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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 06:17

Le 11 novembre 1975, le Gouverneur général a pris une décision exceptionnelle dans l’histoire politique de l’Australie : il a destitué le Premier Ministre. Retour sur une crise constitutionnelle très particulière. Première partie.


yartiWhitlam01Ce nom ne dira peut-être pas grand chose à des jeunes francophones de 2014. Gough Whitlam s’est éteint ce mardi 21 octobre 2014 dans la matinée à l’âge de 98 ans. Malgré la brièveté de son mandat (moins de trois ans), il fut le Premier Ministre australien qui a fait couler le plus d’encre, a fait le plus parler dans les médias, a fait rédiger le plus de livres chez les éditeurs… jusqu’à maintenant, car il s’est trouvé au cœur d’une grave crise constitutionnelle.


Une passion pour le jeu parlementaire

Né le 11 juillet 1916 à Melbourne, Gough Whitlam passa son enfance à Sydney puis à  Canberra, la capitale de l’Australie. Avant de finir ses études de droit, il se porta volontaire et s’engagea dans l’armée de l’air pendant la guerre. Jeune officier, il se maria en avril 1942 avec Margaret Dovey (1919-2012), ancienne championne de natation (1938) et future écrivaine. Elle a disparu le 17 mars 2012 après près de soixante-dix ans de mariage, et six anciens et actuel Premiers Ministres assistèrent à son enterrement (dont Malcolm Fraser).

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Il commença à militer au sein du parti travailliste (ALP, Australian Labour Pary) en 1943 et se désola de l’échec du référendum constitutionnel du 19 août 1944 (54,0% de non). Ce fut cet échec qui le motiva à s’engager en politique plus activement, tout en devenant avocat en 1947. Après quelques échecs locaux, il se fit élire député lors d’une élection partielle le 29 novembre 1952.

Dès son discours inaugural, Gough Whitlam montra ses talents de tribun en séance. Il fut interrompu par un collègue conservateur (dont il était l’opposant), John MacEwen (1900-1980), futur Premier Ministre d’Australie par intérim du 17 décembre 1967 au 10 janvier 1968, alors que ce type de discours est écouté en silence. Le nouveau député ne s’est pas démonté (il avait 36 ans), lui cita Benjamin Disraeli (1804-1881), futur Premier Ministre britannique en 1874, également interrompu lors de son premier discours de parlementaire en 1837, qui avait répliqué : « Le temps viendra où vous devrez m’écouter ! » et il ajouta plus modestement à John MacEwen : « Le temps viendra où vous pourrez m’interrompre ! ».


Leader de l’opposition

Par sa grande culture, son éloquence et son sens critique, Gough Whitlam est devenu rapidement le meilleur opposant à la Chambre des représentants pour affronter le Premier Ministre libéral Robert Menzies (1894-1978), qui dirigea le gouvernement australien du 26 avril 1939 au 28 août 1941 et du 19 décembre 1949 au 26 janvier 1966. Son érudition ne l’empêcha pas d’insulter régulièrement ses contradicteurs, en particulier Garfield Barwick (1903-1997), futur Président de la Haute Cour du 27 avril 1964 au 11 février 1981, et William MacMahon (1908-1988), futur Premier Ministre libéral du 10 mars 1971 au 5 décembre 1972.

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Assez naturellement, il fut désigné comme le président du groupe travailliste à la Chambre le 7 mars 1960, puis le président du parti travailliste le 9 février 1967, le plaçant en position de leader de l’opposition et de candidat au poste de Premier Ministre lors des élections législatives (élections fédérales).

Le système politique est relativement simple car basé sur un bipartisme très anglo-saxon. La classe politique était essentiellement composée de deux camps : d’une part, l’opposition était tenue par le parti travailliste ; d’autre part, la majorité au gouvernement était une coalition entre libéraux et conservateurs.


Une majorité libérale et conservatrice assez divisée

Du côté de la majorité, bien que solide depuis plusieurs décennies (elle resta au pouvoir pendant vingt-trois ans à partir du 19 décembre 1949), la situation était loin d’être simple entre les partisans d’un État protectionniste (Country Party) et les tenants du libéralisme économique.

Libéral, Robert Menzies, qui voulait se retirer de la vie politique après dix-huit ans d’exercice du pouvoir, avait cédé la tête du gouvernement à Harold Holt (1908-1967) le 26 janvier 1966, lui aussi libéral. Harold Holt fut un grand Ministre du Travail de 1949 à 1958 puis Ministre des Finances de 1958 à 1966. Ce dernier faisait partie de l’aile réformiste des libéraux, ce qui pouvait contrarier ses alliés conservateurs.

Le 17 décembre 1967, le Premier Ministre disparut lors d’une baignade dans une mer agitée. Son corps ne fut pas retrouvé mais il fut déclaré décédé deux jours plus tard. Sa succession à la tête du gouvernement fut un vrai casse-tête. Parce qu’il était le plus ancien au gouvernement, John MacEwen (chef des conservateurs) fut désigné par le Gouverneur général Richard Casey (1890-1976) comme Premier Ministre pour assurer l’intérim pendant quelques semaines, le temps que le parti libéral se trouvât un nouveau président.

En toute logique, le Ministre des Finances William MacMahon était le successeur évident de Harold Holt, mais John MacEwen fit barrage pour son accession à la tête du gouvernement, prêt à faire voter contre lui le cas échéant (or les libéraux n’avaient pas de majorité sans les conservateurs). La raison probable, c’était que William MacMahon était favorable au libre échange, à la suppression des droits de douane, alors que les conservateurs étaient résolument contre ce type de politique. D’autres considérations plus personnelles pouvaient s’envisager mais jamais elles n’ont été explicitées.

Résultat, ce fut le Ministre de l’Éducation John Gorton (1911-2002) qui pris la tête du parti libéral et ainsi, du gouvernement australien du 10 janvier 1968 au 10 mars 1971. Dans la bataille interne, ancien conservateur, John Gorton avait été soutenu par le Ministre des Armées Malcolm Fraser (84 ans), qui fut par la suite Premier Ministre du 11 novembre 1975 au 11 mars 1983, contre le Ministre des Affaires étrangères, Paul Hasluck (1905-1993), qui fut finalement proposé par John Gorton comme Gouverneur général (du 20 avril 1969 au 11 juillet 1974) pour apaiser son amertume et sa rancœur de ne pas avoir gagné la partie. John Gorton nomma par ailleurs John MacEwen Vice-Premier Ministre.

Continuant à faire participer les troupes australienne dans la guerre du Vietnam, mauvais communicant face à un leader de l’opposition très éloquent (Gough Whitlam), John Gorton perdit 16 sièges aux élections législatives du 25 octobre 1969, gardant de justesse une majorité absolue avec 66 sièges sur 125 mais l’opposition travailliste avait recueilli la majorité des suffrages avec 50,2%.

Quand John MacEwen se retira de la vie politique (et du gouvernement) le 5 février 1971, beaucoup de libéraux comprirent que le veto contre William MacMahon avait été levé. En raison de la faible performance de John Gorton et de la montée en puissance de Gough Whitlam, Malcolm Fraser démissionna du gouvernement et sonna la charge contre John Gorton qui, défié, démissionna aussi le 10 mars 1971, s’effaçant derrière William MacMahon.


Victoire électorale des travaillistes

De l’autre côté de l’échiquier politique, l’opposition travailliste avait réussi à préserver son unité et gagné un grand leader avec Gough Whitlam. Même si ce ne fut pas traduit par une majorité en sièges, le succès électoral du 25 octobre 1969 laissait entrevoir toutes les chances de gagner aux élections suivantes.

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Ce fut donc le cas aux élections législatives du 2 décembre 1972. Le contexte était favorable aux travaillistes qui étaient en tête dans les sondages, soutenus également par le patron de presse Rupert Murdoch (83 ans), propriétaire du quotidien "The Australian" : l’inflation s’envolait, le chômage bondissait et la guerre au Vietnam était devenue très impopulaire. Gough Whitlam mena une campagne très active avec le slogan "It’s Time" ["C’est maintenant" ou "Il est temps"] qui fut très efficace sur les thèmes économiques et sociaux.

Les travaillistes ont remporté la majorité absolue des sièges, passant de 59 à 67 sièges sur 125 avec 52,7% des voix. C’était la première fois que l’alternance se faisait depuis près d’un quart de siècle. La voie du pouvoir était ouverte à Gough Whitlam qui fut nommé Premier Ministre d’Australie le 5 décembre 1972. Les travaillistes ne contrôlaient cependant pas le Sénat.

Pour des raisons internes au parti travailliste qui devait prendre du temps pour désigner les vingt-sept membres du gouvernement (par des "caucus"), Gough Whitlam gouverna pendant deux semaines avec seulement Lance Barnard (1919-1997), le président du groupe travailliste à la Chambre, nommé Vice-Premier Ministre, chacun s’octroyant provisoirement les différentes attributions ministérielles jusqu’à la nomination effective des ministres le 19 décembre 1972.

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Cette courte période fut appelée "duumvirat" et a été reprise (probablement sans le vouloir) avec humour par le dessinateur Christian Binet dans le second tome de sa bande dessinée "Monsieur le Ministre" (publié en août 1990) qui décrit la période de la cohabitation en France de 1986 à 1988 avec un superministre, Lucien Grangarçon, content de s’attribuer toutes les fonctions ministérielles.


Un bilan gouvernemental édifiant

Gough Whitlam a réalisé une grande série de réformes sociales en Australie qui est encore citée dans les discours politiques actuels, un peu comme les réformes du Front populaire en 1936 ou celles de 1981 après l’élection de François Mitterrand en France.

Le bilan gouvernemental de Gough Whitlam fut très riche en avancées sociales, avec l’abolition de la peine de mort, la fin de la conscription, la création d’une sécurité sociale universelle, la création d’une aide juridictionnelle, la suppression des frais de scolarité à l’université, des subventions supplémentaires pour l’éducation et la culture, la défiscalisation des pilules contraceptives, un essai de parité de rémunération entre hommes et femmes, une réforme foncière en faveur des aborigènes, le divorce sans faute, l’abrogation de la politique discriminatoire d’immigration (White Australia Policy), les premières lois de protection de l’environnement, l’indépendance de la Papouasie-Nouvelle Guinée, des sanctions contre l’Afrique du Sud, le retour des troupes australiennes du Vietnam, l’établissement de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine (et la rupture avec Taiwan), etc.

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Il a aussi commis des erreurs historiques, comme sa rencontre avec Président indonésien Suharto le 6 septembre 1974 pour lui dire qu’était favorable à l’annexion par l’Indonésie du Timor oriental décolonisé après le départ des Portugais, craignant que les communistes s’emparassent du pouvoir en cas d’indépendance.


Une opposition de plus en plus combative

Les libéraux s’opposèrent sans relâche à son gouvernement grâce au Sénat qui lui était hostile. Lors des élections législatives anticipées le 18 mai 1974, Gough Whitlam conserva sa majorité à la Chambre des représentants mais de façon plus étriquée, avec seulement 51,7% des voix (66 sièges sur 127).

Le gouvernement était affaibli par des batailles de procédure et la cuisine politicienne qui visaient à prendre (vainement) le contrôle du Sénat et quelques autres affaires ministérielles. Par ailleurs, en plein premier choc pétrolier, Gough Whitlam ne connaissait pas grand chose en économie (il proposait des dépenses supplémentaires malgré le déclin de l’économie).

Dans sa biographie parue en 2002, le journaliste Wallace Brown, qui avait suivi l’activité de Gough Whitlam lorsqu’il était Premier Ministre, expliquait : « Homme d’une grande intelligence et au savoir immense, il était cependant peu compétent dès qu’il s’agissait d’économie. (…) Whitlam rivalisait avec Menzies dans sa passion pour la Chambre des représentants et son habileté à l’utiliser comme une scène, et pourtant, sa adresse parlementaire était plus rhétorique que tactique. Il était capable d’imaginer une stratégie, puis de la faire échouer en essayant de la mettre en œuvre. (…) Par dessus tout, c’était un homme ayant de grandes visions, mais avec de sérieux points aveugles. » ("Ten Prime Ministers : Life Among the Politicians", éd. Longueville Books).

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L’inflation avait atteint des sommets avec 13%, le déficit du commerce extérieur avait crû énormément. Lance Barnard fut même battu par Jim Cairns (1914-2003) au poste de numéro deux du parti travailliste, et ce dernier le remplaça comme Vice-Premier Ministre le 2 juin 1974 avec le Commerce extérieur puis le Trésor comme attributions ministérielles. Mais Jim Cairns a dû démissionner le 2 juillet 1975 à la suite de deux scandales, l’un financier et l’autre sexuel. Juste avant, le 28 juin 1975, l’élection partielle consécutive à la démission de Lance Barnard (qui avait accepté le poste d’ambassadeur d’Australie en Scandinavie) a été un désastre pour le gouvernement et les travaillistes.

Du côté de l’opposition, le président du parti libéral Billy Snedden (1926-1987), qui avait repris le leadership sur William MacMahon le 20 décembre 1972, n’avait pas assez de poids personnel face à Gough Whitlam. Après son échec électoral du 18 mai 1974, puis quelques maladresses par la suite, Billy Snedden fut battu par Malcolm Fraser le 21 mars 1975 à la tête du parti libéral.


Une crise constitutionnelle majeure

La guerre des tranchées chez les parlementaires se solda, en automne 1975, par une grave crise politique et constitutionnelle qui se déroula de manière dramatique, et qui a abouti à la destitution exceptionnelle de Gough Whitlam le 11 novembre 1975.

Dans un autre article, j’évoquerai spécifiquement cette crise qui ébranla la classe politique australienne.

Le nouveau Premier Ministre était le chef de l’opposition Malcolm Fraser qui organisa immédiatement de nouvelles élections législatives qui ont eu lieu le 13 décembre 1975 et furent une grande victoire pour les libéraux en passant de 61 à 91 sièges sur 127 avec 55,7% des voix. Malcolm Fraser resta à la tête du gouvernement australien jusqu’au 11 mars 1983. Il fut ensuite battu par les travaillistes menés par le leader syndicaliste populaire Bob Hawke (84 ans) qui, lui, resta Premier Ministre jusqu’au 20 décembre 1991.


De nouveau dans l’opposition puis en retrait

Après sa destitution, Gough Whitlam resta encore quelques temps leader de l’opposition, présidant le parti travailliste pour les élections du 13 décembre 1975 et aussi celles du 10 décembre 1977 qui fut un nouvel échec pour les travaillistes (avec seulement 45,4% des voix). Même son fils, Tony Whitlam (70 ans), a été battu après avoir été élu le 13 décembre 1975. Il quitta la présidence du parti travailliste le 22 décembre 1977. Il fut remplacé par son dernier Ministre des Finances, Bill Hayden (81 ans), qui l’avait combattu en juin 1977 et qui fut par la suite Gouverneur général d’Australie du 16 février 1989 au 16 février 1996.

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Gough Whitlam démissionna de la Chambre le 31 juillet 1978 et se retira de la vie politique. Pendant une trentaine d’années, il commenta la vie politique australienne. Le retour des travaillistes au pouvoir l’a conduit à devenir ambassadeur d’Australie à l’Unesco, à Paris, de 1983 à 1986. Il ne se réconcilia jamais avec le Gouverneur général John Kerr qui l’avait destitué, en revanche, il renoua avec Malcolm Fraser, alors qu’ils ont été concurrents politiques pendant de nombreuses années, en se dédicaçant mutuellement leurs mémoires (à Sydney en mars 2010).


La pratique référendaire

À noter qu’en dehors des élections législatives et sénatoriales, les citoyens australiens votent aussi régulièrement par référendum. Il y en a eu onze depuis 1944, parfois avec cinq questions indépendantes. Sous le gouvernement de Gough Whitlam, deux référendums ont été organisés, le 8 décembre 1973 (deux questions) et 18 mai 1974 (quatre questions) qui ont été des échecs pour Gough Whitlam.

Le dernier référendum a eu lieu le 6 novembre 1999 et fut important puisqu’il était proposé l’instauration d’une République et l’élection d’un Président de la République comme chef d’État (au lieu de la Reine d’Angleterre) par le Parlement. 54,9% des électeurs ont refusé ce changement et soutenu le maintien de la monarchie britannique. Gough Whitlam et Malcolm Fraser ont apparu ensemble à cette occasion pour apporter leur soutien commun à la monarchie.

Actuellement, le Premier Ministre australien est le libéral Tony Abbott (56 ans), depuis le 18 septembre 2013, après avoir remporté les élections législatives du 7 septembre 2013 avec 53,5% des voix (passant de 72 à 90 sièges sur 150) et le Gouverneur général d’Australie, le général Peter Cosgrove (67 ans), ancien chef des armées, depuis le 28 mars 2014.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 octobre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La crise constitutionnelle en Australie de l’automne 1975.

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http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/gough-whitlam-1916-2014-en-plein-158508

 

 

 

 

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 23:02

Né le 11 juillet 1916 à Melbourne, Gough Whitlam fut élu député en 1952 et est devenu le leader de l'opposition en 1967 en tant que président du parti travailliste.

Il remporta les élections législatives le 2 décembre 1972 (avec 52,7%) puis le 18 mai 1974 (avec 51,7%), rompant avec vingt-trois années de majorité conservatrice. Succédant à William MacMahon (1908-1988), il fut élu Premier Ministre de l'Australie du 5 décembre 1972 au 11 novembre 1975. Il réalisa beaucoup de réformes comme l'abolition de la peine de mort, la fin de la conscription, la création de l'aide juridictionnelle, la suppression des frais de scolarité à l'université, etc. Pendant deux semaines, au début de son mandat, pour des raisons de procédure internes à son parti, Gough Whitlam n'a pu gouverner qu'avec son seul Vice-Premier Ministre Lance Barnard(1919-1997), comme un duumvirat, avant la nomination des vingt-sept ministres.

Le gouvernement de Gough Whitlam fut secoué par plusieurs scandales politiques. L'opposition étant majoritaire au Sénat refusa de voter les lois de finances, ce qui a abouti à une grave crise constitutionnelle à partir du 10 octobre 1975. Finalement, le gouverneur général de l'Australie (représentant de la Reine d'Angleterre) John Kerr (1914-1991) pourtant travailliste, destitua Gough Whitlam le 11 novembre 1975 et nomma Premier Ministre par intérim le leader de l'opposition Malcolm Fraser (84 ans), qui gagna largement les élections législatives du 13 décembre 1975 (avec 55,7%, passant de 61 à 91 sièges sur 127) et qui resta à la tête du gouvernement australien jusqu'au 11 mars 1983. Malcolm Fraser fut battu par le leader syndicaliste populaire Bob Hawke (84 ans) qui, lui, resta Premier Ministre jusqu'au 20 décembre 1991.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_constitutionnelle_australienne_de_1975

Après le nouvel échec des travaillistes aux élections législatives du 10 décembre 1977 (avec seulement 45,4%), Gough Whitlam quitta la présidence du parti travailliste en 1978 et continua pendant trente ans à commenter la vie politique australienne. Il fut ambassadeur d'Australie à l'Unesco à Paris de 1983 à 1986. Il ne se réconcilia jamais avec John Kerr mais accepta de renouer avec Malcolm Fraser en 2009.

Son mandat, bien que court, est celui qui a fait le plus couler d'encre, d'une part en raison de cette crise constitutionnelle exceptionnelle et de son issue par destitution, ce qui est unique dans l'histoire politique, d'autre part en raison des grandes réformes qu'il avait mises en place dans le pays. La journée du 11 novembre 1975 restera ainsi un épisode très particulier de l'histoire de l'Australie.

Sylvain Rakotoarison

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 07:59

L’ancien Président sud-africain a reçu un hommage planétaire depuis l’annonce de sa mort à 95 ans, le 5 décembre 2013. Une semaine de reconnaissance de son humanité par l’humanité.


yartiMandelaC01Comme avec le pape Jean-Paul II en avril 2005 et sans doute comme plus tard, le plus tard possible, avec la reine d’Angleterre, Élizabeth II, qui pourrait dépasser le record de longévité de son aïeule Victoria dans deux ans et demi, les médias ont longuement rendu hommage à l’homme exceptionnel qu’était Nelson Mandela.

Certains peuvent ainsi se sentir dépassés voire lassés ou agacés par ces multiples hommages depuis une semaine, prêts à éclater dans cette overdose de bons sentiments.

Et pourtant, pourquoi ne pas cacher ma joie, malgré le deuil et l’émotion suscités par la disparition, de voir cette planète en communion quasi-unanime autour d’un homme qui incarnait les valeurs universelles de la démocratie et de l’humanisme ? Être joyeux pour un enterrement, cela pourrait être insolent, odieux, mais cette reconnaissance qui arrive de tous les endroits du monde n’est pas une surprise, on la subodorait depuis une vingtaine d’années.

Pour un peu, on pourrait béatifier voire canoniser Nelson Mandela, mais ce dernier, de là où il est, ne pourrait que rejeter ce type d’hommage, car pour lui, par sa modestie, par son humilité, son action ne pouvait être que collective. Jamais il n’a songé un instant à quitter sa prison sans avoir obtenu une solution collective au problème sud-africain. Et jamais il n’a cru que son action pouvait réussir sans l’apport de tous ceux qui ont lutté à ses côtés.

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Au contraire de personnalités comme Mikhaïl Gorbatchev et Helmut Kohl, qui ont changé le monde, politiquement, l’un par les transformations tellement profondes de l’URSS que cette dernière n’a pas survécu, l’autre par l’occasion saisie de la Réunification allemande, les trois personnalités précédemment citées n’ont pas beaucoup "agi" politiquement, au sens moderne d’aujourd’hui, à savoir, gérer un État, mais ont cristallisé, ou cristallise pour l’une d’elle, des symboliques très fortes dont le principal point commun est le rassemblement et l’unité.


Ne jamais oublier mais pardonner

Il n’a jamais vraiment présidé l’Afrique du Sud, ou du moins, il n’a fait que régner, il n’a jamais gouverné. Il était déjà trop âgé. Ce n’était pas dans son ambition. Il n’était pas accroché au pouvoir comme tant d’autres. Il savait seulement que sa présence était nécessaire, que son aura, son symbole ont permis quelques miracles.

Et le premier des miracles, c’était d’éviter un bain de sang pendant la transition, quand la fin de l’apartheid a été décidée. Que ceux qui furent oppressés ne cherchassent pas à prendre leur revanche, à se venger, ne massacrent pas leurs anciens oppresseurs. Rien n’était joué en 1993. Rien. La stature morale de Nelson Mandela a été telle que cette transition s’est réalisée avec le moins de dégâts possible.

Le dernier miracle, c’est sans doute dans le stade de Soweto, dernier lieu où Nelson Mandela s’est montré en public, à la clôture de la Coupe du monde de football en 2010, ce mardi 9 décembre 2013, jour du vingtième anniversaire de la remise du Prix Nobel de la Paix à Nelson Mandela et Frederik De Klerk (présent dans le stade ce mardi). De très nombreux chefs d’État avaient fait le déplacement pour un dernier hommage public, sous la pluie battante, et l’on a vu le Président des États-Unis Barack Obama saluer le Président cubain, Raul Castro, frère de Fidel Castro. Une poignée de main qui en a surpris plus d’un.

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Nelson Mandela a été un modèle majeur pour la résolution de conflits qui sembleraient impossibles à résoudre sereinement et pacifiquement. Tout est dans la dénomination de cette fameuse Commission Vérité et Réconciliation pour tourner la page des sombres années de l’apartheid. Il n’y a pas eu de chasse aux sorcières. Par son charisme, il a réussi à convaincre le peuple sud-africain de ne se tourner que vers l’avenir.

Deux impératifs donc, qu’il serait prodigieux d’appliquer par exemple au conflit israélo-palestinien : ne pas oublier (la vérité), mais pardonner (la réconciliation).

Deux impératifs qui ont été appliqués avec succès dans l’amitié franco-allemande initiée par le Général De Gaulle et Konrad Adenauer.

Le pardon, une valeur très chrétienne, est la seule option possible pour installer une paix durable entre deux ennemis aux rancunes tenaces et enracinées très profondément. Ce n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas facile dans tous les cas.

Pardonner, ce n’est pas oublier.
Pardonner, ce n’est pas travestir la vérité.
Pardonner, ce n’est pas excuser, ni comprendre, ni expliquer.
Pardonner, c’est juste mettre un point final à un conflit et se tourner vers l’avenir.

Que tant de monde, tant de chefs d’État puissent se recueillir autour de cette valeur du pardon laisse finalement augurer d’un optimisme pour futur.


Critiques face aux hommages multiples

Alors, évidemment, l’unanimité des réactions peut faire peur dans l’apparence, car elle fait craindre d’être enfermé dans une sorte de carcan unique. Pourtant, se rassembler autour de valeurs essentielles à l’humanité, c’est rassurant. C’est montrer qu’il y a encore du positif dans les aspirations politiques des nations.

Certes, certains, pour se distinguer, n’avaient plus d’autre choix que de cracher soit sur Nelson Mandela lui-même (ils sont extrêmement rares), soit sur les laudateurs de Nelson Mandela. C’est leur droit, dans un pays où existe la liberté d’expression.

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Cinq types de critique ont été formulés cette semaine : la récupération, l’hypocrisie, la lutte armée, le bilan politique et le complot.

J’évacue rapidement la dernière critique, selon laquelle l’action de Nelson Mandela, depuis sa libération en 1990 jusqu’à la fin de sa présidence en 1999, n’aurait été qu’une manœuvre d’un groupe de comploteurs, la CIA par exemple (que certains aime voir, par obsession entêtée d’anti-américanisme, derrière tous les faits d’actualité, même les plus chaotiques ou anodins), analyse qui ne tient pas debout puisque justement, Nelson Mandela était encore inclus jusqu’en 2008 dans la liste des "terroristes" à surveiller par les États-Unis.

Mais les quatre premières ont leur fondement.

1. Certains analysent le bilan politique de l’unique mandat de Nelson Mandela (1994-1999) comme assez médiocre, laissant encore se développer de grandes inégalités sociales, l’émergence d’une "bourgeoisie noire" et le déplacement de la "fracture sociale".

Certes, la situation actuelle de l’Afrique du Sud n’est pas parfaite (très loin de cela), mais il faut voir d’où Mandela partait : de l’apartheid (une situation que les moins de 30 ans peuvent avoir du mal à imaginer) et d’un embargo économique mondial qui était asphyxiant pour l’économie sud-africaine. L’Afrique du Sud fait d’ailleurs partie des pays du monde qui nourrissent un certain dynamisme économique, ce qui est logique au regard des ressources du pays.

2. Prenons maintenant la lutte armée. Nelson Mandela a fait partie des admirateurs de Gandhi. C’était un contemporain de Gandhi. Mandela avait appris de lui la non-violence. Qu’aucune cause ne valait la violence aveugle.

Pourtant, la répression cruelle du régime d’apartheid a fait évoluer Nelson Mandela : la lutte ne pouvait plus qu’être armée. Ce n’était donc pas un saint, effectivement. Nelson Mandela se trouvait coincé dans un antagonisme moral qu’on pourrait retrouver dans l’excellente pièce "Les Justes" d’Albert Camus. Il a tout fait pour éviter la violence inutile, mais il ne l’a pas entièrement empêchée.

3. La récupération des autres ? En fait, quand il y a un unanimisme, il n’y a plus de récupération possible. Rendre hommage n’est pas récupérer. La récupération n’a de sens que par la distinction. Il est plus facile aujourd’hui de se distinguer en crachant sur Mandela qu’en honorant sa mémoire. L’unanimisme rend très banal le fait même d’encenser.

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Je ne vois donc pas en quoi les chefs d’État ou même des leaders politiques puissent récupérer une quelconque légitimité supplémentaire à dire (sincèrement pour la plupart) leur admiration et émotion pour Nelson Mandela. Ce ne serait pas un "avantage concurrentiel" qui départagerait des candidats dans une prochaine élection, pour parler compétition.

4. L’hypocrisie enfin. Certains parlent d’hypocrisie concernant des personnes qui honorent aujourd’hui Mandela alors qu’elles l’auraient voué aux gémonies hier (ce qui reste à prouver).

D’abord, il faut distinguer les États des personnes : pour les États-Unis (puisque les critiques sont souvent focalisées sur ce pays), Barack Obama venait à peine de naître quand Mandela fut mis en prison. C’est clair qu’Obama n’a aucune responsabilité sur l’action des États-Unis au sujet de l’apartheid même si, effectivement, son rôle national est d’assumer l’histoire de son pays.

Et même… Tout le monde a le droit de changer. D’évoluer. Sans cette évolution, jamais une situation ne pourrait s’améliorer. Frederik De Klerk a évolué aussi, lui, l’ancien ennemi devenu ami. Heureusement que les gens évoluent. Si c’est dans le bon sens…

Ensuite, il faut éviter de politiser l’action de Nelson Mandela. Il était communiste ? Surtout soutenu par les communistes dans le stupide jeu stratégique de la guerre froide. Heureusement, l’Afrique du Sud n’est pas devenue communiste. La libération de Nelson Mandela et la fin de l’apartheid a été probablement une conséquence de la chute du mur de Berlin.

Pourquoi des personnalités qui ne seraient pas communistes ou anciens communistes ne pourraient-elles pas saluer la mémoire de Nelson Mandela ? On est loin de la situation du Zimbabwe de Robert Mugabe. Au contraire, Mandela s’est beaucoup nourri de valeurs qu’on pourrait dire, certes par simplisme, "de droite" et aussi "du centre".

"De droite" : le mérite individuel. Nelson Mandela n’a cessé de bousculer ses propres troupes pour leur dire qu’il ne faut rien attendre des autres et qu’il faut agir par soi-même, s’engager soi-même pour améliorer sa condition. Il est donc loin de l’esprit d’assistanat des acquis sociaux que pourrait professer une certaine gauche.

"Du centre" : le pardon et la vérité, c’est l’enseignement simple mais difficile du christianisme et plus particulièrement de la démocratie chrétienne, une expression qui n’est pas utilisée en France mais dont le courant politique existe cependant (aujourd’hui, représenté par l’UDI et le MoDem) et qui est très favorable à la construction européenne pour cette raison (unir pour pacifier).

Cela ne veut pas dire que Nelson Mandela n’ait pas véhiculé des valeurs dites "de gauche", comme l’égalité, le partage etc. au contraire, la fin de l’apartheid l’a prouvé.

En clair, l’enseignement de Nelson Mandela appartient à tout le monde et personne ne peut se l’approprier de manière exclusive en refusant aux autres ce qu’on ferait soi-même. Au contraire, cet universalisme est un grand soulagement dans un monde en véritable crise d’identité et de foi en l’avenir.

Autre remarque : le fait que Nelson Mandela soit de peau "noire" importe peu, ici. On aurait presque oublié ce détail (c’est bien un détail). En 2013, alors que les États-Unis sont présidés depuis presque cinq ans par un Président métis (là encore, ce n’est qu’un détail), il serait temps de voir que l’essentiel n’a rien à voir avec la couleur d’une peau : l’essentiel est dans les valeurs que promeuvent les personnes, et uniquement cela, dans un sens comme dans un autre.


L’homme face à l’Histoire

Enfin, ma dernière réflexion concerne l’homme providentiel qu’a été Nelson Mandela. Il paraît factuel de dire qu’il a contribué de façon décisive à l’évolution positive de la République sud-africaine. Que sans lui, au mieux la transition aurait été sanglante, au pire, la répression sanglante aurait empêché la transition. Sa lente maturation dans sa prison a été sans doute capitale pour retourner une situation dans laquelle la violence aurait pu s’imposer.

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C’est une vraie question philosophique : l’action de "grands hommes" (Alexandre le Grand, Jules César, Charlemagne, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle, etc. pour reprendre que la "lignée française", je simplifie) a-t-elle été indispensable à la construction d’un pays ou d’une nation ? ou un autre aurait-il agi pareillement à quelques détails près ? Ou encore : sans Hitler, le nazisme aurait-il pu éclore dans la République de Weimar en pleine crise économique ? Je n'ai pas la réponse.

Mandela refusait de dire qu’on devait tout lui devoir. Il était trop modeste pour cela. Mais parfois, il faut bien admettre que l’engagement de certains individus ont pu accélérer le cours de l’Histoire. Histoire d’une nation et, ici, de l’humanité. Jamais le destin collectif n’a été aussi lié qu’à la présence de cet homme providentiel.


Un espoir pour le futur ?

C’est pourquoi je me réjouis du quasi-unanimisme dans cet hommage mondial à Nelson Mandela. C’est mérité. Reconnaître universellement que la vérité et le pardon sont deux moteurs essentiels de la paix dans le monde, c’est faire un petit pas en avant dans tous les conflits qui alimentent les aigreurs du monde d’aujourd’hui. Maintenant que la leçon a été donnée, pourvu qu’elle soit maintenant appliquée.

La dernière étape de Nelson Mandela sera un enterrement discret dans l’intimité familiale le 15 décembre 2013.


Aussi sur le blog.

 

 

 

Sylvain Rakotoarison (12 décembre 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Hommage à Nelson Mandela.
Pardonner, ce n’est pas facile.
L’Afrique du Sud de Nelson Mandela.
L’Afrique du Sud de Thabo Mbeki.
L’Afrique du Sud de Jacob Zuma.


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http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/hommage-mondial-a-mandela-de-l-144983
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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 06:00

L’élection présidentielle n’est pas un jeu de téléréalité : des vies humaines seront toujours mises en cause dans les conséquences de l’élection présidentielle par le jugement, le discernement et les décisions du Président de la République.


yartiMali01En voyant ce vendredi 11 janvier 2013 au soir les images de la courte allocution du Président François Hollande annoncer l’engagement des troupes françaises au Mali, une vieille réflexion me revenait en boucle. Quand on élit un Président de la République, ce n’est pas un jeu. Ce n’est pas une course de chevaux, avec ses écuries, ses parieurs, ses bookmakers. Ce n’est pas qu’un festival de postures, qu’un concours de marketing politique, qu’une compétition de clichés et de relationnel presse.

L’histoire est tragique. Le choix d’un Président de la République va influer sur la vie de nombreuses personnes. Pas seulement sur sa qualité (logement, emploi, précarité, éducation etc. et c’est là très difficile d’en avoir la certitude). Non. Sur le fait même de vivre encore.

Certaines décisions présidentielles entraîneront inéluctablement la perte de vies humaines. Je ne sais pas lesquelles, ni dans quelles circonstances, mais c’est sûr. Peut-être même la mienne. Ou la sauver. Lorsque Jacques Chirac le 14 juillet 2002 a décidé d’être très sévère sur la sécurité routière, plus de 20 000 vies ont été sauvées depuis dix ans. 20 000 vies sauvées ! Peut-être la mienne. Ou la vôtre. Qui sait ?

Sauver parfois (rarement).
Détruire plus sûrement.

L’engagement dans des conflits armés (Kolwezi, Tchad, Koweït, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye…) est du seul ressort présidentiel, résultat d’une solitude angoissante, et a pour conséquence la perte de vies humaines. Je ne discute pas de la pertinence ou pas de ces engagements. Le non-engagement (comme en Syrie) pourrait même coûter plus cher en vies humaines. Quelles qu’elles soient. Mais c’est un fait. Le lien est clair. Un Président peut décider, en ricochet, du sort de votre vie ou de celle de vos proches.

Que lorsqu’on glisse son bulletin de vote au second tour d’une élection présidentielle, il ne s’agit pas de se faire plaisir, de choisir la personne la plus jolie, la plus baratineuse, la plus démagogique. On choisit celui qui pourrait déclencher une guerre thermonucléaire totale. Ou plus certainement, celui qui va, d’une manière ou d’une autre, de loin ou de près, générer un certain nombre de deuils. Volontaires ou pas, par maladresse ou par incompétence, par calcul ou par terreur,par stratégie ou par peur.

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L’engagement de la France au Mali du 11 janvier 2013 a hélas déjà enregistré ses premiers lots de désolation. Plusieurs morts. Directement liés à la décision présidentielle (attention, je ne dis pas que s’il avait décidé autrement, il y en aurait moins, mais probablement pas les mêmes). Un pilote français (le lieutenant Damien Boiteux, 41 ans, auquel un hommage sera rendu par Jean-Marc Ayrault aux Invalides le 15 janvier 2013) a été blessé dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013 lors d’un raid et a succombé à l’hôpital peu après. Probablement qu’il y a eu des victimes aux frappes nocturnes.

Ailleurs, au même moment, une opération française en Somalie pour libérer Denis Allex, un otage français détenu depuis juillet 2009 a fait de nombreux morts, un ou deux soldats français, dix-sept terroristes qui avaient participé à la prise d’otage et l’otage français lui-même serait tué ou vivant et bientôt "jugé" selon ses ravisseurs, et dans sa cas, sa vie ne tient qu’à un fil.

Ces deux faits sont sûrement intriqués. Les terroristes islamistes le proclament d’ailleurs très ouvertement : « Il y a des conséquences, non seulement pour les otages français, mais aussi pour tous les ressortissants français où qu’ils se trouvent dans le monde musulman. Nous allons continuer à nous résister et à nous défendre. Nous sommes prêts à mourir au combat. » (Sanda Ould Boumama, du groupe rebelle Ansar Dine, à Reuters).

Un autre a dit à peu près la même chose : « Stoppez votre assaut contre nous, ou vous creuserez la tombe de vos propres enfants. » (Abdallah al Chinguetti, d’Al-Qaida Maghreb islamique, sur Internet).

Ce samedi 12 janvier 2013, à l’issue du conseil de défense tenu à l’Élysée, François Hollande a annoncé un renforcement du plan Vigipirate sur toute la France.

Je suis bien incapable aujourd’hui d’avoir une analyse avisée sur la situation au Mali et ses répercussions sur le territoire français. Il me paraît effectivement nécessaire d’éviter à tout pris que des terroristes islamistes s’emparent d’un État et en fasse un État terroriste qui minerait la sécurité en particulier des Français en France pendant de nombreuses années.

Je souhaite à François Hollande la plus grande clairvoyance pour qu’il minimise au mieux toute perte de vies humaines, quelles qu’elles soient, françaises comme non françaises.

Mais ce triste baptême du feu militaire pour François Hollande rappelle amèrement que la réalité tragique rattrape toujours les responsabilités, graves et immenses, de tout Président de la République française, même un normal. Élire un Président de la République est toujours un engagement fort et grave qui peut mettre un terme à bien des vies. C’est à cela qu’il faut penser avant tout quand on passe dans l’isoloir. Pas au sourire de la crémière.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 janvier 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Sécurité routière.
François Hollande.
Tragédie des otages.
Tragédie des engagements militaires.

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http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/mali-histoire-tragique-et-choix-du-128859

 

 

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 07:51

« Je n’osais pas tirer. À ce moment, je voyais un Che, grand, très grand, énorme. Ses yeux brillaient intensément. Je sentais qu’il se levait et quand il m’a regardé fixement, j’ai eu la nausée. J’ai pensé qu’avec un mouvement rapide, le Che pourrait m’enlever mon arme. "Soyez serein, me dit-il, et visez bien ! Vous n’allez tuer qu’un homme !". Alors, j’ai reculé d’un pas vers la porte, j’ai fermé les yeux et j’ai tiré une première rafale. Le Che, avec les jambes mutilées, est tombé sur le sol. Il se contorsionnait et perdait beaucoup de sang. J’ai retrouvé mes sens et j’ai tiré une deuxième rafale, qui l’a atteint à un bras, à l’épaule et dans le cœur. Il était enfin mort. » (témoignage du sergent Mario Teran, dans "Paris Match" en 1977). C’était il y a quarante-cinq ans…


yartiGueva01L’arrestation des onze membres d’une cellule islamiste le samedi 6 octobre 2012 (le douzième membre, Jérémie Louis-Sidney, a été tué après s’être violemment opposé à la police) à la suite de l’attentat antisémite du 19 septembre 2012 contre une supérette de Sarcelles montre que de plus en plus de petits délinquants deviennent en France des "jihadistes", et cette tendance à la radicalisation se déroule comme le catalyseur d’une révolte intérieure apporté par des éléments extérieurs à la France essentiellement grâce à Internet et aux réseaux sociaux où les extrémistes et les intégristes renforcent la détermination des plus paumés.

Dans l’émission littéraire de Public Sénat "Bibliothèque Médicis", l’un des invités de Jean-Pierre Elkabbach remarquait le 22 septembre 2012 que le terrorisme islamiste avait remplacé le guevarisme dans la tête de certains jeunes désœuvrés tentés par l’activisme contre le "grand capital" et le supposé "impérialisme américain". Du reste, l’ancien ministre Éric Raoult a émis cette même analogie dans un débat sur BFM-TV le 8 octobre 2012.

Cette idée n’est pas sans pertinence. On peut en effet imaginer qu’un jeune homme, sans le sou, n’ayant donc rien à perdre, écorché, avec une rage personnelle très intense contre la société, pourrait se métamorphoser en terroriste de la cause extrémiste de l’islamisme. Il ne peut plus donner dans le gauchisme révolutionnaire comme dans les années 1970 et 1980 (Action directe, Brigades rouges etc.) car le communisme a idéologiquement été définitivement battu.

En revanche, une autre forme d’activisme meurtrier a pu voir le jour à partir des année 1990 (avec le terroriste Kelkal) pour essentiellement combattre le monde dit occidental (qui n’existe pas plus qu’un monde oriental). Dans les "banlieues", cela a pu donner des cas extrêmes comme Merah. La barbe de Ben Laden a remplacé l’étendard de Che Guevara.

En général, ce sont surtout des convertis récents qui n’ont rien à voir avec l’islam (et qui sont très différents de la plupart des musulmans qui, eux, prônent la non-violence et souvent subissent à leurs dépens les amalgames) mais ils concrétisent le mal-être par des actions violentes contre leur pays, la quête de repères surtout. Expert en sécurité et renseignement stratégique, Claude Moniquet remarque : « Ces gens ont une conception sommaire du jihadisme et n’ont pas une vraie connaissance de l’islam. (…) Ces gens qui sont en rupture sociale épousent une idéologie qui justifie et ennoblit leurs actes. ». Expert en islam, Samir Amghar observe de son côté : « Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle tendance du salafisme, l’islamo-banditisme, formée par des délinquants, souvent convertis en prison, qui gardent leurs habitudes de violence ou d’exactions, mais en les justifiant par des motifs religieux islamiques de lutte contre l’Occident. ».

L’anti-occidentalisme est le point de convergence, exactement comme l’exprimait le 24 février 1965 à Alger un guérillero : « Les pays socialistes ont le devoir moral d’arrêter leur complicité tacite avec les pays de l’ouest exploiteurs. ».

C’était un Ministre de l’Industrie très vindicatif néanmoins doté d’une grande intelligence. Non, je ne parle pas d’Arnaud Montebourg mais bien d’Ernesto Guevara qui est mort il y a tout juste quarante-cinq ans, le 9 octobre 1967, à l’âge de 39 ans.

Tiens, parlons justement du Che Guevara. À la différence de l’avocat socialiste, le Che n’a pas débité seulement du verbe mais a agi, et quand je dis "agi", cela veut dire "a pris les armes" et a voulu "répandre" la révolution cubaine un peu partout dans le monde, en particulier au Congo et en Bolivie. Cette exportation de la révolution avait, selon lui, valeur universelle : « Il n’y a pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n’importe quelle partie du monde. La victoire de n’importe quel pays contre l’impérialisme est notre victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite. ».

Si les adorateurs de Staline et de Mao sont revenus parfois très tôt de leur adoration (heureusement), ce n’est pas le cas pour Che Guevara et il n’est pas rare, encore aujourd’hui, de voir dans nos démocraties pacifiées certaines personnes, parfois jeunes, parfois bien plus jeunes que les quarante-cinq années qui les séparent de sa mort, arborer en effigie cette figure quasi-légendaire de la révolution. Un homme aimant, entouré de sa famille comme l’on peut le voir avec plein de tendresse sur certaines photos. Un homme intellectuel et cultivé, capable de discuter avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre (dans ses petits souliers).

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Intelligent, esprit vif, passionné, courageux, allant jusqu’au bout, indubitablement, Guevara a tout pour faire le parfait héros romantique de tous les révolutionnaires en culotte courte (ou tranquillement installés dans leur salon derrière un écran) qui se sont (malgré ce qu’ils en disent) très bien adaptés à la société de consommation.

Cette idolâtrie encore actuelle pour ce médecin argentin est très étonnante car il a peu soigné et il a été contre le principe général du christianisme dans lequel il a baigné qui est que la vie est sacrée et qu’il n’y a rien au monde qui puisse justifier le meurtre d’un homme.

Car il faut dire ce qu’il en est : ce type était un tueur, un tueur en série, un tueur idéologique, le pire des tueurs, car tueur sans émotion, tueur froid et cynique, sans un seul sentiment humain, bref, sans aucun romantisme, justement. Un tueur comme on peut le retrouver dans l’excellente pièce "Les Justes" d’Albert Camus.

Un Robespierre incorruptible prêt à tuer l’humanité entière pour sa prétendue juste cause. Cause dont on a d’ailleurs complètement oublié le fondement (à part l’anti-américanisme primaire). Sa mort brutale à un âge encore jeune n’a jamais été une surprise et devant celui qui allait le "liquider", il dédramatisait sa propre tragédie. Pour lui, la vie humaine ne valait rien. En tout cas, pas grand chose.

Rappelons les assassinats multiples commis par Guevara. Il a tué de ses propres mains des dizaines d’hommes.

Fidel Castro (qui est toujours vivant malgré ses 86 ans et sa maladie) lui avait délégué la présidence des tribunaux d’exception car Guevara n’aurait jamais eu un seul geste de clémence, il n’hésitait pas à recourir systématiquement à la peine de mort contre les ennemis du régime.

Rappelons aussi quelques citations du révolutionnaire qui font penser étrangement aux terroristes islamistes actuels.

Par exemple, en Égypte, il expliquait son action ainsi : « Le moment décisif dans la vie de chaque homme est quand il doit décider d’affronter la mort. S’il la confronte, il sera un héros, qu’il réussisse ou non. Cela peut être un bien ou un mal politique, mais s’il ne se décide pas à l’affronter, jamais il ne cessera d’être seulement un homme politique. ». C’est typiquement un cas désespéré d’illuminé dangereux.

Autre exemple de cerveau noyé dans une sorte de démence sectaire, ce discours à New York le 11 décembre 1964 : « Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort. » …sans définir d’ailleurs quelle en est la nécessité ni jusqu’où cela s’arrêterait. Robespierre et les têtes tranchées qui s’accumulèrent pour le bien de "sa" révolution… mais cela fait penser aussi (eh oui) à Hitler qui avait aussi un impérieux besoin de tuer.

Cité également par Wikipédia, le Che n’hésitait pas à évoquer en avril 1967 son véritable moteur : « la haine comme facteur de lutte ; la haine intransigeante de l’ennemi, qui permet à l’être humain de dépasser ses limites, et le transforme en une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer ».

Du reste, Guevara était vaguement authentique et honnête avec lui-même et les autres et reconnaissait en 1965 : « [Le vrai révolutionnaire] doit allier à un tempérament passionné une froide intelligence et prendre de douloureuses décisions sans que se contracte un seul de ses muscles. » même s’il ne s’interdisait pas cette hypocrisie géante : « Les révolutions sont moches mais nécessaires, et une partie du processus révolutionnaire est l’injustice au service de la future justice. ».

C’est exactement le principe de la "dictature du peuple". On cherche à introduire le paradis humain en dévastant les pays et en y installant… un enfer. Erreur de discernement, folie, aveuglément, besoin de tuer à tout prix ? Le stalinisme qui a tué une vingtaine de millions de personnes, la Révolution culturelle de Mao qui a tué une vingtaine d’autres millions de personnes, la dictature nazie qui a également, sous la coupe d’une idéologie aberrante, a tué des dizaines de millions de personnes, la logique folle des khmers rouges de Pol Pot qui ont massacré une grande partie de la population cambodgienne…

Oui, tout cela est une injustice au service de l’impossible future justice. Et c’est aussi ce genre de folie qui fait mettre dans la tête d’influençables la volonté de jeter un avion avec eux sur des tours d’immeuble faisant des milliers de morts qui n’avaient fait de mal à personne… Folie meurtrière. Aujourd’hui, elle est passée du rouge au vert, à l’évidence...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (9 octobre 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nouveau monde.
11 septembre 2001 : jihadisme vs complotisme.
Merah.
Rue des rosiers.

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http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-jihadisme-nouvelle-resucee-du-123967


 

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 07:18

Après l’Afghanistan, l’ex-Yougoslavie et la Libye, voici la Syrie. Bernard-Henri Lévy semble hanter le Ministère des Affaires étrangères depuis près de deux décennies.


yartiBHL01Coïncidence troublante ce mardi 29 mai 2012, au sortir d’un mois interminable de ponts et de jours fériés : alors que l’écrivain Bernard-Henri Lévy (63 ans) demandait à la France d’intervenir en Syrie où les miliciens de Bachar El-Assad continuent de massacrer la population civile, le nouveau Président François Hollande évoquait l’éventualité d’une initiative militaire lors de sa première prestation télévisée dans le journal de 20 heures sur France 2.

François Hollande a effectivement affirmé qu’il n’excluait pas une telle intervention armée sous réserve d’un accord du Conseil de sécurité de l’ONU. Si sur le fond, il ne prend aucun risque (la Russie et la Chine refuseraient a priori le principe d’une telle démarche), sur la forme, il y a escalade des hostilités. Dès le matin de ce 29 mai, le gouvernement avait d’ailleurs décidé d’expulser l’ambassadrice de Syrie à Paris.

Après avoir réaffirmé les liens solides entre la France et l’OTAN le 21 mai 2012 à Chicago, après avoir fait une visite éclair en Afghanistan le 25 mai 2012 pour assurer aux troupes françaises toute la considération de la nation, François Hollande se pare de plus en plus des habits du chef des armées et menace le Proche-Orient d’une nouvelle guerre. Dans son processus initiatique de présidentialisation, François Hollande risque même d’en faire un peu trop. Serait-il devenu un va-t-en-guerre ?

Les diplomates du quai d’Orsay avaient un peu craint l’arrivée à l’Élysée du candidat socialiste. Certes, ils n’avaient pas forcément apprécié non plus le comportement assez hors norme de son prédécesseur, mais ils se savaient dans de bonnes mains depuis février 2011 avec le retour de leur ancien ministre Alain Juppé (qui l’avait déjà été de mars 1993 à mai 1995).

Peu avant la formation du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault, l’hypothèse d’une nomination de Pierre Moscovici, organisateur des rencontres internationales de François Hollande entre le 6 et le 15 mai 2012, considéré comme un moderniste proche des thèses atlantistes, avait inquiété tandis que le choix final de Laurent Fabius, plus traditionnel dans son approche des relations extérieures et plus souverainiste, avait finalement été perçu avec soulagement même si cet éléphant très ancien de la vie politique aurait mérité la retraite au profit de la jeune génération.

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Mais ce qui doit être assez stressant pour les diplomates, c’est l’omniprésence de l’écrivain Bernard-Henri Lévy alors que rien ne l’autorise à parler au nom de la France. Il fait partie de ces conseillers occultes qui semblent avoir une très grande influence sur la politique de la nation, à tel point que les rumeurs d’un déjeuner avec le candidat François Hollande début février 2012 chez "Laurent" avaient provoqué quelques polémiques (notamment pour le prix du repas).

BHL n’est pas nouveau dans ce rôle et l’on pourrait dire qu’il a toujours voulu faire partie de ces consultants de l’ombre des gouvernants. Normalien brillant, il a acquis très jeune (le 10 juin 1976 exactement, à 27 ans) le statut (autoproclamé) de "nouveau philosophe" qui lui a permis l’introduction permanente dans les grands médias. Son camarade de la rue d’Ulm, l’académicien Jean-Luc Marion, l’a tout de suite compris : « Il avait son propre programme, depuis le début : publier, faire savoir des choses tragiques et, à l’occasion, se faire connaître. » ("Le Figaro Magazine" du 13 février 2010 repris par Wikipédia).

Et François Mitterrand l’a "utilisé" dès que possible : « Je me flatte d’avoir pressenti en ce jeune homme grave le grand écrivain qu’il sera. Un danger le guette : la mode. Mais la souffrance, amie des forts, le sauvera. (…) J’accepte qu’il dépense encore beaucoup d’orgueil avant de l’appeler vanité. » (dans son livre "L’Abeille et l’architecte", éd. Flammarion, 1978).

Dès septembre 1981, BHL s’est intéressé aux résistants afghans (confrontés alors au joug soviétique) mais c’est le 23 juin 1992, il y a près de vingt ans, que Bernard-Henri Lévy a pris réellement pied dans la politique étrangère de la France en conseillant au Président François Mitterrand de soutenir les forces bosniaques d’Alija Izetbegovic (alors que la diplomatie française était traditionnellement tournée en faveur de la Serbie).

Pendant la décennie 1990, l’écrivain médiatique a fait beaucoup de lobbying pour aider les victimes de la guerre civile en Bosnie et au Kosovo (jusqu’à initier une liste pour les élections européennes du 12 juin 1994). Il fut aussi très satisfait de l’intervention des troupes alliées en octobre 2001 en Afghanistan contre les talibans qu’il a considérée comme « la victoire éclair d’une stratégie que nous n’étions pas bien nombreux à juger d’une habileté, d’une efficacité militaro-politique insoupçonnées » ("Le Point" du 16 novembre 2001). Il en fit d’ailleurs un rapport officiel à la demande du Président Jacques Chirac et du Premier Ministre Lionel Jospin (qui fut publié le 1er avril 2002).

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En 2003, même s’il n’était pas opposé à une guerre en Irak (pour se débarrasser de Saddam Hussein), il a eu encore une influence dans la politique extérieure de la France. Pour preuve, cette excellente bande dessinée "Quai d’Orsay" d’Abel Lanzac et Christophe Blain (éd. Dargaud), parue en août 2010, qui est probablement le meilleur témoignage du passage de Dominique de Villepin au Ministère des Affaires étrangères, où Lanzac (pseudonyme d’un ancien collaborateur très proche) décrit avec minutie la capacité d’un « ami philosophe » à faire pression sur les éléments de langage.

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(Extrait de la BD "Quai d’Orsay" d’Abel Lanzac et Christophe Blain,
éd. Flammarion, août 2010 ; pour grossir l'extrait).

Malgré son soutien à la candidature de Dominique Strauss-Kahn (en 2006) puis de Ségolène Royal (en 2007), Bernard-Henri Lévy réussit néanmoins, le 11 mars 2011, à convaincre le Président Nicolas Sarkozy d’intervenir militairement en Libye pour sauver les résistants du piège que Kadhafi leur a tendu à Benghazi : « C’est une victoire car Sarkozy a réalisé en Libye ce que Mitterrand n’avait pas fait en Bosnie. » "Le Point" du 25 août 2011).

"Foreign Policy", la revue diplomatique américaine, lui a même décerné la 22e place parmi les personnalités les plus influentes au monde (« 2011’s global marketplace of ideas and the thinkers who make them ») en décembre 2011 : « for taking on a real war this time ». En décembre 2009, il avait déjà obtenu la 31e place..

Le voici maintenant sur le terrain de la résistance syrienne, bien plus délicate car la région est très instable, la Syrie est au cœur du Proche et Moyen-Orient, entre l’Iran, Israël et l’Irak. Il a un avantage, celui d’avoir maintenant des interlocuteurs inexpérimentés pour les choses de l’État alors que lui a maintenant vingt ans d’expérience de lobbying sur les gouvernements français.

Il faudra sans doute du temps et l’ouverture des archives pour connaître le rôle exact de Bernard-Henri Lévy sur la politique extérieure de la France mais je reste étonné qu’un tel homme, issu d’aucun suffrage des Français, puisse avoir une si grande influence non seulement médiatique mais certainement diplomatique depuis si longtemps.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 mai 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L’influence d’un philosophe dans la BD "Quai d’Orsay" (éd. Dargaud).
Le Président Hollande.
Fallait-il intervenir en Libye ?
Et si on écoutait Rocard ?

yartiBHL05


http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bhl-la-continuite-de-la-politique-117669





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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 10:27

Né le 9 novembre 1929, Jona Baravilala Senilagakali fut un médecin-chef de l'hôpital des armées qui a été impliqué dans le coup d'État du 5 décembre 2006. Le but a été de renverser le gouvernement dirigé depuis juillet 2000 par Laisenia Qarase (né le 4 février 1941) considéré comme corrompu et surtout à la base d'une discrimination en défaveur des Indo-fidjiens au profit des indigènes. L'auteur du coup d'État était l'amiral Frank Bainimarama (né le 27 avril 1954) qui renversa également le (très vieux) Président Josefa Iloilo (1920-2011). Jona Senilagakali fut nommé Premier Ministre des Fidji du 5 décembre 2006 au 4 janvier 2007. Très impopulaire en raison de l'hostilité populaire contre ce coup d'État, Frank Bainimarama remit en fonction à la tête de l'État Josefa Iloilo et se nomma Premier Ministre (fonction qu'il occupe encore aujourd'hui) à la place de Jona Senilagakali qui fut nommé Ministre de la Santé le 8 janvier 2007. Il est mort le 26 octobre 2011, deux semaines avant son 82e anniversaire, après avoir quitté ses fonctions. L'ancien Président fidjien Josefa Iloilo (Josefa Iloilovatu Uluivuda), né le 29 décembre 1920, en fonction du 13 juillet 2000 au 30 juillet 2009 (il avait 88 ans), est mort récemment, le 6 février 2011.

SR

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 12:03

Le Prix Nobel de la Paix 2011 a été attribué aujourd'hui à deux Libériennes, la Présidente du pays Ellen Johnson Sirleaf et la militante pour les droits de l'homme Leymah Gbowee, ainsi qu'à la militante yéménite, Tawakkul Karman.

SR

 

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 19:47

(dépêche)

 

 

DES EXPERTS DISCUTENT À VIENNE DE LA STANDARDISATION DES NOMS DE LIEUX
New York, May  2 2011  4:50PM

Des experts du monde entier étaient réunis lundi à Vienne pour l';ouverture d';une conférence des Nations Unies devant durer cinq jours et visant à standardiser l';utilisation des noms de lieux afin que les gouvernements, les organisations et le public puissent en bénéficier.

Le Groupe d';experts des Nations Unies sur les noms géographiques (GENUNG), qui a été créé en 1960, tient cette session à un moment où la technologie numérique a rendu plus facile à diffuser et à obtenir des renseignements géographiques détaillés.

« Il y a une attente globale pour des informations correctes et fiables disponibles pratiquement sur demande », a déclaré la Présidente du Groupe d';experts, Helen Kerfoot, ajoutant que « les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd';hui sont les mêmes que par le passé. »

Le Groupe d';experts a été créé pour tenter de promouvoir l';utilisation et la disponibilité de noms géographiques précis, clairs et sans ambiguïté étant donné leur importance pour les communications nationale et internationale.

Les noms de lieux sont essentiels dans de nombreux domaines, y compris la coordination des services d';urgence, le tourisme, les systèmes de communications, le développement économique et la mise en place de bases de données de planification.

Les normes internationales et les défis pour rendre disponibles des noms standardisés dans les situations de catastrophe sont parmi les sujets devant être discutés lors de la session de cette semaine à Vienne.

Le Groupe d';experts est l';un des sept organes d';experts permanents du Conseil  économique et social de l';ONU (ECOSOC).


May  2 2011  4:50PM   

 

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 04:49

Né le 10 mars 1957, le terroriste islamiste international Oussama Ben Laden aurait été tué au Pakistan le 1er mai 2011, selon le gouvernement américain.

blogBenLaden


Le Président américain Barack Obama a annoncé la mort d'Oussama Ben Laden, coupable présumé des attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001, il y a presque dix ans. Sans doute George W. Bush (Jr) mourait d'envie de faire une telle déclaration qui va renforcer les chances de Barack Obama pour sa réélection le 6 novembre 2012 alors que les Républicains restent très divisés pour le choix d'un candidat, aucune personnalité ne se dégageant nettement actuellement.

SR (02 mai 2011)


Breaking News Alert
The New York Times
Sun, May 01, 2011 -- 10:43 PM ET
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Osama bin Laden Is Dead, U.S. Official Says

Osama bin Laden has been killed, a United States official said.

President Obama is expected to make an announcement on Sunday night, almost ten years after the September 11 attacks on the World Trade Center and the Pentagon.

 

 

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