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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 04:34

Il y a 50 ans, Gagarine s'envolait dans l'Espace.

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine (27 ans) fut le premier homme à aller dans l'Espace au cours de la mission soviétique Vostok 1. Il est mort le 27 mars 1968 à 34 ans au bord de son MIG-15.

Wikipédia :
Le matin du 12 avril 1961, le chef de l’aéronautique soviétique Sergueï Korolev vient embrasser Gagarine et plaisante avec lui avant son décollage. Suivant une superstition des pilotes soviétique, Gagarine ne s'est pas rasé. A la fin du compte à rebours, Gagarine annonce « Et c’est parti ! » et décolle du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan à 9 h 7 (heure de Moscou, 6 h 7 GMT) dans la capsule Vostok 1 poussé par une fusée Soyouz. Deux minutes plus tard, il annonce : « Je vois la Terre… C’est magnifique ! » puis effectue une révolution d'1 heure et 48 minutes autour de la Terre, à une moyenne de 250 kilomètres d'altitude (apogée : 327 km et périgée : 180 km). Gagarine devient le premier homme à voyager dans l'espace et le premier homme à effectuer une orbite autour de la Terre. Son signe d'appel durant le vol est « Кедр », désignant le pin de Sibérie. Le début de la rentrée atmosphérique ne se passe pas bien car le module de service ne parvient pas à se séparer du module de rentrée comme prévu et Gagarine est secoué dans tous les sens. Finalement la séparation intervient lorsque la pression aérodynamique s'accentue 10 minutes après son déclenchement. À quelques kilomètres du sol, en application d'une procédure commune à tous les vaisseaux Vostok, Gagarine s'éjecte de sa capsule et effectue le reste de sa descente en parachute. Il se pose vers 10 h 55 (heure de Moscou, 7 h 55 GMT) près de Saratov (ville sur la Volga à environ 700 km au sud-est de Moscou). Pour ne pas diminuer l'exploit, les autorités soviétiques prétendent à l'époque que Gagarine est revenu au sol dans la capsule. Le déroulement réel sera connu à la fin des années 1990 avec la libéralisation du régime russe.

Après le vol, certaines sources déclarent que Gagarine pendant son vol spatial a fait le commentaire: « Je ne vois aucun Dieu là-haut ». Cependant aucune parole semblable n'apparait dans les enregistrements des conversations de Gagarine avec les stations terrestres pendant le vol. Un ami proche de Gagarine, le Colonel Valentin Petrov, révélera en 2006 qu'il n'avait jamais dit ces mots et que la phrase provenait d'un discours de Nikita Khrouchtchev au comité central du parti communiste de l'Union soviétique où la propagande anti-religieuse était discutée. Dans un certain contexte, Khrouchtchev dit « Gagarine a été dans l'espace mais il n'y a vu aucun dieu ». Le colonel Petrov ajoute que Gagarine a été baptisé par l'église orthodoxe lorsqu'il était enfant. En 2011 le recteur de l'église orthodoxe de la cité des étoiles raconte que « Gagarine avait baptisé sa fille ainée Yelena peu avant son vol spatial; sa famille fêtait noël et pâques et gardait des icônes dans la maison ».
(fin de citation wikipédia)

Plus de détails :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vostok_1

SR

 

 

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 12:01

(dépêche)

 

Eclipse partielle du soleil en France le mardi 4 janvier 2011 de 7:50 à 10:30

 

Eclipse de soleil du 4 janvier: la Direction générale de la santé recommande de se munir de lunettes de protection
Vendredi 17 décembre, 16h14

La Direction générale de la santé (DGS) a recommandé vendredi aux personnes désirant observer l'éclipse partielle de soleil du 4 janvier prochain de se munir de lunettes de protection spéciales, afin d'éviter les risques de lésions oculaires. Lire la suite l'article
Le 4 janvier 2011 au matin, une éclipse partielle de soleil sera visible en France métropolitaine, de 7h50 jusqu'à environ 10h30, selon le lieu d'observation. Le pourcentage de la surface du disque solaire occultée par la Lune sera maximal aux alentours de 9h et atteindra un maximum de 65% à Paris.

"L'observation d'un tel événement nécessite impérativement de se protéger les yeux afin d'éviter toute lésion oculaire, particulièrement chez les enfants", souligne la DGS. Observer directement le soleil peut en effet provoquer des lésions de la cornée, douloureuses mais réversibles en quelques jours ainsi que des brûlures rétiniennes pouvant conduire "à une altération définitive de la vue", ajoute le communiqué.

Il est donc recommandé de se munir de lunettes de protections spéciales, "complètement opaques à la lumière" et disponibles chez des "opticiens, des pharmaciens ou dans des magasins spécialisés". Certaines de ces lunettes, à monture cartonnée, doivent être considérées comme "étant à usage unique. La qualité du filtre risque en effet de se dégrader si les lunettes sont conservées dans de mauvaises conditions".

Il est également possible d'utiliser des "verres de soudeur" numéro 14, soit "tenus directement à la main, soit montés sur un carton de protection". Ce produit peut être réemployé et constitue "actuellement la meilleure protection à condition d'être correctement utilisé".

En revanche, "il convient de mettre en garde contre l'utilisation de moyens de protection de fortune, comme des verres fumés, les films radiologiques ou de simples lunettes de soleil dont la faculté de protection est très insuffisante". Par ailleurs, ajoute la DGS, il ne faut jamais observer le soleil avec des instruments d'optique, jumelles ou appareil photographique, qui concentrent vers l'oeil les rayons dangereux. AP

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 19:26

Document à télécharger : rapport de l'Académie des sciences sur le "changement climatique" (26 octobre 2010)

 

L'Académie des sciences a rédigé un rapport concernant les polémiques issues du débat entre scientifiques français sur le réchauffement climatique et la responsabilité humaine. Le rapport reprend le débat qui a eu lieu, à l'initiative de la Ministre de la Recherche Valérie Pécresse, le 20 septembre 2010. 

 

Ce rapport est téléchargeable à ce lien (fichier .pdf).

http://www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/climat_261010.pdf

 

Auteurs : Jean-Loup Puget, René Blanchet, Jean Salençon, Alain Carpentier, Jean-Yves Chapron.

 

La dernière annexe apporte une longue liste de documents qu'il est intéressant de consulter (et accessibles sur Internet).

 

SR

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 08:40

Document à télécharger : la publi dans "Nature" sur l'observation de la plus lointaine des galaxies.

 

Cette publi fait état de l'observation de la plus lointaine des galaxies, à savoir qui date de 600 millions d'années après le Big Bang ayant eu lieu il y a 13,7 milliards d'années. Cela correspond à un décalage vers le rouge de 8,55.

 

 

"Spectroscopic confirmation of a galaxy at redshift z = 8,6"

M. D. Lehner & al., Nature, vol 467, 940-942 (21 october 2010).

 

Commentaires de la revue "Nature".

 

(Cliquer sur les liens pour télécharger en .pdf)

 

SR

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 08:41

Le mathématicien Benoît Mandelbrot (inventeur des fractales) est mort le 14 octobre 2010 à 85 ans et demi.

 

Une photo de lui :

yartiMandelbrot01 

 

L'ensemble de Mandelbrot :

yartiMandelbrot03

 

L'ensemble de Mandelbrot, zoomé à l'infini :

http://0z.fr/drt86 

 

 

SR

 

 

 

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 16:36

Les frères Bogdanoff n'ont réalisé aucune contribution scientifique selon un rapport du CNRS de novembre 2003.

 

Grishka et Igor Bogdanoff, présentateurs de télévision, avaient voulu accéder à la reconnaissance scientifique et pour cela, au cours des années 1990, ils ont voulu passer une thèse de doctorat, pour l'un en mathématiques et pour l'autre en physique théorique . Ces thèses ont finalement été laborieusement soutenues le 26 juin 1999 et le 8 juillet 2002 avec beaucoup de contestation de la part de la communauté scientifique.

 

L'hebdomadaire "Marianne" du 16 octobre 2010 s'est procuré un rapport datant de novembre 2003 demandé au CNRS par le directeur du département SPM (sciences physiques et mathématiques) du CNRS et par le président de l'Université de Bourgogne qui est accablant pour les frères Bogdanoff.

 

On peut se procurer les annexes de ce rapport à ces deux liens (téléchargeable en .pdf) :

 

http://www.marianne2.fr/attachment/62238/

http://www.marianne2.fr/attachment/62237/

 

Mon commentaire : jusqu'à maintenant, personne n'avait pris au sérieux les élucubrations pseudo-scientifiques des deux frères jumeaux. Le retour de la polémique leur fait surtout de la pub. Si leurs manoeuvres peuvent paraître déplacées, il reste que les frères Bogdanoff sont des animateurs de télévision qui ont su apporter leur passion dans des domaines souvent hermétiques pour le grand public. Le succès de leurs livres, qui n'apportent effectivement rien à la connaissance scientifique, reste cependant la preuve d'un intérêt visible pour une certaine forme de vulgarisation.

 

Sylvain Rakotoarison (16 octobre 2010)

 

 

 

 

 

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 08:02

Georges Charpak est mort le 29 septembre 2010. Il avait 86 ans. Il a été Prix Nobel de Physique en 1992, un an après Pierre-Gilles de Gennes.

 

SR (30 septembre 2010)

 

 

 

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 10:59

Cela n’a pas manqué : un article scientifique de haute voltige paru vendredi a provoqué un écho médiatique retentissant et mérité. Il concerne une étude génétique comparative entre l’Homme de Néandertal et quelques Homo sapiens que nous sommes. Il y aurait bien eu relations sexuelles ! Prudence cependant, aucun paparazzi n’était dans les parages.

 

 

yartiNeanderthal01Publié le vendredi 7 mai 2010 dans la revue scientifique anglophone de référence "Science" (à télécharger ici), un article de treize pages bouleverse un peu le sens commun que nous avions à propos de nos origines. "Nos", celles de l’Homo sapiens que nous sommes tous, êtres humains sur Terre de cette année 2010.
 
Il correspond à l’une des étapes du séquençage du génome de l’Homme de Néandertal, être qui est apparu sur Terre il y a environ 400 000 ans. Elle consistait à le comparer au génome de l’homme moderne pour y déceler d’éventuels points communs. 
 
Pour cela, ils ont analysé le génome de cinq hommes modernes, répartis dans le Monde : un de France (de type européen), un de Chine (d’ethnie Han), un de Papouasie-Nouvelle-Guinée et deux d’Afrique subsaharienne, Afrique du Sud (San) et Afrique de l’Ouest (Yoruba).
 
 
Une analyse techniquement exceptionnelle
 
Techniquement, l’affaire n’était pas évidente. L’étude a eu lieu à l’Institut Max Planck de Leipzig sous la direction du spécialiste des analyses d’ADN ancien, le Suédois Svante Pääbo aidé d’une équipe internationale d’une soixantaine de chercheurs (américains, allemands, espagnols, croates, irlandais, russes, britanniques).
 
Le génome néandertalien a été analysé à 60% (il est composé de 4 milliards de nucléotides) sur 500 grammes d’os prélevés auprès de trois Néandertaliennes découvertes dans la grotte de Vindija, en Croatie (où elles auraient vécu entre il y a 44 000 et 38 000 ans). Quelques autres tests ont été réalisés sur des échantillons issus de trois autres sites (El Sidron, en Espagne, vallée de Neander, en Allemagne, et Mezmaiskaya, dans le Caucase russe).
 
Les premiers résultats qui viennent d’être publiés ont de quoi révolutionner ce qui était jusque là un petit mystère.
 
 
Une part commune du patrimoine génétique
 
En effet, sur le génome de trois des cinq hommes modernes analysés, les scientifiques ont retrouvé entre 1 et 4% de patrimoine génétique commun au Néandertalien. Ce qui signifie qu’il y aurait bien eu croisement entre l’Homo sapiens et le Néandertalien.
 
yartiNeanderthal06Cette idée pourrait donner une explication au mystère jamais éclairci de la disparition des Néandertaliens alors que leur civilisation était aussi évoluée que celle de l’Homo sapiens. Les deux hominidés ont dû cohabiter pendant plusieurs dizaines de milliers d’années, environ entre il y a 80 000 ans (à partir du Moyen-Orient) et 30 000 ans (on remonte à il y a 30 000 ou 25 000 ans l’extinction des Néandertaliens).
 
Toutes les hypothèses avaient été imaginées mais n’ont jamais vraiment convaincu. Une exposition au Musée de l’Homme avait eu lieu en fin 2006 sur ce thème très intéressant au Trocadéro (avant qu’il ne soit transféré au Musée des Arts Premiers quai Branly, futur "Musée Chirac" sans doute).
 
En rendant crédible, par des analyses ADN, le croisement entre des Néandertaliens et des Homo sapiens, le mystère diminue. Le métissage aurait ainsi permis de favoriser l’un des deux groupes assez naturellement et assez progressivement sans qu’une cause singulière (épidémie, guerre, catastrophe naturelle) n’en fût à l’origine.
 
 
Les Africains exclus du métissage ?
 
La deuxième information essentielle de cet article, et qui va sans doute engendrer bien des polémiques idéologiques, c’est que le génome des deux Africains n’ont aucun point commun avec celui des Néandertaliens, au contraire de ses "homologues" eurasiens.
 
Cela signifierait que si croisement il y avait, il aurait commencé à avoir eu lieu au début de la migration de l’Homo sapiens de l’Afrique (Kenya) vers l’Eurasie (via le Moyen-Orient), c’est-à-dire entre il y a 80 000 et 60 000 ans (pour l’Asie de l’Est). Ou le contraire, selon Silvana Condemi, paléoanthropologue de l’Université de Marseille, qui parle plutôt d’une migration des Néandertaliens d’Europe vers le Moyen-Orient (qui seraient arrivés au Moyen-Orient après l’Homo sapiens).
 
L’archéologue français Pascal Depaepe rappelle que les Néandertaliens et les Homo sapiens « avaient la même technologie lithique, le moustérien, et rien ne permettait de les distinguer d’un point de vue culturel, alors que leurs différences anatomiques sont évidentes ».
 
La grande proximité des trois génomes analysés sur les trois hommes modernes eurasiens (allant de l’Europe de l’Ouest à l’Asie de l’Est) montrerait aussi l’absence de métissage entre Cro-Magnons et Néandertaliens qui ont cohabité en Europe pendant dix mille ans. D’autres pensent que la migration des paysans du Néolithique allant de l’Asie mineure à l’Europe de l’Ouest entre il y a 7 000 et 4 000 ans aurait pu "gommer" les différences génétiques entre les deux extrêmes de l’Eurasie, ce qui n’exclurait donc pas un métissage entre Cro-Magnons et Néandertaliens (d’un point de vue anatomique, l’observation des fossiles infirmerait l’hypothèse du métissage).
 
 
Ce qui nous distingue des Néandertaliens
 
 Dernier résultat passionnant, la comparaison génétique entre Néandertaliens et Homo sapiens donne aussi, a contrario, une idée de ce qui les distingue. Les grandes différences ont un rapport avec les capacités cognitives, le métabolisme énergétique, la morphologie du crâne, de la clavicule et de la cage thoracique, l’apparence de la peau et la cicatrisation. Ces gènes différents sont par exemple impliqués dans la schizophrénie, l’autisme et la trisomie 21.
 
 
Théories raciales
 
Revenons sur la différence de résultats entre Africains et non-Africains.
 
Cette conclusion, si elle était confirmée, ferait sans doute couler beaucoup d’encre. En effet, dire que les Africains n’ont pas d’aïeuls néandertaliens au contraire des autres peuples du Monde qui, eux, seraient le résultat d’un mélange génétique entre les Néandertaliens et les Homo sapiens, cela pourrait conforter les thèses raciales.
 
Je rappelle que le principe du racisme n’est pas seulement de dire qu’il y a une race humaine supérieure ou inférieure à une autre. Il est avant tout de proclamer qu’il existe plusieurs races humaines.
 
Or, en différenciant de façon génétique (et un peu rapidement, j’y reviens juste après) deux groupes humains, Africains et non-Africains, par leur origines généalogiques, l’un Homo sapiens "pur" et l’autre métissé de sang néandertalien, on peut renforcer les thèses des théories raciales.
 
Car si les Néandertaliens et les Homo sapiens ne constituent pas deux espèces différentes (il faut entre autres que les êtres issus d’une procréation commune ne soient pas stériles, ce qui serait le cas si l’on en juge par cette étude), ils pourraient bien constituer, pour le coup, deux races d’hominidés différentes.
 
Les plus "ouverts" pourraient même se réjouir que ce soient les Africains les plus "purs" mais quel que soit le sens du métissage, cette conclusion me paraît pour le moins étrange, imprudente et un peu rapide.
 
Effectivement, même si ce métissage avait effectivement eu lieu en Eurasie au début des migrations de l’Homo sapiens, il serait très étonnant qu’en 60 000 ans de distance, il n’y ait pas eu de métissage entre populations africaines et eurasiennes.
 
Il est vrai que les échanges mondialisés (culturels, commerciaux, guerriers) ont souvent exclu l’Afrique jusqu’au XVe siècle, mais notamment en Afrique du Nord (à l’époque antique) ou sur les côtes est de l’Afrique, il serait étonnant qu’aucun "croisement" n’eût pu redonner aux Africains un résidu génétique des Néandertaliens.
 
De plus, si on reprend la méthodologie de l’étude, elle paraît pour le moins contestable vu le très faible échantillonnage réalisé (pour des raisons budgétaires). Si découvrir des gènes communs au Néandertalien permet de conclure, ne pas en trouver ne peut pas amener à conclure que toute une population n’en a pas.
 
C’est cette erreur de logique qui, pourtant, semble avoir été faite dans cet article scientifique par ailleurs très instructif et rédigé prudemment. Car limiter à deux individus l’échantillonnage de l’Afrique, c’est un peu court, notamment pour délimiter géographiquement cette "Afrique non néandertalisée". Du sud du Sahara jusqu’à sa pointe sud ?
 
André Langaney, généticien de l’Université de Genève, le concède : « Avant de faire la distinction entre Africains et non-Africains dans leurs relations avec Neandertal, il s’agirait d’augmenter le nombre d’humains analysés. ». Et Laurent Excoffier, généticien de l’Université de Berne, d’ajouter : « Et y inclure des représentants de l’Afrique de l’Est. ». La différence entre Africains et non-Africains pourrait en effet avoir d’autres raisons que le métissage (ou pas) avec les Néandertaliens.
 
Todd Disotelle, anthropologue de l’Université de New York, le dit tout aussi clairement : « Mon hypothèse est que, si nous faisons des tests sur davantage d’Africains, nous trouverons certaines de ces anciennes origines en Afrique », notamment en Afrique du Nord.
 
 
Prudence dans les conclusions spéculatives
 
La prudence reste de mise lorsqu’il s’agit de conclure sur quelques cas (trois Néandertaliens et cinq hommes modernes). Christoph Zollikofer, anthropologue de l’Université de Zurich, est même plus sévère : « Les interprétations des scientifiques liées à la présence ou à l’absence de certains gènes sont très spéculatives, voire parfois erronées. Cela peut s’expliquer par le fait que ces chercheurs sont avant tout des généticiens, pas des anthropologues. Cela dit, il y a des chances qu’on en apprenne plus dans la décennie à venir. ».
 
Évelyne Heyer, spécialiste d’anthropologie génétique du Muséum d’histoire naturelle à Paris, insiste elle aussi sur la prudence à apporter à ces travaux qu’elle considère par ailleurs comme exceptionnels (« Si quelqu’un avait prétendu il y a dix ans pouvoir le faire, personne ne l’aurait cru. C’est un travail génial, magique, qu’ont réalisé Svante et son équipe. ») : « Même si cette première est formidable, il faut prendre les hypothèses émises par ces chercheurs avec prudence. Certains aspects techniques, comme la longueur des fragments d’ADN analysés, sont à mon avis un peu "légers". Donc, toutes les conclusions sur les différences ou ressemblances entre Néandertal et l’homme moderne n’ont pas toutes la même valeur. Il faudra que d’autres analyses du même type soient faites, peut-être par d’autres approches, pour vraiment y voir clair. ».
 
 
Motivation cachée ?
 
À moins qu’il n’y ait une explication un peu plus terre-à-terre qui ne fait pas partie des habitudes scientifiques françaises mais très utilisée en particulier dans le monde anglo-saxon : que cette conclusion un peu rapide ait été annoncée à la presse pour recevoir un écho médiatique très élevé au moment même où l’équipe (le Neandertal Genome Analysis Consortium) fait un appel de fonds pour poursuivre ses études.
 
Serait-ce une sorte de "leurre du scoop scientifique" qui, par la mousse médiatique provoquée par cette double information (croisement entre Homo sapiens et Néandertalien et Africains non croisés), porterait l’intérêt de poursuivre cette recherche ? En réalité, cet article dans "Science" est loin d’être un leurre, et pouvoir fournir des résultats sur l’ADN d’il y a 40 000 ans relève avant tout de l’exploit scientifique.
 
La critique aurait pu être également exprimée lors de la communication très médiatisée, le 17 février 2010, de Zahi Hawass, le très visible directeur des Antiquités égyptiennes, sur l’analyse ADN de plusieurs momies afin de retrouver celle d’Akhenaton et éventuellement, celle de Néfertiti. Les conclusions paraissaient un peu trop avancées par rapport au contenu concret de l’étude, mais avaient aussi pour but la recherche de fonds.
 
 
Résultats passionnants
 
Dans tous les cas, ces résultats sont passionnants.
 
J’avais appris à l’école en sixième que les êtres humains provenaient de l’Homme de Néandertal. J’ai compris vite après le baccalauréat que cette idée était remise en cause et que c’était beaucoup plus compliqué (chaque nouvelle découverte d’hominidé semble apporter un nouveau groupe, une nouvelle espèce disparue). Il y a deux ans encore, ces mêmes scientifiques avaient justement exclu tout croisement génétique entre les deux groupes. Maintenant, on revient sur ce qu’on avait imaginé il y a plusieurs décennies par simple supposition.
 
 
Entre le certain et l’hypothétique
 
La science bouge. Il faut donc rester prudent dans les conclusions.
 
Et ne surtout pas en profiter pour y mêler l’idéologie. La science est une discipline humble et désintéressée, capable de revenir sur ses premières impressions, et qui prouve factuellement tout ce qu’elle avance.
 
Pour Laura Zahn, rédactrice en chef associée de la revue "Science", cet article va alimenter la discussion entre anthropologues et généticiens pour longtemps.
 
Ce que l’auteur principal de l’article, Richard Green, biologiste à l’Université de Californie, confirme : « Le décodage du génome de l’Homme de Néandertal est une mine d’informations sur l’évolution humaine récente et sera exploitée durant les années à venir. ».
 
Le doute est toujours permis, et c’est pour cela que les conclusions doivent toujours rester prudentes dans leur formulation.
 
Au moins vis-à-vis du grand public, a priori peu au fait des méthodes scientifiques.
 
 
 
 
 
Pour aller plus loin :
 
 
 
 yartiNeanderthal02
 

 

http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/le-pere-de-nos-peres-serait-74706

http://www.lepost.fr/article/2010/05/10/2067708_le-pere-de-nos-peres-serait-neandertalien.html

 

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-193

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 11:45

Document à télécharger : l'article de la revue "Science" sur les analyses du génome néandertalien

 

 

"A Draft Sequence of the Neandertal Genome"

Richard E. Green and al, "Science", vol 328, 7 may 2010.

 

Fichier .pdf à télécharger (article anglophone) :

http://sciences.blogs.liberation.fr/files/green-article-100507.pdf
 

(disponible sur le site Science de Sylvestre Huet, de Libération)

 

 

Autre article de la même équipe :

 

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez?cmd=Retrieve&db=pubmed&list_uids=18692465

 

"A complete Neandertal mitochondrial genome sequence determined by high-throughput sequencing."
Green RE, Malaspinas AS, Krause J, Briggs AW, Johnson PL, Uhler C, Meyer M, Good JM, Maricic T, Stenzel U, Prüfer K, Siebauer M, Burbano HA, Ronan M, Rothberg JM, Egholm M, Rudan P, Brajković D, Kućan Z, Gusić I, Wikström M, Laakkonen L, Kelso J, Slatkin M, Pääbo S.


Cell. 2008 Aug 8;134(3):416-26.

 

SR

 

 

 

 

 

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 11:41

(dépêches)

 

Il y a bien eu croisement entre Néantertaliens et Homo sapiens selon les dernières analyses ADN

 


http://m.letemps.ch/Page/Uuid/fa570634-594d-11df-9452-34b1487217fa/Quelque_chose_en_nous_de_Neandertal
Paléoanthropologie vendredi7 mai 2010
Quelque chose en nous de Neandertal

 
Une équipe internationale de scientifiques est parvenue à reconstituer le code génétique de l’homme de Neandertal, aussi long que celui d’«Homo sapiens»! Cela simplement à l’aide de fragments d’ossements retrouvé dans une grotte de Croatie, et datant de 38 000 ans. Surprise: Neandertal aurait bien eu des relations avec «Homo sapiens», si bien que 1 à 4% de l’ADN de l’homme moderne serait le sien

Olivier Dessibourg
 

Front fuyant, bourrelets osseux sur les orbites oculaires, gros nez, absence de menton, corpulence trapue, poil éventuellement roux: telle est l’image que se font les paléo­anthropologues de
 l’homme de Neandertal
. L’un ou l’autre de ces traits vous rappelle quelqu’un? Peut-être pas si étonnant que cela: une équipe internationale vient de reconstruire le code génétique de cet hominidé! Et, surprise: entre 1 et 4% de son ADN pourrait avoir été transmis jusqu’aux hommes modernes! Ces travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Science.

Depuis sa découverte en 1856 dans la vallée de Neander, près de Düsseldorf,
Homo neanderthalensis
s’est bien dévoilé. Outre son aspect, les spécialistes s’accordent à dire qu’il était loin d’être idiot (il fabriquait des couteaux en pierre, utilisait le feu, chassait). De plus, il enterrait ses morts et «réalisait» des objets non utilitaires. «Ces comportements attestent qu’il avait une pensée symbolique», analyse
Marylène Patou-Mathis, archéozoologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris
.

Néanmoins, le mystère n’est pas entièrement levé sur notre cousin (Homo neanderthalensis et Homo sapiens, donc l’homme moderne, auraient eu un ancêtre commun il y a environ 600 000 ans). A quoi est due sa disparition, il y 25 000 ans? A une épidémie ou à un abrupt changement (climatique?) dans son environnement? Ou à une lutte à mort avec H. sapiens? De plus, les deux espèces se sont-elles interfécondées? Les bribes de squelettes trouvées sur environ 80 sites fournissent des éléments de réponse. Mais les anthropologues se tournent vers une autre source d’informations: le patrimoine génétique légué par ces hominidés à travers les âges.

Au
Max Planck Institut de Leipzig,
 le généticien Svante Pääbo est un pionnier dans l’analyse d’ADN ancien. Il s’est penché sur trois pièces de squelettes retrouvés en Croatie, où l’hominidé a vécu il y 38 000 ans. Puis en a extrait 500 milligrammes d’os contenant des fragments d’ADN lovés dans le noyau des cellules osseuses. Grâce à deux techniques pointues, l’équipe a séquencé, bribe par bribe, 60% du génome d’H. neanderthalensis, formé de 3,2 milliards de «lettres biologiques» (ou bases, de quatre types: A, C, T et G).

L’affaire ne fut pas simple: «Quelque 97% de l’ADN des échantillons provenait des bactéries et micro-organismes qui ont colonisé le cadavre de l’hominidé après sa mort», dit Svante Pääbo. Qui plus est, en manipulant ses ossements, les scientifiques ont pu y déposer leur propre ADN. Mais là aussi, ils ont mis au point des méthodes permettant d’exclure toute contamination. Ne «restait» plus qu’à comparer, à l’aide d’outils informatiques, ce génome avec celui de cinq humains actuels provenant du sud et de l’ouest de l’Afrique, de Papouasie, de Chine et de France. «Tous ces travaux, menés scrupuleusement, sont fiables, commente Christoph Zollikofer, anthropologue à l’Université de Zurich. Car il est possible, en traquant des marqueurs biochimiques, de bien repérer un ADN ancien. C’est comme de distinguer un écrit du XVIIe siècle d’un texte contemporain…»

Les scientifiques ont donc découvert que, contrairement à l’hypothèse souvent admise, H. sapiens et néandertaliens avaient bel et bien eu des rapports sexuels, puisque «ceux d’entre nous qui vivent hors d’Afrique portent en eux un peu d’ADN néandertalien», résume Svante Pääbo. Pourquoi cette précision géographique? Il apparaît en effet que les trois humains modernes ne provenant pas d’Afrique sont, très légèrement, les plus proches génétiquement de Neandertal. Svante Pääbo a une explication: «Les néandertaliens se sont probablement métissés avec des ancêtres de l’homme moderne juste avant que ceux-ci ne se scindent en différents groupes pour essaimer en Europe et Asie.» Un épisode qui pourrait avoir eu lieu au Moyen-Orient, il y a 80 000 à 60 000 ans.

«Cette preuve du métissage est fascinante», s’enthousiasme Christoph Zollikofer. André Langaney, généticien à l’Université de Genève, y souscrit, mais ajoute un bémol, lié aux statistiques: «Avant de faire la distinction entre Africains et non-Africains dans leurs relations avec Neandertal, il s’agirait d’augmenter le nombre d’humains analysés.» «Et y inclure des représentants de l’Afrique de l’Est», berceau de l’humanité, reprend au vol Laurent Excoffier. Le généticien de l’évolution de l’Université de Berne relève que cette légère discrépance observée entre Africains et non-Africains peut être issue de la conservation, dans ces groupes, de gènes encore bien plus ancestraux, et non du métissage avec Neandertal. «L’équipe de Pääbo n’exclut d’ailleurs pas cette autre possibilité dans son article», dit-il.

L’autre intérêt de ces travaux est de «pouvoir identifier dans le génome de Neandertal des variations qui lui sont propres, et ne se retrouvent pas dans celui d’H. sapiens», et l’inverse, poursuit Ed Green, professeur d’ingénierie biomoléculaire à l’Université de Californie à Santa Cruz, et premier auteur de l’étude. Autrement dit, l’idée est de cibler les infimes détails génétiques qui permettent de définir ce qui nous rend, humains de 2010, si uniques.

Chez les cinq personnes analysées, les chercheurs ont trouvé 212 régions du génome qui n’apparaissent pas chez Neandertal. Des gènes qui affectent le développement cognitif, le métabolisme énergétique ou le développement du squelette. «La possibilité de chercher des traces d’une sélection positive [de l’hom­me d’aujourd’hui] est probablement l’aspect le plus fascinant du projet», juge Svante Pääbo.

A ce sujet, les experts sont circonspects. «Les interprétations des scientifiques liées à la présence ou à l’absence de certains gènes sont très spéculatives, voire parfois erronées, regrette Christoph Zollikofer. Cela peut s’expliquer par le fait que ces chercheurs sont avant tout des généticiens, pas des anthropologues. Cela dit, il y a des chances qu’on en apprenne plus dans la décennie à venir.» André Langaney va même plus loin: «Je ne crois pas à une sélection positive qui aurait fait se différencier Neandertal et sapiens, car les deux avaient jadis probablement le même potentiel évolutif. Je penche plutôt pour un événement historique (épidémie? glaciation?), qui a causé la fin des néandertaliens. Il ne faut pas oublier qu’ils étaient très peu nombreux, quelques milliers sur le continent.»

La reconstitution du génome de Neandertal ouvre enfin une porte fantasmagorique: celle de pouvoir cloner cet hominidé, en insérant son ADN reconstruit dans un ovule fécondé d’aujourd’hui. Pour l’heure, l’idée reste une utopie: on ne dispose pas encore d’une séquence complète dudit génome en bon état. «Et même: il faudrait insérer et rendre fonctionnel cet ADN refabriqué dans une cellule vivante. On tente maintenant de le faire avec une bactérie. Mais c’est extrêmement plus simple qu’avec une cellule humaine…» conclut André Langaney

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/05/ladn-de-n%C3%A9andertal-r%C3%A9v%C3%A8le-ses-liens-avec-sapiens.html
divers
   L'ADN de Néandertal révèle ses liens avec Sapiens
7 mai
2010
   Madame Sapiens a fait crac-crac avec monsieur Néandertal. Ou l’inverse. Et avec succès reproductif. Mais pas en Europe, lors de l’arrivée de Cro-Magnon, il y a 37 000 ans. C’est une vieille histoire (d’adultère ?) survenue au Proche Orient, il y a environ 80 000 ans. Elle n’a manifestement pas été très fréquente. Et depuis, nib de coucheries entre cousins.

Cette affaire des relations de parenté et de la possible rencontre des deux humanités les plus proches - Homo sapiens, l’homme moderne apparu il y a un peu plus de cent mille ans en Afrique, et Néandertal - est révélée ce matin dans la revue Science . Par un article exceptionnellement long, traduisant un labeur minutieux et de haute précision. Il constitue un véritable «tournant dans l’exploration des origines de l’humanité par les moyens de la génétique moléculaire», salue Pierre Darlu, un généticien qui a participé en 2006 à une étude de l’ADN des mitochondries, donc uniquement maternel, de néandertaliens.


  Qui sont les conteurs de cette histoire, auteurs de ce «travail énorme» insiste Pierre Darlu ? Une équipe internationale de haute volée, dirigée par Svante Pääbo, un biologiste suédois. Svante Pääbo, multidiplômé en lettres, égyptologie, histoire et biologie fut l’un des pionniers de l’exploration de l’ADN ancien. Dès 1985, il s’intéressait aux gènes des momies égyptiennes. En 1991, il titrait «le rêve devient-il réalité ?» à propos d’ADN de 16 millions d’années. Il dirige, depuis l’Institut Max Planck de Leipzig, une équipe de près de 60 chercheurs de nombreux pays (Allemagne, Etats-Unis, Espagne, Croatie, Irlande, Royaume-Uni, Russie), lancée à l’assaut du génome de Néandertal. Elle a séquencé  l’ADN issu d’os fossiles de néandertaliens découverts dans la grotte de Vindjia, en Croatie. Et réussi à réunir 60% du total de leurs génomes. Le voile est désormais levé sur l’identité génétique de Néandertal, et du coup sur ce qui nous différencie de lui et constitue notre propre identité génétique.

C’est un véritable exploit technique que l’équipe réunie par Svante Pääbo a réalisé. Leur matériel ? De minuscules particules d’os, détachées à la roulette de dentiste sur trois os (photo à droite) sélectionnés parmi 21 candidats. L’un daté de 38 000 ans et découvert en 1980. Un second plus vieux mais non daté et un troisième plus ancien daté de 44 000 ans. Des os peu contaminés par l’ADN des hommes actuels. Comme les trois néandertaliens étaient… des dames, l’astuce à consisté à mesurer leur contamination en ADN masculin, du chromosome Y : pas plus de 1,5%.

Comparer des génomes extrêmement proches l’un de l’autre exigeait de faire appel à des techniques et des tests statistiques très sophistiqués. Outre le séquençage des os fossiles de la grotte de Vindjia, l’équipe s’est donc appuyée sur quelques coups de  sondes génétiques sur d’autres fossiles de néandertaliens, recueillis dans trois sites : El Sidron (Espagne, -49 000 ans), la vallée de Neander (Allemagne, -40 000 ans) et Mezmaiskaya (Caucase, Russie, -60 000 à -70 000 ans). Sur le séquençage de cinq êtres humains actuels réalisé pour l’occasion. Et sur celui du célèbre Craig Venter, un généticien américain.

Les généticiens ont obtenu un résultat surprenant, qui éclaire d’un nouveau jour nos relations de parenté avec ce cousin disparu. Ils contredisent les études antérieures, menées sur l’ADN mitochondrial exclusivement maternel, qui n’avait trouvé aucune contribution néandertalienne à notre génome, menée tant par Catherine Hänni (Ecole Normale Supérieure de Lyon) en 2006 que par Pääbo. Semblant donner ainsi raison à ceux des préhistoriens convaincus qu’homo sapiens, après sa sortie d’Afrique par le Proche Orient, n’avait jamais fricoté avec les néandertaliens qui occupaient alors une large part de l’ancien monde, de l’Espagne à la Sibérie.

Une conviction fondée sur les différences anatomiques claires entre les deux humanités. Le squelette de   sapiens, long, élancé, avec un front haut et lisse se distingue nettement d’un Néandertal trapu, aux attaches musculaires fortes et surtout à son crâne bas, allongé, abritant d’ailleurs un cerveau de grande taille, et aux arcades sourcillières spectaculaires. De rares indices anatomiques de métissage avaient été avancés, comme par l’Américain Erik Trinkaus, à propos de fossiles de Mladec (République Tchèque ou de Lagar Velho au Portugal). Mais ils n’avaient pas emporté la conviction de la majeure partie des spécialistes.

Or, selon l’équipe de Svante Pääbo, il y a bien eu métissage. Il se lit encore dans le génome des humains actuels dès lors que l’on peut le comparer à celui de néandertal. Il est délicat à mettre en évidence, puisque la contribution néandertalienne à notre génome est très discrète, mais néanmoins incontestable.

Cela suppose un flux génétique entre les deux populations après la divergence néandertalienne de notre ancêtre commun - erectus - survenue il y a environ 400 000 ans. Et avant la disparition de Néandertal, dont les derniers représentants vivent en Europe de l’Ouest, il y a 30 000 ans. Où et quand ce flux génique faible mais indéniable - nos deux espèces n’étaient donc pas complètement séparées au plan reproductif, ce qui est pourtant la définition du mot espèce - s’est-il produit ?

 La réponse provient des cinq hommes actuels, choisis à dessein pour la comparaison. Un Français de type européen, un Chinois d’ethnie Han, un Papou de Nouvelle Guinée, un Yoruba (Afrique de l’Ouest) et un San (Afrique du sud). Or, au petit jeu des similitudes, ce sont les eurasiatiques - Français, Chinois et Papou - qui emportent la palme de la proximité avec Néandertal, pratiquement à égalité entre eux.

Comment expliquer ce fait ? Une seule solution, d’ailleurs suggérée par l’archéologie : les deux espèces cousines se sont «connues» au sens biblique… au Proche Orient, il y a environ 80 000. Et non après, par exemple en Europe il y a 35000 ans, ce qui se serait traduit par une part néandertalienne plus forte chez l’Européen que chez le Papou, puisque Sapiens est arrivé en Asie de l’est il y a 60 000 ans.

Ce serait donc lors de sa sortie d’Afrique, qu’Homo sapiens aurait rencontré sur sa route des populations néandertaliennes, avant de se répandre dans tout l’ancien monde. «C’est finalement la région où les traces de cohabitation sont les plus claires», estime Pascal Depaepe (2), archéologue spécialiste de Néandertal, directeur scientifique de l’Institut national de recherches archéologiques préventive. Les sites archéologiques du Proche-Orient montrent que les deux espèces ont partagé cet espace durant plus de 30 000 ans. A l’époque, d’ailleurs, «ils avaient la même technologie lithique, le moustérien, et rien ne permettait de le distinguer d’un point de vue culturel alors que leurs différences anatomiques sont évidentes», souligne Depaepe.

 Que la proximité génétique entre un Européen et un Papou avec un Néandertalien soit la même implique qu’il n’y ait pas eu d’échanges de gènes lors de l’arrivée de Cro-Magnon en Europe, où il a cohabité avec Néandertal durant près de 10 000 ans. Une surprise ? «Après tout, on n’a jamais vu de signe probant de métissage anatomique sur les fossiles trouvés en Europe», affirme Depaepe. Exit donc, les spéculations romanesques sur les viols de Cromagnones par des Néandertaliens.

Prudents, les généticiens évoquent une piste alternative. Un éventuel flux génique, faible, entre Cro-Magnons d’Europe et Néandertaliens pourrait être masqué par le flux de paysans du néolithique qui a submergé les populations locales en Europe de l’ouest dans sa progression depuis l’Asie mineure, il y a entre 7 000 et 4 000 ans.

Cette étude montre également que l’essentiel des différences génétiques entre les humains actuels et Néandertal se situent dans des gènes relatifs aux capacités cognitives, au métabolisme énergétique et à la morphologie du crâne. Les distinctions entre ces deux humanités semblent donc bien se situer de manière privilégiée au niveau… du mental. Il y a là de quoi alimenter la réflexion des anthropologues et préhistoriens sur Néandertal, sa culture, le mystère de sa disparition et les relations qu’il a pu avoir avec Cro-Magnon… comme sur les mécanismes d’évolution culturelle de ce dernier.

Cette étude, estime le préhistorien, va permettre de «dépasser les deux visions extrémistes de  Néandertal qui se sont succédées. Néandertal a été vu comme un être bestial, simiesque, en raison des reconstructions erronées de Marcelin Boule. Puis, ces dernières années, il a été réhabilité au point d’en faire un autre homme. Différent, certes, mais pas inférieur». Il fut d’ailleurs un grand chasseur de gros mammifères - rennes, rhinocéros, mammouths - ce qui suppose habileté, anticipation et organisation collective (3).

Mais d’autres signes plaident en sa défaveur. Son caractère presque exclusivement carnivore, l’absence totale de technologie à base d’os - alors que Cro-Magnon en fait grand usage sous forme de sagaies et de harpons inconnus des néandertaliens - semble indiquer des capacités cognitives différentes. Inférieures ? Pascal Depaepe reste prudent, et souligne les contradictions de la plupart des hypothèses avancées pour expliquer sa disparition. Le climat ? Certes, cette époque est «troublée», mais Néandertal a vu pire. La concurrence avec Cro Magnon ? Il y voit une piste plus intéressante. Certes, les populations sont très petites, le gibier abondant, mais «un chasseur a besoin de grands espaces».

 Cette concurrence ne s’est manifestement pas jouée à armes égales. Le châtelperronien, nom de l’artisanat de la pierre en Europe qui surgit juste avant la disparition de Néandertal, a été interprété comme le signe d’une influence culturelle de Cro Magnon sur Néandertal, comme les quelques productions artistiques, dents ou coquillages percées de ce dernier. Mais, affirme Depaepe, la preuve que cette industrie soit le fait de Néandertal «reste ténue», puisqu’elle ne repose que sur un seul indice, à Saint Césaire (Charente maritime).

Surtout, Sapiens joue en division supérieure, côté cérébral et social. A partir d’il y a 40 000 ans, l’évolution des technologies lithiques accélère, l’expression artistique explose (photo :la grotte Chauvet), signe indubitable de «liens sociaux plus complexes», insiste Depaepe. Cela débouchera sur les révolutions néolithiques au Proche-Orient, en Asie, en Afrique et en Amérique. Les généticiens ont-il mis le doigt sur ce qui aurait empêché Néandertal de participer à l’aventure ? C’est bien possible.

(1) Green et al, Science du 7 mai 2010.

(2) Pascal Depaepe, La France du Paléolithique, La Découverte/Inrap, 2009.

(3) Néandertal, une autre humanité de Marylène Patou Mathis (Perrin), Quant d’autres hommes peuplaient la Terre de Jean-Jacques Hublin (Flammarion), Un néandertalien dans le métro de Claudine Cohen (Seuil).

L'article scientifique  est là.

Ici une note sur le scan du crâne de Cro-Magnon.

ici une note sur la découverte d'un site d'Homo erectus dans l'Hérault daté d'il y a 1,5 million d'années.

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/03/le-cerveau-de-cro-magnon-en-3-d.html#tp

divers
   Le cerveau de Cro Magnon en 3D 
11 mar
2010
Les paléoanthropologues disposent maintenant d'un modèle en trois dimensions du cerveau de Cro-Magnon. Pas d'un Cro-Magnon, mais du Cro-Magnon, le crâne découvert en 1868 dans l'abri du même nom, aux Eyzies de Tayzac (Dordogne).

Ce modèle est en dur, plus exactement en plastique. Fabriqué par laser à partir d'un modèle numérique en 3D du cerveau, lui même issu d'un scanner du crâne, conservé par le Musée de l'Homme.

C'est Antoine Balzeau (Museum national d'histoire naturelle) et Dominique Grimaud-Hervé (MNHN) au sein d'un laboratoire commun avec le Cnrs) qui ont conduit ce travail. Antoine Balzeau, joint au téléphone, en souligne l'intérêt. «Nous avons très peu d'endocrânes d'hommes de Cro-Magnon, c'est à dire les homo sapiens fossiles vivant il y a environ 30 000 ans et, paradoxalement, celui de Cro-magnon est l'un des mieux préservés. Nous avons donc pu retrouver de manière précise l'empreinte que le cerveau a laissé sur la boite cranienne. On distingue bien sa surface, les veines, les lobes, les zones cérébrales, l'organisation générale.»

 On dit souvent que nous sommes des Cro-Magnons. C'est vrai au sens où la similarité morphologique indique clairement que nous sommes une seule et même espèce. Une espèce apparue il y a 200 000 ans en Afrique, avec les premiers sapiens archaïques. Mais, entre Cro-Magnon et nous, il y a quelques petites différences. Son crâne est ainsi plus robuste, moins rond et avec des stutures osseuses plus marquées que celui des hommes actuels, «voire des Romains de l'antiquité», précise Balzeau. Il est aussi plus volumineux, puisque en moyenne les Cro-Magnon présentent un volume de 15% de plus que nous, et même 20% de plus pour Cro-Magnon qui était donc un bel et grand homme à grosse tête et gros cerveau.

C'est la première fois que l'on numérise ainsi le cerveau, du moins son empreinte sur le crâne, d'un Cro-Magnon, alors que cela a déjà été fait pour d'autres hommes fossiles plus anciens.
Le scan a été réalisé à l'hopital des quinze-vingt, il y a quatre ans, en très haute résolution. Mais pour guider la fabrication du modèle en plastique, il fallait fournir un guide numérique au laser. Ce dernier polymérise une poudre de plastique déposé dans une cuve, pour former l'objet. Une technologie baptisée prototypage, mise en oeuvre par la société Initial. C'est Antoine Balzeau qui a reconstruit virtuellement le cerveau en 3D à partir des données du scanner.

A première vue, le cerveau est similaire au notre, et il sera difficile d'en tirer quelque chose sur les capacités intellectuelles de Cro-Magnon. Mais les traces qu'il nous a laissé - habitat, outils, armes, grottes ornées, art - montrent que ses capacité intellectuelles étaient probablement aussi sophistiquées que les notres.
Cro-Magnon était un homme, assez âgé au point d'avoir été surnommé le «vieillard». Son crâne est presque complet. Une datation récente des parures en coquillages perforés qui accompagnaient les restes humains (il y avait aussi deux autres hommes, une femme et un enfant) montre qu'ils auraient environ 28 000 ans. Ils et font donc partie des plus anciens individus attribués à notre espèce, Homo sapiens, découverts sur le continent européen.

 


http://www.lexpress.fr/actualites/2/une-etude-genetique-revele-des-croisements-neandertal-humain_890481.html
Une étude génétique révèle des croisements Néandertal-humain
Par Reuters, publié le 07/05/2010 à 07:48

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Une étude génétique révèle des croisements entre l'homme de Néandertal et l'humain moderne, probablement au moment où les premiers homo-sapiens ont commencé à migrer hors d'Afrique.



Musée du Néandertal à Kaprina, en Croatie. Une étude génétique révèle des croisements entre l'homme de Néandertal et l'humain moderne, probablement au moment où les premiers homo-sapiens ont commencé à migrer hors d'Afrique. (Reuters/Nikola Solic)

Les peuples d'origine européenne, asiatique et australasienne ont tous des traces d'ADN de Néandertal, mais pas les Africains, expliquent les chercheurs dans un article paru dans l'édition de vendredi du journal Science.

L'étude pourrait aider à résoudre un vieux débat sur le fait de savoir si l'homme de Néandertal et l'humain moderne ont fait plus que simplement cohabiter en Europe et au Proche-Orient.

"Ceux d'entre nous qui vivent hors d'Afrique portent un peu d'ADN de Néandertal en eux", résume Svante Paabo, de l'institut Max Planck à Munich, qui a dirigé cette recherche.

"La proportion de matériel génétique hérité de Néandertal est d'environ 1 à 4%. C'est peu mais c'est une proportion bien réelle d'ascendance chez les non-Africains aujourd'hui", ajoute le Dr David Reich, de la Harvard Medical School de Boston, qui a participé à cette étude.

Rien ne permet d'identifier quels "traits" peuvent avoir été hérités de Néandertal. "Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce ne sont que des parcelles aléatoires d'ADN", dit Svante Paabo.

Les chercheurs s'appuient sur le séquençage du génome d'os de Néandertal découverts en Croatie, en Russie, en Allemagne et en Espagne. Ils ont développé de nouvelles méthodes pour rassembler, séparer et séquencer l'ADN.

"Dans ces ossements vieux de 30.000 ou 40.000 ans, très peu d'ADN a été préservé", souligne Svante Paabo, qui précise que 97% voire plus de l'ADN extrait de ces ossements provenait de bactéries ou de moisissures.

Ils ont comparé ce séquençage à celui de cinq personnes originaires d'Europe, d'Asie, de Papouasie-Nouvelle Guinée et d'Afrique.

ESPÈCES DISTINCTES?

Le résultat dessine le portrait d'homo-sapiens vivant aux côtés d'hommes de Néandertal, éteints il y a quelque 30.000 ans, avec des relations parfois très intimes. "Il y a eu des métissages à un petit niveau. Je préfère laisser à d'autres le soin de se quereller pour savoir si l'on peut nous qualifier d'espèces distinctes ou non", poursuit Paabo. "D'un point de vue génétique, ils n'étaient pas très différents de nous."

Les croisements génétiques pourraient remonter à il y a environ 80.000 ans, quand les hommes modernes venant d'Afrique ont rencontré les populations de Néandertal établies les plus au sud, au Proche-Orient.

Les chercheurs ont identifié cinq gènes propres aux Néandertaliens, dont trois gènes liés à la peau. "Cela suggère que quelque chose dans la physiologie ou la morphologie de la peau a changé chez les humains", explique Svante Paabo.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français

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http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100506.FAP0761/nous-avons-tous-un-peu-d-homme-de-neandertal-en-nous-selon-une-nouvelle-etude.html
06/05/10 22:42 Réagir Nous avons tous un peu d'homme de Néandertal en nous, selon une nouvelle étude
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WASHINGTON (AP) — Un examen détaillé du génome de l'homme de Néandertal révèle qu'il y a un peu de lui en chacun de nous: de 1 à 4% des gênes des peuples d'Europe et d'Asie proviennent des Néandertaliens, selon une nouvelle étude.

"Ils continuent à vivre, un petit peu", a commenté Svante Paabo de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne. L'équipe qu'il a dirigée avec Richard Green de l'université de Californie et David Reich de la Faculté de médecine de Harvard a comparé le matériau génétique collecté sur les os de trois hommes de Néandertal avec celui de cinq hommes d'aujourd'hui.

Leurs conclusions, publiées vendredi dans la revue "Science", établissent une relation entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes vivant hors d'Afrique, a précisé M. Paabo.

Elle suggère en effet que des croisements ont eu lieu au Moyen-Orient, où les hommes de Néandertal et les Homo Sapiens ont vécu de façon concomitante il y a des milliers d'années, a-t-il ajouté.

"Les gens s'intéressent à la question: 'par quelle route suis-je arrivé ici?' Et l'idée qu'il y a un vague écho du Néandertal" est intéressante, a estimé Richard Potts, directeur du Programme sur les origines de l'homme à l'Institut Smithsonien du musée national d'histoire naturelle.

"Je suis vraiment impressionné par la nuance qu'ils ont réussi à saisir", a déclaré Richard Potts, un des membres de l'équipe de chercheurs. "Les articles sont vraiment un bon antidote au tout ou rien que présentaient les conclusions d'études précédentes".

Les Homo Sapiens sont originaires du Moyen-Orient et se sont ensuite dispersés dans d'autres régions du monde. Une relation génétique avec l'homme de Néandertal a été établie pour les populations d'Europe, de Chine et de Papouasie-Nouvelle Guinée, mais pas pour les populations d'Afrique.

Todd Disotell, un anthropologue de l'université de New York a suggéré que des tests soient faits sur davantage d'Africains.

"Mon hypothèse est que, si nous faisons des tests sur davantage d'Africains, nous trouverons certaines de ces anciennes origines en Afrique", a estimé M. Disotell, précisant que l'équipe de recherche n'avait pas effectué de tests sur des Nord-Africains, alors qu'elle l'avait fait sur les populations de l'ouest et du sud de l'Afrique.

M. Paabo a reconnu que les conclusions de l'étude ne permettaient pas de dire que seules les populations habitant en dehors de l'Afrique avaient des gènes communs à l'homme de Néandertal. Il a ajouté qu'en faisant d'autres études des relations seraient peut-être établies avec certains Africains.

Cette étude pourrait nourrir les débats entre anthropologues et généticiens pendant des années, a estimé Laura Zahn, rédactrice en chef associée de la revue "Science".

L'homme de Néandertal, aujourd'hui disparu, est le parent le plus proche de l'homme actuel qui a vécu il y a plus de 30.000 à 400.000 ans. Il a coexisté avec l'homme actuel il y a 30.000 à 50.000 ans, en Europe et en Asie de l'Ouest.

L'homme de Néandertal disposait d'une riche culture matérielle qui lui permettait de chasser, de coudre et de maîtriser le feu. Il vivait dans des abris et enterrait ses morts. AP

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Sur le Net:

La revue "Science": http://www.sciencemag.org

hs/v0667





http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gmcdcAfNWgAVodWiiUpRywQkmYSw
Le séquençage du génome néandertalien révèle des croisements avec l'homme
De Jean-Louis SANTINI (AFP) – Il y a 17 heures

WASHINGTON — Le séquençage du génome du Néandertalien, annoncé jeudi par une équipe internationale de recherche, révèle des croisements avec l'humain moderne et lève le voile sur des traits génétiques uniques à l'homme dans l'évolution.

De un à quatre pour cent du génome de l'homme --2% de ses gènes-- proviennent des Néandertaliens, nos plus proches cousins, dont l'apparition remonte à environ 400.000 ans et qui se sont éteints il y a 30.000 ans, précisent ces chercheurs dont l'étude paraît dans la revue américaine Science du 7 mai.

"Nous pouvons désormais dire que selon toute vraisemblance il s'est produit un transfert de gènes entre les Néandertaliens et les humains", souligne Richard Green, professeur d'ingénierie bio-moléculaire à l'Université de Californie à Santa Cruz, principal auteur de ces travaux entamés quatre ans auparavant et dont une ébauche avait été rendue publique en 2008.

Selon ces chercheurs, ce transfert génétique a dû se produire il y a entre 50.000 et 80.000, probablement quand les premiers homo-sapiens ont quitté l'Afrique --berceau de l'humanité-- et rencontré les hommes de Néandertal au Proche-Orient, avant de se dispercer en Eurasie.

Le fait que les gènes néandertaliens apparaissent dans le génome d'individus d'origine européenne et asiatique mais pas chez les Africains conforte cette hypothèse.

En outre, aucun gène d'homo-sapiens n'a été trouvé dans le génome du Néandertalien séquencé à partir d'ADN extrait de trois ossements fossilisés provenant de la caverne de Vindiglia en Croatie, qui datent de 38.000 et 44.000 ans. Ces os appartenaient à trois femelles.

Ces chercheurs ont comparé le génome néandertalien avec celui de cinq humains modernes venant d'Afrique australe et occidentale ainsi que de France, de Chine et de Papouasie Nouvelle-Guinée.

Ils ont aussi fait la comparaison avec le génome du chimpanzé dont 98,8% des gènes sont identiques à ceux de l'homme. En comparaison, le Néandertalien était à 99,7% identique génétiquement à l'humain moderne et, lui aussi, à 98,8% au chimpanzé. L'ancêtre commun entre l'homme, le Néandertalien et le chimpanzé remonte à cinq ou six millions d'années.

L'homme de Néandertal et l'humain ont divergé dans l'arbre de l'évolution à une période remontant entre 270.000 et 440.000 ans, concluent ces chercheurs, soulignant que les deux espèces étaient très semblables.

Mais ce sont surtout les différences qui sont intéressantes.

"Le séquençage du génome du Néandertalien nous permet de commencer à définir tous ces traits dans le génome humain qui diffèrent des autres organismes vivants, y compris de celui du plus proche parent de l'homme dans l'évolution", observe Svante Pääbo, directeur du département de génétique de l'Institut Max Planck en Allemagne, qui dirige ce projet de séquençage.

Pour Richard Green, "le décodage du génome de l'homme de Néandertal est une mine d'informations sur l'évolution humaine récente et sera exploitée durant les années à venir".

Parmi les vingt endroits du génome de l'homme montrant les plus fortes indications de sélection positive dans l'évolution, ces chercheurs ont isolé trois gènes dont les mutations affectent le développement mental et cognitif. Ces mêmes gènes, lorsqu'ils présentent des mutations, sont aussi impliqués dans la schizophrénie, l'autisme et la trisomie 21.

D'autres de ces vingt régions du génome humain qui diffèrent de celui du Néandertalien contiennent un gène jouant un rôle dans le métabolisme énergétique et un autre affecte le développement de la boîte cranienne, de la clavicule et de la cage thoracique.

Ces chercheurs ont enfin établi la première édition d'un catalogue de traits génétiques propres à tous les humains mais pas au Néandertalien ni au singe.


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Actualité
Paléontologie humaine


Néandertal est en nous
On croyait avoir éliminé la possibilité d'un croisement de l'homme moderne avec son proche parent, l'homme de Néandertal. Et si l'on s'était trompé ?

Jean-Jacques Perrier
 
D'après les premières analyses de son génome, l'homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) n'a pas contribué au patrimoine génétique de l'homme moderne (Homo sapiens). Il semble que cette conclusion doive être révisée, et c'est un peu une révolution dans le monde de la paléontologie humaine, bien que cela conforte d'anciennes hypothèses. Une équipe internationale coordonnée par Svante Pääbo, de l'Institut Max Planck de Leipzig, et Richard Green, de l'Université de Californie à Santa Cruz, suggère en effet que les premiers hommes modernes se sont croisés avec des Néandertaliens au Moyen-Orient, lors de leur migration depuis l'Afrique.

S. Pääbo et ses collègues ont comparé des séquences représentant 60 pour cent du génome de trois Néandertaliens (4 milliards de paires de bases), le génome du chimpanzé, et les génomes d'hommes européens, de Papouasie-Nouvelle Guinée, de Chine, du Japon, du Sud de l'Afrique et d'Afrique de l'Ouest.

Deux types de résultats de cette comparaison plaident en faveur d'un croisement entre des Néandertaliens et certains de nos ancêtres. Tout d'abord, si l'on considère de courtes portions d'un chromosome de différents individus, un Chinois et un Africain par exemple, un test statistique permet de déterminer si le même chromosome d'un Néandertalien ressemble plus à l'un ou à l'autre. Si les Néandertaliens sont restés un groupe indépendant, on ne devrait pas trouver plus de ressemblances entre leurs séquences et celles du génome d'un Chinois qu'entre leurs séquences et celles du génome d'un Africain. Or les sites chromosomiques étudiés correspondent plus fréquemment à ceux des Européens et des Asiatiques, et moins souvent à ceux des Africains. La différence de correspondance entre des portions du génome néandertalien et celles du génome chinois, d'une part, et entre le génome néandertalien et le génome d'Afrique de l'Ouest, d'autre part, est par exemple d'environ six pour cent.

Deuxième argument : en comparant des portions chromosomiques entre Africains et non-Africains, les chercheurs ont repéré que certaines de ces régions étaient plus variables chez les non-Africains. Ils suggèrent l'existence d'un flux génique entre Néandertaliens et non-Africains qui aurait augmenté la variabilité. Leur hypothèse est confirmée par le fait que, sur 12 régions du génome plus variables chez les non-Africains, 10 sont présentes dans le génome néandertalien.

Pour les chercheurs, l'explication la plus évidente de ces résultats est qu'une partie du génome néandertalien a été transmise au génome d'Homo sapiens hors d'Afrique, donc après que l'homme moderne est sorti du continent. En moyenne, moins de quatre pour cent du génome des Européens et Asiatiques actuels proviendraient de Néandertaliens, ce qui suggère que les croisements ont été limités. Par ailleurs, comme la ressemblance avec le génome néandertalien se retrouve pour des hommes eurasiatiques, l'hybridation des génomes a dû se produire avant que l'homme moderne se disperse en Europe et en Asie, donc probablement au Moyen-Orient.

« Cela n'est finalement pas très surprenant, remarque Silvana Condemi, paléoanthopologue à l'Université de la Méditerranée, à Marseille, car lorsqu'a eu lieu l'expansion des Néandertaliens vers le Moyen-Orient à partir d'Europe, leur berceau, ceux-ci ont rencontré des groupes d'Homo sapiens qui vivaient dans cette région, dont les plus connus sont les fossiles de Qafzeh et Skhul, en Israël. » Pourquoi n'est-ce pas plutot H. sapiens sortant d'Afrique qui a rencontré Néandertal établi au Moyen-Orient ? Parce que, d'après les fossiles, les Néandertaliens étaient préalablement établis en Europe et sont arrivés après l'homme moderne au Moyen-Orient.

Les chercheurs ont également trouvé la trace de variations, chez l'homme moderne comparé à l'homme de Néandertal, de la composition en acides aminés de 83 protéines — ce qui peut influer sur leur fonction — et d'une « sélection positive » de gènes, c'est-à-dire de leur fixation dans la lignée moderne. Ces gènes se sont différenciés chez l'homme moderne depuis sa divergence avec l'homme de Néandertal, entre 435 000 ans et 272 000 ans. Plusieurs gènes sont connus pour être associés au développement cognitif, au métabolisme énergétique, à la structure du crâne et de la cage thoracique, à l'apparence de la peau et à la cicatrisation. Ils existent chez les Néandertaliens mais sous une forme différente, ce qui pourrait (peut être) expliquer les différences morphologiques entre ces deux populations. La version complète du génome néandertalien devrait fournir un catalogue exhaustif de nos différences et éclairera peut-être ce qui a contribué à l'expansion de l'homme moderne et à la disparition concomitante de l'homme de Néandertal il y a 30 000 ans.

 im MacKenzie/UC Santa Cruz

De l'ADN néandertalien a été retrouvé dans le génome d'hommes modernes européens et asiatiques.

à voir aussi
 
Johannes Krause MPI-EVA

L'intérieur de la grotte de Vindija, en Croatie, où ont été trouvés en 1999 les trois squelettes utilisés pour séquencer le génome néandertalien.
Max-Planck-Institute EVA

Ces trois os (Vi33.16, Vi33.25, Vi33.26) de la grotte de Vindija ont fourni l'essentiel des séquences du génome néandertalien.
Pour en savoir plus
R.E. Green et al., A draft sequence of the Neandertal genome, Science, vol. 328, pp. 710-722, 2010.
 
A. Degioanni, V. Fabre et S. Condemi, Les messages cachés dans les gènes de Neandertal, Pour la Science n°386, décembre 2009.
L'auteur
Jean-Jacques Perrier est journaliste à Pour la Science.



http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-les-messages-caches-dans-les-genes-de-neandertal-23799.php

Pour la Science N°386 - decembre 2009>> Voir le sommaire de ce numéro     
synthese
Paléontologie humaine


Les messages cachés dans les gènes de Neandertal
L'étude des gènes des Néandertaliens a livré quatre informations : l'homme de Neandertal était distant génétiquement de nos ancêtres ; sa lignée est ancienne ; il n'a pas contribué à notre patrimoine génétique ; peu nombreux, ils ont occupé un vaste territoire.

Anna Degioanni, Virginie Fabre et Silvana Condemi
Le séquençage du génome de l'homme de Neandertal progresse. Son adn mitochondrial a déjà été entièrement séquencé (cet adn est contenu dans les mitochondries, des organites cellulaires produisant l'« énergie » des cellules et transmis par les femmes). Svante Pääbo et son équipe de l'Institut Max Planck de Leipzig espèrent terminer dans les mois qui viennent une première ébauche de séquençage complet de son adn nucléaire. Ces études génétiques ne vont pas tout révéler sur l'homme de Neandertal, mais elles ont déjà livré quatre informations importantes, que nous allons examiner.

La première de ces informations est l'importance de la distance génétique entre nous et l'homme de Neandertal. Les mitochondries contiennent un ruban d'adn comportant presque 16 000 bases. Le séquençage de ce ruban fut lent tant le matériel génétique néandertalien bien conservé est rare. Il a commencé en 1997 par 379 bases extraites du premier fossile néandertalien jamais découvert : Feldhofer 1. Puis une quinzaine de fragments d'adn mitochondrial ont été séquencés. Ce travail difficile a bénéficié de grands progrès méthodologiques. Avant le séquençage, il est nécessaire d'effectuer des amplifications ciblées de l'adn, par des pcr (la réplication des séquences géniques par réaction enzymatique). En 2004, David Serre, alors à l'Institut Max Planck de Leipzig, et ses collègues ont mis au point une procédure qui amplifie spécifiquement l'adn...

Lire la suite de cet article

L'auteur
Anna Degioanni, Virginie Fabre, généticiennes des populations et Silvana Condemi, paléoanthropologue, sont membres de l'unité d'Anthropologie bioculturelle du cnrs, de l'efs et de l'Université de la Méditerranée à Marseille.

Pour en savoir plus
V. Fabre, S. Condemi et A. Degioanni, Genetic evidence of geographical groups among Neanderthals, Plos One 4(4): e5151, 2009.

C. Lalueza-Fox et al., A melanocortin 1 receptor allele suggests varying pigmentation among Neanderthals, Science, vol. 318, pp. 1453-1455, 2007.

J. Krause et al., The Derived foxp2 Variant of modern humans was shared with Neandertals, Current Biology, vol. 17, pp. 1908-1912, 2007.

R. E. Green et al., Analysis of one million base pairs of Neanderthal DNA, Nature, vol. 444, pp. 330-336, 2006.


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http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/archeo-paleo/20100506.OBS3562/il-y-a-un-peu-de-neandertal-en-nous.html
07/05/10 09:42 1 réaction Il y a un peu de Neandertal en nous
1 à 4% du génome des hommes actuels proviendrait des néandertaliens, analysent les chercheurs qui ont séquencé l’ADN de cet ancien cousin disparu il y a 30.000 ans.
Reconstitution du buste de Pierrette, jeune néandertalienne retrouvé sur le site de Saint-Césaire , en Charente Maritime. (SIPA/Jean-Michel Nossant)
 
Défendue par certains anthropologues, l’idée que la rencontre entre Cro-Magnon et Neandertal ait été féconde n’avait jusqu’à présent pas trouvé de confirmation dans les études de paléo-génétique. La revue Science publie cette semaine un rebondissement de taille: le croisement aurait bien eu lieu, même s’il demeure marginal, selon l’équipe de Svante Pääbo, de l’Institut Max Planck de Leipzig. Nous aurions donc quelques gènes néandertaliens : 1 à 4% de l’ensemble de notre génome.


Sur le même sujet
DOSSIER: Neandertal décrypté
L'homme moderne, meilleur ennemi de Neandertal?
Des coquillages symboliques chez les Néandertaliens

Cette même équipe avait d’abord écarté l’hypothèse. La comparaison de l’ADN mitochondrial (contenu par les mitochondries dans la cellule) de Neandertal et d’Homo sapiens ne montrait aucune parenté. Après le premier décodage de l’ADN nucléaire (du noyau de la cellule) de Neandertal, les chercheurs n’avaient pas non plus repéré de similitude avec l’ADN de Sapiens.

Les Africains moins proches de Neandertal

Après quatre ans de travail, Svante Pääbo et ses collègues disposent désormais d’environ 60% de la séquence génétique d’Homo neandertalensis, soit plus de 4 milliards de nucléotides obtenus à partir de trois fragments d’os de trois Néandertaliens. Grâce à des techniques nouvelles mises au point pour récupérer, trier et analyser ce matériel, les chercheurs publient une première carte du génome néandertalien.

Pour la comparer, Pääbo et ses collègues ont aussi séquencé l’ADN de cinq humains actuels originaires d’Afrique, d’Afrique de l’ouest, de France, de Chine et de Papouasie Nouvelle-Guinée.

Le génome de Neandertal a plus de similitudes avec les hommes actuels vivants hors d’Afrique, constatent les chercheurs. Ils suggèrent donc que les croisements entre les premiers hommes modernes et les néandertaliens ont eu lieu il y a longtemps, après avoir quitté l’Afrique mais avant de se disperser en Europe et en Asie. C’est au Moyen-Orient, il y a 50.000 à 100.000 ans, que les deux branches humaines se seraient mélangées, avancent les chercheurs. Et non pas plus récemment en Europe, il y a environ 30.000 à 40.000 ans, comme le suggère l'anthropologue américain Erik Trinkaus.

Avantage évolutif

Au-delà de ces mystérieuses rencontres, ce qui intéresse Pääbo et ses collègues c’est l’identification des gènes qui ont permis à l’homme moderne de prospérer, tandis que Neandertal s’est éteint. Pour cela ils cherchent des régions du génome qui ont rapidement évolué chez l’homme moderne mais pas chez Neandertal. Ils en ont isolé 212, dont 20 qui ont subi une sélection très forte. Parmi ces gènes qui auraient conféré un avantage à l’homme moderne au cours de l’évolution, plusieurs concernent la cognition (apprentissage, relations aux autres…) et le métabolisme.


Pour en savoir plus sur le travail mené par l’équipe de Pääbo, lire Les experts font parler les fossiles et Le génome de l’homme de Vindija livre ses secrets (Sciences et Avenir, mars 2009).

Cécile Dumas
Sciencesetavenir.fr
06/05/10



http://www.lefigaro.fr/sciences-technologies/2010/05/06/01030-20100506ARTFIG00791-l-homme-de-neanderthal-devoile-son-genome.php

L'homme de Neandertal dévoile son génome

Mots clés : Neanderthal

Par Jean-Luc Nothias
07/05/2010 | Mise à jour : 08:25 Réagir

1 à 4 % du génome de l'homme moderne pourraient provenir des néanderthaliens. Crédits photo : AFP
L'humanité actuelle recèle quelques gènes de son cousin disparu.
 
Il est maintenant prouvé que nous avons en nous, les hommes dits modernes, quelque chose de l'homme de Neandertal. Une équipe internationale (56 personnes) a réussi à décrypter près de 60% du génome de ce «cousin» à partir de prélèvements d'os datant de quelque 40 000 ans trouvés, il y a une vingtaine d'années, dans une grotte de Croatie. Et il apparaît que de 1 à 4% de notre propre génome pourrait provenir des néandertaliens.

Neandertal est notre plus proche parent du point de vue évolutif. Apparu il y a 450 000 ans, il a peuplé l'Eurasie (Europe et ouest de l'Asie). Puis il a disparu, il y a 25 000 à 30 000 ans au moment où l'homme moderne, celui que l'on appellera Cro-Magnon, commençait son expansion à partir de l'Afrique. Quelques analyses d'un ADN dit mitochondrial avaient déjà été réalisées. Mais aujourd'hui, c'est sur de l'ADN dit nucléaire, issu du noyau des cellules, que les analyses ont été conduites. Comme pour l'établissement d'une empreinte génétique.

L'équipe dirigée par Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne) a donc montré que Homo neanderthalensis et Homo sapiens se sont croisés et côtoyés au Moyen-Orient avant que le plus ancien ne disparaisse.

Est-ce important? «Mais enfin bien sûr, s'enthousiasme Évelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle dans un laboratoire associé au CNRS. Il s'agit de savoir d'où nous venons, qui nous sommes vraiment!»

Les travaux, publiés aujourd'hui dans la revue américaine Science, montrent tout d'abord, pour la première fois, qu'il est possible d'analyser au moins en partie de l'ADN de noyau cellulaire, vieux de plusieurs dizaines de milliers d'années, avec d'infinies précautions et une technologie hors norme. «Si quelqu'un avait prétendu il y a dix ans pouvoir le faire, personne ne l'aurait cru, continue Évelyne Heyer. C'est un travail génial, magique, qu'ont réalisé Svante et son équipe. »

Ils ont ensuite pu comparer les séquences d'ADN néandertaliennes à celles de cinq humains actuels: un Africain du Sud, un Africain de l'Ouest, un Papou, un Chinois et… un Français. Les comparaisons montrent que le génome néandertalien est plus proche de celui des non-africains modernes.

Ils ont aussi exploré les possibilités pour remonter à l'ancêtre commun des deux lignées d'hominidés et confectionné un catalogue des caractéristiques génétiques présentes chez l'homme moderne, mais pas chez ceux de Neandertal ou chez les grands singes.

Ils ont également tenté de voir ce qui dans ces différents génomes pouvait expliquer la naissance d'Homo sapiens. Et ils ont trouvé que les régions de l'ADN qui présentaient le plus de variations, c'est-à-dire celles qui avaient permis la «meilleure» évolution, concernaient des gènes du développement cognitif et mental, du crâne ou de la cage thoracique­.


Prudence

«Même si cette première est formidable, tempère Évelyne Heyer, il faut prendre les hypothèses émises par ces chercheurs avec prudence. Certains aspects techniques, comme la longueur des fragments d'ADN analysés, sont à mon avis un peu “légers”. Donc, toutes les conclusions sur les différences ou ressemblance entre Neandertal et l'homme moderne n'ont pas toutes la même valeur . Il faudra que d'autres analyses du même type soient faites, peut-être par d'autres approches, pour vraiment y voir clair.»

Sera-t-il possible un jour de réaliser de telles analyses sur des hominidés encore plus anciens comme les australopithèques? « Sans doute pas, regrette Évelyne Heyer. Car à partir du moment où toutes les parties organiques sont fossilisées, l'analyse devient impossible.» Mais ces analyses génétiques de Neandertal devraient permettre de mieux le connaître, le décrire et le faire «parler».

LIRE AUSSI :

» Un nouveau type d'hominidé démasqué par son ADN

» INTERVIEW - Yves Coppens : «Le nouvel australopithèque découvert est un para-Homo»

» Quand Neandertal s'adonnait aux joies du maquillage


 

 

 

 

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