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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 11:43
(Dépêches)



Nicolas Sarkozy et Tony Blair pour un "traité simplifié" de l'UE

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, champion d'une droite française qui se veut "décomplexée", et Tony Blair, fondateur du "New Labour", ont affiché vendredi leur complicité lors d'un entretien d'une heure et demi et d'un dîner privé.

Le Premier ministre britannique est le premier dirigeant étranger reçu par le président français élu, qui ne se rendra à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel qu'après son intronisation, mercredi prochain.

Nicolas Sarkozy a reçu Tony Blair dans le jardin de l'ancien hôtel particulier où il a provisoirement établi ses quartiers, au 35, rue Saint-Dominique, à Paris. Son conseiller politique François Fillon a participé à l'entretien, confirmant ainsi son statut de probable Premier ministre.

Selon Nicolas Sarkozy, ils ont notamment parlé de sa proposition de traité "simplifié" destiné à débloquer la construction européenne, en panne depuis le rejet par la France et les Pays-Bas du projet de Constitution de l'Union, en 2005, et du "travail à faire" lors du prochain sommet de l'Union européenne, les 21 et 22 juin à Bruxelles.

Le traité simplifié ne reprendrait que le volet institutionnel du projet de Constitution européenne.

"Je suis d'accord avec ça, oui, absolument", a déclaré Tony Blair en français, à l'issue de l'entretien.

Le Premier ministre travailliste, qui a annoncé qu'il quitterait le pouvoir le 27 juin, a été un des premiers dirigeants étrangers à félicité Nicolas Sarkozy pour son élection, dimanche dernier.

Prié de dire, vendredi soir, quel conseil il avait à donner au futur chef de l'Etat français pour rester aussi longtemps que lui au pouvoir (dix ans), Tony Blair a répondu en riant (et toujours en français) : "Il n'a pas besoin de mon conseil parce qu'il a fait une campagne extraordinaire. Je suis absolument certain qu'il fera très bien."

"UNE TRES GRANDE AMITIE"

Tout au long de sa campagne présidentielle, notamment lors d'une visite à Londres, le 30 janvier, Nicolas Sarkozy s'est montré très admiratif pour le bilan de Tony Blair, notamment en matière de lutte contre le chômage.

"J'ai une très grande amitié depuis longtemps pour Tony Blair, qui n'est pas simplement une question de proximité politique", a-t-il dit vendredi après leur entretien. "Tony Blair est une homme que j'apprécie humainement parlant. Je peux dire que c'est un ami."

"Ce que j'admire dans Tony Blair, ce n'est pas qu'il est resté dix ans au pouvoir", a-t-il ajouté. "La durée est une chose importante mais ce qui compte c'est ce qu'on fait. Le peuple vote, décide de confier sa confiance à des dirigeants pour faire des choses, pas pour durer. Alors si en plus il y a la durée, c'est important."

Nicolas Sarkozy a estimé que le Premier ministre britannique avait "profondément modernisé son pays" et "su rassembler des majorités au-delà de sa propre famille politique pour obtenir des résultats importants."

Prié de dire si Tony Blair pouvait lui servir d'exemple, il a répondu que le dirigeant travailliste avait "montré qu'on pouvait obtenir le plein emploi".

Il a rappelé qu'il s'était lui-même "engagé devant les Français pour le plein emploi".

"Pour le reste, je ne fais pas de politique en Angleterre, je fais de la politique en France", a-t-il ajouté.

Tony Blair avait eu auparavant une heure d'entretien avec le président sortant, Jacques Chirac, à l'Elysée.

Après leur entretien, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique ont eu un dîner privé dans un restaurant.

Vendredi 11 mai 2007, 21h39



Long entretien d'adieu entre Jacques Chirac et Tony Blair
 
PARIS (Reuters) - Jacques Chirac et Tony Blair se sont fait leurs adieux vendredi en s'embrassant et en évoquant une série de dossiers dont celui de la réforme des institutions européennes.

Le chef de l'Etat français, qui laissera mercredi la présidence à Nicolas Sarkozy, a eu une heure d'entretien à l'Elysée avec le chef du gouvernement britannique, qui doit lui-même quitter le pouvoir le 27 juin.

Selon le porte-parole de la présidence, Jérôme Bonnafont, Jacques Chirac "a souligné l'importance de ce que le Royaume-Uni et la France avaient accompli ensemble au cours de ces dernières années", en particulier "la forte impulsion donnée à la politique de sécurité et de défense."

Il a également évoqué "l'action commune en faveur du développement et de la paix et pour lutter contre le changement climatique", a poursuivi le porte-parole.

A propos de l'Europe, Jacques Chirac et Tony Blair "ont évoqué la réforme institutionnelle et la nécessité de la mener à bien", a-t-il ajouté. Le président français a d'autre part insisté sur "l'urgence qui s'attache à la création d'un tribunal international pour le Liban".

Il a enfin exprimé "l'espoir et la conviction" que les relations entre la France et le Royaume-Uni demeureraient "proches et amicales, au service de l'Europe, de la paix et du développement" et redit à Tony Blair "son amitié et ses meilleurs voeux pour l'avenir".

Sur une note plus personnelle, Jacques Chirac a évoqué, "en réponse à Tony Blair", son projet de fondation, en indiquant que celle-ci s'occuperait de dialogue des cultures, de développement durable, d'écologie et de lutte contre la pauvreté. "Tous sujets qui nous rapprochent", a-t-il dit selon Jérôme Bonnafont.

Jacques Chirac s'est dit "particulièrement sensible" à la visite de Tony Blair qu'il a qualifiée de "geste d'amitié".

A la sortie de l'entretien, le président de la République française et le Premier ministre britannique ont offert aux photographes et caméras de télévision un spectacle rare, semble-t-il à l'insistance de Tony Blair, désireux de regagner à pied l'ambassade de Grande-Bretagne, voisine de l'Elysée.

Après un bref conciliabule dans le vestibule du Palais présidentiel, ils ont traversé ensemble toute la cour de l'Elysée en poursuivant leur conversation et en s'arrêtant plusieurs fois.

Le président français a ainsi raccompagné le Premier ministre britannique jusque sur le trottoir, devant le portail principal de l'Elysée, rue du Faubourg Saint-Honoré.

Tony Blair a ensuite rejoint le président élu Nicolas Sarkozy dans ses bureaux provisoires du 35, rue Saint-Dominique, dans le quartier des ministères, pour un entretien suivi d'un dîner privé dans un restaurant.

Selon Jérôme Bonnafont, Jacques Chirac et Tony Blair ont évoqué cette rencontre "mais sans commentaire".

Vendredi 11 mai 2007, 19h14





Tony Blair s'apprête à mettre fin au suspense sur son départ
 
LONDRES (Reuters) - Tony Blair doit annoncer ce jeudi la date de son départ du 10, Downing Street, dix ans après avoir remporté le pouvoir sous la bannière du travaillisme auquel il avait donné un nouvel élan, brisé depuis par son implication controversée dans la guerre en Irak.

Le Premier ministre britannique, le plus proche allié du président américain George Bush dans ce dossier, s'en ira en effet miné par l'intervention militaire de 2003, devenue très impopulaire.

Mais Blair laissera aussi le souvenir d'un dirigeant qui a contribué à ramener la paix en Irlande du Nord après des décennies de violences, qui a remporté - une première - trois élections de suite pour le New Labour et a réformé l'ancien parti travailliste en le faisant glisser vers le centre.

En septembre, une fronde au sein du Parti travailliste l'a contraint à annoncer son départ dans un délai d'un an afin de laisser à son successeur désigné, le chancelier de l'Echiquier Gordon Brown, le temps de préparer les prochaines échéances électorales.

Son porte-parole a annoncé que Blair ferait une déclaration sur son avenir jeudi. Le Premier ministre va participer à un conseil des ministres à Londres avant de se rendre dans sa circonscription pour s'adresser à des sympathisants locaux.

Selon un sondage publié jeudi par le Guardian, 60% des électeurs pensent que Blair devrait laisser l'image d'une force de changement, même si ce changement n'a pas toujours été positif. D'après ce sondage de l'institut ICM, 44% des sondés jugent qu'il a joué un rôle positif pour la Grande-Bretagne.

On s'attendait à ce que le Premier ministre renonce au pouvoir avant la fin de son troisième mandat pour laisser son successeur emmener son parti dans les prochaines échéances électorales, qui pourraient tomber en 2009.

Brown, dont la résidence officielle jouxte celle de Blair dans Downing Street, ne cache plus son impatience de voir partir son voisin. Selon leurs détracteurs, leur rivalité, souvent âpre, a nui à l'efficacité du gouvernement.

UN BILAN TERNI PAR L'IRAK ET UNE AFFAIRE DE CORRUPTION

Blair n'est que le second Premier ministre, en un siècle, à avoir été au pouvoir pendant dix ans.

Mais son bilan est terni par une affaire de corruption - l'affaire "pairies contre donations" - qui a fait de lui le premier chef de gouvernement en exercice à être interrogé par la police dans le cadre d'une enquête criminelle.

En vertu du système politique britannique, en tant que chef du parti travailliste, Brown deviendra aussi Premier ministre et il n'aura pas à disputer d'élections nationales avant mai 2010, au plus tard.

Blair et Brown ont tous les deux oeuvré à la montée en puissance du New Labour et à sa victoire en 1997, après 18 années de traversée du désert.

Le principal défi du ministre des Finances sera de redorer avant les prochaines élections le blason des travaillistes et de refaire leur retard sur l'opposition conservatrice dans les sondages.

Depuis qu'il est arrivé à sa tête en 2005, le chef de file des conservateurs David Cameron, 40 ans, a donné une nouvelle jeunesse au parti de Margaret Thatcher - seul Premier ministre à être resté au pouvoir plus longtemps que Blair au cours du siècle écoulé - et de Winston Churchill. Les sondages donnent à penser qu'il est en position de décrocher une petite majorité au parlement dans un scrutin national.

Brown est crédité d'une décennie de solide croissance économique et l'on apprécie le fait qu'il ait donné son indépendance à la Bank of England, qui de fixe les taux d'intérêt.

Il a également contribué à une forte augmentation des crédits pour l'enseignement et la santé, ce dont l'électorat ne s'est toutefois pas montré très reconnaissant.

Blair devrait annoncer son départ de la tête du parti vers la fin juin, et Brown est le seul candidat sérieux à sa succession.

La presse britannique - jamais tendre - s'interroge sur le charisme du ministre des Finances, réputé sérieux mais terne à côté de l'autrefois flamboyant Tony Blair.

Jeudi 10 mai 2007, 7h50



Tony Blair quittera le pouvoir le 27 juin

TRIMDON, Angleterre (Reuters) - Le Premier ministre britannique, Tony Blair, annonce qu'il quittera le pouvoir le 27 juin, dix ans après l'avoir conquis sous la bannière du travaillisme auquel il avait donné un nouvel élan.

Il a, par ailleurs, annoncé sa démission de la direction du Parti travailliste dont il a présidé la rénovation et le recentrage.

Cette décision ouvre la voie à une bataille pour sa succession à la tête du Labour. Le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, en est le grand favori.

Le nouveau leader du Parti travailliste deviendra automatiquement le nouveau Premier ministre britannique.

"J'ai été le Premier ministre de ce pays pendant un peu plus de dix ans", a dit Blair lors d'un discours devant les membres de son parti à Trimdon, sa circonscription du nord de l'Angleterre.

"Je crois que c'est assez long, non seulement pour moi, mais également pour le pays. Parfois, la seule façon de maîtriser l'attirance pour le pouvoir, c'est de l'abandonner."

Blair n'est que le second Premier ministre en un siècle à avoir été au pouvoir pendant dix ans. Mais son bilan est terni par l'intervention en Irak et par une affaire de corruption.

Jeudi 10 mai 2007, 13h52


Grande-Bretagne : Blair s'apprête à tourner la page de dix ans au pouvoir

LONDRES (AFP) - Après des mois de suspense, Tony Blair va annoncer jeudi son départ, qui devrait devenir effectif fin juin ou début juillet, le temps de désigner son successeur, très probablement son ministre des Finances Gordon Brown.

Après dix ans au pouvoir, le Premier ministre britannique doit annoncer qu'il quitte la direction du parti travailliste, et donc automatiquement le 10 Downing street (résidence et bureau du Premier ministre), à la moitié de son troisième mandat, deux ans avant les prochaines élections.

M. Blair, 54 ans, a réuni jeudi matin ses principaux ministres pour leur annoncer sa décision. Ils n'ont fait aucun commentaire à l'issue de cette brève réunion.

M. Blair a ensuite quitté Downing Street, avant de prendre l'avion pour se rendre à Trimdon (nord-est), le village où il avait lancé le 11 juin 1994 sa campagne pour devenir chef du parti travailliste, dans sa circonscription électorale de Sedgefield.

C'est de là qu'il fera son annonce concernant un départ largement attendu.

Cette déclaration ne déclenchera pas d'élections anticipées.

Le parti travailliste va désigner son nouveau dirigeant lors d'une procédure interne qui devrait durer sept semaines, et ce nouveau leader deviendra automatiquement Premier ministre jusqu'aux prochaines élections législatives prévues en 2009 ou 2010.

Le Premier ministre est en effet au Royaume Uni le leader du parti majoritaire à la Chambre des Communes.

L'annonce de M. Blair intervient dans la foulée d'un de ses succès majeurs : la remise en route mardi du gouvernement nord-irlandais, où cohabitent désormais protestants et catholiques, avec comme Premier ministre le protestant Ian Paisley.

Mais cinq jours plus tôt, son parti avait subi de sérieux revers aux élections locales et régionales.

Son annonce de départ sonne en Grande-Bretagne la fin d'une époque marquée par une croissance économique ininterrompue, mais aussi par la guerre en Irak, sur laquelle il a perdu la confiance des Britanniques.

Elle n'est en rien une surprise, seule y manquait la date précise.

Il y a exactement 952 jours, le 1er octobre 2004, M. Blair avait en effet annoncé qu'il ne briguerait pas de quatrième mandat, avant même la troisième victoire successive de son parti aux législatives - du jamais vu.

Son rival et probable successeur Gordon Brown, 56 ans, a largement contribué à faire avancer son départ, en orchestrant un mini-coup au sein du Labour qui en septembre dernier a obligé M. Blair à annoncer qu'il serait parti d'ici à un an.

A l'heure du bilan, les Britanniques, qui l'avaient porté au pouvoir dans un raz-de-marée en 1997, jugent sévèrement les années Blair.

Ils lui sont à peine gré de la croissance ininterrompue depuis dix ans qui a largement enrichi le pays, du faible taux de chômage ou des vastes réformes dans les services publics (santé, éducation).

Ils ne lui ont jamais pardonné la guerre en Irak, pays où sont morts quelque 150 soldats britanniques, et Tony Blair est également jugé durement pour une politique étrangère marquée par un alignement sans faille sur les Etats-Unis.

"M. Blair est le politicien le plus accompli de sa génération. Il ne peut pas être jugé plus durement qu'il ne l'est" actuellement au Royaume-Uni, confiait récemment Philip Stephens, du Financial Times, auteur d'une biographie de M. Blair.

Ce jugement devrait selon lui "s'adoucir" avec le temps, comme pour Margaret Thatcher.

Faute de challenger sérieux, Gordon Brown devrait être désigné d'ici à sept semaines dirigeant du parti travailliste.

Il hérite d'un parti au plus bas dans les sondages, devancé systématiquement par les conservateurs depuis 18 mois.

Et ces sondages montrent aussi que les Britanniques lui préfèrent le conservateur David Cameron, 40 ans, dans la perspective des législatives de 2009.

Dans les sept semaines qui lui restent, l'infatigable et toujours charismatique Tony Blair a prévu plusieurs voyages à l'étranger, avec un premier arrêt vendredi à Paris pour y discuter avec le président élu Nicolas Sarkozy.

M. Blair n'a rien encore dit de son avenir après Downing Street.

La presse britannique affirme qu'il pourrait se consacrer à une Fondation Blair, devenir ambassadeur itinérant en Afrique, voire au Proche-Orient, ou encore président de l'Union européenne dans deux ans.

A moins qu'il n'écrive ses mémoires, qui pourraient lui rapporter des millions. Excellent orateur, il est également assuré de gagner une fortune s'il se lance dans le circuit international des discours et conférences.

Par Brigitte DUSSEAU, le jeudi 10 mai 2007, 11h59



Gordon Brown se déclare candidat à la succession de Tony Blair

LONDRES (AFP) - Après Blair, Gordon Brown: le ministre britannique des Finances s'est déclaré vendredi candidat à la succession de Tony Blair, se présentant comme l'homme des "nouvelles idées pour une nouvelle époque".

Au lendemain de l'annonce par Tony Blair qu'il quittera son poste de Premier ministre le 27 juin, M. Brown, qui attendait son heure depuis des années, a expliqué que devenir Premier ministre serait pour lui le "plus grand des honneurs".

"Dans les semaines et mois qui viennent, ma tâche est de montrer que j'ai les nouvelles idées, la vision et l'expérience pour gagner la confiance du peuple britannique", a dit celui qui est depuis dix ans ministre des Finances de Tony Blair.

"Aujourd'hui, il y a de nouvelles priorités et j'offre un nouveau leadership pour cette nouvelle époque", a-t-il affirmé.

Cravate bleue et chevelure pour une fois strictement disciplinée, M. Brown, un austère Ecossais de 56 ans, fils de pasteur, a promis aux Britanniques "une nouvelle façon de gouverner".

"Je ne pense pas que la politique soit une affaire de célébrité", a-t-il affirmé, dans un souci de se démarquer du style Blair, dont il n'a ni le charisme ni l'aisance.

Durant tout son discours, son visage était partiellement caché par un écran de téléprompteur mal disposé, ce qui lui a attiré les réflexions de la presse.

Gordon Brown a également admis que des "erreurs" avaient été commises en Irak, la tache sur le bilan de Tony Blair.

M. Brown, qui semble déjà assuré de lui succéder le 27 juin, à l'issue d'une procédure de désignation interne au parti travailliste, a tenu à préciser qu'il ferait bon accueil à d'éventuels autres candidats au sein du Labour, et se "battrait" pour l'emporter.

Deux députés de l'aile gauche du parti, Michael Meacher et John McDonnell, envisagent de présenter une candidature unique contre lui, mais ils ne se sont pour l'instant pas mis d'accord.

M. Brown a par ailleurs rendu hommage au Premier ministre sortant, avec lequel il a des relations notoirement difficiles depuis des années, affirmant qu'il avait dirigé le pays pendant dix ans "avec courage et passion".

M. Blair s'était peu avant dit "absolument ravi" de lui apporter son "plein soutien", en saluant le "talent extraordinaire et rare" de M. Brown, en réponse à une question posée à la fin d'une conférence de presse commune avec le président irakien Jalal Talabani.

MM. Blair et Brown travaillent ensemble depuis près de 25 ans, et les deux hommes avaient porté ensemble le parti travailliste au pouvoir en 1997.

Mais leurs relations se sont dégradées au fil des ans, en raison de leur rivalité pour le pouvoir.
D'autant que leurs tempéraments ne pourraient pas être plus différents.

Blair, politicien instinctif, est charismatique, souriant, à l'aise pour s'exprimer.

Gordon Brown, est une formidable machine intellectuelle qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, mais son caractère lui avait valu d'être qualifié de stalinien cynique en mars dernier par un ancien haut fonctionnaire, Andrew Turnbull.

Vendredi, son intervention, listant des priorités sans surprise - éducation, changement climatique, sécurité, économie... n'avait rien du panache et de l'émotion véhiculée la veille par Tony Blair.

Les yeux humides, celui-ci a annoncé son départ en affirmant qu'il avait, pendant ses dix ans au pouvoir, toujours cherché à faire ce qu'il pensait "être bien pour le pays".

Le Premier ministre a ensuite repris un emploi du temps chargé, qui le verra rester très présent sur la scène internationale d'ici au 27 juin, avec notamment le sommet du G8 en Allemagne et le Conseil européen à Bruxelles en juin.

Vendredi, il a reçu à Downing Street le président irakien Jalal Talabani, et devait rencontrer dans l'après-midi à Paris le président sortant Jacques Chirac, puis son successeur Nicolas Sarkozy.

Par Brigitte DUSSEAU, le vendredi 11 mai 2007, 15h18



Tony Blair apporte son plein soutien à Gordon Brown pour lui succéder

LONDRES (AFP) - Le Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré vendredi qu'il soutenait pleinement son ministre des Finances Gordon Brown pour qu'il lui succède après son départ du pouvoir le 27 juin.

Gordon Brown a annoncé vendredi être candidat à la succession du Premier ministre. "Aujourd'hui, j'annonce que je suis candidat à la direction du parti travailliste et pour diriger un nouveau gouvernement", a déclaré M. Brown.

Il a affirmé avoir "des idées nouvelles, la vision et l'expérience" nécessaires pour le faire.

"Je suis absolument ravi d'apporter mon plein soutien à Gordon comme prochain dirigeant du parti travailliste et Premier ministre", a déclaré M. Blair depuis Downing Street, lors d'une conférence de presse commune avec le président irakien Jalal Talabani.

"Je pense qu'il a ce qu'il faut pour diriger le parti travailliste et le pays avec distinction. Il a un talent extraordinaire et rare, et c'est formidable s'il est mis au service de la nation, comme cela peut l'être maintenant", a ajouté M. Blair, dont les relations avec M. Brown sont notoirement difficiles.

"Il a montré, peut-être, en tant que meilleur chancelier (ministre de l'Economie et des Finances) de l'histoire de notre pays, qu'il a la force, l'expérience et le jugement pour faire un grand Premier ministre", a poursuivi Tony Blair.

M. Brown, un Ecossais austère de 56 ans, est le ministre des Finances depuis 10 ans.
Il travaille depuis près de 25 ans avec M. Blair et les deux hommes avaient porté ensemble le parti travailliste au pouvoir en 1997.

Mais leurs relations se sont dégradées au fil des ans, en raison de leur rivalité pour le pouvoir.
Jeudi, Tony Blair a annoncé qu'il quitterait le pouvoir le 27 juin, après dix ans passés à la tête du gouvernement.

M. Brown est le seul poids lourd candidat à sa succession, et semble donc assuré de lui succéder à Downing Street à cette date.

Tony Blair sera reçu à 16H30 à l'Elysée par le président français Jacques Chirac puis par le successeur de ce dernier Nicolas Sarkozy.

Vendredi 11 mai 2007, 12h44





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25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 19:13
(Dépêche)




PARIS/STRASBOURG (AP) - François Bayrou a apporté mercredi son soutien "à son ami polonais Bronislaw Geremek", ancien dissident membre de Solidarnosc et ancien ministre des Affaires étrangères, menacé d'être "déchu de son mandat de député européen" pour avoir refusé de se soumettre à une loi exigeant des ressponsables publics qu'ils déclarent ne pas avoir collaboré avec les organes de la police politique de la Pologne communiste.

La loi, entrée en vigueur le 15 mars sous la houlette du tandem conservateur des frères Kaczynski, exige de quelque 700.000 personnes, y compris les professeurs d'Université, les journalistes et les hommes politiques, qu'ils rendent des comptes sur d'éventuelles collaborations passées.

Il y a quelque mois, le tout nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, avait brutalement démissionné suite à des révélations sur sa collaboration avec la police politique de l'époque communiste.

"C'est un fait grave qui est en train de se dérouler en Europe et c'est en Pologne que ça se passe", a dénoncé le président de l'UDF au cours de sa conférence de presse à Paris.

"Cela crée une sorte de ministère de la Vérité, et rend les citoyens sans défense quand ils sont confrontés à une campagne de dénigrement", a déclaré Bronislaw Geremek, 75 ans, devant les députés européens à Strasbourg.

Tous les groupes du Parlement européen, unanimes, ont défendu l'action et la position de l'historien. C'st un "scandale absolu que la Pologne agisse ainsi", a jugé Martin Schulz, président du groupe socialiste européen. La Commission européenne a de son côté fait savoir qu'elle serait "très attentive (...) au respect des droits fondamentaux".

"La Pologne a fait adopter une loi d'épuration", a déclaré François Bayrou à Paris. Cette loi "consiste à organiser ou à obliger tous les hauts fonctionnaires, les enseignants, tous les responsables politiques et syndicaux à faire une déclaration sur leur passé indiquant qu'ils n'avaient jamais collaboré avec l'ancien régime".

"Un certain nombre d'intellectuels ont décidé de résister à cette injonction", a-t-il poursuivi. L'ancien ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000, aujourd'hui député européen, proche de Lech Walesa à la grande époque de Solidarnosc, Bronislaw Geremek en fait partie.

"Mon ami Bronislaw Geremek s'est opposé à ces pratiques", a expliqué François Bayrou pour que "l'on n'entre pas dans ce cycle d'épuration perpétuelle. Il avait d'autant plus de mérite à le faire qu'il avait déjà, il y a plusieurs années (...) déposé une déclaration semblable".

"Cette fois-ci par un geste de résistance morale, il a refusé de déposer à nouveau une telle déclaration et l'Etat Polonais et en train de déchoir Bronislaw Geremek de son mandat de député européen", a dénoncé le député UDF.

Selon Milosz Wilkanowicz, expert juridique, le président de la Diète polonaise peut désormais révoquer de son mandat M. Geremek, un des responsables politiques polonais les plus respectés.

"Ceci est une honte sachant qui" est cet homme et "le rôle qu'il a joué à Solidarnosc", a ajouté François Bayrou. "Il n'est pas imaginable que les démocraties particulièrement la France et l'Union européenne dans son ensemble acceptent qu'une telle forfaiture soit perpétrée", a conclu François Bayrou.

Mercredi 25 avril 2007, 17h04

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12 avril 2007 4 12 /04 /avril /2007 03:31
Un groupe de responsables politiques engagés aux côtés de Nicolas Dupont-Aignan (à l'exception de l'historien Guy Bois) appelle désormais à voter pour François Bayrou et s'en explique dans un article publié dans Marianne et que nous reproduisons ci-dessous.


Pourquoi nous voterons Bayrou

Les 55 % de Français qui ont voté non au projet de constitution européenne ne sauraient se satisfaire d'une situation où les trois candidats en mesure de l'emporter à la prochaine élection présidentielle se trouvent dans le camp du « oui ». Encore moins les gaullistes et les républicains que nous sommes.

Comment ne pas voir dans cette situation paradoxale un succès de la nouvelle oligarchie des médias et de la finance, alliée à des forces internationales décidées à faire disparaître l'« exception française » ?

Comment ne pas y voir surtout la prise en otage de l'élection présidentielle par les grands partis, à l'inverse de ce qu'avait voulu le fondateur de la Ve République ?

Mais la politique ne consiste pas, au moment d'une grande échéance nationale, à se retirer sur l'Aventin. Désireux de peser malgré tout sur la future élection, nous avons décidé de voter et d'appeler à voter pour François Bayrou.

Sa culture politique d'origine est certes très différente de la nôtre. Mais l'histoire n'est-elle pas une recomposition permanente des sensibilités en fonction des événements et des enjeux ?

Les convictions européennes de François Bayrou, ne sont pas davantage les nôtres. Nous ne pensons pas pour notre part qu'il puisse y avoir de vraie démocratie hors du cadre national. Et même si l'on approuve le principe de politiques européennes communes, nous pensons que celles qui sont effectivement conduites aujourd'hui à l'initiative de la Commission de Bruxelles et de la BCE : euro fort, libre échange généralisé, refus des politique industrielles, destruction du service public, centralisme normatif, sont désastreuses pour les peuples d'Europe.

Même s'il n'existe pas de différence de fond entre les trois « grands candidats » quant au projet européen, nous pensons cependant que François Bayrou a, mieux que les autres, perçu l'ampleur de l'exaspération populaire qui s'exprime aujourd'hui et la profondeur de la crise de confiance qui sépare le peuple de France de ses élites politiques.

Son engagement de ne prendre aucune initiative européenne sans la soumettre à référendum montre qu'il a compris qu'il ne saurait être d'Europe qui vaille sans adhésion populaire légitimée par le suffrage universel.

De même, François Bayrou s'est déclaré opposé à l'abandon du siège de la France au Conseil de sécurité au profit de l'Union européenne : c'est une position que nous approuvons ; sans le droit de veto de la France à l'ONU, la France n'aurait pu peser comme elle l'a fait face à la guerre d'Irak.

Son projet d'introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives et de rétablir l'indépendance des grands médias est par ailleurs conforme à l'esprit de nos institutions.

La présence de François Bayrou au second tour, après le référendum de 2005, apparaîtrait, dans la crise que traverse notre pays, comme un salutaire électrochoc.

L'intéressé, sur la lancée de la campagne qu'il a mené jusqu'ici, doit cependant aller clairement à la rencontre des millions de Français qui ont rejeté en 2005 une certaine Europe : celle de la technocratie, de l'ultralibéralisme et de la désindustrialisation.

Ne s'appuyant pas sur une formation politique de premier plan, prenant à parti le système et proclamant son intention de rassembler les Français par-delà la droite et la gauche, François Bayrou s'inscrit dans la logique de l'élection du président de la République au suffrage universel.

Tous ceux qui ne veulent pas enfermer le débat politique français dans la fausse bipolarité UMP/PS, ni ne souhaitent un nouveau et stérile 21 avril, auront à cœur de favoriser son succès.

Signataires :
Elizabeth Altschull, enseignante, essayiste ; Guy Bois, historien ; François Gaudu, professeur de droit ; Patrick Guiol, politiste ; Roland Hureaux, haut fonctionnaire, essayiste ; Claude Rochet, professeur de gestion.

Mercredi 11 Avril 2007
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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 19:14
Le Président guinéen Lansana Conté vient de nommer le 28 mars 2007 un gouvernement de consensus dirigé par le Premier Ministre Lansana Kouyaté (56 ans) en accord avec les syndicats qui réclamaient sa démission.

Le pays se trouve actuellement dans un chaos complet, pauvreté extrême, chômage généralisé, corruption importante, qui a engendré une grève générale lancée le 10 janvier 2007, cause de nombreux désordres sociaux et d’une répression très ferme de la police.

Dans ce nouveau gouvernement (1), Ousame Dore, représentant du FMI au Sénégal et en Guinée-Bissau, devient Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan et Ahmed Kante, haut responsable de la Banque centrale, Ministre des Mines et de la Géologie, alors que le pays possède le tiers des réserves mondiales de bauxite (le minerai pour fabriquer l’aluminium).

Il y a quatre mois, quelques semaines avant ce mouvement de contestation, le journal Le Monde (1er décembre 2006) interviewait le Président de la Guinée Conakry, Lansana Conté (2).

Cet homme est vieux (73 ans), il dirige son pays depuis vingt-deux ans, à la suite d’un coup d’État consécutif à la mort de Sékou Touré, et surtout, il est malade de la leucémie. Il ne vit pas dans la capitale, mais à deux heures de route, dans son petit village de Wawa. Il s’accroche à son mandat, déterminé à le finir jusqu’en fin 2010.

Toute son astuce consiste à se montrer au milieu de ses poules et de ses champs. Le pays est pourtant riche en ressources naturelles, mais plus de la moitié des habitants est très en dessous du seuil de pauvreté. La corruption gangrène le pays qui est véritablement coupé en deux, les pauvres et les voleurs. Voisine du Libéria, du Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, la Guinée semble épargnée par la guerre mais jusqu’à quand ?

Des proches de Lansana Conté sont ainsi lâchés, pour mieux montrer la lutte contre la corruption.

Par exemple, Mamadou Sylla, patron d’une compagnie aérienne, d’un importateur de voitures, de munitions etc., s’est enrichi grâce à sa proximité du pouvoir, en échange de livraisons d’armes à l’armée guinéenne quand le pays était agressé par ses voisins.

Disgracié par son protecteur, ce dernier explique « Les dix premières tonnes de riz qu’il a vendues, c’est moi qui lui ai offertes. (...) Je lui ai dit : "Si tu as volé, tu rembourses" ». Sylla sera bientôt jugé, mais bien d’autres, anciens ministres, se font dorer la pilule en Europe, bénéficiant de la clémence présidentielle : « Je n’aime pas mettre les gens en prison. Les ministres qui volent, je les écarte ».

J’ai l’impression ainsi d’avoir affaire à un vieux sage pacifique qui, lui, n’écarte pas ses oligarques avec du polonium 210.

Et pourtant, Lansana Conté est un rétrograde qui fait tout pour ne pas enrichir sa population.

Il ne croit qu’à l’agriculture et qu’aux résultats de la récolte des terres. Il refuse l’exploitation des nombreux gisements miniers de la Guinée : aluminium, fer, or, diamant et même pétrole... avec cette philosophie complètement dépassée : « Les mines ne m’intéressent pas. Ce qu’on trouve par hasard ne m’intéresse pas. Personne ne peut profiter d’une mine comme on le fait avec un champs, ou alors cette personne vole son pays ».

Il estime en effet que les mines, ce sont plus les Guinéens qui volent le pays que les Occidentaux, en revanche, il est reconnaissant envers la présence des Chinois qui, eux, travaillent : « Je leur ai confié une terre fatiguée, vous devriez voir ce qu’ils en ont fait ! Les Chinois sont incomparables. ».

Bref, un vieux dictateur malade et éloigné du pouvoir, incapable d’arrêter la corruption, refusant de s’appuyer sur les richesses du pays pour favoriser son développement, arc-bouté sur des pensées d’arrière-garde...

Le 19 janvier 2007, rencontrant des responsables syndicaux après dix jours de grève générale, Lansana Conté les menace ainsi : « Je vais vous tuer tous, tant que vous êtes. Je suis militaire, j'ai déjà tué des gens. » (3).

Le 24 janvier 2007, alors qu’il y avait déjà 59 morts par la répression, Conté accepte à transférer ses pouvoirs à un Premier Ministre qui nomme finalement le 26 février sous la pression de la rue (4).

Lansana Kouyaté, haut diplomate très apprécié de l’ONU et de la France entre autres, aura-t-il avec son gouvernement les mains libres pour redresser la Guinée et lui apporter une vision moderne de l’économie face à l’un des plus anciens tyrans du monde ?

Cette évolution semble donner un peu d’optimisme.



(1) Nouveau gouvernement de consensus.
(2) Interview de Lansana Conté.
(3) Lansana Conté sur wikipédia.
(4) Nomination de Lansana Kouyaté.
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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 15:53
Étrange sentiment à la lecture du Monde du 1er décembre 2006, où le Président de la Guinée Conakry, Lansana Conté, est interviewé (1).

Cet homme est vieux (73 ans), il dirige son pays depuis vingt-deux ans, à la suite d’un coup d’État consécutif à la mort de Sékou Touré, et surtout, il est malade de la leucémie. Il ne vit pas dans la capitale, mais à deux heures de route, dans son petit village de Wawa. Il s’accroche à son mandat, déterminé à le finir jusqu’en fin 2010.

Toute son astuce consiste à se montrer au milieu de ses poules et de ses champs. Le pays est pourtant riche en ressources naturelles, mais plus de la moitié des habitants est très en dessous du seuil de pauvreté. La corruption gangrène le pays qui est véritablement coupé en deux, les pauvres et les voleurs. Voisine du Libéria, du Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, la Guinée semble épargnée par la guerre mais jusqu’à quand ?

Des proches de Lansana Conté sont ainsi lâchés, pour mieux montrer la lutte contre la corruption.

Par exemple, Mamadou Sylla (2), patron d’une compagnie aérienne, d’un importateur de voitures, de munitions etc., s’est enrichi grâce à sa proximité du pouvoir, en échange de livraisons d’armes à l’armée guinéenne quand le pays était agressé par ses voisins.

Disgracié par son protecteur, ce dernier explique "Les dix premières tonnes de riz qu’il a vendues, c’est moi qui lui ai offertes. (...) Je lui ai dit : ‘Si tu as volé, tu rembourses’ ". Sylla sera bientôt jugé, mais bien d’autres, anciens ministres, se font dorer la pilule en Europe, bénéficiant de la clémence présidentielle : "Je n’aime pas mettre les gens en prison. Les ministres qui volent, je les écarte".

J’ai l’impression ainsi d’avoir affaire à un vieux sage pacifique qui, lui, n’écarte pas ses oligarques avec du polonium 210.

Et pourtant, Lansana Conté est un rétrograde qui fait tout pour ne pas enrichir sa population.

Il ne croit qu’à l’agriculture et qu’aux résultats de la récolte des terres. Il refuse l’exploitation des nombreux gisements miniers de la Guinée : aluminium, fer, or, diamant et même pétrole... avec cette philosophie complètement dépassée : "Les mines ne m’intéressent pas. Ce qu’on trouve par hasard ne m’intéresse pas. Personne ne peut profiter d’une mine comme on le fait avec un champs, ou alors cette personne vole son pays".

Il estime en effet que les mines, ce sont plus les Guinéens qui volent le pays que les Occidentaux, en revanche, il est reconnaissant envers la présence des Chinois qui, eux, travaillent : "Je leur ai confié une terre fatiguée, vous devriez voir ce qu’ils en ont fait ! Les Chinois sont incomparables.".

Bref, un vieux dictateur malade et éloigné du pouvoir, incapable d’arrêter la corruption, refusant de s’appuyer sur les richesses du pays pour favoriser son développement, arc-bouté sur des pensées d’arrière-garde...

Brrrr... franchement, je suis content d’être en France.



(1) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-840337,0.html
(2) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-840338,0.html
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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 15:45
Il n’habitait pas en Amérique latine comme le Manuel Pereira da Ponte Martins du roman de Daniel Pennac "Le Dictateur et le Hamac". Il ne recruta pas de sosie car lui, contrairement à Manuel Pereira da Ponte Martins, il aimait les foules.

En fait, il a mis en place l’un des cultes de la personnalité qui n’avait rien à envier à Enver Hodja, ni à Staline, ni à Mao, ni à Ceaucescu, ni Bokassa Ier...

Lui, c’est Saparmyrat Atayewic Nyyazow, le Président du Turkménistan, l’une des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale (1), qui est mort d’une crise cardiaque le jeudi 21 décembre 2006, tôt le matin. Enfin, officiellement, car déjà, certains doutent de la date et estiment qu’il était déjà mort plus tôt (2).

Son site internet n’était pas encore au courant en soirée (3) alors que celui de ses opposants l’annonçait dès 8h30 (4).

Je l’appellerai par la suite Niazov, selon la phonétique cyrillique et russe. J’aurais même pu l’appeler Niazov Ier tant le ridicule ne le tuait pas, en revanche, le ridicule-là pouvait tuer bien de ses concitoyens.

Il n’avait pourtant que soixante et un ans. Mais le coeur a éclaté... Trop gros de narcissisme et de caprice.

Il entra en 1962 au parti communiste de l’Union Soviétique, et y grimpa fort rapidement puisqu’en 1985, il devint son chef suprême, et accéda à la Présidence du Conseil des Ministres de la République socialiste soviétique de Turkménistan, la seconde des républiques d’Asie centrale (quatrième de l’ex-URSS) en superficie.

À partir de cette date, il dirigea d’une main de fer le pays. Le 13 janvier 1990, il devint le Président du Soviet Suprême de cette république, et en août 1991, il participa au putsch contre Gorbatchev à Moscou (5).

Malgré l’échec du coup d’État russe et après l’effondrement de l’Union Soviétique, Niazov parvint à conserver son pouvoir en devenant le premier président turkmène.

Ce qui lui permit d’établir une véritable tyrannie (6).

C’est à partir de ce moment-là que l’esprit vacilla. De simple et obéissant apparatchik au service du pouvoir central, le voici aux commandes d’un État impensable, seul à bord.

Les lubies arrivèrent (6).

Le 22 octobre 1993, il se fit appeler Türkmenbasy, père du peuple turkmène, pour copier Mustafa Kemal se faisant appeler Atatürk.

Le 29 décembre 1999, il se proclama président à vie avec une parodie de formalisme constitutionnel. Pour vous faire une idée, vous pouvez consulter la Constitution du Turkménistan en anglais (7).

Parmi les hérésies institutionnelles, voici quelques piquants exemples :

- Il a rebaptisé des villes.
- Il a donné son nom et celui de ses proches à des aéroports, rues, hôpitaux, et même, à une météorite.
- Il a changé les noms des mois et des jours, les remplaçant par le sien et ceux de ses proches.
- Il a mis son visage partout, sur les billets de banque, et même sur les bouteilles de vodka.
- Il a dressé sa propre statue en plein désert du Karakoum (8,9) ainsi qu’un immense palais à sa dévotion dans la capitale à Achgabat.
- Il a changé l’alphabet cyrillique en alphabet latin proche du turc.
- Il a interdit tous les livres antérieurs à l’indépendance (1991), si bien que dans les bibliothèques, il ne reste que des livres du dictateur lui-même, qui servent de base pour le système éducatif (en 2004, il a même fermé toutes les bibliothèques rurales car les villageois turkmènes ne lisaient pas, selon lui).
- Dans son village natal, il a construit un complexe comprenant une mosquée à la dévotion de sa maman pour cent millions de dollars.

Le pays a fait l’objet de nombreuses remontrances d’organisations non gouvernementales car il ne respectait pas les droits de l’homme (10). Trente mille prisonniers politiques ont été comptabilisés (soit près de 1% de la population totale !). Des caméras ont été installées partout.

La situation sanitaire est déplorable (réapparition de la tuberculose, du choléra et de la dysenterie). La situation économique est misérable, avec plus de la moitié de la population active au chômage, et trente euros comme salaire mensuel moyen. Le pays est pourtant riche, puisqu’il fournit en gaz le géant russe Gazprom, mais l’argent semblait bien se mouvoir dans la poche des proches de Niazov (6)).

Le Turkménistan est aussi l’un des rares treize pays ennemis d’internet (11).

Wikipédia (5) cite également quelques caprices présidentiels :

- Il a interdit le maquillage des présentateurs de télévision, afin de bien distinguer les hommes des femmes (qu’il confondait en raison de sa myopie).
- Il a interdit les spectacles de danse et les opéras (inutiles selon lui).
- Il a interdit de fumer en public en 1997 après son opération au coeur qui lui interdisait de fumer encore.
- Il a interdit le playback des chanteurs (ce qui risque d’avoir empêché Michel Sardou de se produire en Turkménistan) ainsi que la diffusion publique de musiques enregistrée (même dans les mariages !).
- Il a interdit aux hommes les cheveux longs, les moustaches et les barbes, les couronnes dentaires (« y a que moi qui peux être couronné ! » aurait-il dit, mais là, j’invente), en leur recommandant de ronger des os (comme les chiens ?).
- Il a réduit les études médicales à trois ans et a fermé tous les hôpitaux sauf celui de la capitale, licenciant ainsi quinze milles employés médicaux en 2004 (« Pourquoi gâcherions-nous de bons médecins spécialistes en les laissant dans des villages, alors qu'ils pourraient travailler dans la capitale ? » disait-il le 28 février 2005).

Malgré toutes ces ubuesques turpitudes, le régime de Niazov bénéficiait de la bienveillance gazophile de la Russie, des États-Unis et de la Chine, puisque le dictature n’avait aucune visée territoriale.

Étrange bonhomme dont la folie paraissait patente, surtout à la fin de sa vie, et qui malgré son autoritarisme, avait promis il y a un an qu’il y aurait des élections libres et équitables en 2009, alors qu’il était pourtant "président à vie".

À mon humble avis, elles vont avoir lieu plus rapidement que prévues, ces élections. Ouf. Reste à savoir si le processus démocratique sera bien enclenché.



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(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Turkménistan
(2) http://www.lenta.ru/story/turkmenistan/
(3) http://www.turkmenbashi.org/
(4) http://www.gundogar.org/
(5) http://www.minilien.com/?WNa3ke4hGs
(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_du_Turkménistan
(7) Allez dans le lien (3), cliquez ‘Business & Economy’ et ensuite, ‘The Turkmenistan Constitution’.
(8) http://fr.wikipedia.org/wiki/Désert_du_Karakoum
(9) http://www.pagetour.narod.ru/uzb/Qyzylqum_1.htm
(10) http://web.amnesty.org/report2004/tkm-summary-fra/
(11) http://www.rsf.org/article.php3?id_article=19601
 
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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 15:41
Mercredi 10 janvier 2007 au soir, sur Arte, j’ai enfin réussi à ne pas rater l’excellente émission de Jean-Christophe Victor "Le Dessous des Cartes".

Ce soir-là, elle avait pour thème : l’Organisation de Coopération de Shanghai, ou OCS (en français). Ce qui va suivre n’est pas le résumé de l’émission mais ma petite analyse personnelle (qui a donc toutes les chances de ne pas être forcément très pertinente, et en petits caractères : "analyse non contractuelle").

Je dois bien avouer que je ne connaissais même pas l’existence de l’Organisatin de Coopération de Shanghai. Mais pourtant, elle pourrait devenir l’un des pôles mondiaux essentiels pour les prochaines décennies.

En gros, face à l’OTAN qui a démesurément gagné la partie de la guerre froide en intégrant récemment les pays d’Europe centrale et orientale, la Russie se pose la perpétuelle question de son identité : occidentale ou orientale, européenne ou asiatique.

Issu de réunions informelles dès 1996, puis, un peu mieux structuré depuis 2001 (je vous passe les détails, tout se trouve sur les sites internet mis en référence plus bas), ce groupe de pays est d’abord une alliance hétéroclite.

Il s’agit de la Russie et de la Chine pour faire front face à la toute puissance américaine. Puis se sont agglutinés quelques pays de l’Asie centrale, ex-républiques soviétiques, et aujourd’hui, cette organisation (qui a fait quelques fusions avec d’autres organisations économiques locales, là encore je vous passe les détails, mais on peut en discuter aussi : en 2005 avec l’OCCA et la CEEA) commence à faire les yeux doux à l’Inde, au Pakistan et surtout, à l’Iran.

L’objectif est donc de créer un bloc suffisamment solide pour contrer l’OTAN actuelle. Une sorte de nouvel axe de pays non-alignés...

Aujourd’hui, l’Inde est surtout courtisée par les États-Unis qui souhaitent une alliance face à la Chine, et donc si l’Inde se montrait séduite par l’OCS, c’est cette géostratégie qui serait remise en cause.

Certains chercheurs (cf les liens sur l’IFRI) estiment que cette organisation n’a d’intérêt que pour les gros, et que les petits, ou les moyens, comme le Kazakhstan, n’ont aucun intérêt à une telle alliance. Et que pour l’instant, elle n’a pas de réelle action (nulle par exemple en Afghanistan).

Personnellement, je vois cependant un triple intérêt à l’éclosion d’un tel axe.

D’une part, la structuration d’un nouvel espace stratégique qui va se développer économiquement de façon rapide, ce qui permettra des négociations commerciales de meilleures tenues et, pourquoi pas (on peut encore rêver), contraindre les Chinois à respecter les règles internationales (notamment les protections par brevets).

D’autre part, l’obligation faite aux États-Unis de considérer que le monde ne leur est pas acquis. Une sorte de rééquilibrage dans le nouvel ordre mondial consécutif à la chute du communisme international.

Enfin, c’est l’occasion aussi de maintenir dans les pays d’Asie centrale une maîtrise de l’islamisme extrémiste qui pourrait se développer (comme il s’est développé en Afghanistan avec les talibans ou se développe aussi au Pakistan et au Cachemire).

L’Iran a-t-il un intérêt dans cette affaire ?

Bien sûr. Le premier est de se montrer comme un partenaire international avec qui on peut négocier. Je rappelle les soutiens à peine voilés de la Russie et dans une moindre mesure, de la Chine sur le dossier nucléaire (cf encore quelques liens mis plus loin).

L’organisation veut ainsi rassembler tous les producteurs des matières premières de l’énergie : gaz, et pétrole, et adopter ainsi une politique indépendante face à l’OPEP et face aux Occidentaux.

L’une des premières revendications de l’OCS, c’est le départ des troupes américaines d’Ouzbékistan et du Kirghizistan. Les États-Unis avaient installés quelques bases militaires à la suite des attentats du 11 septembre 2001 pour avoir une base logistique dans la guerre en Afghanistan, puis pour faire la chasse aux terroristes dans les vallées d’Asie centrale.

Cependant, les quelques mouvements militaires communs dus à l’OCS n’ont pas montré une très grande efficacité dans la lutte contre le terrorisme.

Outre les six pays membres (Russie, Chine, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan et Ouzbékistan), la Mongolie est devenue en 2004 un membre observateur alors que les États-Unis, demandeurs, n’ont pas obtenu ce rôle. En 2005, l’Inde, le Pakistan et l’Iran deviennent membres observateurs. Et d’autres États sont convoités, comme la Birmanie, l’Indonésie et la Malaisie.

On parle de stratégie ou de diplomatie, mais l’aspect commercial est, à mon avis, la priorité, avec un axe énergétique de tout premier ordre. Tout se construit maintenant : gazoducs, oléoducs, exclusivités, monopoles...

Et l’Europe dans tout ça ? Cela va peut-être apporter un peu d’oxygène dans ses relations avec les États-Unis. Et lui permettre d’avoir d’autres interlocuteurs.

Le jeu de Vladimir Poutine est cependant très trouble : pro-américain un jour (suite aux attentats de 2001), puis pro-européen un autre jour (contre la guerre en Irak), pro-chinois, pro-iranien de fait... cela fait beaucoup de casquettes peu compatibles.

Or aujourd’hui, la Chine semble avoir une très grande clarté dans sa stratégie : nourrir sa croissance économique galopante avec des matières premières et de l’énergie qui lui font défaut en grande quantité. Son leadership pourrait ramener la Russie dans un rôle subalterne qu’elle ne saurait accepter.

Et alors, la Russie reviendrait parmi les Européens. Et l’OCS, qui n’est pour l’instant qu’une coquille vide, aurait vécu.

Observez bien. Cela se passe maintenant, et sous nos yeux.
Le monde bouge. Anticipons-le.


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Pour en savoir plus...

* sur l’émission d’Arte :

(1) http://www.artevod.com/programDetails.do;jsessionid=BF77159F7F5290AB135CE7C23293
8F79?emissionId=1903

* sur l’OCS :

(2) http://college.interarmees.defense.gouv.fr/IMG/pdf/DE_L_ESTOILE_CES_D3_article_T
ribune_v4.pdf
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coopération_de_Shanghai
(4) http://french.people.com.cn/french/200308/06/fra20030806_62307.html
(5) http://www.ifri.org/files/Russie/laumullin_francais.pdf
(6) http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=1712
(7) http://www.sectsco.org/home.asp?LanguageID=2

* sur les relations Russie-Iran :

(8) http://www.ifri.org/files/Russie/figaro_310806.pdf
(9) http://www.wsws.org/francais/News/2006/mai06/020506_Iran.shtml


* sur le nouvel ordre mondial (pax americana) :

(10) http://www.unites.uqam.ca/grri/documents/NouveauxMoteursMilitaire.pdf
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