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7 mai 2018 1 07 /05 /mai /2018 02:47

« Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces. » (Jean Jaurès, Albi le 30 juillet 1903).


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Déjà un an qu’un ovni de la vie politique française, Emmanuel Macron, a été élu Président de la République française par les Français. Et pas le moins bien élu, bien au contraire, je l’ai déjà expliqué quelques jours après son élection : le dimanche 7 mai 2017, il a recueilli 66,1% des suffrages exprimés, donc, des seuls électeurs qui ont bien voulu faire entendre leur voix. Celle des autres, elle n’était ni contre ni pour, ils ont laissé les autres décider à leur place. Ce résultat est bien plus important que celui de Charles De Gaulle en 1965 ou de Georges Pompidou en 1969. Seul Jacques Chirac l’a battu en 2002 en dépassant les 82%.

Ceux qui ne sont pas convaincus de cette légitimité démocratique peuvent refaire le calcul avec les électeurs inscrits. 43,6% des inscrits, il n’y a pas à rougir de honte. De Gaulle avait obtenu à peine mieux, 45,3%. C’est le score de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 (43,8%). C’est mieux que François Mitterrand en 1981 (43,2%), mais aussi que Jacques Chirac en 1995 (39,4%), Nicolas Sarkozy en 2007 (42,7%) et François Hollande en 2012 (39,1%).

Toujours pas convaincus ? À cause des résultats du premier tour ? 24,0% des suffrages exprimés, ce n’est pas mal quand même. Mieux que Jacques Chirac en 2002 (19,9%). Par rapport aux inscrits ? 18,2% des inscrits au premier tour. Pas une catastrophe dans une société si émiettée. Du même ordre de grandeur que François Mitterrand en 1981 (20,6%) et bien mieux que Jacques Chirac, tant en 1995 (15,9%) qu’en 2002 (13,8%).


Proposer aux Français une vision nationale avec une cohérence politique

Bref, tous ces calculs, je les avais présentés dans mon article du 11 mai 2017 et ils restent toujours valables (les résultats électoraux n’ont pas bougé en un an !). Ceux qui refusent à Emmanuel Macron la légitimité démocratique sont donc de mauvais joueurs, des citoyens de mauvaise foi, des personnes antidémocrates qui refusent le verdict des urnes, aussi regrettable pour eux qu’il soit. On n’a jamais remis en cause la légitimité de François Mitterrand, ni de Jacques Chirac. Ils ont pourtant été moins bien élus qu’Emmanuel Macron à leur première élection. C’est un fait.

La vérité, c’est que les perdants de 2017, et ils se comptent tant à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche, mais aussi un peu partout sur l’échiquier politique, ne supportent pas que le Président élu agisse, soit parce qu’il a le courage de faire les réformes que ces perdants n’ont jamais osé entreprendre (ni osé rêver), soit au contraire, parce que ces perdants ont toujours été opposés à ces réformes.

Si les premiers préfèrent rester discrets (après tout, il vaut mieux laisser les autres faire le "sale boulot"), les seconds pensent que la rue sera un "troisième tour social", en d’autres termes, que la rue viendrait contredire le suffrage des électeurs dans les urnes. Si c’est inquiétant pour la démocratie, ils n’ont pas forcément tort d’un point de vue historique : Jacques Chirac, élu en mai 1995, a dû faire machine arrière dès décembre 1995 à cause d’un mouvement social très fort. Idem pour Dominique de Villepin au printemps 2006.

Il y a cependant une différence entre 1995 et 2018. Pas la détermination du gouvernement, car Édouard Philippe est aussi déterminé que son mentor en politique, Alain Juppé. Mais les circonstances. Jacques Chirac avait fait campagne sur le thème de la fracture sociale au point de rassembler des électeurs de gauche pour s’opposer au couronnement du Premier Ministre sortant Édouard Balladur. Alors qu’Emmanuel Macron a toujours dit ce qu’il allait faire pendant sa campagne. Il n’a pas tenu de propos démagogiques (demain, on rase gratis) et a annoncé clairement la couleur de ses positions économiques, et lorsqu’il n’a pas précisément indiqué certaines réformes (comme celle de la SNCF), sa philosophie générale était largement annoncée à l’avance, bien avant le scrutin, pas après.

C’est aussi dans la manière de communiquer qu’Emmanuel Macron a révolutionné la gouvernance. Pour la première fois depuis au moins 1981, voici un Président de la République qui assume les réformes qu’il entreprend. Il ne dit pas : je suis désolé, je dois les faire à cause de Bruxelles. Il ne dit pas : je suis désolé, je dois bien éponger la dette, réduire les déficits, arrêter de dépenser dépenser dépenser. D’ailleurs, cela n’empêchait pas de continuer à dépenser plus (encore aujourd’hui !!). Il ne dit pas : je n’y crois pas beaucoup mais il faut le faire (comme François Mitterrand).

Pour la première fois, un Président de la République est capable d’assumer et de croire en ce qu’il fait ! C’est cela qui est extraordinaire. Rien à voir avec le tournant de la rigueur de François Mitterrand en juin 1982 (je suis bien obligé alors que je voulais raser gratis) ou encore celui de François Hollande dès septembre 2012 (j’ai trouvé un petit truc pour faire plaisir aux entreprises, le CICE, mais je n’ose pas trop le clamer sur tous les toits pour éviter de susciter l’opprobre de mes frondeurs).

C’est cela, la différence avec ses quatre prédécesseurs : Emmanuel Macron est politiquement cohérent et il assume pleinement sa politique économique. Il ne cherche pas des "marqueurs" (de droite ou de gauche), il ne cherche pas des "mesures symboliques" (de droite ou de gauche). Il cherche avant tout, il l’a dit et répété, à ce que la France devienne un pays formidable pour entreprendre, pour créer de l’activité, pour créer des richesses.


Rendre la France économiquement attractive

L’objectif est très ambitieux vu la mauvaise réputation de la France (que les grévistes, manifestants et casseurs cherchent à faire perdurer !), mais Emmanuel Macron commence à faire bouger les lignes, pas celles de la politique (la nature reviendra au galop), mais celle de l’économie et de la réputation internationale de la France.

La France a une position privilégiée aujourd’hui en Europe grâce à l’enlisement politique de ses partenaires européens : Angela Merkel est liée par sa grande coalition au point de devenir aphone ou inaudible sur la scène internationale, Theresa May est en pleine difficulté en fin de négociations du Brexit qui se montrera comme la plus grosse erreur politique de l’après-guerre pour les Britanniques, sans compter l’impossible majorité à trouver en Italie (il n’y a plus de gouvernement depuis deux mois), la grande fragilité politique de Mariano Rajoy, etc.

Le voyage aux États-Unis d’Emmanuel Macron (visite d’État du 23 au 25 avril 2018) a montré deux choses : d’une part, et malgré quelques maladresses de langage (comme "delicious" il y a quelques jours en Australie), Emmanuel Macron s’exprime en anglais, ce qui lui permet d’être au moins écouté par le monde anglo-saxon (n’espérez pas qu’on vous écoute si vous parlez français, même avec un doublage, cela dissuade très vite), d’autre part, et c’est sans doute l’une des surprises de 2017, Emmanuel Macron a réussi à avoir un contact personnel solide avec un partenaire "antinomique", Donald Trump. Sur l’anglais, les décideurs économiques mondiaux le savaient déjà, puisqu’ils ont déjà été reçus en grandes pompes par Emmanuel Macron à Paris.

_yartiMacron2018050402

Tout le discours tourné vers l’extérieur est de dire : ne vous méprenez pas, la France a des faiblesses, c’est vrai, mais c’était "l’ancienne France", celle du vieux monde. La France bouge, évolue, et les jeunes sont maintenant au pouvoir, savent ce qu’est l’économie, savent ce qu’il faut faire pour libérer l’activité, pour encourager les entreprises, favoriser les embauches.

Objectivement, on pourrait dire que François Hollande a suivi ce même objectif, mais il ne l’a jamais assumé, pire, il ne l’a jamais dit ! Donc, les Français n’ont jamais su où il allait, où il voulait faire avancer la France. Il n’osait pas le faire, trop prisonnier de son esprit d’apparatchik du Parti socialiste trop soucieux de préserver les apparences d’une unité de façade des socialistes.

Il est très surprenant et pratiquement unanimement risible de voir aujourd’hui François Hollande donner des leçons à Emmanuel Macron. Il est sûr qu’il est meilleur en chroniqueur politique qu’en Président de la République, mais se permettre des expressions comme "Président des super-riches" n’apporte pas grand-chose au débat national et au besoin de redresser l’économie nationale qu’il a si longtemps plombée en assommant massivement les Français et les entreprises françaises de 30 milliards d’impôts supplémentaires en 2012.

Emmanuel Macron, au contraire, libéré du régime des partis, assume pleinement et communique, expose sa vision générale. Qu’on l’adopte ou qu’on la rejette, au moins, on sait où il veut mener la France.

Ceux qui sont en colère contre cette philosophie franchement assumée sont ceux qui ont compris qu’ils avaient perdu la bataille idéologique. Définitivement. Alors qu’elle y était rétive, voici la France entrer pleinement dans la globalisation. Et elle a des atouts pour s’y mouvoir avec avantage. De toute façon, elle y était entrée depuis très longtemps. Il suffit de regarder la géographie de la fabrication des objets que les Français utilisent quotidiennement, du smartphone à l’ordinateur, de leur chemise à leurs chaussures, des tomates aux pamplemousses, etc.

Mais ceux qui sont en colère sont finalement peu nombreux. Ce sont ceux qui défilent dans les manifestations. Ils ne sont pas nombreux. La grande majorité des Français, ce sont plutôt des inquiets silencieux. Des inquiets raisonnables. Ils savent que la mondialisation économique est un fait. Elle n’est pas voulue, elle est. Et elle inquiète. Mais raisonnables, car ils savent que pour s’adapter (le gros mot), il faut réformer certaines structures, certaines organisations obsolètes.


La fonction première de l’impôt

Parmi les inquiétudes, évidemment, les taxes, impôts et cotisations. C’est le véritable pouvoir d’un gouvernement. Plein de leviers. La loi de finance, c’est la pratique par excellence de la démocratie. C’est le premier rôle d’un élu d’une collectivité : que faire avec l’argent du contribuable ? C’est aussi le sujet qui peut fâcher. Forcément.

Il est ancré dans pas mal d’esprits brillants que les impôts (pris dans le sens général, y compris taxes et cotisations) doivent être un outil de justice sociale. C’est une erreur grave : les impôts, c’est simplement le moyen qu’a l’État pour financer sa politique, ses écoles, ses hôpitaux, ses enseignants, ses policiers, etc. Ils doivent certes être définis avec des considérations de justice sociale, mais en eux-mêmes, les impôts n’ont qu’un seul objectif, apporter des recettes à l’État. Ils n’ont aucune valeur morale.

Si d’aventure, pour une raison ou une autre, l’État avait une immense réserve d’argent (genre des puits de pétrole !), alors il n’y aurait aucune raison de conserver les impôts. Aucune raison morale. Même pour les "riches". Cela dit, ce n’est qu’un rêve car pour l’instant, on s’approche des 100% de PIB de dette publique, et 3% de déficit annuel.

Donc, l’intérêt d’un impôt, ce n’est pas de pratiquer la morale (taxer les méchants riches qui emploient pourtant de nombreux salariés), mais d’être efficace, de rapporter de l’argent. Sinon, cela ne sert à rien. Et notamment de rapporter plus que le coût global pour le percevoir et le contrôler. Quand je dis cela, cela donne une idée sur l’intérêt financier de l’ex-ISF : quasi-nul. Juste un impôt politique, que Jacques Chirac en 1987 avait supprimé et dont il a considéré la suppression comme la cause principal de son échec électoral de 1988, et donc, plus question ensuite de supprimer l’ISF, même pour Nicolas Sarkozy. Tout est question de ressenti.

_yartiMacron2018050403

Prenons l’exemple d’un impôt que veut supprimer le gouvernement pour 2019. L’histoire de la très inconnue "exit tax" est éloquente. Le magazine "Forbes" daté du 31 mai 2018 a fait sa couverture avec ce titre flatteur (aux USA) : "Leader of the free markets" (le leader des marchés libres). Avec une interview d’Emmanuel Macron qui a déclaré le 2 mai 2018 : « L’exit tax envoie un message négatif aux entrepreneurs. (…) Pourquoi ? Parce qu’elle implique qu’au-delà d’un certain seuil, vous allez être pénalisé si vous quittez le pays. Les gens sont libres d’investir où ils le veulent. ». Tout de suite, levée de boucliers. Même provenant de LR (Gilles Carrez, par exemple, très réputé pour sa connaissance des finances publiques).

Pourtant, cette taxe (34,5% sur les plus-values en cas de revente d’une entreprise à plus de 800 000 euros et de réinvestissement à l’étranger), personne ne la connaissait. Elle ne rapportait quasiment rien à l’État : 15 à 80 millions d’euros par an (je rappelle que le déficit est de 80 milliards d’euros chaque année !).

L’exit tax est contreproductive. Elle dissuade tous les étrangers de venir investir dans des entreprises en France, car ils se diraient qu’ils ne pourraient pas réutiliser leur argent sans être surtaxé. Les Français ne voient que ceux qui veulent quitter la France, ils ne voient pas que si la France devient un pays attractif, il y a encore plus d’investisseurs qui viendront en France. Et le Brexit est une opportunité historique pour la France.

Et cerise sur le gâteau : les plus risibles dans la critique de sa suppression, ce sont les responsables de gauche. Car cette taxe est très récentes (personne, avant, n’en avait trouvé l’intérêt, ni politique ni financier). C’est Nicolas Sarkozy, lui aussi dit le "Président des riches", qui l’a créée en 2011. En quelques sortes, six ans après son échec électoral de 2012, voici Nicolas Sarkozy devenu le Président des pauvres parce qu’il a voulu taxer les riches ! Quelle postérité !


Climat psychologique

La politique (la personnalité sera-t-elle élue ou pas ? son courant de pensée sera-t-il au pouvoir au pas ?) et l’économie (l’entreprise sera-t-elle rentable ou pas ?) sont très sensibles aux ressentis. À la psychologie humaine collective, si j’ose écrire cela. C’est anti-rationnel mais c’est réel. Une mauvaise communication peut faire effondrer le cours de l’action d’une entreprise qui produit pourtant des biens performants. Une boulette verbale peut faire chuter la cote de popularité d’un leader politique très en vue.

C’est dire si, jusqu’en 2017 (et depuis le début des années 1980), les gouvernants français n’ont ménagé que la politique et jamais l’économie. L’économie restait alors toujours au service de leurs manœuvres politiciennes. On ne s’étonne donc pas du discrédit généralisé de la classe politique, incapable de proposer des solutions rationnelles aux problèmes économiques actuels.

Depuis 2017, Emmanuel Macron, qui se voit bien en chef de l’entreprise France, a décidé de changer complètement le paradigme français, en misant d’abord sur l’économie, en redonnant vie à ceux qui veulent bâtir, entreprendre, innover, créer. En cela, il bouscule ceux qui ont leurs petites habitudes et se seraient finalement satisfaits du statu quo car profitent, même petitement, du système actuel voué à péricliter par la force des choses (notamment démographiques).

C’est le pari d’Emmanuel Macron. Il a la chance de se trouver dans une bonne conjoncture économique. Il n’est pas à l’abri d’une retournement économique qui, politiquement, réduirait à néant tous ses efforts. Mais justement, là est son courage. Il connaît ces risques. Jamais un Président de la République n’aura été aussi courageux depuis les crises pétrolières. Il s’est donné deux ans pour voir les fruits de sa politique. La réussite de son pari, c’est la réussite de la France. C’est, là aussi, la première fois depuis longtemps que l’intérêt des Français concorde avec l’intérêt politique de leurs gouvernants. Laissons la critique systématique et immédiate aux aigris et battus. En protestant pour seulement protester, ils donnent raison à Emmanuel Macron que décidément, ils font partie de l’ancien monde…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 mai 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron, le Président qui assume.
Emmanuel Macron sur BFM-TV le 15 avril 2018.
Emmanuel Macron sur TF1 le 12 avril 2018.
Emmanuel Macron s’adresse aux catholiques.
Discours du Président Emmanuel Macron au Collège des Bernardins le 9 avril 2018.
La France d’Arnaud Beltrame.
Discours du Président Emmanuel Macron aux Invalides le 28 mars 2018.
Emmanuel Macron et les quarante bougies.
Emmanuel Macron et la révolution européenne.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire.
Emmanuel Macron et la fierté nouvelle d’être Français ?
Le Président Macron a-t-il été mal élu ?
Programme 2017 du candidat Emmanuel Macron (à télécharger).

_yartiMacron2018050404



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180507-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-le-president-qui-204054

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/05/07/36377206.html



 

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commentaires

7
La direction de l'Etat français,au sommet du pouvoir exécutif,n'est qu'une affaire "individuelle" comme chacun sait.Les affaires de l'Etat sont des affaires "individuelles".Il n'y a plus de "chaînes de commandement",d'Etat de droit,de lois,d'attribution claire des responsabilités dans la start up nation du nouveau monde.A qui doit-on cette trouvaille?A Mme la Ministre de la justice du gouvernement Macron.Cela prouve amplement que l'action politique (la fameuse politeia chère aux Grecs anciens et notamment à Aristote)et la Constitution sont devenues, avec le gouvernement macron,une affaire de clowns,d'amuseurs publics,d'ambianceurs.C'est navrant,c'est pathétique,c’est révoltant.La France mérite beaucoup mieux.
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