« On ne meurt pas de dettes, on meurt de ne plus pouvoir en faire. » (Louis-Ferdinand Céline).
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Cette petite citation un peu provocatrice, c'est le journaliste Franck Dedieu qui l'a placée en tête de son article sur la rétrogradation de la note de la France par l'agence Fitch, publié le 15 septembre 2025 par l'hebdomadaire "Marianne" (dont il est le directeur adjoint de la rédaction) et intitulé : « Dette : Fitch dégrade la note de la France ? Du calme, notre taux n'est pas si haut ». En effet, le 12 septembre 2025, la note de la dette souveraine française pour cette agence de notation est passée de AA- à A+. Et c'est vrai qu'il faut éviter de dramatiser : la France a l'équivalent de 15/20, elle est loin d'être une mauvais élève même si, aujourd'hui, elle se dissipe un peu et perd un peu de confiance (à cause de sa situation politique voulue par les Français).
Entre ceux qui dramatisent à outrance et ceux qui s'en moquent, il y a évidemment une juste mesure. L'ancien Premier Ministre François Bayrou avait raison de dramatiser la dette de la France car notre dette publique de 3 500 milliards d'euros est véritablement toxique, mais ce n'est pas à cause du taux, c'est simplement que le montant des sommes à emprunter est tel que la charge de la dette va devenir dans quelques mois le premier poste budgétaire, ce qui, il faut en convenir, est un gâchis complet pour notre éducation, notre défense, notre justice, etc. Donc, oui, il fallait alerter et François Bayrou s'est en quelque sorte sacrifié sur l'autel du Palais-Bourbon pour que les Français prennent en compte la gravité de la dette.
Mais pour autant, et François Bayrou l'a bien expliqué aussi, il n'est pas encore trop tard pour redresser la barre, la France est encore un grand pays qui donne confiance aux investisseurs. Et la situation économique n'est pas si morose que cela puisque les prévisions de croissance pour 2025 ont été réévaluées à la hausse par l'INSEE le 11 septembre 2025 de à 0,6% à 0,8% du PIB. C'est faible (nettement moins que la moyenne de la zone euro à 1,4%), mais cela signifie que, malgré toutes les incertitudes politiques, j'allais écrire politiciennes, l'économie a semblé redémarrer un peu sous François Bayrou (eh oui !).
Il fallait dramatiser pour les Français prennent conscience de la gravité de la dette, mais eux, je leur fais confiance, comme tout particulier, ils savent bien qu'une énorme dette (ici pour l'État, l'équivalent aux particuliers s'appelle un prêt relais : on ne paie que les intérêts, pas le capital !) n'est plus tenable à long terme, mais il fallait surtout dramatiser pour la classe politique qui, depuis François Mitterrand, n'a jamais cessé de faire du clientélisme coûteux et électoraliste, un clientélisme qui paraît irréversible (tout ce qu'on donne est un acquis et ce qui doit se discuter, c'est ce que l'État n'a pas encore donné ; les socialistes en viennent encore à négocier un bout de gras supplémentaire avec Sébastien Lecornu).
Pour autant, il ne faut pas donner plus d'influence qu'on peut le croire aux agences de notation. C'est d'ailleurs assez risible de voir des anticapitalistes, des gauchistes, des gens qui pensent qu'on peut ne pas rembourser notre dette et qui s'emparent de la notation de Fitch pour dénigrer une nouvelle fois la France. Si ces oiseaux de malheur avaient un minimum de crédit auprès de ces agences de notation, la note de la France ne serait pas A+ mais DDD (en défaut) !
En fait, nous sommes maintenant dans le paradigme de la poule et de l'œuf. Il ne faut pas considérer les agences de notation avec une influence déterminante sur les taux d'intérêts. En effet, tous les acteurs financiers disposent des mêmes informations que les agences de notation et le marché a déjà pris en compte les éventuels handicaps de la France (principalement son instabilité politique) pour faire évoluer les taux à la hausse (modérée). Si bien que les agences de notation sont plus à la traîne et prenne plutôt acte de cette hausse qu'elles n'influent à la hausse de ces taux.
Du reste, si les taux sont du même niveau que ceux de l'Italie et très supérieur à ceux de l'Allemagne, la note de la France est meilleure que celle de l'Italie, ce qui montre que l'important, ce n'est pas la note mais les taux. Or, le 15 septembre 2025, après la rétrogradation de la note de Fitch, la France a emprunté à un taux à long terme (sur dix ans) de 3,48%, ce qui reste relativement modéré, certes supérieur à la dernière période, mais dans la conjoncture internationale actuelle, il reste assez modéré (et il faut s'en réjouir).
Il faut aussi prendre en compte l'analyse de Fitch qui ne révèle pas de grands secrets. L'agence a abaissé la note de la France en raison de deux facteurs : d'une part, avec une trajectoire de déficit toujours élevé (il faudra qu'on me dise quelle est la trajectoire prise en compte, car actuellement, il n'y en a pas ; François Bayrou, avec une baisse de 44 milliards d'euros du déficit pour 2026, avait prévu de revenir à 3% du PIB en 2029, mais il est désormais question, à cause des socialistes, d'une baisse plus lente du déficit) ; d'autre part, une situation politique incertaine qui rend difficile une consolidation budgétaire ambitieuse à court terme (ce qui est une évidence jusqu'en 2027).
Fitch est l'agence de notation la moins importante des trois principales agences de notation avec Moody's et S&P qui, elles, conservent encore le double A pour la France. Les réévaluations éventuelles de ces deux dernières agences auront sans doute des répercussions plus conséquentes sur la réalité des taux du marché pour la dette française. Rendez-vous donc le 24 octobre 2025 pour Moody's et le 28 novembre pour S&P, lors de leur révision de note. D'ici là, on espère qu'un nouveau gouvernement sera nommé (avez-vous remarqué que, contrairement aux gouvernements précédents, tout le monde se moque de savoir qui sera ministre de quoi ?) et surtout, un projet de loi de finances pour 2026 qui aura quelques espoirs d'être adopté, d'une manière ou d'une autre.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 septembre 2025)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
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Agences de notation Moody's et Fitch : la France n'est pas dégradée !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250912-fitch.html
https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/fitch-ne-pas-surinterpreter-la-263234
http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/09/19/article-sr-20250912-fitch.html
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