« Je ne serai pas candidat en 2027. Je ne me présenterai pas en 2027, ni en 2032, ni en 2037, ni en 2042. » (Cyril Hanouna, le 29 avril 2025 sur Europe 1).
Tout est possible pour 2047, alors ? Après tout, l'animateur bouffon n'aura que 72 ans, moins que François Bayrou aujourd'hui. Mais Cyril Hanouna a ajouté : « Je suis inquiet pour la France, mais je le dis aux auditeurs, ma seule priorité dans les mois, les années et les siècles à venir, c'est d'essayer de vous faire rire, que ce soit l'après-midi ou le soir à la télévision. ».
Voilà, c'est dit, Cyril Hanouna ne sera jamais candidat à l'élection présidentielle, tandis que les sondages pouvaient lui accorder jusqu'à 10% d'intentions de vote. Cyril Hanouna en 2027, dans la grande tradition de Pierre Dac en 1965, Coluche en 1981, Yves Montand en 1988, Bernard Tapie (qui a désormais sa statue à Marseille) en 1995...
Mais alors, pourquoi la revue d'extrême droite "Valeurs actuelles" a-t-elle consacré sa une du 30 avril 2025 à une possible candidature présidentielle de Cyril Hanouna ? Tout simplement parce qu'elle a été la victime d'un canular. Du reste, en parler est l'objectif final du médiatique présentateur de talk show. L'information, en elle-même peu crédible, avait été crédibilisée par l'annonce au début du mois de février 2025 sur une possible tentation présidentielle.
Le programme présenté par "Valeurs actuelles" était dément, en gros, deux tiers lepéniste, un tiers mélenchoniste et une nette coloration trumpiste. Ce que l'hebdomadaire a expliqué, c'est qu'une fois élu, Cyril Hanouna ne se rémunérerait pas comme Président de la République (15 000 euros par mois économisés, sur les 3 100 milliards d'euros de la dette publique !). Il pourrait bien se le permettre puisque, selon "L'Informé" du 12 décembre 2022, l'animateur producteur posséderait une fortune évaluée à environ 85 millions d'euros.
Son programme fait partie du rêve de réenchantement : le SMIC relevé à 2 200-2 300 euros par mois, la réduction drastique des charges des PME, la suppression de la TVA pour les produits de première nécessité. Et même une TVA qui serait variable, selon le salaire du consommateur (imaginons l'usine à gaz et l'intrusion dans la vie privée d'une telle mesure !).
Pour financer ces énooormes dépenses, la sécurité sociale ne serait accessible qu'aux seuls usagers percevant un salaire inférieur à 2 500 euros par mois (ce qui signifie que beaucoup de monde ne serait plus couvert par une assurance maladie, et tant pis pour eux s'ils ont un cancer dont même la fortune de Cyril Hanouna ne pourrait financer le traitement complet).
Et puis, toujours cette tarte à la crème, comme l'a résumé un article du journal "Le Figaro" du 29 avril 2025 : « La lutte contre la fraude sociale, fausse carte vitale, abus de l'aide médicale d'État..., serait intensifiée pour redresser les comptes publics. ». C'est la tarte à la crème car toutes les fraudes connues sont sévèrement sanctionnées et les non connues, on ne les connaît pas par définition et on ne peut donc pas les sanctionner, quel que soit le locataire de l'Élysée. Bref, que ce soient les fraudes sociales (argument de droite populiste) ou que ce soient les fraudes fiscales (argument de gauche populiste), l'État fait déjà beaucoup et intensifiera son contrôle dans l'avenir grâce à l'intelligence artificielle, à l'accès à des données personnes sur les réseaux sociaux, etc., et récupère autant qu'il peut l'argent fraudé.
C'est donc une arnaque de programme électoral, une paresse intellectuelle et un grand manque d'imagination de mettre la lutte contre la fraude pour faire la différence budgétaire avec toutes les mesures coûteuses et dépensières d'un candidat. Rappelons que grâce au prélèvement à la source, le taux de recouvrement de l'impôt était de 98,5% en 2020 !
Par ailleurs, selon "Valeurs actuelles", Cyril Hanouna voudrait réduire à zéro l'immigration, lèverait l'excuse de minorité pour la responsabilité pénale des mineurs, et reprendrait stupide l'idée de Laurent Wauquiez d'un Guantanamo à la française qui serait un quartier de haute sécurité où seraient incarcérés les cent criminels "les plus dangereux de la société" (à définir ?).
En bon antiparlementaire primaire (les politiques, tous pourris !), le Président Hanouna réduirait de 30% le nombre de députés, réduirait leurs indemnités (ce qui donnerait un avantage aux élus fortunés), et supprimerait tous les ministères sauf Matignon et Bercy (les ministres, des inutiles !). Et en bon populiste, l'animateur proposerait des référendums sur toute sorte de sujet, y compris la révocation des élus.
Bref, on le voit bien, "Valeurs actuelles" a bu comme du petit lait de gilets jaunes le programme supposé d'un Cyril Hanouna très heureux, tel un coq, qu'on parlât de lui. Mais le problème, c'est que sa candidature éventuelle en 2027 ferait un peu l'effet de celle de l'ancien éditorialiste télévisuel Éric Zemmour en 2022 : elle prendrait des voix principalement au candidat du RN, Marine Le Pen ou son remplaçant Jordan Bardella, qui seraient tous les deux en tête des intentions de vote en cas d'élection présidentielle aujourd'hui. C'est pourquoi le président du RN, adepte aussi de la méthode Coué, assurait comme un mantra qu'il ne croyait pas du tout à cette candidature. Pour une fois, il avait raison.
Après tout, Coluche aussi voyait sa candidature canular créditée de 10% à 15% d'intentions de vote en 1981, et il a vite stoppé la démarche quand il commençait à mettre sérieusement en difficulté la candidature de François Mitterrand.
Les rumeurs sur l'existence d'une liaison affective entre Cyril Hanouna et Tiphaine Auzière, la belle-fille très sage du Président Emmanuel Macron, répandues en mars 2025 et démenties par l'intéressé le 3 avril 2025 sur Europe 1, seraient-elles fondées, ce qui ferait comprendre l'intérêt de son éventuelle candidature à l'élection présidentielle, celui de disperser les voix des populistes ? Complot ? Canular, on vous dit !
« Qui saura me faire oublier dites moi
Ma seule raison de vivre, essayez de me le dire »
Sa carrière a commencé le 25 janvier 1970. Il aurait dû être chanteur d'opéra. Ses disques se sont vendus à une quinzaine de millions d'exemplaires. Galas, concerts, passages à la télévision : à l'époque, c'était beaucoup plus que pour Johnny Hallyday, Joe Dassin, Michel Sardou ou Claude François... Bref, une voix.
Il ne s’agit pas ici de faire du complotisme de hall de gare mais de balayer toute l’étendue des possibles pour se faire une idée.
Version classique : le suicide. Déjà le 22 novembre 1974, il s’était jeté du cinquième étage d’un hôtel genevois et avait dû son salut à un talon de chaussure qui s’était miraculeusement accroché au troisième étage (il y en a qui ont de la veine). Dépressif, harcelé par ses fans, désorganisé par sa vie de patachon et son succès trop rapide, et même traumatisé par le conflit israélo-palestinien.
Version Dalida : il était fâché contre son producteur qui lui refusait l'argent et l’ouverture internationale dont il rêvait avec un contrat signé le 1er juin 1974. Il lui avait dit qu’il préférait sauter d’une fenêtre à continuer à bosser avec lui. Le producteur lui aurait alors dit : « Chiche ! Eh bien, saute ! ». Bing !
Version drugstore : un accident. Il avait arrêté de prendre des antidépresseurs car ça le faisait grossir et les bourrelets sur une plage déserte des Maldives, ce n’est pas beau. Pour tenir le coup, il a pris de la drogue en compensation. Comme il avait besoin d’air, il a mis son nez dehors, et paf ! il a heurté un truc et est passé par-dessus bord du balcon.
Version œuvres d’art : il faisait du trafic d’œuvres d’art et on l’a liquidé.
Version James Bond : même topo que la version œuvres d’art mais avec le Mossad.
Version Wajntrob : ah-Wikipédia-c’est-super ! Le rédacteur encyclopédique a dû mal lire son brouillon en le confondant avec Weintraub, le producteur en question (je suis mauvaise langue, les deux transcriptions sont possibles). Le producteur se serait disputé avec le chanteur. Résultat, un chanteur sur la terrasse. Pendant l’enterrement, le producteur s’est disputé avec la mère qui, du coup, est morte d’une crise cardiaque. L’histoire finit en eau de boudin car le producteur s’est finalement tiré une balle dans le museau au bois de Vincennes un peu plus tard. Vilaine histoire.
Version métro : ça-n’a-rien-à-voir-sauf-sur-Wikipédia. Quelques années plus tard, le secrétaire du chanteur s’est jeté sous une rame de métro à Paris. Résultat, le secrétaire était louche (il l’aurait poussé au balcon ?) et une demi-journée de travail a été perdue pour de nombreux travailleurs franciliens.
Version martienne : il a été enlevé par les Martiens et un corps a été déposé à sa place.
Version vénusienne : même version que la martienne, mais avec des nymphomanes en délire (Version plus crédible, car les femmes viennent effectivement de Vénus).
Version Elvis : il en avait marre de la célébrité et a voulu revivre normalement, faire ses courses chez Carrouf sans être submergé par l’adrénaline, boire un coup de mousseux au bar de chez Marcel et jouer à Facebook pendant que la planète est à feu et à sang.
Euh…
Ah, j’ai oublié le début.
Le plus important.
Les faits : le vendredi 25 avril 1975 à onze heures et quart du matin, un jeune garçon bien rasé de 28 ans, aux cheveux longs et aux pattes d’éph', a été retrouvé sans vie au bas du balcon du sixième étage de son appartement du seizième arrondissement. Cinquante années plus tard, les anciennes jeunes adolescentes pleurent encore…
« Sur beaucoup de points, une gauche jaurésienne souscrira aux thèses qu’elle développe, sur le social, sur la critique de la mondialisation ou du libéralisme, sur la lutte contre un consumérisme sans âme. Dans l’arc néoconservateur, Natacha Polony se situe sur la gauche, plus près de Chevènement, qui aurait pu signer l’ouvrage, que de Dupont-Aignan ou Finkielkraut. Pourtant à la lecture, point un certain agacement, qui se manifeste souvent, quand on consulte ces innombrables essais à la française, tissés de raisonnements rapides et d'affirmations non démontrées, qu'on trouve autant à gauche qu'à droite. » (Laurent Joffrin, le 24 octobre 2017 dans "Libération").
L'éditorialiste politique a confié bien plus tard qu'elle avait voté pour François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle de 2007, et blanc au second tour. Natacha Polony fête son 50e anniversaire ce mardi 15 avril 2025. Autant dire qu'elle a maintenant "un peu de bouteille", car elle a déjà à peu près un quart de siècle d'expérience.
J'apprécie beaucoup Natacha Polony alors que ses opinions sont souvent divergentes avec les miennes. Mais parfois, je me suis aperçu qu'elle concluait de la même manière, comme son vote Bayrou de 2007 (je doute qu'elle soit prête à récidiver avec le Premier Ministre d'aujourd'hui !). Je lui reconnais un élément rare : elle pense par elle-même, elle réfléchit sans prêt-à-penser tout fait, tout artificiel, et c'est donc rafraîchissant. Elle apporte du vent intellectuel neuf (certes, pas tout le temps).
Son dada serait surtout le souverainisme, mais pourquoi ne pas rappeler que le Président Emmanuel Macron a prôné le souverainisme dès les premières minutes de sa Présidence en insistant sur le souverainisme européen ? La crise du covid-19, la guerre en Ukraine et, enfin, l'arrivée du gros éléphant Donald Trump dans un monde en porcelaine particulièrement fragile et complexe ont renforcé ce besoin de souveraineté : souveraineté alimentaire, souveraineté pharmaceutique, souveraineté militaire, souveraineté industrielle, souveraineté numérique, etc.
Comme l'exprimait Laurent Joffrin (qui n'est toutefois pas, pour moi, vraiment une référence), Natacha Polony serait moins de droite que de gauche. Je ne sais pas. C'est vrai, elle a commencé en 2001 comme secrétaire nationale du parti de Jean-Pierre Chevènement qu'elle a activement soutenu lors de l'élection présidentielle de 2002 et elle s'est même présentée à Paris avec cette étiquette aux élections législatives de juin 2002 (sans succès, inutile de rappeler le score, elle a eu le mérite de s'engager). Du reste, Jean-Pierre Chevènement lui-même, séduit par la brillante intelligence présidentielle, a soutenu activement Emmanuel Macron à l'élection présidentielle de 2022.
L'intéressée nie en bloc son appartenance au bloc conservateur et se revendique d'une gauche qui n'aurait pas oublié le socialisme (réel). Elle-même, au fond, est la preuve vivante que le découpage du paysage politique entre la droite et la gauche n'a plus aucun sens. Les deux derniers duels présidentiels, en 2017 et en 2022, l'ont d'ailleurs acté : le clivage n'est pas encore la gauche et la droite, mais entre un centrisme ouvert et un extrémisme fermé. Cela ne dit rien de plus sur là où se situe Natacha Polony selon ces nouveaux enjeux politiques.
Citons encore Laurent Joffrin qui a commencé son commentaire sur un ouvrage de Natacha Polony avec une ironie particulièrement vache : « Bâillonnée, pourchassée, censurée, traquée par les sbires de la pensée unique, "criminalisée", écrit-elle, pour ses pensées non conformes, Natacha Polony a néanmoins réussi, contre tous les bien-pensants européistes, contre les dévots de la mondialisation heureuse acharnés à sa perte, à publier un livre. Cette héroïne autoproclamée de la liberté de pensée, elle a même fondé un "comité Orwell" contre la "police de la pensée", s'était retranchée à Europe 1, une radio clandestine qu'on sait dévouée à la critique virulente de notre société, et chez Ruquier, ce dissident obscur et marginal. Elle est maintenant réfugiée sur LCI, propriété de Martin Bouygues, une sorte de bolchevik fiévreux, et au "Figaro", ce samizdat bien connu qui combat avec panache l'oligarchie. » (24 octobre 2017).
L'ancien directeur de "Libération" a raison sur l'idée qu'on ne peut pas être victime d'un isolement idéologique et bénéficier en même temps d'un grand écho médiatique, car depuis une quinzaine d'années, Natacha Polony est présente, très présente dans le paysage médiatique et intellectuel, tant dans la presse écrite qu'à la radio et à la télévision (et elle a aussi écrit une douzaine d'ouvrages politiques) : "Le Figaro", "Marianne", France 2, Canal Plus, Paris Première, C8, France 5, LCI, BFMTV, Europe 1 (pour une revue de presse quotidienne le matin), France Inter, Sud Radio, etc. (et même Polony TV). De quoi avoir de l'audience pour être écoutée !
À ce jour, sa plus grande responsabilité est sans doute d'avoir été nommée directrice de la rédaction de l'hebdomadaire "Marianne" créé entre autres par Jean-François Kahn, du 6 septembre 2018 au 1er mars 2025. Toutefois, sa participation médiatique qui l'a fait connaître du grand-public a été son recrutement comme l'une des deux chroniqueurs polémistes de l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché" diffusée sur France 2 tous les samedis soirs, de septembre 2011 à juin 2014, exercice qu'elle a pratiqué avec Audrey Pulvar (désormais adjointe PS de la ville de Paris), puis Aymeric Caron (désormais député FI de Paris). Dans cet art de la critique, elle a succédé à Éric Zemmour, qui a vu, lui aussi, sa notoriété grimper (d'autant plus qu'il a fait dans la provocation), et elle a laissé sa place à Léa Salamé (qui anime désormais l'émission du samedi soir sur France 2).
Pour autant, je l'ai découverte avant sa participation chez Laurent Ruquier, dans une émission plus confidentielle, celle animée par Frédéric Taddeï, "Ce soir (ou jamais !)", diffusée sur France 3 (dont elle était l'invitée parmi les plus fréquents). Précisément l'émission diffusée le 25 novembre 2010 : à l'époque, Natacha Polony était une journaliste de 35 ans du service éducation du journal "Le Figaro" et elle enseignait également la culture générale à l'Université Léonard-de-Vinci des Hauts-de-Seine ("l'Université Pasqua"). Elle était une invitée parmi d'autres invités, notamment le chanteur Jacques Higelin, la femme politique Clémentine Autain (37 ans), pas encore députée, et la journaliste Christine Ockrent, à l'époque directrice générale déléguée de l'Audiovisuel extérieur de la France (RFI, France 24).
J'ai eu assez vite le coup de cœur pour la (presque) la benjamine de l’émission et sans doute l’une des plus douées : dans mon esprit de 2010, je me disais que Natacha Polony, sans aucun doute, allait faire parler d’elle dans les prochaines années. Déjà plusieurs bouquins à son actif, un blog très approfondi sur l’éducation, et une audace qu’on pourrait croire uniquement sortie des jeunes pousses. Natacha Polony n’a pas hésité à aborder de front le problème de Christine Ockrent et de son époux de Kouchner. Elle a émis beaucoup d’idées subtiles, nuancées avec une clarté qui pourrait désarmer ses contradicteurs. Enfin, elle était charmante (c’est un élément agréable et néanmoins mineur quand on n’a pas un objectif autre qu’intellectuel).
Au départ, j’avais du mal à la positionner : de droite ? de gauche ? "Le Figaro" la mettrait à droite… sauf qu’elle était chevènementiste dans sa jeunesse. Ce passé de militante s’entendait bien dans l’émission ; Natacha Polony n’avait pas peur de prendre la parole, comme on coupe un gâteau, avec le tranchant d’une lame verbale. Un ton vif qui allait de paire avec une intelligence au-dessus de la moyenne. Son pedigree est aussi joli que son minois (je l'écris en plaisantant, qu'on m'épargne des critiques de sexisme que je ne cultive pas !) : Louis Le Grand, Science Po Paris, DEA de littérature consacré aux poèmes, et agrégation de lettres modernes. Et depuis l'émission, elle a eu le temps de recevoir le Prix Edgar-Faure en 2014 (récompensant un auteur d'essai politique) et le Prix Richelieu en 2016 (récompensant un journaliste pour sa défense de la langue française).
Certains peuvent s'en souvenir. Cette émission de Frédéric Taddeï était un talk-show un peut désordonné, où les invités parlaient en même temps et s'interrompaient, mais cultivait une vertu cardinale, la liberté d'expression. Consacrée à l'actualité, l'émission de ce soir-là, celle du 25 novembre 2010, proposait trois sujets d'actualité (de l'époque).
Le premier sujet avait trait à une vidéo d’Éric Cantona qui a fait un "buzz" d’enfer sur Internet. Du coup, l’émission s’y colla. En gros, c’était un footballeur qui jouait les experts financiers. Ou révolutionnaires. Il proposait de faire mettre en difficulté toutes les banques en proposant à tous les citoyens de retirer leur argent des banques. Bon, l’idée était complètement absurde : c’était le genre suicidaire. Les banques aident aussi au développement (ou à la survie) de nombreuses petites entreprises et commerces qui font l’activité et l’emploi. C’est ce qu’a rappelé fort judicieusement Natacha Polony. Ensuite, il faudrait que ces dits citoyens aient encore de l’argent à retirer. Pas sûr par les temps qui couraient…
Le deuxième sujet était plus "grave" puisqu’il parlait de "la journée de la jupe". Là, pareil, on parlait des femmes dans le mauvais sens. Encore une fois très judicieusement, Natacha Polony faisait remarquer qu’il fallait faire la distinction entre la violence conjugale, qui se pratique entre deux êtres individuels, et la forte pression qu’un groupe ou communauté pouvait faire sur les femmes en général. D’un côté, individu, de l’autre, société. Ce n'était pas dit explicitement, mais la journaliste pensait très fort au voile. Mais elle n’a pas été vraiment comprise car très vite, d’autres invités ont projeté leurs propres fantasmes en disant qu’il s’agirait de discrimination ("culturelle"), puisque le problème serait surtout en banlieue chaude, où les jeunes filles ne pourraient plus se promener en jupe sans se faire traiter de prostituées.
Le troisième sujet était beaucoup plus cocasse : l’interdiction d’antenne d’Audrey Pulvar qui animait une émission politique sur I-Télé alors que son compagnon (de lit) s’était déclaré candidat à la candidature présidentielle. Il s’agissait d’Arnaud Montebourg (candidat à la primaire socialiste d'octobre 2011). Sur ce sujet, évidemment, Christine Ockrent, femme de l’ancien Ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner (et donc son patron de tutelle pour France 24), était en première ligne. Elle a montré un ton plutôt odieux, condescendant et très mal à l’aise à tel point qu’elle ponctuait avec de l’humour à pirouettes chaque phrase de Natacha Polony qui, décidément, était vraiment éclatante, en ce sens que, effectivement, Natacha Polony n'hésitait pas à mettre les pieds dans le plat. Deux thèses s’opposaient : celle de Christine Ockrent estimant que les femmes qui ont acquis elles-mêmes de fortes responsabilités (elle s’est sentie obligée de rappeler son CV) savaient faire la part encore le lit conjugal et la conscience professionnelle ; et l’autre, considérant que le fait même qu’il y ait suspicion, même sans acte d’influence, de collusion entre journalistes et personnalités politiques était suffisant pour faire arrêter l’émission d'Audrey Pulvar, qui n'était pas la seule journaliste dans ce cas depuis des décennies (Anne Sinclair, Catherine Nay, Béatrice Schönberg, Marie Drucker, etc.).
C'est ainsi que j'ai découvert Natacha Polony il y a environ quinze ans : courageuse, indépendante, débatteuse, pensant par elle-même. Et par la suite, je n'ai pas été déçu, machine bien huilée, qui fonctionne bien, mais manquant peut-être de carburant. Le souverainisme comme seul moteur est un peu léger. Et surtout, pour aller où ? Car si elle ne se satisfait pas de cette société de consommation, si elle est même plutôt ouverte à la décroissance, et qu'elle se définirait aussi comme illibérale mais dans le sens économique du terme. Elle rejette le wokisme qu'elle considère comme "une dictature des minorités", elle rejette aussi les populismes, tant l'extrême droite que l'extrême gauche. C'est ce qui rend son positionnement sur l'échiquier politique un peu confus, ce qui, finalement, devrait être le cas de tous les journalistes, même les éditorialistes politiques, qui, a priori, ne sont pas des militants mais des informateurs et des analystes (ou analyseurs ?).
On parlait de la reine Christine, je propose de la remplacer par la reine Natacha !
Je vous soumets pour terminer quelques citations de ses ouvrages politiques.
Indécence (et elle avait raison) : « C'est le mot qui revient à l'esprit spontanément : indécence. Devant des députés qui refusent d'allonger le congé des parents ayant perdu un enfant, au motif que "ça va pénaliser les entreprises". Devant un Carlos Ghosn qui réclame à Renault le paiement de sa retraite chapeau. Devant Ségolène Royal qui parle, à propos d'une jeune fille menacée de mort pour avoir répondu à des insultes homophobes par une diatribe contre l'islam, d'une "adolescente peut-être encore en crise d'adolescence" à qui il faudrait enseigner "le respect"… C'est même un des traits les plus frappants de notre époque : la disparition d'une forme de retenue qui s'imposait jusqu'à présent à toute personne publique. ».
Voile : « L'égalité homme-femme fait partie des valeurs non négociables d'une société qui a développé, plus que toute autre en Europe, le travail des femmes, leur liberté à mener de front vie professionnelle et vie familiale. Tout cela, nous le disions, articulé autour d'un "commerce apaisé" entre les sexes, une capacité à réguler le désir par le langage. Le voile, qu'on le veuille ou non, est la négation symbolique de tout cela. Il est la transformation d'un verset du Coran prescrivant de masquer les atours (leur "gorge", selon une traduction qui fait à peu près consensus) des femmes pour les protéger des agressions et une volonté obsessionnelle de cacher tout ce qui pourrait susciter la concupiscence. La réalité est là : le voile signifie que les femmes doivent se cacher parce que les hommes seraient incapables de contenir leurs désirs, et qu'elles-mêmes, créatures faibles et impures, risqueraient d'y succomber. » (2015).
Crise narcissique : « L'individualisme contemporain a voulu faire croire que l'épanouissement de chacun passait par la proclamation de son "identité" personnelle, par l'affichage en bandoulière de ses spécificités, de son Moi. Chacun est incité à mettre en avant la petite part de lui est qui "différente". Il n'est de gloire que dans l'altérité, il n'est de noblesse que dans la minorité. Pire, cette singularité aspire désormais à la reconnaissance. On réclame des aménagements dans les écoles publiques comme on réclame un menu sans gluten dans un restaurant. La crise que vit la France est avant tout une crise narcissique. » (2015).
Individualisme apatride : « La démocratie est notamment menacée par l'alliance redoutable des marchés financiers et des nouvelles technologies, alliance sanctifiée par le caractère indépassable du bon plaisir individuel. En devenant virtuelles et planétaires, ces forces se sont détachées de tout territoire et sont désormais hors d'atteinte des volontés populaires. » (2016).
Capitalisme : « Le capitalisme n'est plus un système de production par le capital, mais un système de production de capital, favorisé par le crédit, les dettes et la création monétaire de banques centrales. » (2016).
Commerce international (où l'on voit qu'elle avait tort) : « On a vu, ces dernières semaines, le débat se focaliser sur les traités de libre-échange comme étant un des symboles de l’aberration européenne qui consiste à sacrifier ses forces productives dans dans l’espoir de pénétrer les marchés de pays qui n’ont et n’auront pas avant longtemps les mêmes règles sociales et environnementale que nous. Sacrifice des PME pour le bénéfice de quelques grands groupes, sacrifice des agriculteurs pour le bénéfice de l’industrie (allemande), de la banque et des assurances. Nos partenaires européens sont encore majoritairement convaincus des bienfaits du libre-échange et de la dérégulation. ». Donald Trump a fait la meilleure démonstration du contraire !
Contre l'écriture inclusive : « Une écriture inclusive défendue par des historiennes et des militantes, les grammairiens et les linguistes sachant, eux, que ce n'est pas "le masculin qui l'emporte sur le féminin" en langue française mais le genre neutre qui se confond avec le masculin pour des raisons de phonétique historique. » (2018).
Citoyen acheteur : « L'ensemble de notre organisation économique et sociale est fait pour produire un type humain spécifique, qui n'a plus rien à voir avec le citoyen doué de libre arbitre : le consommateur. » (2021).
Écologie sélective : « On continue le libre-échange, les porte-conteneurs, la production de masse écoulée grâce à la publicité, mais on taxe vos diesels. Pour votre bien. » (2021).
Bonhomme de neige : « Il a neigé toute la nuit. Voilà ma matinée. 08h00 : je fais un bonhomme de neige. 08h10 : une féministe passe et me demande pourquoi je n'ai pas fait une bonne femme de neige. 08h15 : alors je fais aussi une bonne femme de neige. 08h17 : la nounou des voisins râle parce qu'elle trouve la poitrine de la bonne femme de neige trop voluptueuse. 08h20 : le couple d'homos du quartier grommelle que ça aurait pu être deux bonshommes de neige. 08h25 : les végétariens du n°12 rouspètent à cause de la carotte qui sert de nez au bonhomme. Les légumes sont de la nourriture et ne doivent pas servir à ça. 08h28 : on me traite de raciste, car le couple est blanc. 08h31 : les musulmans de l'autre côté de la rue veulent que je mette un foulard à ma bonne femme de neige. 08h40 : quelqu'un appelle la police, qui vient voir ce qui se passe. 08h42 : on me dit qu'il faut que j'enlève le manche à balai que tient le bonhomme de neige car il pourrait être utilisé comme une arme mortelle. Les choses empirent quand je marmonne : "ouais, surtout si vous l'avez dans le c...". 08h45 : l'équipe de tv locale s'amène. Ils me demandent si je connais la différence entre un bonhomme de neige et une bonne femme de neige. Je réponds : "oui, les boules" et on me traite de sexiste. 08h52 : mon téléphone portable est saisi, contrôlé et je suis embarqué au commissariat. 09h00 : je parais au journal tv ; on me suspecte d'être un terroriste profitant du mauvais temps pour troubler l'ordre public. 09h10 : on me demande si j'ai des complices. 09h29 : un groupe djihadiste inconnu revendique l'action. MORALE : il n y a pas de morale à cette histoire. C'est juste la France dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Ça, c'était la version humoristique. » (2018).
« J'ai grandi dans un bistrot. On se chambrait sans arrêt. Il est toutefois important d'avoir de l'autodérision. Je suis la première à me moquer de moi-même. » (Josiane Balasko, le 9 juillet 2023 à Neuchâtel).
Issue d'un milieu populaire, fille d'un cafetier d'origine yougoslave, proche du parti communiste et engagée auprès des sans-papiers, l'actrice française Josiane Balasko fête ses 75 ans ce mardi 15 avril 2025. Elle est actrice, mais aussi réalisatrice, scénariste, metteuse en scène de pièce de théâtre, et même écrivaine, elle fait partie de ces gens qui ne se laissent pas facilement enfermer dans des petites cases. Ainsi, en 2019, elle a publié un recueil de nouvelles fantastiques aux éditions Pygmalion, "Jamaiplu", après quelques romans.
On ne peut pas dire qu'elle a démarré comme une starlette qui se basait sur sa beauté physique pour ouvrir de nombreuses portes du cinéma. Elle avait déjà, jeune, un physique, mais pas de starlette. D'ailleurs, elle en usait, voire en abusait, comme ses compères du Splendid, et elle disait même en 2005 : « On avait l'habitude de jouer avec nos physiques. Bon pour Michel Blanc et Gérard Jugnot, c'était facile… Et pour moi aussi, allez ! ».
L'actrice désormais pleinement septuagénaire expliquait le 26 novembre 2023 sur France 2 : « Ça ne m’a jamais dérangé qu’on dise que je n’étais pas trop belle, ce n’est pas grave. Je crois que les gens qui posaient ces questions, quel que soit le respect que j’ai pour eux, ne savent pas ce que c’est les gens de la rue. Ils ne voient que des gens minces qui suivent des régimes et qui s’habillent chez les grands couturiers et évidemment, je ne rentrais pas dans le truc. ».
Josiane Balasko, Michel Blanc, qui est parti il y a quelques mois, Gérard Jugnot, mais aussi Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel, Bruno Moyniot, et quelques autres... évidemment, on ne peut pas évoquer la figure de Josiane Balasko sans évoquer la Troupe du Splendid, les deux (trois) gros succès de leur jeunesse qui les ont fait franchir le plafond de verre de la notoriété et du succès, avec les deux numéros des "Bronzés" (Josiane est Nathalie) et "Le Père Noël est une ordure" (Josiane est Madame Musquin, mais seulement au cinéma, elle n'a pas joué dans la pièce de théâtre). Comme plusieurs de cette troupe d'acteurs étonnants, Josiane Balasko a su à la fois cultiver une notoriété collective (qui l'a amenée à recevoir un César d'honneur collectif pour toute la Troupe du Splendid en 2021) et sa propre carrière, différente de celle des autres.
Au début, c'était pourtant un peu difficile, car elle jouait le rôle de la bonne copine, de la fille à embrouilles, de la complexée, de la faire-valoir des vrais héros. Pas très réjouissant, comme perspectives. Mais heureusement, Bertrand Blier lui a proposé le rôle principal de "Trop belle pour toi" (sorti le 12 mai 1989), celui de la maîtresse d'un homme riche, Gérard Depardieu, marié à une très belle femme, Carole Bouquet. Josiane Balasko a alors changé de catégorie. Elle est nommée pour la première fois pour le César de la meilleure actrice.
En tout, Josiane Balasko a été récompensée par trois Césars, celui du meilleur scénario pour "Gazon maudit" (sorti le 1996) qu'elle a réalisé, un César d'honneur en 2000 et le César anniversaire de la Troupe du Splendid en 2021, mais elle a été aussi nommée trois fois au César de la meilleure actrice (1990, 1994 pour "Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes" et 2004 pour "Cette femme-là"), une fois du meilleur réalisateur (1996) et une fois de la meilleure actrice dans un second rôle (2020) pour son rôle dans le film très médiatisé de François Ozon "Grâce à Dieu".
La carrière de Josiane Balasko a donc commencé surtout par des comédies, mais elle a réussi aussi à avoir des rôles plus dramatiques, l'âge aidant, et dans les derniers films où elle a joué, elle n'a plus le rôle principal mais un second rôle.
À côté du cinéma, elle joue aussi parfois des pièces de théâtre, la dernière pièce est une pièce qu'elle a mise en scène en 2021 au Théâtre des Nouveautés, "Un chalet à Gstaad", une comédie de boulevard alors qu'elle tournait en même temps au cinéma dans un rôle dramatique pour "Quand vient l'automne" de François Ozon (sorti le 9 septembre 2024), avec Hélène Vincent et Ludivine Sagnier.
"Un chalet à Gstaad", c'est un face-à-face entre bourgeois qui ont fuit la France pour des raisons fiscales, des exilés fiscaux. Ils se fréquentent mais ils ne s'entendent pas forcément. Josiane Balasko est la femme d'un homme très riche et passe son temps chez l'esthéticienne ou dans le whisky. L'actrice précisait le 22 septembre 2022 sur France Info : « Ce sont des bourgeois très riches qui ne savent pas ce qu'est le RSA. Ce sont des gens que je ne connais pas, vraiment, ou que j'ai dû peut-être entrapercevoir, mais sans jamais les fréquenter. Donc ce sont des portraits qui sont imaginaires, certains sont exilés fiscaux. Ils se reçoivent entre eux, pas forcément parce qu'ils s'apprécient, mais c'est parce qu'ils n'ont pas trop le choix. ».
Mais elle n'est pas qu'actrice, elle est aussi réalisatrice et ce n'est pas du tout le même métier. À ce jour, elle a réalisé huit films entre 1985 et 2013, dont son plus grand succès, près de 4 millions d'entrées en France, "Gazon maudit" qui évoque le thème de l'homosexualité féminine (c'était très original à l'époque) dans un jeu à trois avec Victoria Abril et Alain Chabat. Elle allait dire plus tard : « Je me suis inspirée d'une histoire qui était arrivée à des gens que je connaissais vaguement. » (le titre, très bien vu, a été trouvé par Bertrand Blier). Elle a rencontré des femmes bien plus tard qui lui ont assuré que son film leur avait permis de parler à leur entourage de leur homosexualité, ce qui lui a donné de la fierté.
D'autres films qu'elle a réalisés ont eu beaucoup moins de succès, mais au moins, elle a exercé sa liberté de création, et maintenant, elle n'a plus trop envie de faire de la réalisation, c'est trop de travail pour elle. Elle préfère écrire des nouvelles : « Quand j'écris une nouvelle, il n'y a pas beaucoup d'enjeux. Si je me plante, il y a peu d'incidences, sauf mon amour-propre (…). On ne sait jamais ce qui va se passer quand on crée. Si ça va passer, si ça va émouvoir ou faire rire. On lance les dés à chaque fois. » (2023). L'intérêt de l'écriture, c'est que l'histoire est « à budget illimité », au contraire d'un film au cinéma. Elle peut imaginer tout, sans engager trop de moyens (cette réflexion peut être remise en cause avec l'intelligence artificielle, puisqu'on peut maintenant faire des œuvres créatives, en image ou en film, en très peu de temps).
En tout cas, Josiane Balasko ne regrette pas du tout d'avoir abandonné le dessin malgré les encouragements de sa mère (qu'elle a tout de même suivie au début puisqu'elle a commencé ses études à l'École des arts graphiques). Elle a préféré suivre sa voie, celle du théâtre. 75 ans, dont déjà cinquante-cinq d'une belle carrière : bravo et bon anniversaire !
« Washington est devenue la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. » (Claude Malhuret, le 4 mars 2025 au Sénat français).
Il y a soixante-dix ans, le 7 avril 1955, est paru dans son édition britannique le roman d'Ian Fleming, "Moonraker", le troisième roman d'espionnage mettant en scène James Bond, le fameux agent 007. Son édition française est parue en 1958 d'abord sous le titre (étrange) "Entourloupe dans l'azimut" avant de reprendre le titre original en 2002 en raison du succès de son adaptation cinématographique éponyme réalisée par Lewis Gilbert et sortie le 28 juin 1979. Le film met en scène notamment Roger Moore pour le rôle de James Bond et le succulent Michael Lonsdale pour celui de Hugo Drax.
Un internaute proposait sur Twitter le mois dernier une analogie amusante. Hugo Drax est la figure du méchant qui veut être le maître du monde, il est à la fois fort riche et à la tête d'une grande puissance technologique, un savant fou et mégalomaniaque (qui n'avait donc pas la caractéristique de faire apprécier les scientifiques par le grand public). C'est l'époque des années 1950 qui voulait cela et on le retrouvait dans beaucoup de fictions, notamment des bandes dessinées pour la jeunesse, dont le meilleur pastiche reste le fameux Zorglub dans "Spirou et Fantasio", personnage créé par Franquin et Greg. Certes, le mythe du savant fou est bien plus ancien, on le retrouve dans de nombreuses fictions depuis le XIXe siècle (en particulier chez Jules Verne), mais les années 1950 l'ont utilisé jusqu'à plus soif, en ont fait un sujet cliché classique, ce qu'on appellerait un poncif, voire, un souverain poncif (pour un maître du monde !).
Incarné par Michael Lonsdale, Hugo Drax était considéré par le twitternaute en question comme « un méchant qui est à la fois un industriel ultra-riche et un constructeur de fusées cherchant à semer le chaos parce qu'il est en réalité un nazi secret ». Et de commenter l'idée de ce scénario avec un brin d'humour britannique : « Les romans originaux de James Bond écrits par Ian Fleming ont mal vieilli. (…) Quelle idée absurde ! ».
C'est vrai que ça me barbe, en général, les vieux films d'espionnage qui ont repris le cadre général de la guerre froide. Comment c'est ennuyeux, les gentils espions américains et les méchants espions soviétiques ! Mais il n'est pas inintéressant de nous pencher ainsi sur "Moonraker" car les États-Unis d'aujourd'hui tentent, dans un élan désespéré d'orgueil, de retourner en arrière dans le passé plus ou moins lointain depuis la réélection de Donald Trump. Certains internautes ont réagi à cette comparaison, certains lâchant : « Qui aurait cru que Moonraker soit un film prémonitoire !! ». Une autre : « La réalité dépasse la fiction. ».
Toujours avec humour, un quatrième internaute constatait que ce n'était pas tout à fait analogue en raison du chapeau. Hugo Drax porte en effet un beau chapeau de chasse, ce qui n'est pas le cas de... de qui au fait ?
Un autre internaute a répondu en effet en y glissant une photographie de l'industriel milliardaire pris en comparaison : Elon Musk ne porte pas de chapeau mais une casquette, la fameuse casquette Make America Great Again (MAGA), qu'il a arboré dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, en compagnie d'un de ses nombreux enfants (celui qui met ses doigts dans le nez), et d'un vieil homme fâché et fatigué assis derrière une table (passablement agacé).
On peut aussi le voir aux côtés du Président argentin Javier Milei dans leur objectif commun de faire des coupes tranchantes dans les dépenses publiques (bonjour les dizaines de milliers de fonctionnaires qui vont devenir chômeurs), et autant le faire dans la délicatesse avec une belle tronçonneuse (est-elle électrique ?).
Ou encore, sans casquette mais avec un étrange chapeau en forme de fromage (ne me demandez pas pourquoi) !
Étonnante comparaison mais pas forcément si inappropriée que ça. Elon Musk est aujourd'hui l'homme le plus riche du monde (au 11 février 2025, sa fortune s'élèverait à 380 milliards de dollars, selon "Forbes"), même s'il a perdu depuis l'arrivée au pouvoir de son ami Donald Trump déjà plus de 150 milliards de dollars (ce n'est rien !). Il a une vision très planétaire voire universelle de sa vocation, de sa mission ici-bas, il est, dans sa tête, une sorte de maître du monde à pensée messianique.
Il est le dirigeant du constructeur Tesla de véhicules électriques (même si son marché en Europe est en train de s'écrouler). Il est le propriétaire de SpaceX qui devient aussi indispensable voire plus indispensable que la NASA, et souhaite que l'homme aille sur Mars, un objectif aussi fantaisiste que l'homme sur la Lune, ce qui, justement, est un défi à la hauteur du milliardaire. Il est aussi à la tête de Starlink qui permet de se connecter à ses 6 300 satellites dans le monde entier (bientôt 12 000 satellites et en prévision, 42 000 satellites !) pour bénéficier d'une liaison Internet partout sur Terre (Volodymyr Zelensky utilise ce réseau pour la conduite de ses drones). Enfin, en 2022, il a racheté le site Twitter de réparties politico-littéraires, qu'il a rebaptisé X (mais que je continuerai d'appeler Twitter parce que je suis un vieux schnoque !).
Son acquisition de Twitter a fait partie d'un plan très important pour influer sur les démocraties dite "occidentales" ; d'abord, bien sûr, sur les États-Unis en soutenant massivement la candidature de Donald Trump en 2024, mais ensuite en Europe où il soutient systématiquement tous les mouvements politiques d'extrême droite, populistes et anti-européens, en particulier l'AfD en Allemagne, l'UKIP au Royaume-Uni (Nigel Farage) et le RN en France (Marine Le Pen). Passant un temps fou sur Twitter, ce qui semble étonnant pour un dirigeant d'entreprises, Elon Musk en profite pour distiller de nombreux propos ouvertement complotistes et des fake-news.
Depuis janvier 2025, Elon Musk est au pouvoir, il est le responsable du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), autrement dit, il est chargé de faire des coupes franches dans la dépense publique. Son idéologie est totalement anti-État en ce sens qu'il ne croit qu'au libre exercice d'entreprendre et considère les États comme des empêcheurs d'entreprendre par leurs normes, leurs réglementations et leurs fiscalités.
Au-delà de l'objectif d'aller sur Mars, Elon Musk a investi dans des projets basés sur l'intelligence artificielle et croit à l'idée d'un homme transhumaniste capable de faire progresser la société. En ce sens, au-delà des objectifs financiers et industriels, Elon Musk nourrit des ambitions idéologiques et messianiques d'ordre mégalomaniaque.
Très présent aux côtés de Donald Trump, s'invitant à la Maison-Blanche, dans les conférences de presse, dans les meetings de Donald Trump, Elon Musk a pris ses aises avec la démocratie américaine et les institutions américaines depuis trois mois. Né à Pretoria, en Afrique du Sud, il ne pourrait pas se présenter à une élection présidentielle américaine (le Président des États-Unis doit être né sur territoire américain), mais il a déjà pris une très grande influence.
Enfin, une influence jusqu'au 2 avril 2025, car l'annonce par Donald Trump de taxes douanières généralisées qui provoque actuellement un début de krach boursier et probablement une récession à court et moyen termes a été incompréhensible pour Elon Musk, partisan de l'ouverture des échanges économiques dans la mesure où un produit industriel est désormais le résultat de la globalisation économique. Pour seule réponse, outre son silence récent, Elon Musk s'est contenté de diffuser sur Twitter, le 6 avril 2025, une déclaration de l'économiste du libéralisme, Milton Friedman, disparu il y a un peu moins d'une vingtaine d'années, qui expliquait qu'un simple crayon de papier était le résultat d'un processus industriel complexe faisant intervenir plusieurs pays et que seule l'ouverture des frontières commerciales permettait à la fois la prospérité économique et le progrès technologique, mais aussi le renforcement de la paix dans la mesure où les économies nationales deviennent imbriquées (c'était l'objectif du Plan Schuman et du Traité de Rome).
Le divorce déjà annoncé dès le début est donc envisagé prochainement : les projets messianiques d'Elon Musk ne se satisferaient pas de l'enterrement en première classe de l'économie américaine en raison de la marotte idéologique de l'homme aux cheveux de feu. Le sourire du clown vire au jaune. L'époque est passionnante à observer, mais beaucoup moins à vivre.
« Charlotte fait partie de moi. Au début, elle était renfermée, mais avec les années, elle s'épanouit et se montre de plus en plus déterminée. (…) Avec les autres enfants de la série, nous sommes aussi très soudés. Un peu comme une deuxième famille. Depuis huit ans, nous vivons des choses exceptionnelles ensemble. Nous essayons de nous voir régulièrement en dehors des tournages. » (Cannelle Carré-Cassaigne, le 3 février 2016 dans "Paris Match").
C'est ce vendredi 21 mars 2025 que Charlotte Lepic fête son 30e anniversaire. Oups ! Non, pas Charlotte Lepic, mais l'actrice Cannelle Carré-Cassaigne. C'est l'ennui avec les séries télévisées qui durent longtemps et qui ont du succès : l'acteur se confond avec son personnage. Après, c'est très difficile de s'en défaire, voyez Peter Falk, même si, pour certains comédiens en fin de carrière, c'est une rente confortable (généralement, une série policière, il y en a de nombreuses).
La série dont il est question, c'est la succulente "Fais pas ci, fais pas ça", sans doute la meilleure série télévisée française contemporaine (je m'avance prudemment en ajoutant "française contemporaine", mais je pourrais presque le supprimer). Chronique sociale sans précédent, cette série qui a été diffusée sur France 2 du 8 septembre 2007 au 19 juin 2017 sur France 2 et avec deux épisodes exceptionnels diffusés le 18 décembre 2020, puis le 18 décembre 2024 sur France 2. Les dernières rediffusions ont eu lieu ces dernières années le vendredi soir sur la chaîne NRJ12 qui vient d'être interrompue le 28 février 2025. À l'occasion de la sortie du dernier épisode, toute la série pouvait être regardée gratuitement sur la plate-forme de France Télévisions du 5 décembre 2024 au 4 janvier 2025. L'épisode de 2018 a été regardé par 6,1 millions de téléspectateurs à sa première diffusion. Des DVD de la série ont été commercialisés.
Le principe de cette série était à l'origine de faire de la téléréalité, une sorte de reportage documentaire sur deux familles, vivant dans des maisons voisines, avec des méthodes d'éducation diamétralement opposées : l'une, les Lepic, famille nombreuse traditionnelle (quatre enfants, mère femme au foyer, etc.), est dans le mode conservateur, éducation stricte avec des valeurs plutôt de droite ; l'autre, les Bouley, famille recomposée et plus moderne (grande sœur issue d'un autre père que le frère, père homme au foyer, etc.), est au contraire dans le mode permissif voire laxiste avec des valeurs plutôt de gauche, laissant la liberté aux enfants pour qu'ils s'épanouissent et fassent leurs propres expériences. On s'aperçoit assez rapidement qu'il n'y a pas de méthode d'éducation plus efficace que d'autres, et que chaque famille tend vers l'autre mode selon les besoins du moment (le fiston des Bouley militant à droite, devenant macho et cynique, par exemple) et que les deux familles qui ont finalement le même niveau de vie (habitent la même banlieue résidentielle à l'ouest parisien) sont toutes les deux bo-bo, chacune à sa façon.
L'idée d'origine a aussi rapidement évolué vers une série télévisée classique qui raconte des choses sur le mode fictif (dans les premiers épisodes, les personnages parlent souvent à la caméra comme dans la téléréalité). La série a très bien fonctionné grâce aux idées parfois caricaturales mais toujours très drôles et souvent subtiles des scénaristes (principalement Anne Giafferi, Chloé Marçais, Quoc Dang Tran et Hélène Le Gal). Mais la succès est aussi le résultat de la grand qualité des comédiens qui ont été choisis pour les deux familles et qui se sont particulièrement éclatés, durablement, pendant cette décennie de tournage.
La famille Lepic : les parents Fabienne (Valérie Bonneton) et Renaud (Guillaume de Tonquédec), et leurs enfants Christophe (Yaniss Lespert), Soline (Thiphaine Haas), Charlotte (Cannelle Carré-Cassaigne), Lucas (Timothée Kempen Hamel) et le petit-fils Kim (Marin et Louis Launay). La famille Bouley : les parents Valérie (Isabelle Gélinas) et Denis (Bruno Salomone), et leurs enfants Thiphaine (Alexandra Gentil), d'un autre père, Eliott (Lilian Dugois) et Salomé (Myrtille Gougat).
Bien sûr, les acteurs jouant les quatre parents étaient déjà des comédiens confirmés dans d'autres films qui ont beaucoup apporté pour faire fonctionner cette petite "bande", tandis que les enfants étaient pour la plupart dans leur première expérience de fiction.
J'ai eu une nette préférence, parmi tous ces acteurs, pour Cannelle Carré-Cassaigne et pour Lilian Dugois, probablement parce que les deux ont commencé très jeunes dans la série et qu'on a ainsi pu les voir évoluer, prendre de la maturité et de l'assurance, s'épanouir, car dix ans, c'est beaucoup lorsqu'on a, comme c'était le cas de Cannelle Carré-Cassaigne, 11 ans et qu'on est sixième. Dix ans plus tard, on devient une jeune femme adulte. Et les deux ont été d'excellents interprètes de l'esprit de la série dont le titre est d'ailleurs celui d'une chanson très connue interprétée par Jacques Dutronc (écrite par Jacques Lanzmann et Anne Segalen) avec le même rythme haletant.
Dans la série, Charlotte Lepic est une petite fille (préadolescente) qui a peu confiance en elle et qui, d'ailleurs, est très pudique au point de refuser de se mettre en maillot de bain devant les autres dans la piscine du jardin (son père se met en maillot de bain féminin en se promenant dans les rues du quartier pour lui montrer qu'il n'y a pas de honte à se montrer ridicule, le problème étant qu'il se fait alors arrêter par la police municipale !). Et au fil des "saisons", on la retrouve un peu plus tard capable paradoxalement de se mettre à poils dans un village de vacances naturistes lors d'un voyage improbable en Guadeloupe gagné par les deux familles (avec inversion des rôles ; la mère de la famille permissive refuse obstinément de se prêter à la nudité tandis que le père de la famille conservatrice, par légitimisme social, se prête gaiement au jeu).
Entre-temps, on voit Charlotte dépressive à cause d'un chagrin d'amour, et surtout, ce qui a surpris autant l'actrice que son personnage, elle est devenue lesbienne dans la série (sa copine faisant de l'art contemporain, une manière pour les auteurs de beaucoup s'amuser sur cet art contemporain où il y a beaucoup à boire et à manger). Cannelle Carré-Cassaigne l'a expliqué à Joséphine Simon-Michel dans une interview publiée le 3 février 2016 dans "Paris Match" : « Ce fut une grande surprise ! À chaque fois que je reçois un scénario, je m'enferme dans ma chambre, m'allonge sur mon lit et me plonge dans la lecture. En découvrant la préférence sexuelle de Charlotte, j'étais ravie car j'avais enfin autre chose à jouer avec un vrai thème à défendre. ».
Dans ce scénario, sa mère Fabienne Lepic, devenue adjointe, devait refuser (illégalement) le mariage homosexuel d'habitants qui en font la demande en raison des consignes très strictes du maire qui voudrait se faire réélire quelques mois plus tard par un électorat très conservateur (on était alors en plein débat public sur le mariage pour tous). Mais elle ne savait pas que sa propre fille fait partie des amies des demandeuses. L'homosexualité n'était toutefois qu'une façade narrative pour la comédienne puisqu'elle s'est mariée le 28 juin 2024 à Reims, selon le quotidien "L'Union", à un élégant jeune homme (qui travaille dans le Champagne).
Quand elle a fait les tests de casting pour cette série, Cannelle Carré-Cassaigne connaissait déjà assez bien l'univers des tournages car son grand frère Théodule avait tourné dans "Les Choristes", le célèbre film de Christophe Barratier (sorti le 17 mars 2004), mais aussi auparavant, dans d'autres films, dès 2000. Dès l'âge de 5 ans, Cannelle a ainsi tourné pour des spots publicitaires (en particulier pour BHV, Petit Gervais et Flanby en 2000, et Kinder surprise en 2003). Elle a aussi joué dans le film "Je déteste les enfants des autres" d'Anne Fassio (sorti le 4 juillet 2007), aux côtés de Valérie Benguigui, Élodie Bouchez, Lionel Abelanski, Axelle Laffont, etc. (qui a repris l'idée de "Fais pas ci, fais pas ça" sur les différentes méthodes éducatives, à moins que la série se soit inspiré de ce film, puisque cela a été réalisé à peu près en même temps).
Pour les premiers épisodes de "Fais pas ci, fais pas ça", l'actrice, qui était en sixième, a bénéficié de la tolérance de ses enseignants parce qu'elle était une très bonne élève, dans un collège artistique où elle consacrait déjà ses après-midis à jouer du haut-bois. Elle voulait faire médecin ou musicienne, mais a découvert sa vocation de jouer la comédie en tournant dans "Fais pas ci, fais pas ça".
Hélas, pour le moment, elle n'a pas eu, à ma connaissance, d'autre rôle important que dans cette série qui, évidemment, lui colle encore à la peau puisque sa notoriété lui est venue par cela.
Cannelle Carré-Cassaigne a visiblement un grand potentiel si on regarde cette petite série qu'elle a tournée pour Internet (vingt-trois épisodes du 11 septembre 2016 au 24 juin 2017) intitulée "Le Département", une série encore plus loufoque que la précédente, où elle n'est plus Charlotte Lepic mais Camille Boulin. Elle est une stagiaire dans un énigmatique Département d'une mystérieuse grande entreprise répondant à des règles sociales bizarres et absurdes comme le montre la vidéo ci-dessus.
Je lui souhaite de tourner dans quelques beaux films qui fera évoluer sa carrière vers des voies insoupçonnées (comme diététicienne-nutritionniste).
« Il n'y a pas de meilleur acteur que Gene. Intense et instinctif. Jamais une fausse note. C'est aussi un cher ami qui me manquera beaucoup. » (Clint Eastwood, le 27 février 2025).
Les deux acteurs était de la même génération, mais l'un avait dirigé l'autre dans plusieurs films. La découverte du corps sans vie du grand acteur américain Gene Hackman et de son épouse Betsy Arakawa a choqué et a intrigué. Choqué pour la double disparition, et intrigué pour les circonstances qui semblaient redonner vie Gene Hackman dans un thriller (de mauvais scénario, il faut dire).
Gene Hackman a tourné plus d'une centaine de films, surtout pour le cinéma et pour un quart pour la télévision. Il a reçu de nombreuses récompenses, en particulier deux Oscars (meilleur acteur en 1972 pour "French Connection" de William Friedkin, et meilleur second rôle masculin en 1993 pour "Impitoyable" de Clint Eastwood), quatre Golden Globes, le prix du meilleur acteur à la Berlinale de 1989 (pour "Mississippi Burning" d'Alan Parker), etc. (et trois autres nominations pour les Oscars, en particulier pour "Bonnie et Clyde" d'Arthur Penn, quatre autres pour les Golden Globes, etc.).
Il était aussi l'acteur principal de "L'Épouvantail" de Jerry Schatzberg, et de "Conversation secrète" de Francis Ford Coppola, deux films qui ont obtenu la Palme d'Or au Festival de Cannes, respectivement en 1973 et 1974. Il a aussi joué dans "La Firme" (1993) de Sydney Pollack, "Les Pleins Pouvoirs" (1997) de Clint Eastwood, "Ennemi d'État" (1998) de Tony Scott, ainsi que le rôle de Lex Lutor dans "Superman" (1978) de Richard Donner et "Superman 2" (1980) de Richard Lester.
Ils s'étaient marié le 1er décembre 1991, en secondes noces pour Gene Hackman qui venait de fêter son 95e anniversaire le 30 janvier dernier. Son épouse était Betsy Arakawa, citoyenne américaine d'origine japonaise, une pianiste de musique classique (elle a été récompensée pour un morceau de Haydn à Honolulu) et venait d'avoir 65 ans (le 15 décembre dernier).
Le 26 février 2025, ils ont été retrouvés sans vie chez eux, dans leur résidence de Santa Fe, la capitale du Nouveau-Mexique, qui compte un peu moins de 90 000 habitants. Les deux étaient dans un état de décomposition qui laissait comprendre qu'ils étaient morts depuis plusieurs jours. Betsy était dans la salle de bains avec des pilules éparpillées autour d'elle, Gene était dans l'entrée de la maison. De plus, un de leurs trois chiens a aussi été retrouvé mort couché dans une caisse, près de Betsy. Aucune trace d'effraction n'a été décelée (la porte d'entrée était restée ouverte) ni aucune blessure ou traumatisme sur les corps. Aucun vol n'a semblé avoir été commis. Une rapide analyse a rapidement écarté l'intoxication, volontaire ou involontaire, au monoxyde de carbone, et donc, l'hypothèse d'un double suicide.
Ce mystère de cette double, voire triple mort a entraîné l'ouverture d'une enquête de police pour établir la cause des décès. Le lieutenant Columbo n'a pas pu être missionné pour cette enquête car lui-même était parti depuis longtemps (il y a plus de treize ans) et de toute façon, il n'aurait pas pu mener l'enquête car il était touché de la même maladie que son collègue Gene Hackman.
C'est le vendredi 7 mars 2025 que les conclusions de l'enquête ont été publiées, ce qui est assez rapide. La conclusion, c'est que les deux conjoints sont morts chacun d'une mort naturelle. Ce qui pourrait paraître très étrange, car c'était comme la succession de plusieurs événements peu probables simultanément, un peu comme dans l'histoire de la chauve-souris racontée par Jean-Marie Bigard.
Betsy Arakawa est morte d'une infection respiratoire dont la cause est la contamination d'un orthohantavirus, transmis par un rongeur (souris, etc.), virus qui circule actuellement dans cette partie des États-Unis. La maladie ne se transmet pas d'homme à homme. Les pilules qui était dispersées autour d'elle étaient un médicament pour la thyroïde qui était sans lien avec sa mort. La dernière fois qu'elle a été vue par des caméras de vidéoprotection était le 11 février 2025, date probable de son décès (au-delà de laquelle elle n'a plus répondu à ses emails). « L’hantavirus se présente comme une maladie pseudo-grippale, avec des symptômes tels que fièvre, douleurs musculaires, toux, parfois vomissements et diarrhée, qui peuvent évoluer vers l’essoufflement et l’insuffisance cardiaque ou pulmonaire. La maladie se produit après une exposition d’une à huit semaines aux excréments d’une espèce particulière de souris porteuse de l’hantavirus ». La maladie serait mortelle dans 50% des cas.
Quant à Gene Hackman, on a pu déterminer la date probable de son décès au 18 février 2025, par l'arrêt tracé de son pacemaker. Il est mort d'une « maladie cardiovasculaire hypertensive et athérosclérotique ». Par ailleurs, il présentait « une forme avancée de la maladie d'Alzheimer », ce qui a été « un facteur contributif significatif » à sa mort, selon Heather Jarrell, la médecin légiste en chef du Nouveau-Mexique. L'acteur n'a probablement pas eu conscience de la mort de son épouse.
Il n'y a donc plus de mystère, même si on peut se demander comment un couple a pu rester sans vie aussi longtemps. C'est finalement un problème récurrent pour le très grand âge. Les enfants doivent veiller à la fois à laisser vivre en toute autonomie leurs parents quand c'est possible, mais aussi à vérifier qu'il n'y a pas eu de pépin qui les mettrait en danger (une mauvaise chute, etc.). Or, à deux, c'est en principe plus facile d'éviter ce problème puisque les deux ont peu de chances d'avoir en même temps des pépins et donc l'un pourrait prévenir les secours pour l'autre. C'est pourtant ce qui s'est passé pour Gene et Betsy, en sachant que l'un avait la maladie d'Alzheimer, c'est comme s'il n'existait plus pour faire l'alerte le cas échéant.
Cela signifie aussi que pendant quinze jours, le couple n'a reçu aucune visite ni de la famille ou amis, ni d'un personnel de service (livreur, soignant, aide ménagère, etc.), ni aucun coup de fil. Mais cela n'aurait probablement rien changé si on les avait découverts plus tôt. On ne bouleverse pas toujours les destins, même avec un "Retour sur le futur".
Le chanteur français Herbert Léonard est mort ce dimanche 2 mars 2025 des suites d'un cancer du poumon. Il venait d'atteindre 80 ans le 25 février 2025.
Pour le Plaisir - Herbert Léonard
Auteurs / Compositeurs : Buggy - Carmone / Lepers
Réalisateur clip : G. Barrier
Année de réalisation : 1981
Paroles :
Sans en attendre rien mais pour le plaisir
Regarder une fille dans la rue et se dire "Qu'elle est belle"
Sans même aller plus loin, mais pour le plaisir
En passant simplement lui sourire
Pour le plaisir, prendre le temps de temps en temps
De refaire d'un homme un enfant et s'éblouir
Pour le plaisir, s'offrir ce qui n'a pas de prix
Un peu de rêve à notre vie et faire plaisir pour le plaisir.
Ne plus courber le dos même pour réussir
Préférer être bien dans sa peau que sourire sur commande
Avoir, pendant des mois, trimé comme un fou
Et un soir tout claquer d'un seul coup...
Pour le plaisir ne plus courir, ne plus compter
Prendre la vie du bon côté, sans réfléchir, pour le plaisir
(Solo)
Pour le plaisir, on peut aussi tout foutre en l'air
Faire souffrir comme on a souffert et revenir
Pour le plaisir, oublier qu'on a dit un jour
Ca sert à rien les mots d'amour et te les dire pour le plaisir.
SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20250302-herbert-leonard.html
« Le Conseil d’État juge que l’Arcom n’a pas commis d’illégalité dans son analyse qui l’a amenée à écarter C8 et NRJ 12, aussi bien dans l’appréciation qu’elle a portée sur chacun des dossiers que dans la comparaison de leurs mérites. » (Communiqué du Conseil d'État, le 19 février 2025).
Le 24 juillet 2024, l'Arcom a annoncé la fin d'émission de deux chaînes TNT qui devaient être renouvelées, C8 et NRJ 12, prévue pour le vendredi 28 février 2025 à minuit. Si peu de monde, à part son propriétaire, le groupe NRJ, ne semble s'apitoyer sur le sort de NRJ12, en raison de la nature de la chaîne qui ne diffusait que des œuvres (séries, films, documentaires) qui n'avaient aucun caractère d'inédit, le sort de C8 a en revanche provoqué réactions et polémiques, en particulier sur le thème de la liberté d'expression.
La chaîne C8 a été créée par le groupe Bolloré et Philippe Labro sous le nom de Direct 8 le 31 mars 2005. Elle se voulait une chaîne d'information générale et aussi de diffusion culturelle classique, comme TF1, France 2 et M6. Elle a été rachetée par le groupe Canal+ le 27 septembre 2012 et a changé son nom en D8 le 7 octobre 2012. Et à partir du 8 octobre 2012, l'émission vedette "Touche pas à mon poste !" (TPMP), créée, animée et produite par Cyril Hanouna (le producteur est H2O Productions, société créée en 2010 par Cyril Hanouna et Yannick Bolloré, un des fils de Vincent Bolloré), et qui était diffusée auparavant par une chaîne de la télévision publique, à savoir France 4. Le 5 septembre 2016, le nom de D8 est transformé en C8, selon le souhait du président du conseil de surveillance du groupe Canal+ Vincent Bolloré, afin d'harmoniser les noms (C+, C8, CNews, CStar, etc.). En 2016, le groupe Bolloré avait pris le contrôle du groupe Canal+, filiale de Vivendi, en devant le premier actionnaire de Vivendi.
Rappelons d'abord ce qu'est l'Arcom, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle. Elle a été créée le 1er janvier 2022 par la fusion du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) et la HADOPI (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et protection des droits sur Internet). En d'autres termes, elle est le régulateur des émissions à la fois par ondes hertziennes (depuis 1982 avec la Haute Autorité de l'audiovisuel, suivie par la CNCL puis le CSA) et sur Internet (HADOPI).
La TNT (télévision numérique terrestre) a permis d'augmenter le nombre de chaînes de télévision gratuites. L'attribution des chaînes TNT a donc été faite par le régulateur après un appel d'offre et un choix sur critères précis. Cette attribution était pour une durée donnée. La concession devait donc être renouvelée pour le 1er mars 2025. Les autorisations de diffusion par voie hertzienne de quinze services de télévision arrivaient à échéance en début 2025. L'appel aux candidature a été lancée le 28 février 2024.
Les représentants de C8 ont été auditionnés par l'Arcom le 9 juillet 2024 à 10 heures 45 pour la poursuive de l'autorisation d'émettre de la chaîne C8 (on peut écouter l'audition en fin d'article). Comme dit en introduction, l'Arcom a annoncé le non-renouvellement de l'autorisation d'émettre de C8 et de NRJ12 le 24 juillet 2024 (au profit de deux autres projets). Le groupe Canal+ a, par réaction, annoncé le 5 décembre 2024 le retrait de la candidature de ses chaînes payantes de l'offre TNT, libérant ainsi quatre autres canaux qui feront peut-être l'objet d'un nouvel appel d'offre cette année : « L’Arcom a pris acte de la décision du groupe Canal+ de ne pas donner suite à la candidature de ses chaînes payantes présélectionnées au terme des auditions publiques de juillet dernier. Elle a considéré que cette décision n’était pas de nature à remettre en cause le nombre de services autorisés à émettre gratuitement sur la TNT dans le cadre de la procédure d’attribution des fréquences, compte tenu de la nécessité de garantir le financement pérenne des services dans le contexte d’un marché publicitaire en érosion et dont les perspectives sont en décroissance. » (12 décembre 2024).
En effet, le 24 juillet 2024, l'Arcom a rendu public la présélection de quinze chaînes candidates sur les vingt-cinq dossiers de candidatures déclarées recevables (dont une qui s'est désistée), dont les représentants ont été auditionnés entre le 8 et le 17 juillet 2024. J'imagine qu'il s'agit d'une présélection dans l'attente de la rédaction formelle des conventions qui vont lier ces dites chaînes et l'Arcom (conventions en date du 10 décembre 2024). La décision de confirmer les onze candidatures retenues (quinze présélectionnées moins les quatre chaînes payantes du groupe Canal+ qui se sont retirées entre-temps) a été formellement prise lors de sa délibération du 11 décembre 2024 et annoncée le 12 décembre 2024 par un communiqué de presse. Ces autorisations sont valables jusqu'en 2035 (dix ans est juridiquement la durée maximale ; et le tacite renouvellement ne peut se prolonger au-delà de vingt ans sans nouvel appel aux candidatures). Dans son communiqué du 12 décembre 2024, l'Arcom a précisé : « Les candidats non retenus se verront notifier les rejets motivés dans les prochains jours. ». C8 a dû recevoir sa notification officielle le 16 décembre 2024.
La décision de l'Arcom s'est basée sur la loi n°86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (dite loi Léotard), et en particulier sur les critères mentionnés à ses articles 29, 30 et 30-1, « en appréciant notamment l'intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme des courants d'expression socio-culturels ».
Le 6 juin 2025 aura lieu une réaffectation des numéro de canaux pour les télévisions TNT, dans un ordre un peu plus logique, ainsi le canal 4 sera affecté à France 4 au lieu de 14, le canal 8 aux chaînes parlementaires (LCP et Public Sénat) au lieu de 13, Gulli le canal 12, et les quatre chaînes d'information continue (BFMTV, CNews, LCI et franceinfo) seront "voisines de canal", du 13 au 16, ce que demandaient depuis longtemps LCI et franceinfo actuellement dans des canaux "lointains", 26 et 27, au nom d'une concurrence non-déloyale.
Parmi les recours de C8 (je n'évoque pas NRJ 12) contre la décision de l'Arcom, le plus important (sur le fond) a été rejeté par le Conseil d'État très récemment, le 19 février 2025, ce qui a permis d'en apprendre un peu plus sur les raisons qui ont conduit au choix de l'Arcom. Il faut rappeler que les motivations de la décision de l'Arcom ont été notifiées aux chaînes concernées (en l'occurrence C8) mais n'avaient pas été rendues publiques.
Avant de reprendre l'arrêt du Conseil d'État, je propose les premiers commentaires suivants.
D'une part, il est toujours triste qu'une chaîne de télévision cesse d'émettre. Aussi nulle soit-elle, cela reste triste. On peut se rappeler l'arrêt d'émission de la chaîne musicale TV6 (le 28 février 1987 après seulement un an d'existence) et la fin de La Cinq, chaîne particulièrement nulle, mais qui pouvait quand même avoir sa place (fin d'émission le 12 avril 1992 à la suite de sa faillite après six ans d'existence). Si on devait arrêter tout ce qui était nul, on n'aurait plus beaucoup d'offre de culture et de divertissement ! En sachant d'ailleurs surtout que le "nul" a une définition sans doute aussi multiple que le nombre de téléspectateurs. Il en est de même lorsqu'un journal meurt, une radio meurt, un site Internet meurt, etc.
Cela dit, la vie est faite de mort. Phrase pompeusement philosophique mais réaliste : comme les êtres, comme les entreprises, comme les emplois, tout meurt. Ce qui est important, c'est de savoir si l'environnement permet également des naissances, de la nouveauté, de l'innovation. De nouveaux emplois, de nouvelles entreprises, de nouvelles chaînes. Ce sera le défi des deux projets de nouvelles chaînes choisis par l'Arcom sur lesquelles je ne m'appesantirai pas ici (Ouest-France et CEMI France).
En particulier, je conçois que ce soit une catastrophe sociale de ne plus pouvoir émettre : 250 personnes auraient été licenciées depuis l'annonce du non-renouvellement de l'autorisation d'émettre de C8. Il faut ajouter que l'émission phare TPMP faisait vivre environ 450 personnes. Au-delà de cette émission phare, il faut aussi citer d'autres émissions, en particulier une émission sur l'adoption des animaux en association avec la SPA, qui seront donc impactées par l'extinction de C8.
D'autre part, on m'a toujours appris que la liberté ne se concevait qu'avec la responsabilité. Tout parent l'apprend pour l'éducation de ses enfants : la liberté totale et sans responsabilité est généralement la cause de graves insécurités.
Pourquoi je parle de liberté ? Parce que bien sûr, les promoteurs de C8 ne cessent d'évoquer une "censure" et un coup contre la "liberté d'expression". Le fait que de nombreuses personnes puissent de nombreuses fois sur de nombreux supports (écrits, radiodiffusés, télévisés, sur Internet) le dire met un bémol sur l'atteinte réelle à la liberté de leur expression, en tout cas !
La régulation, c'est toujours la protection des plus faibles. Sans régulation, c'est la loi du plus fort qui dominerait, la loi de la jungle. Mais dans notre cas ici, c'est assez simple : il y avait, dans l'appel aux candidatures, une quinzaine de places renouvelables pour la TNT, et il y a plus de candidats. Donc, il faut que l'État puisse choisir, ou, du moins, un acteur public, c'est-à-dire une autorité indépendante qui ne soit pas politisée, pas politique, afin d'éviter justement ce risque de censure et d'atteinte à la liberté d'expression. Car, et j'insiste, l'Arcom n'est pas le gouvernement (qui a bien autre chose à penser en ce moment, surtout depuis juillet 2024 !).
On pourra toujours débattre sur le mode de désignation des membres de l'Arcom. Ce que je constate, c'est que la présentatrice de l'une des émissions phares de CNews, issue du groupe Bolloré comme C8, depuis 2019, le soir en semaine (avec, au début, pour chroniqueur vedette Éric Zemmour), c'est la journaliste Christine Kelly qui a été membre du CSA de 2009 à 2015 (benjamine de l'instance de régulation et première membre issue des Outre-mer). Ce qui n'empêcha pas non plus l'Arcom de sanctionner le 17 janvier 2024 la chaîne CNews pour cette même émission pour son numéro du 26 septembre 2022 en raison d'un manquement à l'obligation d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information.
Le choix rendu à la suite de l'appel d'offre pour les autorisations d'émettre sur la TNT relève donc d'une analyse objective des réponses à la suite d'un cahier des charges précis, en particulier, d'obligations auxquelles s'engagent les chaînes retenues.
Venons-en donc aux motivations affichées. On les retrouve dans la décision n°499823 du Conseil d'État rendu le 19 février 2025, réponse au recours sur le fond fait par C8.
Le Conseil d'État a d'abord rappelé la procédure : « La loi de 1986 relative à la liberté de communication prévoit que les fréquences TNT, qui sont un bien public et en nombre limité, sont attribuées après une étude d’impact et une consultation publique, suivies d’un appel à candidatures. La loi prévoit que lorsqu’une fréquence de TNT est attribuée à l’issue de cette procédure, elle ne peut être reconduite au-delà d’une durée de 20 ans sans nouvel appel à candidatures, afin d’assurer la concurrence et le pluralisme. ».
Il a ensuite exclu toute illégalité dans la décision de l'Arcom du 11 décembre 2024 : « Le Conseil d’État estime que l’Arcom n’a pas commis d’illégalité dans l’appréciation qu’elle a faite des différents projets retenus par rapport à ceux qu’elle a écartés et dans l’application des critères posés par les articles 29 et 30-1 de la loi du 30 septembre 1986. Elle s’est prononcée, ainsi que la loi l’impose, sur l’ensemble des candidatures dont elle était saisie dans le but d’assurer sur la TNT une diversité de programmes et de contenus. ».
Et voici les motivations d'exclusion de C8 par l'Arcom tel que le Conseil d'État l'a analysé : « S’agissant de C8, qui bénéficie d’une part d’audience élevée sur la TNT, hors les chaînes historiques de la télévision hertzienne, et dont l’Arcom a relevé qu’elle propose un volume important de programmes inédits et en direct, mais que ces programmes sont peu diversifiés au regard d’offres plus variées et renouvelées de ses concurrents, le Conseil d’État estime que le régulateur était juridiquement fondé à prendre en compte les manquements réitérés commis par la chaîne au cours des dernières années à ses obligations légales et conventionnelles, notamment en matière de respect des droits de la personne, de protection des mineurs et de maîtrise de l’antenne. Ces manquements sont de nature à jeter un doute sur sa capacité à tenir ses engagements. Enfin, la chaîne n’ayant, depuis sa création il y a vingt ans, jamais atteint l’équilibre financier, le plan de croissance figurant dans son dossier de candidature contraste avec ses résultats et les perspectives d’évolution du marché publicitaire. ».
On peut donc retenir trois motivations principales pour ne pas renouveler C8.
La première, c'est le manque d'originalité et de diversité dans la programmation des fictions (évaluée à 1 700 heures par an), essentiellement de la rediffusion de séries précédemment diffusées par d'autres chaînes.
La deuxième, ce sont les nombreux manquements à la convention qui liait C8 à l'autorité de régulation, pratiquement tous provenant de l'émission TPMP, ce qui a conduit la chaîne à être sanctionné par une amende cumulée de 7,6 millions d'euros sur les huit dernières années, un record en terme de dérapages à la télévision (au moins neuf sanctions de l'Autorité de régulation, CSA puis Arcom). L'organisation de la chaîne n'a jamais évolué pour que cessent les comportements fautifs malgré les rappels à l'ordre de l'Arcom adressés à la chaîne concernant, entre autres, ses obligations sur le pluralisme de l’information, la maîtrise de l’antenne, la publicité, et la diffusion. L'Arcom avait proposé à C8 d'abandonner la diffusion en direct de TPMP afin d'éviter les dérapages les plus grossiers, mais, malgré son annonce, cela n'a pas été fait.
La troisième motivation, enfin, c'est l'absence d'équilibre financier. En vingt ans, la chaîne n'a jamais enregistré de bénéfices et ses pertes cumulées depuis 2005 s'élèveraient à 736 millions d'euros. La Cinq avait été arrêtée justement par ses pertes financières. C8, c'est un peu différent, car elle fait partie d'un groupe géant qui lui assurait un financement même en l'absence de rentabilité (ce qui en dirait long sur l'objectif du groupe Bolloré avec cette chaîne déficitaire si on cherchait à comprendre).
Je reprends plus explicitement quelques considérations de la décision du Conseil d'État.
La n°39 : « Il ressort des pièces des dossiers que la société C8 a fait l'objet de nombreuses sanctions financières, mises en demeure et mises en garde de la part de l'Arcom pour des manquements, au cours des dernières années, à ses obligations légales et conventionnelles, notamment en matière de respect des droits de la personne, de protection des mineurs et de maîtrise de l'antenne. En outre, si la société requérante se prévaut, dans son dossier de candidature, d'un nouveau dispositif de maîtrise de l'antenne, mis en place en octobre 2023, il ressort des pièces des dossiers, ainsi que l'a relevé l'Arcom, que ces procédures n'ont pas empêché le constat, par l'Autorité, de nouveaux manquements postérieurement à leur mise en œuvre. Enfin, si les représentants de la chaîne ont annoncé, lors de leur audition, la mise en place d'un différé dans la diffusion d'une partie de ses programmes pour renforcer son dispositif de maîtrise de l'antenne dès septembre 2024, il ressort des pièces du dossier que cette mesure, qui n'a, au demeurant, pas été mise en œuvre, présente un caractère trop imprécis pour être regardée comme de nature à remédier aux carences relevées. Contrairement à ce que soutient la société C8, l'Arcom a pu légalement tenir compte de ces considérations pour apprécier, au regard des critères prévus aux articles 29 et 30-1 de la loi du 30 septembre 1986, l'intérêt du projet de C8, notamment s'agissant de la capacité de la chaîne à respecter ses obligations légales si son autorisation venait à être renouvelée. ».
Cette 39e considération de la décision du Conseil d'État explique certainement la principale motivation de l'Arcom à ne pas renouveler C8, et cela n'a rien à voir avec une censure ou une atteinte à la liberté d'expression, mais au fait répétitif et systématique que la chaîne C8 refuse de respecter son cahier des charges et les recommandations de l'autorité de régulation.
La n°40 : « Il ressort des pièces des dossiers que la société C8 a, depuis sa création, enregistré un déficit chronique et significatif et que les prévisions du plan d'affaires figurant au dossier de candidature contrastent avec les perspectives d'évolution du marché publicitaire. ».
Enfin, la n°41 qui analyse la comparaison entre les chaînes retenues et les deux rejetées : « Au vu de l'ensemble des caractéristiques des projets qui lui ont été présentés et compte tenu des différents impératifs et critères énoncés par la loi, l'Arcom a pu légalement estimer que les candidatures de C8 et NRJ 12 étaient moins à même que les onze projets qu'elle a retenus, notamment ceux des chaînes CMI TV, OFTV, TFX, TMC et W9, seuls contestés par les sociétés requérantes, de contribuer au pluralisme des courants d'expression socio-culturels et de répondre à l'intérêt du public. Il ne ressort pas, en outre, des pièces des dossiers que l'Arcom, qui n'était pas tenue de motiver son refus au regard de l'ensemble des critères rappelés aux points 28 et 29 ni de consulter préalablement l'Autorité de la concurrence, aurait inexactement apprécié les conséquences que le non-renouvellement des autorisations de NRJ 12 et de C8 serait susceptible d'entraîner sur l'équilibre concurrentiel de la TNT gratuite ni qu'elle aurait insuffisamment tenu compte de l'expérience des deux sociétés, de l'amortissement du coût des investissements réalisés par elles ou de leurs engagements en matière de production et de diffusion d'œuvres françaises et européennes. ».
Toutefois, C8 garde encore une toute petite chance de survivre sur la TNT. La considération n°27 explique ceci : « Il incombe toutefois à l'Autorité de mener sans délai une nouvelle consultation publique et une nouvelle étude d'impact dans les conditions prévues à l'article 31 afin de décider si la situation économique du secteur est favorable au lancement d'un appel à candidatures pour les quatre autorisations n'ayant pas été attribuées ou s'il convient, au contraire, de le différer de deux ans, renouvelables une fois, à compter de l'échéance des autorisations actuelles concernées. ».
En effet, en raison de la libération des quatre canaux TNT des chaînes payantes du groupe Canal+, si une étude d'impact concluait qu'il pourrait y avoir encore de la place sur le marché publicitaire pour d'autres chaînes gratuites, C8 pourrait de nouveau se porter candidate et peut-être être choisie pour l'un de ces canaux. C'est en tout cas ce que souhaitaient les dirigeants de cette chaîne dans le huitième point de leur requête n°500009 du 24 décembre 2024 au Conseil d'État : « C8 demande au Conseil d'État d'enjoindre à l'Arcom de réexaminer la candidature de C8 et de l'admettre à négocier une convention ou, subsidiairement, de relancer un appel à candidatures pour l'attribution des fréquences correspondant aux autorisations annulées. ».
Voilà, j'ai donné le maximum d'indications factuelles sur le rejet du renouvellement de l'autorisation d'émettre de la chaîne C8 par l'Arcom. Considérer que c'est une question de liberté d'expression, c'est refuser de comprendre le droit. Les règles sont les mêmes pour tous, et le renouvellement d'un canal TNT à C8 aurait certainement provoqué également des recours par les candidats qui n'auraient pas été choisis. Parler de censure, c'est oublier que l'Arcom a renouvelé l'autorisation d'émettre de la chaîne CNews pourtant issue du même groupe que C8. Où est donc la censure ? Lorsque un acteur est sanctionné autant de fois, parfois en pénal, faut-il encore lui faire confiance ? Je pose la question et ceux qui y répondent simplement parce qu'ils soutiennent la liberté d'expression oublient qu'en France, fort heureusement, nous sommes dans un État de droit et que c'est le droit qui doit réglementer l'organisation de notre société. La liberté ne peut s'entendre que si un cadre protège également le éventuelles victimes de cette liberté, cela a toujours été la doctrine de la République française depuis le début de la Troisième République. Quant à C8, au pire, personne ne l'empêche de continuer à émettre sous d'autres formes, d'autres supports, notamment sur Internet. Cela ne l'exonérera pas de respecter les lois et la réglementation de la République, notamment sur l'insulte, la diffamation et la dignité humaine.
« Je s'rai jamais Président de la République
Vous les petits malins vous êtes bien sympathiques
Mais ne comptez pas sur moi pour faire de la politique
Pas besoin d'être Président, pour aimer les enfants »
(1980).
Le chanteur français Gérard Lenorman fête ses 80 ans ce dimanche 9 février 2025, 80 ans ! L'homme ne les fait pas et ses chansons encore moins. On l'imagine toujours avec un brin d'herbe entre les dents, ses longs cheveux et une gueule d'ange. Mais la jeunesse n'a qu'un temps. Il n'a pas changé, sauf ses cheveux blancs.
Avec sa voix assez particulière, un peu voilée, Gérard Lenorman est un auteur compositeur interprète un peu hors-normes. Il n'est pas très présent dans l'espace médiatique depuis les années 1980, et pourtant, il ne cesse de vendre des disques, et surtout, il ne cesse de faire des concerts à travers la France, encore en novembre 2022.
Gérard Lenorman a enregistré plus de 500 titres, et a vendu plus de 30 millions de disques en plus de cinquante ans de carrière : « J’ai eu la chance d’écrire ou de chanter de gros succès, mais on n’y peut rien, c’est le public qui décide. », a-t-il affirmé à "Vosges Matin" le 6 mai 2012. Mais il a dit aussi : « Je n’ai pas le bonheur facile, j’ai du mal, mais ça va venir, je me battrai pour connaître la saveur du bonheur. En tout cas, j’ai toujours aimé partager la bonne humeur, les belles histoires, toucher les gens avec de vrais sentiments. ».
Il a commencé en 1968, alors tout timide jeune homme. Il est toujours aussi timide, mais sa notoriété et son succès lui ont donné un peu de confiance en lui, forcément ! Il a écrit des chansons pour d'autres stars, et par commencer pour Brigitte Bardot puis il est parti en tournée avec Sylvie Vartan en 1969 : sa carrière était lancée, comme on dit.
Il a chanté pas mal de chansons romantiques, de chansons d'amour, ou pour les enfants, des chansons heureuses, des chansons peut-être un peu candides. Quand on réécoute ses succès, on se transporte avec nostalgie dans les années 1970, des années que je n'apprécie pas vraiment (cols de chemise monstrueux, pantalons à pattes d'éph', coupes de cheveux horribles, mode de la couleur orange et du kaki, etc.), mais une période un peu plus facile qu'aujourd'hui, plus simple. Pour ceux déjà d'un certain âge, ces chansons leur offrent aussi un retour direct vers le passé. Un transport furtif, le temps d'une chanson.
La plus emblématique est sans doute "Si j'étais Président" qui est sortie peu avant l'élection présidentielle de 1981. Elle a eu un très grand succès. Gérard Lenorman se proposait de nommer Mickey à Matignon, avec Simpet à la Culture, Tintin à la Police, Picsou aux Finances, Zorro à la Justice, Minnie à la Danse, Tarzan à l'Écologie, Bécassine au Commerce, Maya à l'Industrie, Coluche à la Rigolade, etc. : « Et les jours de conseil, on irait en pique-nique / On f'rait des trucs marrants, si j'étais Président ».
Parmi les chansons les plus populaires, on peut citer aussi "Voici les clefs" (1976), reprise d'un tube italien, "Michèle" (1976) et, avant elles, "La ballade des gens heureux" (1975). Gérard Lenorman a fait une carrière en dents de scie, mais il a toujours su capter un public très fidèle. Chose rare alors qu'il était déjà célèbre et reconnu, il a participé pour la France au concours d'Eurovision en 1988, pour un retour dans les médias, avec "Chanteur de charme" (1988).
Son dernier disque de nouveauté date d'il y a quelques années, sorti en 2021, son dix-huitième album studio, "Le goût du bonheur", cela faisait vingt ans qu'il n'avait pas sorti de nouveauté. En revanche, il avait sorti en 2011, sur l'insistance de sa maison d'édition, un disque où il a chanté ses chansons en duo avec d'autres artistes, ce qui n'était pas évident pour le solitaire qu'il était, en particulier avec Anggun (qui avait soutenu Serge Atlaoui), Maurane, Roch Voisine, Florent Pagny, etc.
Lorsqu'il a eu dans les 35 ans (vers 1980), Gérard Lenorman a découvert que son père (inconnu) était un soldat allemand qui était musicien, il l'a su par sa demi-sœur qu'il ne connaissait pas. Sa mère (qui l'a mis au monde à l'âge de 16 ans) ne l'a jamais vraiment aimé et il a même vécu des périodes de son enfance dans un orphelinat. Il a été un garçon solitaire qui ne savait pas se faire des amis : « Il n'y a pas de musique chez nous, elle est contre. Elle est contre tout ce qui me concerne, d'ailleurs. Je suis son problème. Dans le fond, je suis un enfant encombrant, si l'on peut dire. Mais je vis avec. On s'y fait, on n'en meurt pas ! Déjà, je chante tout le temps des chansons de Line Renaud, d'Henri Salvador. Mon premier public a été ma grand-mère quand je vais chez elle à Turqueville dans la Manche. », a-t-il confié à "Gala" en octobre 2021.
Gérard Lenorman a découvert ce père inconnu la veille d'un voyage à Berlin où il avait un concert. Dans l'avion, il a écrit une nouvelle chanson "Warum mein Vater ?" [Pourquoi mon père ?]... mais il n'a pas cherché à le rencontrer lorsqu'il était en Allemagne. Acte manqué ?
Lors de son premier voyage en voiture à 18 ans, au volant d'une vieille R4 qu'il venait d'acheter, entre l'Auvergne et la Normandie (où il rejoignait sa grand-mère), il s'est endormi au volant et a percuté un camion en pleine face. Il en a été miraculeusement rescapé mais a été immobilisé une année pour tout réparer avec un chirurgien qui a fait des merveilles.
Selon "France Dimanche" du 11 juin 2022, le chanteur serait atteint d'une maladie, mais cela ne l'empêcherait pas, pour l'instant, d'organiser des concerts et de chanter à guichet fermé. Gérard Lenorman a répondu à ce périodique le 1er février 2023 en déclarant qu'il était « en pleine forme » dans un corps de « jeune homme » et qu'il se soignait par des randonnées en montagne.
Et il y a exactement un an, pour son 79e anniversaire, il remerciait ses fans sur Instagram : « Le temps a filé si vite en moments forts, des hauts, des bas, mais surtout des moments heureux ! Toujours porté par votre amour, votre présence à mes cotés et votre fidélité, me voilà à 79 ans rempli de joie, de force et d'envie… Merci. ». Et sur Facebook : « Mille mercis pour tous vos messages pour mon anniversaire reçus par courrier, FB, Instagram et TikTok pour mes 79 ans. À très vite pour de nouvelles aventures en chansons, en complicité et sincérité. ». Bonne année de plus !
1. "La ballade des gens heureux" (1975)
2. "Gentil dauphin triste" (1976)
3. "Voici les clefs" (1976)
4. "Michèle" (1976)
5. "Si j'étais Président" (1980)
6. "La gadoue" (1980)
7. "Warum mein Vater" (1981)
8. "Chanteur de charme" (1988)
9. "Le goût du bonheur" (2021)
10. "On n'est pas couché" le 19 avril 2008 sur France 2