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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 06:34

« Il y a beaucoup de travail à faire. Mais aujourd’hui, nous tous Américains tenons entre nos mains la promesse d’un nouveau départ. C’est pourquoi les événements des quelques jours à venir ne sont pas seulement l’investiture d’un président américain ; ils seront aussi la célébration du peuple américain. » (Barack Obama, 20 janvier 2009).



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Les élections présidentielles américaines se suivent mais ne se ressemblent pas. Après le vent de large espoir et de jeunesse suscité par la montée en puissance de la candidature de Barack Obama il y a huit ans, voici le vent du repli et de la peur, ou celui de l’ancienneté et du grand âge (trois des cinq plus grands candidats ont plus de 68 ans !).

Est-ce exagéré de dire que les meilleures personnalités des États-Unis (selon des critères sans doute subjectifs et qui peuvent varier d’un milieu à l’autre) font tout sauf de la politique ? Tout ou plutôt, font des affaires, car finalement, l’une des rares valeurs immuables aux États-Unis, c’est l’argent qui est l’indicateur numéro un de la réussite de sa vie, ou de son échec.

La conséquence logique, c’est le vide du paysage politique fédéral américain. L’absence de candidats de valeur et de stature incontestables. L’absence aussi de débat des idées. En ce sens, les citoyens français devraient être rassurés du sérieux et des CV costauds des personnalités politiques françaises. On peut critiquer la classe politique, râler contre le népotisme quasi-généralisé, mais on a quand même la fine élite de la République, qu’on l’accepte ou pas, qu’on l’apprécie ou pas. Il suffit de comparer Bruno Le Maire par exemple, ou Alain Juppé, avec Donald Trump. En France, aucun Silvio Berlusconi ne pourrait vraiment émerger.

Si en 2016, la vie politique française devait se résumer à ce qu’il se passe aux États-Unis, nous aurions pour concourir à l’élection présidentielle française de 2017 des candidats comme : Bernard Tapie, Valérie Trierweiler, Henri Emmanuelli, et l’on pourrait quand même ajouter Laurent Wauquiez (qui lui, fait partie de l’élite).

Laissons de côté les comparaisons toujours hasardeuses avec la vie politique française et revenons à l’élection américaine. Institutionnalisées depuis toujours, les primaires visent à désigner, en particulier dans les deux grands partis (démocrate et républicain) les deux candidats pour l’élection qui aura lieu le mardi 8 novembre 2016. Barack Obama, qui terminera le 20 janvier 2017 son second mandat, ne peut pas concourir. Certes, il peut exister des candidats issus d’autres partis, mais ceux-là restent très minoritaires, ou des candidatures indépendantes, qui peuvent bouleverser le jeu électoral (c’était le cas de Ross Perot qui avait obtenu 18,9% le 3 novembre 1992). Mais il ne fait pas beaucoup de doute que l’un des deux désignés à ces primaires sera élu Président des États-Unis.

Le système des primaires veut que celles des deux grands partis se déroulent presque au même moment quasiment dans les mêmes États, même si les règles d’attribution des délégués peuvent varier. Les primaires ont commencé le 1er février 2016 avec un petit État, l’Iowa, mais depuis le 1er mars 2016, appelé "Super Tuesday" parce qu’il concerne onze à douze États importants qui font et défont des candidatures, l’horizon des possibles s’est nettement réduit.

Ne sont désormais plus en lice que deux candidats chez les Démocrates et quatre chez les Républicains.


Pas de match Clinton vs Bush

À l’origine, on aurait d’ailleurs pu imaginer un combat quasi-népotique : Hillary Clinton, épouse d’un ancien Président des États-Unis, contre Jeb Bush, frère et fils de deux anciens Présidents des États-Unis. Ce duel ne sera qu’imaginaire. Tant mieux pour la forme mais peut-être tant pis pour le fond.

En effet, Jeb Bush (63 ans), gouverneur de Floride du 5 janvier 1999 au 2 janvier 2007, grâce à qui son frère George W. Bush a pu être déclaré Président des États-Unis (un nouveau décompte des voix en Floride aurait favorisé Al Gore), a déclaré forfait le 20 février 2016 après ses échecs dans l’Iowa et le New Hampshire.

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Quant à Hillary Clinton (68 ans), sénatrice de New York du 3 janvier 2001 au 21 janvier 2009, elle aurait pu imaginer que les primaires fussent pour elle une simple formalité. Favorite tant pour les primaires démocrates que pour l’élection elle-même (elle était déjà favorite en 2008 et cela ne lui a pas porté chance), elle est une exception à trois titre au moins : épouse de Bill Clinton qui ne s’est engagée politiquement qu’à la fin du mandat de son mari (du 20 janvier 1993 au 20 janvier 2001) ; ancienne Secrétaire d’État du 21 janvier 2009 au 1er février 2013 (équivalent de Ministre des Affaires étrangères), c’est la première fois, à ma connaissance, du moins dans l’époque récente, qu’un ancien Secrétaire d’État est candidat à l’élection présidentielle ; enfin, elle est une femme, et la première femme dans l’histoire politique à être en position de devenir Présidente des États-Unis, un peu au même titre que Ségolène Royal en 2007 pour la France.

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Le camp démocrate

Eh bien, ce n’est pas du tout une formalité. Ce n’est quand même pas le renouvellement de la campagne de 2008 qui a vu son leadership dépasser par celui de Barack Obama, mais la suprématie de Hillary Clinton a été étonnement entamée par la candidature de Bernie Sanders (74 ans), vieux parlementaire du Vermont (depuis le 3 janvier 1991), considéré comme représentant de l’aile gauche voire (un gros mot aux États-Unis), de l’aile socialiste du Parti démocrate (il n’est d’ailleurs membre de ce parti formellement que depuis 2015 !) et qui, au lieu de recueillir dans les 5 à 10% de l’audience habituelle de ce courant, s’est retrouvé presque à jeu égal face à Hillary Clinton (dans les sondages, il a juste quelques pourcents de moins que sa concurrente). Bernie Sanders a déjà gagné quelques primaires, dans le New Hampshire le 9 février 2016, dans le Colorado, le Vermont (son État), l’Oklahoma et le Minnesota le 1er mars 2016.

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Que ce soit chez les Républicains comme chez les Démocrates, il y a une véritable défiance contre "l’etablishment", contre Washington, contre ce que Jean-François Copé, en oubliant qu’il en fait partie, appelait "l’élite germanopratine" (à replacer dans le contexte washingtonien), qu’on retrouve autant aux États-Unis que dans la plupart des pays européens victimes de la crise économique et d’une crise identitaire face aux défis mondiaux que représentent la globalisation des échanges commerciaux, la croissance économique de la Chine et de l’Inde et les menaces du terrorisme islamiste.

Si Hillary Clinton en fait (un peu) les frais, cela ne devrait pas suffire à l’empêcher d’être désignée comme candidate des Démocrates. Elle a actuellement 1 033 délégués et son concurrent progressiste 408 délégués, et il en faut 2 383 pour obtenir l’investiture. Dans les sondages des trois dernières semaines, le rapport serait favorable à Hillary Clinton, environ 50% contre 40% pour Bernie Sanders. L’écart tend même à s’accroître depuis la fin du mois de février 2016.

Mais si victoire il y a, ce sera une victoire laborieuse, par défaut, sans véritable élan enthousiaste comme l’avait provoqué la candidature de Barack Obama en 2008. Alors que dans le camp des Républicains, l’absence de personnalités à la stature indiscutable a laissé tous les espoirs aux démagogies et aux facilités.


Le camp républicain

Depuis qu’il a déclaré sa candidature en juin 2015, Donald Trump (69 ans), multimilliardaire (324e fortune du monde en 2016 avec 4,5 milliards de dollars selon "Forbes" en octobre 2015 ; il a fait fortune dans les spéculations immobilières à New York), a joui d’un véritable courant en sa faveur. N’hésitant pas à investir massivement dans les opérations marketing à sa dévotion (il a pour l’instant dépensé 25 millions de dollars, ce qui reste encore faible pour les États-Unis), il a réussi à matraquer la classe politique de ses petites phrases chocs et de ses réflexions plus bestiales qu’intellectuelles, plus assassines que politiques. Qu’il les pense ou pas n’est même pas le problème puisqu’il sait que le meilleur moyen de se faire connaître et de faire parler de soi, c’est de dire n’importe quoi, de provoquer colère ou crainte, de faire du populisme et de la démagogie de bas instinct. Le plus important, et inquiétant, c’est qu’avec une campagne comme cela, il trouve un électorat qui y adhère.

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Ceux qui pourraient le comparer à Jean-Marie Le Pen (et les proches de Donald Trump n’hésitent pas à faire cette comparaison) se trompent à mon avis. Certes, comme Le Pen, Donald Trump fait dans l’égocentrisme orgueilleux et dans le caprice provocateur de l’adolescent, mais à la différence de la PME Le Pen, The Trump Organization est une véritable multinationale qui pèse très lourd dans l’économie. En ce sens, sa candidature présidentielle est une sorte de petite douceur qu’il s’offre avant de se mettre à la retraite.

On pourrait penser que Donald Trump serait le candidat idéal pour Hillary Clinton, et c’est un peu vrai : elle perdrait largement en cas de duel avec un autre candidat que lui. Mais la victoire de Donald Trump aux élections elles-mêmes n’est pas impossible non plus. Il faut comprendre que les États-Unis ne sont pas homogènes : entre Boston, Miami, Houston, San Francisco, Détroit ou même le fin fond de l’Arkansas, les populations sont sociologiquement très différentes, aussi différentes qu’entre des Danois, des Portugais, des Croates, des Polonais, etc.

Or, face à l’Amérique de Barack Obama, celle des premiers de la classe, celle de l’élite, celle des intellectuels, celle des gens raisonnables, celle qui pense aussi aux autres, à l’altérité, à ceux qui n’ont pas d’assurances santé, il y a l’Amérique des gens simples. Quand je dis "gens simple", ce n’est pas péjoratif, je ne parle pas d’esprit simple, non, pas de "simplets", mais de personnes qui n’ont pas l’esprit tordu, qui raisonnent simplement par une sorte de candeur, de naïveté presque, qui est aussi une sorte de confiance en leurs institutions.

Par exemple, ils sont rarement contre la peine de mort car ils ne peuvent pas imaginer que la justice puisse commettre des erreurs judiciaires (pourtant, c’est le cas). Ils sont pour le droit d’avoir des armes car ils sont convaincu qu’au Bataclan, si la loi française était la même qu’aux États-Unis, il y aurait eu des spectateurs qui auraient mis rapidement hors d’état de nuire les terroristes. On imagine la sécurité si tous les spectateurs venaient armés, avec l’impossibilité de savoir si certains sont des terroristes ou pas !

Cette simplicité, c’est aussi de voter pour celui qui semble avoir les mêmes idées que soi sans imaginer les conséquences de son vote. Par exemple, c’est clair que si un électeur voulait une victoire républicaine, à la fin, il aurait tout intérêt à éviter la désignation de Donald Trump qui non seulement plomberait la campagne électorale mais plomberait le Parti républicain pour de nombreuses années à venir. C’est pour cela que Ségolène Royal en 2006 et François Hollande en 2011 ont été désignés candidats socialistes. Parce qu’ils étaient le candidat le plus efficace pour battre un candidat du camp opposé, pas parce qu’ils représentaient les idées les plus proches de ceux qui les ont choisis. Il semblerait que la forte popularité d’Alain Juppé répondrait au même enjeu d’efficacité. Aux États-Unis, ces calculs électoraux sont trop éloignés d’une réalité simple : on choisit pour celui qui crie le plus fort.

Et c’est vrai que Donald Trump a au moins cet étrange effet de placer George W. Bush parmi les Présidents républicains les plus gauchistes et les plus intellectuels ! En fait, Donald Trump n’est pas un Républicain, il est avant tout un nationaliste. Et en ce sens, sa désignation mettrait en péril idéologiquement le Parti républicain (qui a pourtant le vent en poupe) pour un futur proche.

D’ailleurs, l’instabilité de son engagement politique est éloquent. D’abord démocrate, il rejoint les Républicains pour soutenir Ronald Reagan, puis George H. W. Bush (père) a failli le prendre comme Vice-Président des États-Unis (il a finalement choisi un qui n’est pas une plus grande lumière intellectuelle, Dan Quayle), puis en 1999, il s’est inscrit dans le parti de Ross Perot (autre candidat milliardaire en 1992), puis il est redevenu démocrate pour s’opposer à Geoge W. Bush (fils) avant de revenir en 2012 chez les Républicains. Loin d’être le représentant des valeurs du libéralisme et de la liberté d’entreprendre, Donald Trump prône plutôt un État totalitaire, antimusulman et replié sur lui. L’armée américaine a déjà annoncé qu’elle pourrait lui désobéir en cas d’élection à la Maison Blanche si ses ordres étaient contraires à la loi : cela promet de belles discussions constitutionnelles !

À l’heure actuelle (après le Super Tuesday du 1er mars 2016), il ne reste plus que quatre candidats aux primaires républicaines. Donald Trump a obtenu la majorité relative des délégués en compétition, 319 délégués (il en faut 1 237 pour gagner) tandis que Ted Cruz en a obtenu 226 et Marco Rubio 110. Un quatrième, John Kasich, en a obtenu 25 mais va sans doute bientôt déclarer forfait.

John Kasich (63 ans) a été représentant à l’Ohio (équivalent de député) du 3 janvier 1983 au 3 janvier 2001 puis est le gouverneur de l’Ohio depuis le 10 janvier 2011. Il peut être considéré comme un Républicain modéré et a travaillé pour Ralph Nader. Sa candidature, annoncée le 21 juillet 2015, ne recueillait jamais plus de 5% d’intentions de vote dans les sondages mais depuis mi-février 2016, il serait maintenant un peu en dessous de 10%. Néanmoins, son retard est bien trop grand. Il est le seul des quatre candidats à n’avoir remporté aucun État depuis le 1er février 2016. Son abandon devrait logiquement se faire dans les prochains jours.

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Ted Cruz (45 ans) est avocat, conseiller de George W. Bush pendant sa campagne de 2000, professeur de droit à l’Université d’Austin, dans le Texas, spécialisé dans les procédures judiciaires de la Cour Suprême des États-Unis. Il a été "solicitor general" du Texas (équivalent de procureur de la République) de janvier 2003 à mai 2008, et il est sénateur du Texas depuis le 3 janvier 2013. Son père est cubain et a fui Cuba, tandis que sa mère est d’origines irlandaises et italiennes. Sa victoire comme sénateur n’était pas du tout évidente le 6 novembre 2012 et il l’a due aux soutiens du Tea Party et de certaines personnalités comme Ron Paul, Rand Paul (qui était candidat aux primaires républicaines en 2016 mais a dû abandonner) et Sarah Palin. Il a annoncé sa candidature pour 2016 le 23 mars 2015. Il est considéré comme un Républicain très conservateur qui cherche à s’appuyer sur les courants évangélistes. Il a remporté quatre États, l’Iowa, l’Alaska, l’Oklahoma et le Texas (son État d’origine). Sa candidature a pris de l’importance début décembre 2015 en devenant le challenger le plus sérieux de Donald Trump, avec aujourd’hui environ 20% d’intentions de vote dans les sondages (contre 35% en faveur de Donald Trump).

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Marco Rubio (44 ans) est lui aussi d’origine hispanique par ses deux parents qui ont immigré de Cuba en Floride. Il est, lui aussi, de l’aile la plus conservatrice des Républicains et refuse, comme Ted Cruz, toute disposition en rapport avec le changement climatique. Directeur de la campagne de Bob Dole en 1996 pour la Floride, il a été élu représentant de la chambre de Floride de janvier 2000 en novembre 2008 (l’équivalent de conseiller régional) et a même présidé cette chambre de 2006 à 2008. Depuis le 3 janvier 2011, il est sénateur de la Floride. Le 1er février 2016, il a fait un bon score dans l’Iowa et fait figure de challenger également sérieux de Donald Trump, en troisième position dans les intentions de vote avec environ 17% (l’écart dans les sondages avec Ted Cruz est pour ainsi dire négligeable).

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Au contraire de Ted Cruz et de Donald Trump, candidats anti-etablishment, Marco Rubio est soutenu par la direction du Parti républicain (il l’était avec Jeb Bush jusqu’à ce que ce dernier abandonne). Ce jeudi 3 mars 2016, l’ancien candidat républicain (en 2012) Mitt Romney a d’ailleurs attaqué violemment la candidature de Donald Trump et demandé aux électeurs républicains de se ressaisir.

S’il est en retard dans la course, Marco Rubio a de grandes chances de gagner le 15 mars 2016 l’État de Floride et il gagnerait alors la totalité des 99 délégués, ce qui pourrait lui permettre de dépasser Ted Cruz. Pour l’instant, il n’a gagné qu’un seul État, le Minnesota.

Il n’est pas évident, à la fin des primaires (le 7 juin 2016) qu’un candidat puisse dépasser le seuil pour l’investiture. Dans ce cas (Donald Trump n’aurait pas la majorité absolue des délégués), il serait probable qu’un accord se trouverait pour lui faire barrage absolument (ce qui ne l’empêcherait d’ailleurs pas de se présenter à l’élection générale, mais comme candidat indépendant).


Sondages pour l’élection générale

Il est trop tôt pour connaître avec assurance les deux candidats républicain et démocrate mais les instituts de sondage aux États-Unis sont beaucoup moins timides qu’en France pour tester les duels électoraux. Or, il n’y a pas beaucoup de cohérence dans les différents duels.

On se souvient par exemple qu’en 2007, en France, François Bayrou aurait été gagnant tant face à Nicolas Sarkozy que face à Ségolène Royal au second tour et pourtant, il s’est retrouvé en troisième position au premier tour. Les incohérences ici (pour l’élection américaine) sont bien plus accentuées (incohérences sur les idées, sur les partis, sur les personnes).

Dans un match Hillary Clinton vs Donald Trump, Hillary Clinton gagnerait 45% contre Donald Trump 42%. Ces statistiques sont des moyennes de sondages sur les trois dernières semaines, arrondies car les chiffres après la virgule n’ont aucune signification à ce stade de la campagne. Comme on le voit, l’écart serait faible et donc, pourrait s’inverser en cours de campagne (il y a encore neuf longs mois) : Donald Trump pourrait réellement gagner !

Les incohérences, c’est par exemple que Bernie Sanders ferait 50% face à Donald Trump à 42%, donc avec un écart bien plus grand, mais Hillary Clinton serait préférée à Bernie Sanders dans les primaires démocrates.

Autres incohérences, Hillary Clinton serait battue face aux deux autres candidats conservateurs, 45% face à Ted Cruz à 47% (en clair, jeu égal), mais surtout, 43% face à Marco Rubio à 48% soit 5% d’écart.

Toujours incohérences, paradoxalement, Bernie Sanders, très marqué à gauche, gagnerait face aux candidats très marqués à droite : 50% face à Ted Cruz à 40% et 47% face à Marco Rubio à 44% (l’écart resterait faible, 3%).

Enfin, il y aurait quasiment jeu égal entre Bernie Sanders et John Kasich (autour de 43%), tandis que Hillary Clinton serait battue à 40% face à John Kasich à 48%.

Comme on peut le voir, il est très difficile d’avoir une vision très stable de la situation et celle-ci peut évidemment évoluer très fortement au fil des prochains mois.


Les grands enseignements à ce stade de la campagne présidentielle sont les suivants :

1. Il y a une candidat qui a surgi et dont la montée est incontestable, c’est Donald Trump, candidat anti-système par excellence. S’il était désigné, il ferait imploser le Parti républicain et beaucoup d’électeurs républicains voteraient sans doute pour le candidat démocrate.

2. Hillary Clinton reste incontestablement la favorite chez les Démocrates. Néanmoins, elle ne gagnerait que face à Donald Trump et elle semblerait mal partie dans des duels avec d’autres candidats républicains. Cela semble dire que sa campagne ne serait pas porteuse et que si elle était élue, ce serait plus par défaut que par enthousiasme en sa faveur.

3. Comme dans d’autres pays du monde, les positions anti-système, anti-immigration et climato-sceptiques ont une audience très élevée dans l’électorat.

4. Chez les Républicains, la percée de la candidature de Marco Rubio est la véritable surprise du début de ces primaires et s’il n’était pas désigné en 2016, il aurait toutes ses chances pour 2020. Le candidat est jeune, talentueux, bon communiquant, et surtout, après les renoncements successifs de Mario Cuomo (mort le 1er janvier 2015), Mario Rubio serait le premier candidat d’origine hispanique capable de l’emporter sérieusement.


Prochaine étape

Les prochaines primaires auront lieu ce samedi 5 mars 2016 dans le Kansas, le Kentucky, la Louisiane, et le Maine pour les Républicains, et dans le Kansas, la Louisiane et le Nebraska pour les Démocrates. Les primaires républicaines se termineront le 7 juin 2016 et les primaires démocrates le 14 juin 2016. Des conventions interviendront chez les Républicains et les Démocrates durant l’été pour choisir définitivement leur candidat. Celle des Républicains jouera un rôle déterminant. Enfin, l’élection générale aura lieu le mardi 8 novembre 2016.

Pour terminer et pour montrer le contraste avec 2008 où les déclarations s'étaient élevées dans les hautes sphères de la pensée politique, voici des propos de campagne de Barack Obama : « Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités. Cette vérité transcende les nations et les peuples. C'est une croyance qui n'est pas nouvelle, qui n'est ni noire ni blanche ni basanée, qui n'est ni chrétienne ni musulmane ni juive. C'est une foi qui a animé le berceau de la civilisation et qui bat encore dans le coeur de milliards d'êtres humains. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (4 mars 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Mode d’emploi des élections présidentielles américaines.
Idées reçues sur les élections américaines.
Barack Obama.
Ronald Reagan.
Gerald Ford.
Jimmy Carter.
John Kennedy.
Al Gore.
Sarah Palin.
John MacCain.
Mario Cuomo.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160304-primaires-US2016AA.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/us-2016-la-trumpisation-de-la-vie-178426

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/03/04/33458996.html

 

 

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13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 09:33

Né le 24 septembre 1934 à Marseille, Georges de Paris est allé vivre aux États-Unis avec une jeune fille, puis après quelques difficultés personnelles, il est devenu le fournisseur de costumes (non officiel) de tous les Présidents des États-Unis de Lyndon Johnson à Barack Obama (en passant par Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George WH Bush (Sr), Bill Clinton, Georges W. Bush (Jr). Il est mort des suites d'un cancer en Virginie quelques jours avant ses 81 ans.

SR


 

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 12:03

Convocation d’urgence du Conseil de défense ce mercredi matin à l’Élysée.


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La publication, dans la soirée de ce mardi 23 juin 2015, de documents confidentiels de l’agence américaine NSA par Mediapart et "Libération" transmis par WikiLeaks a de quoi créer un incident diplomatique entre la France et les États-Unis. En effet, il est désormais prouvé que les Présidents de la République française, de 2006 à 2012, ainsi que leur entourage direct (proches collaborateurs) ont été mis sur écoute téléphonique : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Au-delà de la teneur anecdotique des conversations et de leurs commentaires américains de ce qui a été publié (Nicolas Sarkozy se prenant pour Superman pour résoudre la crise mondiale en 2008 ou voulant relancer le processus de paix israélo-palestinien avec Dmitri Medvedev en 2011, François Hollande très mitigé sur ses premiers contacts avec Angela Merkel en 2012, etc.), qui n’apporte qu’un intérêt d’historien à la vie politique française, il paraît probable que des informations nettement plus confidentielles touchant à la sécurité intérieure du pays ont été écoutées par les Américains.

De quoi être furieusement fâché contre les États-Unis même si, depuis la connaissance des écoutes américaines du téléphone d’Angela Merkel (révélées le 23 octobre 2013 par Edward Snowden), les Français pouvaient se douter de se retrouver dans la même situation (un dessin humoristique paru dans la presse ce matin montre d’ailleurs le Français soulagé qu’il soit écouté, car considéré comme aussi important que les Allemands pour les Américains).

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Lors de son voyage à Washington (pour le G20), François Hollande aurait pourtant annoncé le 11 février 2014 après son entrevue avec Barack Obama : « L’engagement a été pris de ne plus pratiquer d’écoutes indifférenciées concernant les services de l’État des pays alliés. » (déclarations citées par Mediapart le 23 juin 2015 mais pas retrouvées sur le site officiel de l’Élysée). Que cela serve aussi de leçon pour celui qui s’apprête à promulguer la loi sur le renseignement !

La réaction de la Maison-Blanche a été on ne peut plus laconique. Ned Price, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) des États-Unis, a en effet déclaré à l’AFP : « Nous ne ciblons pas et nous ne ciblerons pas les communications du Président Hollande. » en ajoutant seulement : « Nous travaillons étroitement avec la France sur tous les sujets de dimension internationale et les Français sont des partenaires indispensables. ».

Le Conseil de défense (français) s’est donc réuni en toute hâte ce mercredi 24 juin 2015 dans la matinée pour réagir officiellement. Le communiqué final a de quoi montrer une colère impuissante en condamnant des faits « inacceptables » : la France « ne tolérera aucun agissement mettant en cause sa sécurité ».

J’aurais tendance à penser que même scandaleux, ce type d’espionnage était assez prévisible et la tentation d’écoute généralisée doit être grande dans tous les États ayant une certaine capacité technologique.

Néanmoins, je considère que les premiers responsables de ces écoutes, ici, ce ne sont pas les espions mais ceux qui se font espionner : pourquoi la France, au plus haut niveau de l’État et pour des communications de la plus extrême confidentialité, n’est-elle pas en mesure d’empêcher technologiquement toute écoute ?

Pour un grand pays où l’innovation et la technologie sont puissantes, c’est très étonnant. Cela peut faire vraiment peur sur la capacité de la France à se défendre : que l’État américain ait connaissance d’informations confidentielles, c’est très ennuyeux, surtout dans le cadre de négociations économiques longues et cruciales, mais il reste un État ami.

Ce qui est nettement plus grave, c’est que cela signifie surtout que n’importe qui pourrait écouter l’Élysée, y compris des groupes terroristes très organisés, et cela a de quoi angoisser les responsables de la sécurité. Il s’agit donc pour le gouvernement français de lancer immédiatement un plan pour rendre les écoutes technologiquement très difficiles sinon impossibles.

Il a déjà été dit récemment que le service de sécurité présidentiel n’était pas à la hauteur des enjeux de sécurité, notamment en raison d’un manque de professionnalisme de la protection rapprochée de François Hollande (par exemple, aucun rapport d’incident n’est rédigé en cas de problème).

Sécuriser les moyens de communication du Président de la République et de ses proches collaborateurs me paraîtrait donc une urgence fondamentale dans un contexte terroriste particulièrement grave.

Pour autant, comment pourrait réagir la France face à de telles informations ? Il est bien sûr impossible de rompre les relations diplomatiques entre la France et les États-Unis, les deux pays ayant des partenariats dans de nombreux domaines et en particulier dans la lutte contre le terrorisme.

En revanche, il me semble qu’une mesure symbolique, certes audacieuse, aurait une véritable justification pour exprimer la colère de la France : accorder l’asile politique aux deux lanceurs d’alerte pourchassés par les États-Unis, à l’origine de ces révélations, à savoir Julian Assange (reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis le 19 juin 2012), par qui le scandale viens d’arriver et sans qui la France serait dans l’ignorance de l’espionnage des États-Unis, et également Edward Snowden (exilé depuis le 23 juin 2013 en Russie qui lui a accordé un asile temporaire le 31 juillet 2013).

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Cela n’aurait pas de conséquences majeures dans les relations franco-américaines mais montrerait un certain panache dans la réaction française, et une certaine indépendance.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 juin 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Loi sur le renseignement.
WikiLeaks.
François Hollande.
Barack Obama.
Angela Merkel.
Nicolas Sarkozy.
Jacques Chirac.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150624-wikileaks.html

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-elysee-espionne-par-les-usa-168939

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/06/24/32265205.html

 

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19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 06:51

Trois mots clefs : islam noir américain.
Trois erreurs : la haine, le racisme et le nationalisme.


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Connaissez-vous Malik El-Shabazz ? C’est le nom musulman de Malcolm Little, alias Malcolm X. Il aurait eu 90 ans ce mardi 19 mai 2015. Il a été assassiné à New York il y a un peu plus de cinquante ans, le 21 février 1965, à 39 ans.

Très brillant intellectuellement, Malcolm X a commencé sa vie aux États-Unis dans les pires conditions : pauvreté, discrimination, orphelin. Au lieu de poursuivre de brillantes études comme il en aurait eu la capacité, il a sombré dans la délinquance en bandes organisées (vols, trafics de drogue, etc.) après avoir fait des petits boulots (il aurait ciré les pompes de Duke Ellington à New York).

Il fut arrêté le 12 janvier 1946 et condamné à dix ans de réclusion criminelle à l’âge de 21 ans. C’est en prison qu’il a commencé à s’instruire par de nombreuses lectures : « Mon confinement est d’une autre nature ; je finis ma quatrième année d’une peine de prison de huit à dix ans… mais ces quatre ans de réclusion se sont révélées être les plus enrichissantes de mes 24 ans sur cette terre et je ressens que "ce cadeau du temps" était un cadeau qu’Allah me fit, sa manière de me sauver de la destruction certaine vers laquelle j’avançais. » (15 février 1950). Il est finalement libéré le 7 août 1952 pour bonne conduite après avoir purgé les trois quarts de sa peine. Sur ces années de prison, Malcolm X expliquait : « Les mois passaient et il ne me semblait même pas être emprisonné. En fait, jusqu’à ce moment-là, je n’avais jamais été aussi libre de ma vie. ».

À sa sortie de prison où il commença à se faire appeler X pour rappeler l’ignorance de son vrai patronyme issu de ses ascendants esclaves, il a rejoint l’organisation militante noire musulmane Nation of Islam (une secte musulmane, pour dire clairement les choses) dont il avait entretenu une correspondance assidue avec le leader (Elijah Muhammad, véritable gourou qui se proclamait prophète) durant ses années de prison (c’étaient ses frères qui l’avaient introduit dans cette organisation). Nation of Islam est une organisation extrémiste qui revendiquait un nationalisme noir (un État américain pour les Noirs) et une haine contre les Blancs.

À partir de 1953, Malcolm X prêchait pour Nation of Islam, à Chicago puis à Harlem. Charismatique, alliant à la fois l’effort et le talent, il a réussi à très rapidement avoir une forte audience auprès des gens. L’écho médiatique l’a hissé à la célébrité nationale en 1959, et il avait ainsi accès à tous les médias des États-Unis au point de susciter parfois de la jalousie chez les autres responsables de son organisation.

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Cette perspective clivante et très manichéenne de l’analyse de la société s’opposait aux efforts de non-violence prônés par un Martin Luther King (qui fut lui aussi assassiné à 39 ans le 4 avril 1968) dans le mouvement des droits civiques pour supprimer la ségrégation ethnique aux États-Unis.

On pourrait même oser un parallèle avec le conflit israélo-palestinien : en exacerbant les deux "camps", on empêche toute possibilité de paix durable. Or, c’était bien cela que professait Nation of Islam, une sorte de guerre entre les Blancs (les méchants) et les Noirs (les gentils). Un tel état d’esprit ne pouvait pas encourager ceux qui avaient le pouvoir à se ranger derrière la sagesse d’une égalité de droit et de fait.

Se plaçant dans la ligne des révolutionnaires, Malcolm X a rencontré au début des années 1960 Fidel Castro, également Che Guevara, et de nombreux chefs d’État africains.

Cette haine encouragée par Nation of Islam a même fait applaudir Malcolm X lors du crash d’un avion d’Air France qui transportait des passagers blancs. Il s’opposa à la Marche sur Washington du 28 août 1963 organisée par le mouvement des droits civiques. Pire, lors de l’assassinat du Président John F. Kennedy, Malcolm X prononça une phrase qui pouvait le faire croire heureux de l’assassinat : « Les poulets qui reviennent au perchoir ne me rendent jamais triste, ils me rendent seulement heureux. » (traduction littérale d’une formule anglaise signifiant : "qui sème le vent récolte la tempête"). Cette petite phrase le discrédita aux yeux même du gourou de Nation of Islam qui jalousait par ailleurs sa grande aura médiatique.

Cela a abouti au "divorce" le 8 mars 1964 : Malcolm X quitta définitivement Nation of Islam pour plusieurs raisons dont un désaccord personnel avec Elijah Muhammad (notamment sur son comportement) et surtout, sur sa volonté de rejoindre l’islam sunnite. Il prit le nom de Malik El-Shabazz et renonça à toute forme de racisme après le pèlerinage à La Mecque qu’il fit en avril 1964 : « Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, de partout dans le monde. Ils étaient de toutes les couleurs, des blonds aux yeux bleus aux Africains à la peau noire. Mais nous étions tous les participants d’un même rituel, montrant un esprit d’unité et de fraternité que mes expériences en Amérique m’avaient mené à croire ne jamais pouvoir exister entre les Blancs et les non-Blancs. L’Amérique doit comprendre l’islam, parce que c’est la seule religion qui efface de sa société le problème des "races". ». Il fit aussi un tour en Afrique et en Europe en fin 1964 ; il s’est rendu en France (où il a fait une conférence à la Mutualité à Paris le 23 novembre 1964) et en Grande-Bretagne (conférence à Oxford le 3 décembre 1964).

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À Harlem le 21 février 1965, lors d’un discours devant sa femme, ses enfants et quatre cents autres personnes, Malcolm X fut assassiné par trois personnes membres de Nation of Islam qui ont été reconnues coupables en 1966. Nation of Islam a démenti toute implication dans cet assassinat mais Betty (1934-1997), la femme de Malcolm X, a accusé Louis Farrakhan d’avoir au moins encouragé cet assassinat, parce qu’il avait écrit quelques jours auparavant : « Un tel homme, aussi hypocrite, est digne de mourir. » (ce dernier regretta sur CBS en janvier 2007 « que ce que j’ai dit a causé la perte de la vie d’un être humain » : « J’ai pu être complice en mots. »). Ses obsèques et son incinération ont eu lieu le 27 février 1965 après que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé devant sa dépouille.

S’il n’y avait pas en cause la vie d’un homme, on aurait eu envie de répondre en miroir à Malcolm X : "Chickens coming home to roost"… Dans son autobiographie, Malcolm X s’était pourtant amendé : « Après ma mort, ils feront de moi un raciste, quelqu’un de colérique qui inspire la peur. (…) Je ne suis pas raciste. Je ne crois en aucune forme de ségrégation. Le concept de racisme m’est étranger. Je n’apprécie pas tous ces mots en "-isme". ».

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Après la mort d’Elijah Muhammad le 25 février 1975, c’est son fils Warith Deen Muhammad qui a repris le mouvement Nation of Islam en rejoignant l’islam sunnite sous d’autres appellations. Quant à Louis Farrakhan (qui a eu 82 ans le 11 mai dernier), il a relancé Nation of Islam en 1981 et a reçu en 1996 …le Prix Kadhafi des droits de l’Homme (!). S’inspirant du nationalisme noir prôné par Malcolm X, Huey P. Newton (1942-1989) et Bobby Seale (78 ans) créèrent de leurs côtés les violentes Black Panthers le 15 octobre 1966 (l’organisation révolutionnaire fut disloquée en 1972). La femme de Malcolm X, Betty a péri le 23 juin 1997 des suites d’un incendie provoqué par son petit-fils Malcolm Shabazz, lui-même assassiné le 9 mai 2013.

Malcolm X aurait pu, peut-être, devenir un Nelson Mandela qui fut longtemps considéré comme un terroriste par de nombreux responsables internationaux lorsqu’il était encore en prison, avec un physique de catcheur qui avait eu la tentation de la lutte armée contre l’apartheid. Et d’une certaine manière, s’il n’avait pas diamétralement changé d’état d‘esprit lors de sa jeunesse mouvementée, Barack Obama, au fort charisme, aurait pu, lui aussi, avoir une destinée à la Malcolm X, alors qu’il s’était choisi Noir bien que métis et élevé dans une famille blanche (mais musulmane).

L’erreur est humaine : Malcolm X n’a fait qu’exercer son talent dans une organisation qu’il a rencontrée par les hasards de ses fréquentations. Nul doute que son talent pour aider à reconnaître les droits civiques de tous les Américains, quelle qu’en soit la couleur de la peau, aurait pu se trouver bien plus efficacement reconnu s’il avait rejeté dès le début cette détestation des Blancs que la secte musulmane considérait comme des "démons". Difficile, dans ces conditions, de savoir ce que sera le jugement de l’Histoire sur cet homme dans tous les cas brillant.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (19 mai 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
John Kennedy.
Che Guevara.
Nelson Mandela.
Barack Obama.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150519-malcolm-x.html

http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/malcolm-x-1925-1965-errare-humanum-167572

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/05/19/32082323.html

 

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 00:48

Né le 15 juin 1932 à New York, catholique d'origine italienne, Mario Cuomo finit brillamment, major, ses études de droit et fut avocat. Après quelques échecs électoraux au sein du Parti démocrate dans les années 1970, il fut élu trois fois gouverneur de l'État de New York du 1er janvier 1983 au 31 décembre 1994. Très populaire aux États-Unis, il fut souvent cité pour concourir à l'élection présidentielle pour les démocrates, en 1988 et en 1992, mais il a toujours refusé ce type d'engagement tout comme il refusa d'être nommé à la Cour Suprême des États-Unis. Opposé à la peine de mort, et refusant son rétablissement à New York connu pour sa grande criminalité, il fut finalement vaincu à l'élection de novembre 1994 (pour un quatrième mandat) par le Républicain George Pataki. Progressiste et pas défavorable à l'avortement, il fut également excommunié par le cardinal John Joseph O'Connor.

SR

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 07:58

« America did not invent human rights. In a very real sens, it is the other way round. Human rights invented America. » [L’Amérique n’a pas inventé les droits de l’Homme. En réalité, c’est dans l’autre sens. Ce sont les droits de l’Homme qui ont inventé l’Amérique] (Jimmy Carter, le 14 janvier 1981).


yartiCarterJimmy01L’ancien Président des États-Unis Jimmy Carter fête son 90e anniversaire ce mercredi 1er octobre 2014. Il est le plus ancien Président américain encore en vie mais pas le plus âgé puisque l’un de ses successeurs, George W. H. Bush (père) a eu 90 ans le 12 juin 2014.

C’est l’occasion de revenir sur ce Président démocrate, symbole d’une Amérique qui perd (à cause des otages américains  à Téhéran), en échec avec l’élection de Ronald Reagan venu dire aux Américains : « America is back ! » [L’Amérique est de retour, slogan qu’a repris Jean-Marie Le Pen quelques années plus tard avec "La France est de retour"] alors que ses efforts pour établir la paix dans le monde ont été exceptionnels, d’ailleurs couronnés tardivement par le Prix Nobel de la Paix en octobre 2002.


Un parcours politique atypique

Enfant de parents agriculteurs, près porté par sa foi baptiste, Jimmy Carter s’est d’abord tourné dans une carrière de militaire, engagé dans la Navy. Puis, à la mort de son père en 1953, il s’installa dans sa ville natale en Géorgie pour y planter des cacahuètes.

Devenu notable, marié avec quatre enfants, il s’est fait élire sénateur de l’État de Géorgie du 14 janvier 1963 au 10 janvier 1967. Jimmy Carter s’était engagé en politique pour soutenir George Wallace (1919-1998). Ce dernier, populaire dans le Sud et ségrégationniste, était le gouverneur de l’Alabama et fut candidat aux primaires démocrates en 1964 (contre Lyndon Johnson) puis à l’élection présidentielle de 1968 en indépendant (contre Richard Nixon), enfin aux primaires démocrates en 1972 (contre MacGovern) et en 1976.

Jimmy Carter se fit élire sur cette inspiration sudiste gouverneur de Géorgie du 12 janvier 1971 au 14 janvier 1975, mandat au cours duquel il fit néanmoins évoluer les États du Sud vers une position plus progressiste contre la ségrégation.


L’élection présidentielle de 1976

Favorisé par le scandale du Watergate qui rendit très impopulaire l’etablishment washingtonien, par la crise économique (premier choc pétrolier) et par la fin de la guerre au Vietnam, Jimmy Carter se présenta aux primaires démocrates pour l’élection présidentielle de 1976 (il a annoncé sa candidature le 12 décembre 1974). Il n’était pas très connu, peu crédible au début (il avait moins de 5% dans les sondages) mais il a vite pris le dessus sur ses concurrents, comme Lloyd Bentsen (sénateur du Texas), Jerry Brown (gouverneur de Californie) et aussi George Wallace. Du côté républicain, le Président sortant Gerald Ford parvint laborieusement à gagner les primaires malgré les ambitions de Ronald Reagan et fit un ticket avec Bob Dole qui fut par la suite le candidat  des républicains en 1996.

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La large avance que Jimmy Carter a eu sur Gerald Ford dans les sondages après les primaires s’est effritée au fil de la campagne présidentielle. Le 2 novembre 1976, Jimmy Carter a finalement gagné l’élection présidentielle de justesse, avec 1,6 million de voix d’avance, soit 50,1% des suffrages (essentiellement élu par les États du Sud) face à 48,0% pour Gerald Ford, et fut investi à la Maison Blanche le 20 janvier 1977. Son Vice-Président fut Walter Mondale, un proche de l’ancien candidat démocrate Hubert Humphrey, qui fut par la suite le candidat démocrate en 1984.


Focalisation sur la politique internationale

Le changement clef de la politique extérieure des États-Unis a été que le fil conducteur devait être les droits de l’Homme, éventuellement aux dépens de la Realpolitik. Le Secrétaire d’État fut un pacifiste convaincu, Cyrus Vance (1917-2002), qui s’est retrouvé souvent en opposition avec le conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski. Pour l’anecdote, le fils de Cyrus Vance, Cyrus Vance Jr, est le procureur de New York qui a mis en accusation Dominique Strauss-Kahn le 14 mai 2011 dans l’affaire du Sofitel.

Jimmy Carter a signé le 7 septembre 1977 avec Omar Torrijos (le Président panaméen) un traité pour la rétrocession du canal de Panama à partir de 1999.

Jimmy Carter a aussi signé le 18 juin 1979 à Vienne avec Leonid Brejnev le traité SALT II de limitation de l’armement nucléaire des deux grandes puissances.

L’événement majeur du mandat de Jimmy Carter fut les accords de Camp David signés le 18 septembre 1978, avec l’exploit d’avoir réuni aux États-Unis le Premier Ministre israélien Menahem Begin et le Président égyptien Anouar El-Sadate. Ils préfiguraient un traité de paix entre Israël et l’Égypte signé le 26 mars 1979 à Washington.

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Malgré ce succès historique, c’est sur la politique étrangère que Jimmy Carter a eu le plus de difficulté à préserver l’honneur des Américains. Parce que le régime du Shah d’Iran n’était pas démocratique, les États-Unis n’ont pas réagi lors de la révolution islamique de 1979. Jimmy Carter était même prêt à reconnaître le nouveau gouvernement iranien issu de la révolution.

L’asile du Shah d’Iran aux États-Unis (Mohammad Reza Pahlavi fut hospitalisé à New York le 22 octobre 1979 et mourut en Égypte le 27 juillet 1980) a provoqué le 4 novembre 1979 la prise en otage de cinquante-deux Américains de l’ambassade des États-Unis à Téhéran par des étudiants révolutionnaires qui réclamèrent le retour du Shah en Iran pour le condamner à mort. Après une très mauvaise gestion de cette affaire par la Maison blanche (opération de sauvetage ratée, enlisement, etc.), l’humiliation pour Jimmy Carter fut à son comble quand les otages américains ont été libérés le jour même de la prise de fonction de son successeur Ronald Reagan (qui aurait, selon certains qui ne l'ont jamais prouvé, négocié avec les Iraniens dès l’automne 1980 pour ne pas libérer les otages avant l’élection présidentielle).


Un mandat dans un contexte économique très difficile

Les États-Unis étaient en pleine crise, inflation accrue, chômage en hausse et récession. Le 18 avril 1977, Jimmy Carter déclara dans une allocution télévisée que la crise de l’énergie durant ces années 1970 était équivalent moralement à une guerre.

Dans une autre allocution télévisée, Jimmy Carter fit part le 15 juillet 1979 de cette situation ainsi, expliquant par là même l’échec futur pour sa réélection : « Cette menace est à peine perceptible par des moyens ordinaires. Il s’agit d’une crise de confiance. Il s’agit d’une crise qui frappe la volonté de notre nation en son sein même, en son âme et en son esprit. Nous percevons cette crise à cause du doute croissant que l’on porte sur la signification de nos propres vies et de la perte d’une objectif unique pour notre nation. ». De tels propos ont rendu encore plus audible le fameux "America is back" de Ronald Reagan.

Manque de souffle, manque de mesures concrètes pour redonner confiance aux Américains : Jimmy Carter a souffert d’une image assez réductrice sur le plan intérieur, à tel point que le moindre petit événement pouvait devenir sujet à la moquerie. Ainsi, le 20 avril 1979, alors qu’il était en train de pêcher seul dans une barque près de sa ville natale, Jimmy Carter fut attaqué par un "lapin tueur" (expression s’insérant dans le monde des Monty Python), un gros lapin (sylvilagus aquaticus) qui nagea vers lui et qui chercha à grimper sur sa barque. Le "Washington Post" a titré le 28 août 1979 : « President Attacked by Rabbit ».

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L’élection présidentielle de 1980

La situation internationale de l’élection présidentielle du 4 novembre 1980 fut très difficile pour Jimmy Carter. S’il est parvenu facilement à gagner les primaires démocrates contre Ted Kennedy (1932-2009), il devait assumer la prise d’otages à Téhéran, le second choc pétrolier provoquant une crise économique, ainsi qu’un climat de guerre froide renouvelé avec l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge le 27 décembre 1979 (qui a entraîné le boycott des États-Unis et de leurs alliés aux jeux olympiques de Moscou en 1980).

De son côté, opposé dans les primaires républicaines principalement à George H. W. Bush (et aussi à Bob Dole), Ronald Reagan, très populaire, a battu largement son concurrent sortant avec 50,9% contre 41,1% pour Jimmy Carter, soit 8,5 millions de voix d’écart, et les républicains ont aussi gagné la majorité absolue du Sénat.


Une retraite très active en faveur de la paix

L’expérience présidentielle de Jimmy Carter s’est donc terminée le 20 janvier 1981 sur un double fiasco, celui des otages à Téhéran et le sien sur le plan électoral. Après son mandat, Jimmy Carter s’est investi dans l’action humanitaire par l’intermédiaire de la Fondation Carter qu’il a créée à Atlanta en 1982 avec des missions ambitieuses : aide au développement humanitaire, résolution des conflits et promotion de la démocratie.

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Depuis le début des années 1980, Jimmy Carter a donc participé à de nombreuses missions d’observation électorale et de médiation de pacification, notamment au Nicaragua, au Panama, en Haïti, en Éthiopie, en Bosnie, au Népal, au Venezuela, en Chine, en Tunisie, en Égypte, en Indonésie, au Nigeria, en Corée du Nord, au Kenya, à Cuba également où il rencontra Fidel Castro. Il s’opposa à la guerre en Irak en 2003 mais aussi à l’intervention au Koweït en 1991. Le 18 juillet 2007, il a rencontré à Johannesburg Nelson Mandela pour lui annoncer sa participation au groupe The Elders, qui réunit des leaders internationaux en faveur de la paix. Toutes ces actions lui ont fait obtenir le Prix Nobel de la Paix en 2002 « pour ses décennies d’efforts infatigables à résoudre les conflits internationaux par des solutions pacifiques, à faire progresser la démocratie et les droits de l’Homme, et à promouvoir le développement économique et social ».


Très engagé contre la peine de mort

Fidèle à ses idées humanistes, Jimmy Carter a toujours prôné l’abolition de la peine de mort (comme George MacGovern, Walter Mondale et Michael Dukakis, mais c’est assez rare pour une personnalité politique américaine), en particulier appliquée aux enfants (comme aux Maldives).

Il l’a redit lorsqu’il a reçu son Prix Nobel le 10 décembre 2002 : « During the past decades, the international community, usually under the auspices of the United Nations, has struggled to negotiate global standards that can help us achieve these essential goals. They include : the abolition of land mines and chemical weapons; an end to the testing, proliferation, and further deployment of nuclear warheads; constraints on global warming; prohibition of the death penalty, at least for children; and an international criminal court to deter and to punish war crimes and genocide. Those agreements already adopted must be fully implemented, and others should be pursued aggressively. » [Au cours des décennies passées, la communauté internationale, souvent sous l’autorité des Nations Unies, a eu du mal à négocier des standards mondiaux qui peuvent nous aider à atteindre ces objectifs essentiels. Ce sont : l’abolition des mines antipersonnelles et des armes chimiques ; la fin des essais, de la prolifération et du déploiement des armes nucléaires ; les conséquences sur le réchauffement climatique ; l’abolition de la peine de mort, au moins pour les enfants ; et un tribunal pénal international pour décourager et punir les crimes de guerre et les génocides. Ces points ont déjà été adoptés mais doivent être mis pleinement en œuvre, et d’autres devraient suivre énergiquement].

Jimmy Carter a aussi incité le 25 février 2009 Bill Richardson, gouverneur du Nouveau Mexique, à abolir la peine de mort dans son État : « We encourage your support for this comprehensive and visionary approach. (…) As you know, the United States is one of the few countries, along with nation such as Saudi Arabia, China, and Cuba, wich still carry out the death penalty (…). » [Nous encourageons votre soutien à cette approche globale et moderne. (…) Comme vous le savez, les États-Unis sont l’un des rares pays, au même titre que l’Arabie Saoudite, la Chine et Cuba, qui condamnent encore à la peine de mort (…)]. Jimmy Carter avait demandé également de ne pas exécuter certains condamnés à mort, comme Troy Davis (exécuté le 21 septembre 2011).

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Favorable à la réélection de Barack Obama en 2012 (même s’il avait maladroitement déclaré qu’il souhaitait la victoire de Mitt Romney aux primaires républicaines, candidat plus facile à battre pour Barack Obama), il n’a pas participé physiquement à la convention démocrate à Charlotte, en Caroline du Nord, mais a envoyé aux délégués démocrates le 4 septembre 2012 un message vidéo.

Ce soutien ne l’a pas empêché d’émettre certaines critiques envers la politique de Barack Obama, notamment l’utilisation de drones pour tuer des personnes suspectées de terrorisme, le maintien de la prison de Guantanamo ou encore la mise en place d’un programme fédéral de surveillance révélé par Edward Snowden, craignant l’invasion de l’État dans la sphère privée : « America is no functionning democracy at this moment. » [L’Amérique n’est pas une démocratie en ce moment] ("Der Spiegel" du 17 juillet 2013).

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Sa retraite est donc restée très active sur tous les continents, non seulement par des actions concrètes et des prises de position multiples, mais aussi par l’écriture d’une trentaine de livres, dont le dernier est paru le 10 avril 2014 : "A Call  to action : Women, Religion, Violence, and Power" (éd. S&S International).


La face morale de l’Amérique

Alors que George W. Bush Jr représente les États-Unis arrogants et hégémoniques, Jimmy Carter montre, lui, une autre face des Américains, la face morale et humanitaire. L’histoire ne lui sera cependant peut-être pas très reconnaissante car il aura présidé un pays en perte de repères idéologiques, juste avant l’arrivée de Ronald Reagan et du néolibéralisme thatchérien.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (1er octobre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
John F. Kennedy.
Gerald Ford.
Ronald Reagan.
Al Gore.
Barack Obama.
Nelson Mandela.

L’Iran en 1979.
Discours d’adieu du 14 janvier 1981.
Discours de réception du Prix Nobel de la Paix du 10 décembre 2002.
Visite historique à Cuba.
Interview au magazine "Der Spiegel" du 17 juillet 2013.
Fondation Carter.

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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/jimmy-carter-du-champ-de-157504

 

 

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 07:26

Les années 1980 furent marquées par l’ère Reagan et Thatcher qui contribua à la victoire du libéralisme sur le communisme. Et pour l’instant, aucune troisième voie ne s’est élaborée à l’horizon pour garantir aux peuples à la fois la liberté individuelle et collective, et des droits sociaux compatibles avec la dignité humaine.


yartiReagan01Disparu à Los Angeles, il y a juste dix ans, le 5 juin 2004, des suites d’une pneumonie, Ronald Reagan a été le 40e Président des États-Unis du 20 janvier 1981 au 20 janvier 1989, élu le 4 novembre 1980 et réélu le 6 novembre 1984 par le peuple américain, le mieux élu de l’histoire des États-Unis. Bien que ne faisant pas partie de l’etablishment politique, il peut être considéré comme un grand Président aux yeux des Américains, parce qu’il leur a redonné confiance en eux alors qu’ils s’étaient sentis humiliés par la prise d’otages à Téhéran lors de la révolution iranienne.

Avec Jean-Paul II, Margaret Thatcher et Helmut Kohl, il a été peut-être l’un des grands liquidateurs historiques et idéologiques de l’Union Soviétique. Ronald Reagan n’était pas forcément quelqu’un de très intelligent ni de très instruit, mais son ambition politique, sa persévérance politique (il échoua dans plusieurs primaires avant de réussir en 1980 : en 1968 et en 1976) donnèrent aux États-Unis un Président au statut particulier, ancien acteur de série B mais grand acteur sur la scène internationale qui a redoré le blason américain.

Ses détracteurs pourraient le comparer avec raison à Georges W. Bush Jr, soutenu par le peuple pendant ses deux mandats et descendu de son piédestal après sa Présidence en raison des révélations le concernant. L’IranGate a assombri le bilan de sa présence à la tête de la première puissance mondiale, mais aussi sa manière de fonctionner qui pouvait être très manichéenne en qualifiant par exemple le 8 mars 1983 l’URSS de l’expression "Empire du Mal" venu tout droit de "Star War", ou encore l’influence de l’astrologie pour prendre ses décisions. Un cow-boy sans culture, intellectuellement léger, mais qui en imposa à la Terre entière.


Une carrière de comédien

Né le 6 février 1911, Ronald Reagan s’intéressa dès ses années étudiantes au sport, à la comédie et à la politique (il fut élu président de sa corporation étudiante). Après divers emplois, il fut recruté comme acteur à Hollywood chez Warner Brothers dans des films de série B, jouant dans plusieurs dizaines de films entre 1937 et 1965. Capitaine durant sa mobilisation pendant la Seconde guerre mondiale, présentateur de télévision, il fut surtout connu pour avoir présidé le syndicat des acteurs Screen Actors Guild de 1946 à 1952 et pour son action de pourchasser les acteurs communistes en pleine période de maccarthysme.

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Parmi son travail durant les années 1950, il écrivait et prononçait des dizaines de discours pour General Electric, ce qui l’amena à évoluer de son admiration pour Franklin D. Roosevelt vers des positions plus conservatrices, qui l’ont conduit à soutenir la candidature de Dwight Eisenhower en 1952 et 1956, celle de Richard Nixon en 1960 (face à John F. Kennedy) et celle de Barry Goldwater en 1964.


Les débuts en politique

Profondément anticommuniste, et partisan très affirmé du libéralisme dans le sens où l’État doit intervenir le moins possible dans l’action des citoyens, avec le moins d’impôts possibles, Ronald Reagan l’a expliqué dans un discours prononcé le 27 octobre 1964, peu avant l’élection présidentielle : « Les Pères fondateurs savaient qu’un gouvernement ne peut contrôler l’économie sans contrôler le peuple. Et ils savaient que lorsqu’un gouvernement entreprend de le faire, il doit employer la force et la coercition pour arriver à ses fins. Nous sommes arrivés au moment du choix. ».

Un peu comme le discours de Barack Obama à la Convention démocrate pour John Kerry le 27 juillet 2004, ce discours de Ronald Reagan a lancé sa carrière politique personnelle tout en levant des fonds pour la campagne de Barry Goldwater (qui échoua cependant face à Lyndon Johnson). Soutenu par les Républicains de Californie, il a battu le gouverneur sortant Pat Brown et fut élu et réélu gouverneur de Californie, fonction qu’il exerça durant deux mandats, du 2 janvier 1967 au 6 janvier 1975.

Pour les primaires de 1968, il souhaitait se présenter à la Convention républicaine comme un candidat de compromis pour les Républicains, entre Richard Nixon et Nelson Rockfeller. Finalement, il fut placé en troisième position et Richard Nixon fut désigné dès le premier tour.

Engagé dans les primaires républicaines de 1976, contre le Président sortant Gerald Ford, Ronald Reagan fut battu de justesse à la Convention républicaine avec 1 070 délégués en sa faveur contre 1 187 en faveur de Gerald Ford qui, finalement, échoua face à Jimmy Carter, un planteur de cacahuètes inconnu du grand public et gouverneur de Géorgie.

Très populaire chez les Républicains par son charisme et la réaffirmation de ses valeurs conservatrices, Ronald Reagan était parti largement favori aux primaires de 1980. Il fut néanmoins sérieusement concurrencé par l’ancien directeur de la CIA George H.W. Bush Sr mais remporta finalement les primaires. Bob Dole participa également à ces primaires, et a dû attendre celles de 1996 pour être désigné candidat face à Bill Clinton. Après le refus de Gerald Ford d’être son colistier, Ronald Reagan a choisi son principal rival pour Vice-Président.

Face à Jimmy Carter qui devait subir le second choc pétrolier ainsi que la grande humiliation en Iran, Ronald Reagan n’hésitait pas à balancer des formules assassines : « Une récession, c’est quand votre voisin perd son travail. Une dépression, c’est quand vous perdez votre travail. Et la reprise, c’est quand Jimmy Carter perd le sien ! ».

Toute sa campagne fut basée sur ce fameux slogan : « America is back » [L’Amérique est de retour] pour redonner confiance et optimisme au peuple américain. Avec, comme programme, une baisse des impôts pour relancer l’économie par une politique de l’offre, une diminution de l’interventionnisme de l’État, et un investissement massif dans la défense pour défendre les intérêts américains dans le monde.

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Face à cela, la stature d’homme de paix de Jimmy Carter, celui qui initia les Accords de Camp David entre l’Israélien Begin et l’Égyptien Sadate, et qui, par la suite, bien plus tard, a obtenu le Prix Nobel de la Paix (en 2002), ne pesait pas très lourd. Jimmy Carter fut largement battu, avec 41,0% des suffrages (et 49 grands électeurs) contre 50,7% (et 489 grands électeurs) à Ronald Reagan, qui, à 69 ans, fut le Président élu le plus âgé.


Politique intérieure du Président Reagan

Dès son discours d’investiture le 20 janvier 1981, Ronald Reagan rappela son credo contre l’État-Providence : « Dans cette période de crise, le gouvernement n’est pas la solution à nos problèmes ; le gouvernement est le problème ! ». Ce qui n’est pas sans rappeler son slogan lors de sa première campagne en Californie, en 1966 : « Remettre au travail les mendiants du système de protection sociale ».

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Deux mois après cette investiture, Ronald Reagan fut victime le 30 mars 1981 d’une tentative d’assassinat commise par un jeune déséquilibré, John Hinckley Jr. Touché par une balle à la poitrine, dans un état critique, Ronald Reagan sortit indemne de l’hôpital le 11 avril 1981 et bénéficia d’une grande popularité. Un mois plus tard, le pape Jean-Paul II était lui aussi blessé au cours d’un autre attentat.

Très opposé aux actions syndicales, Ronald Reagan n’a pas hésité le 5 août 1981 à licencier plus de dix mille contrôleurs aériens fédéraux qui étaient en grève et à les remplacer par des militaires, montrant ainsi qu’il ne fallait pas hésiter à combattre les syndicats avec toutes les armes juridiques disponibles.

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Misant tout sur une politique de l’offre, il a voulu relancer l’économie américaine en réduisant les impôts. Après une récession en 1982 (-2%), la croissance moyenne du PIB durant ses deux mandats fut de 3,9%. Le taux de chômage passa de 10,8% en 1982 à 5,4% en 1988 (16 millions d’emplois furent créés entre 1981 et 1989), l’inflation de 12,5% en 1980 à 4,4% en 1988. En revanche, il augmenta de 40% le budget militaire entre 1981 et 1985.

Cette politique avait un talon d’Achille, l’accroissement des déficits publics (malgré une baisse des prestations de l’État), ce qui a abouti au presque triplement de la dette américaine sous ses deux mandats (de 1 000 milliards de dollars à 2 900 milliards de dollars).


Politique extérieure du Président Reagan

Sur le plan international, Ronald Reagan voulait se montrer très ferme avec l’Union Soviétique, notamment en raison de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques en 1979 et par la destruction du Vol KAL-007 de la Korean Airlines par des chasseurs soviétiques le 1er septembre 1983 tuant 269 personnes, l’avion survolant par erreur l’espace aérien soviétique.

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Idéologiquement, il avait pour allié la Premier Ministre britannique Margaret Thatcher qui appliqua, elle aussi, un programme libéral dans son pays, et stratégiquement, il trouva en François Mitterrand, Président français, un allié de poids lorsqu’il a déployé des missiles Pershing II en Allemagne de l’Ouest pour répondre au déploiement des missiles soviétique SS-20 pointés vers l’Europe de l’Ouest.

Au Bundestag à Bonn, François Mitterrand déclara le 20 janvier 1983 : « Seul l’équilibre des forces peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l’Est, nos voisins et partenaires historiques. Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières de l’Europe ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. ».

Le 12 octobre 1983, François Mitterrand remarqua au cours d’un dîner officiel à Bruxelles, avec un certain sens de la formule : « Je suis, moi aussi, contre les euromissiles. Seulement, je constate des choses tout à fait simples, dans le débat actuel, sur le pacifisme et tout ce qu’il recouvre. Le pacifisme est à l’Ouest et les euromissiles sont à l’Est. Je pense qu’il s’agit là d’un rapport inégal. (…) Je répète, pour vous comme pour nous, la paix est dans l’équilibre des forces et il est vrai qu’au travers de ces dernières années, tantôt l’une, tantôt l’autre des plus grandes puissances a voulu prendre l’avantage sans jamais rechercher l’équilibre sauveur. Eh bien, nous en sommes là ! ».

Ces deux déclarations ne pouvaient que conforter la position de Ronald Reagan face à Youri Andropov et a donné à François Mitterrand la stature internationale qui lui manquait.

À Londres, Ronald Reagan annonça le 8 juin 1982 devant les membres du Parlement britannique : « La marche en avant de la liberté et de la démocratie laissera le marxisme-léninisme sur le tas de cendres de l’histoire. ».

La décision la plus importante prise par Ronald Reagan sur le plan militaire fut l’Initiative de défense stratégique (IDS), connue également sous le nom moqueur de Guerre des étoiles, lancée le 23 mars 1983. Il s’agissait de fabriquer un système de protection nucléaire qui détecterait et détruirait tous les missiles ciblant les États-Unis : « Pour contrer l’horrible menace des missiles soviétiques (…), un programme ambitieux est mis à l’étude pour protéger les États-Unis par un bouclier spatial, identifiant et anéantissant tout missile venu de la haute atmosphère. ».

Ce programme était très particulier. Économiquement, il coûtait une fortune en recherche scientifique. Technologiquement, il n’était qu’un leurre car il était impossible de garantir la destruction totale de tous les missiles éventuellement lancés (le 100% est impossible) et le moindre missile épargné serait fatal au pays. Ce programme a d’ailleurs été abandonné en 1993 par Bill Clinton.

En revanche, stratégiquement et politiquement, il obligea l’Union Soviétique à absorber toute son économie dans son complexe militaro-industriel pour concurrencer les Américains sur ce terrain-là et éviter un déséquilibre dans la Terreur nucléaire. En mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev découvrit lors de son arrivée au pouvoir au Kremlin une économie soviétique complètement ruinée par cette course folle aux armements (ainsi que par la chute du cours du pétrole encouragée par Ronald Reagan au milieu des années 1980).

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Beaucoup d’observateurs ont estimé que l’IDS a précipité la chute de l’Union Soviétique de 1989 à 1991. Même si Ronald Reagan avait dû croire en la faisabilité technologique de l’IDS, il fut avant tout un leurre historique qui fonctionna de manière très étonnante et une très bonne opération de communication.


Le second mandat Reagan

Sa réélection en 1984 ne posa pas beaucoup de soucis à Ronald Reagan qui, à 73 ans, a retourné son grand âge à son bénéfice face au candidat démocrate, Walter Mondale, l’ancien Vice-Président de Jimmy Carter, au cours du deuxième débat électoral le 21 octobre 1984 : « Je ne ferai pas de l’âge un argument de campagne. Je n’exploiterai pas pour des raisons politiques la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire. » (Walter Mondale avait alors 56 ans). Le résultat fut sans appel : 58,8% (et 525 grands électeurs) pour Ronald Reagan contre 40,6% (et 13 grands électeurs) pour Walter Mondale. Ce fut une victoire historique par son ampleur.

L’explosion de la navette spatiale Challenger le 28 janvier 1986, tuant en plein décollage sept astronautes, bouleversa les Américains ainsi que le monde entier. Ronald Reagan médita ainsi : « Le futur n’appartient pas aux timides ; il appartient aux braves. (…) Nous ne les oublierons jamais, ni la dernière fois que nous les avons vus, ce matin, quand ils préparèrent leur voyage et dirent au revoir, et rompirent les liens difficiles avec la Terre pour toucher le visage du Créateur. ».

1986 fut aussi l’année où le scandale de l’IranGate éclata (à partir du 3 novembre 1986) : le gouvernement américain aurait financé les Contras du Nicaragua en violant les traités internationaux et l’interdiction du Congrès en vendant des armes de manière illicite à l’Iran en conflit contre l’Irak dont les États-Unis étaient l’allié. La popularité de Ronald Reagan chuta brutalement en une semaine.


Victoire par KO

À la Porte de Brandebourg, devant le mur de Berlin, Ronald Reagan interpella directement son homologue soviétique le 12 juin 1987 : « Secrétaire Général Gorbatchev, si vous cherchez la paix, si vous cherchez la prospérité pour l’Union Soviétique et pour l’Europe de l’Est, si vous cherchez la libéralisation, venez devant cette porte ! Monsieur Gorbatchev, ouvrez cette porte ! Monsieur Gorbatchev, abattez ce mur ! ». Le 9 novembre 1989, le mur était abattu

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Concrètement, après l’escalade des euromissiles, et plusieurs rencontres au sommet, Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan ont signé, à Washington le 8 décembre 1987, le Traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty) qui visait à détruire tous les missiles balistiques à portée intermédiaire (mis en application le 1er juin 1988). Le Traité START I (Strategic Arms Reduction Treaty) fut signé par la suite, le 31 juillet 1991 (mis en application le 5 décembre 1994), pour dénucléariser complètement l’armement des deux puissances mondiales.

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Margaret Thatcher considéra : « Ronald Reagan, plus que tout autre dirigeant, peut revendiquer d’avoir gagné la Guerre froide pour la liberté et il le fit sans tirer un seul coup de feu. » et Lech Walesa de confirmer : « Reagan était l’un des dirigeants qui contribua de manière décisive à l’effondrement du communisme. » (déclarations du 5 juin 2004).


Retraite et Alzheimer

Ronald Reagan prit sa retraite à Los Angeles après sa Présidence, et sa dernière apparition publique eut lieu le 27 avril 1994 lors de l’enterrement de son prédécesseur Richard Nixon.

Le 5 novembre 1994, Ronald Reagan adressa au public une lettre manuscrite pour annoncer qu’il était atteint de la maladie d’Alzheimer : « En ce moment, je me sens bien. J’ai l’intention de vivre le reste des années que Dieu m’a données sur cette Terre à faire les choses que j’ai toujours faites. (…) Pour finir, permettez-moi de vous remercier, peuple américain, pour m’avoir fait l’honneur de servir comme Président. Quand le Seigneur me rappellera auprès de lui, si c’est possible, je laisserai le plus grand amour pour notre pays et un optimisme éternel en son avenir. J’entame maintenant le voyage qui me mènera au crépuscule de ma vie. Je sais que pour l’Amérique, il y aura toujours une aube radieuse. Merci mes amis. Que Dieu vous bénisse ! ».

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À l’annonce de sa mort, le 5 juin 2004 dans l’après-midi, son épouse Nancy Reagan insista sur sa maladie : « Ma famille et moi souhaitons que le monde sache que le Président Ronald Reagan est mort après dix ans de maladie d’Alzheimer à l’âge de 93 ans. Nous serons sensibles aux prières de tout le monde. ». Elle milita par la suite pour la levée de l’interdiction de l’expérimentation sur les cellules souches d’embryon humain qui, selon elle, pourrait soigner cette maladie (de nouvelles technologies remettent en cause cette idée).

Plus de deux cent mille Américains sont venus s’incliner devant son corps avant les funérailles nationales le 11 juin 2004 présidée par George W. Bush Jr en présence notamment de Margaret Thatcher, Mikhaïl Gorbatchev, Brian Mulroney, Tony Blair, Gerhard Schröder, Valéry Giscard d’Estaing, Hamid Karzai, Silvio Berlusconi, Michel Barnier qui représenta le Président Jacques Chirac, absent, pourtant très "reaganien" dans les années 1980.


Influence de Reagan en France

Étrangement, malgré la tradition très étatiste de la France, trois courants politiques importants se sont inspirés d’une manière ou d’une autre de Ronald Reagan.

Le plus visible fut Jacques Chirac qui fit toute sa campagne pour les élections législatives du 16 mars 1986 sur le thème du libéralisme économique (son programme RPR était titré : "Libre et responsable"). La suppression de l’autorisation administrative de licenciement ainsi que la suppression de l’IGF (impôt sur les grandes fortunes) furent des mesures qu’il appliqua à Matignon entre 1986 et 1988 mais qu’il regretta par la suite.

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Jacques Chirac n’avait pas seulement adopté, à cette époque, seulement les axes de la politique économique de Ronald Reagan. Il avait également découvert en été 1985 le moyen de prononcer un discours sans lire ses notes grâce à un double prompteur disposé à droite et à gauche, pour lequel il fut formé.

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Plus étonnant fut le Président François Mitterrand qui fut rapidement séduit par Ronald Reagan au cours de sa visite officielle aux États-Unis du 21 au 27 mars 1984. Son soutien sans faille dans l’affaire des euromissiles en fit un allié sûr de Ronald Reagan.

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Enfin, et c’est bon de le rappeler, il y a eu une personnalité politique qui avait repris sans scrupule le slogan de campagne de Ronald Reagan ("America is back") à son propre compte : ce fut Jean-Marie Le Pen avec le livre "La France est de retour" publié en 1985.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (5 juin 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Gerald Ford.
John F. Kennedy.
Incompréhensions américaines.
La dette américaine.
Margaret Thatcher.
François Mitterrand.
Jacques Chirac.

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http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/ronald-reagan-america-is-back-152898

 

 

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 11:39

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Texte intégral du discours d'acceptation de l'investiture de John Fitzgerald Kennedy à la Conventon du Parti démocrate le 15 juillet 1960 au Los Angeles Memorial Coliseum

(Cliquer sur chaque page pour agrandir).


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Source :
http://www.jfklibrary.org/

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 04:33

Étrange nation qui se permet d’être dirigée parfois par des non élus dans un pays qui cultive l’esprit démocratique au point d’en imposer quelquefois la vision à d’autres.


yartiGFord01Le 14 juillet est habituellement connu en France pour la Révolution française. La prise de la Bastille, la fête de la Fédération et peut-être le Bicentenaire. Depuis plusieurs décennies, c’est l’occasion d’un grand défilé militaire à Paris, d’une interview présidentielle dans le Palais (Yves Mourousi n’est plus là mais les successeurs se bousculent), tradition ignorée par Nicolas Sarkozy, suivie d’une garden party dans les jardins de l’Élysée (qui finalement se fera malgré la crise), et cela finira par un concert et un feu d’artifice au pied de la Tour Eiffel.

Mais depuis cent ans, le 14 juillet, c’est aussi la naissance d’un Président américain. Gerald Rudolph Ford est né en effet un 14 juillet. Et quand j’écris depuis cent ans, c’est parce que justement, il est né le 14 juillet 1913. Un an avant la Première guerre mondiale. C’est l’un des Présidents américains qui sont morts très âgés, à plus de 93 ans, le 26 décembre 2006 (c’est même aujourd’hui le record de longévité pour les Présidents américains).


Hasard et nécessité

La destinée de Gerald Ford (dont les nom et prénoms étaient ceux en fait de son beau-père) ne peut qu’être associée à celle de son prédécesseur Richard Nixon (1913-1994), de la même génération (né le 9 janvier 1913). Si le premier a été Président, il l’a dû au second grâce au Watergate (des micros placés chez les adversaires politiques ; en France, l’Élysée avait sa propre cellule d’écoutes téléphoniques, c’était plus pratique !).

Gerald Ford fut élu à 35 ans membre de la Chambre des représentants le 8 novembre 1948 et le resta jusqu’au 6 décembre 1973. Il avait refusé d’être candidat pour être sénateur ou pour être gouverneur du Michigan car il avait nourri l’ambition de présider la Chambre des représentants (speaker). Parmi ces engagements, il fut désigné membre de la commission d’enquête sur l’assassinat à Dallas de John Fitzgerald Kennedy (1917-1963), dont on commémorera très bientôt le cinquantième anniversaire. À cette occasion, il a toujours soutenu l’absence de complot (à savoir, que l’assassin Lee Oswald aurait agi seul).

Entre temps, Richard Nixon fut en 1960 le candidat républicain malheureux face à John Kennedy. Il est l’un des rares hommes politiques américains à s’être représenté malgré un premier échec. Il a eu raison puisqu’il a gagné l’élection de 1968 face à Hubert Humphrey (1911-1978), Vice-Président sortant, puis celle de 1972 face au sénateur George McGovern (disparu le 21 octobre 2012 à 90 ans).


Spiro Agnew puis Nixon

Le perpétuel Vice-Président de l’historique général Dwight Eisenhower (1890-1969), né un mois avant De Gaulle, était devenu enfin le chef d’État, avec son visage facilement caricatural. En 1972, comme en 1968, il avait été élu sur un "ticket" (comme on dit) avec Spiro Agnew (1918-1996) qui, par conséquent, fut Vice-Président des États-Unis à partir du 20 janvier 1969.

Mais, en raison d’un scandale sur une évasion fiscale (cela fait penser à quelque chose), Spiro Agnew a été obligé de démissionner le 10 octobre 1973. Gerald Ford fut alors désigné par Nixon le 12 octobre 1973 pour le remplacer comme Vice-Président et confirmé les 27 novembre et 6 décembre 1973 par le Congrès. Quelques mois plus tard, le 9 août 1974, c’est le Président lui-même, Richard Nixon, qui fut acculé à la démission pour éviter l’aboutissement d’une procédure d’empêchement à cause du scandale du Watergate.

Résultat, Gerald Ford fut le premier (et pour l’instant le seul) Président des États-Unis à ne jamais avoir été élu par le peuple américain, que ce soit comme Président ou Vice-Président. Son échec en 1976 face à Jimmy Carter ne lui a pas non plus permis de retrouver cette légitimité électorale qui lui a fait tant défaut, d’un point de vue démocratique.

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Son Vice-Président, qu’il a désigné le 20 août 1974 et qui fut confirmé par le Congrès le 19 décembre 1974, lui aussi sans suffrage populaire, Nelson A. Rockefeller (1908-1979), alors gouverneur de l’État de New-York depuis plus de quinze ans, avait tenté sans succès d’être le candidat républicain (de l’aile "centriste") aux élections présidentielles de 1960, 1964 et 1968.


Continuation de la détente entre deux crises pétrolières

Gerald Ford a été essentiellement le continuateur de la politique de Nixon qu’il admirait (et qu’il gracia dès le 8 septembre 1974 pour stopper toutes les procédures contre lui).

Auprès de lui, il a gardé Henry Kissinger (90 ans) au poste stratégique de Secrétaire d’État (Affaires étrangères). En revanche, il l’a relevé quelques mois plus tard du poste qu’il cumulait avec le département d’État, puisque Nixon en avait fait aussi son très influent Conseiller à la Sécurité nationale (en poste du 20 janvier 1969 au 3 novembre 1975), fonction qu’il attribua à Brent Scowcroft (88 ans) qui fut renommé dans ces mêmes responsabilités sous le mandat de George H. Bush Sr (89 ans).

Gerald Ford nomma justement George H. Bush Sr ambassadeur à Pékin en 1974 (puis directeur de la CIA en 1975), et Donald Rumsfeld (81 ans) succéda en 1974 à Alexander Haig (1924-2010) comme directeur du cabinet présidentiel ("White House chief of staff", équivalent de Secrétaire Général de la Présidence de la République en France) que Dick Cheney (72 ans) remplaça quand Donald Rumsfeld fut nommé Secrétaire à la Défense le 21 novembre 1975. Comme on le voit, George H. Bush Sr et plus tard, son fils George W. Bush Jr (67 ans), rappelèrent à leurs côtés quelques personnalités clef de la Présidence de Gerald Ford.

En politique étrangère, il a poursuivi la politique de détente lancée par Nixon et Kissinger en signant des accords avec l’Union Soviétique de Leonid Brejnev (SALT le 24 novembre 1974 à Vladivostok) et en rencontrant Mao Tsé Toung le 2 décembre 1975 à Pékin. Gerald Ford signa également les accords d’Helsinki le 1er août 1975 (ainsi que l’URSS et la plupart des pays européens) qui reconnaissaient implicitement la situation de fait de l’Europe centrale et orientale sous influence soviétique mais grâce à la partie de ces accords consacrée à la défense des droits de l’homme, beaucoup de dissidents soviétiques ont pu justifier d’une base juridique leur demande de plus de libertés.

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La Présidence de Gerald Ford fut également marquée par le départ précipité du Vietnam après la chute de Saigon le 30 avril 1975 (il fut considéré comme le seul Président des États-Unis à avoir perdu une guerre, ce qui l’a toujours ulcéré : « Well, I was mad as hell, to be honest with you, but I never publicly admitted it ! »), par l’arrivée des Khmers rouges au pouvoir le 17 avril 1975 au Cambodge (avec des tensions avec les États-Unis au golfe de Thaïlande), l’occupation du nord de Chypre par la Turquie, membre de l’OTAN, à partir du 20 juillet 1974, qui mit fin au régime des colonels en Grèce.

En politique intérieure, Gerald Ford, très impopulaire à cause de la grâce accordée à Nixon, a perdu ses seules élections intermédiaires (législatives et sénatoriales) en 5 novembre 1974, laissant aux démocrates une large majorité au Congrès, si bien qu’il a dû utiliser près d’une quarantaine de fois son droit de veto pour refuser certaines décisions des parlementaires. Il a dû faire face à une montée du chômage et à une l’inflation élevée qui décourageait les investisseurs. Il chercha à diminuer les impôts et les contrôles étatiques pour relancer l’économie. Essentiel notamment dans la propriété intellectuelle, le 23 décembre 1975, Gerald Ford fit reconnaître par les États-Unis le système international des unités ("Metric Conversion Act"), mais cela n’empêche toujours pas les Américains, près de quarante années plus tard, de parler encore en pouces ou en miles.

La Présidence de Gerald Ford fut marquée par quelques expressions comme "WIN" qui signifiait "whip inflation now" (en finir avec l’inflation), ou encore cette phrase : « Our long national nightmare is over. » (Notre long cauchemar est terminé) pour conclure l’affaire du Watergate, ce qui lui valut plus tard la Presidential Medal of Freedom remise en 1999 par Bill Clinton (66 ans) et la John-F.-Kennedy Profiles in Courage Award remise en 2001 par Ted Kennedy (1932-2009).


Échec électoral

Le 2 novembre 1976, Gerald Ford renonça à se présenter devant les électeurs américains en ticket avec Nelson Rockefeller, considéré comme trop "centriste". Il regretta par la suite de l’avoir évincé sous la pression des ultras de son parti parce qu’il considérait son Vice-Président très loyal et l’avoir abandonné a été lâche de sa part (« an act of cowardice on my part »).

Gerald Ford a alors choisi comme colistier le sénateur Bob Dole (qui va avoir 90 ans le 22 juillet prochain), qui, par la suite, après deux échecs aux primaires républicaines de 1980 et 1988, contre Ronald Reagan (1911-2004) et George H. Bush Sr, fut (enfin) le candidat républicain (malheureux) à l’élection présidentielle de 1996, sans succès contre Bill Clinton.

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Gerald Ford fut cependant battu par un cultivateur de cacahuètes quasiment inconnu, Jimmy Carter (88 ans), gouverneur de la Géorgie, qui fut lui-même battu quatre ans plus tard, enlisé dans l’affaire des otages américains à Téhéran. Son concurrent Ronald Reagan commença ensuite un "règne" républicain nouveau ("America is back"), durant huit ans, fait de déréglementation et de libéralisme bien compris, en association avec Margaret Thatcher (disparue le 8 avril 2013 à 87 ans), Premier Ministre de Grande-Bretagne entre 1979 et 1990. Quant à Jimmy Carter, se consacrant aux grandes causes humanitaires après son échec de 1980, il a été récompensé par le Prix Nobel de la Paix en octobre 2002.

De son côté, après avoir quitté la Maison Blanche le 20 janvier 1977, Gerald Ford se consacra essentiellement à des conférences, à son autobiographie et à sa passion du golf. Il noua des relations très amicales avec son ancien adversaire Jimmy Carter, tandis que Ronald Reagan avait songé à lui pour la Vice-Présidence. Gerald Ford fut également un militant de la cause des homosexuels afin de leur garantir l’absence de discrimination.


Contre la guerre en Irak

À la fin de sa vie, Gerald Ford avait fait une ultime démonstration de ce qu’il a toujours été, à savoir une personne intellectuellement honnête et modérée, en quelques sortes, sage. Une démonstration posthume, à sa demande.

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En effet, seulement deux jours après sa disparition, fut rendue publique sa position contre l’intervention des forces américaines en Irak en 2003. Le journaliste du "Whashington Post" Bob Woodward l’avait interviewé pendant quatre heures en juillet 2004.

Gerald Ford n’avait mâché ses mots contre son successeur George W. Bush Jr ainsi que ses deux anciens collaborateurs, Dick Cheney et Donald Rumsfeld : « Rumsfeld and Cheney and the President made a big mistake in justifying going into the war in Iraq. They put the emphasis on weapons of mass destruction. And now, I’ve never publicly said I thought they made a mistake but I felt very strongly it was an error in how they should justify what they were goingt to do. ».

Il avait même repris à son compte l’expression de Colin Powell selon laquelle Dick Cheney avait développé une fièvre ("fever") à propos de la menace terroriste et de l’Irak (« I think that’s probably true. ») pour affirmer qu’il n’aurait certainement jamais déclaré la guerre en Irak avec les raisons invoquées : « If I had been President (…), I don’t think I would have ordered the Iraq war. I would have maximized our effort through sanctions, through restrictions, whatever, to find another answer. ».

Malgré cette critique assez violente de son dernier successeur, la dernière apparition publique de Gerald Ford fut pourtant lors de la visite de courtoisie chez lui du Président George W. Bush Jr le 23 avril 2006. Des funérailles nationales à Washington ont été célébrées sobrement pour lui rendre hommage.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (13 juillet 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le 14 juillet.
Incompréhensions américaines.
Gerald Ford était contre la guerre en Irak ("The Washington Post" du 28 décembre 2006).

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http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/gerald-ford-1913-2006-unique-138599




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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 10:08

Victoire aux voix serrée de Barack Obama pour son second mandat présidentiel aux États-Unis. Au contraire de 2000, son concurrent Mitt Romney a reconnu dans la nuit sa défaite.


yartiObamaReelu01Barack Obama a été réélu Président des États-Unis ce mardi 6 novembre 2012. S’il est sûr d’avoir au moins 303 grands électeurs et son adversaire 206, ce qui, en grands électeurs, donne une marge appréciable, dans beaucoup de "swing states", la victoire fut très courte (à l’exemple de la Virginie où seulement 1% des voix ont séparé les deux candidats).


Tout le monde a sa chance, aux US !

Dans son discours de remerciement, Barack Obama a voulu relever le défi d’une Amérique réunifiée : « Ce n’est pas important que vous soyez blancs ou noirs, hispaniques, asiatiques ou natifs des États-Unis, que vous soyez riches ou pauvres, jeunes ou vieux, malades ou en bonne santé, homosexuels ou hétérosexuels, vous pouvez tous agir aux États-Unis ! Je pense que nous pouvons saisir ensemble notre avenir. Nous ne sommes pas aussi divisés qu’on veuille bien nous le dire. Et rappelons-nous que nous vivons dans la plus grande nation du monde. Merci Amérique ! Dieu vous bénisse ! ».

Eh oui, le pays n’est pas si divisé que cela même s’il est un peu arrogant de sa part de mettre le superlatif de "plus grande nation du monde". Une heure plus tôt, à Boston, Mitt Romney avait jeté l’éponge et avait salué la victoire de son rival. Il aurait pu adopter une attitude moins conciliante, embaucher une batterie d’avocats pour vérifier un par un les votes en Floride, en Virginie, dans l’Ohio, les trois États clefs qui ont permis une victoire confortable de Barack Obama ce mardi malgré un scrutin très serré.

C’est la continuité triplement pour les institutions politiques américaines : réélection du Président démocrate (et de son Vice-Président, Joe Biden), toujours une majorité républicaine à la Chambre des représentants (complètement renouvelée) et un Sénat démocrate (renouvelé par tiers). Comme le faisait remarquer Jean-Pierre Raffarin, c'est aussi la première fois qu'il y a eu réélection parmi les grands pays après la crise de 2008.

Il faudra donc continuer cette cohabitation qui dure depuis deux ans entre les deux grands partis. Négociations pour se mettre d’accord sur le budget 2013, sur le niveau de la dette publique, des échéances pour fin décembre 2012 qui seront cruciales pour l’économie américaine et le Congrès a un réel pouvoir, pas une simple caisse d’enregistrement de décisions prises par l’Exécutif comme en France.


La particularité d’un scrutin "anti-fédéral"

Barack Obama a obtenu au moins 303 grands électeurs et Mitt Romney 206. Pour l’instant, tous les résultats détaillés ne sont pas encore connus, mais il est possible que Barack Obama ait reçu moins de suffrages que Mitt Romney. C’est le côté baroque du scrutin. Al Gore avait déjà essuyé ce genre d’injustice électorale.

yartiObamaReelu02Et pourtant, ce mode de scrutin (expliqué précédemment) n’est pas si stupide que cela. C’est sûr que si l’on comparait les États-Unis à la France, ce serait aberrant. Imaginer par exemple que le Lozère ou la Creuse fassent basculer une élection pourtant gagnée aux voix. Car il s’agit bien de cela : les États ont un nombre de grands électeurs proportionnel à la population, mais en pratique, les petits États y sont favorisés par un nombre minimal (tout comme la règle des deux sénateurs par État). Le système a pour but de moduler le pouvoir central en laissant les États même petits dans la possibilité de faire barrage à une volonté fédérale.

Non, pour bien comprendre le mode de scrutin américain, il faut se rappeler que les États-Unis sont effectivement un pays fédéral, que beaucoup de décisions sont prises au niveau des États et pas au niveau des États-Unis, comme tout ce qui concerne la société, l’éducation, l’économie, l’environnement etc. (peine de mort, mariage de couples homosexuels, interdiction du foie gras etc. ; les électeurs californiens viennent d’ailleurs de rejeter par référendum l’abolition de la peine de mort).

Et alors, la comparaison des États-Unis non pas avec un pays uni et centralisé comme la France mais avec l’Union Européenne paraît ainsi bien plus pertinente. Imagine-t-on dans un avenir proche l’élection d’un Président de l’Union Européenne au suffrage universel direct ? C’est ce que voudraient beaucoup d’Européens (en France aussi), mais avec un système français, il est probable que le Président européen qui serait élu ne serait jamais qu’allemand, français, britannique ou italien en raison de la proportion des populations. Introduire alors un principe de majorité qualifiée (car il s’agit de cela) avec un quota minimal à atteindre (en d’autres termes, instituer des grands électeurs) permettrait par exemple à des petits États (en population) comme le Luxembourg ou Malte de prendre une part plus déterminante dans ce choix collectif.

Je ne dis pas que c’est le meilleur système ni que je le soutiendrais (car cela fait aussi un peu trop usine à gaz) mais c’est un système qui permettrait au moins d’arrondir la mécanique très tranchante d’un simple scrutin majoritaire. C’est du reste ce que certains avaient également imaginé en voulant faire ratifier les traités européens (le TCE notamment en 2005) par un référendum européen global, commun et simultané, avec des contraintes sur le nombre de pays qui devraient l’approuver et un seuil des populations qui l’approuveraient (au-dessus de la majorité simple).


Cohabitation à l’américaine

L’autre réflexion que l’on peut se faire à l’issue de ces élections américaines, c’est la capacité du peuple américain à reconduire à la fois un Président démocrate et une Chambre républicaine. C’est très courant dans l’histoire politique des États-Unis et l’inverse où un seul parti a seul le dessus sur la Maison blanche et le Congrès est assez rare. En France, on l’imagine mal.

Mais il ne faut pas oublier que les scrutins présidentiels et législatifs se trouvent le même jour, donc, l’électeur qui vote pour son député (représentant) ne connaît pas le nom du futur Président. Alors qu’en France, puisque, avec la mise en place du quinquennat (aux effets que j'ai critiqués) ou la pratique des dissolutions, les élections législatives suivent souvent de quatre ou cinq semaines l’élection présidentielle (ainsi en 1981, 1988, 2002, 2007 et 2012). Les candidats aux législatives, pour surfer sur la vague présidentielle (l’élection présidentielle mobilisant les électeurs), que ce soit dans la majorité ou dans l’opposition, se déterminent alors souvent en fonction de l’Exécutif. Et les électeurs aussi. D’où un concordance assez prévisible (quoique pas obligatoire).

Sans doute peut-on expliquer aussi cette différence dans une part de la mentalité des électeurs : aux États-Unis, les gens sont plus individualistes et leur choix va se porter plus en fonction de la personnalité des candidats qu’en fonction de leur programme politique, d’autant que les enjeux sont moindres qu’en France où le camp adverse propose toujours le grand soir (« réenchanter le rêve français »).


2018, un renouvellement inéluctable

Les 538 grands électeurs choisis par le 215 millions d’électeurs américains se réuniront le 17 décembre 2012 pour réélire formellement le Président des États-Unis. Barack Obama sera investi dans son second mandat le 21 janvier 2013 pour une nouvelle période de quatre ans.

Du côté républicain, c’est un vide de personnalités présidentiables que laisse l’échec de Mitt Romney. Mais les lois de la physique sont impitoyables : le vide attire toujours du plein ! Pour 2016, gageons que le renouvellement de la classe politique américaine se fera, pas seulement pour les républicains, mais aussi pour les démocrates, car je vois mal Joe Biden ou Hillary Clinton devenir candidats des démocrates pour les prochaines présidentielles ; ils auront alors respectivement 74 ans et 69 ans.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (7 novembre 2012)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :

 

Pour comprendre le match Obama vs Romney.

Obama et le Nobel de la paix.

Obama est-il un bon manager ?
Obama et les exécutions capitales.
L’Obama Day (2009).
Obama au plus haut des cieux.
Obama, aubaine des USA.
Obama, la force tranquille.
Pourquoi Obama ?
Obama, futur Président ? (février 2008).
Mode d’emploi électoral.
Idées reçues des élections américaines.
Boîte à outils.

yartiObamaReelu03 




http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/usa-2012-obama-reelu-les-choses-125426



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