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9 novembre 2019 6 09 /11 /novembre /2019 03:57

« Il cherchait à avoir des relations sexuelles avec moi, me collait, m’embrassait dans le cou, sentait mes cheveux, me caressait la cuisse en descendant vers mon sexe, je ne bougeais pas, il m’en voulait de ne pas consentir, cela déclenchait des crises de sa part à chaque fois. » (Adèle Haenel, Mediapart, le 4 novembre 2019).



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J’ai toujours été mal à l’aise avec l’idée du #BalanceTonPorc, dont l’initiatrice a d’ailleurs été condamnée pour diffamation. Ce n’est pas parce qu’on est un homme qu’on ne doit pas combattre toutes sortes de harcèlement et d’agressions contre les femmes, mais ce n’est pas non plus parce qu’on s’engage publiquement contre ce harcèlement (et plus si pas affinités) qu’on est sans reproche soi-même.

Et l’idée qu’on vienne dénoncer publiquement un homme, qu’on désigne au lynchage internautique sinon médiatique, me déplaît beaucoup. Si l’honneur d’un homme doit être détruit, ce n’est pas par des accusations individuelles, mais par une justice qui fait son travail, c’est-à-dire qui veille à ce que chaque citoyen (et donc également chaque citoyenne) soit en sécurité et en liberté, protégé de tout prédateur.

Pour autant, il a été manifeste que cette initiative a libéré la parole des femmes, et je m’en félicite. Car le silence est le pire complice des prédateurs. Par le sentiment de culpabilité ou de honte, ces prédateurs réussissent le tour de force de transformer les victimes en coupables et les coupables en victimes. Pourtant, si elles dénoncent ainsi, publiquement, des hommes qui les auraient agressées, elles peuvent quand même se rendre coupables de diffamation si elles ne prouvent pas les affirmations.

Le problème, surtout quand les faits remontent à plusieurs décennies, c’est que c’est souvent la parole de l’un contre la parole de l’autre. L’idée d’une justice (et plus généralement des lois) était qu’il fallait un tiers, représentant la société, pour départager deux parties. C’est à la justice de savoir qui, de l’une ou de l’autre partie, dit la vérité, sachant qu’il est possible qu’aucune des deux ne l’ait dite.

Le malheur, c’est que 73% des plaintes pour harcèlement ou agressions sexuelles sont classées sans suite par la justice en France. Alors, l’agora médiatique et internautique semble aujourd’hui remplacer les tribunaux, mais avec des risques de débordements très graves.

Rappelons rapidement les "événements" des deux dernières années. Les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey ont publié le 5 octobre 2017 dans le "New York Times" un dossier accablant  qui accusa lourdement le producteur de cinéma américain Harvey Weinstein, une personnalité qui avait une position dominante dans l’industrie cinématographique à Hollywood pendant plusieurs décennies. Le journaliste Ronan Farrow, fils de Woody Allen qui l’a abandonné, a également publié le 10 octobre 2017 une enquête explosive de dix dans mois dans "The New Yorker" confirmant ces accusations et qui a amplifié l’écho du scandale.

Ce scandale a ouvert les vannes du silence honteux des victimes, si bien que l’actrice américaine Alyssa Milano (ancienne de la série "Charmed") a ouvert quelques jours plus tard, le 15 octobre 2017, le hashtag #MeToo sur Twitter, donnant la parole aux femmes victimes de prédateurs sexuels : « If you’ve been sexually harassed or assaulted write ‘me too’ as a reply to this tweet. ». Elle reprenait ainsi une initiative de la militante féministe Tarana Burke qui avait démarré une campagne similaire dès 2007.

Partout dans le monde, cette initiative fut reprise et en France, la journaliste Sandra Muller, a ouvert dès le 13 octobre 2017 à 14 heures 06 sur Twitter le hasghtag #BalanceTonPorc pour encourager les femmes victimes d’agressions sexuelles et de harcèlement à parler et surtout, à donner les noms de leurs harceleurs. En trois jours, plus de 150 000 messages furent échangés avec 16 000 témoignages dénonçant le harcèlement sexuel au travail.

Poursuivie le 10 janvier 2018 par l’un des premiers hommes dénoncés par ce hashtag, Sandra Muller, qui l’avait "balancé", a été condamnée le 25 septembre 2019 à 15 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation (le plaignant avait demandé 50 000 euros). Le juge a rappelé à cette occasion que le harcèlement est constitué par « une répétition ou une pression grave » et que le tweet de Sandra Muller a exposé le plaignant « à la réprobation sociale, elle a dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression, ses propos dégénérant en attaque personnelle ».

Les effets de l’affaire Weinstein ont été dévastateurs dans le monde entier. De nombreuses bouches se sont ouvertes, les victimes ont osé s’afficher, parler. Les prédateurs ont été dénoncés, identifiés.

Parmi les scandales collatéraux, on peut en citer trois en France. La plainte déposée par la militante féministe Henda Ayan le 20 octobre 2017 pour "des faits de viol, d’agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation" contre l’islamologue helvético-égyptien Tariq Ramadan et son placement en détention provisoire du 31 janvier 2018 au 15 novembre 2018 en France.

Cela a aussi provoqué la pagaille à l’Académie suédoise et son impossibilité de désigner le Prix Nobel de Littérature de 2018 (d’où deux lauréats en 2019), après la révélation, le 21 novembre 2017 dans le grand quotidien suédois "Dagens Nyheter", par la journaliste Matilda Gustavsson, des agressions sexuelles commises sur de nombreuses femmes par le Franco-suédois Jean-Claude Arnault (devenu "Jean-Kladd" soit en suédois "Jean-Crade"), époux très influent d’une membre de l’instance qui décerne le Prix Nobel de Littérature !

Troisième exemple, la plainte déposée par une actrice pour viol contre le réalisateur Luc Besson le 18 mai 2018. Précisons en insistant pour les plaintes que les prévenus sont tous présumés innocents jusqu’à preuve du contraire par une condamnation judiciaire (et il faut même ajouter : par une condamnation judiciaire définitive).

Ce mouvement a fait aussi des contre-réactions comme cette tribune signée par cent femmes (dont Catherine Deneuve, Brigitte Lahaie et Catherine Millet) publiée dans "Le Monde" le 9 janvier 2018 qui a défendu la "liberté d’importuner". Le 7 mai 2018 sur France 3, Brigitte Lahaie a présenté son livre "Le bûcher des sexes" (éd. Albin Michel) qui a pour bandeau : « Ni tous des porcs, ni toutes des pures ». Laetitia Casta s’est opposée aussi au mouvement #MeToo, considérant que la haine des hommes n’a pas de sens et ne fait pas avancer la cause des femmes.

De son côté, le philosophe Alain Finkielkraut, dans son obsession identitaire, a vu dans ce mouvement un élément dispersif du vrai problème selon lui : « L’un des objectifs de la campagne #BalanceTonPorc était de noyer le poisson de l’islam : oubliée Cologne, oubliée La Chapelle-Pajol, oubliés les cafés interdits aux femmes à Sevran ou Rillieux-la-Pape. On traquait le sexiste là où il était une survivance honnie et l’on couvrait du voile pudique de la lutte contre la discrimination les lieux où il façonnait encore les mœurs. » (FigaroVox, le 20 novembre 2017).

Toute cette parole libérée, principalement dans le milieu cinématographique (mais aussi dans les médias, la politique, la culture, etc.), a montré en quelques mois que lorsqu’un homme avait une position de pouvoir ou de domination (principalement professionnelle mais pas seulement), la tentation d’abuser sexuellement les femmes qu’il croise était grande (heureusement, pas systématique). Ce n’est pas nouveau qu’il y ait des scandales sexuels de ce genre mais ce qui est nouveau, c’est la masse des victimes qui osent enfin parler, et à ce titre, c’est positif. Ce qui est moins positif, c’est lorsque la dénonciation ne repose pas sur des faits réels, qu’elle vise des hommes qui n’ont rien fait, qu’elle n’est qu’un acte de malveillance qui peut détruire une existence.

Dans son excellent roman "La Femme fardée" (sorti en 1981 chez Pauvert et Ramsay), Françoise Sagan a décrit en se délectant les mœurs de domination sexuelle dans ce milieu du cinéma, notamment avec ses personnages Simon, obsédé sexuel, producteur riche et réputé, et sa compagne Olga, jeune starlette qui ne l’aime que pour la signature de son contrat. Évidemment, l’époque a changé et là où la romancière décrit les relations avec certes lucidité mais aussi légèreté et humour, elle aurait aujourd’hui du mal de ne pas instiller de la gravité et de la colère car ces comportements de prédation sexuelle ont détruit plus d’une femme.

Revenons à #BalanceTonPorc. Le nombre de plaintes pour harcèlement sexuel ou agressions sexuelles a augmenté à Paris de 20 à 30% pendant quatre mois à Paris à la fin de l’année 2017.

Alors, pourquoi parler cette semaine de l’actrice Adèle Haenel ?

Parce que cela a fait un tournant dans ce phénomène de dénonciation des abus sexuels. Jusqu’à maintenant, la plupart des dénonciatrices qui allaient déposer une plainte n’étaient pas des actrices très connues et l’on pouvait même imaginer que leur démarche judiciaire était en partie motivée par leur besoin de visibilité professionnelle, ou alors, qu’elles avaient été des victimes plus ou moins consentantes par esprit carriériste (du genre "promotion canapé").

Pour Adèle Haenel, qui est née la même année que la chute du mur de Berlin, ce n’est pas l’absence de notoriété qui l’a motivée. Au contraire, actrice depuis l’âge de 12 ans, elle a, à 30 ans, tout ce qu’une actrice aurait envie d’avoir : la célébrité et la reconnaissance internationale. En plus, elle a reçu deux Césars de la meilleure actrice en 2014 (dans un second rôle) et en 2015, et a été nommée pour quatre autres Césars en 2008, 2012, 2018 et 2019. Elle vit confortablement et peut voir son avenir sans anxiété. Elle n’est donc pas à la recherche de projecteurs médiatiques et surtout, elle ne risque pas perdre des rôles en sortant de son silence.

Adèle Haenel s’est entretenue pendant une heure, sur Mediapart le 4 novembre 2019 à 19 heures, avec les journalistes Edwy Plenel et Marine Turchi : « Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. (…) Le silence joue toujours en faveur des coupables. ».

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Marine Turchi est l’auteure de la grande enquête publiée le 3 novembre 2019 sur le site de Mediapart, qui a révélé les comportements dont Adèle Haenel a été victime. La journaliste a expliqué les circonstances de son enquête, une rencontre avec l’actrice par hasard en avril 2019, qui s’est dit marquée par un documentaire de Dan Reed de la chaîne HBO ("Leaving Neverland") diffusé le 21 mars 2019 sur M6 et qui confortait les graves accusations de pédophilie contre le chanteur Michael Jackson, faisant resurgir la propre colère de l’ancienne adolescente abusée : « Le témoignage de la comédienne nous a frappé par sa précision, circonstancié, daté, documenté. (…) Pendant sept mois, nous avons vérifié les lieux, dates, protagonistes des scènes décrites par Adèle Haenel, déniché une série de documents (…), retrouvé et interviewé les témoins des différentes décennies. ».

Docteure en sémiostylistique, Maud Assila a exprimé son admiration envers Adèle Haenel le 5 novembre 2019 sur son blog chez Mediapart : « Ce qui m’a alors frappé, c’est son visage. Impossible de rester indifférent à ces yeux grand ouverts, à ce regard aussi doux que déterminé, à cette mâchoire serrée qui ne semble décidée à s’ouvrir que pour dire la douleur si longtemps enfouie. Les mots viennent facilement, mais on sent tout de même qu’ils butent un peu, quelque part. (…) Adèle Haenel parle, et mon corps tout entier, bras et gorge se crispent. Un mélange de tension très forte et de grande émotion me fige : je suis en train de voir une jeune femme combattre. Elle est juste devant moi, se débarrassant peut-être d’un peu du poids qui la hante depuis des années. ».

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Le témoignage d’Adèle Haenel est nouveau dans ce paysage de lutte contre les violences sur les femmes (nous sommes en plus en plein Grenelle).

La première singularité, c’est qu’Adèle Haenel a parlé alors qu’elle est très connue ; sa sincérité ne peut pas être mise en doute sur ses motivations (sur la véracité de ses accusations, je ne peux évidemment rien dire sinon qu’elles sont très crédibles et étayées). Cela a permis aussi à la victime d’être aussi influente et importante dans la profession que son agresseur. Cela lui permet aussi d’avoir la voix qui porte grâce à sa propre notoriété. Son long silence peut aussi s’expliquer par une évidence : il faut toujours du temps pour se remettre de sa sidération.

La deuxième singularité, qui pourrait faire écho à un scandale dénoncé il y a déjà une dizaine d’années contre le réalisateur Roman Polanski, accusé d’avoir drogué et violé une adolescente (mais qui reste toujours présumé innocent), et aussi d’un autre début de scandale qui a fini par le suicide du photographe britannique David Hamilton, c’est qu’Adèle Haenel a porté des accusations non seulement d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel, mais aussi de pédophilie.

En effet, elle a accusé son premier réalisateur, Christophe Ruggia, qui l’avait recrutée lorsqu’elle avait 12 ans pour le tournage du film "Les Diables", d’avoir eu avec elle des « comportements sexuels inappropriés entre 2001 et 2004 », c’est-à-dire, lorsqu’elle avait entre 12 et 15 ans, dans la préadolescence. Elle était très jeune.

La troisième singularité tient à ce que la victime et les proches (au total, vingt-trois personnes ont témoigné dans l’enquête de Mediapart) ont témoigné à visage découvert, et pas sous anonymat comme c’est habituel dans ce genre de témoignage, ce qui rend leurs témoignages crédibles et capables d’être recoupés.

La quatrième singularité enfin à propos du témoignage, c’est qu’Adèle Haenel a refusé de déposer une plainte devant la justice et a montré une très basse considération pour celle-ci : « La justice nous ignore, on ignore la justice. ».

Cette singularité multiple a été constatée par le critique des médias, Daniel Schneidermann, dans sa chronique du 5 novembre 2019 sur "Arrêt sur Images" : « Cette rare impression d’assister à un moment de basculement, au déroulement majestueux, implacable, de l’histoire en train de s’écrire : incontestablement, la prise de parole de la comédienne Adèle Haenel, victime d’attouchements et de harcèlement sexuel par le réalisateur Christophe Ruggia lorsqu’elle était préadolescente, marquera une date, et sans doute même plusieurs. ».

C’était aussi ce que disait la journaliste Guillemette Odicino le 4 novembre 2019 dans "Télérama" : « Cette prise de parole personnelle doit, avant tout, être prise pour un geste politique, et hautement symbolique. Ainsi, pour la première fois dans le cinéma français, une actrice connue et reconnue décide de témoigner, de dénoncer, d’offrir sa souffrance personnelle à autopsier, au service d’une cause générale. (…) Au moment des faits qu’elle relate, Adèle Haenel était une enfant et elle débarquait dans le cinéma avec une candeur qui annihile, d’emblée, toute suspicion de carriérisme. ».

Dans ce même article de "Télérama", la réaction d’une lectrice est intéressante (entre autres) : « Une vraie bombe ! Jusque là, à part [deux cas] (…), tout ça n’existait que dans le cinéma US et on était trop contents, comme d’habitude, de stigmatiser les tares américaines sans se soucier des nôtres. Merci Adèle. Certains aujourd’hui doivent raser les murs et croiser les doigts en redoutant la déflagration. ».

Cela dit, pour qu’il y ait une action en justice (les faits dénoncés ne sont pas encore prescrits), il n’est pas nécessaire que la victime porte plainte. En effet, il suffit que le procureur de la République (ici de Paris) s’autosaisisse lui-même de l’affaire, ce qu’il a fait le 6 novembre 2019 en ouvrant une enquête préliminaire confiée à l’Office central de la répression de la violence faites aux personnes, pour "agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité" et pour "harcèlement sexuel" (précisons que dans le langage juridique, "mineure de 15 ans" signifie une jeune fille ayant moins de 15 ans). Le risque est de dix ans de prison et de 150 000 euros d’amende.

Dans son témoignage explosif, Adèle Haenel a été soutenue pour son courage, tant par la Ministre de la Justice Nicole Belloubet le 6 novembre 2019 sur France Inter, un peu interloquée toutefois par son peu de considération pour la justice (« Je conseille à Adèle Haenel d’aller en justice. ») que par Brigitte Macron elle-même, lors de la visite d’une école le 7 novembre 2019 en compagnie du Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer : « Tous ceux qui parlent ont du courage. ».

De son côté, le réalisateur Christophe Ruggia, qui doit bénéficier de la présomption d’innocence et dont le dernier long-métrage est titré "Dans la tourmente" (2011), a nié les faits dans un droit de réponse accordé par Mediapart le 6 novembre 2019. Il a reconnu cependant avoir « commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite » et a expliqué : « À l’époque [il avait 36 ans], je n’avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c’est le cas et si elle le peut, je lui demande de me pardonner. ». Avec son mot "erreur", on est loin de ce qu’a décrit Adèle Haenel…

Christophe Ruggia a ajouté : « Mon exclusion sociale est en cours et je ne peux rien faire pour y échapper. Le Moyen-Âge avait inventé la peine du pilori, mais c’était la sanction d’un coupable qui avait été condamné par la justice. Maintenant, on dresse, hors de tout procès, des piloris médiatiques tout autant crucifiant et douloureux. ».

Effectivement, la Société des réalisateurs de films (SRF) dont il fut le coprésident en 2018-2019 (également en 2014-2015) et encore un des administrateurs, a exprimé sa solidarité pour Adèle Haenel (« Nous tenons à lui dire que nous la croyons et que nous en prenons acte immédiatement, sans nous dérober à notre propre responsabilité et sans faire l’économie de notre remise en question collective. ») et a annoncé le 4 novembre 2019 une procédure de radiation de Christophe Ruggia.

L’enquête longue et minutieuse de Mediapart donne des éléments probants pour croire au témoignage d’Adèle Haenel. Pour autant, Mediapart est une entreprise de journalisme qui vit des scandales qu’elle soulève (l’affaire Jérôme Cahuzac entre autres) et ne peut en aucun cas s’ériger en juge dont ce n’est pas le métier. Le réalisateur incriminé a reconnu les sentiments qu’il vouait à l’actrice adolescente, avec des comportements reconnus par lui-même comme lourds, pour ne pas dire lourdingues, mais refuse catégoriquement d’être considéré comme un prédateur sexuel. Il a certes droit à la présomption d’innocence.

Or, si les faits sont réels, ne pas saisir la justice serait le laisser dans cette confortable présomption d’innocence. C’est pourquoi le parquet de Paris a bien fait de s’autosaisir de cette affaire. C’est le seul moyen que la mise au pilori social soit faite, le cas échéant, avec justice et avec tous les droits de la défense. C’est le principe même d’une société de liberté et de responsabilité. Que chaque citoyen soit protégé, que la justice puisse le protéger, et que les agresseurs soient sanctionnés le cas échéant. Si le témoignage d’Adèle Haenel doit être un modèle, que les autres prédateurs tremblent, ils ne resteront plus impunis, et ce sera le vrai succès de la démarche de l’actrice.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Adèle Haenel.
Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
Violences conjugales : le massacre des femmes continue.
Violences conjugales en France : quelques chiffres qui parlent.
La lutte contre la violence faite aux femmes, nouvelle cause nationale ?
Que restera-t-il du drame de Thionville ?
Marie Trintignant.
Jacqueline Sauvage.
L’Académie française et la féminisation des noms de métiers et de fonctions.
L’écriture inclusive.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20191104-adele-haenel.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/adele-haenel-nouveau-symbole-de-la-219130

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/11/07/37770521.html




 

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