« Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j'ai décidé que la France reconnaîtra l'État de Palestine. J'en ferai l'annonce solennelle à l'Assemblée générale des Nations Unies au mois de septembre prochain. L'urgence est aujourd'hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue. » (Emmanuel Macron, le 24 juillet 2025 sur Twitter).
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C'est ce lundi 22 septembre 2025 à New York qu'à l'occasion de la 80e Assemblée générale annuelle de l'ONU, le Président de la République française Emmanuel Macron devrait reconnaître l'État palestinien devant 140 chefs d'État ou de gouvernement du monde. Le Canada l'a fait dimanche 21 septembre 2025 et d'autres pays devraient en profiter pour le faire, avec néanmoins quelques hésitations comme le Royaume-Uni.
Sur le fond, la reconnaissance de la France d'un État palestinien n'est pas une surprise puisque c'est la position de la France dès la création de l'État d'Israël. En revanche, la question importante, c'est de comprendre quel serait cet État palestinien. D'où mon titre qui pourrait paraître une redondance : l'État palestinien peut-il être viable, car viable signifie qui peut vivre, mais aussi qui présente les conditions nécessaires pour se développer.
Or, à mon sens, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'écouter forcément le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahou qui, lui, dès les Accords d'Oslo, était opposé à la solution à deux États (au contraire de son prédécesseur Ariel Sharon, pourtant considéré comme un faucon mais qui avait compris finalement qu'un État unique qui rassemblerait Israéliens et Palestiniens ne laisserait pas un avenir serein aux Israéliens pour des raisons simplement démographiques).
La lutte contre le Hamas et contre tout mouvement palestinien terroriste qui souhaite l'extermination d'Israël est une condition nécessaire pour la défense et la survie de l'État d'Israël. Ce combat mené après le pogrom du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de dizaines de milliers de Palestiniens dans la population civile, ce qui est effroyable. Et je ne doute pas que le moment choisi par Emmanuel Macron a aussi pour but de rompre ce cycle infernal de la violence et de la mort.
Mais néanmoins, tout changement n'est pas automatiquement bon à prendre. Quand l'Irak a été "libéré" de Saddam Hussein, est apparu Daech et, malgré l'éloignement géographique, les Français en savent quelque chose puisqu'ils ont été très durement touchés par les attentats de 2015 et 2016.
Le Hamas a contrôlé Gaza depuis que le gouvernement israélien avait décidé de quitter ce territoire, de le décoloniser en 2006, et jusqu'en 2023. Bien que touché, le Hamas n'a pas été éliminé et c'est la raison pour laquelle Israël continue et intensifie ses opérations militaires sur Gaza-ville.
Que pourrait donner un État palestinien aujourd'hui, s'il était reconnu dès maintenant ? Sans doute une sorte de Daech 2, un État islamique qui chercherait à détruire Israël. Cela ne résoudrait rien des problèmes de la région.
Une processus de paix est une opération délicate, extrêmement difficile mais avant tout volontaire. Or, le moins qu'on puisse dire, c'est que ni le gouvernement israélien actuel ni le Hamas ou des supposés représentants des Palestiniens ne souhaitent aujourd'hui la paix.
J'avais cru naïvement que ce processus avait été enclenché par les Accords d'Oslo, avec Yitzhak Rabin, son ministre Shimon Peres et le chef de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui avait accepté de reconnaître le droit à l'existence d'Israël. Rabin a été assassiné par un extrémiste israélien il y a bientôt trente ans, Arafat est mort depuis plus de vingt ans, et depuis les Accords d'Oslo, la guerre, au lieu de la paix, est dans tous les esprits, voire ravage les esprits. Les citoyens israéliens qui ont été assassinés le 7 octobre 2023 étaient principalement des porteurs de paix qui ne voyaient pas d'inconvénient (ni d'imprudence) à faire la fête à quelques centaines de mètres de la frontière palestinienne. C'est cet espoir de paix, de tranquillité, de prospérité qui est parti le 7 octobre 2023. Semble-t-il définitivement.
Il faudrait réenclencher un nouveau processus, de réconciliation et de pardon comme en Afrique du Sud, voire d'amitié comme ce fut le cas entre la France et l'Allemagne après 1945, pour imaginer l'existence de deux États, Israël et la Palestine, dans des relations apaisées, pacifiées, reconnus par tous, en particulier leurs voisins du Proche- et Moyen-Orient. À l'évidence, c'est encore un peu trop tôt pour l'espérer dès maintenant.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (21 septembre 2025)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
L'État palestinien peut-il être viable ?
Reconnaissance de l'État palestinien : a-t-on le droit de bousculer ses amis ?
Georges Ibrahim Abdallah.
Make Iran Great Again ?
Israël vs Iran : Emmanuel Macron l'équilibriste.
Kfir Bibas, d'horreurs en horreurs...
Auschwitz : soyons la mémoire de leur mémoire !
Gaza : trêve, libération d'otages israéliens et propagande du Hamas.
Mahmoud Abbas.
7 octobre 2023 : un an qu'Israël se bat pour sa survie.
Les Accords d'Oslo.
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250921-etat-palestinien.html
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-etat-palestinien-peut-il-etre-263367
http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/09/22/article-sr-20250921-etat-palestinien.html
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