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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 07:30

C’est le jeu du ni-rigueur, ni-austérité mais du plus-juste. Pourtant, cette communication politique ne trompe personne. François Hollande s’engage résolument sur les pas de son prédécesseur… mais ses sbires refusent obstinément de l’admettre publiquement.


yartiAyrault2012092701Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault était l’invité de l’émission (très longue) "Des Paroles et des actes" animée par David Pujadas le jeudi 27 septembre 2012 sur France 2 et avait invité à cette occasion presque tout son gouvernement sur le plateau télévisé.

Le moment politique est crucial puisque ce vendredi 28 septembre 2012, le conseil des ministres adopte le projet de loi de finances pour l’année 2013, soit le premier budget du quinquennat de François Hollande. Il aurait sans doute été plus pertinent de faire cette émission après la présentation du budget et pas avant, mais le conseil des ministres avait été exceptionnellement retardé de deux jours pour cause d’Assemblée générale de l’ONU.

Jean-Marc Ayrault a été égal à lui-même, à savoir pas très "ayraultique", peu dynamique dans son expression même si l’on sent bien qu’il a à cœur de convaincre que son gouvernement va dans la bonne direction. Le problème, c’est qu’il ne l’indique pas clairement et qu’il a atteint Matignon sur un malentendu grave de la campagne présidentielle de François Hollande qui n’a cessé de trompé ses électeurs.

Pour preuve, cette dichotomie entre les discours d’avant et d’après élections. Ainsi, pendant la campagne, Jean-Marc Ayrault s’était bien gardé de dire, comme jeudi soir, qu’il était un social-démocrate (terme la première fois revendiqué par Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire socialiste de 2006). Au contraire, à l’instar de François Hollande dans son discours du Bourget le 22 janvier 2012, il s’agissait de désigner l’ennemi, les puissances de l’argent !

Alors, évidemment, pour l’opposition, il y a une certaine "schizophrénie" (je sais le terme impropre) à critiquer le gouvernement et à critiquer le fait qu’il ne tienne pas des promesses irresponsables et déraisonnables. Mais il y a aussi une "schizophrénie" dans ce socialisme de gouvernement depuis 1981. C’est souvent cela lorsque le PS est au pouvoir : il cherche à préserver sa magie de gauche (par le verbe) tout en gérant (mal) comme le ferait un gouvernement de centre droit. La meilleure illustration est la manière dont a réagi (en deux temps) le Ministre de l’Industrie Arnaud Montebourg sur la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-bois.

Sommet de cette "schizophrénie" politique : accepter le maintien des ministres écologistes alors que leur parti s’est clairement opposé à la ratification du TSCG (j’en reparlerai) qui est pourtant l’une des pierres angulaires de la politique gouvernementale. D’ailleurs, rappelons que ce traité européen signé le 2 mars 2012 n’a pas été renégocié (contrairement à une promesse de campagne) et c’est tant mieux, car on ne revient pas sur la parole de la France après un accord entre vingt-cinq pays, la France n’est pas seule au monde ; c’est pour cela que l’UMP et les centristes ont déjà annoncé qu’ils voteraient en faveur de sa ratification alors que c’est beaucoup moins clair dans la majorité parlementaire.

Très habile dans l’emmaillotage des décisions difficiles, Jean-Marc Ayrault affirme que la simple arrivée des socialistes au pouvoir en France aurait fait bouger les lignes en Europe ! Il le justifie en parlant d’un accord pour réinjecter 120 milliards d’euros dans la croissance européenne (cette somme était déjà négociée avant l’arrivée de François Hollande à l’Élysée !) et d’une union bancaire. Il faut être bien franco-français pour ne pas voir que tout ceci n’est qu’illusion pour faire passer la pilule et rester un petit peu crédible malgré des propos de campagne excessifs. Même l’union bancaire est déjà remise en cause récemment par Angela Merkel elle-même. C’est cela l’arrogance française, croire ou faire croire que toutes les décisions européennes ne dépendent que de notre pays et pas des autres (qui ont, eux aussi, leurs propres soucis de politique intérieure).

Le gouvernement refuse en fait de dire qu’il applique l’austérité parce qu’il a peur de le dire. Pourtant, il confirme également la réduction à 3% du déficit budgétaire pour l’année 2013. Et quand il doit bien reconnaître qu’il y a des efforts à réaliser, il les accompagne de l’argument fallacieux d’une plus grande justice.

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C’est même presque mensonger quand Jean-Marc Ayrault a le toupet de dire que neuf Français sur dix ne seront pas touchés par une hausse des impôts. C’est faux car le gel du barème de l’impôt sur le revenu engendre mécaniquement une hausse d’au moins 2% de l’impôt sur le revenu, sauf pour les deux premières tranches. Il ne s’agit donc pas de faire payer l’effort par les plus riches (la taxe supplémentaire de 75% sur les "très très riches" ne rapportera que 200 millions sur un effort de 30 milliards d’euros, même pas 1% !) mais bel et bien sur la plus grande partie des Français et en particulier cette classe moyenne régulièrement utilisée comme vache à lait. Qu’il le dise au moins !

Le problème crucial du budget 2013, c’est que si le gouvernement réduit effectivement le déficit chronique, il le fait en augmentant massivement les impôts, pour une raison simple : c’est qu’il augmente massivement les dépenses, et c’est cela qui est complètement déraisonnable. Ainsi, le recrutement de 40 000 fonctionnaires dans l’Éducation nationale dès 2013 est une mesure électoraliste sans intérêt ni pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement (la France a déjà le plus fort taux de dépenses par élève) ni pour la revalorisation du statut de professeur, et va augmenter les dépenses de 2 milliards d’euros. Et d’autant plus inapplicable qu’il est déjà difficile de trouver des candidats valables au CAPES et à l’agrégation.

Pourtant, de l’argent, il y en avait à prendre ailleurs. Par exemple, il est très incompréhensible que le budget 2013 n’a pas supprimé les niches fiscales relevant des DOM-TOM, qui permettent à des foyers aisés de ne pas payer d’impôt sur le revenu en investissant dans l’outremer alors que les dispositifs Pons et Girardin n’ont jamais été efficaces dans le développement économique. De même, le taux réduit de la TVA dans la restauration, pourtant si contesté par les socialistes à l’époque de son instauration malheureuse, n’a pas non plus été supprimé. Les lobbies ont-ils eu raison de la volonté gouvernementale ?

Il est faux de dire que seuls les foyers aisés vont payer les 16 milliards d’euros d’effort (10 milliards pour 2013 et 6 pour la loi rectificative de 2012) : les ouvriers, les employés qui font des heures supplémentaires vont gagner en moyenne 100 euros de moins chaque mois à cause de la suppression des exonérations des heures supplémentaires. De même, ceux des salariés qui reçoivent de la participation de leur entreprise perdront également une partie de celle-ci avec la fin de sa défiscalisation (décidée pour dès 2012).

Sans doute que la plus grande erreur de ce budget 2013, c’est de tabler sur une croissance de 0,8% alors que tous les économistes l’évaluent à 0,3% au mieux, ce qui correspondrait à une perte de 5 milliards d’euros (si bien que l’objectif d’un déficit à 3% du PIB risque de ne pas être tenu). La dette en 2013 va atteindre son niveau maximal avec 91% du PIB (les critères de Maastricht, c’était 60% maximum).

Autre dichotomie dans le langage du social-démocrate à Matignon : Jean-Marc Ayrault parle à plusieurs reprises du manque de compétitivité des entreprises françaises, ce qui est un diagnostic pertinent mais que ses prédécesseurs avaient aussi déjà établi. En revanche, il ne va pas plus loin et ne dit pas comment rendre les entreprises plus compétitives en bottant en touche sur les négociations sociales à venir.

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À l’issue d’un échange sportif d’une demi-heure avec la jeune et perspicace Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Marc Ayrault n’a pas du tout été clair sur le futur, et même s’il refuse à le dire, il serait fort probable que le gouvernement augmente la CSG pour 2014 et les années à venir (car le but est encore de réduire le déficit, et il faut bien les trouver, les milliards, ce sont depuis 2011 près de 100 milliards d’euros par an à trouver en cinq ans).

La dichotomie entre l’avant et l’après-élections est également palpable sur les sujets de société. Alors que le candidat François Hollande avait insisté sur le fait qu’il ne diviserait pas les Français (vous vous rappelez, la fameuse tirade "Moi, Président de la République"), le Président François Hollande reste toujours aussi motivé pour faire passer des projets de société qui n’ont aucune urgence et qui vont cliver durablement la société française, comme le droit de vote aux étrangers, le mariage pour les couples homosexuels (j’en reparlerai) ou encore l’euthanasie active.

Sur les sujets de sécurité, il n’y a pas beaucoup de différences non plus avec la politique précédente, notamment avec les expulsions des "Roms" qui continuent (la police nationale fait même "sous-traiter" le problème par des habitants en colère, en leur laissant même la liberté d’incendier les affaires personnelles, comme à la cité des Créneaux à Marseille ce jeudi soir, quand Jean-Marc Ayrault ainsi que Manuel Valls étaient déjà dans les studios de France Télévisions). Même le récépissé de contrôle d’identité est remis en cause.

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En définitive, que penser de cette prestation de Jean-Marc Ayrault ? À mon sens, qu’il n’a pas le courage de donner les mots à sa politique d’austérité, que cet emballage verbal, de toute façon, ne trompera personne et sûrement pas à sa gauche, et qu’à l’épreuve du pouvoir, les socialistes apportent à la politique de Nicolas Sarkozy une curieuse saveur de crédibilité.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Hollande la farce.
Ayrault demande la confiance.
Gouvernement Ayrault II.
Programme du candidat Hollande.
Cécile Duflot est-elle encore au gouvernement ?
 
yartiAyrault2012092704

 

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/budget-2013-comment-ayraultiser-l-123419

 

 

 

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 06:28

La crise de septembre 2008 a commencé en septembre 2012. Enfin, dans le cerveau de François Hollande et de ses ministres, bien sûr. Les Français, victimes du chômage, de la précarité, de la pauvreté, eux, savaient bien qu’elle était là, la crise. Depuis quatre ans, au moins !


yartiFarce01Les jeux du cirque sont toujours divertissants et seraient plaisants à voir s’ils ne mettaient pas la France dans une position inquiétante pour son avenir.

Après votre prestation du 9 septembre 2012 sur TF1, me voici convaincu que vous êtes, Monsieur François Hollande, un champion olympique multitâches : à la fois bouffon (vous aimez plaisanter), clown (vous savez, celui qui dit avec une grosse voix qu’il est le Président de la République), funambule (un doigt de pied à gauche à 75%, un doigt de pied à droite en pleine valse des "Roms"), dompteur (de la haute finance, je crains pour votre tête, ça ne pardonne pas, les grands fauves), et avant tout, acrobate (avec le filet de votre majorité godillot).

Et heureusement, vous avez toute une armée mexicaine, une fine équipe de gaffeurs en tout genre et surtout, de prestidigitateurs… dont le meilleur est sans doute Arnaud Montebourg.

Comment un scénario politique aussi téléphoné pouvait-il se réaliser sans embûche ? C’est le mystère de la démocratie française. Pourtant, ce n’était pas faute d’être prévenu. Dès le 22 janvier 2012, l’issue était déjà connue. Pas celle de l’élection (je ne suis pas madame Soleil et je n’ai pas pour habitude de préjuger du vote des électeurs).

L’issue ? Un programme attrape-mouches pour faire un peu sérieux quand on surfe sur l’antisarkozysme primaire (avez-vous remarqué à quel point Nicolas Sarkozy a su redresser la barre ? qui aurait cru qu’il allait quand même atteindre 48,4% au second tour, mieux que Valéry Giscard d’Estaing en 1981, alors que les sondages lui donnaient à peine 40-45% ?) et une supposée préparation à gouverner après dix longues années de longues méditations entre éléphants carnivores.

Les Cassandre ne seront donc jamais écoutées dans le pays… Les on-vous-l’avait-bien-dit seront remisés au fond de la classe en attendant les jours meilleurs.

La crise financière était-elle donc bien la plus grave depuis 1929 ? Vous la découvrez ce dimanche, vous, énarque, vous, diplômé de la plus grande école de commerce, alors que cela fait quatre ans qu’on vous le martèle, Monsieur Hollande ! Jusqu’à la dernière minute de la campagne, vous l’avez niée, vous l’avez sous-estimée, vous l’avez négligée, vous l’avez oubliée, vous l’avez ignorée, et soudain, parce que l’incendie continue de se propager à tous les étages de l’État, vous criez enfin au feu ! Vous vous étonnez alors qu’on vous l’avait dit ! Incompétence ou hypocrisie ? Légèreté ou tromperie ? Les deux ?

L’endettement de la France était-il catastrophique ? Oui, bien sûr, vous l’avez évoqué pendant la campagne présidentielle. Des 600 milliards d’euros d’augmentation entre 2007 et 2012, les deux tiers proviennent des mesures dépensières décidées par le gouvernement …de votre ami Lionel Jospin ! en particulier les 35 heures. Eh oui, le PS ne reste pas longtemps au pouvoir (jamais plus de cinq ans, les électeurs le renvoient systématiquement après une prestation), mais il a le chic, quand il gouverne, de dépenser pour le long terme (sorte de souvenir à laisser de son passage dans l’histoire). Et vous vous apprêtez à faire de même en embauchant 60 000 fonctionnaires supplémentaires, soit 60 000 carrières d’au moins 40 ans, ainsi que leur future retraite, un investissement massif irresponsable dont l’efficacité n’a jamais été démontrée si ce n’est à finalité électoraliste.

Le Traité européen devait-il être renégociable ? Bravo Monsieur Hollande, vous avez poursuivi la seule politique qui vaille, celle d’une intégration européenne plus grande, mais nous n’avez pas le courage d’aller jusqu’au bout en inscrivant dans la Constitution cette nécessaire règle d’or budgétaire qui doit empêcher vos successeurs d’user de la même démagogie clientéliste que celle appliquée par facilité depuis plus de trente ans.

La TVA restauration était-elle une escroquerie de la droite et fallait-il la relever ? Bingo, vous la préservez, par faiblesse devant des groupes de pression (saurez-vous un jour gouverner ?), sous l’incompréhension même de l’opposition déjà très réticente lorsque la mesure fut mise en place… 4 milliards d’euros partis en fumées. Les contribuables vous applaudissent !

L’expulsion brutale des gens du voyage vous révulsait sous votre prédécesseur ? Vous poursuivez avec le même entrain, sans craindre la foudre de vos propres troupes. J’avais compris dès le 23 avril 2012, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, que vous ne défendiez pas plus la morale que votre concurrent. Que la morale n’était pas un critère de distinction entre vous deux quant il s’agit de racoler sur la place publique les voix de partis ouvertement extrémistes (Arnaud Montebourg a même eu le toupet de dire qu’il n’y avait pas de différence sur l’immigration entre le PS et le FN !).

Ne mêleriez-vous pas votre vie privée à votre vie publique comme vous avez accusé votre prédécesseur de l’avoir fait ? Il ne s’est pas passé un mois que votre charmante compagne ait agi publiquement contre la mère de vos enfants en des termes clairement humiliants. Oui, certes, vous ne contrôlez pas tout le monde, mais votre prédécesseur non plus, quoi qu’on ait voulu affirmer !

Vous dénonciez tout népotisme, vous candidat à la Présidence de la République, mais vous-même et vos ministres n’avez pas hésité une seconde à recruter des proches, des conjoints, des amis, des banquiers, dans vos cabinets, dans les institutions de la République, et votre gouvernement pléthorique, vos innombrables commissions (comités Théodule, comme les appelait De Gaulle), semblent donner le signal que vous voulez absolument faire fructifier votre furtif passage au pouvoir.

Vous vouliez la démocratie interne pour votre parti et vous choisissez à la tête du plus grand parti de France, sans consultation aucune, dans le secret des conciliabules opaques des palais nationaux, un sbire de Julien Dray épaulé par le maréchal en chef de la magouille en politique, déjà condamné pour abus de biens sociaux (le sbire de Dominique Strauss-Kahn n’aurait pas été meilleur, certes, et je comprends parfaitement cette déstrauss-kahnisation de la politique et de l’économie).

Oui, dans ces jeux du cirque, il était connu d’avance que la rentrée 2012 allait être chaude. Pour tout le monde, d’ailleurs, pour l’UMP qui est profondément divisée (j’y reviendrai), pour les centristes orphelins de candidat et de parti et en quête de sens (j’y reviendrai aussi), pour les écologistes incapables d’avaler vos couleuvres discrètement, et enfin, pour le PS et ses hiérarques qui commencent enfin à comprendre que l’exposition médiatique aux nouvelles technologies (twitter, facebook, iphone, ipad etc.) rend l’exercice du pouvoir plus que périlleux vis-à-vis de l’opinion publique.

Dans votre numéro de mimétisme mitterrandien qui n’en finit pas depuis janvier 2010, vous avez oublié un élément important : vous n’allez plus maîtriser votre parti et c’est un risque majeur pour vous. Vous avez laissé en jachère les compétences gouvernementales de Martine Aubry au profit de l’insipide Ayrault et même vos conseillers susurrent que par manque d'autorité, il est trop autoritaire avec vos ministres (voir le limogeage de la consciencieuse Nicole Bricq du Ministère de l’Écologie) et que vous allez devoir faire vous-même la coordination gouvernementale (ce que vous reprochiez à votre prédécesseur) dans l’attente de trouver une opportunité pour nommer un nouveau locataire à Matignon (dont le nom ne pourrait être que Manuel Valls, regardez l’horizon dégagé et quasi-vide de vos écuries !).

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À propos d’écurie, Arnaud Montebourg est peut-être le meilleur exemple de l’année : sa duplicité (décalage entre verbe et actes) avait déjà été mise à jour en mars 2008 en cumulant (lui le pourfendeur du cumul !) son siège de député et la présidence du conseil général de Saône-et-Loire. Ses amitiés avec un jeune banquier désormais très influent (et employeur de sa compagne), et surtout, sa démagogie préélectorale et son action ministérielle paraissent fournir un morceau de choix dans le championnat du "foutage de gueule" (comme on dit). Car son petit numéro irresponsable à la suite de la décision de PSA de fermer l’usine Peugeot d’Aulnay-sous-bois et sa marche en arrière raisonnable après un rapport connu d’avance donnent de nouveaux arguments pour fustiger la gouvernance et reporter sa confiance vers des partis extrémistes qui n’apporteront rien au débat national.

François Mitterrand avait attendu juin 1982 pour commencer son virage de la rigueur (même si son grand argentier Jacques Delors, le père de la chef sortante du PS, avait demandé une pause des réformes dès octobre 1981).

Vous, Monsieur Hollande, magicien de la communication, centriste chez les centristes, gauchiste chez les gauchistes, champion national de la double langue de bois, vous réussissez le tour de force de ne rien avoir fait pendant quatre mois et de découvrir à la fin de l’été l’urgence de la situation grave qui plombe l’économie et l’emploi. Vous avez su garder le triomphe modeste mais vous êtes de la même farine que votre prédécesseur, et c’est en cela que vous avez trompé vos électeurs. Que, au bout de trois mois, des hebdomadaires soient capables de placer en une "Sarkozy avait-il raison ?" montre le chemin qu’il vous reste à parcourir pour entrer dans la fonction.

Normal, l’Élysée, c’est bien un lieu exceptionnel.
Il ne suffit pas de cacher son arrogance pour avoir la stature.

Et vous, électeurs de François Hollande :
Vous l’avez voulu ?
Assumez jusqu'au bout !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 septembre 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Programme de François Hollande.
État des finances publiques en 2012.
Le redressement selon saint Ayrault.
Bilan Sarkozy.
Tribune de KozToujours (du 4 septembre 2012).
Ayrault sur siège éjectable ?

yartiFarce03 

 

  http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-farce-tranquille-et-la-france-122675

 

 

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 06:56

Le changement, ce n’est certainement pas pour maintenant ! Au contraire, tout dans l’attitude du nouveau Président de la République, montre qu’il est le représentant des pratiques les plus rétrogrades.


yartiHoll14juil01Le nouveau Président de la République François Hollande a renoué avec la traditionnelle interview du 14 juillet, dans un luxueux palais de la République donnant sur la place de la Concorde (auquel n’a rien à envier le Fouquet’s). Institué par François Mitterrand, confirmé par Jacques Chirac, cet exercice d’explication aux Français avait été supprimé par Nicolas Sarkozy qui préférait des interventions publiques plus fréquentes et plus spontanées.

Loin de changer la pratique présidentielle de type quasi-monarchique, François Hollande a au contraire emboîté les traces de ses prédécesseurs dans le rôle du souverain répondant à deux journalistes (un homme, une femme) de manière aussi obséquieuse et hypocrite que dans le passé.

Si je dénonce cette forme, ce n’est pas pour refuser dans l’absolu cet exercice qui me paraît sain, il faut savoir s’exprimer régulièrement aux Français et François Hollande, sans arrêt absent en raison des derniers sommets internationaux, après l’installation de l’Assemblée Nationale et le discours de politique générale de son Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, avait besoin d’apporter ses précisions avant le départ en vacances de ses contemporains et avant une rentrée qui sera sans doute "chaude". C’est juste pour pointer du doigt la grande hypocrisie du slogan "Le changement, c’est maintenant".

Car il n’y a aucun changement avec François Hollande à l’Élysée. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau : depuis une trentaine d’années, les vrais conservateurs, ce sont les socialistes et pas le centre droit. Ce sont les socialistes qui refusent de réformer la France pour l’adapter à la période économique difficile d’aujourd’hui. Ce sont les socialistes qui sont attachés aux acquis des salariés alors qu’il y a de moins en moins de salariés et de plus en plus de demandeurs d’emploi. Si Nicolas Sarkozy s’est montré "brouillon" et maladroit, dans bien des domaines, il avait eu au moins le courage de faire quelques réformes pour éviter à la France un destin à la grecque.

Dans les réponses de François Hollande, il n’y a rien de nouveau. Seulement du Mitterrand en moins bon, de la langue de bois, des propos convenus.

Je m’arrêterais à quelques sujets.


Twitter et Élysée

Le tweet de Valérie Trierweiler, par exemple. Honnêtement, il n’est pas responsable de cette malheureuse affaire qui a mis en scène deux femmes importantes de sa vie qui se détestent. Cependant, quelle prétention de vouloir condamner son prédécesseur, soi-disant trop peu distant avec sa vie privée (Carle Bruni appréciera), alors que lui-même est incapable de séparer le privé du public au point de violer son propre principe de ne pas prendre part aux affaires du PS en soutenant explicitement son ancienne concubine à La Rochelle.

C’est clair qu’un Président de la République n’a plus de vie privée (surtout en France qui semble rester dans une considération monarchique du chef de l’État, au contraire des pays nordiques), et qu’il doit l’assumer (pour bien connaître la vie politique, François Hollande le savait depuis longtemps). Il a bien sûr raison lorsqu’il refuse tout statut au conjoint de Président de la République, puisqu’il faudrait d’abord définir ce qu’est un conjoint. Il existe déjà un statut civil assez facile pour le définir, c’est le mariage, or, François Hollande n’est même pas marié, comment donc considérer Valérie Trierweiler, par ailleurs encore mariée (il me semble), comme sa conjointe ?

Je comprends également que celle-ci souhaite continuer son métier et sa carrière (pourquoi la femme devrait-elle toujours sacrifier sa carrière au profit de celle de son compagnon ?), mais hypocrisie encore de vouloir continuer à faire du journalisme politique comme ordinaire …et avoir un staff avec bureau et secrétariat à l’Élysée !

Plutôt que d’en parler, s’il était vraiment franc avec son refus de mélanger privé et public, François Hollande aurait dû refuser purement et simplement de s’exprimer sur le sujet au lieu de répondre maladroitement et sans conviction.


Sur les pas de Nicolas Sarkozy

François Hollande refuse régulièrement le titre de "collaborateur" à son Premier Ministre Jean-Marc Ayrault. Certes, il y met un peu plus les formes que son prédécesseur, mais dans le fond, rien n’a changé puisqu’il a expliqué le 14 juillet 2012 que l’essentiel de son action était basé sur les soixante propositions de sa campagne présidentielle : c’est donc bien un lien de subordination qui lie Jean-Marc Ayrault à François Hollande. Encore une fois, je ne blâme pas ce principe, c’est François Hollande qui a été élu, pas Jean-Marc Ayrault, mais arrêtons avec l’hypocrisie : en dehors des périodes de cohabitation, le Premier Ministre a toujours été le collaborateur du Président de la République. De Gaulle avait même eu une expression très claire pour qualifier le Premier Ministre : « le premier des ministres ».

On peut d’ailleurs comprendre que François Hollande se sente engagé par ses soixante propositions et qu’il veut être jugé sur celles-ci, mais n’est-ce pas de la prétention de croire qu’il y a eu un vote d’adhésion à son programme alors que toutes les études d’opinion montrent clairement que s’il a été élu, c’était par défaut et par rejet de la candidature de Nicolas Sarkozy ?

Manquant de manière déconcertante d’imagination, François Hollande a annoncé qu’il allait confier à l’ancien Premier Ministre Lionel jospin (celui qui l’a placé à la tête du PS en 1997 et donc, un peu celui qui lui a permis d’arriver à l’Élysée), à 75 ans, la présidence d’une commission chargée de réviser la Constitution. On a maintenant l’impression que chaque Président élu a envie de faire son petit changement institutionnel pour convenances personnelles. Rappelons que Nicolas Sarkozy, à peu près à la même période de son quinquennat, avait confié à l’ancien Premier Ministre Édouard Balladur le soin, également, de présider une commission pour réviser la Constitution (aboutissant à la réforme du 23 juillet 2008).

Toujours dans le tiroir de l’hypocrisie présidentielle, François Hollande a réaffirmé qu’il ne voulait pas s’occuper des affaires du Parti socialiste. Après avoir donné raison à Ségolène Royal face au dissident Olivier Falorni à La Rochelle, François Hollande n’a quand même pas hésité, la phrase suivante, à parler du futur congrès d’automne, en évoquant la première secrétaire Martine Aubry : « Ce qu’elle fera sera bien ! ». C’est plus de la délégation que de l’inaction…

Sur ses déplacements, François Hollande a (heureusement) vite abandonné le train au profit de l’avion. Ses premiers déplacements très démagogiques n’étaient plus tenables, tant pour l’optimisation (il devait quand même rentrer en voiture de Bruxelles par manque de train la nuit), que pour sa sécurité.


Pouvoir d’achat

Évidemment, le point le plus important de l’action gouvernementale concerne la vision économique et sociale de la France et les perspectives de redressement que toute la classe politique souhaite évidemment, même l’opposition.

Revenons sur deux propos électoralistes d’avant scrutin sur le pouvoir d’achat.

Le PS voulait bloquer les prix de l’essence avant les élections. Finalement, il y a renoncé après les élections car les prix redescendaient. Le collectif budgétaire prévoit la mise en place d’une taxe spéciale sur les compagnie pétrolière (qui ferait augmenter d’un centime par litre le prix de l’essence, selon le Ministre du Budget). Résultat, en une semaine, l’essence a augmenté d’au moins cinq centimes en mesure préventive : merci monsieur Hollande !

L’autre exemple, c’est le prix du gaz. Le gouvernement ne veut pas augmenter de plus de 2% le prix du gaz, ce qui est louable. Résultat des courses : en raison de l'annulation de l'arrêté du 29 septembre 2011 relatif aux tarifs réglementés de vente de gaz naturel fourni à partir des réseaux publics de distribution de GDF Suez, le gouvernement va devoir rattraper un retard de 10% depuis l’an dernier. Toujours la même remarque : je ne critique pas le fait que le gouvernement est "coincé" par une décision du Conseil d'État ; ce que je critique, c’est que les socialistes fassent des promesses qu’ils savent qu’ils ne tiendront pas.


Perspectives économiques

Enfin, je m’arrêterai sur l’information économique la plus importante de la semaine dernière (le 12 juillet 2012), à savoir l’annonce des 8 000 suppressions d’emploi à PSA.

La réaction de François Hollande et de ses ministres (Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg dont l’éclat de la démondialisation est un peu fané) reste assez convenue et inadaptée. Du reste, l’attitude de la droite pour des événements similaires dans le passé l’a été tout autant.

Est-ce parce que la France a toujours été dirigée par des hauts fonctionnaires que la vie économique soit aussi peu comprise des gouvernants successifs ? Parce que depuis trente ans, on sait que la vie économique s’est accélérée, qu’on vit en système ouvert et pas en vase clos, que la globalisation des échanges (qui est un gain de liberté formidable pour tous les citoyens du monde) nécessite quelques remises en question de certains fondamentaux.

Par exemple, qu’il est maintenant de plus en plus rare d’avoir son emploi dans la même entreprise pendant toute sa carrière. Pire : qu’il est de plus en plus probable que la viabilité des entreprises soit plus faible qu’avant, que des produits qui s’achètent bien pendant une période ne s’achèteront plus la période suivante, que des activités doivent s’arrêter et d’autres démarrer, que des entreprises meurent et d’autres se créent. Bref, qu’il y ait une respiration économique plus rapide, plus angoissante aussi pour tous (salariés comme patrons) dans un univers économique incertain et sans cesse en évolution.

Donc, lorsque le Président de la République déclare de manière abrupte et royale : « L’État ne laissera pas faire ! » concernant le plan social de PSA, c’est qu’il n’a rien compris à la vie économique.

D’une part, PSA étant une entreprise privée, l’État n’a aucune raison de se mêler de ses affaires si ce n’est de leur légalité (ce qui semble le cas). D’autre part, dire que le plan social est « inacceptable en l’état » (comme l’a dit Arnaud Montebourg), c’est simplement faire preuve d’incantation, ce qui est à la fois passif et improductif.

Indépendamment de la crise qui sévit dans le secteur automobile, que PSA ait besoin de délocaliser sa production hors de France, si c’est regrettable, c’était économiquement attendu depuis plusieurs années. Dans son intervention télévisée du 10 février 2011, le Président Nicolas Sarkozy avait déjà évoqué la situation de l’industrie automobile en France avec cette réflexion que Renault, dont l’État est en partie propriétaire, produisait beaucoup moins de véhicules en France que son concurrent totalement privé PSA.

On peut donc imaginer que pour pérenniser l’existence même de PSA, la fermeture du site d’Aulnay-sous-bois, comme la fermeture du site de Renault sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt, répond à un impératif de survie dans la décennie à venir. D’ailleurs, les vautours commencent déjà à parler et certains envisagent l’absorption pure et simple de PSA par une firme automobile américaine (que dira alors le gouvernement socialiste à ce moment-là ?).

Pourtant, cela ne me choque pas qu’il y ait des fermetures d’usines, des suppressions d’emplois, des arrêts d’activités économiques dans certains domaines. C’est la vie ! C’est la respiration économique. C’est tragique humainement, mais comme toute fin de cycle. Tout n’est pas voué à rester statique, à rester "en l’état". Ou alors, il faut arrêter d’utiliser ses smartphones, de se connecter sur Internet, de se soigner avec les derniers médicaments les plus efficaces, de se chauffer à l’électricité… On ne peut pas à la fois acheter le dernier modèle d’écran plat et regretter la fermeture des usines qui fabriquaient les vieux écrans cathodiques. On ne peut pas à la fois acheter des vêtements fabriqués en Chine et regretter la délocalisation des emplois du secteur textile, etc.

Ce qui est choquant, et ce qui est la cause de la désindustrialisation de la France, c’est que, parallèlement à ces arrêts, ces suppressions, ces fermetures (qui sont des conséquences ordinaires bien que malheureuses du cycle de certains produits), il n’y ait quasiment pas, en France, de créations de nouvelles entreprises à fort potentiel (des entreprises comme Apple, Microsoft, FaceBook etc.), ni de démarrages de nouvelles activités très prometteuses, ni d’embauches massives pour de nouveaux secteurs d’avenir.

Nicolas Sarkozy avait amorcé cette réflexion avec les investissements d’avenir (35 milliards d’euros principalement en avance pour favoriser des activités nouvelles), heureusement repris par le gouvernement actuel sous la houlette de Louis Gallois. Mais ce qui est en cause, ce sont les conditions de démarrage de nouvelles activités et la capacité à embaucher massivement : or, le gouvernement actuel fait tout pour que ces nouvelles activités s’installent ailleurs qu’en France (surtout lorsqu’on veut taxer à 75% les transmissions d’entreprises !). Le comprendra-t-il un jour ?

Au lieu de vouloir statufier les emplois actuels, parfois obsolètes, au risque de subventionner à pertes des secteurs entiers (on se rappelle Creusot-Loire en 1983, à l’époque où le Ministre de l’Industrie s’appelait …Laurent Fabius), il faut au contraire tout miser pour rendre la France compétitive dans l’installation sur son territoire de nouvelles activités économiques, celles qui engendreront recrutements et prospérité. C’est ce qu’a fait l’Allemagne de Gerhard Schröder avec son Agenda 2010. Je ne crois pas, malheureusement, que le gouvernement Ayrault ait cette vision des choses.


L’enjeu est déjà 2017 !

Malgré un volontarisme affiché, plus incantatoire qu’efficace, François Hollande ne fait que reproduire la pratique de ses prédécesseurs, tant dans la langue de bois qu’ont usée ses prédécesseurs jusqu’à maintenant que dans sa compréhension du monde économique d’aujourd’hui.

Ses belles tirades du "Moi, Président de la République", ses soixante propositions, son arrogance à vouloir contredire son prédécesseur alors qu’il le singe, tout cela va revenir sur la tête de François Hollande avec la massue de l’impopularité.

Je le regrette, car je crains qu’après Nicolas Sarkozy et François Hollande, les électeurs de 2017 n’en tirent ensuite une conclusion qui serait, à mon avis, désastreuse pour le pays…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 juillet 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le 14 juillet en France.
Les 60 propositions présidentielles.
François Hollande et son fantôme.
Discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault.
Claude Bartolone au perchoir.
Élection de François Hollande par défaut.
Élections législatives 2012.
Bilan Sarkozy.
Le rapport de la Cour des Comptes.
 
yartiHoll14juil02

 

  http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/14-juillet-2012-hollande-sur-les-120074

 

 

 

 

 

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 07:51

La Cour des Comptes avait donné le ton la veille : « Plus [notre pays] tardera à redresser ses comptes, plus ce redressement sera difficile à conduire : agir a un coût, ne pas agir a un coût encore plus grand, parce qu’entre temps, la dette et la charge d’intérêts auront continué à progresser. ». Le Premier Ministre est-il seulement incantatoire, comme le prétend l’opposition, passablement mouvementée lors de cette séance, ou simplement …juste ?


yartiAyraultPG01Dernier acte de l’installation du nouveau pouvoir, le discours de politique générale prononcé par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault devant les députés sous la présidence de Claude Bartolone, ce 3 juillet 2012, cinq ans exactement jour pour jour après celui de son prédécesseur François Fillon, marque la fin de la période électorale très longue que la France a connue.


Sans surprise et sans enthousiasme

Pour rappel, la chronologie a été très serrée :

Lundi 2 juillet 2012 matin : remise du rapport d’audit de la Cour des Comptes.
Mardi 3 juillet 2012 après-midi : discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault devant les députés (Laurent Fabius a lu le même discours devant des sénateurs agités) et vote de la confiance par 302 voix contre 225 (les communistes se sont abstenus).
Mercredi 4 juillet 2012 matin : adoption au conseil des ministres de la loi de finances rectificative pour le budget 2012 visant à augmenter de 7,2 milliards d’euros les recettes fiscales pour 2012 (dont une augmentation de l'essence), n'excluant pas une hausse de la CSG pour 2013 et tablant (de manière complètement irréaliste) sur une croissance de 2% entre 2014 et 2017.

Ce scénario n’est pas surprenant puisqu’il avait été envisagé bien avant l’élection de François Hollande. Soyons clair : quelle qu’aurait été l’issue de l’élection présidentielle, le nouveau gouvernement aurait été dans l’obligation de serrer la ceinture puisque l’objectif de réduire le déficit public est un impératif à la fois national (c’est l’intérêt du peuple français, en particulier des plus jeunes) et européen (un devoir de bonne gestion pour bénéficier le cas échéant de la solidarité européenne).

Sans surprise et aussi sans enthousiasme. La popularité de l’exécutif a même chuté depuis quelques jours (voir sondage ici), confirmant qu’il n’y aura aucun état de grâce au contraire du 10 mai 1981.

La passage de ce grand oral est un exercice obligé, une sorte de baptême du feu, de rite initiatique où rien de vraiment nouveau n’est dit puisque celui-ci n’a fait que reprendre le programme socialiste longuement répété depuis janvier. S’il n’y a pas de surprise, il y a cependant officialisation de ce que va être l’action du gouvernement, confirmation, formalisation aussi.


Entre incantation et impuissance ?

La réaction au discours très long (93 minutes) et ennuyeux de Jean-Marc Ayrault (au point de rendre malade un nouveau député socialiste !) est partagée : d’une part, on ne peut que se réjouir des principes nobles qui semblent guider son action pour les cinq prochaines années, à savoir réduire le déficit public, réindustrialiser la France, refonder l’enseignement, moraliser la vie politique, ce qui laisse un petit goût des thèmes de campagne du candidat François Bayrou ; d’autre part, ces jolis mots ne semblent que des incantations bien impuissantes et les mesures proposées ne semblent pas à la hauteur de ces enjeux.

De même, s’il est réjouissant que les vertus du dialogue social soient proclamées (carence évidente du quinquennat précédent), tout ne doit pas être négociable avec les partenaires sociaux et le gouvernement doit reste ferme sur une ligne claire.


Réduire le déficit public

Le maître mot de l’action de Jean-Marc Ayrault, c’est la mission que lui a donnée le Président de la République François Hollande (notons au passage qu’il n’y a aucune différence dans la pratique des institutions et les relations entre l’Élysée et Matignon avant et après le 15 mai 2012) : « Conduire le redressement de notre pays dans la justice ».

Le mot "justice" s’est alors retrouvé employé presque à tout bout de champ, jusqu’à la nausée, sans préciser du tout, par exemple, ce que le gouvernement entend par "classe moyenne", qui, nécessairement, sera la première à "trinquer" dans les mesures fiscales (contrairement à ce qui est proclamé). On dirait presque que c’est un clin d’œil à "l’ordre juste" de Ségolène Royal, slogan de sa campagne de 2007.

Le mot le plus important reste cependant "redressement".
Redressement des finances publiques.

Et là, même si c’est de bonne guerre (c’est le jeu politique et les uns et les autres ne s’en sont jamais privés), la mauvaise foi a coulé à gros flots : le gouvernement actuel a accusé le gouvernement précédent d’avoir généré l’accroissement du déficit et surtout de la dette publique, en oubliant de mentionner qu’en septembre 2008, la France et le Monde ont subi la plus grave crise financière depuis 1929 ! Et en oubliant que la campagne électorale est désormais terminée et que l’honnêteté intellectuelle peut reprendre place.

Au contraire, le rapport de Didier Migaud a même salué l’action positive du gouvernement précédent, celle d’avoir déjà amorcé ce redressement : « L’année 2011 amorce une trajectoire de retour à l’équilibre des finances publiques. Les objectifs relatifs aux prélèvements obligatoires et aux dépenses publiques inscrits dans la loi de programmation ont été respectés et le déficit public a été sensiblement réduit. ».

yartiAyraultPG02


La gauche, c’est : les dépenses, c’est maintenant !

Sur les grands objectifs budgétaires, le gouvernement Ayrault ne fait donc que reprendre la voie tracée par son prédécesseur, ce qui est rassurant.

En revanche, le nouveau gouvernement n’a pas vraiment compris les recommandations du rapport de la Cour des Comptes : Didier Migaud précisait avec raison qu’il était profitable à tous, et en particulier à l’emploi et à la croissance économique, de réduire les dépenses publiques plutôt qu’augmenter la pression fiscale qui est déjà très forte en France.

Or, c’est tout le chemin inverse que le gouvernement se prépare à parcourir : embauche massive de nouveaux fonctionnaires (ce qui coûtera très cher) alors qu’il ne faudrait remplacer qu’un fonctionnaire sur cinq partant à la retraite, retour à la retraite à 60 ans alors que la réforme d’Éric Woerth aurait dû aller encore plus loin (car elle n’équilibre pas suffisamment les comptes sociaux), dépenses nouvelles pour les contrats de génération (qui ne marcheront jamais d’après une spécialiste du droit social, Martine Aubry le 28 septembre 2011), le refus de la règle d’or qui pourtant protégerait les citoyens de gouvernants démagogues, etc.


"À bas le grand capital !"

De même, les mesures fiscales ne devraient s’imaginer que dans le but de ne pas plomber les perspectives économiques et les capacités d’investissement dans les entreprises. Or, c’est un peu le contraire qui est envisagé, malgré les belles déclarations d’intention.

La suppression de la hausse de la TVA prévue au 1er octobre 2012 (passage de 19,6% à 21,2%) est une profonde erreur. D’une part, la TVA n’est pas un impôt injuste, au contraire, c’est un impôt qui est le plus facilement évitable ; pour cela, il suffit de ne pas consommer, de consommer moins, et les plus riches consommeront de toute façon plus (et après tout, si un "pauvre" économise pour s’acheter une Porsche, en quoi serait-ce immoral qu’il acquitte le même montant de taxe qu’un "riche" qui ferait le même achat ?). D’autre part, c’est un levier inodore et rapide pour apporter du "cash" à l’État ou au contraire (c’était le but de Nicolas Sarkozy), pour accroître la compétitivité des entreprises.

Si la mise en place d’une tranche d’imposition sur le revenu à 45% ne ma paraît pas démesurée (reste à savoir à partir de quel seuil), l’imposition à 75% des revenus supérieurs au million d’euros, revenus certes démesurés mais taux d’imposition dément et confiscatoire, va être très rapidement contreproductive. Notamment sur l’investissement des entreprises (il faut admettre que ce sont ceux qui ont de l’argent peuvent financer les fonds propres, qu’on les aime ou qu’on les déteste !), et surtout, sur la transmission des entreprises qui risque de se réaliser au-delà de nos frontières nationales pour échapper à ce taux totalement politicien et démagogique.

De la même manière, le plafonnement des niches fiscales (dont il convient de revoir le principe de certaines, certes) pourrait avoir des effets pervers dans certains secteurs, celui des emplois de service à domicile, ou dans la construction à l’Outre-mer.


Poursuite de la politique des investissements d’avenir

J’ai noté cependant avec joie que le gouvernement allait continuer les investissements d’avenir (8 des 35 milliards d’euros n’ont pas encore été affectés) initiés par Nicolas Sarkozy sous l’égide du commissaire général aux investissements René Ricol (qui a démissionné après l’élection présidentielle) et son successeur Louis Gallois, nommé récemment en conseil des ministres, paraît avoir le bon profil pour poursuivre cette politique dans les meilleures conditions.

La mise en place d’un livret d’épargne pour l’industrie semble aussi une bonne idée avec le renforcement des capacités de financement des entreprises et l’appui des régions.


Attention de ne pas succomber au protectionnisme

Je reste néanmoins sceptique sur cette "diplomatie économique" qu’appelle de ses vœux le Premier Ministre, reprenant l’expression, jolie mais vide de sens, de "juste échange" pour qualifier une tentation de protectionnisme qui ferait perdre beaucoup à la France. C’est vrai que la France ne peut pas rivaliser avec les coûts productifs chinois, par exemple, mais ne décrétons pas des normes protectionnistes (sociales et environnementales) pour l’importation dans une période où justement, le marché intérieur chinois commence à s’ouvrir.


Symboles et mesurettes

Au chapitre des mesures qui ne coûtent rien et qui suivent un cadre idéologique qui ne me paraît pas favorable à l’esprit de la République, il y a eu toute une série de décisions annoncées, comme le droit de vote des étrangers (qui violerait le principe de notre citoyenneté), le mariage homosexuel, la proportionnelle pour les législatives etc.

Dans ce lot de ces mesures annexes, il y en a bien sûr certaines qui peuvent faire plaisir comme l’abrogation des conseillers territoriaux (la loi n°2010-1563 du 16 décembre 2010 avait été fortement contestée par les élus locaux et imposée au forceps par Nicolas Sarkozy), la fin du cumul des mandats entre parlementaires et chef d’un exécutif local (effective en 2014), et aussi, j’espère (mais à ma connaissance, cela n’a pas été confirmé), le récépissé du contrôle d’identité.

Le style très "sage" du gouvernement actuel pourrait rassurer. Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici, Michel Sapin, Marisol Touraine et Manuel Valls sont des personnalités modérées qui paraissent raisonnables. Mais ce qui peut inquiéter, c’est cette volonté de vouloir absolument mettre en application des mesures purement électoralistes qui n’ont aucun sens économique. Ce fut le cas des 35 heures (heureusement réalisées en période de pleine prospérité économique mondiale), et c’est aujourd’hui le cas avec le recrutement des 60 000 fonctionnaires supplémentaires et du taux de 75% de l’IR. Cet absolu entêtement alors qu’il n’y a plus nécessité (ils sont élus !) a de quoi effrayer pour la suite des événements.


Le PS, seul et unique responsable de la période 2012-2017

L’intérêt d’avoir demandé un état des lieux sur la situation financière de la France, audit qui n’a pas eu à faire rougir le gouvernement précédent dont l’action a été saluée pour le premier président socialiste, c’est que le pouvoir socialiste, fort de sa conquête de toutes les institutions de la République, nationales et locales, est désormais dans la plus totale de ses responsabilités et il devra les assumer pleinement à l’heure du bilan, notamment du point de vue budgétaire (déficit, dette) et économique (chômage, croissance).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (4 juillet 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault (texte intégral).
Vote de confiance du 3 juillet 2012.
Rapport de la Cour des Comptes du 2 juillet 2012.
Sondage sur l’effondrement de la popularité de François Hollande (2 juillet 2012).
Le programme socialiste (à télécharger).
Nicolas Sarkozy et son  bilan.
François Hollande et son fantôme.
François Hollande sans état de grâce.
Gouvernement Ayrault.

yartiAyraultPG03
 

 

  http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ayrault-le-redressement-nouveau-119495

 

 

 

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 20:04

Ce mardi 3 juillet 2012, vers 20h00, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a recueilli la confiance de l'Assemblée Nationale par 302 voix (PS, PRG, EELV) contre 225 (UMP, UDI). Sur les 577 députés, il y a eu 544 votants et 527 suffrages exprimés, et les députés communistes se sont abstenus.

SR

 

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 07:42

10 milliards d’euros à trouver en 2012, 40 milliards en 2013. Voici l’enjeu pour redresser les finances publiques comme s’y est engagé le gouvernement Ayrault, dans la droite ligne du gouvernement Fillon.


yartiCComptes01Il est sorti, enfin ! Le rapport de la Cour des Comptes tant attendu sur la situation et les perspectives des finances publiques a été publié le 2 juillet 2012 dans la matinée (téléchargeable ici). L’audit a été demandé par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault le 18 mai 2012, soit deux jours après sa nomination à Matignon, et a été inclus dans le rapport annuel ordinaire prévu par la loi.


Un audit pour justifier la rigueur

Imaginé bien avant l’élection présidentielle, cet audit avait un double objectif : noircir la situation du quinquennat précédent afin de rendre opérant l’alibi de "l’héritage" et surtout, donner des perspectives budgétaires alarmantes qui justifieraient des mesures de rigueur qui n’avaient pas été présentées par le pouvoir actuel aux électeurs. Pour cela, il fallait évidemment que le rapport sortît après le second tour des élections législatives et juste avant l’important discours de politique générale qui aura lieu ce mardi 3 juillet 2012 devant les députés. Pourtant, tout était prévisible.

C’est un scénario "à la Jacques Attali" qui a donc prévalu et qui confirme que le Président François Hollande a voulu tromper ses électeurs en leur cachant ses intentions budgétaires draconiennes, ce qui, paradoxalement, me rassure plutôt, la situation de la France m’intéressant plus que la situation des partis.


Un rapport indépendant et fiable

Prévu par l’article 58-3° de la loi organique n°2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), ce rapport est le résultat d’une étude impartiale des membres de la Cour des Comptes, l’un des plus prestigieux corps de l’État selon trois principes : l’indépendance, la contradiction et la collégialité. Ce travail a été fait sous la direction du Premier Président de la Cour des Comptes, Didier Migaud, ancien député socialiste de l’agglomération grenobloise nommé à ce poste le 23 février 2010 par le Président Nicolas Sarkozy pour succéder à Philippe Séguin. Didier Migaud a été, avec le sénateur centriste Alain Lambert, justement le coauteur de la LOLF.

Que dit ce rapport de 255 pages ? En gros, que le gouvernement va devoir trouver plus de milliards que prévus pour atteindre l’équilibre des comptes publics prévus en 2017. L’une des causes, c’est évidemment les estimations de croissance qui n’ont jamais été établies avec sérieux avant les élections (on constate d’ailleurs que le gouvernement n’hésite plus à reprendre les hypothèses les plus basses maintenant que l’étape électorale est passée). Ainsi, la croissance en 2012 serait de 0,4% au lieu de 0,7% et en 2013 de 1,0% au lieu de 1,75% prévu dans le programme socialiste.


Pas de critique sur la gestion du gouvernement précédent !

Plus précisément, le rapport n’invoque aucune mauvaise gestion de la part du gouvernement précédent qui a réussi à ramener le déficit public de 7,5% du PIB en 2009 (le pic de la crise) et 7,1% en 2010 à 5,2% en 2011, même s’il reste bien trop élevé (103 milliards d’euros) pour ne pas augmenter la dette de l’État (86,0% du PIB au 31 décembre 2011 soit 1 717 milliards d’euros, ce qui correspond à 62 000 euros par ménage !).

Au contraire, il prend acte du début du redressement des comptes publics : « L’année 2011 amorce une trajectoire de retour à l’équilibre des finances publiques. Les objectifs relatifs aux prélèvements obligatoires et aux dépenses publiques inscrits dans la loi de programmation ont été respectés et le déficit public a été sensiblement réduit. ».

Le rapport explique aussi que la croissance de 2011 en France, +1,7%, a été légèrement meilleure à la moyenne européenne (zone euro ou Union Européenne), mais nettement inférieure à celle de l’Allemagne.

Il rejette aussi l’idée d’une "ardoise cachée" laissée par l’ancien pouvoir avec des sous-budgétisations : s’il y a effectivement un risque de dépassement des dépenses de 1,2 à 2 milliards d’euros pour la fin de l’année, les sages de la rue Cambon expliquent que « de telles sous-budgétisations se produisent chaque année » et conseillent de geler 1 milliard d’euros à mettre en réserve, ce que vient de décider le Ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac.


Un objectif 2012 qui demande 10 milliards d’euros

La Cour des Comptes rappelle opportunément que la stabilisation de la dette ne pourra intervenir que si le déficit public est inférieur à 2,6% dans les conditions actuelles, ce qui correspond à la moitié de 2011.

Elle prévoit une dette supérieure à 90% du PIB fin 2012. La Cour des Comptes insiste également sur l’engagement confirmé par le nouveau gouvernement de ramener le déficit public à 3,0% du PIB en 2013. Sans cela, la dette continuerait à augmenter jusqu’à 100% du PIB en 2017 et 108% en 2020, ce qui augmenterait les taux d’intérêt et réduirait encore plus les capacités budgétaires.

Elle donne comme conditions pour atteindre l’objectif de ne pas dépasser 4,4% du PIB de déficit public en 2012 une réduction des dépenses publiques et une augmentation de la pression fiscale pour compenser la baisse des recettes fiscales (en particulier l’impôt sur les sociétés).

Le conseil des ministres du 4 juillet 2012 adoptera le projet de budget rectificatif pour 2012 qui prévoit plus de 7 milliards d’euros de hausses d’impôts, en particulier l’ISF, les droits de successions et la taxation de 3% des dividendes, ce qui devrait faire respecter l’objectif de déficit pour fin 2012. Le gouvernement ira-t-il jusqu'à taxer les écrans d'ordinateur comme la Ministre de la Culture Aurélie Filippetti, sur RTL le 30 juin 2012, semble l'imaginer ?


Un objectif 2013 qui demande 40 milliards d’euros

Pour les deux années 2012 et 2013, « compte non tenu (…) des mesures nouvelles dont le financement devra par ailleurs être assuré » et sans prendre en compte des contentieux européens qui pourraient coûter 7,5 milliards d’euros, la Cour des Comptes demande donc au gouvernement un effort structurel (réduction des dépenses ou/et augmentation des recettes) de 10 milliards d’euros pour 2012 et de 33 milliards d’euros pour 2013. Cet effort en 2013 serait quand même de 23 milliards d’euros pour une croissance de 2,0% et de 44 milliards en cas de croissance nulle.

Dans son allocution du 2 juillet 2012, Didier Migaud s’est montré rationnel et raisonnable : « Plus [notre pays] tardera à redresser ses comptes, plus ce redressement sera difficile à conduire : agir a un coût, ne pas agir a un coût encore plus grand, parce qu’entre temps, la dette et la charge d’intérêts auront continué à progresser. ».

La Cour des Comptes milite surtout pour une diminution des dépenses publiques, étant donné qu’elles sont déjà très élevées, 56% du PIB, soit très au-dessus de la plupart des pays de l’OCDE. Elle remarque d’ailleurs qu’il vaut mieux dépenser moins qu’augmenter les impôts : « Les exemples internationaux montrent que les consolidations budgétaires les plus fragiles sont celles qui ont privilégié le levier des dépenses par rapport à celui des recettes. ».


Réduire avant tout les dépenses publiques

Dans ses recommandations, le rapport propose trois pistes de réduction de la dépense publique :

1. Maîtriser la croissance des dépenses de fonctionnent. Le meilleur paramètre reste la masse salariale des administrations publiques. Actuellement, elle atteint 260 milliards d’euros, ce qui signifie qu’en 2010, le salaire des fonctionnaires a représenté 13% du PIB et 70% de l’ensemble de leurs dépenses de fonctionnement.

La Cour des Comptes n’y va pas par quatre chemins :

« Stabiliser en valeur la masse salariale implique de faire des choix.

D’une part, le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux se traduit à court terme par une économie brute annuelle d’environ 900 millions d’euros.

D’autre part, plusieurs leviers peuvent également être activés sur les rémunérations comme le gel du point de la fonction publique (économie de 600 millions d’euros par an) qui présente l’avantage de s’appliquer automatiquement aux trois fonctions publiques, la maîtrise des mesures catégorielles et diverses (plus de 500 millions d’euros par an) ou le blocage temporaire des avancements et des promotions dans les grades supérieurs. ».

Gel du salaire des fonctionnaires

Autrement dit : « Une stabilisation de la masse salariale, sans baisse des effectifs, impliquerait le gel de la plupart des éléments entrant dans la politique salariale et les déroulements de carrière (valeur du point, mesures catégorielles, avancements). Seule une baisse des effectifs est de nature à produire des marges de manœuvres durables en matière salariale. ».

Le rapport constate également qu’il y a eu un accroissement très important des effectifs de la fonction publique territoriale : entre 1999 et 2009, il y a eu en effet la création de 350 000 emplois nouveaux dans les collectivités territoriales, hors transferts de l’État, principalement dans les communes et les structures intercommunales.

2. Réexaminer les dépenses d’interventions. Ces dépenses représentent plus de 620 milliards d’euros (soit 55% des dépenses publiques) dont 82% pour les prestations sociales : « Une stratégie de retour à l’équilibre (…) pose nécessairement la question de l’efficience de ces dépenses et, partant, d’un renforcement de leur évaluation. ». Le rapport souligne qu’il n’est pas équitable de faire financer par les générations futures les soins des générations actuelles.

3. Mieux choisir les investissements publics. Le montant des investissements publics est de 3,5% du PIB en moyenne depuis quinze ans, ce qui est supérieur de 0,3% de la moyenne européenne. Ce niveau devrait encore croître avec la mise en place de grands projets (Grand Paris, Grenelle de l’environnement, grand emprunt etc.). Il s’agit de bien expertiser l’intérêt de chaque projet d’investissement, « la Cour ayant rappelé encore récemment qu’il était nécessaire d’accorder la priorité à la modernisation et à l’entretien du réseau ferroviaire existant ».

Cependant, à mon avis, les investissements nourrissent au contraire la croissance de demain et doivent être maintenus, à condition que leur choix soit évidemment pertinent et répondent à l’intérêt général.


La règle du 50% - 50%

Si ces réductions de dépenses sont insuffisantes pour atteindre les objectifs, la Cour des Comptes préconise « à titre temporaire, des relèvements d’impôt de rendement, à assiette large, tels que la TVA ou la CSG ».

En pratique, la Cour des Comptes estime que l’effort pour 2013 devrait être partagé pour moitié par les recettes fiscales (16,5 milliards d’euros d’augmentation avec la TVA ou la CSG) et pour moitié par les dépenses publiques (16,5 milliards d’euros à réduire), ce qui signifie par exemple de geler en volume les dépenses publiques alors que le programme socialiste visait une hausse de 1,1% en volume des dépenses publiques.


Sagesse budgétaire

Notons que la Cour des Comptes, présidée par un socialiste qui fut le conseiller économique de Martine Aubry de 2008 à 2010, est dans son diagnostic et ses recommandations, totalement en accord avec le seul candidat à l’élection présidentielle qui avait fait de l’assainissement des finances publiques le préalable à toute croissance économique, en dehors de toute démagogie électorale, à savoir François Bayrou. Elle donne également raison à Nicolas Sarkozy dans sa politique de réduction des effectifs de la fonction publique.

Même si le PS reste réticent à la règle d’or budgétaire, je constate avec satisfaction que le Ministre des Finances Pierre Moscovici semble lui aussi prêt à s’engager dans cette voie, la seule admissible pour se donner les conditions d’une croissance durable dans plusieurs années, comme l’Allemagne l’a montré à l’époque de Gerhard Schröder.

Il restera ensuite au gouvernement de savoir bien "emballer" ce tour de vis afin de ne pas se couper de sa base. Nicolas Sarkozy, avec le bouclier fiscal, s’était très rapidement discrédité auprès d’une partie de son électorat et le bouclier fiscal était devenu un boulet politique. Au gouvernement actuel d’éviter cette erreur de… communication politique, surtout.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (3 juillet 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Pour lire le rapport de la Cour des Comptes du 2 juillet 2012 dans son intégralité.
Règle d’or.
Didier Migaud.
François Hollande.
Gouvernement Ayrault II.
Claude Bartolone.

yartiCComptes02 



http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-rapport-de-la-cour-des-comptes-119391

 

 



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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 07:23

Didier Migaud, Premier Président de la Cour des Comptes, Raoul Briet, président de la formation interchambres "Exécution du budget et comptes de l’Etat" et Denis Morin, rapporteur général de la formation interchambres, ont présenté le rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques lundi 2 juillet 2012.

Ce rapport inclut l’audit demandé par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault en vue d’évaluer la situation actuelle des comptes publics et les risques pesant sur la réalisation des objectifs de finances publiques pour 2012 et 2013.

Cliquer sur les liens pour télécharger les documents associés de la Cour des Comptes (fichier .pdf).

Rapport complet du 2 juillet 2012 :
http://www.ccomptes.fr/content/download/44948/776337/version/1/file/rapport_situation_perspectives_finances_publiques_2012.pdf


Communiqué de presse du 2 juillet 2012 :
http://www.ccomptes.fr/content/download/44950/776357/version/2/file/communique_presse_situation_perspectives_finances_publiques_2012.pdf


Discours sur la situation et les perspectives financières du 2 juillet 2012 :
http://www.ccomptes.fr/content/download/44967/776514/version/1/file/discours_situation_perspectives_finances_publiques_2012.pdf


Dossier de presse :
http://www.ccomptes.fr/content/download/44952/776374/version/2/file/dossier_presse_situation_perspectives_finances_publiques_2012.pdf


Synthèse de la situation financière :
http://www.ccomptes.fr/content/download/44949/776347/version/2/file/synthese_situation_perspectives_finances_publiques_2012.pdf


SR

 

 

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:58

Dans un sondage Viavoice pour "Libération" publié le 2 juillet 2012, la cote de popularité de l'exécutif est en très forte baisse. François Hollande perd ainsi 7% à 55% par rapport au mois dernier, tandis que Jean-Marc Ayrault perd 2% à 55%. L'état de grâce semble bien terminé en même temps que la période électorale.

Il reste néanmoins une forte attente de la population sur les projets du nouveau gouvernement puisque 64% lui font encore confiance pour réduire les inégalités sociales, 60% pour réformer les impôts et la CSG, 58% pour soutenir la croissance, 50% pour augmenter le pouvoir d'achat mais seulement 48% pour réduire le chômage (51% pas confiance) et seulement 42% pour réduire le déficit public à 0% en 2017 (56% pas confiance).

Les nouveaux ministres jouissent globalement encore d'une opinion positive pour beaucoup de Français : Manuel Valls en a 66%, Michel Sapin 58%, Pierre Moscovici 57%, Aurélie Filippetti 56%, Laurent Fabius 55%, Vincent Peillon 55%, Najat Vallaud-Belkacem 52%, Arnaud Montebourg 51%, Marisol Touraine 49%, Christiane Taubira 48%, Cécile Duflot 46% et Delphine Batho 44%.

Cliquer sur le lien pour télécharger le sondage Viavoice dans son intégralité (fichier .pdf) :
http://www.institut-viavoice.com/viavoice/images/stories/pdf/viavoice-liberation-juillet12.pdf


SR

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 07:25

Le nouveau gouvernement reste encore assez imprécis sur sa méthode pour rééquilibrer le budget de l’État, élections législatives obligent, mais on comprend assez vite que la politique d’orthodoxie financière qui a prévalu sous Nicolas Sarkozy prévaudra sous François Hollande, et c’est tant mieux.


yartiFHD01L’état de grâce n’existera pas pour le Président François Hollande, c’est devenu une évidence, d’autant plus que son élection, assez serrée, a été surtout voulue par défaut. L’heure n’est pas à l’enthousiasme mais à la raison. C’est d’ailleurs peut-être mieux que les passions déraisonnables.


Des premiers pas sages et prudents

Il faut reconnaître un presque sans faute depuis le 15 mai 2012, à part une ou deux boulettes, comme une probable erreur du protocole à la passation des pouvoirs (François Hollande ne raccompagnant pas Nicolas Sarkozy jusqu’au perron de l’Élysée ; il faut imaginer que tout est ajusté par des règles très strictes et que l’erreur ne provient certainement pas du Président lui-même, même si l’on pouvait imaginer son impatience à diriger le pays).


Entre théorie et pratique…

La condamnation (surtout symbolique) du nouveau ministre Arnaud Montebourg pour avoir insulté les anciens dirigeants d’une entreprise en difficulté n’est pas, en soi, une catastrophe politique (après tout, la vie politique doit être aussi faite d’engagements avec des risques calculés, et Arnaud Montebourg, dans sa grande intelligence, vient même présenter ses excuses pour son excès de langage).

Ce qui fait fausse note, c’est la partition écrite par François Hollande lui-même, celle de refuser des ministres ayant été condamnés. Personne ne lui a demandé cette restriction et le maintien au sein du gouvernement du ministre condamné est à la fois tout à fait légale et tout à fait constitutionnelle, mais donne un accroc à des promesses de gouvernance qui vont s’avérer de plus en plus difficiles à tenir.

Cela m’a fait penser à cette promesse de François Mitterrand de publier tous les six mois un bulletin de santé. Cela partait d’une bonne intention, sincère d’ailleurs, à la suite de la maladie terrible de Georges Pompidou qui avait impressionné toute la classe politique du moment. Hélas pour lui, dès son premier examen médical, on a décelé un cancer (je me souviens parfaitement des rumeurs en novembre 1981, que décri très bien Michèle Cotta dans ses "cahiers secrets", et je ne les avais pas du tout crues à l’époque en raison du climat politique très conflictuelle : l’opposition proclamant sans arrêt que l’expérience socialiste ne durerait pas plus de quelques mois… François Mitterrand aura duré quatorze ans !) et donc, il s’est résolu à ne publier que des faux bulletins de santé alors que personne ne lui avait rien demandé.

De la même manière, le mode de transport du Président Hollande allant tranquillement à la gare du Nord prendre le TGV pour Bruxelles, le 23 mai 2012, est à la fois plaisant et sympathique. Rien n’assure cependant qu’il dépense moins d’argent de l’État qu’avec un avion. Rien n’assure non plus que sa sécurité est assurée à 100%. Rien n’assure enfin qu’il ne perde pas de temps inutile par rapport à un vol aérien (on n’élit pas un passager des chemins de fer, on élit un Président de la République et tant qu’à faire, autant minimiser son temps de transports).

Cela a un petit goût de province (ça rappelle le Président Paul Deschanel) mais surtout, de démagogie fondatrice d’un mandat présidentiel : qui se souvient encore qu’au début du premier mandat de Jacques Chirac, il n’était plus question que les ministres utilisassent inconsidérément les avions du GLAM ? Petit à petit, le principe de réalité l’avait emporté sur la règle morale, probablement avec quelques abus qu’il s’agit simplement de limiter pour éviter des frais excessifs.

Il sera temps de voir comment cette règle sera appliquée lorsque l’impopularité viendra (forcément) après une série de mesures pas très sympathiques pour les Français. Osera-t-il alors se montrer si près des gens ? Peut-être. J’attends de voir.

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Où va le gouvernement Hollande ?

Car ne l’oublions pas, François Hollande a réaffirmé sa volonté de réduire à 3% le déficit public en 2013 (dans un an !) et à 0% en 2017, sans dire comment mais il n’y a pas trente-six solutions : des recettes en plus (taxes, impôts, cotisations etc.) et des dépenses en moins (moins de service public, donc).

En cela, c’est plutôt rassurant et dans ces premiers pas du Président Hollande, je dois avouer que la raison l’a emporté sur le programme socialiste. J’étais angoissé par le fait que, lors de la campagne présidentielle, le candidat socialiste ait obstinément ignoré l’existence de la grave crise mondiale mais maintenant qu’il est élu, la crise est désormais reconnue, "actée".

L’excellent journaliste de "Libération", Jean Quatremer, a même raconté sur France 2 le 21 mai 2012 que l’ancien président de la banque centrale européenne Jean-Claude Trichet estimait que la croissance telle que le monde l’avait connue entre 1945 et 2008 ne pouvait plus continuer. Cette croissance globale a eu des effets extrêmement positifs sur les populations les plus pauvres (fin des grandes famines etc.) mais maintenant, le jeu serait plutôt à somme nulle, si les uns ont une forte croissance, ce serait plutôt au détriment des autres.

Qu’on ne vienne pas dire aux Français que la croissance va être plus faible que prévue : cette étape de communication gouvernementale était déjà anticipée il y a plusieurs mois (Jacques Attali, qui a voté Hollande, l’a même pronostiquée). La surprise comme prétexte pour faire avaler les méchantes pilules… J’aime bien cette métaphore car un médicament peut être douloureux à prendre mais il a toujours pour but la guérison.


Politique économique, la bonne voie ?

Donc, oui, je suis rassuré pour l’intérêt du pays mais ce n’est sans doute pas rassurant pour certains de ses électeurs qui se sont laissés berner par les grands mots (comme "réenchanter le rêve français"). On pourrait même imaginer que la vague des déçus du hollandisme va arriver précipitamment car, sans doute sous la pression de la situation actuelle, François Hollande a finalement décidé, ce qui me réjouit, de poursuivre la politique mise en œuvre par le gouvernement précédent, à savoir :

1. Maintenir à tout prix la Grèce dans la zone euro. Certes, le fait de l’avoir intégrée en 2001 (à l’époque des gouvernements Jospin et Schröder) était une ineptie financière (mais peut-être pas politique, ça se discute), mais maintenant que la Grèce est dans la zone euro, il faut qu’elle y reste. Pourquoi ? Parce que sa sortie de l’euro provoquerait un cataclysme financier d’une envergure impossible à décrire aujourd’hui. Ce serait un véritable jeu de dominos, et les spéculateurs se reporteraient ensuite sur d’autres pays de la zone euro, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie et pourquoi pas, la France. En fait, s’il y a un pays qui aurait intérêt à sortir de la zone euro, ce serait plutôt l’Allemagne, mais certainement pas la Grèce qui ne survit que grâce à son lien de solidarité européenne.

2. Pas de relance de la consommation. C’est un point essentiel dont je me réjouis, même s’il y aura un "coup de pouce" (comme on dit !) sur le SMIC (on a annoncé le coup de pouce le 24 mai 2012 mais on décidera de son ampleur après les législatives !). En cela, cela va se différencier d’une gouvernance de gauche traditionnelle.

3. Renforcement de l’investissement des entreprises et baisses des charges pour augmenter la compétitivité dans un monde globalisé. Cette évolution est nécessaire dans une économie ouverte. C’est donc la solution opposée à celle préconisée par Arnaud Montebourg pendant la primaire socialiste qui est adoptée. Curieux en revanche que c’est lui va en être l’un des principaux artisans (avec Pierre Moscovici).

Ces trois points, je le répète, je m’en réjouis, ont été confirmés par Michel Sapin, l’influent Ministre du Travail (et ancien responsable du projet présidentiel) sur France 2 le 21 mai 2012 (dans l’émission "Mots croisés"). Cela montre que ce gouvernement, dans sa grande sagesse, marche sur les mêmes pas que ceux du quinquennat précédent, celui de protéger la France des intempéries financières internationales en continuant ses réformes de structure.


Brouillard épais sur les futures restrictions budgétaires

Bon, c’est vrai, il reste encore l’essentiel, comment revenir à l’équilibre budgétaire et plus particulièrement, où le gouvernement socialiste va-t-il faire des économies ? L’honnêteté politique aurait dû lui faire préciser avant les élections législatives.

J’aurais alors tendance à dire : tout cela pour ça ? J’imagine les cohortes de déçus, du côté gauche de l’électorat de François Hollande, qui vont se sentir …flouer. Car le programme socialiste défendu pendant la campagne présidentielle ne menait qu’à deux possibilités : soit une catastrophe nationale (avec augmentation des dépenses publiques), soit une duperie sur sa sincérité. Je me réjouis que la solution la moins pire pour la France ait été choisie par les nouveaux dirigeants.


Réformer les rythmes scolaires

Je dois même dire que sur les rares occasions de prendre des décisions ou de faire des annonces (comme sous Nicolas Sarkozy, on ne sais jamais si les annonces sont des actes), en particulier dans le domaine de l’éducation.

Certes, le recrutement de 60 000 fonctionnaires reste sur les tablettes (nous sommes toujours en campagne électorale pour les législatives) mais le retour à la semaine des cinq jours pour les élèves, annoncée par le ministre Vincent Peillon, me paraît une bonne mesure même si cela a été dit hâtivement, sans concertation (contrairement à la "déontologie" signée lors du premier conseil des ministres le 17 mai 2012). Mais il m’a toutefois surpris de savoir que sur les rythmes scolaires, certains voudraient également écouter… les professionnels du tourisme ! Les mesures dans l’Éducation nationale ne doivent être prises que pour le bien des seuls enfants, pas selon les besoins économiques du tourisme ni selon le confort des parents.


Ménager et honorer les troupes en Afghanistan

D’un point de vue diplomatique, François Hollande a réussi à Chicago à préserver l’unité de l’OTAN sur la question du désengagement militaire en Afghanistan et j’approuve pleinement sa venue inattendue dans ce pays ce vendredi 25 mai 2012 dans la matinée pour apporter le soutien de la France aux troupes encore engagées. Cela rappelle d’ailleurs la visite surprise de François Mitterrand à Beyrouth le 24 octobre 1983 ou à Sarajevo le 28 juin 1992, ou encore la visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli le 14 septembre 2011.


Flou entretenu encore jusqu’aux législatives…

En revanche, sur le plan européen et plus particulièrement des relations franco-allemandes, il va y avoir un dialogue de sourds avec des subtilités sémantiques qui annoncent déjà quelques concessions du côté français, entre "eurobonds" et "project bonds".

C’est vrai, jusqu’aux élections législatives, le gouvernement ne peut pas faire grand chose à part signer quelques décrets. Tout reste donc dans la posture. Les socialistes ne veulent surtout pas annoncer le contenu du collectif budgétaire qui sera discuté probablement en juillet : tout doit rester dans la pureté du flou, de l’inconnu, de la surprise, et François Hollande semble y exceller.

Au lendemain des législatives, si elles étaient gagnées à gauche, ce serait la surprise du chef …et peut-être déjà la gueule de bois !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 mai 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le gouvernement Ayrault I.
Une ministre odieusement contestée.
Pas d’état de grâce pour Hollande.
Hollande élu.
La croissance en Europe ?
Qu’en pense Bayrou ?

yartiFHD03

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-flou-hollandais-se-dissipe-117434

 

 

 

 

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 06:58

Sans doute le Président de la République le plus détesté de toute l’histoire de France, Nicolas Sarkozy aborde le second tour de l’élection présidentielle du 6 mai 2012 avec des gros handicaps, une forte impopularité, une situation sociale dévastée par la crise financière mondiale et une surenchère suicidaire sur le front sécuritaire. Pourtant, il y a eu de très bonnes réformes. Rapide rappel en sept points.


yartiSarkoBilan101Le mercredi 16 mai 2007, Nicolas Sarkozy était officiellement investi comme vingt-troisième Président de la République française, le sixième de la Ve République, pour une durée de cinq ans. Rompant avec une double présidence de Présidents âgés et longs (quatorze ans de François Mitterrand élu à 64 ans et douze ans de Jacques Chirac élu à 62 ans), Nicolas Sarkozy, à 52 ans, renouvelle le mandat qui se voulait proche des gens et réformateur de Valéry Giscard d’Estaing élu à 48 ans en 1974. Il a maintenant 57 ans et la gravité en plus.


Une communication décalée par rapport au moral des Français

Comme VGE, justement, Nicolas Sarkozy a accumulé au fil de son mandat beaucoup de mécontentements et même de la haine au point d’être très bas dans les sondages et d’être doublé par son concurrent au premier tour de l’élection présidentielle.

Il est vrai que le style présidentiel a pu choquer, sur des images fortes, comme aller au Fouquet’s ou faire une retraite sur le yacht d’un richissime ami industriel. En eux-mêmes, ces gestes ne sont pas illégaux ni même immoraux (préférerait-on que ce soit l’État qui lui paie de telles vacances ?) mais ils symbolisent un éloignement par rapport à la "vraie" vie de ses concitoyens, renforcée encore par la crise financière de septembre 2008 et les suivantes.

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Ce sont pourtant des images, comme celle des diamants de Bokassa ou de la Porsche empruntée de Dominique Strauss-Kahn. Des éléments dérisoires par rapport à la somme des responsabilités à la magistrature suprême, mais qui donnent une vitrine détestable, d’autant plus que la réforme du bouclier fiscal (qui a été créé par Michel Rocard avec la CSG et renforcé par le gouvernement de Dominique de Villepin) a laissé entendre dès le début du quinquennat que le gouvernement préférait favoriser les riches aux pauvres grâce à une bonne orchestration du PS.

La gouvernance a pu choquer en raison de plusieurs points : considérer que rien n’est tabou, c’est désacraliser de grandes valeurs (notamment celle de laïcité) ; réagir au quart de tour après un fait divers, c’est faire des lois trop rapidement et bâclées ; réformer sur tous les fronts, c’est rendre illisible une politique trop volontariste au point de rendre muets en mai 2011 des militants de l’UMP qu’on interrogeait sur les deux bonnes mesures du quinquennat selon eux à citer.


Sept points positifs de la Présidence de Nicolas Sarkozy

Pourtant… il y a eu de très bonnes réformes acquises au cours des cinq années du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Je vais en citer sept qui me paraissent intéressantes pour l’avenir de la France.


1. Réaction face aux crises financières mondiales à partir du 15 septembre 2008

Tout le monde dans la classe politique française a admis que Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon avaient réagi correctement à la crise financière. Le discours de Toulon du 25 septembre 2008 a même présenté un tournant très social à la politique gouvernementale. En 2009, la France a tenu mieux que ses partenaires européens à la récession : –2,6% au lieu d’une moyenne de –4%.

Nicolas Sarkozy est revenu le 1er décembre 2011 à Toulon pour y prononcer un second discours.

Le 15 juin 2010, le FMI considérait même que les réponses apportées par la crise étaient salutaires. La croissance du 1er trimestre 2011 (+1%) avait même donné du baume au cœur du gouvernement sur un retour durable de la croissance (mais la crise de la dette souveraine en été 2011 a tout plombé).

Parmi les mesures de réponse à la crise, j’en cite deux qui me paraissent très importantes : le grand emprunt qui vise à redonner un coup de fouet aux investissements stratégiques dans l’innovation technologique, en finançant des projets de recherche et développement à hauteur de 35 milliards d’euros sur trois ans (2011-2014). Tous les chercheurs admettent que de telles sommes n’ont jamais été débloquées depuis des dizaines d’années et vont apporter une impulsion durable dans la création de valeur ajoutée de demain. L’autre mesure a été la création du RSA dont la valorisation politique a essuyé une bien mauvaise publicité avec la dernière proposition de Laurent Wauquiez qui envisageait le plafonnement des aides sociales.

Des mesures favorables aux entreprises ont pu améliorer certaines situations : celle des fonds propres avec le dispositif ISF/PME (800 millions d’euros par an), le statut des auto-entrepreneurs qui permet de démarrer une activité entrepreneuriale tout en restant salariés, le remplacement de la taxe professionnelle par la contribution économique territoriale (réduction de 5 milliards d’euros). Si les statistiques de près de 2,5 millions de créations d’entreprises (dont, pour plus de la moitié, des auto-entrepreneurs) pour le quinquennat dépassent largement l’objectif de 1 million de créations d’entreprises du précédent quinquennat, il faut cependant pondérer avec le nombre de faillites au bout de deux ou trois ans et considérer également que la forte hausse du chômage encourage les demandeurs d’emploi à créer leur propre entreprise face à la difficulté de se faire recruter par une employeur, sans pour autant que l’entreprise soit pérenne ou alors la transformation fréquente d’une emploi de salarié en statut d’auto-entrepreneur pour la même activité.

La création en 2009 du Fonds stratégique d’investissement public (FSI) avec 29 milliards d’euros de dotation va permettre à l’État de prendre des participations dans des technologies stratégiques pour l’avenir (3 milliards d’euros ont déjà été investis).

La crise financière de 2008 a également eu un avantage politique collatéral : permettre de justifier que le programme présidentiel de 2007 ne pouvait pas être intégralement accompli en raison des événements. Et c’est aussi vrai que pour la politique de Valéry Giscard d’Estaing avec le second choc pétrolier en 1979.


2. Le Traité de Lisbonne

À mon sens, l’œuvre majeure du quinquennat de Nicolas Sarkozy restera la signature du Traité de Lisbonne le 13 décembre 2007 ratifié notamment par le Parlement français les 4 et 8 février 2008.

J’avais rappelé que l’œuvre majeure des deux septennats de François Mitterrand était, à mon sens, son inclinaison sans faille à la construction européenne à partir de 1983 et qui apportait entre autre la monnaie unique (l’euro) sans laquelle la France aurait terriblement souffert de la crise financière depuis 2008.

Or, l’échec du référendum français du 29 mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen (TCE), signé le 29 octobre 2004 à Rome, a cassé la dynamique d’intégration européenne au risque d’une paralysie institutionnelle catastrophique avec vingt-sept États membres.

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Le volontarisme de Nicolas Sarkozy a été décisif auprès en particulier de l’Allemagne pour aboutir rapidement (en six mois) à un nouveau traité permettant de gérer la cohabitation à vingt-sept sans qu’il ne puisse y avoir de paralysie. Moins ambitieux que le TCE, le Traité de Lisbonne a permis, sans prétention, de franchir l’obstacle institutionnel, à défaut d’acquérir une "âme".

Ce volontarisme européen s’est également traduit durant la Présidence française de l’Union européenne par la création de mécanisme de solidarité européenne par des réserves permanentes de gestion de crise de 500 milliards d’euros qui a doublé à la fin 2011.

La remise en cause de Schengen donne en revanche un signe diamétralement opposé, où la construction européenne est utilisée dans un sens ou dans un autre en fonction d’impératif essentiellement de politique intérieure.


3. La question prioritaire de constitutionnalité (QPC)

La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est une avancée majeure dans les droits des citoyens et dans la démocratie française. Incluse dans la réforme des institutions du 23 juillet 2008 aux côtés de quelques nouveaux droits aux parlementaires, elle révolutionne complètement le droit français et va compliquer à loisirs les procédures judicaires (au point d’avoir retardé le procès historique de Jacques Chirac, la décision du 20 mai 2011 de la Cour de cassation a été une étape cruciale).

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L’idée est de permettre au simple citoyen de saisir le Conseil Constitutionnel sur la constitutionnalité d’une loi déjà promulguée n’ayant pas fait part déjà d’un contrôle de constitutionnalité. Ce contrôle a posteriori est une véritable révolution juridique puisque non seulement elle donne un pouvoir nouveau aux citoyens (pouvoir de contrôle des lois réellement inauguré par Alain Poher), mais également elle entraîne de fait à une instabilité législative qui favorise le citoyen, avec, comme illustration, la réforme de la garde à vue en 2011.


4. L’autonomie des universités

Vieux serpent de mer très connoté politiquement, puisque l’idée fut la cause des manifestations de novembre et décembre 1986 contre la loi d’Alain Devaquet qui ont coûté la vie à Malik Oussékine le 4 décembre 1986, l’autonomie des universités a été instituée après plusieurs tentatives en août 2007 par la Ministre de la Recherche Valérie Pécresse (actuellement au Budget). L’objectif est en particulier de permettre l’apport d’argent privé dans les projets universitaires tout en gardant le contrôle de l’utilisation de ces fonds. C’était une nécessité financière pour préserver l’excellence reconnue de nombreuses universités françaises.


5. La réforme des retraites

Tout comme l’instauration du service minimum lors des grèves dans les transports en commun, la réforme du système des retraites a provoqué du mécontentement social pendant plusieurs mois en automne 2010. Pourtant, tout le monde admettait la nécessité d’une réforme étant donné la pyramide des âges. Le gouvernement a su aller jusqu’au bout malgré les nombreuses réticences et c’est cette ténacité qui aura, à terme, permis la pérennité du système par répartition, d’autant plus que le surendettement de l’État nécessitait des économies budgétaires.

Contrairement à ce pourraient sous-entendre certains socialistes, cette réforme sera évidemment pérennisée par la majorité issue des urnes de 2012 car il n’y a aucune autres solutions sinon de proposer une retraite par capitalisation au moment où la crise financière en montre les dangers. François Bayrou avait proposé pendant la campagne du premier tour une réforme originale.

L’un des derniers grands chantiers du quinquennat de Nicolas Sarkozy aurait dû être le cinquième pilier de la sécurité sociale afin de financer la solidarité nationale pour la dépendance, un sujet qui devient de plus en plus urgent avec l’accroissement constant de l’espérance de vie. Le chantier n’a pas été mené à cause de la crise de la dette souveraine mais le candidat sortant propose de la mettre en œuvre en 2013.


6. Le Grand Paris

Point purement francilien mais essentiel pour une dizaine de millions d’habitants, le projet du Grand Paris a pour vocation (entre autres) de faciliter les déplacements franciliens en rompant avec les trajectoires étoilées et en construisant une ligne de métro périphérique entourant Paris en passant par Roissy, Orly, Massy, Saclay et Versailles. Ces travaux, qui auraient dû être lancés il y a une trentaine d’années, réduiront le temps de trajet quotidien d’un quart de la population active. Avec le Conseil régional d’Île-de-France, l’État mobilise ainsi plus de 32 milliards d’euros.


7. L’engagement militaire de la France

La France n’a pas hésité à prendre, aux côtés de la Grande-Bretagne, la tête d’une coalition pour empêcher Mouammar Kadhafi de réprimer dans le sang la révolution populaire en Libye. De même, elle a aidé le Président élu régulièrement Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire à en finir avec les forces de l’ex-Président Laurent Gbagbo qui ont refusé de reconnaître leur échec électoral. Il est très regrettable que les forces françaises n'aient pas pu empêcher le lynchage de Kadhafi mais elles ont pu préserver la vie sauve de Gbagbo.

Il y a d'autres points positifs, comme la poursuite d'une politique de sécurité routière qui a montré son efficacité avec trente mille morts de moins sur dix ans et qui a atteint le seuil des quatre mille morts par an en 2010 (l'objectif reste cependant de trois mille morts par an pour fin 2012), la réforme de la carte judiciaire qui n'avait pas bougé depuis le gouvernement de Michel Debré, la mise en place d'un service minimum en cas de grèves dans le secteur public, la suppression de la publicité à la télévision publique, la revalorisation de 25% du minimum vieillesse et de l'allocation pour les personnes handicapées, la suppression de la taxe professionnelle, la revalorisation du salaire des enseignants de près de 10%, ou encore le financement de nombreuses places dans les internats d'excellence.


Au passif du quinquennat

Comme indiqué plus haut, Nicolas Sarkozy a commis également de graves erreurs, pas seulement sur la forme, mais aussi sur le fond, en particulier avec son discours de Grenoble du 30 juillet 2010 qui a été une véritable reconnaissance des hurlements sécuritaires du Front national, ce qui a probablement engendré la forte montée du FN au premier tour.

Multiples lois sur l’immigration, amalgame scandaleux entre immigration et délinquance, huile sur le feu par des débats sur l’identité nationale, sur l’islam et sur la laïcité, surenchère parlementaire d’une droite musclée (tests ADN par exemple) qui renforcent le sentiment d’exclusion et qui est aux antipodes d’une politique d’intégration au sein d’une même destinée républicaine, apportant de l’eau au moulin des partis les plus rétrogrades dans ce domaine.

Il y a d’ailleurs un véritable paradoxe qui ne peut s’expliquer que par un (mauvais) calcul électoral entre la pertinence d’une politique qui veut préparer la France à être compétitive dans une mondialisation que personne n’a choisie mais qui est là, et cette politique de repli sur soi, de peur de l’avenir, de peur de l’autre, de frontières apeurées, qui manque de confiance en la ressource inépuisable de la communauté nationale.


Le bilan et l’élection présidentielle

Les sondages indiquent à mon sens injustement que le bilan du quinquennat est globalement négatif. Cependant, le bilan aura-t-il une influence sur le choix électoral de 2012 ? Il est fort probable que non. Le réputé "bon" bilan du "quinquennat" de Lionel Jospin n’a pas empêché sa cuisante défaite le 21 avril 2002.

Les socialistes ont beau jeu de rappeler qu’il y a 600 000 chômeurs en plus, 500 milliards de déficit public en plus et 70 milliards de déficit du commerce extérieur, ce qui donnent un tableau très morose. Pourtant, il faut comprendre que la France est dans la crise mondiale et qu’elle s’en est plutôt mieux tirée que d’autres (Grèce, Espagne, Italie, Irlande, et même Grande-Bretagne) sans être en défaut sur les salaires des fonctionnaires ou les pensions de retraite.

Pas sûr que la politique dépensière que ces mêmes socialistes prônent sans arrêt (recrutement de 60 000 fonctionnaires mais impossibilité de recruter des enseignants sur un simple claquement de doigt alors qu’il manque déjà des candidats aux concours de recrutement) aurait pu faire mieux, ou même, n’aurait pas mené le pays à la faillite.

Nicolas Sarkozy n’a donc pas à avoir honte de ses cinq ans de mandat. Certes, comme je l’ai indiqué, il a un bilan contrasté (j’ai insisté sur les points positifs considérant que les points négatifs sont largement développés sur Internet), mais il a montré qu’il a su non seulement agir mais réagir. Cela n’en fait pas forcément pour autant le meilleur candidat pour le quinquennat 2012-2017.

Le meilleur candidat sera certainement celui qui, avec un discours réaliste et lucide, saura redonner confiance aux citoyens, confiance dans leur capacité à entreprendre, confiance en leur propre identité pour pouvoir se rassembler au-delà de leurs propres différences, et enfin, confiance en leur avenir et celui de leurs enfants, et en ce sens, l’emploi et l’environnement ne peuvent être que les priorités d’un projet présidentiel.

Pour moi, c’était à l’évidence François Bayrou mais les électeurs en ont décidé autrement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (2 mai 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jusqu’au bout de son mandat.
Discours d’investiture de Nicolas Sarkozy (16 mai 2007).
Discours de Toulon de réponse à la crise financière mondiale (25 septembre 2008).
Ce que pense le FMI de la politique de Nicolas Sarkozy (15 juin 2010).
Le bilan officiel de 4 ans de Nicolas Sarkozy (6 mai 2011).
Discours de Grenoble sur la politique sécuritaire (30 juillet 2010).
Transgressions de Nicolas Sarkozy.
Ce que proposait François Bayrou.
L'impopularité du Président Sarkozy.
Morale molle et ambitions dures.
 

yartiSarkoBilan105 

 

  http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/tout-est-il-si-noir-dans-le-1er-115422

 

 

 

 

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