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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 06:55

Barack Obama devrait être élu… sauf imprévu !
(Maréchal de La Palice revisité)

Première partie : le deuxième débat.


Amusante définition du Petit Larousse du mot aubaine. Elle est double. La première (la plus connue) parle d’un « avantage inespéré, occasion »
.

C’est un peu le cas de Barack Obama : inespéré d’avoir battu Hillary Clinton aux primaires démocrates, inespérée cette crise financière qui focalise la campagne présidentielle sur l’économie et pas sur la politique étrangère.

Et la seconde définition parle du « droit par lequel la succession d’un aubain décédé sans postérité était attribuée au souverain ». Qu’est-ce qu’un aubain ? un « individu fixé dans un pays étranger sans être naturalisé ».


Obama, la renaissance du rêve américain ?

Évidemment, le candidat démocrate Barack Obama est plus que naturalisé, puisqu’il est citoyen américain depuis toujours.

Mais en évoquant son père kenyan qui a abandonné sa mère, sa mère américaine qui l’a élevé seule (il dira après qu’elle est morte d’un cancer à cinquante-trois ans), son séjour en Indonésie puis chez ses grands-parents à Hawaï, parti de rien, sa famille gagnant des aides sociales pour se nourrir, Obama a réussi à faire les plus grandes écoles américaines et finalement, à atteindre l’un des points culminants de la société américaine.

En parlant de cela, Obama a expliqué le 7 octobre 2008 à Nashville que sa candidature représentait justement ce rêve américain qui fait tant frémir les Américains et même les étrangers, et qui n’existe plus depuis les mandats de Bush Jr.

C’était sa conclusion au deuxième débat qui l’opposait à John MacCain.


Un débat ennuyeux

Ceux qui avaient regardé le
premier débat présidentiel le 26 septembre 2008 ont dû être passablement ennuyés par cette deuxième prestation.

Pourtant, elle promettait d’être dynamique puisqu’elle se basait sur un échange entre un public qui pose les questions et les deux candidats qui leur répondent.

Hélas, les discours des deux candidats étaient surtout vides, creux, imprécis et redondants. Répétitifs. D’une question à l’autre ou d’un débat à l’ordre.

Même MacCain a sorti son couplet que sa mère l’avait élevé seule car son père était militaire et donc toujours absent. Seulement, Obama venait juste de dire la même chose, que sa mère l’avait aussi élevé seule et connaissait donc les difficultés de la classe moyenne.

Obama était moins à l’aise face à un public dont savait s’approcher MacCain. Cette formule l’avait beaucoup aidé dans les primaires républicaines.

Sa petite tape sur l’épaule d’un (jeune) retraité de l’US Army ressemblait étrangement à
ce geste d’empathie de Ségolène Royal pour un handicapé lors d’une émission du même style le 19 février 2007.

Les arguments étaient peut-être un peu mieux ordonnés que dans le premier débat, plus pédagogiques pour Obama, plus imprévisibles sinon imprécis pour MacCain (il a sorti de son chapeau ce rachat des hypothèques à hauteur de la perte de valeur de l’immobilier, chiffré à 300 milliards de dollars).

MacCain n’a cessé de dire qu’avec lui, on peut lui faire confiance, il saura comment faire (sans dire comment !). Il a mis sans arrêt en exergue sa volonté de lutter contre la corruption (rappelant une fois encore un contrat public avec Boeing) et sa volonté de faire des économies.

Et Obama a toujours cherché à coller MacCain au gouvernement Bush Jr.

Le principe de l’émission était cependant navrant d’ennui. Car à chaque question, les candidats ont répondu (selon un ordre différent) et disaient en gros : "nous sommes très différents", mais après, les propositions étaient sensiblement semblables.


De nouvelles énergies pour l’Amérique

Le sujet le plus parlant concernait la politique énergétique. Ne plus miser seulement sur le pétrole des pays qui n’aiment pas les Américains, mais sur de nouvelles énergies, sur des énergies propres comme l’énergie nucléaire, le charbon propre (ça existe, du charbon propre ? même en France, il y a cette tentation dans la Nièvre d’y revenir, mais la technologie est encore très éloignée du cahier des charges), l’énergie éolienne aussi.

Dans ce registre, Obama m’a paru plus crédible. Il a rejeté l’intérêt des forages en mer : au plus, 3% des réserves mondiales alors que les Américains consomment 25% de la production mondiale. Et a rappelé que MacCain a rejeté 23 fois par un vote au Sénat des projets pour de nouvelles énergies.


Être à la hauteur

La différentiation était cependant nette en terme de crédibilité : Obama annonçait qu’avec la crise financière, les États-Unis avaient besoin d’un véritable leadership à Washington, capable de prendre des décisions économiques.

Obama avait reproché à Bush Jr de ne pas avoir réagi à la hauteur nécessaire aux attentats du 11 septembre 2001. D’avoir dit aux Américains seulement de continuer à faire leurs courses le lendemain, et de s’être trompé de cible en allant en Irak alors que Ben Laden s’est réfugié au Pakistan


Vouloir tuer peut se faire élire

À ce débat-là, Obama a dit encore plus clairement qu’il voulait que Ben Laden soit tué. La notion de sauvegarde de vies humaines paraissait s’arrêter, dans ce débat, à la nationalité américaine pour les deux protagonistes.

À tel point que le sourire d’Obama écoutant un MacCain faisant de la désinformation sur les propositions démocrates à propos du Pakistan était quasiment obscène : on sourit alors qu’on parle de décisions qui peuvent coûter ou ont déjà coûté plusieurs centaines de milliers de vies humaines ? Sourire un peu léger donc.

Dans le même ordre d'idée, sans que cela fût évoqué dans ce débat (car la question ne fait justement pas débat), les deux candidats sont également partisans de la peine de mort. 

En revanche, des inquiétudes se sont fait entendre (hors débat télévisé) dans le cas où MacCain gagnerait, car beaucoup d'organisations craignent qu'une nomination future à la Cour suprême d'un juge anti-avortement soit capable de remettre en cause certaines lois qui avaient acceptées par elle avec une courte majorité (d'une voix).


Comportement serein et impolitesse de dilettante

D’un point de vue gestuel, Obama semblait conforter sa position de présidentiable. Il est apparu très calme, serein, posé (pour porter le micro, aucun tremblement, même très faible) face à un vieillard qui avait dû mal à se déplacer, encore dynamique et l’œil pétillant, mais visiblement usé.

D’ailleurs, dans son comportement, Obama montrait une incroyable confiance en lui en expliquant très calmement que tout ne serait pas résolu la première année mais qu’il comptait réaliser ses projets pendant « mon premier mandat ».

Le plus stupéfiant se situait juste à la fin du débat. MacCain a refusé la main que lui tendait Obama pour le saluer en bousculant son épouse Cindy pour qu’elle le saluât à sa place. Quel manque de politesse ! Tout comme, au cours du débat, sa désignation en pointant du doigt Obama avec un « that one » très condescendant (ses conseillers diront par la suite que c’était de l’humour).

Ce qui commence à devenir de plus en plus évident, c’est que Barack Obama est prêt à la fonction présidentielle, qu’il a beaucoup travaillé, qu’il a beaucoup étudié les dossiers.

Alors que John MacCain est un dilettante. Il ne connaît pas beaucoup les dossiers, et compte surtout sur son bon sens, sur sa capacité à prendre les bonnes décisions, sachant que les Présidents américains ont toujours été préoccupés par des problèmes imprévisibles avant leur élection.

En clair, travail versus talent. Les deux sont évidemment nécessaire pour atteindre l’excellence.


Des États-Unis pas si modernes que ça

Une petite réflexion aussi sur l’état des États-Unis.

MacCain disait que les Français étaient capables de traiter les déchets nucléaires, alors, il n’y a pas de raison que les Américains, le peuple le plus innovant (le plus grand exportateur et le plus grand importateur, dit-il aussi !) ne soient pas capable de le faire (alors qu’il avait répondu oui à la question : les Américains sont-ils capables de traiter les déchets nucléaires ? ; en fait, la réponse est non, et ce n’est pas pour rien qu’Areva est présente aux États-Unis).

En écoutant ces projets prioritaires sur l’énergie et la santé, je me rendais compte que les États-Unis ne sont pas un pays aussi moderne qu’on pourrait le penser. Je l’avais déjà constaté moi-même en y observant des outils de production vieillissants pour ne pas dire délabrés.

Les États-Unis sont contrastés bien sûr : la Silicon Valley, Microsoft, Apple, Google, Yahoo, la Nasa, et d’autres aventures technologiques montrent leur première importance.

Mais d’un autre côté, ils accumulent beaucoup de retard, notamment dans l’automatisation des tâches. Ils ne connaissent que très récemment la carte à puce (attendaient-ils la fin de la protection du brevet français de Roland Moreno ?). Ils connaissent de grosses difficultés à produire en continu de l’électricité. Ils ont des trains lamentables (ne parlons même pas de TGV). Ils n’ont pas beaucoup de savoir-faire dans le nucléaire (la France y excelle), etc.

Bref, le programme par exemple d’Obama sur l’informatisation du dossier médical ou sur la recherche sur le nucléaire concernent des domaines déjà acquis en France depuis plus d’une décennie (avec la carte Vitale notamment) voire depuis plus d’un demi-siècle (avec notre sécurité sociale).


Quelle est la vision américaine de l’Europe ?

Une seconde réflexion en écoutant ce débat, c’est la vision totalement théorique que les deux candidats américains se faisaient de l’Europe et plus particulièrement de l’Europe orientale. Ils parlaient de l’Ukraine comme de la Géorgie, d’un pays à défendre, à intégrer à l’OTAN, à l’Union Européenne contre la méchante Russie.

Sans comprendre la spécificité de l’Ukraine, avec deux parties du territoire très différentes (on l’a vu au moment de sa Révolution orange), et surtout sa Crimée, à l’origine russe mais "offerte" à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954. Cette partie de l’Europe est ultra-sensible. Des intérêts géostratégiques majeurs de la Russie y sont présents (flotte débouchant sur la Mer Noire). Le problème des nationalités y est très fort.

Or, la manière dont MacCain ou Obama en parlent, c’est un peu comme Bush Jr parlant de l’Irak ou de l’Afghanistan (ou encore du Pakistan ou de l’Iran), c’est-à-dire sans connaissance approfondie des pays, de leur histoire et même de leur géographie.


Dans un
second article, j’analyse les rapports de force entre les deux camps à l’issue de ce deuxième débat.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 octobre 2008)


Pour aller plus loin :

Vidéo complète du 2e débat Obama vs MacCain du 7 octobre 2008 à Nashville.

Sondages après le 2e débat.

Pour observer les tendances de l’opinion publique américaine.

À propos du 1er débat Obama vs MacCain du 26 septembre 2008 à St. Louis.




http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45571




http://www.lepost.fr/article/2008/10/14/1287968_usa-2008-aubaine-pour-obama-1.html




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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 17:17

Si vous voulez suivre correctement mais rapidement l'évolution de l'opinion publique américaine entre les deux candidats Barack Obama et John MacCain jusqu'à l'élection du 4 novembre 2008, je vous recommande de cliquer quotidiennement à ces deux pages de sondages :

1. Sondages sur l'ensemble du pays.

Qui indiquent une évolution générale de l'opinion publique.

2. Sondages dans chaque Etats et nombre de grands électeurs.

Qui indiquent la capacité à gagner l'élection présidentielle (très différents du premier lien).


Sylvain Rakotoarison

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 12:49

(dépêche)


Barack Obama conserve l'avantage lors du deuxième débat

Par Steve Holland Reuters - Mercredi 8 octobre, 12h08

NASHVILLE, Tennessee (Reuters) - Le candidat démocrate à la Maison blanche, Barack Obama, a pris le dessus sur son rival républicain John McCain lors du deuxième débat de la campagne présidentielle américaine, d'après plusieurs sondages et analystes politiques.

Ce débat était considéré comme l'une des dernières chances pour le candidat républicain, à la traîne dans les sondages, de combler son retard et d'inverser la tendance avant le scrutin du 4 novembre.

John McCain espérait tirer profit de la formule du débat plus interactive avec le public, un format qui lui avait permis au début de l'année de prendre l'avantage sur ses rivaux républicains lors des primaires.

"Je pense que McCain a terminé (le débat) de façon exceptionnelle. Mais, dans l'ensemble, l'événement ne va pas faire basculer la course", a reconnu le stratège républicain Scott Reed.

Durant le débat, qui s'est tenu à la Belmont University de Nashville, John McCain a profité de chaque question pour lancer une pique contre son rival démocrate qui, assis sur un haut tabouret, est apparu parfois amusé, parfois agacé.

Mais Barack Obama a riposté le plus souvent avec vigueur, sans se laisser démonter, et le débat n'a pas véritablement donné lieu aux attaques agressives apparues ces derniers jours dans la campagne.

"Personne n'a fait de bourde mais si McCain était celui qui avait besoin de délivrer une solide performance, le fait qu'elle ait été satisfaisante signifie que ce n'était pas suffisant", analyse Linda Fowler, politologue au Dartmouth College.

"Je ne vois pas en quoi ce débat peut aider McCain", ajoute le stratège démocrate Jim Duffy. "Si cela devait être la grande chance de McCain, il ne l'a pas saisie."

OBAMA "PLUS SYMPATHIQUE" ET "PLUS INTELLIGENT"

Les sondages post-débat réalisés par les chaînes d'information américaines confirment la tendance d'une victoire de Barack Obama, comme lors du premier débat il y a quinze jours dans le Mississippi.

Selon un sondage CNN réalisé auprès de 675 téléspectateurs, 55% des personnes interrogées estiment qu'Obama a été le plus performant, contre 30% à McCain.

A l'issue du débat, 64% des sondés disent avoir une image favorable du candidat démocrate, en hausse de quatre points, alors que John McCain stagne à 51%.

A une large majorité, Barack Obama a été perçu comme plus sympathique (65% contre 28%), plus intelligent (57% contre 25%) et plus clair lorsqu'il s'agissait d'exprimer ses positions (60% contre 30%).

Un sondage réalisé par CBS auprès d'un échantillon d'électeurs indécis montre que 40% d'entre eux pensent que Barack Obama a remporté le débat, 26% accordent la victoire à John McCain et 34% pensent que les deux candidats ont fait match nul.

Dans le contexte de crise financière internationale, le sénateur de l'Illinois a renforcé sa stature de candidat le plus à même de résoudre les problèmes économiques.

Soixante-huit pour cent des électeurs indécis pensent que Barack Obama prendrait les bonnes décisions en matière d'économie s'il était élu, contre 55% avant le débat. Ils sont 48% à penser la même chose de McCain, contre 41% avant le débat.

John McCain conserve en revanche un net avantage sur la gestion de la guerre en Irak, 61% des personnes interrogées estimant qu'il prendrait les bonnes décisions à ce sujet, soit deux fois plus que pour Barack Obama.

Au final, 15% des électeurs indécis avant le débat se disent désormais résolus à voter Barack Obama contre 12% qui soutiendront John McCain. Une large majorité (72%) se disent toujours indécis.

Le camp républicain a tenté de nuancer la victoire accordée au candidat démocrate. "Peu de débats donnent lieu à de grands coups", a déclaré Charlie Black, conseiller de McCain, pour qui le sénateur de l'Arizona a "probablement gagné un peu d'élan" lors du débat.

Les deux hommes s'affronteront une troisième et dernière fois le 15 octobre.

Version française Clément Dossin

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 19:45

Le plan Paulson a été adopté à la Chambre des Représentants ce 3 octobre 2008 après avoir été adopté par le Sénat le 1er octobre 2008 (aux USA).

(dépêche)


Le plan Paulson adopté par la Chambre des représentants

Reuters - 19h35

WASHINGTON (Reuters) - La Chambre des représentants américaine a adopté vendredi par 263 voix contre 171 le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars du secteur bancaire proposé par l'administration Bush.

Le Sénat avait entériné ce projet mercredi, en l'amendant après un premier rejet par les Représentants lundi.

Le président George Bush doit maintenant faire une déclaration, après l'adoption dudit plan. Une fois ce plan signé par le président, il aura force de loi.

Version française Eric Faye



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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 10:06

Palin a passé correctement son seul grand oral de la campagne. Biden n’a pas fait de bourde. Match nul, ou bien, léger avantage à l’équipée de MacCain car Palin n’a pas perdu ?



Le débat télévisé d’hier soir (2 octobre 2008) entre les deux colistiers, Sarah Palin et Joe Biden, n’a tourné en défaveur de personne alors que les deux camps, républicain et démocrate, craignaient le pire.

Une Sarah Palin pas très au courant des enjeux politiques et un Joe Biden certes très expérimenté (élu dès 1972 sénateur du Delaware) mais très gaffeur.

Je me bornerai à évoquer surtout la forme de ce débat.


Sarah Palin pas si sotte que cela

Sarah Palin, comme beaucoup de personnalités politiques américaines mais très peu de personnalités politiques françaises, s’est montrée simple et spontanée. Elle a clairement dit qu’elle ne pourrait peut-être pas répondre à toutes les questions mais qu’elle parlerait franchement aux citoyens américains et leur dirait ce qu’elle pense important pour elle.

Son présidentiable, John MacCain, a toujours montré de l’arrogance vis-à-vis de Barack Obama. Pendant son débat le 26 septembre 2008, il a toujours refusé de s’adresser directement à son adversaire démocrate. Encore au vote du plan Paulson au Sénat le soir du 1er octobre 2008, Obama s’était déplacé de l’autre bout de la salle pour le saluer et MacCain lui a à peine répondu.

Contrastant avec ce mépris à la limite de la politesse du candidat républicain, Sarah Palin a joué direct, saluant "Joe" et se montrant comme une citoyenne ordinaire des États-Unis.

La perception de Sarah Palin aux États-Unis n’est pas du tout ce qu’on pourrait imaginer depuis notre France élitiste et diplômante.

Sarah Palin dit parfois (ou même souvent) des bêtises, ce n’est pas nouveau et c’était déjà écrit, mais ce que je m’efforce à écrire, c’est qu’elle est une très bonne communicante, et les Américains préfèrent quelqu’un de simple et de bonne volonté à quelqu’un de très doué mais leur cachant tout.

Palin n’est pas une sotte. Elle est même diplômée universitaire et a beaucoup de tempérament et de volonté pour progresser et combler ses manques. Devenir colistière dans un ticket présidentiel, elle ne s’y attendait certainement pas, mais elle apporte nettement plus de positif que de négatif à la candidature de MacCain (dont le but, je le rappelle, est de gagner électoralement).

Je répète qu’elle est une candidate redoutable et électoralement efficace. Elle l’avait déjà illustré dès sa première interview. D’autres interviews l’ont discréditée sur le plan des connaissances mais elle n’a jamais caché ses lacunes. Comme MacCain ne cache pas plus son grand âge et il en avait même joué durant son premier débat en évoquant son vieux stylo.

Palin est la seule chance de MacCain qui a bien du mal à rester la tête haute depuis le début de la crise financière.


Un candidat doit-il être un prix Nobel ?

Les Américains savent que leurs candidats n’ont pas la science infuse et focalisent leur attention sur leur personnalité et leur capacité à les écouter, à manager et à réagir correctement en cas de coup dur.

Rappelez-vous qu’en 2000, le candidat George Bush Fils ne savait même pas où se situait le Pakistan. Il a pourtant été élu (bien que minoritaire en voix) face à un Al Gore dont l’intelligence n’était pas à prouver.

Et avant, rappelez-vous le Vice-Président de George Bush Père, Dan Quayle. Pendant la campagne de 1988, on lui reprochait son inexpérience (il avait 39 ans) et il s’était montré incapable d’orthographier correctement le mot "pomme de terre" dans sa langue maternelle. Son ticket a quand même été élu en 1988 (mais battu en 1992 par Bill Clinton, mais pour une autre raison que les carences intellectuelles de Quayle devenu rapidement la risée des médias).

Sarah Palin a visiblement le virus de la politique dans le sang. Enceinte avec quelques complications, elle s’est quand même déplacée pour prononcer un discours lors d’une réunion politique et elle a été ensuite évacuée d’urgence, son cinquième enfant naissait prématurément quelques minutes après.


Joe Biden pas si gaffeur que cela

Quant à Joe Biden, il n’a pas gaffé et a rempli son contrat, sortir l’artillerie lourde contre le camp républicain. Les Démocrates reprochent beaucoup à Obama de ne pas être assez offensif contre les Républicaines, d’être trop consensuel. Biden, lui, n’a pas hésité à attaquer.

Sarah Palin veut écouter l’homme de la rue ? Eh bien Joe Biden lui répond que l’homme de la rue, il dit que les mandats de George W. Bush ont été un désastre pour l’Amérique. Et que John MacCain, ce serait le troisième mandat de Bush Jr. La campagne d’Obama veut marteler cette identification : MacCain égale Bush Jr.

Biden a aussi su plaisanter tout en montrant du doigt quelques déclarations intempestives de son interlocutrice sans pour autant insister sur les carences de celle-ci (méconnaissance de ce qu'est un talon d'Achille etc.).

On peut ainsi plaisanter sur le fait qu’il n’a pas toute l’expérience internationale de sa rivale car l’État dont il est sénateur n’a pas de mer en commun avec la Russie. Sarah Palin avait déclaré en effet qu’elle connaissait la politique étrangère car la Russie était proche de l’Alaska (d’ailleurs, l’Alaska appartenait à la Russie qui l’a vendue aux États-Unis, de quoi se mordre les doigts bien après !).

Joe Biden, qui avait tenté sa chances aux primaires démocrates en 1988 et en 2008 (il a abandonné dès janvier 2008), avait refusé d’être candidat aux primaires démocrates en 2004 et avait même suggéré que ce fût John MacCain (pourtant sénateur républicain, mais franc-tireur) le colistier du candidat démocrate John Kerry, les deux hommes étant de très bons amis.

Amusant de savoir cette anecdote quatre ans plus tard, Biden se retrouvant maintenant face à MacCain par ticket interposé.


L’effet Palin continuera-t-il ?

À la suite de cet unique débat Palin versus Biden, il ne serait donc pas étonnant que MacCain remonterait un peu dans les sondages qui lui sont pour l’instant tous défavorables, mais de quelques pourcents seulement (entre 5 et 9% d’écart).

La candidature de MacCain ne peut se baser que sur la popularité et l’art de la communication de Sarah Palin pour se redynamiser.

Celle de Barack Obama, pour se maintenir en favori, doit surtout rester en statu quo, ne rien faire qui puisse le nuire, donc, être le moins audacieux possible. Et attaquer le plus possible l’adversaire.


Il reste encore deux débats entre MacCain et Obama les 8 et 16 octobre 2008.

Et l’élection a lieu dans un mois, le 4 novembre 2008.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (3 octobre 2008)


Pour aller plus loin :

Vidéo du débat Sarah Palin – Joe Biden (2 octobre 2008).

Deux visions de l’Amérique (29 septembre 2008).

Palin fait feu de tout bois (12 septembre 2008).

Sarah Palin, polémiques et piège à Démocrates (11 septembre 2008).




http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45226

http://www.agoravox.fr/edition_du_jour.php3?date_du_jour=2008-10-03

http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20081003/tot-etats-unis-2008-vous-avez-dit-sarah-89f340e.html

http://www.centpapiers.com/Sarah-Palin-vous-avez-dit,4353

http://www.lepost.fr/article/2008/10/03/1279526_us-2008-vous-avez-dit-sarah-palin-becassine.html

http://www.kydiz.com/article/1753-US-2008-vous-avez-dit-Sarah-Palin-Becassine.htm



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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 13:58

Un texte à lire et trois vidéos sur le sujet.


Les raisons du rejet du plan Paulson

Alors que les marchés financiers ont très mal accueilli le rejet du plan Paulson par les membres de la Chambre des représentants, l’heure est à la concertation chez les parlementaires. Mais depuis l’annonce « surprise » du rejet du plan de sauvetage du système financier américain, la question qui demeure sur toutes les lèvres est celle des raisons de ce rejet.

Première constatation, les démocrates ont voté en faveur du plan Paulson, contrairement aux républicains qui l’ont massivement rejeté. Si l’on se réfère aux déclarations des responsables républicains, Nancy Pelosi serait au centre de toutes les critiques. Accusée d’avoir prononcé un discours beaucoup trop partisan, la Speaker de la Chambre des représentants est entrain de subir les foudres de ses adversaires républicains.

Alors que les deux camps étaient parvenus à un accord, un « simple discours » aurait tout compromis ? La véritable raison du rejet n’est certainement pas celle invoquée officiellement par les responsables républicains.

Une autre raison officieuse, beaucoup plus rationnelle, est à l’origine de ce rejet. En réalité, les membres républicains de la Chambre des représentants ont cédé à la panique. Mais il ne s’agit pas ici de la peur de voir le système financier vaciller, il s’agit tout simplement d’une panique de nature politique. Il faut en effet rappeler que la tranche la plus conservatrice du parti républicain était particulièrement hostile à l’adoption de ce plan de sauvetage. Or, il convient de rappeler que les membres de la Chambre des représentants sont élus pour une durée de deux ans, au suffrage universel direct. Le prochain renouvellement total de la Chambre aura lieu au même moment que l’élection présidentielle américaine, c'est-à-dire le 4 novembre prochain.

Dès lors on comprend bien les raisons évidentes du rejet du plan Paulson. Effrayés à l’idée de ne pas se voir réélire dans quelques jours, les membres de la Chambre des représentants ont tout simplement privilégié la sécurité de leur réélection, au détriment de l’interventionnisme étatique. Inondés de mails et d’appels de la part de leurs électeurs, les députés n’ont pas souhaité prendre davantage de risques.

Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine appellent désormais le Congrès à reprendre ses discussions afin de revoter un nouveau texte amendé. Pourtant, en dépit des efforts de John McCain et de Barack Obama rien n’est désormais sûr à quelques jours du renouvellement de la Chambre des représentants. Une situation que l’on ne peut s’empêcher de déplorer alors que les marchés financiers sont en pleine tourmente.



Une vidéo sur les déclaration de Barack Obama à Denver :




Les Républicains dénoncent la Démocrate Nany Pelosi :





Et une vidéo diffusée par les Républicains pour montrer la responsabilité des Démocrates dans la crise  (accessible ici) :




 

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 13:01

Chute vertigineuse de Wall Street après le rejet du plan Paulson au Congrès. MacCain politise à outrance ce sujet alors qu’il est aux abois dans les sondages.


À Wall Street, le Dow Jones s’est effondré hier, 29 septembre 2008, de 7% (6,98 exactement), le Nasdaq de 9% (9,14 exactement) et le Standard & Poor’s de 9% (8,81 exactement)… Une dégringolade historique.

C’est la plus forte chute enregistrée depuis le 17 septembre 2001, jour de la réouverture de Wall Street après les attentats du 11 septembre 2001.

Enfin, selon l’AFP, car selon Reuters, c’est la plus forte chute depuis octobre 1987.

La débâcle des titres du secteur financier est totale et déborde même sur le secteur technologique et sur le prix des matières premières (y compris le baril de pétrole qui a perdu dix dollars).

Cependant, ce 30 septembre 2008, l’Europe réussit à bien encaisser le choc : le CAC 40 était même en légère hausse (+0,20%) le mardi matin à Paris. Mais les bourses asiatiques ont moins bien résisté (baisse du Nikkei de 4,12% à Tokyo).


Les États-Unis plongés dans une longue dépression ?

Depuis la crise de subprimes en juillet 2007, tout va mal dans les finances américaines. Depuis quelques semaines, les banques s’effondrent. Même une banque eurocontinentale (Fortis) était au bord de la faillite par effet dominos.

Il y a dix jours, le Secrétaire d’État américain au Trésor Henry Paulson propose un plan révolutionnaire. 700 milliards de dollars à injecter dans les entreprises qui chutent de l’économie américaine. Pour éviter le pire. Pour stabiliser le tout. Un montant énorme. Et peut-être insuffisant.

En gros, les États-Unis deviennent un pays communiste à économie étatisée et planifiée ! Incroyable. Surtout provenant de George W. Bush.


Un échec parlementaire majeur

Mais ce qui est le plus incroyable, c’est que Bush n’est plus soutenu par les Républicains. Ses alliés, ce sont les Démocrates qui ont essayé de négocier et d’amender le plan Paulson.















En vain, puisque hier, le Chambre des Représentants a rejeté de façon inattendue ce plan de sauvetage. Par 228 contre 205.

Deux représentants républicains sur trois ont rejeté le plan Paulson alors que plus de la moitié des représentants démocrates l’ont approuvé. Les Républicains (minoritaires) ne pouvaient accepter cet anti-libéralisme primaire.


Surtout vis-à-vis de leurs électeurs (le 4 novembre 2008, il n’y a pas que l’élection du Président des États-Unis) et les citoyens américains sont en colère car 700 milliards de dollars, cela veut dire que les Américains payeraient de leur poche 2 000 dollars chacun, bébé compris.


La mauvaise foi du vétéran solitaire MacCain

Le plus déroutant, c’est la réaction de John MacCain.

Jeudi dernier (25 septembre 2008), après avoir voulu se faire porter pâle à son premier débat (qui aura été suivi par 52,4 millions d’Américains), il a été très contreproductif lors de la grande réunion à la Maison Blanche. Alors qu’un accord était sur le point d’être trouvé entre l’Administration et les Démocrates, il a gâché cette chance pour proposer un autre accord avec les Républicains.

Et aujourd’hui, MacCain est d’une monstrueuse mauvaise foi. À but bassement électoraliste.

MacCain a eu en effet le toupet de dire : « Nos dirigeants doivent laisser leurs divergences politiques à la porte et se mettre au travail pour régler les problèmes. Le sénateur Obama et ses alliés ont instillé une partialité inutile dans le processus ».

Son conseiller, Douglas Holz-Eakin, a même accusé Barack Obama d’être le responsable de cet échec car il n’aurait pas voulu imposer ses positions aux représentants démocrates en « faisant passer la politique avant l’intérêt du pays ».

Mais les Démocrates ont répliqué fermement. C’est MacCain qui a semé le trouble jeudi dernier. Et le président de la Commission des finances de la Chambre des Représentants, le Démocrate Barney Frank, a clairement imputé cet échec aux Républicains.

Gregory Meeks, un représentant démocrate, affirme de son côté : « John MacCain est venu à Washington (…) pour faire avancer les choses. Eh bien, les choses se sont plutôt désagrégées en sa présence. ».

Le porte-parole d’Obama confirme par ailleurs : « Il s’agit d’une crise nationale, et aujourd’hui, l’inaction du Congrès de même que les communiqués enflammés et hyperpartisans de l’équipe de campagne de MacCain sont exactement ce pourquoi les Américains sont dégoûtés de Washington. ».


Bush & Obama versus MacCain ?

Bush Jr, l’allié objectif d’Obama ? C’est pourtant un peu l’alliance de circonstance qu’on est en train de vivre ces derniers jours.

Et si MacCain venait (malgré tout) à être élu, alors, peut-être regretterait-on alors son prédécesseur qui, impuissant, essaie quand même d’apporter une réponse à la crise en dehors de tout calcul politique et de toute idéologie.

Obama a téléphoné à Paulson, Nancy Pelosi et d’autres parlementaires. Il est confiant dans l’aboutissement d’un accord.

En raison du nouvel an juif, la prochaine séance de la Chambre des Représentants aura lieu jeudi 2 octobre 2008. Trois jours après.

Mais chaque jour compte. Le plan est très urgent. Chaque jour qui passe voit une institution financière s’effondrer : Washington Mutual, Wachovia etc.


Il faut vraiment avoir une sacrée dose de masochisme pour vouloir présider les États-Unis en cette fin de 2008.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 septembre 2008)


Pour aller plus loin :

Dépêches de presse AFP sur la situation financière.

Vidéos et article sur la responsabilité des Républicains ou des Démocrates dans le rejet (30 septembre 2008).




http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45094







http://www.lepost.fr/article/2008/10/01/1277902_est-ce-la-fin-du-monde.html


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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 10:56

La première guerre de Troie aura finalement eu lieu. John MacCain et Barack Obama ont participé à leur premier match. MacCain a parié sur sa personnalité et son côté franc-tireur, Obama sur ses propositions et son opposition irréductible au gouvernement impopulaire de George W. Bush. Avantage à Obama.



Il est intéressant de pouvoir se faire sa propre opinions des candidats américains, malgré l’éloignement et un océan à franchir, car les enjeux du 4 novembre 2008 sont cruciaux pour l’ordre à la fois économique et militaire du monde (quoi qu’en en dise, et les deux mandats de George W. Bush le démontreraient amplement si on se mettait à faire de l’uchronie en imaginant Al Gore élu en 2000).

Le 26 septembre 2008 dans la soirée, l’Université du Mississippi accueillait le premier des quatre débats présidentiels. Un débat initialement compromis par la mauvaise volonté de MacCain qui a accepté au dernier moment (Obama ayant fermement refusé son report, MacCain ne pouvait pas laisser son pupitre vide devant quarante millions d’Américains).


L’Amérique du fond des yeux

Sur la forme, le débat est assez classique : deux pupitres face à un journaliste et un public à qui on a demandé de ne pas faire ressentir ses impressions.

Chose étrange, alors que sur l’écran, Obama est à droite, MacCain à gauche, et l’animateur au centre, lorsque Obama s’adressait au modérateur, il tournait la tête vers sa gauche et MacCain vers sa droite. Une explication pourtant simple : les pupitres sont légèrement inclinés et les caméras face à eux ne sont donc pas parallèles entre elles.

Et le regard des protagoniste n’est pas étranger aux capacités de convaincre les électeurs. Bon communiquant, Obama savait regarder les Américains du fond des yeux, directement vers la caméra qui le pointait (un truc que fait souvent François Bayrou dont les oreilles décollées rappellent aussi celles d’Obama) alors que MacCain restait dans un registre de discussion plus classique en regardant essentiellement le journaliste (Ségolène Royal avait eu aussi cette mauvaise habitude, un peu comme un élève regardant son professeur).

Est-ce une confrontation entre deux Amérique ? Sans doute un peu, et même sur la forme. Un Obama jeune et moderne, s’adressant directement à son concurrent par son prénom « John » comme les managers le font dans leur entreprise depuis longtemps, et un MacCain un peu vieux jeu, préférant évoquer son rival à la troisième personne avec son patronyme et son titre « le sénateur Obama ».


Argumentation assez primaire et imprécise

Sur le fond, le débat est un peu décevant. Décevant car il ressemble aussi aux débats présidentiels en France. Peu constructif, avec des propositions très vagues, très imprécises, sans préciser le sens des mots ou des chiffres, et surtout, avec des arguments assez primaires. Ils se jettent à la figure des chiffres qui ne signifient pas grand chose.

En gros, d’un côté, MacCain reproche à Obama d’être un dépensier (comme n’importe quel Démocrate) et Obama reproche à MacCain d’être un va-t-en-guerre très coûteux.

Chacun avait préparé son affaire pour envoyer à l’autre quelques scuds.

J’ai repris à la volée quelques arguments que je détaille ici.


Gel des dépenses fédérales et investissements pour l’avenir

MacCain a beaucoup insisté sur le gel des dépenses, la maîtrise du budget fédéral, et c’est d’autant plus nécessaire que la crise financière est forte.

MacCain propose ainsi des coupes drastiques dans les dépenses de l’État, sauf pour le budget militaire qui nécessite un soutien permanent.

Il rappelle qu’il a toujours été un électron libre chez les Républicains et qu’il n’est pas aimé du Sénat ni du gouvernement fédéral car il veut lutter contre la corruption et contre les contrats dont le budget s’amplifie après signature. Il met en avant, par exemple, un contrat qu’il a dénoncé entre Boeing et le gouvernement fédéral où il a fait gagner plus de six milliards de dollars à l’État fédéral et où certains protagonistes se sont retrouvés en prison.

MacCain a attaqué sur le fait que depuis quatre ans, les propositions du sénateur Obama auraient coûté 932 milliards de dollars, ce qui n’est pas le meilleur moyen pour réduire les dépenses.

Mais Obama reprend une argumentation assez classique (même en France) : c’est peu raisonnable de vouloir geler tous les budgets sauf la Défense sans assainir d’abord la situation fiscale et notamment, sans supprimer les exonérations qui profitent aux plus riches et aux entreprises qui font beaucoup de bénéfices. Il cite des personnes riches qui vont encore faire 700 000 dollars d’économie d’impôts alors que les moins aisés (moins de 42 000 dollars annuels) vont être taxés de 2 000 dollars (MacCain envisage un crédit d’impôt de 5 000 dollars, mais sans dire comment le financer).

Mais surtout, Obama remet en cause l’intérêt de la guerre en Irak qui a coûté déjà 600 milliards de dollars alors qu’il faudrait favoriser l’enseignement scolaire, les écoles etc. Selon lui, la récente mission des derniers taïkonautes (astronautes chinois) montrent qu’il faut renforcer les filières universitaires pour former autant d’ingénieurs etc. que la Chine (qui en forme 300 000 par an).

Obama regarde alors la caméra en citant un certain de catégorie de ‘gens’ à la manière de Nicolas Sarkozy (les infirmières, les enseignants etc.) qui sont très atteints par la crise et ne seraient pas aidés etc.

Obama me convainc beaucoup lorsqu’il dit qu’il faut se placer sur le plan des valeurs et choisir ses priorités budgétaires : l’armée ou l’éducation, de nouvelles énergie ou la dépendance au pétrole etc.

MacCain est d’ailleurs assez convaincant quand il estime que les investissements de l’État doivent porter aussi sur l’énergie nucléaire et le stockage de déchets (la France est nettement en avance sur la technologie et Areva collabora avec les États-Unis) afin d’être indépendant énergétiquement.

Obama est contre la baisse d’impôts de 300 milliards de dollars que défend MacCain et veut financer l’assurance santé qui est l’un des grands atouts des Démocrates (sur lequel Hillary Clinton a beaucoup travaillé).

Deux visions idéologiques de l’Amérique : MacCain refuse d’évoquer le système de santé, et considère que ce n’est pas à l’État fédéral de s’en occuper, mais aux « familles ». Bref, considère qu’il faut rester libéral sur ce sujet (Obama veut, lui, résoudre les dommages collatéraux du libéralisme).

Ce qui est étrange, c’est le discours très anti-bushien de MacCain. En résumé, il considère que les budgets fédéraux se sont gonflés de plus en plus, qu’il y a de plus en plus de bureaucratie, d’agences fédérales qui ne servent à rien etc. (un discours bien connu en France) et qu’il faut stopper cela, que son surnom de sheriff n’est pas anodin et qu’il saura faire les coupes budgétaires.

Mais Obama le décrédibilise immédiatement lorsqu’il lui fait remarquer que depuis huit ans, il a toujours voté les budgets du gouvernement de Bush Jr et que ces belles promesses ne sont jamais mises en œuvre après les élections (sans affirmer lui-même qu’il ferait cette chasse aux gaspis administratifs).


L’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan

John MacCain jouit d’une bonne avance dans sa crédibilité auprès de l’opinion publique concernant les affaires militaires. MacCain a raison lorsqu’il dit que depuis quelques mois, les États-Unis commencent à gagner en Irak. Depuis longtemps, MacCain réclamaient plus de troupes américaines en Irak et il a obtenu gain de cause en 2007. C’est surtout le général Petreus qui a adopté le bon comportement pour être apprécié sur le terrain et son action en Afghanistan devra être avec la même finalité.

MacCain reproche à Obama d’en être encore en 2003 et de ne pas regarder la situation de 2008, à savoir, quand et dans quelles conditions faire quitter les troupes américaines d’Irak ?

Mais Barack Obama refuse aussi de se mettre dans cette vision. Pour lui, depuis quelques mois, ça va mieux car les États-Unis ont dû revoir leur stratégie en Irak après quatre ans d’échec. Il rappelle les 10 milliards de dollars mensuels que cela coûte aux Américains et surtout, il parle de son opposition à la guerre en Irak car il fallait se focaliser sur l’Afghanistan, sur Al-Qaida et Ben Laden, et que l’Irak n’a constitué qu’une fâcheuse diversion pour les États-Unis.

MacCain reproche à Obama de confondre stratégie et tactique et Obama laisse entendre que dans son équipe, c’est Joe Biden le plus compétent sur ces dossiers. Pour MacCain, réduire le budget militaire en Irak, c’est favoriser l’expansion de la guerre à l’Iran.

Sur le Pakistan, Obama a eu du mal à se dépêtrer de sa boulette qui était de menacer le Pakistan de frappes militaires. MacCain a affirmé que les États-Unis doivent se faire apprécier du gouvernement pakistanais et des Pakistanais, que les régions sous contrôle des talibans reconnaissent les prérogatives de l’État pakistanais et que jamais il ne fallait qu’un Président américain annonce qu’il attaquerait le Pakistan, ce qui serait très irresponsable.

Obama a répondu sur le fait que si le gouvernement pakistanais n’était pas capable de contrôler tout son territoire, les États-Unis devaient dans ce cas l’y aider (en ce sens, Obama serait un plus grand va-t-en-guerre au Pakistan).


À noter qu’Obama n’a fait preuve d’aucune compassion humaine et met aussi dans ses objectifs la mort de Ben Laden, et reproche même au gouvernement Bush Jr le fait de ne pas l’avoir déjà tué.

MacCain croit qu’on peut être commandant en chef des armées en simplement écoutant les mères des soldats américains tués (et qui disent : que nos fils ne soient pas tués pour rien). Il a même évoqué un bracelet que lui a donné une mère pour ne pas oublier son fils.

C’est une manœuvre sans doute efficace électoralement (sentimentalisme, exemple concret, généralisation à partir de deux ou trois cas) mais elle est plutôt affligeante en terme de récupération électorale.

À plusieurs reprises, MacCain a reproché Obama de ne pas s’être rendu personnellement en Irak, de ne pas avoir rencontré personnellement des soldats américains alors que ce n’est pas forcément cela qui permet de dresser un bon état de la situation ni une bonne stratégie pour l’avenir.


Next ?

Pour beaucoup de sujets, MacCain a tendance à miser tout sur sa personnalité (avec moi, ça ne passera pas, vous pouvez me faire confiance, mon expérience l’a déjà prouvé etc.) alors qu’Obama préfère miser sur ses propositions.

Après le débat, les spots publicitaires des deux candidats reprenaient des passages du débat en insistant sur les faiblesses du concurrent. Pas très constructif…

Alors, qui a gagné ? Les premiers sondages disent clairement qu’Obama a pris un léger avantage lors ce premier débat.

Mais la question reste : qui a convaincu le plus d’indécis ? Car convaincre les déjà convaincus n’a jamais fait gagner une élection.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 septembres 2008)


Pour aller plus loin :

Obama gagnera-t-il, faute de combattant ?

Les vidéos du premier débat Obama vs MacCain (26 septembre 2008).








http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45044

http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20080929/tot-etats-unis-2008-les-deux-visions-de-89f340e.html


 

http://www.lepost.fr/article/2008/09/29/1276172_us-2008-les-deux-visions-de-l-amerique.html 

http://www.kydiz.com/Grenoble/article/1733-Etats-Unis-2008-les-deux-visions-de-l-Amerique.htm

 

 

 

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 12:24

Le 4 novembre 2008, les citoyens américains vont choisir leur nouveau Président des Etats-Unis.


SUR OBAMA ET MACCAIN.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-23152530.html


Le successeur de George W. Bush sera choisi après l'élection de grands électeurs de chaque Etat des Etats-Unis.

Si vous étiez citoyen américain, sur quelle personnalité votre choix se porterait ?


Pour faire le sondage, cliquer sur la photo.




























http://www.lepost.fr/sondage/2008/09/29/1276186_sondage-quel-est-votre-futur-president-americain-prefere.html




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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 10:55
Premier débat Obama versus MacCain du 26 septembre 2008.


Sur la crise économique et énergétique.





Sur l'Irak et l'Afghanistan.



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