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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 06:45

« Si la France veut tirer profit des mutations technologiques qui amènent de nombreux nouveaux acteurs économiques à émerger sur notre sol, il faut s’interroger sur la pertinence non seulement des outils publics mis en œuvre mais aussi de l’environnement fiscal et législatif qui entoure les investisseurs. » (Rapport Carré-Caresche du 16 septembre 2015).



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Dans le monde anglo-saxon, on parle de "venture capital" (capital "aventure") pour parler de financement des entreprises lors de leur création, alors qu’en France, on parle de "capital risque". La traduction résume à elle seule la frilosité des acteurs économiques à financer l’amorçage en France.

Le "venture capital" investit donc avec un plus grand risque d’échec (l’activité n’est pas encore profitable) mais aussi, en cas de succès, un plus fort rendement attendu par rapport à l’investissement d’activités pérennes. Selon l’Association français des investisseurs pour la croissance (AFIC), ce type d’investissement a eu un rendement annuel de 10,7% pour la période de 2004 à 2013 alors que l’immobiliser, seulement 7,2% et les entreprises du CAC 40 seulement 5,6%.

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Deux députés ont mené une mission sur l’investissement productif de long terme en France afin de comprendre où se trouvent les freins dans la chaîne de financement des entreprises françaises. Olivier Carré, député LR d’Orléans, et Christophe Caresche, député PS de Paris, ont remis leur rapport le 16 septembre 2015 à la Présidence de l’Assemblée Nationale (qu’on peut télécharger ici).

Le sujet est important puisque c’est le cœur de la vie économique : pour créer des emplois, il faut créer de l’activité économique durable, et pour cela, il est nécessaire d’encourager les investissements dans ces activités. Or, en France, la situation est très en retrait par rapport à des pays comparables.

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Toute l’étude des deux parlementaires a porté sur la manière dont une PME (petite ou moyenne entreprise) peut croître en ETI (entreprise de taille intermédiaire). C’est ce type de croissance qui permettra la création de nombreux emplois. Donc, ce sujet est essentiel pour favoriser l’emploi et "résorber" le chômage.

Le rapport évalue donc les moyens pour renforcer les capacités des entreprises à tous leurs stades du développement, à savoir l’amorçage, la création, la post-création (le produit est développé mais pas encore fabriqué ni commercialisé), le développement (après le seuil de rentabilité atteint), la croissance et aussi la transmission ou succession.

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Depuis 2009, le nombre de créations d’entreprise est à peu près stable entre 150 et 200 000 par an. Le problème français par rapport au tissu économique allemand, par exemple, c’est une surmortalité des entreprises de moins de cinq ans et le rachat des entreprises les plus prometteuses par des investisseurs étrangers. Même si cela peut arriver, c’est très difficile, en France, de voir émerger des entreprises comme Google, FaceBook, Twitter, Amazon, etc.

Les pouvoirs publics possèdent trois leviers pour agir sur l’investissement productif de long terme : la réglementation pour imposer un cadre normatif national (ou européen), l’incitation, plus particulièrement fiscale (qui a un coût à l’État), et l’intervention directe, dans la bonne tradition colbertiste (qui coûte très cher et est très critiquée car l’État prend alors le rôle d’un opérateur privé).

La mission parlementaire a insisté pour encourager les "business angels" qui sont une part très importante du financement en stade d’amorçage, mais aussi les fonds d’investissement et le "crowdfunding" qui permet au grand public de participer à cet investissement par des sites Internet.

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L’AFIC a évalué à 10,1 milliards d’euros les levées de fonds en capital-investissement pour l’année 2014 (étude publiée le 24 mars 2015), soit un rebond par rapport à 2013 de 24% mais encore en dessous du niveau d’avant la crise de 2008.

Cette augmentation n’a cependant pas beaucoup profité au capital amorçage mais plutôt au développement et à la transmission.

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De plus, malgré l’augmentation assez lente du nombre de business angels (de l’ordre de 10% en trois ans), il y a 20% d’entreprises financées par eux en moins entre 2013 et 2014. Pourtant, ce sont les seuls acteurs (avec la "love-money", c’est-à-dire les aides de la famille et des amis), actuellement, qui permettent l’amorçage des nouvelles activités économiques.

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Les deux députés ont rédigé une série de vingt propositions pour renforcer l’investissement productif en France, qui sont surtout basées sur la réforme de certains dispositifs fiscaux. Le résultat de cette mission peut paraître assez décevant par rapport à l’importance du sujet.

En quelques sortes, ils ont reconnu une certaine impuissance à la conclusion de leurs travaux : « Les rédacteurs de ce rapport sont conscients que l’état actuel de nos finances publiques ainsi que l’effort fiscal qui est demandé aux Français rendent difficile le souhait de certains de leurs interlocuteurs d’une baisse massive de l’imposition des revenus du capital, par exemple, ou de la taxation de sa détention. ».

Les deux députés ne sont pas non plus parvenus à un accord sur l’imposition du patrimoine, Olivier Carré étant très favorable à la suppression de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) qui coûte plus cher dans sa perception qu’il n’est rentable et qui décourage les investisseurs notamment étrangers à investir en France.

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Olivier Carré, lors de sa présentation à la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée Nationale, l’a reconnu, la plupart des mesures sont très techniques : « Notre rapport peut paraître technique, car il propose plusieurs mesures ciblées, mais celles-ci sont assises sur une vision d’ensemble commune à celle ayant animé la rédaction de rapports précédents. Ces derniers ont certes conduit à l’adoption de dispositions législatives qui ont permis de mobiliser des masses financières importantes, mais nous devons encore lever les verrous qui existent en plusieurs endroits de cette chaîne de financement. » (16 septembre 2015).

Parmi les propositions dont ils ont évalué le coût global pour l’État à environ 400 millions d’euros, il y a l’adaptation du dispositif du mécénat d’entreprise (attractif fiscalement) vers les réseaux de création d’entreprise, l’harmonisation des règles fiscales des investissements directs ou avec intermédiaires, la facilitation de la sortie des investisseurs historiques en assouplissant les conditions dans lesquelles ils peuvent conserver leurs avantages fiscaux, la favorisation de la sortie de l’assurance vie en rente viagère (ce qui réduit le besoin en liquidités et les dégage pour d’autres investissements plus productifs) et la création d’un statut d’investisseur de long terme et la structuration de la détention familiale des entreprises.

Ce rapport a donc servi de base pour un certain nombre d’amendements de la commission des finances de l’Assemblée Nationale pendant la discussion budgétaire en cours sur le projet de loi de finances 2016. Si ces propositions étaient mises en œuvre, il ne paraîtrait toutefois pas évident que cela déclencherait une hausse massive du financement des activités économiques au stade de l’amorçage ou du développement, tant le contexte politique et le climat psychologique ont un impact direct sur les investisseurs privés.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 octobre 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rapport Carré-Caresche du 16 septembre 2015 (à télécharger).
Une chef d’entreprise en politique.
La France est-elle un pays libéral ?
Le secteur de l’énergie.
Emmanuel Macron.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150916-investissement-productif.html

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/l-investissement-productif-en-173391

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/10/28/32835946.html


 

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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 06:40

En deux semaines, les grands groupes français du secteur de l’énergie ont changé de direction. Modeste retour sur ce panorama industriel : qui est parti ? qui est arrivé ? quels sont leurs diplômes ? quelle est l’importance de l’entreprise dirigée ? Petit coup de réprojecteur sur des personnalités qui gravitent dans le haut management de l’énergie en France.


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Cette semaine, deux informations ont remis les projecteurs sur l’industrie énergétique française.

Le vendredi 23 octobre 2015, le patron d’EDF a annoncé la construction de plusieurs dizaines de réacteurs nucléaires EPR NM (nouveau modèle) à partir de 2028 ou 2030 : « En 2050, 2055, on n’aura plus de [réacteurs de] la génération actuelle. On aura les EPR NM : on en aura 30, 35 ou 40. On aura plusieurs dizaines qui seront le produit de remplacement du parc actuel. » (conférence de presse de Jean-Bernard Lévy). EDF a confirmé en outre sa demande d’un nouveau délai pour la construction de l’EPR de Flamanville reportée à 2020 (initialement prévue en 2012 et déjà repoussée à 2016).

Par ailleurs, le lundi 19 octobre 2015, un accord de gestion de l’emploi a été signé entre quatre syndicats (sur cinq) et la direction d’Areva dans le cadre d’un plan de sauvetage du groupe nucléaire français. Il faut dire que pour l’année 2014, Areva a enregistré 4,8 milliards d’euros de pertes, et doit faire un plan d’économie de 1 milliard d’euros sur trois ans avec la suppression d’ici 2017 de 6 000 postes dont 2 700 en France.

Cette actualité économique me donne l’occasion de revenir sur le tournant de l’industrie énergétique française qui s’est opéré il y a un an, en octobre 2014, quasiment au cours de la même semaine, même quinzaine. En effet, les grands groupes français ont été amenés à changer de direction au même moment, pour diverses raisons parfois tragiques : Total, Areva, EDF, GDF-Suez, CEA.


Une quinzaine qui a bouleversé les grands acteurs français de l’industrie de l’énergie.

Lundi 13 octobre 2014 : Pas de projet de décret modifiant les statuts du CEA sur la limite d’âge en étude au Conseild’État et donc, confirmation de la non reconduction de Bernard Bigot à la tête du CEA.

Mercredi 15 octobre 2014 : Confirmation par François Hollande au conseil des ministres de la non reconduction d’Henri Proglio à la tête d’EDF.

Lundi 20 octobre 2014 : Démission de Luc Oursel de la tête d’Areva pour raison de santé.

Mardi 21 octobre 2014 : Décès accidentel de Christophe de Margerie, patron de Total, qui a ému la classe politique et le monde économique.

Mercredi 22 octobre 2014 : Éviction de Jean-François Cirelli et mise sur orbite d’Isabelle Kocher par le conseil d’administration de GDF Suez pour succéder à Gérard Mestrallet.

Reprenons ces informations plus précisément.


Total

Il y a eu le tragique accident d’avion (un Falcon 50) au décollage de l’aéroport de Moscou (Vnoukovo) qui coûta la vie, dans la nuit du 20 au 21 octobre 2014, à Christophe Margerie, président-directeur général du groupe Total, ainsi qu’aux trois membres d’équipage, Yann Pican, Maxime Rassiat et Ruslana Vervelle. Il revenait d’une rencontre avec le Premier Ministre russe Dmitri Medvedev et son avion a heurté un véhicule de déneigement, donc le conducteur, rescapé, avait bu un peu trop d’alcool. Si le mandat social devait s’achever en 2015, Christophe de Margerie avait fait les modifications nécessaires pour pouvoir en solliciter un nouveau.

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Christophe de Margerie, qui avait 63 ans, d’un tempérament jovial et franc avec sa petite moustache caractéristique, avait cultivé de nombreux réseaux d’influence, tant politiques qu’économiques (Dominique de Villepin, Hubert Védrine, Anne Lauvergeon, Gérard Mestrallet, Albert Frère, etc.). Petit-fils du député et industriel Pierre Taittinger (1887-1965), qui fonda sa maison de champagne en 1932 et fut sous l’Occupation président du conseil municipal de Paris, ainsi que neveu de l’ancien ministre Jean Taittinger et de l’ancien sénateur-maire du 16e arrondissement Pierre-Christian Taittinger, il fut diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris (comme Jean-Pierre Raffarin, Michel Barnier, Christian Saint-Étienne, François Zocchetto, Jean-Pierre Lecoq, Martin Ajdari, Christophe Barbier, Antoine Riboud, Michel Wiewioka, Roger Cukierman, etc.).

Christophe de Margerie a fait toute sa carrière chez Total (ou ce qui allait s’appeler Total), dès la sortie de ses études en 1974 en prenant de plus en plus de responsabilités jusqu’à devenir, au début des années 2000, le dauphin désigné de Thierry Desmarest. Il devint directeur général du groupe Total à partir du 13 février 2007, poste qu’il cumula avec la présidence du groupe à partir du 21 mai 2010 en prenant la succession complète de Thierry Desmarest.

Ce dernier (69 ans), X-Mines, a repris le 22 octobre 2014 l’intérim de la présidence après avoir dirigé le groupe de juin 1995 à mai 2010. Le même jour, Patrick Pouyanné (52 ans), X-Mines, ancien directeur de cabinet de François Fillon au Ministère de la Poste, a été nommé directeur général avec le rôle opérationnel (président du comité exécutif). Il était alors directeur général du la branche raffinage. Il a été préféré à Philippe Boisseau (53 ans), Mines, directeur général des branches marketing & services et énergies nouvelles depuis 2012 (entré chez Total en 1995).

Mis en page de garde du rapport annuel 2014, cette citation de Christophe de Margerie : « Je crois en un humanisme pragmatique, basé sur l’action, parce que le meilleur moyen pour une entreprise de montrer son humanisme, c’est quand même bien de démontrer par les faits et par les actes, ce qu’elle fait. C’est là que nous sommes attendus, dans le bon sens du terme. C’est clairement pour moi une vraie responsabilité. ».

Depuis sa fusion avec Fina et Elf-Aquitaine, Total est l’un des fleurons de l’industrie française (la première en CA) et fait partie des six plus grandes entreprises mondiales du secteur de l’énergie (la quatrième compagnie pétrolière et gazière au monde). Présent dans plus de 130 pays, Total est spécialiste du pétrole et du gaz et a également une activité dans les énergies renouvelables et dans la chimie. Total exploite 15 569 stations-service dans 65 pays dans le monde à la fin 2014 et servant plus de 4 millions de clients chaque jour, 153 sites de raffinage qui produisent 1,8 million de barils de produits pétroliers raffinés par jour, et produit 2,1 millions de barils équivalents pétrole par jour d’hydrocarbures en 2014, représentant 1,5% de la production mondiale.

Le budget investissement en recherche et développement représente 1,3 milliard de dollars en 2014 et plus de 300 brevets ont été déposés. Le groupe est le numéro deux mondial de l’énergie solaire et les cellules photovoltaïques ont un rendement de 25%, soit nettement supérieur au 17% des cellules standard : « Le solaire photovoltaïque est d’ores et déjà compétitif sans subvention dans une dizaine de pays sur la planète. (…) Notre part de marché mondiale sur le solaire est deux fois plus importante que celle que nous détenons sur le pétrole. (…) Nous avons comme objectif de faire croître notre part de marché plus vite que la croissance du marché qui est déjà de 20% par an. » (Philippe Boisseau, "Le Nouvel économiste" du 4 novembre 2014).

L’État français ne détient pas de participation dans le capital. Son chiffre d’affaires (CA) de 236,1 milliards de dollars en 2014 (soit une baisse de 6,2% par rapport à 2013), avec un résultat net de 12,8 milliards de dollars (en baisse de 10,2%). Sa capitalisation financière est de l’ordre de 110 milliards d’euros. Le groupe, avec ses plus de 900 filiales, emploie 100 307 salariés dont 56,7% en Europe et 31,1% femmes. Il a recruté 10 771 personnes en CDI en 2014 (dont 26% en Europe). Parmi les anciens PDG, il y a eu l’ancien ministre et ancien Président de la Commission Européenne François-Xavier Ortoli (1925-2007) de 1984 à 1990 et Serge Tchuruk (77 ans) de 1990 à 1995, avant de diriger Alcatel puis Alcatel-Lucent de 1995 à 2008.


Areva

Le 20 octobre 2014, le même jour que l’accident tragique de son collègue de Total, le président du directoire d’Areva Luc Oursel a démissionné de la tête de son entreprise pour des raisons de santé : « Dans des circonstances personnelles très difficiles, malgré mon très fort attachement à Areva, j’ai dû me résoudre à ne pas poursuivre mes fonctions à la tête de l’entreprise et à me mettre en arrêt de travail pour raisons thérapeutiques. Je dois mener maintenant un combat personnel contre la maladie mais toutes mes pensées vont aux équipes d’Areva. J’ai été heureux et fier de les engager dans un contexte difficile dans le redressement de l’entreprise, au service du pays, et je suis convaincu qu’elles réussiront. » (communiqué de presse du 20 octobre 2014).

Sa maladie l’a vaincu quelques semaines plus tard, le 3 décembre 2014 à l’âge de 55 ans. Industriel (Mines) puis haut fonctionnaire du Ministère de l’Industrie, puis de la Défense, il retourna en 1993 à l’industrie chez Schneider Electric et fut même considéré comme le dauphin de Didier Pineau-Valncienne mais il quitta cette entreprise en 2001 quand Henri Lachmann fut nommé à la tête de Schneider Electric.

En janvier 2007, Luc Oursel intégra le groupe Areva et fut nommé président du directoire d’Areva le 21 juin 2011 pour succéder à Anne Lauvergeon (56 ans), ancienne collaboratrice de François Mitterrand à l’Élysée, PDG depuis sa création le 3 septembre 2001, qui avait souhaité poursuivre par un nouveau mandat avec l’appui du président du conseil de surveillance d’alors, Jean-Cyril Spinotta (72 ans), IEP ENA, ancien président d’Air Inter de 1990 à 1993 et d’Air France de 1997 à 2008. La décision du non renouvellement d’Anne Lauvergeon fut annoncée le 16 juin 2011 sur décision de l’Élysée.

Président du comité de surveillance du 14 novembre 2014 au 8 janvier 2015, Philippe Varin (63 ans), X-Mines, fut nommé président du conseil d’administration d’Areva le 8 janvier 2015, après avoir présidé le directoire de PSA Peugeot Citroën du 1er juin 2009 au 1er avril 2014, tandis que Philippe Knoche (46 ans), X-Mines, fut nommé le même jour directeur général d’Areva, considéré comme le bras droit de Luc Oursel depuis le 1er juillet 2011 comme directeur général délégué. Philippe Knoche, apprécié en interne (et entré chez Areva dès 2001), avait été nommé le 22 octobre 2014 président du directoire par intérim jusqu’à la transformation du mode de gouvernance (passage de directoire en conseil d’administration) voulue par le gouvernement pour mieux contrôler les investissements.

Certains avaient vu en Pierre Blayau, président du conseil de surveillance de Total du 24 janvier 2013 au 14 novembre 2014, le possible successeur de Luc Oursel. Le gouvernement en a décidé autrement. Pierre Blayau (64 ans), normalien IEP ENA, inspecteur des finances intégrant Saint-Gobain en 1982, président de Pont-à-Mousson SA de 1991 à 1993, puis membre du directoire du groupe Pinault-Printemps-Redoute de 1993 à 1995 et président de la Fnac et de La Redoute de 1994 à 1995, puis patron de Moulinex de 1996 à 2000. Pierre Blayau fut ensuite PDG de Geodis, filiale de la SNCF, ainsi que directeur général délégué de la SNCF jusqu’en 2013. En 2004, il recruta Luc Oursel et l’a promu en 2006 directeur général de Geodis.

Issu de la fusion de Framatome, Cogema et CEA Industries réalisée par Anne Lauvergeon le 3 septembre 2001, Areva est une grande entreprise française du secteur nucléaire, de l’extraction de minerais à la construction de centrales nucléaires. C’est le premier fournisseur mondial du nucléaire. 317 millions d’euros ont été consacrés pour la recherche et développement en 2014 et 82 brevets ont été déposés.

L’État français détient 21,7% du capital, le CEA 61,5%, la Caisse des dépôts et consignations 3,3% et EDF2,2% (au 31 décembre 2013). Son chiffre d’affaires est de 8,3 milliards d’euros en 2014, en baisse de 8,0% par rapport à 2013, avec une perte de 4,8 milliards d’euros (en 2013, il y avait eu une perte de 0,5 milliard d’euros). Sa capitalisation est près de 3 milliards d’euros. Areva emploie 41 847 salariés au 31 décembre 2014. Sa forte dette (environ 5 milliards d’euros) ainsi que ses fortes pertes rendent possibles la restructuration voire le démantèlement d’Areva.


EDF

Quelques jours avant les deux changements tragiques à la direction de Total et Areva, le 15 octobre 2014, Henri Proglio (66 ans), HEC, se voyait notifier qu’il devait quitter ses fonctions de président-directeur général d’EDF qu’il occupait depuis le 25 novembre 2009, succédant à Pierre Gadonneix (72 ans), X et docteur en économie à Harvard, président de GDF du 2 janvier 1996 au 15 septembre 2004 (prenant la succession de Loïk Le Floch-Prigent) puis président d’EDF du 15 septembre 2004 au 25 novembre 2009 (son mandat ne fut pas renouvelé par le gouvernement).

Le mandat d’Henri Proglio ne fut pas non plus renouvelé par le gouvernement (d’une autre majorité) et Jean-Bernard Lévy (60 ans), X-Télécom, fut nommé le 26 novembre 2014 PDG d’EDF. Ce dernier était auparavant président du directoire de Vivendi d’avril 2005 à juin 2012 (président de SFR de mars 2012 à juin 2012), puis PDG de Thales du 19 décembre 2012 au 26 octobre 2014.

François Hollande a expliqué ce choix au conseil des ministres du 15 octobre 2014 : « Il y a une phase nouvelle avec la loi de transition énergétique. Lévy est un grand industriel, qui a présidé Thales, il a les qualités nécessaires. ». Son ancienne compagne, Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, qui avait fait adopter sa loi par les députés la veille, déclarait : « À l’heure où les technologies interviennent dans les interconnexions, dans les services liés à l’énergie, un nouveau regard sur l’évolution de l’entreprise sera une bonne chose. ».

Henri Proglio avait commencé sa carrière à la Compagnie générale des eaux jusqu’à devenir le président de Veolia Environnement de 2002 à octobre 2012 (en cumulant la fonction opérationnelle de directeur général seulement de 2002 à 2009). Henri Proglio avait la volonté de faire d’EDF le coordonnateur de la filière nucléaire française, ce qui le mettait en concurrence avec Areva.

EDF (Électricité de France) est le premier producteur d’électricité dans le monde. Son activité est l’électricité mais aussi le gaz et les réseaux électriques. Près de 80% de sa production d’électricité mondiale est d’origine nucléaire avec un parc de 58 réacteurs nucléaires en France et 15 au Royaume-Uni. La puissance installée mondiale au 30 juin 2015 est de 72,9 GW (gigawatts) pour le nucléaire, 21,6 GW pour l’hydroélectrique, 12,9 GW pour le gaz, 10,5 GW pour le charbon, 9,9 GW pour le fioul et 6,7 GW pour le renouvelable (total de 134,5 GW).

650 millions d’euros ont été consacrés à la recherche et développement en 2014 pour 2 125 collaborateurs de 29 nationalités dont 80% de cadres, 33% de femmes, dont 200 chercheurs enseignent dans les universités, sans compter 150 doctorants. EDF compte s’installer sur le campus Paris-Saclay avec un pôle de recherche de 1 500 personnes. EDF a déposé 60 brevets en 2014 (54 en 2013) et détient un portefeuille de 497 innovations brevetées (protégées par 1 694 titres de propriété).

L’État français contrôle 84,5% des actions. Son chiffre d’affaire est de 72,9 milliards d’euros en 2014, en hausse de 1,3%, avec un résultat net de 3,7 milliards d’euros, (en hausse de 5,3%). Sa capitalisation de 44,1 milliards d’euros en 2013. EDF emploie 158 161 salariés en 2014, dont 83,5% en France.

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GDF Suez puis Engie

Si Gérard Mestrallet (66 ans), X ENA, ancien conseiller de Jacques Delors au Ministère des Finances, reste toujours président-directeur général de GDF Suez (devenu Engie en 2015) jusqu’en 2016, mandat qu’il a prolongé en 2012, poste qu’il détient depuis le 22 juillet 2008 après avoir dirigé le groupe Suez de juillet 1995 à juillet 2008 et absorbé la Lyonnaise des eaux le 19 juin 1997, il a cependant organisé sa succession pendant ces journées terribles d’octobre 2014 en mettant sur la touche le dauphin attitré, Jean-François Cirelli informé de manière informelle depuis juin 2014.

Le 14 octobre 2014, sa protégée, Isabelle Kocher, directrice générale adjointe chargée des finances, fut désignée par le comité des nominations pour lui succéder en écartant le numéro deux du groupe, Jean-François Cirelli, directeur général délégué, et le 22 octobre 2014, le conseil d’administration a confirmé officiellement cette désignation en la nommant pour le 12 novembre 2014 directrice générale déléguée en charges des opérations.

Isabelle Kocher (48 ans), normalienne, Mines, agrégée de physique et DEA d’optique quantique, a été conseillère chargée des affaires industrielles auprès de Lionel Jospin à Matignon avant d’intégrer le groupe Suez en 2002 et de diriger la Lyonnaise des eaux. Devenue membre du conseil d’administration du groupe, elle devient donc la mieux placée pour succéder à Gérard Mestrallet en 2016.

Quant à Jean-François Cirelli (57 ans), IEP ENA, conseiller de Jacques Chirac à l’Élysée puis directeur adjoint de cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, où il travailla sur la réforme des retraites (loi Fillon du 21 août 2003), il fut PDG de GDF (Gaz de France) du 15 septembre 2004 au 22 juillet 2008 et réalisa la fusion avec Suez. Dans leur accord de fusion, Jean-François Cirelli devait succéder à Gérard Mestrallet. Il devint alors le numéro deux de GDF Suez comme directeur général délégué et vice-président du groupe jusqu’à sa mise à l’écart le 12 novembre 2014. Il reste néanmoins cadre dirigeant du groupe à partir d’avril 2015.

Le groupe GDF Suez, issu de la fusion le 22 juillet 2008 de GDF et de Suez voulue par Dominique de Villepin, se nomme officiellement Engie depuis le 29 juillet 2015. C’est le troisième plus grand groupe dans le secteur de l’énergie hors pétrole dans le monde. Premier réseau européen de transport de gaz naturel avec 32 246 kilomètres d’infrastructures françaises, premier distributeur européen de gaz naturel avec 194 600 kilomètres de réseau français, 14 milliards de mètres cube stockés en France, etc. mais aussi 117 GW de production d’électricité dans le monde.

Engie consacre 189 millions d’euros pour la recherche et développement en 2014 regroupant plus de 900 chercheurs. Seulement une douzaine de brevets semblent avoir été déposés en 2014.

L’État français détient 33,3% du capital, la Caisse des dépôts et consignations 2%. Son chiffre d’affaires est de 74,7 milliards d’euros en 2014, en baisse de 6,6% par rapport à 2013, et le résultat net de 2,4 milliards d’euros. Sa capitalisation atteint 48,7 milliards d’euros en décembre 2014. Engie emploie 236 185 salariés en 2014.


CEA

En avril 2014, Bernard Bigot, administrateur général du CEA, a annoncé qu’il souhaitait briguer un troisième mandat de trois ans à la tête du CEA mais les statuts interdisent d’avoir plus de 65 ans, âge qu’il a atteint deux semaines après la fin de son second mandat, le 24 janvier 2015. Un décret du gouvernement était donc nécessaire pour supprimer la limitation d’âge, et son projet devait être étudié par le Conseil d’État avec un délai de trois mois. L’absence de projet de décret soumis au Conseil d’État à partir du 9 octobre 2014 aurait donc valu décision gouvernementale (qui aurait été prise dès l’été 2014 selon des sources). Le 13 octobre 2014, selon les sources du "Le Figaro", aucun projet de la sorte n’existait, ce qui confirmait le non reconduction de Bernard Bigot.

En novembre 2014, le gouvernement a décidé au contraire de le soutenir pour diriger ITER qu’il suivait déjà comme haut représentant pour la réalisation d’ITER en France. Réuni du 18 au 20 novembre 2014 à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), le conseil exécutif d’ITER a effectivement nommé Bernard Bigot directeur général du projet international ITER, succédant à Osamu Motojima à partir du 5 mars 2015. C’est le premier Français à diriger ITER (programme international regroupant l’Union Européenne, les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud).

Bernard Bigot (65 ans), normalien, agrégé et docteur en physique chimie, a mené en parallèle une carrière scientifique et universitaire et une carrière dans la haute administration. Il fut directeur général de la recherche et de la technologie de 1996 à 1997, puis directeur de l’École normale supérieure de Lyon de 2000 à 2003, puis directeur de cabinet de la ministre Claudie Haigneré, puis fut nommé haut-commissaire à l’énergie atomique de juillet 2003 à mai 2009 avant de devenir administrateur général du CEA à partir de janvier 2009. Son mandat de trois ans fut reconduit le 9 janvier 2012. Depuis juillet 2013, il préside aussi le conseil d’administration de l’ENSEM (École nationale supérieure d’électricité et de mécanique), grande école de Nancy.

L’annonce a été communiquée par l’Élysée le 6 janvier 2015 et la décision est effective depuis le 28 janvier 2015 : Daniel Verwaerde (61 ans), centralien, a pris la succession de Bernard Bigot à la tête du CEA et a joui d’un préjugé favorable chez les salariés. Entré au CEA en 1978 à la fin de ses études, spécialiste en modélisation numérique, il dirigea le département de mathématiques appliquées en 1991 puis dirigea le programme Simulation en 1996 (projet pour modéliser les essais nucléaires devenus interdits et garantir la dissuasion nucléaire française), puis la direction des applications militaires de 2007 à 2014.

À ce titre, Daniel Verwaerde dirigea le grand projet de Laser Mégajoule, inauguré le 23 octobre 2014 au CESTA (Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine), à Barp en Gironde. L’appareil pourra fournir un laser de 1,8 MJ par la convergence de 240 faisceaux, énergie capable d’amorcer la fusion nucléaire du deutérium et du tritium. La température de 100 millions de degrés Celsius devrait pouvoir être atteinte avec une pression de 1 milliard de bars et avec une précision de faisceau de 50 micromètres.

Christophe Gégout (39 ans), X IEP ENSAE, directeur financier du CEA, faisait aussi figure de potentiel successeur de Bernard Bigot en automne 2014 ; il a été nommé administrateur général adjoint du CEA à partir du 1er septembre 2015, tout en conservant ses fonctions de directeur financier. De 2001 à 2009, il était chargé à Bercy de la synthèse des prévisions pluriannuelles de finances publiques, avant d’entrer en avril 2009 au CEA comme directeur financier et directeur du pôle gestion et systèmes d’information.

Le candidat de la Ministre de l’Écologie Ségolène Royal (qui aurait voulu, selon certaines sources, démanteler le CEA et lui priver de sa précieuse direction de la recherche technologique) n’a donc pas été retenu, à savoir Bernard Dupraz (60 ans), X-Mines, ancien d’EDF où il est entré en 1986 et devenu directeur général adjoint chargé des activités production et ingénierie de 2004 à 2010, délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense depuis le 5 mai 2011.

Ni le candidat du Ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à savoir Stéphane Israël (44 ans), normalien, agrégé d’histoire, ENA, magistrat à la Cour des Comptes, ancien directeur de cabinet du ministre Arnaud Montebourg avant d’être nommé PDG d’Arianespace le 18 avril 2013 (lui succéda au ministère… Boris Vallaud, mari d’une autre ministre).

Vincent Berger (48 ans), normalien, docteur en physique, chercheur chez Thales de 1990 à 2001 puis directeur du Laboratoire matériaux et phénomènes quantiques, président de l’Université Paris VII-Diderot de mai 2009 à octobre 2013, avait aussi été parmi les candidats possibles, mais ne fut pas choisi par François Hollande bien que conseiller à l’Élysée chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche du 11 octobre 2013 au 31 août 2015. En été 2011, il avait travaillé pour la candidature de Martine Aubry à la primaire socialiste.

Les autres possibles candidats à la tête du CEA évoqués par la presse en octobre 2014 étaient François Jacq (50 ans), X Mines, PDG d’Ifremer depuis septembre 2013 après avoir été PDG de Météo France de mai 2009 à septembre 2013 ; Roger Genet (57 ans), docteur en enzymologie et chercheur au CEA de 1981 à 2012, directeur général pour la recherche et de l’innovation au Ministère de la Recherche depuis le13 avril 2012 ; et enfin Thierry Damerval (54 ans), normalien, agrégé de sciences naturelles, docteur en microbiologie, responsable administratif au CEA de 1993 à 2005, directeur général délégué de l’Inserm depuis 2008.

Contrairement aux quatre précédentes organisations, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, nouvelle appellation depuis 2010) n’est pas une entreprise mais un institut de recherche publique présent notamment à Saclay, Grenoble, Fontenay-aux-Roses, Marcoule et Cadarache. Sa mission est la recherche scientifique dans les domaines du nucléaire, des sciences de la matière, des sciences de la vie, de la santé, des technologie de l’information, des énergies renouvelables, etc. tant dans le domaine civil que militaire et tant en recherche appliquée que fondamentale.

Le CEA est rattaché à trois ministères, l’Écologie, l’Enseignement supérieur et la Défense. Fin 2014, il emploie 16 110 collaborateurs, beaucoup de chercheurs et d’ingénieurs pour un budget de 4,4 milliards d’euros (2014). Le CEA, c’est aussi 10 centres de recherche, 33 laboratoires d’excellence, 53 accords cadres avec des universités et grandes écoles, 751 dépôts de brevets prioritaires en 2014, 178 start-up essaimées depuis 1972 dans le secteur des technologies innovantes, plus de 500 partenariats industriels et plus de 760 projets européens dans le cadres du 7e PCRD (programme cadre de recherche et développement) de 2007 à 2014.

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Les défis de la transition énergétique

Le secteur de l’énergie représente en France 1% de l’emploi (hors bâtiments et services à l’énergie) et 25% des investissements industriels. L’an dernier, les cinq grands acteurs majeurs ont renouvelé leur direction. Si le CEA a su prendre rapidement le tournant des énergies renouvelables, ainsi que Total, qui s’est hissé au deuxième rang à l’échelle mondiale sur le marché de l’énergie solaire, la situation d’Areva, plombée par les surcoûts et les retards des EPR et par la conjoncture internationale après la catastrophe de Fukushima, est très préoccupante, comme je viens de l’expliquer en introduction. EDF est en cours de diversification tandis qu’Engie se fait champion des services à l’énergie.

Tous ces acteurs ont donc à répondre dans les prochaines années à d’importants défis technologiques et environnementaux, à quelques semaines de l’ouverture de la COP21 à Paris, et aussi, paradoxalement, à se concentrer sur le développement du nucléaire de la quatrième génération ("paradoxalement" car la loi sur la transition énergétique exige de descendre à 50% la part du nucléaire). Le tournant est donc historique, car les investissements sont à long terme.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 octobre 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rapports annuels 2014 à télécharger.
Christophe de Margerie.
Luc Oursel.
Anne Lauvergeon.
François Hollande.
Manuel Valls.
Emmanuel Macron.
Le débat rayonnant sur le nucléaire.
La catastrophe de Fukushima.


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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-124845327.html

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/octobre-2014-le-tournant-de-l-173264

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/10/24/32820948.html

 

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 23:27

Il est possible de se procurer les rapports annuels pour l'année 2014 des cinq grands acteurs du secteur de l'énergie en France, à savoir Total, Areva, EDF, GDF Suez devenu Engie et le CEA.

Cliquer sur les liens pour télécharger les rapports (fichiers .pdf).

Rapport annuel 2014 de Total :
http://www.total.com/sites/default/files/atoms/files/rapport_croissance_durable_vf.pdf
http://www.total.com/sites/default/files/atoms/files/document-de-reference-2014_0.pdf
http://www.total.com/sites/default/files/atoms/files/total_essentiel_2014.pdf

Rapport annuel 2014 d'Areva :
http://www.rse-mines.areva.com/PDF/Areva-PRINT_2014_HD.pdf
http://www.rse-mines.areva.com/images/mediatheque/01-rapport-et-charte/a-10-DDR_AREVA_2014_FR.pdf

Rapport annuel 2014 d'EDF :
https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/espaces-dedies/espace-finance-fr/informations-financieres/informations-reglementees/resultats-financiers---annuel/2014/rapport_activite_2014_resultats_du_groupe.pdf
http://finance.edf.com/fichiers/fckeditor/Commun/Finance/Publications/Annee/2014/ddr2014/EDF_DDR_2014_VF.pdf

Rapport annuel 2014 de GDF Suez /Endie :
https://www.engie.com/wp-content/uploads/2015/03/gdf-suez-rapport-d-activite-et-etats-financiers-consolides-annuels-2014.pdf
http://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-actualites/pod_gdfsuez_document-reference-2014_fr_rev01_bd.pdf

Rapport annuel 2014 du CEA :
http://portail.cea.fr/multimedia/Documents/publications/rapports/rapports-annuels/rapport-annuel-cea-2014.pdf

En savoir plus, lire ceci :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-124845327.html

SR


 

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 23:46

Les députés Olivier Carré (LR) et Christophe Caresche (PS) ont déposé le 16 septembre 2015 un rapport d'information sur l'investissement productif de long terme. Leur rapport est accessible sur Internet.

Cliquer sur le lien pour télécharger le rapport (fichier .pdf) :
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i3063.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150916-investissement-productif.html

SR



 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 23:13

Le texte de la loi n°2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques dite loi Macron est disponible à la lecture.

Cliquer sur le lien pour télécharger la loi (fichier .pdf) :
http://storage.canalblog.com/37/72/1344545/117190199.pdf


SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20150806-loi-macron.html

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 06:40

Retour sur la contestation des taxis qui a pointé du doigt les archaïsmes dont est victime l’économie française pour se relever. Pas sûr que les gouvernants comprennent qu’ils ne stopperont jamais les évolutions technologiques. En revanche, ils pourraient les accompagner fiscalement et socialement dans le but de préserver le modèle social français.


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Ce lundi 27 juillet 2015, le Ministre de l’Économie Emmanuel Macron a annoncé qu’il organiserait une table ronde fin août avec des représentants des taxis et des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur).

Quelques jours plus tôt, le vendredi 24 juillet 2015, la société américaine Uber avait proposé le service UberX à Nice, un service low-cost de VTC pour la Côte d’Azur, à des prix réduits par rapport au marché (17 euros pour aller de l’aéroport de Nice au centre ville, 47 euros pour aller jusqu’au Palais des Festivals à Cannes, etc.). Malgré l’arbitrage du gouvernement, la concurrence va donc rester très rude dans ce secteur.


Des violences inadmissibles

Il y a un peu plus d’un mois, le 25 juin 2015, les taxis étaient en grève en France et des violences inacceptables ont été commises. Déjà que la popularité des taxis était assez basse, ce n’était pas un blocage de la capitale qui allait redorer leur blason. Pourtant, leur cause était loin d’être injustifiée dans leur opposition frontale à un nouveau concurrent, Uber.

Certes, il faudrait d’abord bien séparer les choses. UberPop, utilisé par 400 000 passagers, par exemple, qui a été interdit par le gouvernement et dont les dirigeants français (gardés à vue le 29 juin 2015) ont accepté le 3 juillet 2015 de suspendre le service en France, n’avait rien de légal. Ce n’était pas la peine de faire une loi pour cela, le travail dissimulé est interdit en France. Les "particuliers" qui devenaient chauffeurs "occasionnels" ressemblaient un peu trop de véritables salariés. Mais sans cotisations sociales. Sur cette activité, il n’y a rien à discuter, elle est illégale autant que le travail au noir est illégal. Pas besoin de manifester avec violence pour exprimer cela.

Uber est une entreprise mondiale qui a décidé de pratiquer une stratégie très agressive de conquête des marchés urbains, en cherchant à contourner si ce n’est violer les réglementations en vigueur. L’agressivité n’est donc pas seulement commerciale mais aussi juridique.

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Mais les taxis s’en sont pris à Uber pas pour cette activité avec des chauffeurs particuliers, illégale, mais pour la partie professionnelle. Et là, la situation est beaucoup moins évidente.


Les archaïsmes de la réglementation

C’est l’exemple type, en France, d’une profession complètement sclérosée. La moindre personne qui a voulu prendre un taxi à Paris ou, pire, dans les aéroports d’Orly ou de Roissy, est capable de comprendre qu’il y a vraiment un problème majeur d’offre.

D’un côté, une profession qui est restée sur ses acquis et son principal atout, à savoir la licence qui autorise l'exercice de ce métier. On en parle comme d’un handicap, car elle se transmet avec une transaction très élevée, de l’ordre de 200 000 euros, qui est donc un investissement sur du long terme, mais c’est également une véritable barrière au marché qui permet de se répartir la surdemande sans vraie grande concurrence.

C’est la loi n°95-66 du 20 janvier 1995 (signée donc par Charles Pasqua) qui a rendu les licences cessibles après leur exploitation effective et continue (pendant quinze ans dans le cas général, seulement cinq ans pour la première mutation). La réglementation actuelle provient principalement de cette loi, du décret n°95-935 du 17 août 1995 (il y a vingt ans) et du protocole d’accord du 28 mai 2008.

D’un autre côté, il y a maintenant d’autres entreprises qui cherchent à proposer le même type de prestation avec une plus grande efficacité, une plus grande rapidité, et un prix plus faible. Elles n’ont pas droit aux couloirs pour taxi, elles n’ont pas droit au maraudage, mais se donnent la possibilité de bâtir une clientèle fidèle et récurrente en misant sur le meilleur service rendu : une application sur smartphone pour mettre en adéquation l’offre et la demande, forfait et devis avant la course, etc.

Il semble d’ailleurs que les clients de ces entreprises de type Uber n’auraient jamais été des clients de ces taxis. Il ne s’agit donc forcément de concurrents puisque ces entreprises créent un nouveau marché ou plutôt le fait évoluer. On comprend néanmoins qu’à terme, le marché évoluera tellement que la part des "vrais" taxis se réduira, à terme. D’où leur colère.

Il y a pourtant nécessité à déréglementer cette profession tout simplement pour répondre correctement à la demande. Allez devant une gare TGV à l’arrivée d’un train grande ligne, ou aux aéroports en voulant aller un peu en dehors des sentiers battus  et vous constaterez qu’il manque de l’offre que des entreprises comme Uber sont prêtes à répondre.

Déréglementer, cela ne signifie pas accepter le travail au noir, ou supprimer les charges sociales des salariés. Cela serait plutôt de desserrer l’étau des licences et augmenter le nombre de taxis autorisés. Mais déréglementer, cela signifie rendre plus compétitifs les taxis actuels : qu’ils soient plus fiables (quand on a pris rendez-vous en pleine nuit en précisant très explicitement quelle nuit, il ne faut pas que ce soit pour la nuit suivante), moins coûteux (le prix ne correspond pas forcément à la course), plus loyaux (prix forfaitaire donné à l’avance et ne dépendant pas du kilométrage ni du temps de parcours).

Juste du regard de l’État, une entreprise comme Uber est plus fiable qu’une société de taxi classique d’un point de vue fiscal (IS, TVA etc.) puisque toutes les transactions peuvent être tracées au contraire de nombreux taxis dont la machine à lire les cartes bancaires tombe malencontreusement en panne au moment de régler la course.

Rappelons que toute cette nouvelle économie basée sur une interface Internet a au moins l’avantage d’avoir des transactions nécessairement traçables et fiables (tant du côté des prestataires de service que des clients puisque c’est un tiers qui encaisse), ce qui fait que les manquements dans les déclarations fiscales seraient très facilement décelables en cas de contrôle au contraire des fraudes dans les commerces de proximité dont une certaine part des transactions est réalisée en espèces.

Pour donner une idée de l’état du marché, à Paris, il y a environ 17 700 taxis et 30 000 VTC tandis qu’à Londres, il y a 30 000 taxis et 80 000 VTC (les deux capitales se disputent régulièrement le titre de ville la plus visitée du monde par les touristes).


Une transformation permanente de l’économie

On pourrait aussi placer l’enjeu dans une tendance générale et dire que les taxis sont victimes d’évolutions économiques du marché. Après tout, Uber n’est pas la seule entreprise (certains parlent d’entreprises de partage mais c’est une expression exagérée dans la mesure où l’intérêt de ces entreprises, comme de toutes les autres, c’est surtout de faire du profit, ce qui n’est pas une honte en elle-même puisque c’est cela qui crée des emplois et de l’offre), et d’autres acteurs ont déjà modifié profondément d’autres marchés : Amazon pour les librairies mais aussi la grande distribution plus généralement, AirBnB pour les locations et hôtellerie, Blablacar pour le covoiturage dans les trajets longs, le Bon coin pour les petites annonces, Meetic pour les agences matrimoniales, Google pour le marché publicitaire qui a siphonné la plupart des médias (presse écrite et audiovisuelle), etc.

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Constater ces évolutions, pleurer ou se mettre en colère sans rien faire d’autre n’est pas une réaction économique saine ni salutaire. Ni constructive. Il faut bien reconnaître que l’économie vit comme les organismes : des activités nouvelles se créent et des activités archaïques meurent. Le problème de la France, très forte pour arrêter des activités non pérennes (la liste est très longue), c’est de ne pas donner assez de moyens (pas forcément pécuniaires) pour créer de nouvelles activités qui remplaceront, dans l’économie, celles qui ont dû stopper.

Ces évolutions sont nécessaires. La moindre personne qui utilise un écran peut le comprendre. Tous les écrans sont maintenant plats. L’entreprise qui fabrique des écrans cathodiques n’a plus d’avenir et si elle continue dans cette technologie, elle meurt assurément. Cela a été le cas pour des fabricants d’appareils photo qui n’ont pas pressenti que le numérique allait tout raser sur son passage.

Heureusement, certaines entreprises réussissent à s’adapter. La plupart des groupes de grande distribution, maintenant, parviennent à affronter la concurrence rude des sites Internet marchands (l’e-commerce) avec des "drive" qui donnent l'option de commander chez soi voire d’être livré chez soi aussi.

Même la SNCF a réussi à évoluer face à la transformation de son marché. Ainsi, la SNCF a développé son propre réseau de location de véhicules et est même au quatrième rang sur ce marché. Cela lui permet de ne pas être concurrencé par les loueurs d’automobiles, du moins, de l’être à armes égales sur le même terrain.

Face aux évolutions très rapides notamment des technologies, il faut que l’État puisse assurer le mieux possible les adaptations économiques. Cela passe nécessairement par des réformes de structures importantes dans le domaine social et économique.

C’est quand même curieux que cette "petite" loi Macron, censée déscléroser la société pour redynamiser l’économie nationale, ne se soit pas attaqué à l’un des secteurs les plus régulés et les plus archaïques qui encouragent des situations de monopole (probablement favorisé par François Mitterrand pour soutenir un vieil ami, directeur de cabinet à l’Élysée, à la tête d’une compagnie de taxis qui a beaucoup prospéré).

Pourtant, depuis une dizaine d’années, tous les rapports qui ont été rédigés à la suite d’une mission pour réfléchir sur les moyens de redéployer la croissance en France ont évoqué le marché des taxis. Certes, d’un point de vue économique, ce n’est pas essentiel en terme de croissance (l’activité correspond à environ 0,1% du PIB et à 0,2% de l’emploi), mais en terme d’environnement économique, pour favoriser l’arrivée de nouvelles activités et de nouveaux investisseurs (en particulier étrangers), proposer une offre de transports en adéquation avec la demande économique paraît essentiel.

Ainsi, dans son rapport remis le 23 janvier 2008 à Nicolas Sarkozy, Jacques Attali considérait que l’augmentation de l’offre de taxis améliorerait l’attractivité de la France et faciliterait les déplacements professionnels. Parmi les raisons d’en finir avec les limitations de licences (numerus clausus), Jacques Attali a évoqué la croissance démographique, la croissance du trafic aérien et ferroviaire, et la croissance du PIB : « La réforme ne doit donc pas seulement se concentrer sur les taxis mais développer de nouvelles offres de transports dédiées à des segments spécifiques de la demande. ». Il a proposé ainsi d’augmenter de manière drastique le nombre de voitures "de petite remise", en passant de 100 à Paris en 2008, à 45 000 (à comparer avec 50 000 à Londres et 42 000 à New York).

D’autres études avaient également proposé une dérégulation des taxis, du Comité Rueff en 1959 à la Commission Gallois en 2012.


S’adapter aux évolutions pour maintenir le modèle social

Depuis trente ans, avec le textile, la sidérurgie, et beaucoup d’autres activités maintenant (l’agroalimentaire, le bois etc.), la France voit des pans entiers de son industrie s’effondrer. Parallèlement, une nouvelle économie se met en place, principalement initiée par des entreprises étrangères sur territoire français, et l’État français a encore du mal à imaginer de nouvelles règles du jeu pour s’adapter à cette nouvelle économie (basée en particulier sur Internet et la proximité) tout en maintenant notre modèle social.

Car c’est là l’enjeu crucial de la prochaine décennie : si l’État n’est pas capable de refaire de la France un pays économiquement viable, son modèle social, celui de la sécurité sociale pour tous, celui de la retraite par répartition que la très grande majorité des Français souhaitent avec raison préserver, ce modèle s’effondrera de lui-même, implosera sous les déficits récurrents et la dette nationale.

C’est pourquoi il est urgent de réfléchir à un moyen de poursuivre le financement de la protection sociale dans des dispositifs ajustés à cette nouvelle économie, avec sans doute un statut à définir qui allierait à la fois la protection des salariés en CDI et la flexibilité des auto-entrepreneurs ou plus généralement des artisans ou même des professions libérales.

Certains ont pensé à la TVA sociale qui a ses propres handicaps aussi, mais après tout, au lieu de faire porter toutes les charges sociales sur les seuls salaires (donc le travail) et éventuellement, à moindre taux, sur les autres revenus (avec la CSG), pourquoi ne pas les faire supporter sur toutes les transactions fournisseurs/clients au même titre que la TVA ? Ainsi, travailler au noir, travailler comme auto-entrepreneur ou travailler comme salarié sous contrat de travail ne changerait plus beaucoup les choses socialement si les transactions de ventes et d’achats sont déclarées (et si elles ne l’étaient pas, c’est que le travail non plus ne le serait pas). Dans tous les cas, une telle évolution remplirait les caisses de l’État.

Ce qui manque à la France, ce n’est pas de la créativité fiscale (nous sommes des experts, avec la TVA,, la CSG, etc.) mais c’est de la créativité sociale, créer un nouveau mode d’organisation sociale qui favorise à la fois, comme je l’écris, l’adaptation nécessaire à la nouvelle économie et la préservation plébiscitée de notre modèle social. Refuser les adaptations, ne pas bouger, ne pas réformer, c’est mener le modèle social inexorablement vers le gouffre.


Une rentrée chaude

Quant à la suite, la rentrée risque d’être chaude puisque les deux dirigeants d’Uber France seront jugés en correctionnelle le 30 septembre 2015 pour pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi et traitement de données informatiques illégal (203 chauffeurs d’UberPop ont déjà été condamnés au 30 juin 2015).

Par ailleurs, le Conseil Constitutionnel, saisi de plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité, devra d’ici septembre donner son avis sur la constitutionnalité de la loi n°2014-1104 du 1er octobre 2014 relatives aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur (précisément pour s’opposer au développement d’Uber), dite "loi Thévenoud" du nom du sinistre sous-ministre qui ne payait pas ses impôts et qui continue toujours à siéger et à être rémunéré comme simple député non inscrit au sein de l’Hémicycle du Palais-Bourbon.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 juillet 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les taxis voient rouge.
Rapport Attali du 23 janvier 2008 (à télécharger).
Rapport Gallois du 5 novembre 2012.
Comité Rueff.
François Hollande.
Manuel Valls.
Bernard Cazeneuve.
Emmanuel Macron.


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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150625-taxi-uber.html

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-roi-uber-et-la-republique-des-170204

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/07/28/32412751.html


 

 

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 23:17

Né le 25 février 1930 en Vendée, Michel Albert a suivi des études à l'Institut d'études politiques de Paris puis a soutenu sa thèse de doctorat en sciences économiques, et enfin, a intégré l'ENA qui le fit inspecteur des finances en 1956. Il fut secrétaire général du Comité Rueff-Armand en 1959, puis a pris beaucoup de responsabilités dans des banques, dans la presse et d'autres entreprises. Il fut nommé Commissaire général au Plan de 1978 à 1981, puis fut président des assurances AGF de 1982 à 1994. Auteur d'une dizaine d'ouvrages économiques, il fut élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques le 28 mars 1994 au fauteuil d'Henri Guitton, secrétaire perpétuel de cette académie du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2010. Il est l'auteur de quelques théorêmes de l'économie, sur les délocalosations, sur l'importance de la balance du commerce extérieur, sur les salaires d'employés sans qualification dans un pays à haut niveau de vie, etc.

SR
 

 

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15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 03:05

Né le 26 avril 1925 à Dogliano, Michele Ferrero fut un chef d'entreprise italien. Fils de Pietro Ferrero (1898-1949), fondateur en 1946 de l'entreprise de confiserie Ferrero, qui a eu 6 milliards d'euros de CA en 2007, Michele Ferrero a pris la présidence du groupe de 1949 à 1997. Il a ensuite préparé sa succession à ses fils Pietro Ferrero Jr (1963-2011) qui est mort dans un accident de vélo tout terrain le 18 avril 2011 et à Giovanni Ferrero (50 ans), le frère de ce dernier. En 2008, la fortune personnelle de Michele Ferrero estimée à 18 milliards de dollars a dépassé celle de Silvio Berlusconi, le consacrant ainsi comme l'homme le plus riche d'Italie.

SR

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 20:12

Né le 7 septembre 1959 à Boulogne-Billancourt, Luc Oursel fut diplômé des Mines. Après un début de carrière au Gabon, puis dans la région lyonnaise, il fut conseiller technique du Ministre de la Défense Pierre Joxe en 1991. De nouveau à l'étranger, à Shanghai pour une direction chez Schneider Electric, le patron de Schneider aurait voulu en faire son dauphin mais finalement, Luc Oursel a quitté la société en 2001 après un différent avec le successeur. En 2007, il entra chez Areva et fut désigné le 16 juin 2011 pour succéder à Anne Lauvergeon à la présidence du directoire d'Areva. Le 20 octobre 2014, il démissionna en raison de sa grave maladie.

SR

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 07:28

Petites réflexions sur la dépense publique en France.


yartiLiberale01Avec la mondialisation, l’ouverture des douanes, les importations massives issues de pays où la main d’œuvre est nettement moins coûteuse, beaucoup de monde pense que la France est devenue un pays libéral où les règles de l’économie privée domine le marché parce les frontières sont ouvertes. Qu’en est-il vraiment ?

C’est plutôt le contraire qui arrive. Le meilleur moyen pour savoir si la France évolue dans une économie libérale ou dans une économie étatiste, c’est de connaître la part de la dépense publique dans la création de richesse (produit intérieur brut). Cette part détermine la contribution de l’État dans la richesse nationale. Ce qu’il injecte dans le système et qui le fait tourner.

Ce critère (qui peut certes être contesté, lire cette tribune de l’économiste Francisco Vergara à laquelle je ne souscris pas) donne une situation sans ambiguïté : la France n’a cessé de développer une économie étatisée. La part de la dépense publique dans le PIB pour l’année 2013, la dernière connue, c’est 57,4% ! Nettement plus que la moitié.


De près de 10% à presque 60%

Entre la Révolution et la Première Guerre mondiale, cette part était restée assez stable et faible, entre 10% et 13%. Il n’y avait pas toutes les protections sociales et l’économie était restée principalement agricole.

En 1872, la dépense publique représentait seulement 11% du PIB, soit seulement un dixième. En 1912, même pas 13%. En un siècle le pays a multiplié par cinq cette part de la dépense publique.


Voici quelques points précis de cette évolution.

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Les deux guerres mondiales et la crise de 1929 ont contribué à l’augmentation de la dépense publique en réinjectant massivement de l’argent public dans l’économie nationale.


La croissance, facteur important

La croissance joue également un rôle important dans l’évolution du pourcentage.

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Par exemple, en 1960, il y a une nette réduction de la proportion par rapport à l’après-guerre, mais seulement en relatif, c’est la forte croissance des Trente glorieuses qui a réduit le rapport. Cela s’illustre aussi avec la faible croissance aujourd’hui qui augmente le rapport par un effet mécanique (l’augmentation des traitements des fonctionnaires et des retraités est plus forte que l’augmentation de la richesse nationale).

Lorsque la croissance est faible, non seulement la part des dépenses est plus forte mécaniquement, mais l’effet est renforcé par une augmentation des dépenses dues à l’indemnisation des demandeurs d’emploi et au financement des intérêts de la dette résultant de la perpétuation du déficit public chaque année.

Par ailleurs, l’arrivée à la retraite de la génération du "baby boom" renforce proportionnellement les dépenses en pensions de retraite et aussi en soins médicaux.

Depuis la fin des années 1960, les dépenses de fonctionnement et les investissements sont restés relativement constantes tandis que les prestations sociales ont explosé jusqu’à dépasser largement les dépenses de fonctionnement.

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Alors que la dette publique ne cesse de s’accroître, la charge de celle-ci reste cependant stable au fil des années depuis le milieu des années 1990 voire en baisse depuis le début des années 2000, surtout en raison d’une diminution des taux d’intérêt et d’une conjoncture internationale qui continue à placer la France parmi les États les plus solvables.

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Les relances moins efficaces qu’avant

Comme on le voit aussi, il y a eu une forte hausse en 2009 à cause de la crise de septembre 2008 et de la mise en place d’un plan de relance. Ensuite, une très lente diminution a été observée jusqu’à l’arrivée au pouvoir de l’actuelle équipe qui a beaucoup de mal, malgré ses affirmations, à réduire la dépense publique (le calcul des fameux "50 milliards d’euros" provient essentiellement de la non augmentation naturelle des dépenses, méthode un peu tardive qu’avait proposé d’appliquer dès 2012 le candidat François Bayrou pour faire 100 milliards d’euros d’économie).

À noter que l’idée très keynésienne de relance de la consommation (politique de la demande) en cas de crise économique n’a plus beaucoup d’intérêt dans un système ouvert prêt à importer beaucoup de biens de consommation : le surcroît de pouvoir d’achat bénéficie alors principalement à des entreprises étrangères, ou, plus exactement, car elles peuvent aussi être françaises, à des entreprises établies à l’étranger bénéficiant de meilleures conditions de production.


La France parmi les plus dépensiers

Beaucoup de pays européens ont réduit de manière drastique la dépense publique dans les vingt dernières années, comme les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni.

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Si l’on compare la France avec d’autres pays, depuis une vingtaine d’années, la Suède était à une part de dépense publique dans le PIB supérieure à celle de la France mais les gouvernements suédois ont constamment réduit celle-ci jusqu’à croiser la part française (de 72,4% en 1993 à 53,8% en 2008). L’Italie et l’Allemagne sont à un niveau similaire, plus bas que celui de la France, entre 45 et 50%, l’Allemagne s’écartant très récemment de l’Italie pour croiser le Royaume-Uni qui est passé de 40 à 45% entre 2000 et 2005.

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En 2012, les taux sont les suivants.

Italie : 50,7%.
Royaume-Uni : 48,5%.
Espagne : 47,0%.
Allemagne : 45,0%.
États-Unis : 40,1% (en 2014 : 38,0%).

Bien que puissance capitaliste avec une forte mentalité contre l’étatisme, on constate quand même que les États-Unis ont aujourd’hui une part de dépense publique quatre fois plus élevée que celle de la France d’il y a un siècle, et identique à celle de la France d’il y a quarante ans.


Dépense, déficit et prélèvements obligatoires

Les médias parlent beaucoup des problèmes du déficit public et de la dette, ce qui est effectivement une véritable épine au dynamisme économique, mais la question devrait plutôt porter sur le niveau très élevé des dépenses : car on peut toujours augmenter les impôts si l’on veut réduire le déficit, certes avec ce cercle vicieux que l’impôt tue l’impôt en asséchant tous les acteurs économiques.

D’ailleurs, en 2012, le taux de prélèvements obligatoires était de 45,3% en France et seulement de 37,6% en Allemagne et de 35,2% au Royaume-Uni, et cela ne suffit pas, avec d’autres recettes de l’État, à combler les dépenses qui sont plus de 10% supérieures (d’où le déficit et la dette). Les prélèvements obligatoires pourtant ont bondi en France ces deux dernières années en atteignant 46,5% cette année !

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Ce taux très élevé en France ne suffit pas à résorber le déficit public qui restera très supérieur aux objectifs que le gouvernement s’était portant lui-même fixés il y a encore quelques mois (4,4% du PIB en fin 2014 et 4,7% en fin 2016 selon la Commission Européenne dans sa prévision du 4 novembre 2014 au lieu de 3,8% en fin 2016 selon les objectifs du gouvernement français). Par ailleurs, la dette publique friserait fin 2016 le seuil des 100% du PIB (99,8%).

A contrario, réduire la dépense publique, c’est forcément donner un coup de frein à la croissance, puisque le PIB a pour origine plus de la moitié de l’argent public réinjecté. D’où le très fragile équilibre entre le niveau de la dépense publique, le niveau des prélèvements obligatoires et le niveau de la dette (94,1% du PIB en 2013) qui vampirise l’argent des contribuables avec ses taux d’intérêt. La marge du gouvernement reste donc très étroite quand la croissance est faible (moins de 3%).

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L’explosion des dépenses sociales

Regardons la structure de la dépense publique. En 2012, 43% des dépenses étaient allouées à la protection sociale et 15% à la santé, ainsi que 11% à l’enseignement.

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Le budget de l’État lui-même (APUC) a réussi à se stabiliser à partir du milieu des années 2000, mais ce sont les dépenses de la sécurité sociale (ASSO) et surtout des collectivités territoriales (APUL) qui se sont envolées.

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La part des collectivités territoriales dans la dépense publique a représenté 20,5% en 2011. Elle ne cesse de croître en raison de plusieurs phénomènes : d’une part, le désengagement de l’État avec la baisse des dotations  pour le financement local, d’autre part, les surenchères de projets coûteux et pas forcément utiles chez les élus locaux peu respectueux de l’argent du contribuable. La réforme territoriale ne mettra certainement pas un frein à ces excès et pourrait même, à terme, créer de futurs potentats dotés de budgets bien plus importants qu’actuellement.

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La fonction publique employait au 31 décembre 2011 plus de 5,4 millions de personnes en France, ce qui représentait un emploi sur cinq au total, avec une forte hausse dans les collectivités territoriales et une légère progression dans la fonction hospitalière.

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Le principal enjeu d’une élection présidentielle

Le niveau de la dépense publique est un choix politique. Il devrait être, d’ailleurs, le premier choix électoral, le premier enjeu dans une élection. Souvent, l’absence de vision rend l’horizon incertain et inquiétant, les récentes hésitations et les tâtonnements de François Hollande n’encouragent pas beaucoup les entreprises à prendre de nouvelles initiatives économiques alors qu’elles ne savent pas sur quel pied danser (au moins fiscalement et socialement).

L’élection présidentielle retrouvera sa réelle fonction démocratique quand chaque candidat présentera, sans démagogie et clairement, sa vision des finances publiques sur la durée du quinquennat durant lequel il aspire à diriger la France.

Quand près de six euros sur dix euros de la richesse nationale proviennent de la puissance publique, il est difficile de parler d’une économie libérale. Quand un Président de la République comme Nicolas Sarkozy augmente de 4% cette part de la dépense publique, pour raison de crise, il est difficile de lui coller l’étiquette du libéralisme, du néolibéralisme, encore plus de l’ultralibéralisme.


La fonction redistributrice en panne

Et il est donc d’autant plus surprenant et même révoltant que, malgré l’augmentation de la part étatique dans le PIB, les inégalités sociales soient renforcées de plus en plus au fil du temps. Il y a dans ce système de redistribution de l’État une grande part de …réelle inefficacité (l’Institut Montaigne a même tenté d’analyser l’efficacité des politiques publiques dans un document très détaillé daté de février 2014).

Par sa protection sociale, l’État est capable d’accompagner correctement ceux qui sont accidentés de la vie (les malades, les demandeurs d’emploi, etc.) mais ce traitement social, dont le comble réside dans la "boîte à outils" hollandienne (contrats génération, emplois jeunes, etc.) ne permet pas la redynamisation de l’économie. Au contraire, par une fiscalité très lourde, il décourage les créations d’activité et renforce dans une sorte de cercle vicieux le chômage.

Dans une tribune au journal "Le Monde", le géographe Jean-Robert Pitte proposait ainsi de libérer les énergies : « Et si l’on apprenait aux Français depuis leur plus jeune âge à se dépasser, à oser, à risquer, à prendre des initiatives par eux-mêmes et à exercer leur sens des responsabilités ? Abandonnons nos fausses certitudes fondées sur nos sensibilités politiques soi-disant irréconciliables, n’attendons pas d’être au bord de la guerre civile pour accepter les réformes de bon sens qui s’imposent. Cela implique de réhabiliter le mérite qui n’est nullement injuste mais permet à la société d’aider les plus nécessiteux des siens sans démobiliser la majorité qui pour l’heure est anesthésiée, accablée. » (30 août 2013).

De son côté, Nicolas Goetzmann l’expliquait ainsi dans "Atlantico" : « Offrir la possibilité à des millions de personnes de trouver un emploi et de voir leurs revenus progresser est bien plus porteur que le simple versement de prestations sociales. Un tel revirement de la dépense publique permettrait, finalement, de revenir à l’essentiel. » (19 mars 2014).

Les réformes de structure sont donc nécessaires, mais encore faut-il avoir une vision claire des missions du service public. On aurait pu penser que François Hollande, issu de l’ENA, de HEC et de la Cour des Comptes, qui a fait des finances publiques son thème de campagne pour la primaire socialiste, fût au moins compétent dans ce domaine.

Malheureusement, le gouvernement actuel réforme peu, mal et sans l’appui des citoyens. Alors qu’il faudrait restructurer profondément la dépense publique, et que cette réforme soit largement approuvée, soit par un large consensus des forces parlementaires, soit par adhésion populaire par l’intermédiaire d’un référendum.

L’Allemagne, pourtant plombée par la Réunification, a fait ce travail d’introspection nationale il y a dix ans. La France attend toujours d’avoir des dirigeants courageux.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 novembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Documents intéressants sur la dépense publique en France (à télécharger).
Maurice Allais.
La concurrence chinoise.


La première illustration provient de ce site.
Les graphiques et tableaux proviennent de documents tous téléchargeables ici.

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http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-france-est-elle-un-pays-liberal-159689

 

 

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