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12 janvier 2025 7 12 /01 /janvier /2025 03:24

« La voix des angoras est douce et petite dans l'ordinaire de la vie, sans préjudice des temps amoureux où ils se changent en démons hurleurs. » (Colette).



 


Attention aux chats ! J'adore les chats et je sais "m'en servir", c'est-à-dire que je connais leurs réactions, je connais leur mode de vie, etc., et pourtant, parfois, les chats sont imprévisibles, il faut toujours faire attention à leur caractéristique encore sauvage, même s'ils se sont pleinement humanisés au fil des siècles et des millénaires.

Dans la rubrique des pas-chiens pas-écrasés, l'édition de Nancy de "L'Est républicain" a publié le mardi 31 décembre 2024 un article de Jean-Christophe Vincent qui fait le bilan des fêtes de Noël 2024 aux urgences. Eh oui ! La période des fêtes, comme la période des sports d'hiver dans les régions de montagne, est une période pendant laquelle les services des urgences des hôpitaux sont plus densément sollicités à cause des accidents domestiques provoqués par le contexte festif et (souvent) alcoolisé.

Le quotidien nancéien s'est penché sur l'activité du Centre chirurgical Émile-Gallé de la rue Hermite, une antenne du CHRU de Nancy, le soir du 24 décembre 2024 et le jour de Noël. Son service d'urgence SOS Mains a accueilli une quarantaine de patients la veille et une trentaine de patients le jour même de Noël.

Le chef du service de chirurgie de la main, le professeur François Dap, fort de ses quarante-cinq années d'expérience, en a vu de toutes les couleurs : « L’alcoolisation constitue un des grands dangers des fêtes de fin d’année. ». Ainsi, les accidents sont légions : chute avec un verre à la main qui se casse, ouverture d'huîtres avec couteau mal utilisé, découpage de la dinde aux marrons, voire bagarre. « Il arrive même que nous prenions en charge des patients qui se sont coupés après avoir donné un coup de poing dans une vitre. » a affirmé le médecin au journaliste de "L'Est républicain".

Pourtant, depuis quelque temps, ces accidents domestiques, ordinaires, ne constituent pas la première cause des passages à SOS Mains : « Un tiers des patients que nous avons pris en charge au service SOS Mains ont été blessés par des griffures ou des morsures de chat. C’est un phénomène qui s’accentue depuis quelques années, alors que les blessures causées par un couteau à huîtres ne cessent de diminuer, au point d’être devenues moins nombreuses que celles engendrées par un félin. ».

Il y a maintenant une bonne sensibilisation pour faire attention lorsqu'on ouvre des huîtres, avec le couteau à huîtres, les choses à ne pas faire pour éviter de se blesser, il y a même des vidéos pour expliquer comment faire. Les gens font donc plus attention aux huîtres, mais il manque sans doute une sensibilisation aux chats !

 


Pour le spécialiste de la main, qui n'est pas un vétérinaire, cette engorgement des urgences en raison des morsures de chats a en effet une raison simple : il y a de plus en plus de chats domestiques (plus de 10 millions en France), plus que de chiens depuis une bonne décennie, et donc, chez les hôtes qui accueillent les invités pour Noël, il y a de plus en plus la présence de chats. Or, dans un contexte de changement d'habitude, présence des invités, déplacement de tables, chaises, canapés, bruit inhabituel, comportement inapproprié des invités avec eux, les chats peuvent réagir avec beaucoup de stress : « Lorsqu’il y a beaucoup de bruit et de convives, les chats ne sont pas forcément dans les meilleures dispositions pour recevoir des caresses. Ce qui est sûr, c’est qu’une griffure ou une morsure de chat peut avoir de graves conséquences. Si on ne soigne pas tout de suite la plaie causée par ce type de blessure, ça peut s’infecter rapidement et atteindre un tendon. ».

Une morsure de chat ne doit pas être prise à la légère par la victime. Il y a bien sûr la plaie et les dégâts plus ou moins graves sur la chair voire plus (tendon, nerf, etc.), qui parfois nécessitent une opération chirurgicale, mais il y a aussi des risques de rage (selon la région et selon que l'animal est vacciné ou pas contre la rage, animal car cela concerne aussi bien le chien que le chat), les risques contre le tétanos (si la personne mordue n'est plus à jour de vaccination, il faut consulter un médecin avant quarante-huit heures), et enfin, il y a la possibilité d'une surinfection tant locale (abcès) que générale (fièvre, etc.).

Le conseil d'Ameli, l'Assurance Maladie, est simple et clair : « Les morsures doivent être soignées immédiatement pour éviter les risques d’infection. Si vous avez été mordu par un chat ou un chien, nettoyez la plaie et selon la gravité de la blessure, consultez un médecin ou appelez les urgences. ».

En effet, le risque infectieux est très important pour une morsure de chat (on s'en rend compte avec des gonflements, de la fièvre, un état général affaibli, etc. au bout de quelques heures) car il provient de la présence de différentes bactéries dans la salive du chat : le Pasturella, responsable de la pasteurellose qui se présente généralement sous forme d'œdème ; le streptocoque qui peut provoquer fièvre et douleurs musculaires ; le staphylocoque ; enfin, le Bartonella henselae à l'origine de la maladie des griffes du chat. Toutes ces bactéries peuvent être traitées par des antibiotiques prescrits par un médecin, mais il fait agir dans les douze à vingt-quatre heures. Le risque est encore plus grand bien sûr lorsque la victime est immunodéprimée ou a des pathologies particulières comme le diabète, etc.

Au réveillon du Nouvel an, les passages aux urgences des mains à Nancy ont donc été tout aussi à base de chats que d'alcool et de blessures par couteau, verre, etc., avec une cause supplémentaire, une main blessée par un pétard, heureusement, en nette diminution au fil des années.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 janvier 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Méfiez-vous du chat qui dort à Noël !
Et Dieu créa les animaux...
Le Bébé de Stéphanie de Monaco.
Népal : on abat au cas où.
Jacques-Yves Cousteau.
Big Tim et ses défenses géantes : l’extinction des espèces sous nos yeux…
Rapport de l’ONU (IPBES) sur la biodiversité publié le 6 mai 2019 (à télécharger).
Le cœlacanthe : un rival pour Darwin ?
Erectus.
Demain les chats.
Les chats à Dutronc.
La Belle et les Bêtes.
L'amie des animaux.
Un panda diplomatique.
Les animaux ont-ils une âme ?
La sensibilité des animaux reconnue par le code civil.
Les chasseurs…
La vie dans tous ses états.

 





https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241231-chats-noel.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/mefiez-vous-du-chat-qui-dort-a-258454

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/01/01/article-sr-20241231-chats-noel.html


 

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8 février 2020 6 08 /02 /février /2020 03:34

« Un regard lui suffit pour l’identifier. (…) Elle aurait voulu se pincer tant le spectacle était irréel. Les deux paires de défenses offraient une impression de puissance très supérieure à celle des pachydermes d’aujourd’hui. (…) Parvenue devant lui, elle s’agenouilla. Elle avait besoin de le toucher pour s’assurer qu’il était bien réel. Lentement, elle tendit la main. L’image d’Armstrong foulant le sol lunaire lui traversa brièvement l’esprit. Ses doigts parcoururent l’espace qui la séparait du gomphotherium, une dizaine de centimètres qui équivalaient à dix millions d’années. Il demeura tranquille, comme indifférent à sa présence. Contrairement aux éléphants d’Afrique, il ne possédait pas de bosse sur le sommet du crâne. Elle effleura sa peau grise et rugueuse, appuya sa caresse. Au toucher, elle put sentir les pulsations émises par son cœur. Sa main glissa vers les défenses surnuméraires, s’arrêta avant de les atteindre. Ce geste aurait pu lui coûter cher. » (Xavier Müller, "Erectus", XO Éditions, 2018).


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Le gomphotherum est une sorte d’éléphant qui a vécu il y a une dizaine de millions d’années. Ils possédaient quatre défenses (deux supérieures pour trouer, deux inférieures pour pelleter) et des molaires raboteuses. Cet animal fut trouvé en 2018 dans une réserve en Afrique du Sud. Enfin, fut trouvé, façon de parler, pas son squelette mais un individu vivant. Enfin, pas dans la réalité, car c’est un roman. Dans cette intrigue scientifique excellemment bien menée par Xavier Müller (et déjà évoquée ici), on y trouve aussi le début d’une pandémie par un virus très spécial. Pour l’anecdote, un squelette d’un autre animal de la même famille que le gomphotherum, le platybelodon, est exposé dans un musée en Chine, précisément …à Wuhan, étonnant, n’est-ce pas ?

Aujourd’hui, les éléphants, qui sont du même ordre que les deux précédents animaux préhistoriques cités, à savoir des proboscidiens, sont nettement moins impressionnants comme grosses bestioles. Ainsi, au lieu de deux paires de défenses, ils n’en ont plus qu’une seule, et encore, leurs défenses sont de plus en plus petites au fil des siècles. Est-ce d’ailleurs une coïncidence ? Le commerce de l’ivoire, le trafic des défenses d’éléphant, a une incidence certaine sur "l’évolution" de cette espèce, faisant que seuls, les individus ayant des défenses petites pourraient survivre car seraient moins recherchés (et tués) par les trafiquants : ou comment l’humain intervient dans un processus de la Nature mis en valeur par Darwin

Pourtant, il existe encore quelques éléphants qui possèdent encore de longues défenses. L’un des derniers vient de mourir le mardi 4 février 2020 à l’âge de 50 ans dans le parc d’Amboseli, au sud de Nairobi (à trois heures de voiture), au Kenya, en face du Kilimandjaro, selon le communiqué du Service kenyan de la faune sauvage (KWS). Le parc d’Amboseli est un parc national de près de 400 kilomètres carré, souvent visité par les touristes pour un safari.

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L’éléphant s’appelait Big Tim (ou Tim) et était l’un des derniers éléphants ayant de longues défenses, généralement les plus pourchassés par les braconniers et autres trafiquants. Il est mort de manière naturelle (50 ans est un âge déjà avancé pour un éléphant des savanes mais son espérance de vie peut aller jusqu’à 70 ans) et sera empaillé et exposé au musée national de Nairobi. Ses défenses touchaient presque le sol lorsqu’il était debout. Chacune de ses défenses pesait 45 kilogrammes d’ivoire.

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Le vieux mâle était un rescapé de fermiers en colère et avait dû se faire soigner après avoir eu l’oreille transpercée le 16 juin 2016 par une lance d’adolescent. Déjà en 2014, il avait eu le ventre transpercé par le même genre de lance et la plaie s’était infectée, mais heureusement soignée rapidement par l’organisation non-gouvernementale David Sheldrick Wildlife Trust.

Sur Twitter, le photographe animalier britannique, connu pour son engagement dans la défense de l’environnement, David Yarrow a écrit le lendemain : « Je suis très triste d’apprendre ce matin que Tim, sans doute l’éléphant le plus célèbre du monde, est mort à l’âge de 50 ans. C’est une triste nouvelle, mais ce n’est pas une tragédie. Nous devrions célébrer aujourd’hui sa vie et les efforts de tous à Ambroseli. ».





Des éléphants comme Big Tim, avec de telles défenses géantes, il n’y en aurait plus que quelques dizaines en Afrique. Les éléphants d’Afrique sont vraiment une espèce en voie de disparition. C’est même une hécatombe. Chaque année, 30 000 éléphants d’Afrique sont massacrés par les braconniers. En dix ans, la population des éléphants d’Afrique a chuté de manière dramatique de 110 000 à 415 000 individus, selon les données de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Au-delà de la perte immense pour la biodiversité, l’extinction des éléphants pourrait avoir un impact très négatif sur l’atmosphère selon des scientifiques de l’Université de Saint-Louis aux États-Unis. En effet, le broutement des éléphants favorise les espèces à croissance lente, car les éléphants préfèrent se nourrir de plantes à croissance rapide. Les plantes à croissance lente ont un bois plus dense et donc, permettent de stocker plus de carbone que les plantes à croissance rapide. Cela impacterait ainsi directement sur le taux de CO2 dans l’atmosphère de la planète. Et selon les experts du GIEC, cela impacterait directement sur le climat.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 février 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Big Tim et ses défenses géantes : l’extinction des espèces sous nos yeux…
Rapport de l’ONU (IPBES) sur la biodiversité publié le 6 mai 2019 (à télécharger).
Le cœlacanthe : un rival pour Darwin ?
"Erectus" de Xavier Müller.
"Demain les chats" de Bernard Werber.
Brigitte Bardot.
Népal : on abat au cas où.
Un panda diplomatique.
Les animaux ont-ils une âme ?
La sensibilité des animaux reconnue par le code civil.
Les chasseurs…
La vie dans tous ses états.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200205-big-tim-elephant.html

https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/big-tim-et-ses-defenses-geantes-l-221371

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/02/09/38009935.html





 

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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 03:40

« L’être humain est, au fond, un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons la civilisation. » (Schopenhauer, 1850).



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En déplacement à Lyon en 2006, après une réunion au campus universitaire de Villeurbanne, je m’étais un peu détendu en me promenant au Parc de la Tête d’Or, que j’avais connu il y avait déjà un bon paquet d’années pour y avoir fait quelques joggings. Je m’étais alors arrêté devant un enclos où vivaient trois éléphantes. J’apprécie peu le principe des zoos (enfermer des animaux pour le simple plaisir des touristes et visiteurs ne me paraît pas très "éthique"), même si je conçois que certains zoos s’occupent bien de leurs animaux, les protègent et même, protègent leur espèce lorsqu’elle est en voie de disparition.

Mais là, c’était vraiment différent. Ce parc, comme le Parc de la Pépinière de Nancy qui hébergeait ours et gorille il y a encore peu d’années, n’est pas un zoo et ce n’est pas sa vocation. Et en les observant bien, je me suis aperçu que ces éléphantes étaient vraiment très malheureuses. Chacune se tenait avec une patte avant sur un tabouret et tapotait ainsi de la patte, un peu comme, lorsqu’on s’ennuie, on tapote du doigt. C’était une évidence, il suffisait de les voir, pour savoir qu’elles n’étaient pas très bien traitées dans ce parc. Elles n’avaient pas beaucoup d’espace. Elles étaient là depuis 1998, à la retraite, plus capables de faire les tours de cirque.

Peut-être aurais-je dû réagir ? écrire une lettre au maire ? aux pouvoirs publics ? à des associations de protection des animaux ? Je me disais que ce parc étant tellement fréquenté que si une action pouvait se faire, elle aurait été déjà faite. Mais je me trompais peut-être. On ne peut pas s’engager sur tout. Et puis, l’humain vaut plus que l’animal. Enfin, je peux le croire.

Ce fut avec cette impression initiale désagréable que j’ai donc suivi de près, à partir de septembre 2010, la saga judiciaire de ces trois éléphantes et si leur situation était très différente d’autres situations humaines (comme celles de Vincent Lambert et Alfie Evans), il faut bien reconnaître qu’elle avait trait à une tentative euthanasique. Là encore, ce fut plutôt la justice administrative qui s’est prononcée (pour remettre en cause des arrêtés préfectoraux). Notons, entre parenthèses, que lorsqu’on emploie, à tort, le mot "végétatif" pour caractériser l’état de santé de certains humains, on les rabaisse en deçà du niveau animal.

La principale raison de cette volonté euthanasique ? Des tests sanguins avaient conclu (à tort, voir plus loin) que les éléphantes étaient porteuses de la tuberculose. Il faut bien préciser que ce n’est pas facile de détecter la tuberculose chez les éléphants. Non seulement il faut faire des prises de sang, mais il faut aussi prélever de la muqueuse issue des poumons, les faire tousser, etc. ce qui nécessite une grosse infrastructure, du temps et des frais importants (ce ne sont pas des chats !). La première mesure a été d’isoler les trois éléphantes du public, ce qui ne contribuait pas à augmenter la qualité de vie de ces êtres très sociaux.

Inutile de développer trop précisément les rebondissements judiciaires. La réalité était que le maire de Lyon et le préfet de Lyon, ce dernier en charge de la sécurité de la population de Rhône-Alpes, ont cherché par tous les moyens à euthanasier ces éléphantes dont personne ne voulait, et pas leur propriétaire, un cirque. Par égard pour l’actuel Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, je tairai d’ailleurs le nom de ces responsables…

La raison invoquée était sanitaire et dans une époque où l’on tue par millions des canards ou des poules en cas de soupçon de grippe aviaire, ou des troupeaux entiers lorsqu’une malheureuse vache folle est détectée, que valaient trois malheureuses vieilles éléphantes ? Je ne remets pas en cause d’ailleurs les protocoles de sécurité et de protection de la population, ces abattages massifs sont probablement nécessaires pour être sûr d’éradiquer une épidémie.

Pas trois, mais deux en fait. Deux éléphantes. Car en août 2012, Java, une des trois éléphantes, la plus vieille en captivité en Europe, est morte à 67 ans. De là à imaginer qu’elle était morte de tuberculose, il n’y avait qu’un pas. L’espérance de vie d’un éléphant est d’environ 50-60 ans. Une mort qui a mis administrativement en danger les deux autres, Népal et Baby, qui avaient, en 2012, autour de 44 ans et 45 ans.

Pour résumer très grossièrement, le propriétaire n’avait pas les moyens financiers de vérifier si les deux éléphantes restantes étaient réellement porteuses de tuberculose ou pas, les autorités publiques n’avaient pas la volonté de le financer elles-mêmes et trouvaient bien plus facile et rapide de supprimer ces deux éléphantes. Certaines mauvaises langues supputaient d’ailleurs à l’époque que le maire avait d’autres projets pour utiliser la place occupée par l’enclos des éléphantes. Les éliminer rendait donc ses projets plus faciles à mettre en œuvre.

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Heureusement, parfois, l’indifférence peut être vaincue, mais uniquement par des "stars" ! Car qui voulait se préoccuper de ces éléphantes ? Il ne s’agissait pas seulement de les sauver de l’euthanasie, il fallait aussi proposer une solution pour les faire quitter le Parc de la Tête d’Or. Tout le monde ne peut pas accueillir deux éléphantes chez soi. Sensibilisée par cette affaire, Brigitte Bardot a fait un peu de battage médiatique assez efficace pour que l’affaire atteignît les médias et le grand public, prêt à s’enflammer sur le devenir de ces pauvres animaux. Elle avait d’ailleurs proclamé qu’elle s’exilerait en Russie si on mettait à exécution le projet de les abattre.

Finalement, l’histoire a fini bien. On n’a pas voulu confier les éléphantes à Brigitte Bardot, qui avait proposé de les prendre en charge, mais on les a confiées à une autre "star", la princesse Stéphanie de Monaco, intéressée par le "challenge". Le 12 juillet 2013, Népal et Baby firent donc leur entrée dans la magnifique propriété de cinquante hectares de la princesse, à Roc Agel, sur le domaine de Fontbonne, dans la commune de Peille, en Alpes-Maritimes, qui surplombe la Principauté de Monaco.

Depuis quatre ans et demi, Stéphanie de Monaco s’occupait ainsi de ces deux éléphantes, grâce à son Association Baby et Népal qu’elle préside, qui lui permet, grâce à l’aide du public, de financer les nombreux frais d’entretien des éléphantes. Pour la princesse, ce fut véritablement une nouvelle vie et cela lui plaît, visiblement. Ce n’est pas évident de s’improviser maître d’éléphant et elle a dû apprendre auprès de spécialistes. Les deux éléphantes ont vécu dans de grands espaces, heureuses et épanouies, ce qui fait penser à cette formule savoureuse de l’ami André Gide : « Chaque animal n’est qu’un paquet de joie. » (1935). Je n’ai pas pu les voir heureuses, mais en 2006, je peux assurer qu’elles étaient malheureuses et tristes.

Les deux éléphantes ont subi deux séries de tests sérologiques selon les protocoles établis par les autorités sanitaires françaises, en juillet 2013 et en octobre 2013, et tous ces tests ont montré qu’elles n’étaient pas porteuses de tuberculose et qu’elles étaient en bonne santé. Ces tests ont été certes assez coûteux mais ont montré que les pouvoirs publics devaient un peu mieux instruire leur dossier avant de mettre à mort un animal.

Je n’oserais évidemment pas remettre en cause la bonne foi du maire ou du préfet. Il y avait effectivement un risque de tuberculose et pour les animaux, le bénéfice du doute se transforme rapidement en principe de précaution : on-abat-au-cas-où.

Que ce serait-il passé si les tests sérologiques de 2013 avaient été positifs ? Il aurait fallu soit les abattre quand même, soit s’assurer qu’elles eussent été parfaitement isolées selon sans doute des conditions très lourdes.

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Pourquoi est-ce que j’en parle maintenant ? Parce que l’une des deux éléphantes, Népal, vient de mourir ce lundi 30 avril 2018, à un âge autour de 50 ans. Elle est morte de sa belle mort, heureuse des grands espaces depuis l’été 2013. Pour Baby, ce sera difficile de rester seule. Il y a des malheurs plus grands dans le monde et finalement, même si c’est une mort, c’est sur une note positive que je veux terminer ici, car ce n’était pas une mort provoquée, voulue par des autorités administratives insensibles qui se moquaient bien des animaux. Juste une mort de sa belle mort.

L’enseignement à en tirer, c’est qu’il devient de plus en plus difficile de considérer les animaux comme de simples biens de consommation ou choses. Ce sont des êtres, une loi a même inclus dans le code civil le fait que ce sont des êtres sensibles. Cela n’empêchera pas des les tuer plus ou moins proprement dans les abattoirs, ou dans les champs (quand il s’agit de lutter contre des insectes). C’est vrai qu’on aurait plus de compassion pour un éléphant que pour un insecte. Un éléphant est "gentil" (même si cet animal peut tuer parfois), immense (on ne peut pas ne pas le voir), et avec une espérance de vie de même ordre de grandeur que l’humain.

Hegel a écrit : « Ce qui élève l’homme par rapport à l’animal, ce n’est que la conscience qu’il a d’être un animal. » (1835). Cette lente évolution de la conscience humaine de la sensibilité des animaux est une bonne chose, même si elle n’aboutira jamais à grand-chose en raison de cette impossible équation : l’homme, qui aime se faire accompagner par des animaux domestiques qu’il chérit, est carnivore et restera toujours un prédateur des autres animaux, et c’est à la fois culturel …et naturel !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Népal : on abat au cas où.
Un panda diplomatique.

Les animaux ont-ils une âme ?
La sensibilité des animaux reconnue par le code civil.
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https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/nepal-on-abat-au-cas-ou-203984

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