu : « Surtout, madame la sénatrice, nous venons du même bord. Quand nous disons que nous allons augmenter les petits salaires, qui sont inférieurs du SMIC, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons améliorer les fins de carrière pour les salariés, vous devriez dire oui ! Quand nous disons que nous allons lever une contribution exceptionnelle sur les grands groupes qui rachètent des actions, vous devriez dire oui ! Et, quand nous proposons de mettre en formation les bénéficiaires du RSA qui sont loin de l'emploi, ou même de les employer, vous devriez applaudir avec nous, madame la sénatrice. C'est cela, avoir de la mémoire, du courage et de la conviction dans la continuité ! ».

Bien entendu, l'ancienne ministre Laurence Rossignol, désormais dans l'opposition, n'a pas été convaincue par son ancien partenaire de la majorité parlementaire. Ce n'est pas étonnant, une question qui n'en était pas une, c'est une séance de posture, montrer son positionnement à ses amis, à ses (grands) électeurs. Un ministre n'a jamais convaincu un membre de l'opposition lors des questions au gouvernement. Et réciproquement, évidemment.

Simplement, il faut parfois rappeler la réalité : quand ils sont au pouvoir, les membres de la Nupes savent prendre des décisions responsables et courageuses. Mais maintenant, dans l'opposition, avec une forte concurrence, sous l'emprise du gourou Mélenchon, plus aucun socialiste n'est prêt à gouverner la France et le PS est devenu juste un groupuscule démago et populiste, à l'instar du grand chef. Triste fin de parti qui se termine en eau de boudin.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 mars 2023)
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Assemblée Nationale : méthode de voyou !
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28 mars 2023 2 28 /03 /mars /2023 05:41

« En vérité, la question de la peine de mort est simple pour qui veut l'analyser avec lucidité. Elle ne se pose pas en termes de dissuasion, ni même de technique répressive, mais en termes de choix politique ou de choix moral. » (Robert Badinter, le 17 septembre 1981 dans l'hémicycle).



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Celui qui a réalisé l'abolition de la peine de mort en France, mesure ô combien symbolique de la morale républicaine, Robert Badinter fête son 95e anniversaire ce jeudi 30 mars 2023. Avocat de grande réputation, érudit, meurtri par la Shoah, icône de la gauche morale (et pas seulement de la gauche, aussi de la droite morale), Robert Badinter, pour avoir convaincu François Mitterrand, pour l'avoir défendu dans quelques affaires, pour avoir été un ami fidèle, a été associé à son aventure politique.

Ainsi Robert Badinter a été Ministre de la Justice du 23 juin 1981 au 18 février 1986. Il a présenté le projet de loi abolissant la peine de mort le 17 septembre 1981 et la loi a été promulguée le 9 octobre 1981. En fait, ce n'était pas lui qui aurait dû la défendre. À l'origine, c'était le radical de gauche Maurice Faure, vieil ami de Cahors de François Mitterrand, qui devait le faire, nommé Ministre de la Justice dès le 22 mai 1981. Mais ce dilettante amoureux de la belle vie ne se voyait pas coincé place Vendôme et laissa la place un mois plus tard. Les deux hommes se sont retrouvés ensemble au Conseil Constitutionnel entre mars 1989 et mars 1995.

Une autre opportunité, effectivement, pour Robert Badinter : François Mitterrand l'a nommé Président du Conseil Constitutionnel du 4 mars 1986 au 4 mars 1995. Là encore, habileté institutionnelle du grand maître socialiste pour peser personnellement au maximum sur les institutions : il avait nommé en mars 1983 Daniel Mayer à ce poste pour neuf ans, mais a demandé à celui-ci de démissionner de la présidence (tout en restant membre) en 1986 pour pouvoir renommer un autre président pour encore neuf ans (son mandat s'achevant en 1988, celui de Robert Badinter en 1995 !).

En mars 1995, juste avant de quitter le pouvoir (à la fin de son second septennat), François Mitterrand a répété son coup de maître en y nommant pour neuf ans un autre ministre avocat, Roland Dumas, pesant ainsi (en principe) sur les institutions jusqu'en mars 2004 (alors qu'il est mort en janvier 1996 !). Mais Roland Dumas (qui va vers ses 101 ans) a dû quitter ses fonctions avant la fin de ces neuf ans (le 29 février 2000) à cause d'un scandale judiciaire.

Revenons à Robert Badinter. Dans une sorte d'optimisation politique, après son mandat au Conseil Constitutionnel ont lieu des élections sénatoriales : candidat à la proportionnelle sur la liste socialiste qui lui avait réservé une place éligible (donc sans risque de perdre), Robert Badinter fut élu deux fois sénateur des Hauts-de-Seine, du 24 septembre 1995 au 30 septembre 2011 (réélu le 26 septembre 2004).

Trois fonctions, cumulant près de trente années de vie politique... et pourtant, Robert Badinter ne s'est jamais considéré comme un homme politique. Pire, il a toujours été rétif à tout ce qui pouvait porter à la politique politicienne, aux jeux d'appareil, aux motions du PS, aux courants, aux petites manipulations, aux coups bas... comme les adorait François Mitterrand. Lui poisson dans l'eau et Robert Badinter comme un éléphant dans un aquarium.

Pourtant, il a toujours compté au parti socialiste et de tous les ministres de François Mitterrand, de tous les membres du parti socialiste, vivants ou morts, Robert Badinter est probablement l'un des rares, sinon le seul à ne pas avoir été "démonétisé", c'est-à-dire, à avoir gardé son aura malgré les temps, comme une conscience morale, une référence pour la gauche mais aussi (je le répète ici), pour une certaine droite morale (celle de Philippe Séguin et de Jacques Chirac, qui ont voté l'abolition de la peine de mort en 1981). Probablement que la précédente personnalité politique de gauche ayant eu une aussi grande aura morale, une conscience, c'était Pierre Mendès France. Ah si ! J'ai oublié Jacques Delors, lui aussi conscience politique hors paire, qui va vers ses 98 ans.

Une anecdote qu'a racontée François Bayrou aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Lorsqu'il a annoncé son soutien à la candidature du futur Président Emmanuel Macron le 22 février 2017, il avait indiqué qu'il ne marchanderait rien (sauf des circonscriptions pour les législatives). Rien pour lui-même ou ses proches, aucun ministère. Pour lui, le seul poste était possible, c'était Matignon, bien sûr, mais lorsqu'il fut acquis que le Premier Ministre serait Édouard Philippe, François Bayrou n'a pas insisté pour être membre du gouvernement.

Emmanuel Macron lui a proposé toutefois le Ministère de la Justice avec un argument massue : depuis Robert Badinter, il n'y avait plus eu de grand Ministre de la Justice, donc sa présence rétablirait le poids moral de la fonction. Si on sait bien s'y prendre, on arrive toujours par faire accepter ce qui aurait pu, dû être refusé initialement. Mais le mois suivant, François Bayrou a été contraint de démissionner pour l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, une affaire qu'il a trouvée arriver très opportunément.

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Cette anecdote montre à quel point la présence de Robert Badinter hante la classe politique depuis une quarantaine d'années au moins. Ce n'est pas un hasard si Emmanuel Macron a voulu célébrer en grandes pompes le quarantième anniversaire de l'abolition de la peine de mort dans un cadre prestigieux, le Panthéon, en pleine pandémie de covid-19, le 9 octobre 2021, en honorant bien sûr Robert Badinter (on notera d'ailleurs qu'Emmanuel Macron adore honorer les "grands anciens", comme Daniel Cordier, Hubert Germain, Pierre Soulages, Edgar Morin, Philippe De Gaulle, etc.).

Que Robert Badinter soit apprécié à droite n'est pas une surprise : en plein gouvernement socialo-communiste du début des années 1980, il s'était opposé (en vain) aux nationalisations à 100% (51% suffisaient), il refusait le grand système public laïc unifié de l'éducation qui a mis 2 millions de Français dans la rue en juin 1984, et même il militait contre la loi contre les concentrations des groupes de presse, visant expressément le groupe de Robert Hersant (lui-même député de l'ancienne UDSR comme son ami François Mitterrand sous la Quatrième République). Pour lui, une loi ciblant une personne particulière n'est jamais bonne, et il pressentait que les groupes de presse devaient s'élargir face à la concurrence internationale.

Il hante la vie politique et il l'a hantée aussi il y a trente ans. Lors du renvoi de Michel Rocard de Matignon, en mai 1991, il était question de choisir un nouveau Premier Ministre. Dans leur livre sur Robert Badinter (sorti chez Tallandier en 2021), Dominique Missika et Maurice Szafran évoquent certains conseillers du Président Mitterrand lui proposer le nom de Robert Badinter pour Matignon, car il était resté populaire à gauche. François Mitterrand a écarté alors l'idée avec ce commentaire définitif : « Badinter ? Pas assez politique ! ». Robert Badinter lui-même l'aurait dit à son ami : « J'ai dit à Mitterrand que je n'avais pas la pointure. ». Édith Cresson fut nommée, avec le succès que l'on sait.

Mais le personnage hantait toujours la gauche quelques années plus tard. En décembre 1994, le PS n'avait plus de candidat "naturel" : Laurent Fabius était hors-jeu à cause de l'affaire du sang contaminé, Michel Rocard s'était fait dégommer par Bernard Tapie aux européennes de juin 1994, Jacques Delors avait annoncé son abandon pour manque de motivation. Il ne restait en boutique que Lionel Jospin. D'autres, sous la houlette de Laurent Fabius, auraient vu d'un bon œil Robert Badinter être ce candidat impossible à l'élection présidentielle de 1995, censée, selon les sondages, départager seulement Jacques Chirac et Édouard Balladur. Il fallait donc une présence morale sans risquer d'être élu ! François Mitterrand n'aurait pas trouvé cela inapproprié, mais selon les deux biographes déjà cités, Robert Badinter aurait rejeté résolument l'idée, en rappelant tous ses handicaps insurmontables : « Je suis riche, je suis Juif et j'ai aboli la peine de mort. ».

Contesté par les anti-abolitionniste comme le prototype de la gauche caviar, ce haut bourgeois, aussi mystérieux soit-il, a gardé ce trait qui fait de ses analyses politiques les plus écoutées du pays : il est d'une limpide lucidité. Merci pour la France !


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (26 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Robert Badinter, l'anti-politique.
7 pistes de réflexion sur la peine de mort.
Une conscience nationale.
L’affaire Patrick Henry.
Robert Badinter et la burqa.
L’abolition de la peine de mort.
La peine de mort.
François Mitterrand.
François Mitterrand et l’Algérie.
Roland Dumas.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230330-robert-badinter.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/robert-badinter-l-anti-politique-247260

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/03/18/39849355.html











 

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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 04:14

« Face aux extrêmes, face aux alliances de circonstance qu'on a vu fleurir ces derniers jours, face aux opportunismes de tout bord, face au cynisme qui peut trop souvent exister ici, oui, la réponse, encore et toujours, elle est dans le dépassement et elle est dans le rassemblement. Les Français nous ont élus. Les Français nous ont choisis. Les Français sont prêts au dépassement et au rassemblement. La majorité y est prête. Que celles et ceux qui sont de bonne volonté s'engagent avec nous ! » (Aurore Bergé, le 20 mars 2023 dans l'hémicycle).




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Lorsque j'ai évoqué l'examen et le vote des deux motions de censure consécutives à l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter définitivement la réforme des retraites par l'Assemblée Nationale, j'ai écrit que la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé avait prononcé une excellente intervention à la tribune pour donner la position de son groupe sur les motions de censure.


Bien entendu, cette position n'était pas une surprise, à savoir que Renaissance ne voterait pas ces motions de censure et soutenait avec force la réforme des retraites et le gouvernement. Il faut insister sur le fait qu'il n'y a pas beaucoup d'orateurs percutants à l'Assemblée, et en particulier dans le groupe Renaissance. Aurore Bergé, à cet égard, détonne un peu : politique depuis l'adolescence, ambitieuse, elle met son talent oratoire au service de ses convictions (et du pouvoir présidentiel). En attendant de prendre d'autres responsabilités.

Elle a proclamé quelques vérités bien senties à l'égard des oppositions, avec sa première incompréhension, celle qui consistait à se réunir sur une motion de censure "transpartisane" alors que les signataires ne sont d'accord sur rien : « La question est donc de savoir à qui vous êtes prêts, ou non, à lier votre vote ou avec qui, de part et d’autre de cet hémicycle, vous êtes prêts à voter. (…) Une motion de censure devient de facto un programme commun parce qu’une motion de censure, c’est la capacité à trouver une réponse alternative crédible, à dégager une autre majorité. En fonction de celles ou ceux qui voteront ensemble la motion de censure et s’applaudiront mutuellement, vous expliquerez aux Français quelle est, prétendument, la majorité alternative et quel est le gouvernement alternatif possible : avec Charles de Courson en Premier Ministre, Marine Le Pen à Bercy, Mathilde Panot en ministre de l’intérieur et, à n’en pas douter, Aurélien Pradié comme ministre des relations avec le Parlement ! Tel est le projet alternatif que vous soumettez aux Français ! Dans toutes les autres démocraties, les grandes coalitions se forment autour d’un projet commun, dans le but de transformer le pays et de faire en sorte qu’il avance. Avec une motion de censure qui vise à mettre le pays à l’arrêt, à créer le blocage non seulement dans nos institutions, mais aussi dans la rue, vous proposez l’inverse ! ».

Elle a d'abord salué le courage du gouvernement dans ce débat très difficile : « Disons-le clairement, il y a d’abord ceux qui sont restés solides. Cette solidité, madame la Première Ministre, c’est en premier lieu la vôtre, vous qui avez résisté avec courage et dignité, malgré les cris, malgré l’impossibilité parfois de parler ; vous vous êtes exprimée de manière claire et vous avez fait honneur à la vie politique et à la vie démocratique de notre pays ! Cette solidité, c’est aussi celle de ceux qui ont soutenu ce projet de loi essentiel pour nos compatriotes : le ministre du travail, Olivier Dussopt, que vous n’avez cessé d’invectiver, d’insulter et de piétiner au sens figuré, mais en vérité, vous aviez envie de le faire au sens propre, et Gabriel Attal, qui ont défendu avec courage le projet de loi soumis à vos votes aujourd’hui. ».

Après ces félicitations, Aurore Bergé en est venue aux blâmes !

D'abord attribué à la Nupes : « Vous nous dites qu’il y a quatre groupes, mais en vérité, comment vous différencier ? Vous avez conclu un accord électoral qui a fait disparaître trois partis de gouvernement qui défendaient des valeurs communes. Pire, lorsqu’André Chassaigne s’est levé pour dénoncer des agissements indignes, pour exprimer sa honte, pas un seul d’entre vous ne s’est levé pour l’applaudir ! Nous étions seuls, avec Les Républicains, à le faire pour condamner ce geste et applaudir votre président de groupe ! J’imagine que des petites notes et des tableaux Excel recensent les députés de la Nupes qui ne se comporteraient pas bien avec ceux de la France insoumise, parce que votre angoisse ultime, c’est qu’une dissolution ait lieu et qu’un candidat de la France insoumise soit présenté face à vous ! Alors il ne faut surtout pas fâcher Jean-Luc Mélenchon, il faut l’applaudir lorsqu’il est à la tribune, considérer qu’il est encore député et président de parti, puisque de toute façon, c’est à lui que vous répondez en dernier ressort. ».

Elle est revenue s'adresser aux groupes de la Nupes peu avant la fin de son intervention : « Pendant les débats dans cet hémicycle, combien de fois avons-nous été interpellés par des Français qui nous écrivaient ou nous disaient directement : "J’ai honte de regarder ces débats et de voir ce que l’Assemblée est devenue. J’ai honte du bruit et du vacarme permanent. J’ai honte du tapis rouge que vous déroulez devant l’extrême droite". Si l’extrême droite peut conclure son discours en rappelant que 2027 approche, c’est bien parce que vous êtes là et parce que vous ne formez pas un rempart, mais un marchepied ! ».

Ensuite, ce fut le tour du petit groupe LIOT qui a pris l'initiative de la motion de censure "transpartisane" : « Permettez-moi de m’adresser à ceux qui, dans votre groupe, ont défendu la réforme des retraites et soutenu la candidature de François Fillon lorsqu’il prônait la retraite à 65 ans : je pense en particulier à Charles de Courson, qui avait clairement assumé cette position lors de la campagne. ».

Un peu plus tard, elle allait en rajouter sur Charles de Courson, le "héros du jour" : « Lors de la présentation des motions de censure, nous avons de nouveau entendu de fausses vérités sur l’état des comptes publics. Quel dommage venant de quelqu’un qui, comme Charles de Courson, a passé toute sa carrière et sa vie politique, sept mandats parlementaires !, à parler de la restauration des comptes publics ! Sans cette réforme, nous aurions accumulé dans dix ans 150 milliards de déficit ! Telle est la vérité, et vous ne pouvez pas le contester ! La justice, c’est de faire en sorte que la réforme soit adoptée, faute de quoi ce sont les Français les plus fragiles, qui ne disposent que de la solidarité intergénérationnelle pour espérer un jour bénéficier d’une retraite, qui trinqueront en premier. ».

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Puis au tour du parti Les Républicains en confirmant un accord avec la majorité : « La vérité nous oblige à reconnaître que oui, nous avions bâti un compromis avec eux. Ce n’est pas un gros mot, dans la vie politique et démocratique, que de rechercher le consensus et d’établir des compromis. C’est la force même de notre assemblée que de tout faire pour que des compromis existent. Ce compromis a été ardemment souhaité et voté au Sénat, où la droite détient la majorité absolue. Le texte de la commission mixte paritaire a été voté par le président Olivier Marleix [président du groupe LR]. ».

Aurore Bergé en a profité pour rappeler le caractère démocratique de la commission mixte paritaire : « À ceux qui affirment, de part et d’autre de cet hémicycle, que la CMP serait une vision dégradée de la démocratie, je réponds : quelle honte ! Quelle honte ! La commission mixte paritaire traduit la capacité à faire travailler ensemble nos deux chambres. Est-il si difficile d’expliquer clairement aux Français que Sénat et Assemblée peuvent travailler ensemble pour faire émerger des compromis ? Qui ici, parmi ceux qui ont déjà participé à une CMP, oserait dire aux Français, en les regardant dans les yeux, qu’une CMP, c’est de la manigance ou de la manœuvre ? C’est, au contraire, de la clarté et l’expression de notre capacité à dégager des compromis. ».

Poursuivant avec Les Républicains, désunis : « Malheureusement, au sein de votre groupe, des trajectoires personnelles et des calculs individuels se sont fait jour, qui ne sont en rien motivés par l’intérêt général ou par l’intérêt des Français. Vous le savez, les demandes légitimes que vous avez formulées, notamment concernant les carrières longues, sont satisfaites dans ce texte. Mais, pour vous, il fallait trouver un nouveau prétexte, prétexte après prétexte, pour ne pas voter la réforme. Je retiens donc ceux qui, au sein de votre parti, au sein du groupe Les Républicains, ont assumé leur vote au Sénat, puis en commission mixte paritaire, et affirment désormais dans les médias ou sur le terrain soutenir une réforme nécessaire pour le pays ; ceux qui expriment leur honte à l’égard de certains membres de leur famille politique prêts non seulement à voter une motion de censure transpartisane, mais à le faire aux côtés de l’extrême droite. J’ai connu un parti politique où les digues vis-à-vis de l’extrême droite étaient claires. Je sais que ces voix sont très minoritaires et j’espère qu’elles le resteront, car nous avons besoin de partis républicains, qui soient clairs quant à leurs valeurs. ».

Le dernier blâme a été bien sûr attribué au RN : « Enfin, il y a l’extrême droite. Je sais que vous n’aimez pas ce terme, mais il vous caractérise au fond de vous et correspond aux valeurs que vous défendez ! Que dire, en définitive, du Rassemblement national ? Tel le mime Marceau, vous gesticulez, mais vous ne parlez pas, parce qu’on vous demande de vous taire ! Il ne faut surtout pas prendre le risque qu’un député du Rassemblement national s’exprime, parce que lorsque l’un de vous le fait, cela se termine par un dérapage et l’on comprend alors qui vous êtes ; l’Assemblée Nationale a condamné le député à l’origine d’un dérapage grave à l’encontre de l’un de nos collègues et l’a exclu de l’hémicycle durant quinze jours. C’est ce qui s’est passé pendant toute cette séquence. Si vous voulez parler, chers collègues, que ne l’avez-vous fait pendant les quinze jours de débats ? Pourquoi n’avez-vous pas déposé d’amendements ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas rendus dans les médias pour assumer de porter une contradiction ? La vérité est claire : il y a une cheffe et elle seule a droit à la parole ! Les autres doivent se taire, appuyer sur le bouton et lever la main lorsqu’on le leur demande ! Voilà ce qu’est le Rassemblement national : c’est la triste vérité ! ».

Aurore Bergé a poursuivi sur le courage de la majorité : « Oui, cette réforme demande du courage, parce qu’il est toujours plus difficile de demander des efforts aux Français que de dire que demain on rase gratis, avec de l’argent qu’on n’a pas ! Ce sont ces efforts qui ont permis à la France d’arriver aux portes du plein emploi : le taux de chômage a été ramené à 7,2%, alors qu’il était à près de 10% en 2017. C’est concret. C’est l’avenir des Français qui est en jeu, et la manière avec laquelle ils pourront l’appréhender plus sereinement. ».

Enfin, elle a conclu son discours avec un véritable programme de gouvernement qui allait être exposé par le Président de la République Emmanuel Macron le surlendemain : « Nous devons, collectivement, aller au-delà du ressentiment que la réforme provoque, au-delà de l’amertume qu’elle suscite du fait des efforts demandés. Il nous faudra ouvrir des chantiers vitaux pour l’avenir de notre pays, dans l’intérêt des Français. Je pense évidemment au travail, parce que la réforme des retraites pose fondamentalement la question du rapport au travail dans notre société, du sens de ce dernier et de la rémunération qui en découle. C’est la question du partage de la valeur et du partage des profits que nous voulons aborder dans les prochaines semaines. C’est également la question de nos aînés et de l’autonomie : combien de familles sont-elles touchées par la dépendance et la perte d’autonomie ? Nous avons créé la cinquième branche. La majorité dans son ensemble a déposé une proposition de loi concernant l’autonomie et le bien-vieillir : ça, c’est la vie quotidienne des Français ! À l’issue des votes de cet après-midi, dans cette assemblée que les Français ont élue, serons-nous capables de voter des textes structurants, avec la majorité et avec les personnes de bonne volonté, de droite comme de gauche ? Serons-nous capables de voter un texte inédit de soutien aux forces armées pour lutter contre le terrorisme ? Serons-nous capables de voter un texte majeur traitant de l’accès aux soins pour les plus précaires et de la défense de l’hôpital public ? Serons-nous capables de voter notre texte sur l’autonomie ? Serons-nous capables de renforcer la trajectoire vers la planification écologique ? Serons-nous capables de décarboner l’industrie et de soutenir une industrie verte ? Serons-nous capables, ensemble, de refonder le pacte républicain et l’école ? Serons-nous capables d’assumer un discours clair au sujet de l’immigration, affirmant qu’on doit régulariser ceux qui s’intègrent par le travail, et qu’on doit expulser ceux qui enfreignent nos valeurs ? Pas l’un ou l’autre, l’un et l’autre ! ».

Il n'est pas à douter qu'Aurore Bergé bout d'impatience d'apporter sa contribution à l'action future du gouvernement.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (22 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023).

Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo).

295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
La tactique politicienne du RN.

Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020

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16 mars 2023 4 16 /03 /mars /2023 16:04

« Aujourd’hui, sur le texte du Parlement, l’incertitude plane, à quelques voix près. » (Élisabeth Borne, le 16 mars 2023 à l'Assemblée Nationale).




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La fin de l'examen au Parlement de la réforme des retraites a été particulièrement chaotique. Après l'adoption du texte amendé par les sénateurs le 11 mars 2023, une commission mixte paritaire (CMP) a été formée pour tenter de trouver un texte commun acceptable par les deux assemblées. Cette commission est composée de sept députés (3 Renaissance, 1 MoDem, 1 LR, 1 FI et 1 RN) et de sept sénateurs (3 LR, 1 Union centriste, 1 Renaissance, 2 PS). Après de longues négociations durant toute la journée du mercredi 15 mars 2023, la CMP a abouti à un texte commun. Il restait donc à le faire adopter le lendemain par les deux assemblées.

Le matin de ce jeudi 16 mars 2023, le Sénat a adopté le projet commun par 193 voix pour et 114 voix contre sur 345 votants (scrutin n°251). L'après-midi, le vote était prévu à 16 heures à l'Assemblée Nationale.

Le Président Emmanuel Macron a réuni les responsables de la majorité le 15 mars 2023 au soir, puis le 16 mars 2023 dans la matinée. Finalement, un conseil des ministres exceptionnel a été convoqué en début d'après-midi pour autoriser le gouvernement à engager sa responsabilité selon l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Ce qui a entraîné le retard de quelques minutes du gouvernement à la séance de 15 heures.

Pendant ce temps, devant le Palais-Bourbon, des manifestants faisaient le siège de l'Assemblée, une manière probablement contre-productive pour les députés LR qui, ne voulant pas être sous pression, pourraient être encouragés à, au contraire, voter le projet de loi. Cette manifestation s'est transformée à un rassemblement à la Concorde (qui n'avait donc rien de spontané, contrairement à ce qui a été dit !).

Cette séance dans l'hémicycle fut un véritable cirque : les députés de FI ont chanté la Marseillaise pour empêcher la Première Ministre de parler, ont enfreint le règlement de l'Assemblée en montrant des pancartes politiques, comme des agitateurs gauchistes, en présence de Jean-Luc Mélenchon au balcon des visiteurs ; les députés RN n'ont cessé, de leur côté, de crier à la démission de la chef du gouvernement tout en faisant claquer très fort leur pupitre. Notons que les députés communistes, sérieux et focalisés sur le fond, n'ont pas fait du tout comme leurs collègues de FI, sont restés assis à écouter.

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Élisabeth Borne, de plus en plus politique, a eu bien du mérite à prononcer son discours (en criant) où elle reconnaissait l'incertitude d'un vote positif : « On ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débats parlementaires anéanties. On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis, bâti par les deux assemblées, écarté. On ne peut pas faire de pari sur l’avenir de nos retraites. Cette réforme est nécessaire. Aussi, parce que je suis attachée à notre modèle social et parce que je crois en la démocratie parlementaire, c’est sur votre réforme, sur le texte du Parlement, fruit d’un compromis entre les deux assemblées, que je suis prête à engager ma responsabilité. Sur le fondement de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, j’engage la responsabilité de mon gouvernement sur l’ensemble du projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, modifié par l’amendement de coordination communiqué à l’Assemblée Nationale. Dans quelques jours, je n’en doute pas, à l’engagement de la responsabilité du gouvernement répondront une ou plusieurs motions de censure. Un vote aura donc bien lieu, comme il se doit. C’est donc la démocratie parlementaire qui aura le dernier mot ! ».

En clair, la séance a été interrompue et les débats arrêtés avec cette disposition constitutionnelle. D'ici à vendredi 15 heures, des motions de censures pourront être déposées et elles seront discutées avant mardi prochain. Le chef du PCF Fabien Roussel a encouragé le dépôt d'une motion de censure par le petit groupe LIOT (par exemple, défendue par Charles de Courson, très remonté contre le gouvernement) qui permettrait une convergence des oppositions : Nupes, centre droit et droite et RN. Quatre ou cinq députés LR, eux aussi très en colère contre le gouvernement, n'excluent effectivement pas de voter une motion de censure.

Alors que le gouvernement souhaitait aller au vote, Emmanuel Macron n'a pas voulu prendre le risque d'un échec, considérant qu'il manquait 5 voix pour assurer la majorité du texte. On parle du groupe LR et de ses divisions (j'y reviendrai plus loin), mais le président du groupe LR Olivier Marleix a revendiqué une quarantaine de députés LR prêts à voter le texte (le texte issu de la CMP est essentiellement celui des sénateurs LR, au point qu'Élisabeth Borne a notamment dit : « Ce compromis n’est pas le projet du gouvernement, mais le texte du Parlement. Ce compromis, je n’en partage pas tous les points, mais c’est le vôtre, enrichi de propositions de la majorité et des oppositions des deux assemblées, et adopté au Sénat ce matin. »).

La majorité absolue est 289. Les trois groupes de la majorité peuvent apporter 250 voix (170 Renaissance, 51 MoDem et 29 Horizons). Comme on le voit, une quarantaine de députés LR pouvaient faire pencher la balance du côté gouvernemental, mais aucun de ces votes n'était assuré. À la défection du moindre député, cela aurait été l'échec. Au conseil des ministres exceptionnel, Emmanuel Macron a affirmé que son intérêt politique était d'amener au vote du texte, mais son esprit de responsabilité l'a emporté : cette réforme est selon lui indispensable et il ne voulait pas prendre le risque d'échouer.

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Pourtant, la situation politique aurait été plus claire. Élisabeth Borne a déjà réussi à convaincre le Président de la République d'attendre janvier 2023 pour faire cette réforme alors qu'il imaginait l'amorcer dès septembre 2022. Elle n'a pas réussi à le convaincre de ne pas utiliser l'article 49 alinéa 3. Arme redoutable, constitutionnelle et légitime, mais politiquement incertaine. En faisant voter les députés, le gouvernement aurait mis chaque député le dos au mur face à ses responsabilités : en cas d'adoption, cela aurait été une victoire avec une légitimité politique indiscutable ; en cas d'échec, certes, la réforme se verrait recalée, mais ce serait aussi l'occasion d'une grande clarification par une dissolution de l'Assemblée. Emmanuel Macron n'a pas voulu prendre ce risque.

Je m'insurge quand toutes ces oppositions populistes, promotrices du cirque parlementaire permanent depuis juin 2022, fustigent la non-légitimité et du gouvernement et de l'utilisation d'outils institutionnels. Remettre en cause la Constitution est très grave et justement, si Michel Debré avait voulu introduire ces outils dans la Constitution, c'était parce qu'il ne voulait pas rester sous la Quatrième République et sa paralysie politique et voulait permettre au gouvernement de gouverner.

L'article 49 alinéa 3 a été utilisé 100 fois, dont 28 fois par Michel Rocard, notamment pour la CSG et le RMI, on fait mieux comme dictateur. Dans d'autres démocraties, des outils similaires existent. Ainsi, en Allemagne, une motion de censure ne peut aboutir que si une majorité absolue de députés est capable de donner le nom du futur Chancelier. Cela s'est passé en octobre 1982 quand Helmut Kohl a pris le pouvoir à l'occasion du changement de position d'un petit groupe politique charnière (FDP).

Ceux-là même qui remettent en cause la règle du jeu institutionnelle ne se privent pourtant pas d'utiliser au maximum tous les outils mis à leur disposition (dans la Constitution ou dans le règlement de l'Assemblée) pour s'opposer à un projet de loi du gouvernement jusqu'à produire de l'obstruction : motion préalable, motion référendaire, rappels au règlement, droit d'amendement jusqu'à plus soif, et cela dans les deux assemblées (9 000 amendements finalement au Sénat), et même le référendum d'initiative partagée. Ceux qui remettent en cause les institutions quand ils perdent mais en gardent certaines dispositions quand cela les arrange, sont ce qu'on appelle des mauvais joueurs.

Mais la démocratie n'est pas un jeu. Le pays est en crise. En crise économique et en crise géopolitique. Aussi en crise politique parce qu'il y a 88 députés RN d'un côté et 74 députés FI de l'autre, jamais l'extrême droite et l'extrême gauche n'ont été si présentes dans l'hémicycle, hystérisant systématiquement les discussions parlementaires. Leurs invectives, leurs excès de langage, leurs moqueries, leurs abus de procédure ont complètement dénaturé le débat démocratique. Il faut qu'ils se rappellent qu'ils ont perdu les élections, tant présidentielle que législatives en 2022. Ils ne s'en sont toujours pas remis. Quant à la mobilisation syndicale, depuis janvier 2023, les syndicats n'ont jamais su mobiliser que les mêmes et le blocage annoncé du pays à partir du 7 mars 2023 n'a pas eu lieu (même si les transports parisiens deviennent problématiques pour les travailleurs les moins aisés).

Les députés de la majorité ont été eux-mêmes estomaqués que le gouvernement ait décidé d'utiliser le 49 alinéa 3. Eux auraient voulu aller au vote, mettre tous les députés devant leurs responsabilités. Ils vont avoir un week-end difficile dans leur circonscription. Élisabeth Borne est venue discuter avec eux avant d'être l'invitée du journal de 20 heures sur TF1 le soir même.

Elle se moque d'être un fusible, elle sautera s'il le faut (c'est le destin de chaque Premier Ministre) mais plus le RN demande sa démission, plus elle est assurée de rester à Matignon, d'autant plus qu'Emmanuel Macron ne voudrait pas battre le record de brièveté à Matignon détenu par Édith Cresson en 1992 (hors Bernard Cazeneuve en 2017) ; actuellement, Élisabeth Borne a 17 jours de moins qu'Édith Cresson. Il serait logique d'attendre au moins les élections européennes de mai 2024 avant un changement de gouvernement. Sur cette prérogative élyséenne essentielle (le choix du Premier Ministre), Emmanuel Macron entend bien rester le maître des horloges.

Du reste, Élisabeth Borne n'a pas démérité. Certes, on pourrait parler d'un problème de présentation et de communication de la réforme des retraites, mais c'est bien le fond que rejettent les oppositions et les syndicats. La Première Ministre, en revanche, n'est pas responsable de la déliquescence des députés LR. De leur absence d'esprit de responsabilité.

Je termine par eux : en n'affichant pas, à l'Assemblée, la même volonté que celle des sénateurs de leur propre parti, les députés LR ont montré qu'il n'existait plus de parti en tant que tel. La retraite à 65 ans était pourtant l'une des mesures proposées dans le programme tant de François Fillon en 2017 que de Valérie Pécresse en 2022. Certains refusent par posture d'opposition d'approuver le gouvernement même par intérêt général. D'autres le refusent sur le fond, c'est le cas d'Aurélien Pradié. C'est plus grave sur le plan de l'unité idéologique.

Chez LR, ils ne sont d'accord sur rien, pas même sur l'essentiel. Ils n'ont plus aucune discipline de parti, les consignes tant du président du parti Éric Ciotti que du président de groupe Olivier Marleix sont lettres mortes (seul Bruno Retailleau au Sénat réussit à garder une structure viable). Chaque député LR est à son compte. Pire, aucun des supposés présidentiables de LR n'a fait de déclaration (audible) sur le thème des retraites, pourtant important, ni Laurent Wauquiez, ni Xavier Bertrand, ni... qui d'autre, qui pourrait bien devenir un candidat LR à l'élection présidentielle ? Ils sont tous partis ! Ce parti n'existe plus sur le plan national, il reste un syndicat d'élus locaux encore efficace et puissant (comme le PS), mais sur le plan national, il n'existe politiquement plus à partir de ce jeudi 16 mars 2023. C'est, je pense, la conséquence politique la plus durable de ce cirque parlementaire actuel : l'irresponsabilité de quelques députés LR se retournera contre leur parti de manière durable et profonde.

Il reste enfin l'hypothèse de l'adoption d'une motion de censure. Nul doute que dans ce cas, des élections législatives anticipées auraient lieu. Avec l'idée, à garder en tête, que dans tous les cas, le mandat du Président de la République se termine en mai 2027. Pas avant. Les Français préfèrent-ils les gens sérieux ou les gens du cirque ? En novembre 1962 et en juin 1968, ils avaient déjà répondu. Aussi en mai 2002, mai 2017 et avril 2022. La démocratie doit être respectée. Et cela commence par respecter la Constitution. Des révolutionnaires en culotte courte croient encore au grand soir. Qu'ils respectent d'abord les Français, leur travail, leur liberté. Et leur foi en l'avenir.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (16 mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral).

Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230316-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-gens-serieux-et-les-gens-du-247358

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4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 04:44

« Si nos oppositions étaient tentées par l'obstruction, alors il faudrait sans hésitation recourir aux outils qui, dans notre règlement, permettent de bloquer le blocage. » (Bruno Retaillleau, "Le Parisien" le 25 février 2023).




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L'examen du projet de réforme des retraites en première lecture se déroule désormais au Sénat depuis ce mercredi 1er mars 2023. Il a jusqu'au dimanche 12 mars 2023 à minuit pour amener les discussions jusqu'au vote final. Ainsi, pour ne pas perdre une journée de débat, les sénateurs travaillent ce week-end et le week-end suivant (par exemple, ce samedi 4 mars 2023, la séance a commencé à 9 heures 30), avec quatre séances le samedi : matin, après-midi, soir, nuit (seulement le dimanche n'a pas de séance de nuit).

Comme à l'Assemblée Nationale, il s'agit d'un marathon parlementaire car le projet du gouvernement comporte 20 articles et s'il n'y a pas autant d'amendements qu'à l'Assemblée Nationale, les sénateurs ont cependant déposé plus de 4 700 amendements, ce qui est beaucoup malgré tout. La volonté affichée le 1er mars 2023 par les trois groupes de l'opposition de gauche (64 PS, 15 PCF, 12 EELV) de ne pas faire d'obstruction ne semble pas s'être traduite dans un dépôt mesuré d'amendements, et après déjà trois jours de débat, l'examen patine car les sénateurs n'en finissent pas de discuter d'une motion d'irrecevabilité, d'une motion référendaire ou d'une demande de renvoi en commission, tous les artifices du règlement du Sénat visant à retarder l'examen réel du texte.

La situation politique du Sénat est pourtant très différente de celle de l'Assemblée. Si le groupe de Renaissance (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants de François Patriat) est très loin d'avoir la majorité (seulement 24 membres sur les 348 sénateurs au total), même avec des groupes amis (14 RDSE et 14 Les Indépendants, République et Territoires de Claude Malhuret), le très large groupe Les Républicains de Bruno Retailleau, composé de 145 membres, ainsi que l'historique groupe Union centriste (dirigé par Hervé Marseille, nouveau président de l'UDI), avec ses 57 membres, tous les deux favorables à la réforme des retraites, apporteront au gouvernement une large majorité au texte s'il les écoute dans leurs amendements.

Mais comme je l'ai signalé au début, près de 5 000 amendements sont en attente de discussion, ce qui risque d'empêcher l'examen de tous les articles du texte, l'objectif (ambitieux) du Président du Sénat Gérard Larcher.

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Le journal "La Dépêche" a ainsi soulevé un article du règlement du Sénat qui pourrait faire accélérer les débats, l'article 38. Que dit-il ? Il précise les conditions pour abréger la discussion : « Lorsqu'au moins deux orateurs d'avis contraire sont intervenus dans la discussion générale d'un texte (…), sur l'ensemble d'un article ou dans les explications de vote portant sur un amendement, un article ou l'ensemble du texte en discussion, le président, un président de groupe ou le président de la commission saisie au fond peut proposer la clôture de ladite discussion. ».

Il est aussi précisé les conditions de l'utilisation de cet article 38 : « La parole est donnée sur cette proposition, à sa demande à un orateur par groupe et un sénateur ne figurant sur la liste d'aucun groupe. ». Ainsi que les conditions de l'adoption de cette procédure accélérée : « Le président consulte le Sénat à main levée. S'il y a doute sur le vote du Sénat, il est consulté par assis et levé. Si le doute persiste, la discussion continue. Si la proposition est adoptée, la clôture prend effet immédiatement. ».

Jusqu'à maintenant, cet article adopté en 2015 n'a jamais été appliqué. Dans sa décision du 11 juillet 2019, le Conseil Constitutionnel a apporté sa vision de cet article, c'est-à-dire, confirmé sa réserve d'interprétation formulée dès le 11 juin 2015 : « Il appartiendra au président de séance d'appliquer cette limitation du temps de parole en veillant au respect des exigences de clarté et de sincérité du débat parlementaire. ». Tout sera donc dans la signification d'un débat parlementaire clair et sincère.

Pour Bruno Retailleau, le président du groupe LR, qui a toujours souhaité cette réforme des retraites (chaque année, le Sénat l'adopte à l'examen du projet de financement de la sécurité sociale), il n'est pas exclu d'utiliser tous les outils dont le Sénat dispose pour empêcher toute obstruction de l'opposition.

Le grand avantage des sénateurs pour débattre de manière "claire et sincère", c'est-à-dire, avec le calme et la sérénité qui conviendrait pour un sujet national essentiel, c'est qu'il n'y a pas de groupe ni de France insoumise, ni du Rassemblement national, ce qui supprime déjà nombre de provocations, d'invectives et d'incidents de séance. Mais ces absences n'empêchent pas le trop grand nombre d'amendements déposés.

Ainsi, le défi du Sénat (et c'est aussi celui de Gérard Larcher qui a en ligne de mire les élections sénatoriales du 24 septembre 2023 et son propre renouvellement, tant de son mandat de sénateur des Yvelines que de Président du Sénat), ce sera de démontrer aux Français (et aussi aux collègues députés) que les sénateurs sont capables de prendre leurs responsabilités, d'assurer le débat de fond attendu par les Français et d'amender le projet du gouvernement. Tout cela dans un climat social qui risque fort, dans jours prochains, de devenir très difficile si le blocage du pays réclamé par les syndicats sans esprit de responsabilité a lieu effectivement à partir du 7 mars 2023.



Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (04 mars 2023)
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Pour aller plus loin :
Réforme des retraites 2023 : le Sénat évitera-t-il l'obstruction ?
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

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2 mars 2023 4 02 /03 /mars /2023 04:59

« Entre ceux qui ont tourné le dos aux travailleurs et ceux qui ne croient qu’aux coups de communication, entre ceux qui ont empêché le débat et ceux qui n’ont rien proposé, nous avons observé pendant quinze jours deux faces d’un même mépris de la démocratie. » (Élisabeth Borne, dans la nuit du 17 au 18 février 2023, dans l'hémicycle).



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Depuis ce mercredi 1er mars 2023, les sénateurs examinent en séances plénières le projet de réforme des retraites du gouvernement. Le texte (amendé) a été approuvé par la commission des affaire sociales du Sénat le 28 février 2023. Les sénateurs semblent vouloir se comporter comme des sages pour ce texte, au contraire de leurs collègues députés : le Président du Sénat Gérard Larcher a déclaré vouloir amener la discussion jusqu'au bout, c'est-à-dire discuter de tous les articles de la loi, tandis que la gauche sénatoriale (trois groupes), sous l'impulsion de l'ancien ministre socialiste Patrick Kanner, a annoncé qu'elle ne ferait pas d'obstruction au débat, dans une conférence de presse commune assez solennel en début d'après-midi du 1er mars 2023.

Pour le gouvernement, il est essentiel que le Sénat puisse avoir la possibilité de voter le texte afin qu'au moins une des deux chambres du Parlement ait donné son accord avant les négociations au sein de la commission mixte paritaire.

Revenons donc au débat à l'Assemblée Nationale. Les députés de l'opposition, principalement les populistes mélenchonistes, pendant deux semaines, ont montré une image déplorable de la démocratie parlementaire et ont donné de nouveaux arguments aux abstentionnistes dégoûtés par la vie politique qui considèrent que les politiques sont pourris. En fait, plus que pourris, c'est immatures, le mot qu'il convient d'employer à leur égard : ils ont joué comme dans une cour de récréation, refusant obstinément, en déposant près de 20 500 amendements, d'aller jusqu'au bout du texte, et surtout, Jean-Luc Mélenchon l'a tweeté alors, refusant d'aller jusqu'au vote de l'article 7 du projet de loi (le cœur du projet, le passage à 64 ans), afin de pouvoir dire : les députés ne l'ont pas voté ! Une manipulation qui n'a trompé personne, évidemment. D'autant plus que la réalité constitutionnelle, cela a été au contraire que les députés ne s'y sont pas opposés.

Les syndicats ont été d'ailleurs agacés par ce comportement de garnements immatures car, au contraire, pour eux, il était essentiel que chaque député se positionnât clairement sur cet article 7. Cité le 17 février 2023 dans l'hémicycle par le député Olivier Falorni (MoDem) : « Je voudrais conclure ce bilan en citant quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect, le dirigeant d’une grande organisation syndicale réformiste dans laquelle je me retrouve souvent, Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT : "L’Assemblée Nationale donne un spectacle désolant au mépris des travailleurs. Honteux". Ce n’est pas un compliment pour vous ! ». Cependant, pour les syndicats, l'essentiel est dans la rue, et ils espèrent une forte mobilisation à partir du mardi 7 mars 2023 pour des manifestations et des grèves.

Rappelons le choix du gouvernement : l'utilisation de l'article 47 alinéa 1 de la Constitution pour un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale qui limite dans la durée le temps d'examen à l'Assemblée Nationale et au Sénat. L'avantage est d'éviter l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution en cas d'enlisement des débats. Or, cet enlisement était annoncé sans ambiguïté par l'opposition mélenchoniste. Le gouvernement a donc eu raison d'adopter cette voie institutionnelle, et contrairement à ce que tentaient de faire croire les parlementaires de l'opposition, le gouvernement n'a pas écourté les débats, ni bâclé la démocratie.

En effet, il suffit de comparer avec l'examen des deux précédentes réformes des retraites, plus complexes et au texte plus long, la réforme d'Éric Woerth en 2010 (passage à 62 ans) et de Marisol Touraine en 2014 (passage à 43 annuités). Le projet d'Élisabeth Borne a bénéficié de 21 séances d'examen à l'Assemblée Nationale, soit 73 heures et 30 minutes, tandis que la réforme Woerth n'a bénéficié que de 15 séances (8 heures de moins qu'en 2023) et la réforme Touraine 13 séances (30 heures de moins qu'en 2023).

À l'évidence, le gouvernement n'a donc pas bâclé les conditions de la discussion, mais simplement, l'opposition a refusé un comportement honnête en multipliant les amendements : 764 amendements en 2010, 3 120 amendements en 2014 et près de 20 500 amendements en 2023, soit beaucoup plus, comme l'a rappelé la Première Ministre : « La réalité est là : le gouvernement a laissé plus de temps au débat que lors des précédentes réformes. Alors, comment se fait-il que nous n’ayons même pas atteint l’article 3 ? La raison est simple : (…) plus de 20 000 amendements sur ce texte, 6 fois plus que pour la réforme Touraine et 27 fois plus que pour la réforme Woerth, alors même que ces textes comportaient trois fois plus d’articles que notre projet. ».

Avec ces amendements pour la plupart insignifiants (dont certains ne concernaient que des virgules ; d'autres puérils et méprisants : « Quand je vois certains vouloir renommer l’index seniors "feuille de salade", je me dis : quel mépris ! »), les groupes de la Nupes n'ont pas voulu le débat mais l'affrontement.

Élisabeth Borne l'a martelé : « Pris au piège par la manœuvre du Rassemblement national, vous avez hésité, commencé à retirer des amendements, mais trop peu et trop tard pour permettre d’arriver ne serait-ce qu’au cœur du texte. Il est vrai que vous avanciez en ordre dispersé. Dans un des oracles Twitter dont il a le secret, le cher leader de la France insoumise s’en est pris, une fois de plus, aux députés communistes, en leur reprochant de renoncer à leurs amendements. À cette brimade, il a ajouté un aveu saisissant, dans un rare éclair de lucidité : Jean-Luc Mélenchon a rappelé à la Nupes ce qu’elle devait éviter à tout prix : le vote. Il reconnaît ainsi ce que vous peinez à comprendre : vous n’avez pas de majorité sur ces bancs. Je vois bien les contorsions de la France insoumise, qui tente de rejeter la responsabilité de cet examen incomplet sur le gouvernement, tâtonnant pour prouver l’impossible. Bien sûr, votre droit d’amendement est total, mais vous l’avez dévoyé : pour vous, il n’est pas l’expression du débat, mais une arme de blocage. (…) Votre seul et unique objectif est d’enlever toute légitimité au Parlement. Vous aviez déclaré vouloir le chaos dans l’hémicycle : vous l’avez bien démontré ces dernières semaines, car fondamentalement, vous ne croyez pas à la démocratie, vous la minez en la transformant cirque. ». Dans les rares amendements de fond que la Première Ministre a qualifiés de « racoleurs et outranciers », la Nupes a voulu augmenter de 130 milliards d'euros les impôts et taxes des Français ! Comme si les Français n'étaient pas encore assez imposés.

La critique de la Première Ministre était bien ciblée contre la Nupes : « C’est vous, et vous seuls, qui avez choisi d’empêcher le débat. Votre seul et unique objectif est d’enlever toute légitimité au Parlement. Vous aviez déclaré vouloir le chaos dans l’hémicycle : vous l’avez bien démontré ces dernières semaines, car fondamentalement, vous ne croyez pas à la démocratie, vous la minez en la transformant cirque. (…) Certains parmi vous, en particulier sur les bancs de la France insoumise, ont choisi de salir la démocratie parlementaire. Vous avez multiplié les injures, les outrances et les menaces. Nous voulions débattre projet contre projet ; vous avez choisi d’enchaîner insulte sur insulte. (…) Les Français nous ont élus pour travailler et pour débattre, pas pour faire de l’hémicycle une foire d’empoigne. ».


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Élisabeth Borne a aussi attaqué le RN qui ne proposait rien de concret : « Avec cette motion de censure, le Rassemblement national montre sa vraie nature et le vide de son projet. Après deux semaines de mutisme dans l’hémicycle, l’extrême droite s’est enfin réveillée, naturellement pas pour faire des propositions, évidemment pas pour sauver notre système de retraite, surtout pas pour faire avancer le pays, mais pour une manœuvre grossière qui visait uniquement à obtenir un brevet de meilleur opposant. Qu’importe le fond, tant que le coup tactique est bon. Le Rassemblement national attend sagement, tapi dans l’ombre, pour voir où le vent tourne, et à la vingt-cinquième heure, il surgit pour se remettre au centre du jeu médiatique, mais toujours pas dans le débat démocratique. (…) La réalité, c’est que vous n’avez ni projet social, ni solution pour nos compatriotes, et qu’à plusieurs reprises, les Français ont refusé vos pseudo-solutions. Vous dressez un écran de fumée qui se veut le gage de votre respectabilité. Vous avancez masqués, refusant de participer au débat. Vous espérez que la discussion abîmera un peu plus l’image que nos concitoyens se font de nos institutions. Vous attendez que les débats se soient tenus pour attaquer, manipuler, récupérer. ».

Le résultat pour la Nupes a été pire que son objectif : le texte dans son ensemble a été considéré comme adopté avant même le début de l'examen de son article 3 et tout le texte a donc été déposé au Sénat puisque les députés n'ont pas pu tenir les délais (larges) fixés par la Constitution.

Un vote a néanmoins eu lieu après minuit le vendredi 17 février 2023, à la fin du temps consacré à l'examen de la réforme : en effet, le groupe RN a déposé une motion de censure et sa discussion a eu lieu pendant la nuit, juste avant la semaine de vacances parlementaires. Sans surprise, la motion de censure a été rejetée, puisqu'elle n'a été votée que par 89 députés (scrutin n°1097), les 88 membres du groupe RN ainsi que Nicolas Dupont-Aignan (on peut noter que la femme du maire de Béziers, Emmanuelle Ménard, n'a pas pris part au vote comme la totalité des députés de la majorité, de LR et de la Nupes).

Depuis des semaines, parmi les éléments de langage de l'opposition de gauche, il y a eu ce passage vidéo du député alors socialiste Olivier Dussopt qui s'opposait à la réforme Woerth en 2010. Pourtant, rappeler cela est plutôt contre-productif dans l'argumentation : cela signifie que Olivier Dussopt, devenu le ministre de cette nouvelle réforme des retraites, a évolué, a réfléchi, a compris que si on voulait sauver notre système de retraite par répartition, il fallait lui assurer un financement durable et autonome, sans déficit, et c'est facile d'anticiper avec la démographie, d'un côté les baby boomers, de l'autre l'espérance de vie en progression par rapport aux précédentes décennies. L'ancien ministre UMP, devenu député Renaissance Éric Woerth, interrogé sur BFMTV le soir du 9 février 2023, constatait avec amusement qu'Olivier Dussopt avait en effet évolué et plus généralement, ceux qui sont aux responsabilités ont des propositions forcément conformes à la réalité financière du pays, tandis que les populistes restent sur des postures simplistes et démagogiques. Rappelons aussi qu'aucun gouvernement n'est jamais revenu sur les précédentes réformes des retraites depuis la réforme d'Édouard Balladur.

D'autres, pour s'opposer à la réforme, osent brandir le programme du CNR mais ils devraient le relire : il n'a jamais été question d'autres retraites qu'à l'âge de 65 ans. Pérenniser le financement durable des retraites par répartition est justement préserver l'esprit du CNR. Renoncer à établir l'équilibre, c'est s'assurer un système en faillite dans quelques années, avec les conséquences qu'on peut savoir, sa faillite.

Autre élément de langage, la réforme des retraites ferait augmenter le chômage. La réponse d'Éric Woerth le 17 février 2023 dans l'hémicycle : « Certains disent que la réforme des retraites va augmenter le chômage. On a le droit de se pencher sur la question, il faut le faire. Mais ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas réformer les retraites ! Si vous adoptez un tel raisonnement, alors il vaudrait mieux fixer l’âge de départ à la retraite à 30 ans ! Ainsi, il n’y aurait plus de chômage du tout ! Les gens seraient à la retraite, pas de chômeurs ! Peut-être certains seraient-ils d’accord, demandant un droit à la paresse ! Les politiques de l’emploi, de lutte contre le chômage, passent par la croissance économique, les résultats des entreprises et la formation professionnelle. La réforme des retraites, c’est autre chose. On ne peut pas tout faire et tout dire au travers d’une réforme des retraites ! ».

Les débats à l'Assemblée n'ont été qu'une succession de rappels au règlement, d'incidents, d'invectives, de postures, de procédures, mais rien sur le fond. C'est une véritable imposture, une honte pour les électeurs, une honte aussi pour l'image de la France dans le monde, alors que le climat mondial est tendu, les menaces nucléaires élevées, etc.

Au lieu du film ou de l'émission de variétés, les téléspectateurs français ont pu voir lors des séances de nuit à quel point ces députés n'honoraient pas leurs honorables prédécesseurs sur ces bancs.

Je voudrais ainsi revenir sur une des attaques de l'opposition sur la situation des femmes dans ce projet de réforme. Certains membres de la majorité sont revenus sur ce mauvais argument en le confrontant à la réalité.

D'abord, le ministre délégué Gabriel Attal, qui a cité sa sœur en situation d'inégalité salariale, dans la séance de nuit du 16 février 2023 : « Je le dis calmement et tranquillement : ce qui peut être énervant ou agaçant, c’est le sentiment que vous donnez parfois de vous arroger le monopole de la défense des femmes. Je ne suis pas sûr que cela vous serve car on a l’impression, en vous écoutant, que vous considérez avoir été élus pour faire la leçon, là où nous considérons que nous avons été élus pour faire, tout court. Heureusement que les femmes n’ont pas attendu vos leçons de morale et votre prétendu monopole pour agir ! Heureusement que nous ne vous avons pas attendus pour doubler la durée du congé de paternité, dont on parlait depuis des décennies en France ! Heureusement que nous ne vous avons pas attendus pour augmenter de 50% l’allocation de soutien familial ! C’est 700 euros de plus par an pour les familles monoparentales, pour les femmes qui élèvent seules leurs enfants. Heureusement que nous ne vous avons pas attendus pour rendre la contraception gratuite pour les femmes de moins de 25 ans dans notre pays ! Heureusement que nous ne vous avons pas attendus pour mettre en place une garantie contre les impayés de pension alimentaire pour toutes ces femmes à qui leur conjoint ne verse pas de pension alimentaire ! (…) La réalité, comme vous le dirait le député Guedj s’il était là, car il est allé lui-même chercher les informations ce matin, c’est que la revalorisation des petites pensions prévue par la réforme bénéficiera deux fois plus aux femmes qu’aux hommes. Un million de femmes verront leur pension de retraite augmenter deux fois plus que celle des hommes. Cela, vous ne le supportez pas, parce que vous ne supportez pas que ce soit nous qui agissions. Vous préférez faire la leçon en permanence. Eh bien, ne vous en déplaise, nous allons continuer à agir, nous allons continuer à mener ce combat et nous savons, ce soir, que nous le mènerons sans vous. ».

Philippe Vigier (MoDem) a énuméré les avancées en faveur des femmes grâce à cette réforme, lors d'une intervention en séance de nuit le 6 février 2023 : « Vous n’avez pas l’apanage de la défense des femmes. C’est une cause qui nous est commune à tous. Je vais citer quelques exemples très simples qui illustrent les véritables avancées que le projet de loi comporte pour les femmes. Les carrières hachées concernent, vous le savez, des hommes et des femmes qui ont malheureusement connu des drames familiaux, professionnels, ou qui ont été atteints de maladies très graves. À l’heure actuelle, ces personnes, il s’agit majoritairement de femmes, doivent attendre l’âge de 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein. En 2015, lorsqu’elle était au pouvoir, la gauche n’est pas revenue sur cette injustice. Grâce à cette réforme, nous allons prendre trois mesures. La première concerne les personnes qui ont exercé des travaux d’utilité collective, des TUC. En 1989, et ce n’est pas Arthur Delaporte qui me contredira car il a participé, avec Paul Christophe, à une mission flash sur le sujet, 67% d’entre elles étaient des femmes. Grâce à ce texte, les trimestres effectués dans le cadre des TUC seront pris en compte dans le calcul de leurs droits à la retraite. Par ailleurs, les aidants, soit 9,3 millions de personnes, pourront intégrer quatre trimestres dans le calcul de leurs droits, de même que ceux qui ont pris un congé parental. Ces trois mesures concernent majoritairement des femmes. Alors, faites ce que vous voulez, chers collègues, mais les Françaises et les Français sauront, si vous balayez ce texte d’un revers de la main, que vous aurez voté contre les femmes ! ».

Dans un rappel au règlement, Philippe Vigier a également mis la socialiste Valérie Rabault devant ses contradictions lors de la séance de nuit du 17 février 2023 : « J’ai écouté madame Rabault avec l’attention qu’elle mérite car elle intervient à chaque fois pour tenir des propos qui sont fondés. Néanmoins, je lui rappelle qu’elle avait quelques responsabilités dans cette maison lorsque la loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites, dite loi Touraine, y a été examinée. Dans ce texte, avez-vous pris quelque disposition que ce soit contre les carrières hachées ou les injustices dont les femmes sont malheureusement victimes ? Certainement pas ! Vous avez laissé les choses se poursuivre. Je vous prends ainsi en flagrant délit d’incohérence parce que c’est grâce à ce gouvernement et au groupe Démocrate, présidé par Jean-Paul Mattei, suivi par le groupe Horizons et le groupe Renaissance, que les congés maternité dont les femmes ont bénéficié avant 2012 seront enfin pris en compte. ».

Le député Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) a aussi voulu promouvoir l'action du Président Emmanuel Macron en faveur des femmes : « Je ne peux pas vous laisser dire que rien n’a été fait dans ce domaine au cours du précédent quinquennat. Depuis tout à l’heure, vous nous parlez des femmes que vous rencontrez. Figurez-vous que nous en rencontrons, nous aussi ! Je peux vous parler de Marie et de Béatrice qui, comme 400 000 aides-soignantes et infirmières, ont vu leurs salaires augmenter ; de Béatrice, qui a perçu 250 euros de plus grâce à l’augmentation de l’allocation de soutien familial versée aux familles monoparentales ; de Stéphanie, dont le conjoint a pu prendre un congé de paternité deux fois plus long ; de Monique, qui a bénéficié de la réforme du versement des pensions alimentaires ; de Chantal, qui a vu sa prime d’activité revalorisée ; d’Anne, qui a pu profiter, comme de nombreuses femmes victimes de violences, des milliers de places d’hébergement d’urgence qui ont été ouvertes sous le dernier quinquennat ; ou encore d’Agnès, victime de violences conjugales, qui a pu être entendue, comme d’autres femmes, par l’un des 53 000 policiers et gendarmes formés à l’accueil des femmes victimes de violences. Je vous le dis sereinement, vous vous battez pour l’égalité hommes-femmes avec force et conviction. Nous aussi, tout autant que vous ! Alors cessez une bonne fois pour toutes les caricatures et les outrances ! Le combat pour l’égalité hommes-femmes est universel : personne n’a le monopole du cœur, personne n’a le monopole de ce combat. ».

Parlons aussi du respect des femmes au sein même de l'hémicycle. Je reviens ici sur un incident entre une députée FI et la Présidente de l'Assemblée Nationale elle-même qui a eu lieu en début de soirée le 16 février 2023 : la première a pleurniché en laissant croire que les réactions hostiles des députés de la majorité provenaient du fait que l'oratrice était une femme et pas un homme, mais dans ce registre, cela signifierait que les députés n'auraient plus le droit de contredire une femme, c'est absolument indéfendable comme raisonnement.

Aurélie Trouvé (FI) : « J’observe que quand une femme s’exprime dans cet hémicycle, il y a un brouhaha incroyable. Raison de plus pour poursuivre ce débat sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. ».

Yaël Braun-Pivet, présidant la séance : « Vous exagérez, chère collègue ! ».

Aurélie Trouvé : « Il est inadmissible, pour Ersilia Soudais comme pour toutes mes autres collègues femmes, qu’une intervention soit ainsi ponctuée d’exclamations ! ».

Yaël Braun-Pivet : « Franchement, comment pouvez-vous dire cela, madame Trouvé ? Nous siégeons dans un hémicycle qui, pour la première fois, est présidé par une femme ! Et j’ai à mes côtés cinq vice-présidentes, une première questeure et quatre présidentes de groupe. Alors, arrêtez ! ».

Cette stupide polémique a fait aussi réagir la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé : « Plus sérieusement, je demande aux députés de la Nupes de cesser de s’exprimer au nom des femmes. Nous ne les avons pas attendus et nous n’avons pas besoin d’eux. Les femmes sont présentes sur tous les bancs de cet hémicycle. Elles savent se défendre et se faire respecter pour ce qu’elles sont ! ».

Même message de la députée LR Véronique Louwagie : « Cela fait plusieurs fois que les députés de la Nupes s’expriment au nom des femmes de cette assemblée. Nous ne leur avons donné aucun mandat pour cela ! Je vous interdis de vous exprimer au nom des femmes de cet hémicycle ! Vous ne nous honorez pas ; au contraire, vous nous mettez en difficulté ! ».

Sandrine Rousseau (EELV), en criant : « Au fond, vous avez les mêmes arguments que le groupe RN. Or ce n’est pas parce qu’une femme s’en sort que toutes les autres s’en sortent aussi ! En l’occurrence, votre réforme des retraites va dégrader la situation de toutes les femmes françaises. Ce n’est pas parce que l’Assemblée Nationale est présidée par une femme que vous tous n’êtes pas sexistes ! ».

La discussion est allée loin puisque immédiatement après, un député FI a de nouveau attaqué la Présidente de l'Assemblée de manière complètement excessive en l'accusant d'une chose dont il était lui-même l'initiateur.

Ugo Bernalicis (FI) : « Vous pouvez rigoler, madame la présidente, mais moi ça ne me fait pas rire, et je vais vous dire pourquoi. Par une drôle de coïncidence, à chaque fois que vous présidez la séance, il y a des incidents. À chaque fois ! C’est tout de même étrange… Je pense que vous n’êtes pas Présidente de l’Assemblée Nationale : vous êtes un agent provocateur ! ».

De quoi faire réagir les femmes dans tous les groupes de la majorité.

Blandine Brocard (MoDem) : « J’en ai moi aussi assez que l’on s’exprime au nom des femmes. D’ailleurs, je ne suis pas ici en tant que femme, mais en tant que représentante de tous les Français. On ne défend pas la cause des femmes en les rabaissant. Car, en effet, je considère que vous nous rabaissez ! Il est trop facile de votre part de refuser toute critique. Votre seul argument pour la défense des femmes est qu’elles sont des femmes. Excusez-moi, mais nous valons bien mieux ! ».

Anne Le Hénanff (Horizons) : « Personnellement, j’estime que nous avons l’égalité dans cet hémicycle. Je vais vous dire pourquoi. Que ce soit un homme ou une femme qui s’exprime, nous réagissons au contenu de son intervention... ». L'oratrice a été alors interrompue par plusieurs députées FI avec des cris féministes. Elle a poursuivi : « Je reprends : en l’occurrence, ce n’est pas parce que madame Soudais est une femme que nous avons réagi à son intervention, mais parce que ses propos nous ont fait réagir, ce qui est tout à fait différent. ».

Perrine Goulet (MoDem) : « Il est déplorable que les députés de la Nupes, qui nous imposent en permanence leurs jérémiades sur le féminisme, tolèrent que monsieur Bernalicis insulte notre Présidente comme il vient de le faire. C’est une honte ! Quand on défend les femmes, on ne s’attaque pas à la Présidente de l’Assemblée Nationale ! Les scènes tumultueuses, c’est vous qui les provoquez, madame Rousseau. Constamment ! Vous êtes tous minables ! ».

Et ainsi de suite... C'est un exemple de débat stérile, il n'y a eu que cela pendant ces vingt et une séances, sans jamais aller vraiment au fond du texte, seulement des propos polémiques et provocateurs lancés par les députés de la Nupes qui ont fait réagir leurs adversaires (dans l'opposition, seuls quelques députés communistes, bien mal accompagnés, ont tenté de revenir sur le fond).

Ce qui a fait faire ce bilan désastreux de cette première lecture par Aurore Bergé (Renaissance) dans le débat sur la motion de censure, à une heure très avancée de la nuit (elle était l'avant-dernière oratrice et le vote a eu lieu à 2 heures 50 du matin) : « Cette motion de censure est donc le dernier acte de la tragi-comédie donnée depuis deux semaines par le Rassemblement national et la France insoumise. Nous ne sommes pourtant pas ici au spectacle. Nous sommes à l’Assemblée Nationale. Personne n’a le droit d’avilir notre démocratie. "En attendant l’article 7" restera tristement dans les mémoires comme l’un des épisodes les plus affligeants de l’histoire de l’Assemblée. Comme dans la pièce de Beckett, vos simagrées, vos fausses indignations et votre jeu outrancier ne trompent personne, dans le silence persistant de l’extrême droite et dans les contradictions absurdes de l’extrême gauche. Tous, vous nous dites "Allons-y !", puis vous demeurez immobiles, résolus à ne pas faire ce pour quoi les Françaises et les Français nous ont élus : débattre et voter. À chaque instant, nous pouvions voter ; à chaque instant, vous l’avez refusé. Au lieu de cela, vous préférez, pour les uns, obstruer les débats à coups d’amendements délirants, de rappels au règlement incessants, de provocations et d’injures ; pour les autres, vous enfermer dans un mutisme que vous rompez enfin, non pas pour enrichir les débats, mais pour tenter de censurer le gouvernement. Entre le creux et le néant, la frontière est infime. (…) Au fond, à l’extrême droite et à l’extrême gauche, vous n’avez toujours pas accepté d’avoir perdu l’élection présidentielle et les élections législatives, de ne pas avoir reçu la confiance des Français. ».

Et sa critique visait les deux populismes. D'abord le RN : « Nous vous avons vus, en chœur, d’un extrême à l’autre, défendre les régimes spéciaux : ici, celui des membres du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) ; là, celui des clercs de notaires. Nos collègues mélenchonistes ont abondamment usé du terme de "banquier" comme d’une insulte. Chacun a pu apprécier l’ironie de les voir défendre envers et contre tout le régime spécial de la Banque de France ! Rappelons que ce sont quelque 5,7 milliards d’euros qui comblent le déséquilibre des trois régimes spéciaux les plus importants. Pour le cas bien particulier de la RATP, les cotisations sociales ne représentent que 41% du financement des pensions de retraite ! Ce n’est pas aux contribuables de prendre en charge le coût de dispositifs devenus anachroniques ; nous l’assumons ! Il va falloir vous y résoudre : dans cet hémicycle, les seuls défenseurs du système par répartition sont sur les bancs de la majorité ! Qui, à part nous, pour admettre qu’un régime dont la situation démographique réclame des perfusions régulières d’argent public constitue une anomalie au regard du principe de solidarité entre les générations d’actifs ? ».

Ensuite FI : « Même s’il n’est plus sur le pont, force est de constater que le timonier garde une main ferme, à coups de tweets, sur la barre du navire insoumis ; le moindre écart du reste de sa flottille est vécu comme une mutinerie ! Vous avez réussi à écœurer les syndicats, à désabuser vos propres alliés et à faire honte au débat parlementaire. Pire, à la dignité de ceux qui manifestent et dont nous devons entendre les doutes et les inquiétudes, vous avez opposé une indignité constante. Il y a plus grave et plus impardonnable de votre part, collègues de la France insoumise : par l’obstruction imposée à toute la Nupes, vous avez fait le lit de la croissance du Rassemblement national. De part et d’autre de l’hémicycle, vous êtes les deux faces d’une même pièce : une pièce factice, truquée, qui n’a aucune valeur. Vos méthodes et vos propositions n’ont aucune valeur. Avec vos outrances, vos hurlements et vos invectives, vous donnez à l’extrême droite la possibilité de se planquer et de se faire oublier, et même de vous voler la vedette en déposant une motion sous votre nez ! ».

Nul doute qu'au Sénat, les débats seront plus calmes et qu'ils permettront de vraiment porter attention aux Français et au devenir de notre système de retraite.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (01er mars 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).

Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt.
Aurore Bergé.

Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230217-retraites.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/reforme-des-retraites-2023-apres-246749

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/02/18/39817745.html







 

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 14:39

« C’était un congrès tendu. Nous sommes parvenus à un accord de gouvernance globale qui intègre à la fois la majorité et la minorité. Nous avons prévu de nous voir une fois par semaine en recherchant le consensus. Chacun s’engage à respecter la ligne politique définie pour préserver et la cohérence et la solidarité. » (Olivier Faure, le 28 janvier 2023 à Marseille).



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Psychodrame chez les éléphanteaux en Provence. C'est terrible comme des tragédies pour les acteurs deviennent des comédies pour les observateurs. "Nuit d'épouvante au PS", c'est un film qu'on pourrait aussi titrer "Le laborieux destin d'Olivier Faure". Ce week-end, c'était la crise au parti socialiste à Marseille. Lors de son 80e congrès, les socialistes, comme d'habitude (voir Metz en 1979, Rennes en 1990, Reims en 2008), se chamaillent. Si au congrès de Metz, la bataille valait le coup (l'Élysée était à portée de main), aujourd'hui en 2023, avec un PS à la présidentielle complètement démonétisé (1,7% !), la bataille pour conquérir le PS paraît assez stérile et anachronique.

Le 19 janvier 2023 se jouait la bataille du second tour pour le poste de premier secrétaire. Les résultats, confirmés par la commission de récolement, ont proclamé Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, vainqueur d'une courte tête face à son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen.

Malheureusement pour la quiétude de l'appareil, le candidat battu, émanation rouennaise de Laurent Fabius, a refusé de s'incliner devant les quelques centaines de voix d'avance, alors qu'il sait que « les fraudes et irrégularités » sont en vogue dans ce parti depuis longtemps (avant lui, Ségolène Royal les avait dénoncées en 2008). Nicolas Mayer-Rossignol était même prêt à attaquer la direction socialiste en justice pour avoir gain de cause, ce qui rappelle le congrès de l'UMP en novembre 2012 avec la querelle entre Jean-François Copé et François Fillon.

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L'enjeu de ces querelles intestines était purement et simplement l'existence même du parti socialiste, car il ne survivrait pas à une éventuelle scission (1,7% divisé par deux...). Pendant la première nuit du congrès à Marseille, ce fut un échec total : les négociations n'ont pas abouti, si bien que l'hôte des lieux (cela se passait au Palais du Pharo), par ailleurs maire PS de Marseille, Benoît Payan, s'est bien gardé de prononcer son discours de bienvenue, ne sachant que dire devant un tel désastre.

L'agenda a été bouleversé pour laisser place à de nouvelles négociations dans la matinée de ce samedi 28 janvier 2023, jusqu'à l'accord dont le protocole a été rapidement validé par les 186 délégués du congrès, quasiment à l'unanimité (à bulletin secret, le vote par acclamation étant depuis longtemps proscrit pour éviter toute opposabilité). La réconciliation a eu lieu à 14 heures 30 dans un amphithéâtre pas vraiment rempli. Des journalistes ont parlé de fumée blanche, mais qui donc peut sérieusement comparer Olivier Faure à un pape ?

Résultat : tout le monde est chef, si bien que personne n'est chef. Plus une instance est nombreuse, moins elle décide (c'est une règle de management politique ; j'avais pu observer il y a une vingtaine d'années à quel point François Bayrou faisait grossir le bureau politique de l'UDF qu'il présidait, ce qui satisfaisait beaucoup de monde, et lui en premier car ce n'est évidemment pas dans un gros comité qu'on est opérationnel et qu'on prend des décisions).

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L'accord prend acte de la collégialité de la direction du PS. Olivier Faure sauve laborieusement son titre de premier secrétaire, mais se voit entourer de deux "premiers secrétaires délégués" (qui n'existent pas dans les statuts, mais qu'importe, les statuts ne les interdisent pas non plus !), qui ont les mêmes prérogatives que le premier secrétaire, qui sont Nicolas Mayer-Rossignol, son adversaire, et Johanna Rolland, la maire de Nantes, proche d'Olivier Faure. Trois premiers secrétaires, il va falloir réapprendre à compter !

On sait cependant ce que vaut un tel titre, "délégué", c'est-à-dire, pas grand-chose. Dans un autre parti et dans un autre temps, au Centre des démocrates sociaux (CDS), composante démocrate-chrétienne de l'UDF, le congrès d'Angoulême en octobre 1991 était promis à un quasi-putsh : Dominique Baudis allait renverser la table et prendre le pouvoir dans ce parti. Le président sortant Pierre Méhaignerie, très habile politique, a réussi à finalement éviter la confrontation et à l'intégrer à la direction comme "président délégué". Extrait du journal "Le Monde" le 13 octobre 1991 : « Par 448 contre 372, les militants du CDS tenant jusqu'à dimanche leur huitième congrès à Angoulême ont ratifié une motion instituant de fait une double présidence, "afin, précise ce texte, d'assurer au CDS sa pleine efficacité à la veille d'événements politiques majeurs et de donner concrètement l'exemple de l'union". Les centristes ont refusé l'affrontement entre M. Pierre Méhaignerie et M. Dominique Baudis. ». Rien n'a alors changé jusqu'à la conquête du CDS par François Bayrou en décembre 1994 à Vincennes.

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Johanna Rolland aurait dû montrer plus de neutralité et elle aurait pu être nommée unique première secrétaire, afin de désamorcer la bataille de coquelets entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol. Au lieu de cela, elle ne sera qu'une faire-valoir d'Olivier Faure et une caution féminine du PS.

Dans son discours de clôture du congrès, le dimanche 29 janvier 2023, Olivier Faure a déclaré, intimiste, à l'adresse de son rival : « Il y a eu des mots blessants, des désaccords surjoués, et une dernière semaine où de nombreux militants se sont sentis insultés, pas respectés (…). Mais, toi et moi, nous avons fait un choix. Celui de dépasser ces moments [et] faire ensemble plutôt que les uns contre les autres (…). Toi et moi, nous allons faire mieux. À partir de demain, apportons-en la démonstration claire. ».


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Tandis qu'Olivier Faure avait refusé initialement toute collégialité, Nicolas Mayer-Rossignol aurait voulu faire nommer trois premiers secrétaires délégués, la troisième aurait été Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, farouchement opposée à l'intégration du PS dans la Nupes (le vrai sujet de divergence des protagonistes), concurrente des deux autres, qui a échoué dès le premier tour le 12 janvier 2023. Celle-ci, finalement, se retrouve présidente du conseil national (l'équivalent du parlement du parti), poste avait occupé bien avant elle une certaine... Ségolène Royal (pour la faire patienter).

Si Nicolas Mayer-Rossignol a réussi à mettre le pied dans la porte de la direction du PS, il n'a en revanche pas résolu le problème de gouvernance du PS. En rendant obligatoire le consensus dans les décisions, le protocole d'accord contraint le parti socialiste à l'immobilisme permanent. Celui qui se frotte les mains, bien entendu, c'est un ancien apparatchik du PS qui l'a quitté depuis quatorze ans, Jean-Luc Mélenchon. Nicolas Mayer-Rossignol, lui, ne cesse de répéter comme un mantra : « Il faut que le PS retrouve des couleurs, de l’énergie, de l’enthousiasme ! ». Pour cela, le PS devra d'abord quitter le service des soins intensifs (au risque d'être transféré au service des soins palliatifs).


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (29 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nuit d'épouvante au PS.
Le laborieux destin d'Olivier Faure.

PS : ça bouge encore !
Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

_yartiPS2023E04




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230129-olivier-faure.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/01/29/39795973.html




 

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20 janvier 2023 5 20 /01 /janvier /2023 03:45

« Les militants ont donc reconduit Olivier Faure à la tête du parti socialiste. Les résultats définitifs seront proclamés à l’issue du vote des délégués du congrès de Marseille. » (Communiqué du PS du 20 janvier 2023).




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Le congrès du PS à Marseille en janvier 2023 sera-t-il comme le congrès du PS à Reims en novembre 2008, lorsque Ségolène Royal revendiquait sa victoire face à Martine Aubry ? Probablement pas, car en 2008, il y avait un enjeu majeur, celui d'affronter en 2012 le Président sortant Nicolas Sarkozy avec des chances non négligeables de l'emporter au second tour (à l'époque, c'était Bertrand Delanoë qui avait le vent en poupe parmi les éléphants). En 2023, rien de tout cela, même si la confusion reste similaire. Dans la nuit du 19 au 20 janvier 2023, les deux concurrents socialistes ont en effet revendiqué leur victoire.

La situation ne pouvait donc pas être pire au parti socialiste au lendemain du second tour du vote de la motion et du premier secrétaire qui y est associé. Les 42 365 adhérents du PS étaient appelés ce jeudi 19 janvier 2023, de 17 heures à 22 heures, à départager le premier secrétaire sortant Olivier Faure, par ailleurs député de Seine-et-Marne, et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, proche de Laurent Fabius.

Au-delà des personnes, c'était bien une vision de l'avenir, plus morose que rose, du parti à la rose qui s'affrontait : d'un côté, la soumission totale au chef des insoumis Jean-Luc Mélenchon (qui a gagné provisoirement son OPA sur la gauche en 2022) ; de l'autre côté, le retour des éléphants dans l'indécision, l'immobilisme et l'absence d'horizon politique à moyen terme. Il est sûr que c'était difficile pour les rares socialistes qui étaient restés fidèles à leur parti après les tremblements de terre de 2017 et de 2022.

Ce second tour a mobilisé à peine plus d'adhérents qu'au premier tour du 12 janvier 2023, à savoir un peu plus de 800 suffrages exprimés de plus que la semaine précédente (je ne peux évoquer que les suffrages exprimés car d'après les résultats officiels publiés actuellement par le PS, il n'y aurait eu aucun vote blanc ou nul pour ce second tour, au contraire des 241 au premier tour, ce qui peut d'ailleurs intriguer). Cela reste très faible, à savoir seulement 56,1% des inscrits (à comparer aux 54,2% du premier tour).

Le scrutin fut très serré, moins de 600 voix séparent les deux candidats. Olivier Faure a gagné avec 12 076 voix, soit 50,8% tandis que Nicolas Mayer-Rossignol, qui pensait être victorieux pendant le dépouillement nocturne, n'a obtenu que 11 683 voix, soit 49,2% des suffrages exprimés. C'est donc Jean-Luc Mélenchon qui doit se frotter les mains ce 20 janvier 2023 car son opération visant à phagocyter définitivement son ancien parti va pouvoir se poursuivre jusqu'à son achèvement. Ce n'est un secret pour personne de rappeler qu'Olivier Faure rêverait de succéder à Jean-Luc Mélenchon comme leader de la Nupes, mais il est bien le seul à rêver ainsi ; la dynamique présidentielle, c'est plutôt de faire un rêve collectif.

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Quant aux éléphants, très déçus, dont on devine la proximité avec l'ancien Président François Hollande qui, ces derniers jours, s'épanchait sur tout et sur rien dans les médias, ils ont raté leur opération visant à reconquérir le parti socialiste pour redonner sa place de parti gouvernemental et responsable dans la perspective d'une élection présidentielle en 2027 très ouverte par l'impossibilité de nouvelle candidature du Président actuel Emmanuel Macron.

Le congrès qui entérinera ce vote, quatre-vingtième du nom depuis la création de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) le 25 avril 1905 dans une salle du boulevard de Strasbourg, à Paris, par la fusion du parti de Jean Jaurès et de celui de Jules Guesde, aura lieu la semaine prochaine, du 27 au 29 janvier 2023 à Marseille, ville que le PS a reconquise en juin 2020 sur la droite républicaine après vingt-cinq ans d'échecs électoraux.

La motion soutenue par Nicolas Mayer-Rossignol reconnaissait avec lucidité l'avenir sombre de ce parti : « Sans débat sur le fond, sans clarification politique, notre parti se divisera encore et, de départs en scissions, achèvera de se dessécher. (…) Notre tâche est de dégager un horizon réparateur et d’apporter des réponses à la colère, pas seulement de l’accompagner surtout quand elle est dévoyée et se trompe de cible. ». Tout y était dit.


Aussi sur le blog.


Sylvain Rakotoarison (20 janvier 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
PS : Éléphants vs Nupes, la confusion totale.
Olivier Faure.
Le leadershit du plus faure.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Anne Hidalgo.
Le socialisme à Dunkerque.
Pierre Moscovici.

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