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16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 18:15

« L’équipe est au complet. Avec eux, et pour vous, chacun des 600 prochains jours devra être utile au pays et à la hauteur de ses défis. C’est au plus près des Français que nous leur trouverons des solutions : nous irons à votre rencontre, partout sur le territoire. » (Jean Castex, Twitter le 26 juillet 2020).



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On aurait voulu la faire plus discrète, on n’aurait pas pu : le dimanche soir, en fin juillet, en plein été, dans la torpeur du soleil qui se couche. La nomination des onze secrétaire d’État a eu lieu ce dimanche 26 juillet 2020. Elle était attendue depuis la nomination du gouvernement de Jean Castex le 6 juillet 2020. Pourquoi autant de temps entre les deux ? On a dit que Jean Castex voulait attendre son vote de confiance pour être sûr que tous les députés de la majorité la votent et leur laisser l’improbable espoir d’une nomination au gouvernement.

La nouvelle équipe se réunira au complet à l’Élysée au prochain conseil des ministres du 29 juillet 2020 à 10 heures, avec les distances de sécurité. Seuls, ensuite, les ministres pleins assisteront à tous les conseils des ministres, et les "sous-ministres" n’y participeront que lorsqu’ils auront une communication à y faire. Gouvernement pléthorique plus que resserré : avec seize ministres, quatorze ministres délégués et douze secrétaires d’État, il y a donc quarante-trois membres du gouvernement, ce qui est beaucoup, frôlant le record du gouvernement de Michel Rocard. Point positif (à mon sens), pour la première fois de l’histoire politique, il y a un peu plus de femmes que d’hommes dans le gouvernement français.

On peut lire le décret présidentiel ici pour avoir le détail de la totalité des nouveaux membres du gouvernement. Six nouveaux membres du gouvernement ont été nommés le 26 juillet 2020, cinq députés et un membre du cabinet présidentiel. Quant à ceux qui sortent, ils sont seulement quatre secrétaires d’État (dont Sibeth Ndiaye, chargée maintenant à LREM de dénicher de nouveaux talents pour l’avenir…).

Je propose ici de saluer l’arrivée de deux nouvelles secrétaires d’État, Sarah El Haïry et Olivia Grégoire, deux jeunes députées énergiques et combattives, et je regrette le départ de deux secrétaires d’État sortantes du gouvernement précédent dirigé par Édouard Philippe, qui n’avaient pas démérité, à savoir Brune Poirson et Christelle Dubos.


Brune Poirson (37 ans)

À 37 ans, Brune Poirson a déjà un long parcours tant dans la vie professionnelle que dans la vie politique. Née à Washington et franco-américaine, diplômée notamment de l’IEP d’Aix-en-Provence et de Harvard, elle a eu l’occasion de travailler à l’étranger à de nombreuses reprises, et s’est intéressée au développement durable. Elle a participé notamment à des projets en Inde et à Boston. Soutenant la campagne présidentielle du futur Président Emmanuel Macron, elle fut recommandée par Hubert Védrine auprès de Jean-Paul Delevoye pour obtenir l’investiture LREM aux élections législatives.

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Élue députée du Vaucluse d’où sa famille est originaire le 18 juin 2017 (dans la circonscription de Marion Maréchal, elle a battu un candidat du FN avec 50,7% des voix), elle fut nommée dans la foulée, le 21 juin 2017, Secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire jusqu’au 3 juillet 2020, auprès des ministres Nicolas Hulot, François de Rugy puis Élisabeth Borne, plus particulièrement chargée de la biodiversité, de la mer et des océans, ainsi que de la plupart des projets européens.

Dans ses fonctions ministérielles, Brune Poirson s’est particulièrement préoccupée du projet de loi contre le gaspillage, qui est devenue la loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Cette loi a pour objectif de réduire l’obsolescence des biens de consommation, prolonger la vie des produits, réduire les emballages, pour protéger le consommateur et responsabiliser le producteur, améliorer le tri des déchets et leur recyclage. Un titre est consacré à la lutte contre les dépôts sauvages.

Elle a fait partie des membres du gouvernement qui ont souvent bataillé au Parlement, faisant preuve de combativité et de sens politique. Pour exemple, elle n’a pas hésité à polémiquer en répondant à deux questions d’opposants pour tourner en ridicule ses contradicteurs qui l’empêchaient de répondre. C’était une belle révélation du gouvernement, avec Julien Denormandie (aujourd’hui Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation), elle fait de la politique, arrive à suivre son fil malgré le brouhaha, etc.

Lors de la séance à l’Assemblée Nationale du 12 juin 2018, présidée par François de Rugy, elle déclarait effectivement, pantalon rose et veste noire : « Nous entendons donc trouver des solutions compatibles avec les règles du commerce mondial ! »

Puis elle s’est interrompue, sous les applaudissements des députés de la majorité et sous les huées des députés LR. Pas intimidée, elle ajouta : « Vous savez, mesdames et messieurs les députés de droite, je suis mère d’une petite fille de trois ans : sincèrement, vos réactions sont du même niveau que les siennes. C’est la réalité, vraiment ! Je doute, d’ailleurs, que vos électeurs soient très contents de vous voir vous comporter ainsi, désolée de le dire. Bref ! ». Remarque qui n’a fait qu’exacerber l’agitation des députés. Le champ parlementaire est un jeu de rôle et Bruce Poirson a su s’intégrer dans ce théâtre si particulier.

Un moment pressentie pour mener la liste LREM aux élections municipales à Avignon, Bruce Poirson fut élue vice-présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) le 20 mars 2019 pour un mandat de deux ans. Exclue du nouveau gouvernement, elle retrouvera son siège de députée au mois d’août 2020.


Christelle Dubos (44 ans)

Spécialiste des affaires sociales à l’échelon communal et intercommunal, Christelle Dubos, à 44 ans, quitte le gouvernement après avoir été nommée Secrétaire d’État aux Solidarités et à la Santé du 16 octobre 2018 au 3 juillet 2020, auprès des ministres Agnès Buzyn puis Olivier Véran, chargée plus particulièrement des politiques sociales et familiales. De centre gauche, Christelle Dubos fut élue adjointe au maire de Sadirac, une commune de 4 000 habitants en Gironde, chargée des affaires sociales, du logement et des solidarités, de mars 2014 à juillet 2017.

Rejoignant la campagne d’Emmanuel Macron, elle fut investie par LREM et élue députée de Gironde le 18 juin 2017 avec 56,7% face à un candidat FI. À l’Assemblée Nationale, elle consacra son action au logement, à la cohésion des territoires et à l’insertion professionnelle. Elle a corapporté la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (dite loi ELAN), sur les parties logement et mixité sociale.

Au gouvernement, Christelle Dubos a été chargée d’organiser la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté proposée par Emmanuel Macron le 13 septembre 2018. Elle a aussi travaillé sur le service public de versement des pensions alimentaires en incluant les CAF comme intermédiaires entre conjoints, et a étudié la mise en place d’une refonte de toutes les aides sociales et d’un revenu universel d’activité. Elle a également mis en place de deux plans d’urgence d’aide alimentaire, un de 39 millions d’euros puis un autre de 55 millions d’euros pour soutenir les associations en pleine crise sanitaire.

Certains ont reproché sa trop grande rareté médiatique pendant la pandémie de covid-19, en particulier son absence de décision concernant les EHPAD qui relevaient de ses attributions, probable explication de son éviction du nouveau gouvernement.


Sarah El Haïry (31 ans)

Au contraire de Christelle Dubos, elle est très présente dans les médias. Beaucoup de gens ont pu voir Sarah El Haïry et sa combativité dans de nombreux débats télévisés, n’hésitant pas, sur les plateaux, non seulement à défendre la politique du gouvernement mais aussi, en même temps, à donner franchement ses points de vue, montrant ainsi une femme de caractère et une femme qui a une vision politique.

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C’est probablement l’une des meilleures nominations dans ce nouveau gouvernement. Nommée à 31 ans, le 26 juillet 2020, Secrétaire d’État auprès de Jean-Michel Blanquer, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry est montée très vite en responsabilité au sein du MoDem à Nantes où elle a été élue conseillère municipale le 28 juin 2020 (elle avait été numéro deux de la liste MoDem en mars 2014, mais ne fut pas élue à l’époque ; elle fut opposée à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes).

D’origine franco-marocaine, née à Romorantin-Lanthenay, ayant passé une partie de son enfance à Metz et à Casablanca, elle a fait ses études à Nantes puis a eu une expérience internationale, notamment au Canada. Représentante du MoDem, elle participa à la liste de Bruno Retailleau (sénateur LR) aux élections régionales de décembre 2015 pour les Pays de la Loire, et fut désignée présidente du MoDem de Loire-Atlantique à partir février 2016 (porte-parole nationale à partir de février 2018).

Investie par le MoDem et soutenue par LREM, Sarah El Haïry fut élue députée de Nantes le 18 juin 2017 avec 61,0% des voix contre le député socialiste sortant. Membre de la commission des finances, elle a rendu un rapport le 9 juin 220 au Premier Ministre Édouard Philippe sur la philanthropie à encourager en France.


Olivia Grégoire (41 ans)

Licence d’histoire à Nanterre, IEP Paris (communication) et master en marketing à l’ESSEC pour Olivia Grégoire qui a commencé sa carrière professionnelle dans une agence de publicité puis dans un grand groupe privé avant de créer son propre cabinet de consultante.

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Proche des idées libérales d’Alain Madelin, Olivia Grégoire a travaillé dans les cabinets du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2005 puis du Ministre de la Santé Xavier Bertrand e 2005 à 2007. Responsable des questions de santé pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, elle fut investie par LREM et fut élue députée dans la douzième circonscription de Paris, battant le 18 juin 2017 le député LR sortant Philippe Goujon avec 56,4% des voix.

Une fois élue députée, Olivia Grégoire a été très active, tant dans son travail de parlementaire (vice-présidente de la commission des finances, présidente de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi Pacte), que dans son influence politique au sein du groupe LREM dont elle fut la porte-parole. Elle a soutenu en septembre 2018 la candidature de Gilles Le Gendre à la présidence du groupe LREM, pour remplacer Richard Ferrand élu au perchoir, et elle aurait pu lui succéder en septembre 2020 si elle n’avait pas été nommée au gouvernement.

Elle a été aussi engagée pleinement dans la bataille des municipales à Paris, comme responsable de communication de Benjamin Griveaux qui a cependant été amené à démissionner quelques semaines avant les élections.

N’hésitant pas à nourrir la polémique, Olivia Grégoire était l’une des rares membres du groupe LREM à savoir ce qu’être député de la majorité, à savoir batailler contre l’opposition, répondre aux arguments, les combattre au besoin, multiplier les interventions dans les médias pour porter la parole gouvernementale. Bref, être un "second couteau" capable de soutenir le gouvernement lorsqu’il y a la tempête.

Nommée à 41 ans, le 26 juillet 2020, Secrétaire d’État auprès de Bruno Le Maire, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire a obtenu de façon méritée un strapontin ministériel sur un sujet qui lui tenait à cœur. Elle fait partie, avec Amélie de Montchalin, des "révélations" des députés LREM.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 juillet 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Secrétaires d’État du gouvernement Castex : des nouveaux et des partants.
Nomination des secrétaires d’État du gouvernement Castex I.
Gérald Darmanin, cible des hypocrisies ambiantes.
Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !
Discours du Premier Ministre Jean Castex le 16 juillet 2020 au Sénat (texte intégral).
Discours du Premier Ministre Jean Castex le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale (texte intégral).
La déclaration de politique générale de Jean Castex le 15 juillet 2020.
Interview du Président Emmanuel Macron le 14 juillet 2020 par Léa Salamé et Gilles Bouleau (retranscription intégrale).
Emmanuel Macron face aux passions tristes.
Gérald Darmanin, l'enfant terrible de la Macronie.
Composition du gouvernement Castex I.
Le gouvernement Castex I nommé le 6 juillet 2020.
Jean Castex, le Premier Ministre du déconfinement d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron devant la Convention citoyenne pour le climat le 29 juin 2020 à l’Élysée (texte intégral).
Après-covid-19 : écologie citoyenne, retraites, PMA, assurance-chômage ?
Édouard Philippe, le grand atout d’Emmanuel Macron.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Convention citoyenne pour le climat : le danger du tirage au sort.
Les vrais patriotes français sont fiers de leur pays, la France !
Le Sénat vote le principe de la PMA pour toutes.
Retraites : Discours de la non-méthode.
La réforme de l’assurance-chômage.
Emmanuel Macron explique sa transition écologique.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181016-christelle-dubos.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/07/28/38453062.html




 

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 04:27

« Je voudrais exprimer ma reconnaissance à la politique parce que je suis un militant, cette politique si décriée mais si indispensable à notre démocratie, qui mérite (…) du respect, de l’écoute, de la tolérance et de l’élégance, c’est ce que j’ai appris avec Michel Rocard. » (Manuel Valls, le 2 octobre 2018 à Paris).


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C’est probablement le rêve de beaucoup de monde : assister à son propre enterrement. Alors, lorsqu’en plus, on peut prononcer soi-même l’oraison funèbre, il y a forcément un petit côté joyeux dans la démarche. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est ce qu’il s’est passé dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale ce mardi 2 octobre 2018 dans l’après-midi, en pleine séance des questions au gouvernement. Pour Manuel Valls.

Depuis qu’il a annoncé le 25 septembre 2018 sa candidature à la mairie de Barcelone, l’ancien Premier Ministre français Manuel Valls a été sous le feu des critiques : abandon, trahison, reniement… La sincérité de son engagement politique, la réalité de son esprit républicain, l’amour de son appartenance à la nation française (il n’a été naturalisé qu’à l’âge de 20 ans, ce fut le premier et seul chef du gouvernement de la France à ne pas être né français), ses trente-cinq ans de vie politique ont été remis en cause.

Du coup, il avait besoin de s’expliquer, de rassurer, de refaire sa profession de foi, de dire seulement que ce serait un "challenge" personnel, sans précédent d’ailleurs, mais qui n’a aucune raison d’occulter ce qui a fait sa (déjà) longue vie politique en France. Il a ainsi fait le tour des médias, commençant par le journal de 20 heures le dimanche 30 septembre 2018 sur France 2, et en passant par la matinale de France Inter le mardi 2 octobre 2018 pour expliquer : « Le choix que je fais est aussi un choix de vie (…). Je n’ai pas l’impression de trahir ni d’abandonner quelque chose. Pour moi, Paris, Barcelone, c’est le même chemin : l’Europe (…). Là-bas se joue le destin de l’Europe. ». Et pour dire aussi : « Moi, je me suis toujours senti 100% français, 100% barcelonais, 100% européen aussi. », après avoir rappelé que Charles Aznavour était « 100% français et 100% arménien ».

Il a raison d’insister sur la multi-identité. Beaucoup pensent que les identités sont exclusives les unes par rapport aux autres. Pas du tout. Ce qui fait la force d’un humain, c’est sa complexité et ses nuances, c’est justement ne pas pouvoir le ranger dans une case ou de lui faire changer de cage, qui lui donne un caractère humain.

Les revendications identitaires sont toujours inquiétantes car elles caricaturent, simplifient, dénaturent l’humain dans son extrême richesse : on n’est pas qu’un sexe, on n’est pas qu’une orientation sexuelle, on n’est pas qu’un membre d’une communauté nationale, on n’est pas qu’un croyant ou non croyant, on n’est pas qu’une tendance politique, on n’est pas qu’un métier, on n’est pas qu’un salaire, on n’est pas qu’un parent ou pas parent, qu’un célibataire ou pas célibataire, qu’un malade ou pas malade, qu’une personne en situation de handicap ou sans handicap (et d’ailleurs, qu’est-ce que le handicap ? qu’est-ce que la "normalité" ?), etc.

Revenons à cette séance de questions au gouvernement (dont on peut lire la retranscription intégrale ici). L’affaire a été préparée avec perfection. Pour une fois, LREM allait honorer celui qui n’a jamais été qu’un membre apparenté au groupe LREM. Rappelons la situation de Manuel Valls en 2017. Avant le retrait de François Hollande, Manuel Valls, Premier Ministre ambitieux et autoritaire, faisait figure de candidat incontournable à l’élection présidentielle …de 2022 ! La défection présidentielle passée, Manuel Valls a dû se présenter à l’improviste à la primaire socialiste de janvier 2017. Son échec l’a rendu amer : non seulement parce qu’il a perdu, mais aussi parce que le gagnant, Benoît Hamon, n’a représenté qu’une tendance très minoritaire du Parti socialiste (au point de faire un score désastreux). Manuel Valls, qui avait pourtant promis, comme François de Rugy, de soutenir le candidat choisi par la primaire socialiste, décida in extremis de soutenir du bout des lèvres le candidat Emmanuel Macron. Il ne pouvait pas faire autrement, leur vision politique et économique était relativement proche.

Mais Emmanuel Macron n’a jamais aidé Manuel Valls. Ni aux législatives, le nouveau Président a juste empêché la présence d’un candidat LREM dans sa circonscription à Évry, qu’il a remportée avec seulement quelques voix d’avance, ni dans la formation du gouvernement, ni dans les différentes nominations. Manuel Valls s’est senti inutile, et au début de la législature, il n’était même pas inscrit à un groupe à l’Assemblée Nationale, ce qui pouvait rendre sa présence parlementaire difficile (sans moyens ni temps de parole). Ni le PS, ni LREM ne le voulaient…

Maintenant qu’il quitte l’Assemblée Nationale et même la vie politique française, il a droit à un hommage d’adieu. C’était justifié même si les députés issus de partis extrémistes ont violemment contesté la manière de faire, à savoir, profiter des questions au gouvernement pour faire une déclaration d’adieu, pour faire un exercice de communication politique.

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Ainsi, lorsque le Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand a annoncé le prochain orateur, Manuel Valls, les députés LREM se sont levés et l’ont applaudi, faisant une "standing ovation" (ovation debout) à celui qui, il y a encore deux ans, était probablement l’homme le plus puissant de France (et qui est devenu …"rien", selon la terminologie macronienne, ou "le dernier trou de la flûte", selon une expression entendue dans le film "Un peu, beaucoup, aveuglément" réalisé par Clovis Cornillac et sorti le 6 mai 2015). Grande émotion de Manuel Valls : il ne quittera pas la France sous les huées mais sous les hourras. C’était d’ailleurs le but, car à Barcelone, ses opposants avaient déjà un argumentaire bien rodé : Manuel Valls serait candidat à Barcelone car il serait rejeté en France. Non, ce n’est pas le cas. Heureusement. La politique et l’exercice démocratique demandent un minimum de respect.

Avant de lui passer la parole, Richard Ferrand, contrevenant à son devoir de réserve et de neutralité, y est allé avec son propre hommage : « Je ne veux voir dans votre démarche à Barcelone ni un départ, ni une rupture, mais un renouveau des engagements démocratiques et européens qui ont toujours été les vôtres. Le sens des responsabilités s’exporte, et je m’en réjouis car l’Europe se construit aussi par l’engagement partout en Europe des femmes et des hommes de notre pays. ».

Et d’évoquer ce qu’il restera de Manuel Valls dans les prochains livres d’histoire : « Je n’oublie pas (…) votre discours ici même, le 13 janvier 2015, au lendemain des attentats qui avaient ensanglanté la République. Ce discours est entré dans l’histoire des grands moments d’éloquence parlementaire et des instants graves et profonds d’unité et d’émotion nationales. ».

Richard Ferrand a fini par un "quitus" d’adieu : « Je sais que vous garderez toujours au cœur l’amour et les valeurs de la République française. ».

Puis, Manuel Valls a pris la parole. Contrairement à ce que voudrait l’exercice, il n’a pas posé de question. Il a seulement fait une déclaration politique, sa dernière intervention (et l’une des très rares depuis le début de la législature, pour ne pas dire l’unique) comme député de la République française. Il y a probablement une grande part de narcissisme dans cette intervention, mais après tout, pourquoi pas ? Manuel Valls n’est pas "n’importe qui", il a été pendant deux ans et demi Premier Ministre d’un grand pays, ce n’est pas "rien". Et il faut aussi savoir que souvent, les nouveaux députés font leur première intervention en séance publique à l’occasion des questions au gouvernement. Alors, pourquoi pas la dernière ? Et comme le but, c’était de faire la dernière intervention, pourquoi aller jusqu’à l’hypocrisie de poser une question alors que tout le monde aurait senti qu’elle ne serait qu’un prétexte ?

La reconnaissance de l’ancien militant rocardien d’origine catalane : « Alors que je m’apprête en effet à quitter l’Assemblée et la France pour un défi personnel, inédit, politique et profondément européen, je veux exprimer ma reconnaissance d’abord à mon pays, un pays unique qui donne la possibilité à quelqu’un né à l’étranger, qui a décidé d’être français à l’âge de 20 ans, de suivre un parcours politique, d’être maire, député, ministre et Premier Ministre de la République. ».

L’énumération de ses "reconnaissances" faisait un peu exercice de remerciements au Festival de Cannes, mais heureusement, les députés de l’opposition se sont donné à cœur joie pour éviter l’unanimisme et lui lancer quelques vacheries comme « 49-3 ! » (Adrien Quatennens), « Trahison ! » (Bruno Bilde), « On ne vous a pas vu depuis treize mois ! » (Éric Coquerel), « Et la question ? » (Sébastien Chenu), etc.

Manuel Valls n’a pas hésité à rappeler son profond engagement politique : « Je ne renoncerai jamais à défendre les valeurs de la République, la liberté, l’égalité, la fraternité, cette belle laïcité qui protège, ni à porter le message universel qu’est celui de la France depuis 1789. (…) Le Barcelonais, le Français, le Républicain, l’Européen est reconnaissant aux Français ; il ne vous oubliera jamais, jamais. Merci ! ».

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L’intervention n’a été que des propos sur ses "reconnaissances". Rien de plus. Le Premier Ministre Édouard Philippe, visiblement souriant et amusé à la fois par l’émotion de Manuel Valls et par les protestations sur certains bancs, s’est pris un petit plaisir à lui "répondre". Et hop ! Encore un hommage (deux pour le prix d’un). Bel enterrement !

Et c’est bien entendu en "collègue" Premier Ministre qu’Édouard Philippe a commencé : « Le pire des choses lorsqu’on a, ou lorsqu’on l’a eu, l’honneur de diriger un gouvernement est de susciter l’indifférence. Compte tenu de la chaleur des réactions, soit très dures, soit très élogieuses, soit très respectueuses qui se sont exprimées dans cet hémicycle lorsque votre nom a été évoqué, je crois pouvoir dire, monsieur le député, que vous n’avez jamais suscité l’indifférence. ».

Comme Richard Ferrand, Édouard Philippe aussi a rappelé ce qui restera de Manuel Valls, son attitude juste après les attentats de janvier 2015 : « Dans les jours qui ont suivi, vous avez su trouver les mots et l’ensemble de l’hémicycle, quelles que soient les positions d’aujourd’hui, s’en souvient. Nous nous souvenons de cette séance au cours de laquelle cet hémicycle, marqué par ce que nous tous avions vu, compris, ressenti, mais probablement jamais aussi marqués que vous aviez pu l’être car vous vous étiez rendu sur les lieux et vous avez vu de vos yeux, dans un silence admirable, après que vous avez pris la parole, avait chanté la Marseillaise. Dans des moments où la France était menacée, vous avez eu des mots justes, vous avez exprimé une position solide. De cela, monsieur le député, la France vous sera toujours reconnaissante. ».

Et après avoir qualifié le départ de Manuel Valls de « choix qui vous appartient, et qui, de toute évidence, est osé et courageux », Édouard Philippe lui a souhaité « le meilleur » avant de regagner son siège au banc du gouvernement.

Voilà un enterrement particulièrement honorable d’une personnalité majeure de la vie politique française (candidat à l’élection présidentielle, Premier Ministre, etc.). Il y a eu des enterrements moins honorables.

Pour prendre un seul exemple, Jean Lecanuet. Ce dernier, ancien jeune espoir du centrisme dans les années 1960, a pris la parole lors le 22 avril 1989 à Lille d’un congrès du Centre des démocrates sociaux (CDS), composante démocrate-chrétienne de l’UDF. Il prônait alors l’union de l’UDF et du RPR aux élections européennes du 18 juin 1989, comme cela avait été le cas précédemment où la liste conduite par Simone Veil avait rassemblé 43,0% des suffrages (un score quasiment impossible d’imaginer aujourd’hui !).

Son discours à Lille fut souvent interrompu par une salle très majoritairement hostile (dont j’étais) qui réclamait une liste autonome des centristes. Le choix de l’autonomie fut adopté, mais ce fut un échec électoral (la liste Veil autonome ne rassembla que 8,4% des voix). Jean Lecanuet avait eu politiquement raison, mais il ne s’est jamais remis de ce congrès où il avait été ultraminoritaire. Il ne reprit plus jamais la parole. Ce fut un enterrement discret. Les honneurs parfois hypocrites sont arrivés seulement après sa (vraie) mort, le 22 février 1993.

Mais en Macronie, les départs se font toujours avec les honneurs. Le problème, cette rentrée 2018, c’est que des départs, il y en a sans arrêt depuis quelques semaines : Nicolas Hulot, Laura Flessel, Manuel Valls, et maintenant, Gérard Collomb


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 octobre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Hommage des députés français à Manuel Valls (retranscription intégrale de la séance).
Enterrement républicain de première classe pour Manuel Valls.
Manuel Valls va-t-il manquer au paysage politique français ?
Manuel Valls s’en va à Barcelone.
Manuel Valls : les cinq raisons d’un échec.
Le vaccin anti-Macrobe.
Second tour de la primaire socialiste du 29 janvier 2017.
Quatrième débat de la primaire socialiste du 25 janvier 2017.
Premier tour de la primaire socialiste du 22 janvier 2017.
Troisième débat de la primaire socialiste du 19 janvier 2017.
Deuxième débat de la primaire socialiste du 15 janvier 2017.
Premier débat de la primaire socialiste du 12 janvier 2017.
La primaire socialiste de janvier 2017.
Programme de Manuel Valls (à télécharger).
Manuel Valls candidat à la primaire PS de janvier 2017.
La ville d’Évry.
Discours de Manuel Valls le 13 janvier 2015 au Palais-Bourbon (texte intégral).
Discours de Manuel Valls le 9 janvier 2016 au CRIF (texte intégral).
Manuel Valls et l’esprit républicain.
Manuel Valls vs François Fillon (24 septembre 2015).
La ville de Manuel Valls.
La confiance Valls, volet 2 (16 septembre 2014).
La confiance Valls, volet 1 (8 avril 2014).
Les relations entre l’Élysée et Matignon.
Nomination de Manuel Valls à Matignon (31 mars 2014).
Valls sera-t-il Premier Ministre ? (15 mars 2014).
Manuel Valls et son ambition présidentielle.
Manuel Valls à la primaire socialiste de 2011.
Manuel Valls et les institutions de la République.
Valls-Bayrou, même combat ?
Et la Corse dans tout cela ?
Et les gens du voyage ?

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181002-valls.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/enterrement-republicain-de-208220

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/10/06/36754227.html


 

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2 septembre 2018 7 02 /09 /septembre /2018 17:42

« En un mot, les États-Unis d’Europe. C’est là le but, c’est là le port. » (Victor Hugo, le 29 août 1876).


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Ce samedi 1er septembre 2018 s’est éteint l’ancien député centriste Jean Seitlinger, à Rohrbach-lès-Bitche, dont il fut le maire pendant vingt-quatre ans. Il avait de 93 ans (né le 16 novembre 1924 à Saint-Louis-lès-Bitche). Pour un Mosellan dont la langue maternelle était l’allemand (et donc bilingue dès l’enfance), né à dix-sept kilomètres de la frontière allemande à vol d’oiseau et onze mois exactement avant les Accords de Locarno qui scellaient l’amitié franco-allemande, Jean Seitlinger a consacré naturellement sa vie publique à promouvoir l’idée européenne après avoir lui-même combattu à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

C’est dans ce cadre européen que j’ai eu la grande chance de le rencontrer plusieurs fois au début des années 1990, alors qu’il était encore député et adhérent du CDS. J’étais venu en voisin centriste (de Meurthe-et-Moselle). J’avais notamment visité avec lui le Centre d’études européennes de Scy-Chazelles, ville mosellane où a habité le père de l’Europe Robert Schuman(1886-1963) et là où il est enterré.

Issu d’une famille modeste dans une commune ouvrière, il fit ses études à Sarreguemines puis à Paris en lettres (licence) et en droit jusqu’au doctorat. À 18 ans (en 1943), il a rejoint le maquis des Glières en Haute-Savoie et s’est engagé volontaire en 1944-1945. Entre 1945 et 1949, il assura de l’enseignement, notamment en Autriche, et fut à cette occasion un délégué syndical de la CFTC : comme beaucoup de Mosellans de son époque, il était avant tout démocrate-chrétien.

Devenu avocat de Moselle en 1950, Jean Seitlinger sympathisa rapidement avec Robert Schuman dans les années 1950, figure forte de la vie politique locale. Lors de la dissolution soudaine de la Chambre des députés par Edgar Faure, Robert Schuman lui proposa d’être candidat sur sa liste (c’était un scrutin proportionnel avec apparentements), si bien que le 2 février 1956, Jean Seitlinger fut élu député centriste à l’âge de 31 ans, avec 91 637 voix (leur liste a obtenu quatre sièges). Ce fut le début d’une longue carrière politique, tant locale, nationale qu’européenne.

Jean Seitlinger fut élu et réélu député de Moselle (à partir de 1958 et sauf en 1986, dans la circonscription de Sarreguemines) de février 1956 à octobre 1962 (battu par le candidat gaulliste en 1962, 1967 et 1968), puis de mars 1973 à avril 1997 (d’abord MRP, puis CDP, enfin UDF-CDS). Il fut souvent membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. Également conseiller général de Rohrbach-lès-Bitche de 1958 à 1964 et de 1976 à 1994, maire de Rohrbach-lès-Bitche de mars 1977 à mars 2001 (son petit-fils Vincent est l’actuel maire de la commune), enfin, député européen de juin 1979 à juin 1984 sur la liste centriste et proeuropéenne de Simone Veil, cumulant avec sa fonction de parlementaire national. Il fut également conseiller régional de Lorraine.

Ce type de carrière, cumulant de multiples mandats sur une longue période (quarante-cinq ans) était très ordinaire en France parmi ses contemporains. En tant que parlementaire, il fut aussi membre de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe (qui n’est pas la même institution que l’Union Européenne), dont il fut le vice-président de la délégation française (1993 à 1997). En tant que parlementaire, il fut membre de la direction nationale du MRP, puis du CDS, ainsi que secrétaire général fondateur du Parti populaire européen (PPE), le parti des démocrates-chrétiens européens, de 1979 à 1982.

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Fondateur et, pendant longtemps, membre dirigeant de la Fondation Robert-Schuman (un think tank proeuropéen), Jean Seitlinger a rencontré de nombreuses personnalités européennes, même lorsqu’il était en retraite. Comme ce 30 septembre 2003 où il a reçu dans les locaux de l’Université Robert-Schuman de Strasbourg le Premier Ministre roumain Adrian Nastase ainsi que le Ministre roumain des Affaires étrangères Mircea Geoana à l’occasion de la parution de la traduction roumaine du livre "Pour l’Europe" de Robert Schuman (préfacée par Adrian Nastase).

Parmi ses premières contributions parlementaires, Jean Seitlinger fut l’auteur d’une loi proposant une rente pour les enfants conçus et nés après l’accident de leur père (proposition de loi déposée le 19 juillet 1957). Comme il était un spécialiste des affaires européennes, Jacques Chirac avait prévu de le nommer Ministre délégué aux Affaires européennes dans son gouvernement le 20 mars 1986 lors de la première cohabitation.

Mais des parlementaires RPR l’en dissuadèrent (car Jean Seitlinger avait été un très proche de Robert Schuman) si bien qu’avec plusieurs mois de retard, le 19 août 1986, Jacques Chirac a finalement nommé à ce poste Bernard Bosson (1948-2017), jeune maire d’Annecy et Secrétaire d’État aux Collectivités locales. Onze ans plus tard, Jean Seitlinger a eu cependant "affaire" avec Jacques Chirac lorsque celui-ci fut Président de la République et organisa le deuxième Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l’Europe les 10 et 11 septembre 1997 à Strasbourg.

Je termine par des mots de Jean Seitlinger qui montraient que, s’il étudiait beaucoup les dossiers internationaux et réfléchissait dans une dimension européenne, il n’en était pas moins un élu local bien implanté et qui savait promouvoir le terroir. La citation qui suit date d’avril 1987 lorsque Jean Seitlinger était encore le député-maire de Rohrbach-lès-Bitche et qu’il était présent lors du congrès des arboriculteurs. Elle a été publiée par Serge Haehnel, qui fut président du syndicat des arboriculteurs de Rohrbach-lès-Bitche entre avril 2007 et avril 2010, dans son blog sur le verger.

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En voici la teneur : « Chaque fois que nous nous rencontrons, lors de vos congrès, nous en arrivons, bien sûr, à discuter du problème des bouilleurs de cru. La presse en fait largement état dans ses comptes-rendus, si bien que d’aucuns s’imaginent que distiller est votre seul but ! Croire cela n’est que méconnaissance totale de votre art. ».

Et de remercier les arboriculteurs de sa commune pour tous les bienfaits qu’ils accomplissaient : « Pour tous ces arbres que vous plantez et élevez avec amour dans nos campagnes et nos cités, merci ! Pour cet écrin de fleurs qu’à la saison nouvelle vous mettez autour de nos villages, merci ! Pour les cerises que, gamins, nous allions chaparder pour en faire des boucles d’oreilles aux filles, merci ! Pour l’ombre bienfaisante dispensée par vos vertes frondaisons, à la saison chaude, merci ! Pour les beaux fruits qu’à l’automne vous mettez sur nos tables, merci ! Pour les bonnes tartes aux mirabelles et aux quetsches que nous dévorions de préférence encore chaudes, merci ! Pour les noix que nous grignotons au long des soirées d’hiver, merci ! Pour toute cette écologie que vous pratiquez depuis toujours, sans faire grand tintamarre, merci ! Et alors, pourquoi pas… Pour le petit schnaps, à la fin des bons repas de fêtes de famille, merci ! ». Un élu qui remercie autant ses électeurs producteurs, c’était au moins une marque de reconnaissance qui fait peut-être un peu défaut maintenant…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 septembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jean Seitlinger.
Le CDS.
Simone Veil.
Nicole Fontaine.
Henry Jean-Baptiste.
Loïc Bouvard.
Bernard Bosson.
Bernard Stasi.
Dominique Baudis.
Jacques Barrot.
Adrien Zeller.
Alain Poher.
Jean Lecanuet.
René Monory.
Raymond Barre.
Charles Choné.
Bernard Bosson.
La construction européenne.
Marie-Jeanne Bleuzet-Julbin.
Olivier Lejeune.
Roger Mari.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180901-jean-seitlinger.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/01/01/36983772.html

 

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6 juillet 2018 5 06 /07 /juillet /2018 03:05

« L’admiration est très répandue parmi ceux qui se traitent eux-mêmes d’immortels. Nous nous détestons parfois, mais nous nous admirons presque toujours. Nous passons notre temps à nous asperger d’éloges plus ou moins mérités : nous sommes une société d’admiration mutuelle, que Voltaire déjà dénonçait en son temps. Cette admiration, vous la suscitez, bien sûr, vous-même. Mais, dans votre cas, quelque chose d’autre s’y mêle : du respect, de l’affection, une sorte de fascination. Beaucoup, en France et au-delà, voudraient vous avoir, selon leur âge, pour confidente, pour amie, pour mère, peut-être pour femme de leur vie. Ces rêves d’enfant, les membres de notre Compagnie les partagent à leur tour. Aussi ont-ils choisi de vous prendre à jamais comme consœur. Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame. Soyez la bienvenue au fauteuil de Racine, qui parlait si bien de l’amour. » (Jean d’Ormesson à Simone Veil, le 18 mars 2010 sous la Coupole, Paris).


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Comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame. Ces mots si forts et émouvants, ils ont été prononcés par Jean d’Ormesson, à l’époque le doyen des immortels, devant trois Présidents de la République, Valéry Giscard d’Estaing (devenu académicien), Jacques Chirac (qui lui a remis son épée d’académicienne le 16 mars 2010 au Sénat) et Nicolas Sarkozy (Président en exercice, et donc protecteur des académiciens). Il accueillait Simone Veil le 18 mars 2010 à l’Académie française. Une réception si importante qu’elle fut (il me semble) retransmise en direct par une chaîne de la télévision publique (on peut télécharger toute la cérémonie ici).

Désormais, les livres d’histoire rajouteront aussi Antoine. On associera le couple, on dira peut-être Antoine et Simone Veil, comme on dit Pierre et Marie Curie. C’est déjà le cas dans une ville de la région parisienne en rebaptisant un lieu public (la "Place Simone et Antoine Veil", ancienne Place Stalingrad, à Puteaux, inaugurée le 8 mars 2018 par Joëlle Ceccaldi-Raynaud et Jean Veil). Les deux ont été transférés au Panthéon le dimanche 1er juillet 2018 dans une cérémonie en grandes pompes.

Je ne suis pas sûr que les deux personnes concernées auraient accepté tous ces honneurs, trop d’honneurs même. Si Simone était partie avant Antoine, il serait même probable qu’il n’y aurait jamais eu cette cérémonie. Antoine Veil l’aurait sans doute refusée, aurait su prévenir, imaginer cette possibilité et l’arrêter à temps. Il y a évidemment beaucoup de vanité à canoniser sous la République. On dit souvent que l’enterrement, cela sert avant tout aux survivants. À faire le deuil. Alors le Panthéon… La vanité, ce ne sont pas les saints qu’on s’est choisis mais ceux qui les canonisent qui la nourrissent. Un besoin d’exemplarité peut-être ? Une démonstration politique, sans doute ?

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Presque toute l’élite politique était présente aux côtés de la famille (en particulier, Jean Veil, Pierre-François Veil, aussi Sibyle Veil, présidente de Radio France, etc.) : notamment (je suis loin d’être exhaustif) Édouard Philippe, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, François de Rugy, Bruno Le Maire, Gérard Darmanin, Nicole Belloubet, Agnès Buzyn (qui fut la belle-fille de Simone Veil et, geste prémonitoire, elle lui avait offert son fauteuil du Ministère de la Santé), Valérie Pécresse, Pierre Moscovici, Anne Hidalgo, Carla Bruni, Julie Gayet… et même Jean-Luc Mélenchon, fier et ému d’être présent. La Chancelière allemande, Angela Merkel, qui avait prévu de venir, a été retenue à Berlin pour dénouer une crise politique très grave avec son Ministre de l’Intérieur prêt à faire quitter la CSU de la fragile coalition gouvernementale.

Vanité, mais aussi, pourquoi cacher son plaisir et son émotion ? Cette cérémonie était amplement mérité. Lorsqu’elle est entrée à l’Académie française, Simone Veil avait modestement prévenu : elle n’était pas une écrivaine, elle ne laisserait rien, aucun écrit mémorable. Mais elle remerciait ses compagnons de lettres de l’avoir si gentiment accueillie. Elle n’y pouvait presque rien. C’étaient François Jacob, Maurice Druon, deux grands résistants, Jean d’Ormesson et dix-neuf autres académiciens qui voulaient absolument la rendre immortelle (elle fut élue le 20 novembre 2008). Selon eux, la présence aurait honoré la noble institution. Elle l’a honorée. Et puis, son fauteuil était depuis peu "réservé" aux responsables politiques. Juste avant elle, Pierre Messmer et Maurice Schumann.

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Ce qu’il faut comprendre d’elle, ce n’est pas de la réduire à la simple loi de dépénalisation de l’IVG. Pour elle, c’était surtout l’épreuve du feu politique. Une mauvaise mission donnée par Valéry Giscard d’Estaing. Sans Antoine Veil, elle ne l’aurait sans doute jamais fait passer. Grâce à ses réseaux qui dépassaient les frontières partisanes, Antoine Veil a pu trouver des soutiens au-delà de la majorité giscardienne très étriquée dans la mesure où beaucoup d’UDR refusaient ce projet. Antoine Veil, très influent chez les démocrates-chrétiens (les centristes), avait su conseiller son épouse pour la rédaction de certaines tournures du texte pour qu’il fût adoptable par des députés qui voulaient aussi agir selon leur foi chrétienne.

Dans le débat parlementaire, le 26 novembre 1974, Simone Veil précisa aux députés son état d’esprit : « Je voudrais d’abord vous faire partager une conviction de femme, je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour le contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. (…) Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? » (Séance à l’Assemblée Nationale).

Une femme politique, oui, bien sûr qu’elle le fut. Jean d’Ormesson rappelait dans sa réponse à Simone Veil, le 18 mars 2010, qu’elle fut une premier-ministrable dès 1974, avant même d’avoir été connue des Français : « Vous étiez liée avec [la] principale conseillère [de Chirac], magistrat comme vous, Marie-France Garaud. Un magazine féminin publie un article sur un éventuel et imaginaire gouvernement de femmes. Sur ce podium virtuel, à la surprise, il faut le dire, de beaucoup, et d’abord de vous-même, vous étiez propulsée au poste de Premier Ministre. Un soir, à dîner chez des amis, où se fait sentir une certaine ironie à l’égard de l’improbable journalisme féminin et de ses vaticinations, le téléphone sonne. (…) Au bout du fil, Jacques Chirac qui vient d’être désigné comme Premier Ministre par Giscard. Il vous offre d’entrer dans le son gouvernement que le Président Giscard d’Estaing, en novateur, souhaite aussi large que possible. Vous n’hésitez pas longtemps. Vous devenez Ministre de la Santé. Vous êtes la seule femme ministre. ». D’autres femmes furent nommées au gouvernement, à des places moindres, comme Françoise Giroud, Monique Pelletier.

Simone Veil avait voté pour Jacques Chaban-Delmas au premier tour de l’élection présidentielle parce qu’elle le pensait meilleur réformateur. La voici désormais lancée dans la vie politique, sous la houlette de "mentors" avec lesquels elle n’a jamais perdu son libre-arbitre : Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Édouard Balladur, et Nicolas Sarkozy (qui la faisait beaucoup rire aux conseils des ministres entre 1993 et 1995).

Certes, elle a eu une carrière politique prestigieuse (deux fois ministre, dont une fois numéro deux du gouvernement avec le titre de Ministre d’État, première Présidente du Parlement Européen, trois fois tête de liste nationale aux élections européennes, membre du Conseil Constitutionnel, etc.), mais comme des dizaines d’autres hommes ou femmes politiques sous la Cinquième République.

Ce qui la distinguait, c’était qu’elle a toujours été appréciée des Français, toujours en tête des sondages, et sans doute la seule femme vraiment capable d’être élue Présidente de la République, première Présidente de la République française. Elle n’a jamais imaginé se positionner avec un tel objectif, parce qu’elle n’aimait pas le jeu des manœuvres politiciennes (cela l’agaçait profondément), et parce qu’elle était convaincue qu’il était encore trop tôt pour que l’électorat acceptât une femme à l’Élysée. Elle aurait pu aussi devenir Premier Ministre, cela n’aurait pas choqué. Finalement, la première (et seule) Premier Ministre fut Édith Cresson (en mai 1991) et la première (et seule) candidate à l’élection présidentielle capable de gagner un second tour d’une élection présidentielle fut Ségolène Royal (seule, car pour l’instant, Marine Le Pen est loin de ce potentiel de victoire). En ce sens, Simone Veil était unique dans le paysage politique français.

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Mais je crois que ce n’était pas ces deux facettes (auteure de la loi sur l’IVG, femme politique à stature présidentielle) qu’il fallait mettre en avant pour lui rendre hommage et je crois que le Président de la République Emmanuel Macron, seul à parler au Panthéon, a eu raison d’insister plutôt sur son engagement européen. Au contraire de certains responsables politiques, cet engagement européen n’était pas vain, n’était pas de l’hypocrisie, n’était pas une simple posture électorale, politique ou intellectuelle. Il était l’incarnation de tout ce que Simone Veil avait toujours été. Et c’est d’ailleurs à ce sujet que la présence d’Antoine Veil à ses côtés, lui aussi touché de près, a été indispensable à sa vie, à son équilibre : « le haut fonctionnaire doué pour la vie qui apporta à la jeune rescapée l’élégance et l’humour qui lui permirent de revivre » (selon les mots d’Emmanuel Macron, le 1er juillet 2018).

Car il faut hélas rappeler que Simone Veil n’a jamais vécu qu’en sursis. Elle aurait dû mourir le 15 avril 1944 dans un four crématoire lorsqu’elle est arrivée à Auschwitz du camp de Drancy par train à bestiaux. Elle n’avait que 15 ans et c’était le sort destiné aux nouveaux arrivants "non productifs" du camp. Il a fallu une sorte de miracle, qu’un détenu venu d’on ne savait où et reparti aussi vite qui lui conseillât, en français, de dire qu’elle avait au moins 18 ans au moment de la cruelle "sélection". Elle resta en vie et devint le matricule 78651, tatoué sur son bras.

Rescapée, mais meurtrie, endeuillée, en ayant perdu son frère Jean avec qui elle avait noué une grande complicité, son père, sa mère… Si Simone Veil a marqué autant de pudeur, de distance, de gravité, dans son comportement, c’était parce qu’elle avait vécu ce que peu avaient vécu, mais aussi, ce que peu pouvaient comprendre de ce qu’elle avait vécu. Elle était sortie de l’enfer. Elle avait connu l’enfer.

On aurait pu alors imaginer une haine contre les Allemands, une haine contre l’Europe en général qui avait tout fait pour ne pas contenir la "folie" d’Hitler. Et c’est le contraire qui s’est passé. Simone Veil, humaniste incarnée, savait que le nazisme pouvait se développer n’importe où dans le monde. Ce n’était pas une question de géographie, ni de peuple, mais d’humanité. Et le seul moyen d’éviter la guerre, c’est de s’aimer ! Son engagement très tôt en faveur de l’amitié franco-allemande et de la construction européenne pour bâtir une paix durable a montré sa capacité à surmonter ce que son propre corps, son propre cœur et sa propre âme avaient vécu comme calvaire.

C’était cet engagement qu’Emmanuel Macron a voulu célébrer ce 1er juillet 2018 au moment où l’Europe vacille dans une sorte d’élan nationaliste égoïste généralisé. C’était le sens aussi de cette mise en scène avec un tapis d’honneur aux couleurs de l’Europe.

Dans son allocution (disponible ici dans son intégralité), Emmanuel Macron a rappelé l’amour dont avait parlé Jean d’Ormesson : « La France aime Simone Veil. Elle l’aime dans ses combats, toujours juste, toujours nécessaire, toujours animée par le souci des plus fragiles où elle s’engagea avec une force de caractère peu commune. La France l’aime plus encore parce qu’elle a compris d’où lui venait cette force mise au service d’une humanité plus digne. ».

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Simone Veil était d’abord une humaniste : « Malgré les malheurs et les deuils, elle conçut la certitude qu’à la fin, l’humanité l’emporte sur la barbarie. Toute sa vie fut l’illustration de cet invincible espoir. Nous avons voulu que Simone Veil entre au Panthéon sans attendre que passent les générations, comme nous en avons pris l’habitude, pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons. Parce qu’elle a connu le pire du XXe siècle et s’est pourtant battue pour le rendre meilleur, Simone Veil reposera avec son époux dans le sixième caveau. » (Emmanuel Macron).

Le sixième caveau, où sont inscrits le nom des Justes. Le couple repose donc aux côtés de Jean Moulin, André Malraux, René Cassin et Jean Monnet. Cet honneur est mérité : « Comme eux, Simone Veil s’est battue contre les préjugés, l’isolement, contre les démons de la résignation ou de l’indifférence, sans rien céder, parce qu’elle savait ce qu’était la France. » (Emmanuel Macron).

Esprit de réalité et lucidité : « Elle se fit combattante de la paix, elle se fit combattante de l’Europe. Elle voulut l’Europe par réalisme, non par idéalisme ; par expérience, non par idéologie ; par lucidité, non par naïveté. Elle n’était pas tendre pour les fadeurs iréniques et les complications technocratiques qui, parfois, devenaient le visage de cette Europe, car elle était de cette génération pour laquelle notre Europe n’était ni un héritage ni une contrainte, mais une conquête de chaque jour. (…) Elle ne cessa d’en raviver la flamme originelle et d’en incarner l’esprit fondateur. » (Emmanuel Macron).

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Fière de se retrouver immortelle parmi d’autres immortels, Simone Veil avait cité Victor Hugo lors de sa réception le 18 mars 2010 : « Les pères de l’Europe ont voulu construire une réalité à partir du rêve d’un homme dont la voix a retenti nombre de fois sous cette Coupole. J’ai nommé Victor Hugo. En 1841, fraîchement élu à l’Académie, il se consacre à la rédaction d’un texte sur le Rhin, où il ébauche le projet d’une union européenne fondée sur ce qu’il est convenu aujourd’hui de nommer le couple franco-allemand. Il écrit : "La France et l’Allemagne sont essentiellement l’Europe. L’Allemagne est le cœur, la France est la tête. Le sentiment et la pensée, c’est tout l’homme civilisé. Il y a entre les deux peuples connexion intime, consanguinité incontestable. Ils sortent des mêmes sources ; ils ont lutté ensemble contre les Romains ; ils sont frères dans le passé, frères dans le présent, frères dans l’avenir". ».

Européenne mais aussi profondément Française, Emmanuel Macron a insisté sur cette compatibilité : « Elle croyait en ce destin commun qu’on appelle nation, et dans cette aventure exaltante qu’on appelle civilisation, elle savait que chaque jour qui passe est un nouveau combat contre la barbarie. (…) Simone Veil s’est battue pour que la France reste fidèle à elle-même. ».

Emmanuel Macron a rappelé aussi l’humilité dont elle faisait preuve à propos de son épreuve à Auschwitz : « Jamais Simone Veil n’accepta qu’on la décore pour avoir été déportée, et pas davantage, elle n’accepta qu’émerge une rivalité des mémoires. La réalité des chambres à gaz et des fours crématoires des camps d’extermination, instruments du crime contre l’humanité, n’atténue en rien l’héroïsme des résistants torturés, fusillés, déportés. Mais il existe une vérité de l’histoire et la vérité du martyre juif fait aujourd’hui partie intégrante de l’histoire de France, comme en fait partie l’épopée de la Résistance. (…) [Jean Moulin et Simone Veil] sont pour nous deux exemples d’humanité profonde, lui héroïque dans son sacrifice, elle admirable par son courage et par son témoignage. ».

Car c’est bien le témoignage l’essentiel. Simone Veil y consacra sa "retraite" politique pendant les quinze dernières années de sa vie, revisitant même les lieux qui l’ont fait souffrir aux côtés du Président Jacques Chirac. Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2001 à 2007, Simone Veil rejetait les expressions trop bien ficelées : « Je n’aime pas l’expression "devoir de mémoire". Le seul "devoir", c’est d’enseigner et de transmettre. ».

C’est cette transmission qui est décisive pour les jeunes génération et dont l’un des promoteurs particuliers vient de s’éteindre ce 5 juillet 2018, à l’âge de 92 ans, Claude Lanzmann, réalisateur de documentaire "Shoah" sorti le 1988. Par son esprit, par sa mémoire, Simone Veil sera ainsi la gardienne du temple, la gardienne vigilante de la sagesse et de la mémoire françaises…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (05 juillet 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Antoine et Simone Veil, nous vous aimons !
Discours du Président Emmanuel Macron au Panthéon le 1er juillet 2018 (texte intégral).
Enregistrement de la réception de Simone Veil à l’Académie française le 18 mars 2010 (à télécharger).
Les époux Veil honorés au Panthéon.
Antoine Veil.
Simone Veil, un destin français.
L’hommage de la République à Simone Veil.
Discours d’Emmanuel Macron en hommage à Simone Veil le 5 juillet 2017 aux Invalides (texte intégral).
Discours de Jean Veil et Pierre-François en hommage à leur mère Simone Veil le 5 juillet 2017 aux Invalides (texte intégral).
Simone Veil, une Européenne inclassable.
Simone Veil académicienne.
Discours de réception de Simone Veil à l’Académie française (18 mars 2010).
Discrimination : rien à changer.
Rapport du Comité Veil du 19 décembre 2008 (à télécharger).
Mort d'Antoine Veil.
Bernard Stasi.
Bernard Stasi et Antoine Veil.
Denise Vernay.
Ne pas confondre avec Simone Weil.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180701-pantheon-antoine-simone-veil.html

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/antoine-et-simone-veil-nous-vous-205786

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/07/08/36540098.html
 

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 22:31

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Pour en savoir plus :
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Discours du Président Emmanuel Macron au Panthéon en hommage à Antoine et Simone Veil, le 1er juillet 2018 à Paris

Le 5 juillet dernier, lorsque j’ai annoncé, à l’issue de l’hommage qui lui était rendu dans la Cour des Invalides, que Simone VEIL reposerait au Panthéon au côté de son époux, cette décision ne fut pas seulement la mienne.

Ce ne fut pas non plus celle de sa famille qui, cependant, y consentit.

Cette décision fut celle de tous les Français.

C’est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient.

Car la France aime Simone VEIL.

Elle l’aime dans ses combats, toujours juste, toujours nécessaire, toujours animée par le souci des plus fragiles où elle s’engagea avec une force de caractère peu commune.

La France l’aime plus encore parce qu’elle a compris d’où lui venait cette force mise au service d’une humanité plus digne.

Ce n’est que tardivement, lorsque Simone VEIL passé 50 ans que la France découvrit que les racines de son engagement plongeaient dans la noirceur absolue, innommable des camps de la mort. C'est là qu'elle trouva en elle pour survivre cette part profonde, secrète, inaliénable qu'on appelle dignité. C'est là que malgré les malheurs et les deuils, elle conçut la certitude qu'à la fin, l'humanité l'emporte sur la barbarie.

Toute sa vie fut l'illustration de cet invincible espoir. Nous avons voulu que Simone VEIL entre au Panthéon sans attendre que passent les générations, comme nous en avions pris l'habitude, pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons.

Parce qu'elle a connu le pire du XXème siècle et s'est pourtant battue pour le rendre meilleur, Simone VEIL reposera avec son époux dans le 6ème caveau.

Elle y rejoindra quatre grands personnages de notre histoire : René CASSIN, Jean MOULIN, Jean MONNET et André MALRAUX. Ils furent comme elle des maîtres d'espérance. Comme eux Simone VEIL s'est battue contre les préjugés, l'isolement, contre les démons de la résignation ou de l'indifférence sans rien céder, parce qu'elle savait ce qu’était la France.

Comme eux, elle a bravé l'hostilité, agi en précurseur, embrassé des causes qu'on croyait perdues pour rester fidèle à l'idée qu'elle se faisait de la République et à l'espoir qu'elle plaçait en elle.

Il est beau aujourd’hui que cette femme rejoigne en ce lieu la confrérie d'honneur à laquelle, par l'esprit, par les valeurs, elle appartient de plein droit et dont elle eut toute sa vie les combats en partage.

Comme René CASSIN, Simone VEIL s'est battue pour la justice.

En 1948, CASSIN avait fait ratifier par l'Assemblée générale des Nations unies la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Simone VEIL savait cependant que dans ce noble combat des droits humains, la moitié de l'humanité continuait obstinément d'être oubliée : les femmes.

Elle avait vu leur soumission et leurs humiliations, elle-même avait affronté des inégalités qu'elle jugeait absurdes, dépassées. Alors elle se bâtit pour que justice soit faite aux femmes, à toutes les femmes.

Justice pour les femmes détenues dans des conditions indignes, qu'elle s'efforça quand elle était magistrate d'améliorer, justice pour les femmes, leur indépendance financière, leur autonomie conjugale, leur égalité dans l'autorité parentale.

Justice pour que leur qualités et talents soient reconnus et utilisés dans tous les domaines.

Pour les femmes meurtries dans leur chair, dans leur âme, par les faiseuses d'anges, pour les femmes qui devaient cacher leur détresse ou la honte, et qu'elle arracha à leur souffrance en portant avec une force admirable le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse, à la demande du président Valéry GISCARD D’ESTAING et avec le soutien du Premier ministre Jacques CHIRAC.

Justice pour les femmes incertaines de leurs droits et de leur place dans la société, pour les femmes reléguées par les lois, les clichés, les conventions. Justice pour toutes ces femmes qui, partout dans le monde, sont martyrisées, violentées, vendues, mutilées.

Avec Simone VEIL entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France, sans que la nation leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur était due. Qu’aujourd’hui par elle, justice leur soit à toutes rendue.

Et qu’en ce jour, nos pensées aillent plus particulièrement à l’une d’elles, à une femme résolue, forte, douce qui, dans les conditions indicibles des camps de la mort soutint ses deux filles de toute la force de son amour. Elle aurait désiré pour elle une vie d’insouciance, mais pendant de longs mois, son destin tragique voulut que le spectacle de leur souffrance ajoutât à la sienne, jusqu’à son épuisement final, jusqu’à sa mort.

Je salue ici la mémoire de la mère tant aimée de Simone VEIL, Madame Yvonne JACOB, née STEINMETZ, morte à Bergen-Belsen au mois de mars 1945, dont l’exemple inspira le combat de Simone VEIL pour les femmes.

Comme Jean MONNET, Simone VEIL s’est battue pour la paix et, donc, pour l’Europe.

Elle qui avait vécu l’indicible expérience de la sauvagerie et de l’arbitraire savait que seul le dialogue et la concorde entre les peuples empêcheraient qu’Auschwitz ne renaisse sur les cendres froides de ses victimes.

Elle se fit combattante de la paix, elle se fit combattante de l’Europe. Elle voulut l’Europe par réalisme, non par idéalisme ; par expérience, non par idéologie ; par lucidité, non par naïveté.

Elle n’était pas tendre pour les fadeurs iréniques et les complications technocratiques qui, parfois devenait le visage de cette Europe, car elle était de cette génération pour laquelle, notre Europe n’était ni un héritage ni une contrainte, mais une conquête de chaque jour.

Comme parlementaire, comme présidente du Parlement européen, comme citoyenne engagée, elle ne cessa d’en raviver la flamme originelle et d’en incarner l’esprit fondateur.

Jean MONNET disait que l’Europe serait la somme des solutions à porter à ces crises. Nous devons à Simone VEIL de ne pas laisser les doutes et les crises qui frappent l’Europe atténuer la victoire éclatante que depuis 70 ans, nous avons remportée sur les déchirements et les errances des siècles passés.

Rien ne serait pire que renoncer à l’espoir qui a fait naître l’Europe des ruines où elle s’était ensevelie et où elle aurait pu périr.

Nous sommes aujourd’hui les dépositaires de ce défi aux vieilles nations qu’elle ne cessa de vivifier. Ce défi est le nôtre, celui de la jeunesse de France et d’Europe, alors que les vents mauvais à nouveau se lèvent. Il est notre plus bel horizon.

Comme André MALRAUX, Simone VEIL s’est battue pour la civilisation.

Née avant la guerre, dans une civilisation qui se croyait encore immortelle, elle en vit l’effondrement rapide et cruel. Elle vit les repères moraux de l’humanité disparaître. Elle vit des S.S martyriser le jour des enfants dans les camps, avant de retrouver les leurs le soir venu autour de la tablée familiale.

Elle savait dans sa chair qu’Auschwitz avait bouleversé durablement l’idée même de civilisation. Elle partageait avec MALRAUX le triste constat qu’il n’y avait plus de « signification de l’homme » et plus de « signification du monde ». Mais elle savait aussi qu’on pouvait rebâtir une civilisation nouvelle.

Eprise d’art et de littérature, elle continua de croire que la culture grandit l’homme et l’éclaire sur son destin. Elle reposera à quelques mètres de son cher Jean RACINE, que son père André JACOB avait si bien su lui faire aimer, qui est enterré en l’église Saint-Etienne-du-Mont, dont elle occupa le fauteuil à l’Académie française.

Œuvrant pour l’éducation, la réhabilitation des prisonniers ou comme ministre, pour la protection des plus fragiles, elle savait que les civilisations se tissent de ces liens organiques, de ces mille fils invisibles.

Engagée dans l’amitié entre les peuples européens, elle le fut aussi dans le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, parce que l’humanité ne s’arrête pas à nos frontières.

Elle croyait en ce destin commun qu’on appelle nation, et dans cette aventure exaltante qu’on appelle civilisation, elle savait que chaque jour qui passe est un nouveau combat contre la barbarie.

Comme Jean MOULIN, Simone VEIL s’est battue pour que la France reste fidèle à elle-même.

Trahie par un Etat français qui pactisait avec l’occupant nazi, elle aurait pu retourner contre son pays la douleur de son épreuve et de ses deuils, elle n’en fit rien.

Et lorsqu’elle décida de témoigner de sa déportation, ce fut d’abord pour rendre hommage aux Justes de France. Elle se leva contre ceux qui dressaient le portrait d’une France gagnée par les délires antisémites de HITLER, de PETAIN et de LAVAL, pour rappeler le courage inouï et spontané de ces familles françaises qui, au péril de leur vie, avaient caché des enfants juifs, les sauvant de la persécution et d’une mort atroce.

Elle rappela ce temps où des Français fournissaient à leurs concitoyens juifs des faux papiers et des certificats de travail. C’était le temps où l’archevêque de Toulouse, Monseigneur SALIEGE, appelait à l’asile dans les églises, c’était le temps où des pasteurs célébraient secrètement Pourim dans leur temple. C’était le temps où des solidarités souterraines maintenaient la fraternité française.

A gauche du caveau numéro 6, sur le mur de la crypte sont inscrits les noms des Justes.

En ce temps-là, la France restait aussi la France parce que des hommes et des femmes abandonnaient tout pour grossir les rangs de l’armée des ombres. Alors le général DE GAULLE chargeait Jean MOULIN d’organiser la résistance.

C’est pour cette France-là, pour la vraie France, contre la France défigurée dont les collabos exilés continuaient de défendre les crimes que Simone VEIL un jour décida de témoigner.

La France, grâce à elle et quelques autres, regarda en face ce qu’elle n’avait pas voulu voir, ce qu’elle n’avait pas voulu entendre, ce qu’elle avait tant voulu oublier et qui, pourtant, était une partie d’elle-même. Elle comprit que la nation ne doit pas redouter la mémoire blessée de ses fils et de ses filles meurtris, mais l’accueillir et la faire sienne.

Jamais Simone VEIL n’accepta qu’on la décore pour avoir été déportée, et pas davantage elle n’accepta qu’émerge une rivalité des mémoires. La réalité des chambres à gaz et des fours crématoires des camps d’extermination, instruments du crime contre l’humanité, n’atténue en rien l’héroïsme des résistants torturés, fusillés, déportés.

Mais il existe une vérité de l’histoire et la vérité du martyre juif fait aujourd’hui partie intégrante de l’histoire de France, comme en fait partie l’épopée de la Résistance.

Simone VEIL reposera au côté de Jean MOULIN, le héros de la Résistance, le supplicié de Klaus BARBIE qui ne livra aucun secret sous la torture la plus abjecte. Elle, Simone VEIL qui martyrisée par les S.S ne renonça jamais à sa dignité.

Ils sont pour nous deux exemples d’humanité profonde, lui héroïque dans son sacrifice, elle admirable par son courage et par son témoignage. Elle qui, sur le bras gauche, portait le stigmate de son malheur, ce numéro de déportée à Birkenau dont un jour un Français lui demanda si c’était son numéro de vestiaire. Ce numéro 78651 était le viatique de sa dignité invulnérable et intacte. Il sera gravé sur son sarcophage, comme il avait été tatoué sur sa peau d’adolescente. Car en Simone VEIL, c’est enfin la mémoire des déportés raciaux, comme le disait elle-même, des 78.500 juifs et tziganes déportés de France qui entre et vivra en ces lieux.

Demain, elle rejoindra les quatre chevaliers français qui dorment dans ce caveau. Simone VEIL pourra en entrant les regarder fièrement de ce regard minéral, toujours inquiet. Elle pourra leur dire : « j’ai fait ma part ».

Elle sera accueillie en égale dans cette famille unie par les idéaux et le courage qu’on appelle « les héros français ».

Elle nous appelle à faire nous aussi notre part.

Un autre chevalier les aura rejoints, un chevalier servant, car il n’était pas pensable de désunir ce que la vie avait si fortement soudé, dans la joie mais aussi dans ces deuils terribles que furent la perte de la sœur de Simone VEIL, Madeleine dite Milou, survivante des camps comme elle, disparue dans un accident de voiture ; et la mort de son fils Claude-Nicolas, terrassé en 2002 par une crise cardiaque.

Il n’était pas pensable que Simone repose sans Antoine. Cette compagnie lui aurait manqué.

Antoine, le haut fonctionnaire doué pour la vie qui apporta à la jeune rescapée l’élégance et l’humour qui lui permirent de revivre. Antoine qui rêvait de politique et à sa sortie de l’ENA avait commencé à s’en mêler en libéral européen. Antoine qui eut l’intelligence de comprendre que sa femme, elle, apportait à la politique non le simple désir de changer les choses, mais l’âpre volonté de combattre pour l’essentiel.

Il mit alors son talent, son amour au service des batailles menées par Simone, qu’il soutint jusque dans les heures difficiles où ses adversaires maniaient l’injure immonde et la menace physique.

Leur dialogue ne cessa jamais, ponctué de rires et parfois de mélancolie, égayé par une famille de trois fils : Jean, Claude-Nicolas et Pierre-François et bientôt douze petits-enfants. Ce dialogue fut interrompu seulement par la mort d’Antoine en 2013, lui qui semblait fait pour vivre toujours, tant jamais le goût de la vie ne l’avait quitté.

Le Panthéon désormais bruissera du murmure de leurs conversations.

Votre œuvre Madame fut grande, parce qu’elle s’est nourrie de vos deuils et de vos blessures, de vos fidélités et de vos intransigeances, mais aussi parce que vous l’avez entièrement vouée à la France et à la République.

Tout ce que vous avez fait, vous l’avez fait aussi parce que la République vous y appelait, vous y portait, vous y encourageait. Vous avez cru en la République et la République a cru en vous. La grandeur de l’une a fait la grandeur de l’autre. C’est parce que de toutes vos forces, vous l’avez honorée qu’aujourd’hui, elle vous honore.

Votre œuvre cependant n’est pas achevée. Elle entre ici dans l’histoire et dans la postérité. Puisse vos combats continuer à couler dans nos veines, à inspirer notre jeunesse et à unir le peuple de France. Puissions-nous sans cesse nous montrer dignes comme citoyens, comme peuple des risques que vous avez pris et des chemins que vous avez tracés, car c’est dans ces risques et sur ces chemins, Madame, que la France est véritablement la France.

Au soir de votre vie, vous avez souhaité qu’un kaddich soit dit sur votre tombe, votre vœu fut exaucé par votre famille le 5 juillet 2017, au cimetière du Montparnasse.

Aujourd’hui, la France vous offre un autre chant, celui dont les prisonnières de Ravensbrück avaient brodé les premiers mots sur des ceintures de papier ; et qu’elles chantèrent le 14 juillet 1944 devant les S.S médusés. Ce chant que les déportés, chacun dans leur langue, entonnaient lorsque leur camp était enfin libéré, car ils le connaissaient tous par cœur. Ce chant dont le monde a résonné lorsque la barbarie de nouveau a montré chez nous sa face hideuse.

Ce chant c’est celui de la République, c’est celui de la France que nous aimons et que vous avez faite plus grande et plus forte. Qu’il soit aujourd’hui, Madame, le chant de notre gratitude et de la reconnaissance de la nation que vous avez tant servie et qui vous a tant aimée.

Ce chant c’est la Marseillaise.

Vive la République, vive la France.

Emmanuel Macron, le 1er juillet 2018 au Panthéon, à Paris.

Source : www.elysee.fr/

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180701-discours-macron-pantheon-veil.html

 

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24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 12:13

« L’équipe est au complet. Avec eux, et pour vous, chacun des 600 prochains jours devra être utile au pays et à la hauteur de ses défis. C’est au plus près des Français que nous leur trouverons des solutions : nous irons à votre rencontre, partout sur le territoire. » (Jean Castex, Twitter le 26 juillet 2020).



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On aurait voulu la faire plus discrète, on n’aurait pas pu : le dimanche soir, en fin juillet, en plein été, dans la torpeur du soleil qui se couche. La nomination des onze secrétaire d’État a eu lieu ce dimanche 26 juillet 2020. Elle était attendue depuis la nomination du gouvernement de Jean Castex le 6 juillet 2020. Pourquoi autant de temps entre les deux ? On a dit que Jean Castex voulait attendre son vote de confiance pour être sûr que tous les députés de la majorité la votent et leur laisser l’improbable espoir d’une nomination au gouvernement.

La nouvelle équipe se réunira au complet à l’Élysée au prochain conseil des ministres du 29 juillet 2020 à 10 heures, avec les distances de sécurité. Seuls, ensuite, les ministres pleins assisteront à tous les conseils des ministres, et les "sous-ministres" n’y participeront que lorsqu’ils auront une communication à y faire. Gouvernement pléthorique plus que resserré : avec seize ministres, quatorze ministres délégués et douze secrétaires d’État, il y a donc quarante-trois membres du gouvernement, ce qui est beaucoup, frôlant le record du gouvernement de Michel Rocard. Point positif (à mon sens), pour la première fois de l’histoire politique, il y a un peu plus de femmes que d’hommes dans le gouvernement français.

On peut lire le décret présidentiel ici pour avoir le détail de la totalité des nouveaux membres du gouvernement. Six nouveaux membres du gouvernement ont été nommés le 26 juillet 2020, cinq députés et un membre du cabinet présidentiel. Quant à ceux qui sortent, ils sont seulement quatre secrétaires d’État (dont Sibeth Ndiaye, chargée maintenant à LREM de dénicher de nouveaux talents pour l’avenir…).

Je propose ici de saluer l’arrivée de deux nouvelles secrétaires d’État, Sarah El Haïry et Olivia Grégoire, deux jeunes députées énergiques et combattives, et je regrette le départ de deux secrétaires d’État sortantes du gouvernement précédent dirigé par Édouard Philippe, qui n’avaient pas démérité, à savoir Brune Poirson et Christelle Dubos.


Brune Poirson (37 ans)

À 37 ans, Brune Poirson a déjà un long parcours tant dans la vie professionnelle que dans la vie politique. Née à Washington et franco-américaine, diplômée notamment de l’IEP d’Aix-en-Provence et de Harvard, elle a eu l’occasion de travailler à l’étranger à de nombreuses reprises, et s’est intéressée au développement durable. Elle a participé notamment à des projets en Inde et à Boston. Soutenant la campagne présidentielle du futur Président Emmanuel Macron, elle fut recommandée par Hubert Védrine auprès de Jean-Paul Delevoye pour obtenir l’investiture LREM aux élections législatives.

Élue députée du Vaucluse d’où sa famille est originaire le 18 juin 2017 (dans la circonscription de Marion Maréchal, elle a battu un candidat du FN avec 50,7% des voix), elle fut nommée dans la foulée, le 21 juin 2017, Secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire jusqu’au 3 juillet 2020, auprès des ministres Nicolas Hulot, François de Rugy puis Élisabeth Borne, plus particulièrement chargée de la biodiversité, de la mer et des océans, ainsi que de la plupart des projets européens.

Dans ses fonctions ministérielles, Brune Poirson s’est particulièrement préoccupée du projet de loi contre le gaspillage, qui est devenue la loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Cette loi a pour objectif de réduire l’obsolescence des biens de consommation, prolonger la vie des produits, réduire les emballages, pour protéger le consommateur et responsabiliser le producteur, améliorer le tri des déchets et leur recyclage. Un titre est consacré à la lutte contre les dépôts sauvages.

Elle a fait partie des membres du gouvernement qui ont souvent bataillé au Parlement, faisant preuve de combativité et de sens politique. Pour exemple, elle n’a pas hésité à polémiquer en répondant à deux questions d’opposants pour tourner en ridicule ses contradicteurs qui l’empêchaient de répondre. C’était une belle révélation du gouvernement, avec Julien Denormandie (aujourd’hui Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation), elle fait de la politique, arrive à suivre son fil malgré le brouhaha, etc.

Lors de la séance à l’Assemblée Nationale du 12 juin 2018, présidée par François de Rugy, elle déclarait effectivement, pantalon rose et veste noire : « Nous entendons donc trouver des solutions compatibles avec les règles du commerce mondial ! »

Puis elle s’est interrompue, sous les applaudissements des députés de la majorité et sous les huées des députés LR. Pas intimidée, elle ajouta : « Vous savez, mesdames et messieurs les députés de droite, je suis mère d’une petite fille de trois ans : sincèrement, vos réactions sont du même niveau que les siennes. C’est la réalité, vraiment ! Je doute, d’ailleurs, que vos électeurs soient très contents de vous voir vous comporter ainsi, désolée de le dire. Bref ! ». Remarque qui n’a fait qu’exacerber l’agitation des députés. Le champ parlementaire est un jeu de rôle et Bruce Poirson a su s’intégrer dans ce théâtre si particulier.

Un moment pressentie pour mener la liste LREM aux élections municipales à Avignon, Bruce Poirson fut élue vice-présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) le 20 mars 2019 pour un mandat de deux ans. Exclue du nouveau gouvernement, elle retrouvera son siège de députée au mois d’août 2020.


Christelle Dubos (44 ans)

Spécialiste des affaires sociales à l’échelon communal et intercommunal, Christelle Dubos, à 44 ans, quitte le gouvernement après avoir été nommée Secrétaire d’État aux Solidarités et à la Santé du 16 octobre 2018 au 3 juillet 2020, auprès des ministres Agnès Buzyn puis Olivier Véran, chargée plus particulièrement des politiques sociales et familiales. De centre gauche, Christelle Dubos fut élue adjointe au maire de Sadirac, une commune de 4 000 habitants en Gironde, chargée des affaires sociales, du logement et des solidarités, de mars 2014 à juillet 2017.

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Rejoignant la campagne d’Emmanuel Macron, elle fut investie par LREM et élue députée de Gironde le 18 juin 2017 avec 56,7% face à un candidat FI. À l’Assemblée Nationale, elle consacra son action au logement, à la cohésion des territoires et à l’insertion professionnelle. Elle a corapporté la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (dite loi ELAN), sur les parties logement et mixité sociale.

Au gouvernement, Christelle Dubos a été chargée d’organiser la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté proposée par Emmanuel Macron le 13 septembre 2018. Elle a aussi travaillé sur le service public de versement des pensions alimentaires en incluant les CAF comme intermédiaires entre conjoints, et a étudié la mise en place d’une refonte de toutes les aides sociales et d’un revenu universel d’activité. Elle a également mis en place de deux plans d’urgence d’aide alimentaire, un de 39 millions d’euros puis un autre de 55 millions d’euros pour soutenir les associations en pleine crise sanitaire.

Certains ont reproché sa trop grande rareté médiatique pendant la pandémie de covid-19, en particulier son absence de décision concernant les EHPAD qui relevaient de ses attributions, probable explication de son éviction du nouveau gouvernement.


Sarah El Haïry (31 ans)

Au contraire de Christelle Dubos, elle est très présente dans les médias. Beaucoup de gens ont pu voir Sarah El Haïry et sa combativité dans de nombreux débats télévisés, n’hésitant pas, sur les plateaux, non seulement à défendre la politique du gouvernement mais aussi, en même temps, à donner franchement ses points de vue, montrant ainsi une femme de caractère et une femme qui a une vision politique.

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C’est probablement l’une des meilleures nominations dans ce nouveau gouvernement. Nommée à 31 ans, le 26 juillet 2020, Secrétaire d’État auprès de Jean-Michel Blanquer, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry est montée très vite en responsabilité au sein du MoDem à Nantes où elle a été élue conseillère municipale le 28 juin 2020 (elle avait été numéro deux de la liste MoDem en mars 2014, mais ne fut pas élue à l’époque ; elle fut opposée à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes).

D’origine franco-marocaine, née à Romorantin-Lanthenay, ayant passé une partie de son enfance à Metz et à Casablanca, elle a fait ses études à Nantes puis a eu une expérience internationale, notamment au Canada. Représentante du MoDem, elle participa à la liste de Bruno Retailleau (sénateur LR) aux élections régionales de décembre 2015 pour les Pays de la Loire, et fut désignée présidente du MoDem de Loire-Atlantique à partir février 2016 (porte-parole nationale à partir de février 2018).

Investie par le MoDem et soutenue par LREM, Sarah El Haïry fut élue députée de Nantes le 18 juin 2017 avec 61,0% des voix contre le député socialiste sortant. Membre de la commission des finances, elle a rendu un rapport le 9 juin 220 au Premier Ministre Édouard Philippe sur la philanthropie à encourager en France.


Olivia Grégoire (41 ans)

Licence d’histoire à Nanterre, IEP Paris (communication) et master en marketing à l’ESSEC pour Olivia Grégoire qui a commencé sa carrière professionnelle dans une agence de publicité puis dans un grand groupe privé avant de créer son propre cabinet de consultante.

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Proche des idées libérales d’Alain Madelin, Olivia Grégoire a travaillé dans les cabinets du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2005 puis du Ministre de la Santé Xavier Bertrand e 2005 à 2007. Responsable des questions de santé pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, elle fut investie par LREM et fut élue députée dans la douzième circonscription de Paris, battant le 18 juin 2017 le député LR sortant Philippe Goujon avec 56,4% des voix.

Une fois élue députée, Olivia Grégoire a été très active, tant dans son travail de parlementaire (vice-présidente de la commission des finances, présidente de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi Pacte), que dans son influence politique au sein du groupe LREM dont elle fut la porte-parole. Elle a soutenu en septembre 2018 la candidature de Gilles Le Gendre à la présidence du groupe LREM, pour remplacer Richard Ferrand élu au perchoir, et elle aurait pu lui succéder en septembre 2020 si elle n’avait pas été nommée au gouvernement.

Elle a été aussi engagée pleinement dans la bataille des municipales à Paris, comme responsable de communication de Benjamin Griveaux qui a cependant été amené à démissionner quelques semaines avant les élections.

N’hésitant pas à nourrir la polémique, Olivia Grégoire était l’une des rares membres du groupe LREM à savoir ce qu’être député de la majorité, à savoir batailler contre l’opposition, répondre aux arguments, les combattre au besoin, multiplier les interventions dans les médias pour porter la parole gouvernementale. Bref, être un "second couteau" capable de soutenir le gouvernement lorsqu’il y a la tempête.

Nommée à 41 ans, le 26 juillet 2020, Secrétaire d’État auprès de Bruno Le Maire, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire a obtenu de façon méritée un strapontin ministériel sur un sujet qui lui tenait à cœur. Elle fait partie, avec Amélie de Montchalin, des "révélations" des députés LREM.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 juillet 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Secrétaires d’État du gouvernement Castex : des nouveaux et des partants.
Nomination des secrétaires d’État du gouvernement Castex I.
Gérald Darmanin, cible des hypocrisies ambiantes.
Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !
Discours du Premier Ministre Jean Castex le 16 juillet 2020 au Sénat (texte intégral).
Discours du Premier Ministre Jean Castex le 15 juillet 2020 à l’Assemblée Nationale (texte intégral).
La déclaration de politique générale de Jean Castex le 15 juillet 2020.
Interview du Président Emmanuel Macron le 14 juillet 2020 par Léa Salamé et Gilles Bouleau (retranscription intégrale).
Emmanuel Macron face aux passions tristes.
Gérald Darmanin, l'enfant terrible de la Macronie.
Composition du gouvernement Castex I.
Le gouvernement Castex I nommé le 6 juillet 2020.
Jean Castex, le Premier Ministre du déconfinement d’Emmanuel Macron.
Discours du Président Emmanuel Macron devant la Convention citoyenne pour le climat le 29 juin 2020 à l’Élysée (texte intégral).
Après-covid-19 : écologie citoyenne, retraites, PMA, assurance-chômage ?
Édouard Philippe, le grand atout d’Emmanuel Macron.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Convention citoyenne pour le climat : le danger du tirage au sort.
Les vrais patriotes français sont fiers de leur pays, la France !
Le Sénat vote le principe de la PMA pour toutes.
Retraites : Discours de la non-méthode.
La réforme de l’assurance-chômage.
Emmanuel Macron explique sa transition écologique.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180612-brune-poirson.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/07/28/38453063.html



 

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6 juin 2018 3 06 /06 /juin /2018 20:41

Née le 5 octobre 1934 à Gentilly, après ses études à la Sorbonne et à l'Institut catholique de Paris, Monique Papon a enseigné l'histoire à Nantes et s'y est implantée politique sous l'étiquette de l'UDF-CDS (membre du bureau de l'UDF entre novembre 1995 et avril 2002) après avoir milité à la Jeunesse étudiante chrétienne. Elle fut élue conseillère générale de Nantes de mars 1979 à mars 2004 (vice-présidente du conseil général de Loire-Atlantique de mars 1994 à mars 2004; elle fut battue de justesse aux élections cantonales de mars 2004), adjointe au maire de Nantes (le RPR Michel Chauty) de mars 1983 à mars 1989 puis conseillère municipale d'opposition de Nantes de mars 1989 à mars 2001 (avec le maire PS Jean-Marc Ayrault). Elle fut élue et réélue députée de Nantes de mars 1986 à juin 1997 (élue grâce à la proportionnelle puis réélue deux fois en juin 1988 et mars 1993 dans la première circonscription de Loire-Atlantique), mais elle fut battue par le candidat socialiste au second tour le 1er juin 1997 avec 458 voix de retard (49,5%). Elle fut élue sénatrice de Loire-Atlantique de septembre 2001 à septembe 2011 (un seul mandat), et fut secrétaire du Sénat du 18 mai 2004 au 7 octobre 2008 puis vic-présidente du Sénat du 7 octobre 2008 au 25 septembre 2011. Après avoir été membre du groupe Union centriste au Sénat, elle a rejoint le groupe UMP en 2002.

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180606-monique-papon.html


 

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19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 05:46

« Le Conseil Européen vient d’ouvrir audacieusement à Helsinki le grand chantier de la réunification à terme de toute l’Europe au sein de l’Union, celui de l’adaptation des institutions à cet élargissement, celui d’une défense européenne autonome. Rien ne sera accompli dans la facilité. Mais ce demi-siècle d’histoire de la construction européenne a été constamment marqué par les efforts que chacun devait faire pour surmonter les conflits d’intérêts ou de conception entre nos États, et faire prévaloir, in fine, dans la solidarité, l’intérêt commun. Les difficultés qui sont apparues ces derniers jours entre deux de nos États, si vives qu’elles soient, et dont je mesure, vous le savez, l’aspect humain autant qu’économique, n’échapperont pas à cette règle, je veux dire, à cette dynamique d’une conclusion d’entente, j’en suis convaincue et je le souhaite ardemment. » (Strasbourg, le 14 décembre 1999).


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Ah, il est loin le temps où je prenais le petit-déjeuner, pour commencer une belle journée estivale, avec une "simple" députée européenne toujours fidèle aux universités d’été du CDS. Nicole Fontaine a parcouru entre temps un beau chemin. Elle est morte ce jeudi 17 mai 2018 à l’âge de 76 ans (elle est née le 16 janvier 1942 pas très loin du Havre). Encore récemment, elle tenait une série de conférences pour évoquer le Brexit, présenter les enjeux, les conséquences, imaginer l’avenir, parier sur un nouveau départ (elle avait coécrit le livre "Brexit, une chance ? Repenser l’Europe" publié le 14 juin 2016).

Nicole Fontaine a fait sa scolarité au lycée public du Havre (elle a eu le bac à l’âge de 15 ans), puis a suivi des études de droits à Rouen puis à Paris où elle a été diplômée de l’IEP Paris en 1962. Elle est devenue conseillère juridique du Secrétariat général de l’Enseignement catholique (SGEC) en 1965. Chargée de l’application des contrats entre les établissements catholiques et l’État, elle fut alors nommée de 1972 à 1981 secrétaire générale adjointe de l’enseignement catholique par la conférence nationale des évêques (ce qui était très rare pour un laïque, plus encore pour une femme), puis déléguée de l’enseignement catholique de 1981 à 1984.

Docteure d’État en droit public (le sujet de sa thèse soutenue en 1969 était l’enseignement privé associé à l’État par contrat), cette avocate s’est fait connaître en 1984 dans un combat très spécifique pour la liberté, à la zone frontière entre la politique et le social : elle était la porte-parole de l’enseignement catholique au moment où la réforme Savary a tenté d’imposer un système unique laïque de l’éducation qui aurait violé la liberté d’enseigner. Les manifestations de millions de personnes au printemps 1984 ont pris finalement le dessus sur une majorité parlementaire socialo-communiste dominée par les ultras.

C’était à cette occasion qu’elle est devenue une figure connue de l’opposition menée partiellement par Jacques Chirac, une figure d’ailleurs plus "société civile" que politique. Ce fut donc logique que cette centriste démocrate-chrétienne (vice-présidente du CDS à partir de 1989) se retrouva élue sur la liste unique UDF-RPR menée par Simone Veil, alors ancienne Présidente du Parlement Européen, aux élections européennes de juin 1984 (elle avait déjà été candidate en juin 1979, mais en position non éligible).

Nicole Fontaine a alors fait de l’Europe son véritable métier. Sa passion et son métier. Elle fut élue cinq fois députée européenne, de juin 1984 à juin 2009. Pendant ces vingt-cinq ans (moins deux ans, voir plus loin sa courte carrière ministérielle), elle fut une ambassadrice sans relâche de la construction européenne et surtout, de l’idée européenne auprès du peuple. Elle a publié quelques ouvrages didactiques pour mieux comprendre les institutions européennes, aussi sur le dispositif Erasmus qui a maintenant plus de trente ans d’expérience et dont elle fut une très enthousiaste promotrice auprès des étudiants européens.

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Nicole Fontaine a notamment été vice-présidente du Parlement Européen du 25 juillet 1989 au 19 juillet 1999, vice-présidente de la Délégation pour les relations avec Israël du 5 février 1992 au 18 juillet 1994, et membre de nombreuses commissions.

Après avoir exercé ces quelques responsabilités au sein du Parlement Européen, Nicole Fontaine a reçu son "bâton de maréchale" en se faisant élire Présidente du Parlement Européen du 20 juillet 1999 au 15 janvier 2002 grâce aux voix du PPE (Parti populaire européen qui regroupait alors les centristes et les démocrates-chrétiens européens avant de se droitiser), battant l’ancien Premier Ministre socialiste portugais Mario Soares.

Encore à ce jour (18 mai 2018), Nicole Fontaine est l’une des deux seules femmes à avoir présidé le Parlement Européen (avec Simone Veil) et l’une deux trois Français à l’avoir présidé depuis qu’il est élu au suffrage universel direct (juin 1979), avec Simone Veil et Pierre Pflimlin (ancien Président du Conseil).

Cette période fut particulière en France puisqu’il y avait la troisième cohabitation entre le Président de la République Jacques Chirac et le Premier Ministre Lionel Jospin.

Cette période fut particulière également en Europe puisque l’Union Européenne venait de commencer les négociations pour la réunification de l’Europe avec l’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale qui sont sortis du régime communiste (l’élargissement a eu lieu le 1er mai 2004).

Dans ses fonctions de Présidente, Nicole Fontaine rencontra les plus grands de ce monde, présente dans les sommets du G7 et les sommets européens. Le Parlement Européen est devenu une instance politique reconnue internationalement.

Nicole Fontaine a inauguré le 14 décembre 1999 à Strasbourg le bâtiment Louise-Weiss, nouveau siège du Parlement Européen dans ses propres locaux (auparavant, il a longtemps siégé au Conseil de l’Europe, juste à côté) en présence du Président Jacques Chirac, du Premier Ministre finlandais Lipponen (président à l’époque du Conseil Européen), du Président de la Commission Européenne Romano Prodi et de sa prédécesseure Simone Veil.

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Nicole Fontaine est l’une des rares responsables politiques françaises à avoir voulu faire sa carrière politique exclusivement au sein des institutions européennes et qui n’a pas utilisé son siège de députée européenne comme simple tremplin pour obtenir un mandat national ou comme simple lot de consolation lorsqu’elle aurait été évincée d’un mandat national. Travailleuse assidue, elle a voulu faire progresser l’idée européenne de manière concrète et visible.

Avec les critères d’évaluation des parlementaires, on peut confirmer que Nicole Fontaine était une parlementaire très assidue : elle a siégé au Parlement Européenne pendant 288 jours lors de son dernier mandat, entre le 20 juillet 2004 et le 26 mars 2009, soit un taux de présence remarquable de 85%. Lors de son avant-dernier mandat (1999-2002), elle a fait 1 301 interventions en séance plénière, ce grand nombre est normal puisqu’elle présidait la plupart des séances. Lors de son dernier mandat (2004-2009), elle a fait 7 interventions en séance plénière.

L’une de ses dernières interventions fut une question orale posée le 27 octobre 2008 sur les mesures visant à améliorer l’environnement des PME dans le "Small Business Act" pour l’Europe.

Une autre de ses dernières initiatives fut une proposition de résolution commune déposée le 23 avril 2009 sur les droits des femmes en Afghanistan : « Considérant que le nouveau projet de loi sur le statut personnel des femmes chiites approuvé récemment par les deux chambres du parlement afghan restreint gravement la liberté de mouvement des femmes en leur niant le droit de quitter leur domicile sauf à des "fins légitimes", en exigeant d’elles de se soumettre aux désirs sexuels de leur mari, légitimant ainsi le "viol conjugal", ainsi qu’en encourageant la discrimination à l’égard des femmes dans les domaines du mariage, du divorce, de la succession et de l’accès à l’enseignement, ce qui va à l’encontre des normes internationales en matière de droits humains, et en particulier de droits de la femme (…), [le Parlement Européen] demande l’annulation du projet de loi concernant la population chiite en Afghanistan dont la teneur n’est manifestement pas conforme au principe d’égalité entre hommes et femmes tel qu’il figure dans la Constitution et dans les conventions internationales ; (…) salue le courage des femmes afghanes qui ont manifesté à Kaboul contre le nouveau projet de loi et leur exprime son soutien ; condamne les violences dont elles ont été victimes lors de ces manifestations et demande aux autorités afghanes d’assurer leur protection ; (…). ».

Le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin a choisi Nicole Fontaine dans son deuxième gouvernement au poste de Ministre déléguée à l’Industrie du 17 juin 2002 au 30 mars 2004. Son ministre de tutelle fut Francis Mer, ancien grand patron nommé à l’Économie, aux Finances et à l’Industrie.

Nicole Fontaine a quitté le Parlement Européen en juin 2009. Titulaire de la prestigieuse chaire Jean-Monnet de 2010 à 2015, elle a enseigné la science politique appliquée à l’Union Européenne à l’Université de Sophia-Antipolis (près de Nice), à Sup de Co Paris et à l’IEP Paris. Ses cours à Nice furent notamment intitulés : "L’intégration européenne, des traités de Rome au traité de Lisbonne" ; "Les acteurs institutionnels d’une construction européenne atypique et en permanente évolution" ; "L’intégration européenne et la démocratie : le Parlement Européen" ; "Les processus de décision au sein de l’Union Européenne", etc.

Nicole Fontaine restera dans la mémoire politique une extraordinaire militante européenne aux valeurs de liberté. Condoléances à sa famille et à ses proches, et en particulier à sa fille Christine.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 mai 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nicole Fontaine.
Jacques Chirac.
L’Union Européenne.
Le CDS.
Simone Veil.
Marie-Jeanne Bleuzet-Julbin.
Charles Choné.
Henry Jean-Baptiste.
Loïc Bouvard.
Bernard Bosson.
Bernard Stasi.
Dominique Baudis.
Jacques Barrot.
Adrien Zeller.
Alain Poher.
Jean Lecanuet.
René Monory.
Raymond Barre.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180517-nicole-fontaine.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/nicole-fontaine-l-europe-et-la-204445

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/05/19/36416274.html


 

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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 03:55

« La mort n’est, en définitive, que le résultat d’un défaut d’éducation, puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir-vivre. » (Pierre Dac, 1972).


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L’ancienne ministre et ancienne Présidente du Parlement Européen Simone Veil est morte il y a un an le 30 juin 2017. Lors de l’hommage solennel dans la cour d’honneur des Invalides le 5 juillet 2017, le Président Emmanuel Macron avait annoncé que ses cendres seraient transférées au Panthéon. La famille a accepté seulement si elle était accompagnée de son mari Antoine Veil, qu’elle avait épousé le 26 octobre 1946 et qui est mort le 12 avril 2013, il y a cinq ans. L’Élysée a annoncé le 19 février 2018 la date du transfert de leurs cendres, ce dimanche 1er juillet 2018.

C’est la première fois qu’un homme va être inhumé au Panthéon parce qu’il est le "mari de". La première femme qui y a été inhumée fut, elle aussi, une "femme de", Sophie Berthelot, morte le 18 mars 1907 quelques heures avant son mari Marcellin Berthelot, le célèbre chimiste et ministre, effondré par la mort de sa femme. Le 24 mars 1907, les parlementaires votèrent leur inhumation au Panthéon qui a eu lieu le lendemain avec un discours du Ministre de l’Instruction publique Aristide Briand, en présence du Président du Conseil Georges Clemenceau.

La deuxième femme le fut ès qualités mais cependant, encore en couple, puisqu’il s’agit de Marie Curie entourée de son mari Pierre au Panthéon le 20 avril 1995 avec des discours du Président de la République François Mitterrand, du Président polonais Lech Walesa et du Prix Nobel de Physique Pierre-Gilles de Gennes, en présence du Premier Ministre Édouard Balladur, de la famille Curie (notamment leur fille Ève, morte à 102 ans le 22 octobre 2007, et leurs descendants), et de la soprano Carole Casadesus (petite-fille de Gisèle Casadesus, une autre grande famille).

Deux autres femmes ont été honorées au Panthéon, Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-De Gaulle, le 27 mai 2015, par le Président François Hollande (aux côtés de Jean Zay et de Pierre Brossolette), mais leurs dépouilles sont restées dans leur cimetière respectif, selon le vœu de leur famille.

Simone Veil est donc la troisième (cinquième honorée) à aller au Panthéon, accompagnée de son mari. C’est donc l’occasion d’évoquer la personnalité d’Antoine Veil, beaucoup moins connu que sa femme.

L’amour qu’il portait à Simone fut tel qu’il a accepté cette position de "mari de" : « Tous ceux qui l’ont connue savent très bien à quel point son mari Antoine Veil a eu un rôle plus discret, mais tout à fait éminent dans le parcours de Simone Veil. » (Laurence Parisot, sur France Inter, le 5 juillet 2017, ancienne présidente du Medef).

D’autant plus difficile à admettre par lui que tout le prédisposait à être "le" ministre du couple, l’homme politique du couple, lorsqu’ils étaient jeunes. D’autant plus difficile que l’époque (à la Libération) laissait encore peu de place aux femmes dans la société (qui, si elles venaient de gagner le droit de voter grâce à De Gaulle, ne pouvaient toujours pas ouvrir un compte bancaire sans leur mari).

Antoine Veil était originaire de Lorraine (né le 28 août 1926 à Blâmont), a suivi des études secondaires à Nancy puis à Grenoble, et enfin, des études de droit et l’IEP Paris (promotion 1948). Ce fut à Science Po que le futur couple se rencontra.

Simone Jacob (Veil) était très éprouvée de sa déportation à Auschwitz (arrêtée à Nice le 30 mars 1944, envoyée à Drancy le 13 avril 1944, à Auschwitz à 15 avril 1944, jusqu’au 27 janvier 1945 où elle fut transférée à Bergen-Belsen, libérée le 15 avril 1945). Elle a perdu sa mère morte du typhus, et n’a jamais retrouvé son père et son frère Jean, déportés en Lituanie. Sa sœur Madeleine fut sauvée et une autre sœur, Denise Vernay, résistante, fut également déportée, à Ravensbrück et a survécu.

Antoine Veil, lui, échappa de justesse à la déportation (mais sa sœur n’y échappa pas, et a survécu) et a pu se réfugier avec le reste de sa famille en Suisse pendant la guerre. À la Libération, il a repris ses études, diplômé de l’IEP Paris en 1948, puis de l’ENA en 1955 (promotion Albert-Thomas, même promo que Nicole Questiaux et Jean François-Poncet).

En fait, Antoine Veil avait déjà commencé son implantation politique avant l’ENA et même avant l’IEP, comme membre de cabinets ministériels, celui du centriste Pierre-Henri Teitgen en 1947, puis celui du centriste Alain Poher en 1948. Il continua à travailler comme membre de cabinets chez plusieurs ministres, notamment comme directeur de cabinet du centriste Joseph Fontanet (Industrie et Commerce puis Santé) de 1959 à 1962.

Pendant quelques années jusqu’en 1952, il fut nommé à Wiesbaden puis Stuttgart, et sa femme Simone accepta de l’accompagner en Allemagne, si peu de temps après son séjour dans les camps. Le couple Veil s’est forgé un esprit très favorable à la construction européenne en étant convaincu qu’elle passerait nécessairement par l’amitié franco-allemande. Simone Veil n’a jamais considéré que les Allemandes étaient intrinsèquement des nazis potentiels, car selon elle, le nazisme aurait pu se développer dans n’importe quel pays d’Europe.

Pendant une quinzaine d’années, Antoine Veil a été haut fonctionnaire (inspecteur des finances) et proche collaborateur de plusieurs ministres centristes, ce qui lui donnait une forte influence et un réseau jamais démenti. Cela aurait été donc naturel qu’il poursuivît sa trajectoire par un engagement politique beaucoup plus fort. Comme on le voit, à cette époque, le couple tournait autour de la carrière d’Antoine, plein d’ambition, et pas autour de Simone.

En 1962, les ministres centristes ont démissionné après la conférence de presse de De Gaulle du 15 mai 1962 qui s’était moqué de l’Europe. Notamment Joseph Fontanet, Maurice Schumann, Pierre Pflimlin et Robert Buron. La carrière d’Antoine Veil a alors un peu bifurqué vers le management d’entreprises. Délégué général des Armateurs français de 1964 à 1968, il fut ensuite directeur général adjoint de la Compagnie des chargeurs réunis de 1969 à 1971, puis directeur de l’Union des transports aériens, PDG de la Compagnie aéromaritime d’affrètement, administrateur d’Air Inter, PDG de Manurhin de 1982 à 1986, PDG d’Orlyval en 1992, etc. Il a fondé aussi son propre cabinet de conseil (en 1989), et conseilla Axa, GDF-Suez, Bolloré, etc.

Parallèlement, son épouse a dû convaincre son mari qu’elle pouvait faire autre chose que mère au foyer (trois enfants nés de 1947 à 1954). Après l’IEP, elle a suivi l’École de la magistrature et est devenue juge. Elle voulait initialement devenir avocate mais son mari ne voulait pas qu’elle défendît des criminels. Curieusement, Simone Veil n’a jamais été Ministre de la Justice. Antoine Veil a confié à "Gala", dans une des rares interviews où il se dévoilait un peu : « Ma mère était "esclavagisée" par mon père. J’étais probablement moi aussi esclavagiste ! Ma conversion à la parité dans le couple ne s’est pas fait aux forceps, mais à la lueur du temps qui passe. » (janvier 2011).

Lorsque le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing appela Simone Veil au Ministère de la Santé en 1974, elle ne se doutait pas encore qu’elle serait la première à défendre la loi sur la dépénalisation de l’IVG (normalement, son collègue de la Justice Jean Lecanuet aurait dû remplir cette mission). VGE l’avait appelée car il cherchait à promouvoir au gouvernement des femmes, trop absentes de la vie politique (on revient de loin !). Simone Veil avait tout pour lui plaire : encore jeune, expérimentée, sérieuse, diplômée, intelligente, d’un fort caractère et centriste.

Pour Antoine Veil, l’entrée de sa femme en politique par la grande porte du conseil des ministres à l’Élysée, lui a fermé les mêmes portes. Pas question de faire ce qu’a fait plus tard le couple Ségolène Royal et François Hollande. Antoine Veil resta donc un conseiller dans l’ombre : « Quand j’ai vu que [Simone] évoluait en Formule 1, je suis retourné au fond de la classe. Je ne voulais pas jouer les Poulidor. » ("Gala").

Il fut néanmoins très actif en politique, mais dans la discrétion, dans le remue-méninges et dans les réseaux centristes. Antoine Veil fut en quelques sortes l’aile gauche du couple centriste.

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Antoine Veil fut élu conseiller de Paris en 1971 et en 1983. Au Ministère de la Santé, il s’est activé pour convaincre une majorité de parlementaires de l’intérêt de la loi sur l’IVG. Il fut aussi trésorier du CDS pendant quelques moments, et réussit à convaincre la majorité de l’époque de faire de sa femme la tête de liste aux premières élections européennes au suffrage universel direct (en juin 1979).

Après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, Simone Veil est devenue une personnalité du centre droit durablement populaire. Toutefois, elle a toujours renoncé à être candidate à l’élection présidentielle, considérant que les électeurs n’étaient pas encore prêts à élire une femme à l’Élysée. Elle devait enf fait penser sans doute que la classe politique très machiste (Ségolène Royal l’a vite compris vingt-cinq ans plus tard) n’était pas encore prête, et elle ne se voyait pas ferrailler contre les Jacques Chirac ou les Valéry Giscard d’Estaing. Elle qui a vécu la Shoah, devait trouver ces jeux politiciens un peu trop futiles…

En 1983, Antoine Veil créa l’un des clubs de réflexion les plus actifs de Paris, le Club Vauban, du nom de la place où les époux habitaient à Paris et qui recevaient de nombreux invités. Antoine Veil faisait ainsi rencontrer des responsables politiques de tout horizon, droite comme gauche, en particulier Bernard Stasi et Michel Rocard.

D’ailleurs, la présence à ses obsèques, le 15 avril 2013 à Paris, de nombreuses personnalités n’était pas seulement le fait d’avoir été l’époux de Simone Veil, mais bien d’avoir été celui qui, pendant des décennies, a entremêlé la classe politique au centre de l’échiquier politique. En effet, il y avait beaucoup de monde autour de lui : Jacques Chirac, Édouard Balladur, François Fillon, Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici, Philippe Douste-Blazy, Bertrand Delanoë, Élisabeth Guigou, Anne Hidalgo, Serge Dassault, etc.

Il avait d’ailleurs des opinions bien arrêtées sur certains Présidents : « Les gens consacrent tellement d’énergie à se faire élire qu’ils oublient, lorsqu’ils le sont, pourquoi ils ont été élus. (…) Mon amitié pour Jacques Chirac ? Elle est réelle, mais prendre le pouvoir n’est pas une fin en soi. Nicolas Sarkozy, lui, n’a pas oublié ce qu’il voulait faire, même s’il n’a pas fait les réformes assez vite à mon sens. » (janvier 2011). Il aurait été probablement l’un des promoteurs d’Emmanuel Macron s’il avait vécu plus longtemps.

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Comme sa femme, Antoine Veil a rencontré les grands de ce monde, et ne laissait pas son sens de l’humour dans sa poche. Lorsqu’il a rencontré le couple royal britannique, il confia à la reine qu’il avait le même âge qu’elle, et à son mari, le Prince Philip, qu’il pourrait présider l’Association des conjoints de femmes au pouvoir !

Soixante-six ans de vie commune. Avec la déportation dans la gorge. Quand le couple a vu leur voiture vandalisée avec une inscription "Veil = SS", à cause de la loi sur l’IVG, forcément, cela prenait une tournure tragique. Mais il était fier de Simone lorsqu’elle fit son entrée à l’Académie française.

Les voici tous les deux dans le Temple de la République, sanctifiés par la nation et unis dans l’exemplarité. Entrez, et veillez sur nous !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 juin 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les époux Veil honorés au Panthéon.
Antoine Veil.
Simone Veil, un destin français.
L’hommage de la République à Simone Veil.
Discours d’Emmanuel Macron en hommage à Simone Veil le 5 juillet 2017 aux Invalides (texte intégral).
Discours de Jean Veil et Pierre-François en hommage à leur mère Simone Veil le 5 juillet 2017 aux Invalides (texte intégral).
Simone Veil, une Européenne inclassable.
Simone Veil académicienne.
Discours de réception de Simone Veil à l’Académie française (18 mars 2010).
Discrimination : rien à changer.
Rapport du Comité Veil du 19 décembre 2008 (à télécharger).
Mort d'Antoine Veil.
Bernard Stasi.
Bernard Stasi et Antoine Veil.
Denise Vernay.
Ne pas confondre avec Simone Weil.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20130412-antoine-veil.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/06/28/36521774.html


 

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 18:06

Né en 1975 et diplômé de Science Po Bordeaux, Joan Taris a été élu conseiller régional de la Nouvelle-Aquitaine et adjoint au maire du Bouscat, dans la banlieue de Bordeaux. Il a été le président de la fédération du MoDem de Gironde de 2009 à 2017. Il fut directeur de cabinet du maire de Saint-Médard-en-Jalles (Jacques Mangon). Il s'est suicidé le dimanche 21 janvier 2018 peu avant six heures du matin en se jetant à Lormont du pont d'Aquitaine. Condoléances très émues à sa famille et à ses proches.

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180121-joan-taris.html

 

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