21 août 2007
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Henri Amouroux, journaliste, écrivain, historien, professeur de journalisme, s’est éteint dans sa résidence secondaire en Normandie au début du mois d’août. L’été aura connu la disparition de nombreuses personnalités de talent. Notamment il y a quinze jours. En effet, le journaliste Henri Amouroux, président de l’Académie des sciences morales et politiques, est mort le 5 août 2007 à 87 ans. Henri Amouroux, j’avais appris à le connaître au début des années 1980. Sur France Inter. À cette époque, tous les vendredis soirs, de 19h20 à 20h00, des éditorialistes débattaient de l’actualité. Il y avait Pierre Charpy (de la Lettre de la Nation, qui représentait le RPR), Jean d’Ormesson (du Figaro), Claure Estier (qui représentait le PS), Roland Leroy (de l’Humanité)… et Henri Amouroux, qui représentait en quelque sorte l’UDF ou plutôt, la tendance giscardienne de l’opposition de l’époque. Un concept très novateur à l’époque, qui me passionnait car l’éclairage avec recul est un exercice bien séduisant, et qui a été repris par la suite de nombreuses fois par des radios concurrentes (à ce jour, l’émission quotidienne ‘On refait le monde’ sur RTL de 19h10 à 20h00 me semble la plus pertinente et a même ‘créé’ médiatiquement un ministre, Azouz Begag !). Donc, à cette ancienne époque, j’appréciais la voix très particulière de Henri Amouroux, à la fois légère et grave, à peine audible, qui proposait quelques analyses fort convaincantes. Une voix devenue forcément familière au fil des années. Pourtant, Henri Amouroux était loin d’être un animateur radio. Il a d’abord été un journaliste de l’écrit, celui du journal ‘Sud Ouest’ dont il est devenu le directeur général. Il dirigea ensuite ‘France Soir’. L’année prochaine, il aurait fêté ses 70 ans de métier ! Cela dit, il a proposé de nombreuses émissions de radio et de télévision sur des thèmes historiques et il a pondu une excellente biographie sur Raymond Barre (que je vous recommande de lire), en 1986, peu de temps avant la candidature à l’élection présidentielle de ce dernier. Mais il était surtout connu pour avoir publié les dix volumineux tomes de la ‘Grande histoire des Français sous l’Occupation’ (plus de deux millions d’exemplaires vendus) qui lui valurent quelques procès en sorcellerie, certains considérant qu’il faisait la part trop belle à la Collaboration (qu’il excusait d’une certaine manière le fait de collaborer). ‘Procès’ qui évolua rapidement sur son propre passé pendant l’Occupation, Henri Amouroux ayant travaillé comme rédacteur dans un journal clairement collaborationniste (‘La Petite Gironde’) qui fut interdit à la Libération. Ce soupçon prit plus facilement corps lorsque Henri Amouroux témoigna lors du procès de Maurice Papon à la demande des avocats de ce dernier. Amouroux y expliqua que les Français avaient pu ignorer la réalité de la Shoah, rappelant que « l’histoire ne s’écrit pas en noir et blanc. ». Sa croix de guerre 1939-1945, sa très faible participation à la rédaction de ‘La Petit Gironde’, et surtout, sa participation au mouvement de résistance girondine Jade-Amicol pouvaient le disculper de tout malentendu sur son passé. Parmi ses contradicteurs, l’historien et universitaire Robert Paxton, spécialiste aussi du régime de Vichy, premier à avoir réfuté en 1966 la thèse du double jeu de Pétain (proposée par Robert Aron et Georgette Elgey), qui insistait sur le fait que la France avait devancé les Allemands sur la répression contre les Juifs et que la Collaboration a été approuvée par l’ensemble du peuple français (ce que réfute Serge Klarsfeld, l’historien bien connu de la déportation des Juifs de France, qui estime que beaucoup de Français, dans leur modeste position, ont aussi aidé les Juifs). Laurent Joffrin, dans Libération du 7 août 2007, qui a écrit sans doute le meilleur éloge au journaliste, tout en nuances, a évoqué justement que, bien que conservateur et prêt à être indulgent vis-à-vis du fait de collaborer, Henri Amouroux avait corrigé ses travaux avec plus de noirceur sur la réalité de Vichy, notamment grâce à l’apport d’autres historiens, ce qui lui valut à sa mort, malgré leurs différends, un hommage particulier de Serge Klarsfeld. Finissant son article (et concluant le mien), Laurent Joffrin ponctua ainsi : "L’honnêteté de l’enquêteur, en somme, l’avait emporté sur les convictions politiques.". Sans doute le rêve ultime dans le monde parfait du journalisme. Article publié sur Agoravox.
5 juillet 2007
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(Dépêche)
L'ancien Premier ministre Michel Rocard "va bien", selon l'hôpital
CALCUTTA (AFP) - L'ancien Premier ministre socialiste français Michel Rocard, 76 ans, "va bien" et a pu quitter le lit un court instant, après avoir été opéré samedi d'une hémorragie cérébrale à Calcutta (Inde), a-t-on appris mardi de source hospitalière.
"M. Rocard va bien. Son état de santé est stationnaire", a indiqué dans un communiqué l'Institut médical de recherche de Calcutta, dans l'est de l'Inde, où l'ancien chef de gouvernement a été admis.
Interrogé par RTL mardi, l'ancien Premier ministre a déclaré: "Je viens d’avoir un accident tout à fait grave et qui aurait pu être terrible, mais j’ai eu beaucoup de chance, j’ai été superbement bien opéré", a-t-il dit. "J’en ai réchappé et je le dois au talent de beaucoup de gens".
"Je coule des jours de reconstitution après une opération cérébrale. Ca se passe pas mal, le personnel est hautement compétent et j’ai été très bien pris en charge", a-t-il poursuivi.
"Je lis, je dors, je lis sur l’Inde notamment. Merci de votre intérêt pour mes aiguillons mentaux!", a lancé M. Rocard en riant.
Comme on lui demandait quand il espérait rentrer en France, il a répondu: "J’espère dans 10-12 jours peut être. Pour tout vous dire, j’espère un peu moins, mais enfin faut pas rêver!".
"Il a quitté son lit et s'est assis pour un court moment ce matin (mardi)... Il devra rester à l'hôpital pour une semaine seulement afin qu'il se rétablisse", ajoute le texte.
M. Rocard avait quitté lundi l'unité des soins intensifs après un scanner du cerveau qui avait montré des progrès satisfaisants.
Selon l'établissement, l'homme politique ne devrait pas subir de séquelles.
M. Rocard avait été admis samedi à l'hôpital, victime d'une hémorragie cérébrale. L'hématome avait été réduit lors d'une opération subie le même jour.
Dimanche, l'équipe chirurgicale ayant pratiqué l'intervention avait indiqué que l'ancien Premier ministre se rétablissait bien. Son épouse, Sylvie, qui est à son chevet, avait précisé qu'il pourrait être rapatrié à la fin de cette semaine.
Député européen, Michel Rocard était venu à Calcutta pour participer à une réunion organisée par le Conseil Indien pour les Relations Culturelles (ICCR).
Son déplacement prévoyait également sa participation à une réunion de la Fédération indienne des associations des Nations unies (IFUNA), une émanation de la Fédération mondiale des associations des Nations unies (WFUNA) qui a son siège à Genève.
Michel Rocard, l'une des grandes figures historiques de la gauche française, a été Premier ministre du président François Mitterrand de 1988 à 1991.
Mardi 3 juillet, 18h55
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Après Gérard Léonard, député-maire de Saint-Max, en juin 2006, un autre parlementaire de Nancy a succombré au cancer hier, 21 juin 2007. Jacques Baudot, ancien premier adjoint de la ville de Nancy, ancien président du conseil général de Meurthe-et-Moselle de 1988 à 1998 et sénateur depuis 1992, est mort à 71 ans.
J’avais connu Jacques Baudot en 1987 avant son élection à la tête du département et bien avant son élection au Sénat. Je m’étais opposé à lui lorsqu’il a annoncé son refus du traité de Maastricht lors du référendum en septembre 1992, une semaine avant une élection qui lui nécessitait le suffrage de nombreux élus ruraux. C’est pour cela d’ailleurs que je n’avais pas voté pour lui (j’étais alors grand électeur en 1992).
Cela dit, la personnalité était souriante, réservée, avec un brin british (comme le dit L’Est Républicain) et l’homme a été l’un des hommes-clef de l’agglomération nancéienne des deux dernières décennies.
Condoléances à Patrick, son fils, que je connais plus particulièrement.
Sylvain Rakotoarison
(L'Est Républicain du 22 juin 2007)
Décès de Jacques Baudot, sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle
NANCY (AP) - Le sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle Jacques Baudot est décédé jeudi à l'âge de 71 ans des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès de son entourage. Elu pour la première fois en 1992, il avait été reconduit dans son mandat au Sénat en 2001.
Né en 1936, ce chirurgien-dentiste avait débuté sa carrière politique en 1970 en devenant conseiller municipal, puis adjoint au maire de Nancy. Il avait également été élu au conseil général de Meurthe-et-Moselle de 1979 à 2004, et en avait assuré la présidence de 1988 à 1998.
"Sa disparition touche profondément les membres du groupe UMP qui conserveront de lui le souvenir d'un homme de conviction et d'un serviteur inlassable et passionné de l'idéal républicain", écrit le président du groupe sénatorial UMP Josselin de Rohan dans un communiqué.
Jacques Baudot sera inhumé lundi à 14h30 à Nancy en présence du président du Sénat, Christian Poncelet.
Dans un communiqué, le Premier ministre François Fillon a exprimé sa "tristesse" après la mort de Jacques Baudot, affirmant qu'"au cours de quinze années de mandat sénatorial et de dix ans de présidence du conseil général, il s'était montré un élu particulièrement actif et un ardent défenseur de sa terre de Lorraine".
Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, a également fait part de sa "tristesse", saluant en lui une "figure du groupe sénatorial". "Membre de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, il était un acteur actif du devoir de mémoire et de reconnaissance de la nation pour ses soldats", souligne-t-il également.
Jeudi 21 juin 2007, 21h03
Décès de Jacques Baudot, sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle
NANCY (AP) - Le sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle Jacques Baudot est décédé jeudi à l'âge de 71 ans des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès de son entourage. Elu pour la première fois en 1992, il avait été reconduit dans son mandat au Sénat en 2001.
Né en 1936, ce chirurgien-dentiste avait débuté sa carrière politique en 1970 en devenant conseiller municipal, puis adjoint au maire de Nancy. Il avait également été élu au conseil général de Meurthe-et-Moselle de 1979 à 2004, et en avait assuré la présidence de 1988 à 1998.
"Sa disparition touche profondément les membres du groupe UMP qui conserveront de lui le souvenir d'un homme de conviction et d'un serviteur inlassable et passionné de l'idéal républicain", écrit le président du groupe sénatorial UMP Josselin de Rohan dans un communiqué.
Jacques Baudot sera inhumé lundi à 14h30 à Nancy en présence du président du Sénat, Christian Poncelet.
Dans un communiqué, le Premier ministre François Fillon a exprimé sa "tristesse" après la mort de Jacques Baudot, affirmant qu'"au cours de quinze années de mandat sénatorial et de dix ans de présidence du conseil général, il s'était montré un élu particulièrement actif et un ardent défenseur de sa terre de Lorraine".
Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP, a également fait part de sa "tristesse", saluant en lui une "figure du groupe sénatorial". "Membre de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, il était un acteur actif du devoir de mémoire et de reconnaissance de la nation pour ses soldats", souligne-t-il également.
Jeudi 21 juin 2007, 21h03
18 juin 2007
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Cardinal, académicien, Jean-Marie Lustiger est avant tout malade, et vient d'organiser sa sortie.
Il y a quelques semaines (le 24 avril 2007), on avait entendu que Monseigneur Jean-Marie Lustiger, cardinal et ancien archevêque de Paris (de février 1981 à février 2005), 80 ans, avait indiqué qu’il avait été conduit dans un service de soins palliatifs tant son traitement était douloureux.
Sa maladie, elle est vaguement dite comme étant une "terrible maladie" ou une "longue maladie", plus communément appelée cancer de nos jours.
Ce mal qui le ronge, Jean-Marie Lustiger sait qu’il aura beaucoup de mal à le vaincre.
C’est donc avec beaucoup d’effort et très affaibli qu’il a quitté brièvement la Maison médicale Jeanne-Garnier et a été conduit en fauteuil roulant au sein des grands immortels, parmi ses collègues de l’Académie Française, car Monseigneur Lustiger est aussi un académicien (peu assidu sauf lors des élections de nouveaux académiciens), élu le 15 juin 1995 au siège de Monseigneur Albert Decourtray, archevêque de Lyon.
Il est hélas arrivé trop tard, Max Gallo ayant déjà été élu par ses nouveaux pairs.
Mais il était venu sous la Coupole surtout pour annoncer aux académiciens que ce serait la dernière fois qu’ils le verraient, ajoutant : « Au ciel les premiers sont les derniers, donc je pense que je serai là-bas le premier à m'occuper, à prier, à avoir tous les soins possibles et tous mes voeux vis-à-vis de l'Académie. ».
Jean-Marie Rouart, autre académicien, a expliqué le 1er juin 2007 sur RTL que Monseigneur Lustiger « avait pris certainement beaucoup sur lui-même, mais on sentait une ferveur. (…) Les paroles que l'on prononce dans ces moments, devant des amis que l'on ne reverra plus, elles ont un poids. (…) Cela serre le coeur, je ne vous le cache pas, mais je pense que cette scène était un moment de communion. ».
Mettant ainsi en scène sa propre disparition, de façon quasi-mitterrandienne, Jean-Marie Lustiger, qui a été le curé de l’église Sainte Jeanne de Chantal (à la Porte de Saint-Cloud à Paris) de 1969 à 1979, puis évêque d’Orléans, a conquis avec l'émotion son auditoire et sans doute sa postérité.
Ce converti au catholicisme le 25 août 1940, dont la mère, arrêtée et déportée à Drancy, laissa la vie à Auschwitz, avait eu aussi la force de concélébrer à la cathédrale de Paris avec son successeur, Monseigneur André Vingt-Trois, la messe d’enterrement de l’Abbé Pierre, le 26 janvier 2007.
À noter que son prédécesseur, Monseigneur François Marty, eut à 89 ans une fin tragique le 16 février 1994 dans un banal accident de la route, se retrouvant avec sa 2 CV coincé dans un passage à niveau au moment où un train passait.
Bref, c’était cette émotion que je voulais transmettre, malgré le déferlement des résultats locaux des élections législatives, qui replace la hiérarchie des choses importantes dans la vie.
Sylvain Rakotoarison
15 juin 2007
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Officier SA, Secrétaire Général de l’ONU, qui qualifia notamment de génocide le massacres des Hutus en juin 1972 au Burundi, chef de l’État autrichien, Kurt Waldheim fut un drôle d’oiseau.
Ce n’était pas un canard, ni un paon, mais bien une autruche, avec son long cou et son bec planté à terre.
En ce sens, il représentait bien un certain peuple qui avait été heureux, au début du siècle dernier, de la venue au pouvoir de Hitler et qui était joyeux de la résurgence d’une Grande Allemagne.
Kurt Waldheim s’en va sans bruit, enfin, presque, avec un léger écho de ses bottes d’officier SA qu’on aurait pu entendre en Yougoslavie ou en Grèce pendant la guerre.
Waldheim, c’était au départ pour moi un grand diplomate. Qui a couronné sa carrière avec deux mandats de Secrétaire Général de l’ONU (entre 1972 et 1981). Chef du Monde presque !
Ce n’est pas rien : pour être nommé, il faut l’accord des Américains, des Britanniques, des Français, des Soviétiques (à l’époque) et des Chinois. Au temps le plus pourri de la guerre froide. D’ailleurs, ce sont les Chinois qui lui refusèrent son troisième mandat.
Faut-il alors imaginer que les anciens Alliés connaissaient son passé vaporeux ? Mais qu’il avait en sa possession des informations capitales qu’il convenait de ne pas dévoiler ? Impossible à savoir.
Enfin, c’est quand même après une quarantaine d’années de bons et loyaux services au service du monde (de la paix ?) que ce même monde commença à sentir la puanteur de son passé.
On aurait alors pu imaginer qu’il s’enfermât chez lui tranquillement pour attendre la mort, ou encore, qu’il s’exilât dans d’obscurs pays protecteurs...
Non, il se présenta à la Présidence de la République de son pays, l’Autriche. C’est une fonction plutôt honorifique (c’est le chancelier qui détient le pouvoir) mais à la différence de l’Allemagne ou d’Israël, le Président est élu au suffrage universel direct, comme en France, comme au Portugal en fait.
Malgré les polémiques sur son passé, il est brillamment élu en 1986. Il ne fera qu’un mandat. Il ne fera quasiment aucune visite à l’étranger, ses homologues ne le considérant pas comme un convive politiquement correct.
Que Kurt Waldheim ait eu un passé douteux comme de nombreux Autrichiens à l’époque, c’est relativement commun.
Qu’il ait été le premier responsable de la paix dans le monde pendant dix ans est déjà un peu plus original.
Mais qu’un peuple entier l’ait élu à sa tête en sachant pertinemment son passé nazi, ça sort de l’entendement.
Il ne me semble pas qu’on regrettera ce vieillard de 88 ans.
Sylvain Rakotoarison
15 juin 2007
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Après le Prix Nobel de la Paix 1994, Shimon Peres vient d’obtenir la seconde consécration de sa longue carrière politique : il vient d’être élu Président de l’État d’Israël ce 13 juin 2007.
Enfin reconnu !
C’est sans doute ce qu’a dû penser Shimon Peres ce 13 juin 2007 après-midi après 83 ans de vie dont 55 au service d’Israël.
D’origine biélorusse, élu pour la première fois député en 1952, nommé pour la première fois ministre en 1969, il est aujourd’hui encore numéro deux du gouvernement, et je m’étais étonné de la part de convictions et d’ambition chez cet homme qui n’hésite pas à sacrifier quelques idéaux pour rester au gouvernement.
Il vient d’être largement élu Président de l’État d’Israël, pour sept ans. Poste honorifique, le siège est pourvu sur fond de scandale sexuel de son prédécesseur Moshe Katsav (accusé de viol, il a dû démissionner en janvier 2007) et de profonde crise de confiance politique pour le gouvernement actuel.
1952, date d’entrée de Peres à la Knesset, c’est aussi la date de naissance de la femme politique d’origine irakienne, Dalia Itzik, qui, depuis janvier, assure l’intérim présidentiel en tant que présidente de la Knesset.
Shimon Peres, c’est un peu comme Gorbatchev ou Walesa. C’est une personnalité très connue à l’étranger, qui jouit d’une stature éminente d’homme d’État et qui en profite pour aller faire des conférences un peu partout dans le monde, mais dans son pays, il a toujours été considéré comme un loser.
Il n’a en effet jamais gagné une élection. Et pourtant, il a été trois fois à la tête du gouvernement israélien.
En 1977 par intérim suite à la démission de Yitzhak Rabin obligé de s’écarter à la suite d’un scandale financier. Hélas, le nouveau Likoud de Menahem Begin remporte les élections.
Puis de 1984 à 1986, il démarre une période particulière de ‘cohabitation à l’Israélienne’ où l’absence totale de majorité a entraîné un accord d’alternance entre Peres et Shamir.
Puis enfin, à l’assassinat de Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995, il reprend l’intérim de Premier Ministre jusqu’à son nouvel échec électoral en juin 1996.
Abonné tous les dix ans à de brèves séquences d’intérim, Shimon Peres aurait pu aussi assurer la succession provisoire d’Ariel Sharon lorsque ce dernier est entré dans un profond coma le 4 janvier 2006 (il n’en est toujours pas sorti) jusqu’aux élections prévues le 28 mars 2006, mais a finalement refusé les avances de son nouveau parti centriste Kadima.
Malgré sa popularité, Shimon Peres avait même échoué de façon inattendue à la même élection en 2000, victime du revirement d’un de ses soutiens.
Mais Shimon Peres le loser, est-ce vraiment le bon raccourci ?
Bien sûr que non. C’est avant tout le survivant des accords d’Oslo qui, en 1993, pour la première fois, laissait entrevoir un espoir de paix entre Israéliens et Palestiniens.
À l’époque, il n’était que ministre des Affaires Étrangères, mais c’était lui qui encouragea et noua toutes les relations et négociations pour aboutir à cet accord. Les deux leaders antagonistes, Rabin et Arafat se voyaient ainsi partagé leur Prix Nobel de la Paix 1994 avec le véritable initiateur de cette démarche.
À la mort du premier Président israélien, Chaim Weizmann, en novembre 1952, Ben Gourion avait proposé la Présidence de l’État d’Israël au célèbre physicien Albert Einstein qui refusa poliment par cette explication : « D’abord, si je connais les lois de l’univers, je ne connais presque rien aux êtres humains. De plus, il semble qu’un Président d’Israël doit parfois signer des choses qu’il désapprouve, et personne ne peut imaginer que je puisse faire cela. »
55 ans après, voici que l’État d’Israël se voit donc présider, j’oserais dire, protéger par un autre Prix Nobel, qui ne manquera pas de redorer la fonction.
Consécration donc pour un homme de paix qui disait lors de l’assassinat de Rabin : « Vous pouvez tuer mille personnes ; vous pouvez abréger une vie ; mais vous ne pouvez pas tuer une idée. ».
Mais aussi, consécration pour un homme d’expérience et sans illusion sur la pratique politique israélienne assez complexe qui remarquait que la « télévision a rendu la dictature impossible mais la démocratie insupportable. ».
Sylvain Rakotoarison
7 juin 2007
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(Dépêche)
Décès du général Alain Le Ray, cofondateur du maquis du Vercors
PARIS (AP) - Le général Alain Le Ray, figure historique de la Résistance française pendant la Seconde guerre mondiale et cofondateur du maquis du Vercors, est mort lundi à l'âge de 96 ans, annonce sa famille dans le carnet du "Figaro" paru jeudi.
"C'était un homme excessivement courageux, ayant toujours un temps d'avance", a salué le Dr Pierre Fugain, ancien résistant et commandant FFI qui a servi sous ses ordres. Joint par l'Associated Press, il a rendu hommage à son "rôle difficile dans l'organisation de la résistance dans le Vercors, car il n'y avait pas de hiérarchie et de nombreux groupes indépendants. Il a su réunir et conjuguer des gars qui avaient des ambitions et des idées différentes".
Né le 3 octobre 1910 à Paris, ce montagnard de haut niveau et militaire de carrière est fait prisonnier sur l'Ourcq en juin 1940 et transféré à la forteresse allemande de Colditz, camp de prisonniers en Saxe réservé aux officiers alliés, en avril 1941. Il est le premier à s'en être évadé.
Entré dans la Résistance, il devient le premier chef militaire du maquis du Vercors en mai 1943 dont il est l'un des cofondateurs avec notamment Pierre Dalloz. La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a rendu hommage à un "homme de conviction et d'engagement" qui "a consacré sa vie au combat pour la liberté et incarné l'esprit de résistance et l'engagement total au service de la patrie". Son collègue de la Défense Hervé Morin évoque un homme "au nombre de ceux qui, refusant de subir, laissent le plus noble et le plus fécond des témoignages, celui de leur exemple".
Commandant des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) en Isère en mai 1944, Alain Le Ray organise la libération du département en liaison avec les forces alliées. A la tête de la 7e demi-brigade de chasseurs alpins, il livre de violents combats l'hiver 44-45 en Maurienne, jusque sur les hauteurs du Mont-Cenis, face aux Allemands en déroute. Un épisode filmé par son ami alpiniste Marcel Ichac dans le film "Tempête sur les Alpes".
En 1951, il devient lieutenant-colonel et participe à la campagne d'Indochine 1953-1954. Il est même négociateur à la conférence d'armistice de Trung Gia, se concluant notamment par un accord d'échange de prisonniers.
En Algérie, Alain Le Ray est chef d'état-major de la division parachutiste de 1956 à 1958, avant d'être attaché militaire et des forces armées près l'ambassadeur de France à Bonn, en Allemagne fédérale. Nommé général de brigade en 1961 et, en 1962, commandant de la 27e division alpine en Grande Kabylie, il est promu général de corps d'armée en 1968, avant de prendre sa retraite deux ans plus tard.
"La fidélité, c'est la clé de tout ce qui a compté dans mes engagements: fidélité aux miens, à la France, à mon métier, à ceux que j'ai eu l'honneur de conduire au combat, à l'honneur militaire, à l'honneur tout court", avait-il écrit dans une lettre citée par l'historien Paul Dreyfus.
Auteur de "Première à Colditz" (1976; éd. Arthaud, réédité aux PUG), il a été l'objet de deux ouvrages, "Alain Le Ray, le devoir de fidélité, Un officier alpin au service de la France (1939-1945)" de Jean-Pierre Martin (PUG, 2000), et "La bataille des Alpes 1944-1945", de Jean Mabire, (1986 Presses de la Cité).
Grand croix de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, Croix de guerre et médaillé de la Résistance, le général Le Ray avait épousé Luce Mauriac, la fille de l'écrivain François Mauriac, en mai 1940, dont il a eu cinq enfants.
Ses obsèques se dérouleront aux Invalides à Paris le 11 juin, avant son inhumation au cimetière de Vémars (Val d'Oise) le lendemain.
Jeudi 7 juin 2007, 16h21
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Grande résistante, courageuse, audacieuse, réfléchie, elle a fait partie de tous les combats pour la liberté et la dignité humaine.
Lucie Aubrac s’est éteinte il y a deux mois et demi. Elle avait 94 ans. Et pourtant, une autre femme a, elle aussi, illustré cette extraordinaire vivacité à résister, à refuser l’inacceptable : Germaine Tillion.
Germaine Tillion n’est pas encore morte, mais elle fait déjà partie des meubles du XXe siècle. Demain, 30 mai 2007, elle va avoir cent bougies.
Très vite, elle se consacre à l’ethnologie. Elle sort diplômée de l’École pratique des hautes études et de l’École du Louvre (curieux point commun avec Pierre-Gilles de Gennes dont la mère l’envoyait dans les allées du Louvre pour avoir de la culture générale).
Elle part plusieurs fois en Algérie pour étudier les Berbères dans le cadre de sa thèse.
Elle revient en été 1940 et fonde l’un des premiers réseaux de résistance rattaché au Musée de l’Homme. Elle y a le grade de commandant (elle n’a que 34 ans). L’objectif est alors de faire évader les prisonniers et de renseigner les autres réseaux.
En été 1942, sans doute suite à une confession auprès d’un prêtre, Robert Alesch (qui sera exécuté en 1949), elle est dénoncée, arrêtée et déportée à Ravensbrück. Sa mère y est alors gazée en mars 1945, si près de la fin de la guerre.
Après la guerre, elle reprend ses études en se consacrant aux systèmes concentrationnaires nazi et soviétique puis, à partir de 1954, retourne en Algérie pour étudier le processus de clochardisation et y crée des centres sociaux.
Pendant la Guerre d’Algérie, elle lutte contre la torture et les exécutions capitales, puis, lutte pour l’émancipation des femmes dans le bassin méditerranéen.
En 1959, elle réussit à faire voter une loi pour autoriser les détenus français à étudier et à passer des diplômes en prison.
Elle a publié de nombreux bouquins d’études ethnographiques et de souvenir, et a reçu en 1999 la plus haute distinction française, Grand-croix de la Légion d’honneur, que lui a remise Geneviève Anthonioz-De Gaulle.
Défenseur des droits de l’homme, Germaine Tillion a ainsi combattu toute sa vie la pauvreté, la torture, la peine de mort, l’esclavage, s’est battu pour la scolarisation des plus démunis, n’hésitant pas à dire non dès que ses valeurs républicaines et humanistes étaient atteintes.
Grande figure du siècle dernier, toujours prête à de nouveaux combats (elle a pris position en 2003 contre la guerre en Irak), elle a réussi dans les camps d’extermination à surmonter le pire en poursuivant clandestinement son travail d’ethnologie.
C’est sa quête de justice et de vérité qui l’ont guidée toute sa vie : « C’est tellement important de comprendre ce qui vous écrase. C’est peut-être cela qu’on peut appeler ‘exister’. » écrit-elle dans "À la Recherche du Vrai et du Juste" publié en 2001.
Dame courage, redonnant espoir aux désespérés, donnant par sa pensée un éclairage incarné de l’époque moderne, elle ne se fait cependant aucune illusion sur ses congénères : « Je suis très sévère pour l’espèce humaine, c’est une espèce dangereuse qu’il faut surveiller ».
Elle a, hélas, toujours raison.
Bon centenaire, Madame.
Et chapeau pour votre vie, modèle exemplaire.
Pour en savoir plus :
Sur sa vie.
Sur son œuvre littéraire et scientifique, et sa bibliographie.
Son site dédié.