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25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 03:46

« Tous mes tournages ont été relativement joyeux. L’ambiance d’un film souvent, c’est le metteur en scène du film qui l’installe. S’il est tendu, ben, tout le monde va être tendu. S’il est décontracté, cela décontracte un peu tout le monde, à moins de tomber sur quelqu’un... Enfin, j’ai quand même tourné avec énormément de comédiens, cela s’est toujours très bien passé. C’est une question de personnalité du metteur en scène. Et moi, je n’aime pas les conflits, j’aime bien détendre l’atmosphère, j’aime bien résoudre les problèmes (…). J’essaie de trouver la solution sur le tournage, et de respecter la durée… les huit heures , je n’aime pas les heures sup., de respecter la durée prévue pour le tournage, et le budget. » (Claude Zidi).


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C’est ce jeudi 25 juillet 2019 que le réalisateur Claude Zidi fête son 85e anniversaire. Un vieillard, lui qui est si connu pour avoir tourné des films d’humour potache, pas toujours très intellectuels (c’est le moins qu’on puisse dire) mais qui, avec les films de Gérard Oury, Georges Lautner, Jean Girault, Francis Veber, Jean-Marie Poiré et quelques autres, forment ce qu’on pourrait appeler la comédie française des années 1970-1980, style qui a fait épanouir de très nombreux acteurs comiques. Claude Zidi a généralement fait le scénario des films qu’il a tournés.

Même s’il a reçu deux Césars pour son film "Les Ripoux" en 1985, Claude Zidi n’a jamais été trop aimé de la critique. Son œuvre n’est pas du cinéma d’art et d’essai, c’est vrai, et l’idée n’est pas (trop) de réfléchir sur un sujet d’actualité (encore que certains films, voir plus loin, posent de manière assez précoce des problématiques qui sont aujourd’hui des enjeux majeurs), mais son cinéma est populaire car il répond à la première définition du divertissement : passer du bon temps, se détendre, sans prétention mais avec l’exigence du travail bien fait, ce qui est toujours le cas avec Claude Zidi avec des scénarios bien ciselés, des dialogues souvent percutants, des acteurs excellemment choisis et enfin, un public qui ne lui a jamais fait défaut.

Claude Zidi a débuté dans la profession dans des postes sans trop d’importance (photographie, cadrage) mais il a démarré assez fort dans la réalisation avec des longs-métrages qui ont eu tout de suite du succès. Cela a commencé avec la série de films des Charlots (avec Gérard Rinaldi), cela s’est poursuivi aussi avec les Sous-doués (avec Daniel Auteuil) et son œuvre a terminé avec la série des "Ripoux" (avec Philippe Noiret et Thierry Lhermitte). Claude Zidi a "employé" de nombreux comiques français, qu’il est difficile de tous citer, mais citons quand même Pierre Richard, Louis de Funès et Coluche, comme trio de tête.

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Et s’il fallait ne choisir que trois films chez Claude Zidi, je crois que, pour moi, ce sont trois films qui, au-delà de la comédie bien faite, apportent aussi quelques éléments intéressants dans la réflexion sociale. Pour moi, ces trois films sont des pépites, des chefs-d’œuvre, si l’on peut appeler chefs-d’œuvre des œuvres à destination de divertissement.

Le premier de ces films, c’est "L’Aile ou la Cuisse", sorti le 27 octobre 1976 (Claude Zidi était assisté de Jean-Jacques Beineix), avec Louis de Funès, Coluche, Julien Guiomar et l’indispensable Claude Gensac. Le thème est la gastronomie française, ce qui est un thème qui va bien avec la franchouillardise des comédies françaises, à cela près qu’il faut lui ajouter la qualité des produits vendus par l’industrie agro-alimentaire, et là, c’est un signe initiateur de l’attention à porter à la qualité de la nourriture. La scène probablement la plus forte est lorsque Louis de Funès et Coluche (père et fils dans l’entreprise de l’équivalent du Guide Michelin) découvrent dans l’usine du méchant Julien Guiomar la manière dont il fabrique ses poulets resynthétisés. Cette image a marqué durablement l’industrie agro-alimentaire au point que même si un fournisseur délivre des produits sains, il sera toujours entaché de ce péché originel (le soupçon d’une nourriture chimique, à défaut d’être "moléculaire").

Le deuxième film de mon trio de tête, c’est "La Zizanie", sorti le 16 mars 1978 (en pleines élections législatives dont les sondages donnaient gagnante la gauche du programme commun) qui, mine de rien, évoque un sujet pourtant pas très à la mode à l’époque, à savoir la qualité de l’environnement et plus généralement, le clivage entre l’industrie et l’écologie (la candidature présidentielle de René Dumont était déjà passée par là, en 1974). Dans les premiers rôles, un duo inédit et très réussi entre Louis de Funès et Annie Girardot, un couple dans le film. Louis de Funès, toujours aussi excentrique, est le patron paternaliste d’une entreprise et en même temps, le maire de la ville, tandis que Annie Girardot, sa femme, a bien du mal à faire pousser son potager dès lors que le mari décide d’installer une annexe de son usine dans son salon, déversant son eau polluée dans le jardin. Julien Guiomar fait aussi partie de la distribution, ainsi que le si sympathique Jacques François. Le débat politique résume assez bien le clivage droite/gauche. Louis de Funès : « Mon programme en trois points. Premièrement, le plein emploi. Deuxièmement, le plein emploi. Et troisièmement, le plein emploi. ». Annie Giradot : « L’heure est venue de concilier croissance économique et bien-être de la population. ».

Enfin, le troisième film est aussi une autre pépite, c’est "Association de malfaiteurs", sorti le 11 février 1987, avec François Cluzet, Christophe Malavoy ainsi que la belle Claire Nebout qui n’hésite pas à dévoiler sa nudité. Il y a aussi deux acteurs de second rôle que j’adore, hélas disparus depuis longtemps, Jean-Pierre Bisson et Hubert Deschamps. Contrairement aux deux précédents films cités qui furent mis en musique par Vladimir Cosma de manière un peu trop insistante, la musique a été confiée ici à Francis Lai dont le rythme plus lent laisse entendre une pointe de romantisme ou de nostalgie, loin du burlesque un peu trop bruyant. Histoire d’anciens élèves de HEC, typique de la décennie 1980 consacrée au "fric" comme valeur suprême, le film se regarde comme une série de sketchs plus ou moins excellents. J’en décris trois. Le premier est au tout début du film. L’un des héros fonce comme un bolide avec sa Porsche sur l’autoroute et se fait prendre par un radar, amende, retrait de permis, mais le conducteur est aux anges : en dépassant le record d’excès de vitesse, il bénéficie d’une couverture médiatique et les ventes de son entreprise ont fait encore un bond ! Autre scène : le camarade loser croit avoir gagné au loto alors que ce sont ses amis qui ont truqué la séquence vidéo (à l’époque, il y avait déjà des logiciels performants). Résultat, il engage la mercerie de maman pour investir dans un plan foireux (proposé par son camarade véreux Jean-Pierre Buisson). Enfin tonton Hubert Deschamps, qui aime bien reluquer les belles fesses de la demoiselle du neveu qu’il abrite, voit sa tortue grandir à vue d’œil… Terminons sur ce film avec une anecdote : l’une des actrices, jouant le rôle de la commissaire de police, Véronique Genest, a si bien réussi sa prestation qu’elle fut engagée pour être la fameuse Julie Lescaut dans la série policière récurrente (1992-2014), vue jusqu’à 12 millions de téléspectateurs sur TF1, ce qui lui a valu trois Sept d’or.

Je finis par un petit aperçu des films de Claude Zidi, avec une sélection qui est, bien évidemment, très personnelle et arbitraire, de l’offre disponible sur le Web.


1. "Les Fous du stade" (sorti le 22 septembre 1972)

Typique ambiance des années 1970, on retrouve un peu une ambiance "calme" de Jacques Tati avec des farces et des gags nombreux et parfois juste des descriptions sociales. Ce film est une petite pépite sociologique servie par une bonne bande d’acteurs, ainsi que par l’actrice Martine Kelly.






2. "Le Grand Bazar" (sorti le 6 septembre 1973)

Autre épisode des Charlots (qui ont tourné aussi notammet avec Jean Girault), ce film évoque l’opposition entre le petit commerce de proximité, représenté par le bourru Michel Galabru, et la grande distribution représentée par le cynique Michel Serrault, directeur du supermarché Euromarché (marque qui existait à l’époque). C’était l’époque de la loi Royer qui limitait le développement des grandes surfaces.






3. "La moutarde me monte au nez" (sorti le 8 octobre 1974)

Reprenant un scénario initialement prévu pour Alain Delon et Brigitte Bardot, Claude Zidi a mis en scène Pierre Richard, professeur maladroit et distrait, le succulent Claude Piéplu, son père et également maire de la ville, ainsi que la star Jane Birkin. Henri Guybet, un acteur de second rôle que j’apprécie beaucoup malgré un grand nombre de navets à son actif, joue le rôle d’un paparazzi, également neveu de Julien Guiomar, le rival municipal de Claude Piéplu. Le tout est une farce qu’on pourrait imaginer dans un théâtre de boulevard.









4. "L’Aile ou la Cuisse" (sorti le 27 octobre 1976)

Lire plus haut.









5. "La Zizanie" (sorti le 16 mars 1978)

Lire plus haut.









6. "Les Sous-doués en vacances" (sorti le 10 mars 1982)

Reprise de l’ambiance potache des Charlots une décennie plus tard, avec Daniel Auteuil et la très belle Grace de Capitani et sa copine Charlotte de Turckheim. Le risque en regardant ce film est d’entendre trotter encore longtemps dans sa tête l’horrible chanson chantée par Guy Marchand, artiste (et séducteur) professionnel, qui a conçu ce merveilleux jeu de l’amour, le Love Computer, une sorte de Meetic ou Match avant l’heure !





Parmi les gags récurrents, il y a celui loufoque mené par le pince-sans-rire Hubert Deschamps, assez hilarant, dans son rôle de chirurgien chef de service assez méprisant et incompétent (on retrouve Hubert Deschamps dans "Association de malfaiteurs" avec l’histoire de la tortue qui grandit).






7. "Les Ripoux" (sorti le 19 septembre 1984)

Film très connu qui a valu à Claude Zidi la reconnaissance de la profession, et probablement détesté les policiers car il laisse entendre qu’ils sont tous corrompus, "Les Ripoux" est une histoire de transmission d’un vieux policier (Philippe Noiret) à un nouveau (Thierry Lhermitte) de ses méthodes disons particulières pour mener la grande vie. Dans le casting, il y a aussi Julien Guiomar, Grace de Capitani, Régine, Ticky Holgado, etc.






8. "Association de malfaiteur" (sorti le 11 février 1987)

Lire plus haut.









9. "Ripoux contre ripoux" (sorti le 7 février 1990)

C’est le deuxième film de la série de trois des Ripoux. Les deux ripoux Philippe Noiret et Thierry Lhermitte sont piégés et remplacés par Guy Marchand et Jean-Pierre Castaldi. Parmi les autres acteurs, il faut citer Line Renaud (remplaçant Régine dans le premier épisode), Grace de Capitani, Michel Aumont (remplaçant Julien Guiomar dans le premier épisode), Jean Benguigui et Jean-Claude Brialy.






10. "Astérix et Obélix contre César" (sorti le 3 février 1999)

Grosse production qui reprend la célèbre bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo, ce film a été un grand succès notamment par la participation de nombreux acteurs. Christian Clavier joue Astérix (mais je ne le trouve pas vraiment convaincant), Gérard Depardieu Obélix (excellent, je ne l’aurais jamais imaginé ainsi), Michel Galabru le chef Abraracourcix (très convaincant), Claude Piéplu le druide Panoramix (moins convaincant), Pierre Palmade le barde Assurancetourix, Ariel Dombasle la femme d’Agecanichou, Sim Agecanonix (excellent), Marianne Sägebrecht Bonemine (excellente), Robert Benigni le semeur de zizanie Tullius Detritus, Jean-Pierre Castaldi un centurion romain (bien vu), etc. Rappelons d’ailleurs que dans certains albums de la bande dessinée d’origine, Uderzo avait croqué quelques acteurs au fil des épisodes (notamment dans "Astérix chez les Belges"), ce qui fait que le casting pouvait ensuite être imaginé grâce à ces personnages aux interprètes déjà identifiés. Le film n’a pas laissé un souvenir impérissable, peut-être même parce qu’il a été beaucoup trop fidèle à la bande dessinée.






Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 juillet 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Claude Zidi.
Pierre Richard.
Lino Ventura.
Line Renaud.
Jean Lefebvre.
John Wayne.
Kirk Douglas.
Élie Kakou.
Jean Bouise.
Pierre Desproges.
Anémone.
Gérard Oury.
Zizi Jeanmaire.
Jean-Pierre Marielle.
"Les Éternels".
Jacques Rouxel.
François Berléand.
Niels Arestrup.
"Acting".
"Quai d’Orsay".
Michel Legrand.
Gérard Depardieu.
Maria Pacôme.
Ennio Morricone.
Francis Lai.
Bernadette Lafont.
Pauline Lafont.
Marthe Mercadier.
Jean Piat.
Jacques Brel.
Charles Aznavour.
Charlie Chaplin.
Maurice Chevalier.

_yartiZidiClaude01



http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190725-claude-zidi.html

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-monde-burlesque-de-claude-zidi-216852

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/07/20/37511904.html




 

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