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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 03:25

« L’effort de construction de cette armée a demandé des investissements considérables, que la nation a supportés avec courage et esprit de continuité. Cet effort, nous l’avons supporté solitairement. Mais la France avait raison ! Elle avait raison ! On le découvre aujourd’hui, au moment même où notre principal allié paraît se ranger aux éléments de langage du pays qui attaque l’Ukraine et menace le reste de l’Europe. Face à cette situation, il est un constat que nous ne faisons pas assez : nous, les Européens, sommes plus forts que nous le croyons ; nous sommes forts et nous ne le savons pas. Pire, nous nous comportons comme si nous étions faibles ! » (François Bayrou, le 3 mars 2025 dans l'hémicycle).



 


Le Premier Ministre a répété deux fois "la France avait raison !", sous-entendu, le Président Emmanuel Macron avait raison, raison quand il a augmenté de manière notable le budget de la défense dès 2017, raison quand il a demandé aux Européens dès 2017 de s'occuper eux-mêmes de leur défense, raison quand il a considéré qu'il fallait que l'Europe devienne un géant politique.

Depuis sa nomination à Matignon le 13 décembre 2024, je désespérais un peu de ne pas avoir encore entendu François Bayrou sur les sujets de politique étrangère. C'est vrai qu'il y a la répartition traditionnelle des rôles (à l'Élysée l'extérieur et à Matignon l'intérieur), et que le Premier Ministre, ces trois premiers mois, était particulièrement occupé par la politique intérieure : vote du budget, affaires de sécurité, attentats terroristes, catastrophe à Mayotte, etc. Mais la politique étrangère a toujours été, pour François Bayrou, un sujet d'intérêt et de prédilection au point qu'il avait souhaité être Ministre des Affaires étrangères en 1995, lors de l'élection de Jacques Chirac, et Valéry Giscard d'Estaing, amer que son ancien secrétaire général de l'UDF se soit éloigné de lui, lui a barré la route au profit d'un giscardien pur jus (Hervé de Charette). Il est, de plus, président du Parti démocrate européen (PDE) depuis le 9 décembre 2004, qui regroupe les centristes de l'Union Européenne.

Avec cette volonté d'associer le Parlement à la réflexion de la France sur des sujets actuels, très prégnants, de politique étrangère, en l'occurrence la situation de l'Ukraine et la défense de l'Europe, dans le cadre très institutionnel de l'article 50-1 de la Constitution, à savoir un débat parlementaire dans les deux chambres et aucun vote à son issue, François Bayrou a rattrapé son silence médiatique sur ces sujets et a montré à quel point il était à l'aise, car il est d'abord focalisé sur les valeurs et s'il y a bien un sujet où les valeurs sont importantes, c'est dans les relations internationales, et on le voit bien depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Avant le début de la déclaration du gouvernement, la Présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a fait observer une minute de silence aux cinq victimes du cyclone Garance qui a frappé violemment l'île de La Réunion la semaine précédente, et ensuite a salué, à l'occasion de ce débat sur l'Ukraine et l'Europe, la présence dans les tribunes de l'hémicycle d'une délégation du Parlement d'Estonie, conduite par son Président Lauri Hussar, et de l'ambassadeur d'Ukraine en France.


 


Le débat s'est établi deux jours après l'affligeante scène du bureau ovale de la Maison-Blanche où Donald Trump et J. D. Vance ont cherché à humilier Volodymyr Zelensky (parfois sur des critères stupides, comme les vêtements alors que Churchill lui-même se présentait devant le Président des États-Unis à Washington sans costume cravate pendant toute la durée de la guerre), une véritable honte quand on sait à quel point le Président Zelensky est un héros courageux qui a préféré continuer à combattre et à résister contre l'envahisseur poutinien tandis que l'un de ses interlocuteurs américains n'a même été capable de faire son service militaire. La réflexion que doit se poser l'Europe, et avec l'Europe, la France bien sûr, c'est : comment anticiper l'avenir de la défense nationale et européenne si les États-Unis se désengagent complètement de leur alliance militaire avec les Européens ?

 


C'est sur cet événement que François Bayrou a démarré sa déclaration : « Vendredi soir, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, s’est déroulée sous l’objectif des caméras du monde entier une scène sidérante, empreinte de brutalité et de volonté d’humiliation, dont le but était de faire plier par la menace le Président ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’il se rende aux exigences de ses agresseurs. Le tout résumé en une phrase devant les caméras de la planète : "Ou bien vous trouvez un accord avec Poutine, ou bien nous vous laissons tomber !". Pour l’honneur de la responsabilité démocratique, de l’Ukraine et, j’ose le dire, de l’Europe, le Président Zelensky n’a pas plié. Je crois que nous pouvons lui manifester notre reconnaissance. ».
 


Puis, il est revenu sur le point de départ historique de la guerre : « Nous connaissons le détonateur de cette séquence dramatique. C’est un événement précisément daté : l’invasion, en vue d’annexion, de l’Ukraine par les forces armées de la Fédération de Russie, sur ordre de Vladimir Poutine, le 24 février 2022. Cette date a marqué un basculement entre deux mondes, aux conséquences planétaires, nous avons été plusieurs à le dire à l’époque. Depuis 1945, nous espérions que l’Europe, l’Occident tout entier, la communauté des nations, vivaient avec l’idée qu’une loi internationale, respectant les principes d’indépendance et de sécurité pour les nations, régissait chaque jour davantage, et régirait un jour, l’ensemble des relations internationales, diplomatiques, de défense, commerciales, financières. Bien sûr, nous le savions, ces règles ont toujours fait l’objet d’une application partielle, imparfaite et souvent partiale, nous n’idéalisons pas le passé. Mais il y avait malgré tout des garde-fous qu’on pouvait évoquer, des traités qu’on pouvait brandir, des résolutions qu’on pouvait invoquer, des engagements qu’on pouvait rappeler. Tout ceci est fini : nous avons basculé dans un autre monde. Beaucoup sont sans voix tant le choc est violent ; beaucoup se trouvent démunis tant tous les dispositifs que nous avions inventés sont démantelés. Nous voici mis en demeure d’accepter des mœurs que nous refusons, de revoir les chartes de nos libertés, de repenser les règles de la démocratie et de la liberté d’expression, d’abandonner notre souci de décence pour accepter l’indécence qu’on voudrait nous imposer. Au fond, nous vivions avec la certitude paisible que le monde serait, sinon de plus en plus démocratique comme l’affirmaient des esprits brillants, mais incurablement optimistes, du moins de plus en plus sûr. C’est dans ce cadre que la prospérité du continent européen, du monde libre et, par contagion, celle de ceux qui vivaient une relation de confiance avec l’Occident, se développaient. Certes, nous savions tous, de grands diplomates français, comme Hubert Védrine, le rappelaient, que les nations n’oublient jamais leurs intérêts, et que, par la force des choses, ces derniers passent souvent avant leurs principes. Mais nous avions, pour les uns, l’espoir, pour les autres, la certitude, qu’au bout du compte demain serait plus sûr qu’aujourd’hui et que les grands ensembles avec qui nous étions en relation en viendraient un jour à respecter plus ou moins les mêmes grands principes. Beaucoup le croyaient pour la Russie, en raison d’une proximité de civilisation et d’une communauté d’histoire. Nous le croyions pour l’Inde, dont la progression démographique, technique et scientifique et la situation de pays non-aligné sont pour la France des éléments de confiance, pour ce pays majeur, nous le croyons encore aujourd’hui. C’était vrai à certains égards pour la Chine : la France n’a jamais oublié qu’elle avait été le premier pays d’Occident à reconnaître et consacrer le statut international de cet immense peuple et acteur politique. Nous l’espérions même du Moyen-Orient tourmenté, dont nous imaginions favoriser l’apaisement avant de voir triompher une paix garantie par la reconnaissance des peuples, des communautés et des cultures. Cette symphonie d’espoirs raisonnables a volé en éclats le 24 février 2022. ».

C'est la Russie de Vladimir Poutine, qu'on croyait se normaliser, qui est retombée dans l'impérialisme le plus bestial : « Qu’un pays, géographiquement le plus vaste de la planète, militairement parmi les mieux armés, en particulier par la détention d’innombrables têtes nucléaires, ayant construit une puissante armée mécanique de blindés aussi bien que d’aviation, une puissance spatiale, un pays riche d’infinies ressources naturelles, qu’un tel pays, membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies et à ce titre garant de l’ordre international, décide de se jeter sur un pays voisin, une nation souveraine, de surcroît intimement mêlée à sa propre histoire, pour l’annexer, en prendre le contrôle par la force et en chasser les dirigeants élus, beaucoup d’entre nous, en fait, n’auraient même pas osé l’imaginer. Or cette date de basculement de l’histoire a libéré les démons endormis et a remis en cause, d’abord, le premier principe de sécurité sur lequel étaient fondées nos règles internationales : l’intangibilité des frontières issues de la seconde guerre mondiale. Cette agression a donné le signal qu’attendaient en réalité depuis longtemps des forces tapies dans l’ombre et qui ne rêvaient que de se donner carrière. ».

La guerre en Ukraine a été le signal d'un retour à la loi du plus fort : « Ces forces, il faut les nommer : c’est l’esprit de domination ; c’est l’impérialisme militaire, idéologique, économique, religieux, fanatique, la volonté d’asservir l’autre ; c’est le culte de la force, nous le connaissons bien, car c’est la malédiction qui a coûté des dizaines de millions de morts au XXe siècle, particulièrement en Europe. Sur toute la surface de la planète, le signal donné par cet événement n’a échappé à personne. Qu’importeraient désormais la loi et les principes, les délibérations internationales ? La force seule, la violence et la brutalité suffiraient pour régler les conflits. Il s’agirait seulement de réunir les moyens suffisants, de déployer la violence suffisante, et n’importe quelle cause pourrait désormais l’emporter. C’est la fin de la loi du plus juste, c’est le règne de la loi du plus fort. Ainsi, par la décision d’un seul, devenu chef de meute, sont reniés les efforts consentis depuis plus de cent ans pour arracher l’humanité à sa naturelle inhumanité, en même temps que se trouve reniée la Charte des Nations Unies, dont voici un extrait du préambule : "Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites, à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice", prenons l’engagement solennel "qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun". Cette charte a été signée le 26 juin 1945 pour préserver les générations au lendemain de la plus terrible des guerres que l’humanité ait connues, 80 millions de morts et une victime perdue pour toujours, une certaine idée de l’homme partie avec la Shoah, la tentative d’anéantissement programmé, et pour la première fois techno-industriel, de l’un des peuples de notre famille humaine. ».


 


Après Vladimir Poutine, le retour de Donald Trump a renforcé ce sentiment de la fin d'une régulation internationale par le droit et la justice : « Ce qui se matérialisait sous nos yeux, vendredi soir, alors que nous assistions sidérés à cet affrontement, et chacun d’entre nous se souviendra où il se trouvait à ce moment, c’était la rupture de quelque chose d’infiniment précieux, dont nous étions au jour le jour peu conscients, mais qui servait de cadre à notre regard sur le monde, à savoir l’idée de l’identité et de l’unité de l’Occident. Ce que nous avons brutalement découvert depuis quelques semaines, et qui culminait en ce vendredi soir, c’est que nos alliés pouvaient nourrir sur nous et sur notre avenir, sur l’avenir de leurs partenaires et voisins, la même volonté de domination que nous prétendions combattre chez les puissances auxquelles nous voulions résister. Les déclarations du quarante-septième Président des États-Unis à propos du canal de Panama, de Gaza, du Groenland ou même du Canada nous ont, en temps réel, fait mesurer la stupéfiante réalité : il n’y a plus de loi qui s’impose à tous et nous, Français et Européens, ne sommes pas armés pour un temps où la loi est tenue pour négligeable. Comment entendre en 2025 que "personne n’a de droits sur le Groenland" ou que quiconque ayant des droits devrait y renoncer car "nous avons besoin du Groenland pour notre sécurité nationale", s’agissant d’un territoire certes peu peuplé, mais grand comme quatre fois la France, au sous-sol riche des matières premières les plus rares, d’une biodiversité préservée par le climat particulier de cette région, et relevant de surcroît de la souveraineté d’un pays membre de l’OTAN ? ».

 


La France, avec Emmanuel Macron, a été la première nation à poser clairement la question de la souveraineté européenne : « Ces questions, la France les a posées, la première et longtemps la seule parmi les alliés. Tous ceux qui entendaient à chaque rencontre internationale l’appel français à une plus grande autonomie de la défense européenne et qui levaient les yeux au ciel en y voyant une lubie ou la défense d’intérêts égoïstes, tous ceux-là mesurent aujourd’hui combien notre idée d’indépendance était fondée. C’est dans cet esprit que nous avons bâti, nous Français, notre appareil de défense, nos armées, à commencer par la dissuasion nucléaire et par ses vecteurs, ce qui fait, il convient de le rappeler, que notre pays est le seul, à l’égal des très grandes puissances, à disposer d’une armée autonome capable d’affronter la plupart des situations de menace, sans avoir à demander l’autorisation ou la permission de quiconque. ».

Face aux défaillances de notre allié américain, les Européens ne sont pas sans puissance, et François Bayrou a voulu le rappeler très vivement, tel qu'un patriote de cœur le ressent : « Il est un constat que nous ne faisons pas assez : nous, les Européens, sommes plus forts que nous le croyons ; nous sommes forts et nous ne le savons pas. (…) Rappelons les chiffres. L’Union Européenne compte à elle seule 450 millions d’habitants ; avec la Grande-Bretagne et la Norvège, nos alliés, nous sommes plus de 520 millions d’habitants, contre 340 millions aux États-Unis et 150 millions en Russie. Le PIB de l’Union, additionné à celui de la Norvège et de la Grande-Bretagne, c’est plus de dix fois le PIB de la Russie. Les dépenses militaires de la Russie sont certes impressionnantes, 40% de son budget et 9% de son PIB, chiffres qui donnent une idée du déséquilibre dans les investissements. Cependant, l’efficacité opérationnelle des armées russes est arrêtée depuis trois ans par l’armée ukrainienne, qu’elles devaient pourtant emporter, affirmaient les dirigeants russes, en trois jours. En comparant les arsenaux, on découvre un rapport de force qui n’est pas du tout celui qui est décrit habituellement. Nos forces armées continentales, additionnées à celles du Royaume-Uni, comptent plus de 2,5 millions de soldats professionnels, soit 25% de plus que les forces russes ; elles disposent de 2 991 avions de combat, deux fois plus que les aviations des États-Unis et de la Russie, et de quelque 15 000 pièces d’artillerie, contre moins de 10 000 pour la Russie et seulement 5 000 pour les États-Unis. Nous, pays européens, sommes une force même si nous ne le savons pas. Sur ce point, je le crois, la France se trouve en accord, pour une fois, avec M. Trump. Si nous sommes forts, nous ne pouvons pas demander à d’autres de nous défendre durablement à notre place. Si nous sommes forts, c’est à nous, Européens, de garantir la sécurité et la défense de l’Europe. ».

 


Et l'urgence, c'est d'abord défendre le peuple ukrainien bombardé matin midi et soir par Vladimir Poutine : « Nous ne pouvons pas laisser le peuple ukrainien sans défense. Nous devons aider l’Ukraine, mobiliser des ressources, partager les matériels, aider à former, sécuriser autant que possible et ne pas accepter qu’un retrait américain condamne à la défaite ce pays défenseur de nos libertés. Si nous demeurions impuissants, si la digue ukrainienne en venait à céder du fait de notre impuissance ou de notre négligence, alors n’en doutez pas : un jour ou l’autre, plus tard ou très tôt, ce sont nos pays, notre Union, qui se trouveraient ciblés. En effet, il est une leçon que l’histoire nous a enseignée et qui n’est jamais démentie : la force brutale ne se borne jamais elle-même. La situation nous dicte donc les questions que nous devons nous poser. Si les alliances se renversent, les Européens ont-ils la volonté de résister ? Ont-ils la volonté de défendre, non pas ce qu’ils ont, mais ce qu’ils sont ? Au fond, la seule question est la plus ancienne question, non seulement du théâtre, mais de la philosophie : to be or not to be ? Cette question ne cesse de se poser depuis des décennies. Beaucoup, chez nous et chez nos partenaires, mettaient en doute la nécessité de l’Union. Avec beaucoup d’autres, je crois et je soutiens que dans les circonstances créées par une telle menace de déstabilisation du monde, l’Union Européenne est pour nous le seul chemin et la seule stratégie possible. ».

L'Union Européenne comme seule réponse possible à l'abandon américain : « C’est la seule réponse possible du point de vue de l’aide à apporter à l’Ukraine, aide financière et logistique, aide à la formation, aide militaire, aide diplomatique. C’est la seule réponse possible en matière commerciale : si nous nous laissons diviser, morceler, jouer les uns contre les autres, nous subirons tous la loi de ceux qui veulent nous affaiblir pour nous soumettre. C’est la seule réponse possible en matière de réarmement scientifique et technologique : si nous ne conduisons pas une telle politique, nous resterons condamnés à former, de la maternelle jusqu’au Prix Nobel ou à la Médaille Fields, les grands découvreurs qui continueront à aller découvrir ailleurs. C’est la seule réponse possible en matière industrielle et agricole pour que nos pays retrouvent leur place de fournisseurs compétitifs sur leurs propres marchés qui, autrefois déstabilisés par l’obsédante question du prix de la main d’œuvre, peuvent dorénavant être rééquilibrés par l’automatisation, la numérisation, l’algorithmique et la robotique. ».

Et François Bayrou d'en venir aux bases gaulliennes de notre France : « L’histoire a montré qu’il y avait au ressaisissement européen une condition impérative : la vitalité et la force de la France. En effet, cette idée d’une Europe indépendante, autonome dans ses décisions, défendant elle-même sa liberté et ses intérêts, c’est la vision française. La France l’a défendue seule, à partir de l’intuition du Général De Gaulle, contre tous ceux que les temps invitaient à la facilité. Voilà ce que le fondateur de la Ve République, avec une prescience qui mérite d’être soulignée, affirmait en 1962 : "On ne sait jamais d’où peut venir la menace, ni d’où peut venir la pression ou le chantage. (…) Il peut se produire des événements fabuleux, des retournements incroyables. Il s’en est produit tellement dans l’histoire !". Après avoir observé qu’on ne sait pas ce qui peut se passer aux États-Unis et énuméré tous les risques de déstabilisation de la société américaine, il conclut : "Voilà pourquoi, tout en demeurant les alliés des Américains, nous voulons cesser de nous en remettre à eux". C’était en 1962. Depuis, la France a défendu cette vision inlassablement, en particulier lors des huit dernières années, par la voix du Président de la République. Elle l’a défendue assez souvent dans la solitude, qui est le lot de ceux dont la pensée est ferme. Je crois que les événements prouvent désormais aux yeux de tous, notamment à ceux de nos partenaires, que cette vision est d’intérêt général. La France peut jouer un rôle central dans l’édification de ce nouveau monde, de ce nouvel équilibre, mais elle ne le fera que si elle recouvre sa confiance et son unité. Tout ce que nous, Français, avons à construire et à reconstruire est la clef de cet autre monde. ».

Pour le chef du gouvernement, il faut surtout garder son sang-froid, chérir l'unité et afficher de la détermination : « Face à la réalité d’un monde inattendu, tellement inattendu que nous ne parvenons même pas à le qualifier proprement, il faut nous organiser avec sang-froid, unité et détermination. Avec sang-froid, car tout affolement serait perçu comme signe de peur et pousserait tous ceux qui ne nous veulent pas de bien à poursuivre leur offensive psychologique, morale et politique, et, qui sait, peut-être un jour militaire, contre nous. Avec unité, car il serait dangereux qu’au-delà des déclarations communes et des résolutions conjointes, chacun aille négocier ici ou là un avenant national avantageux au dépeçage du monde, un sursis à exécution avant vassalisation. Avec détermination, car les mots ne suffiront pas. ».

 


Enfin, François Bayrou a conclu, en bon agrégé de lettres, par une citation de Jules Romains : « L’événement ne nous laisse pas le choix. Dans les premiers mois de la guerre de 1914, dans un recueil composé au temps du fer, du feu et de la mort qu’il a simplement intitulé "Europe", Jules Romains a écrit ces quelques vers : "L’événement est sur nous. Il a le pas et le poil d’une bête quaternaire". Il voulait simplement dire, lui si souvent accusé d’idéalisme, qu’il est des moments où, devant le risque du pire, devant le réveil de forces primitives et archaïques, on n’a pas le choix. Nous n’avons pas vraiment le choix ; mais ce choix, au moins, est entre nos mains, et c’est la première raison d’espérer. ».

Cette déclaration du gouvernement suivie d'un débat parlementaire a marqué la singularité historique que nous sommes en train de vivre. Emmanuel Macron et François Bayrou sont aux commandes de la France et c'est sans aucun doute les meilleurs dirigeants possibles pour une telle transformation d'abord des mentalités plus que du pays qui, déjà, est en cours de transformation. Bien entendu, les extrémismes sont vérolés par les donneurs d'ordre poutiniens mais leur anti-américanisme est désormais en déshérence, puisque même Marine Le Pen a affirmé son très nouvel amour pour notre allié américain. Le retournement est complet, et la crédibilité nulle.

Les deux têtes de l'exécutif ont longtemps analysé les perspectives historiques de ces changements internationaux, et pour François Bayrou, je peux l'attester, il y réfléchit depuis la chute du mur de Berlin : il a toujours fait ses analyses selon la perspective des valeurs que nous voulons défendre, et celle de la paix ne peut se confondre avec une capitulation devant des "chefs de meute", comme il les a décrits si bien ce lundi 3 mars 2025 devant les députés pour certains émus d'entendre de telles paroles. Merci François Bayrou d'avoir mis des mots à ces profonds changements de paradigme, et merci de l'avoir fait dans l'enceinte de la représentation nationale, au cœur de la démocratie française. Et il faudra passer aux actes.



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 mars 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250303-bayrou-ukraine.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/francois-bayrou-la-france-avait-259655

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/03/article-sr-20250303-bayrou-ukraine.html


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9 mars 2025 7 09 /03 /mars /2025 03:58

« Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée et la Russie renforcée. Washington est devenue la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. » (Claude Malhuret, le 4 mars 2025 au Sénat).



 


Incontestablement, Claude Malhuret y est allé assez fort dès la première phrase de son discours. Président du groupe Les Indépendants, République et Territoires au Sénat, le docteur Claude Malhuret, qui a derrière lui une très longue carrière politique (il était ministre en 1986), et qui vient d'avoir 75 ans ce samedi 8 mars 2025, est un habitué du sens de la formule. Certains aiment faire leur show pour dire n'importe quoi, et plus c'est n'importe quoi, plus c'est un show (autrement dit, plus ça buzze, pour traduire dans la langue d'aujourd'hui).

Alors, évidemment, cela marche mieux avec les populistes, les extrémistes, avec tous ceux qui exagèrent, qui caricaturent, qui extrapolent, qui simplifient, qui falsifient la réalité et les faits, qu'avec des gens raisonnables qui veulent faire entendre le langage de la raison et de la logique. C'est pour cela que l'exercice du sénateur Claude Malhuret est précieux, car des orateurs aussi talentueux que lui sont rares, il faut le saluer.

Il participait au débat parlementaire voulu par le gouvernement sur la situation en Ukraine, qui s'est tenu au Sénat lors de sa séance du mardi 4 mars 2025. Et évidemment, il a évoqué la position de Donald Trump, le Président des États-Unis, qui consiste en un lâchage pur et simple du peuple ukrainien sous les bombes de Vladimir Poutine : « C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis. Le message de Trump est que rien ne sert d’être son allié puisqu’il ne vous défendra pas, puisqu’il vous imposera plus de droits de douane qu’à ses ennemis et vous menacera de s’emparer de vos territoires tout en soutenant les dictatures qui vous envahissent. Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal à plat ventre. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jinping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan. ». L'art du deal à plat ventre, je souligne.

Et Claude Malhuret d'insister sur cette singularité historique : « Jamais dans l’Histoire un Président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun d’entre eux n’a soutenu un agresseur contre un allié, jamais aucun n’a piétiné la Constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs, ou pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale ; c’est un début de confiscation de la démocratie. Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa Constitution. J’ai confiance dans la solidité de la démocratie américaine ; d’ailleurs, le pays proteste déjà. Mais, en un mois, Trump a fait plus de mal à l’Amérique qu’il n’en a fait en quatre ans lors de sa précédente Présidence. ».
 


La réalité est là. Donald Trump s'est couché devant Vladimir Poutine : « Nous étions en guerre contre un dictateur ; nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. Il y a huit jours, au moment même où Trump passait la main dans le dos de Macron à la Maison-Blanche, les États-Unis votaient avec la Russie et la Corée du Nord à l’ONU contre les Européens réclamant le départ des troupes russes. Deux jours plus tard, dans le Bureau ovale, le planqué du service militaire donnait des leçons de morale et de stratégie au héros de guerre Zelensky, avant de le congédier comme un palefrenier en lui ordonnant de se soumettre ou de se démettre. Cette nuit, il a franchi un pas supplémentaire dans l’infamie en stoppant la livraison d’armes pourtant promise. ».

L'enjeu de la résistance de l'Ukraine, c'est l'existence des nations européennes : « La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie figurent déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. Les pays du Sud attendent l’issue du conflit pour décider s’ils doivent continuer à respecter l’Europe ou s’ils sont désormais libres de la piétiner. Ce que veut Poutine, c’est la fin de l’ordre mis en place par les États-Unis et leurs alliés il y a quatre-vingts ans, lequel avait pour premier principe l’interdiction d’acquérir des territoires par la force. Cette idée est à la source même de l’ONU, au sein de laquelle les Américains votent aujourd’hui en faveur de l’agresseur, et contre l’agressé. En effet, la vision trumpienne coïncide avec celle de Poutine : elle défend un retour aux sphères d’influence, les grandes puissances dictant le sort des petits pays. À moi, le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi, l’Ukraine, les Pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui, Taïwan et la mer de Chine… On appelle cela, dans les soirées des oligarques du golf de Mar-a-Lago, le "réalisme diplomatique"… ».

À cet égard, Claude Malhuret a rejoint la position de l'ancien président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Jean-Louis Bourlanges, interrogé le 3 mars 2025 sur France 5, qui remarquait quatre points communs entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping : d'abord, leur autocratisme, la volonté d'avoir un chef qui contrôle tout, comme un parrain clanique ; ensuite, la pratique d'un nationalisme impérial, à savoir l'idée que le monde se réduit à quelques blocs qui se laisseraient faire ce qu'ils veulent dans leur voisinage proche ; troisième tendance, le rejet de tout État de droit, tout contre-pouvoir, musellement de la presse, des réseaux sociaux, de toute opposition ; enfin, quatrième point commun, l'asservissement technologique (en particulier numérique) des peuples, leur surveillance, leur contrôle, leur neutralisation irréversible.

Le sénateur Malhuret a alors abordé la réaction de l'Europe : « Nous sommes donc seuls. Mais le discours selon lequel on ne peut résister à Poutine est faux. Contrairement à ce qu’affirme la propagande du Kremlin, la Russie va mal. En trois ans, la soi-disant deuxième armée du monde n’a réussi à grappiller que des miettes d’un pays trois fois moins peuplé. Les taux d’intérêt à 25%, l’effondrement des réserves de devises et d’or, l’écroulement démographique montrent que ce pays est au bord du gouffre. Le coup de pouce américain à Poutine est la plus grande erreur stratégique jamais commise lors d’une guerre. Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour, à Munich, que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains, et que trois impératifs s’imposent à eux. Tout d’abord, ils devront accélérer la livraison de l’aide militaire à l’Ukraine pour compenser le lâchage américain, faire en sorte que celle-ci tienne et, bien sûr, imposer sa présence et celle de l’Europe dans toute négociation. Cela coûtera cher. Il faudra donc en finir avec le tabou de l’utilisation des avoirs russes gelés. Il faudra aussi contourner les complices de Moscou à l’intérieur même de l’Europe, en formant une coalition des seuls pays volontaires, avec bien sûr le Royaume-Uni. Ensuite, il faudra exiger de tout accord qu’il prévoie le retour des enfants kidnappés et des prisonniers, et qu’il comporte la garantie d’une sécurité absolue. Après Budapest, la Géorgie et Minsk, nous savons ce que valent les accords avec Poutine. Cette garantie passe par une force militaire suffisante pour empêcher toute nouvelle invasion. Enfin, et c’est le plus urgent, parce c’est ce qui prendra le plus de temps, il faudra rebâtir la défense européenne, négligée au profit du parapluie américain depuis 1945 et sabordée depuis la chute du mur de Berlin. C’est une tâche herculéenne, mais c’est sur le fondement de la réussite ou de l’échec de cette construction que seront jugés dans les livres d’histoire les dirigeants de l’Europe démocratique d’aujourd’hui. ».


 


En outre, il a constaté avec joie que même l'Allemagne commence à dire que la France avait raison : « Friedrich Merz vient de déclarer que l’Europe avait besoin de sa propre alliance militaire. C’est reconnaître que la France avait raison depuis des décennies en plaidant pour une autonomie stratégique. Il reste à la construire. Il faudra investir massivement et renforcer le Fonds européen de défense, hors critères de Maastricht, harmoniser les systèmes d’armes et de munitions, accélérer l’entrée dans l’Union de l’Ukraine, laquelle possède aujourd’hui la première armée européenne, repenser la place et les conditions de la dissuasion nucléaire à partir des capacités française et britannique, et relancer les projets de bouclier antimissile et de satellite européens. Le plan annoncé hier par Ursula von der Leyen est un très bon point de départ. Et il faudra beaucoup plus. L’Europe ne redeviendra une puissance militaire qu’en redevenant une puissance industrielle. En un mot, il faudra appliquer le rapport Draghi, et pour de bon. ».

Au-delà de la stratégie, des investissements, de la réindustrialisation, il y a l'aspect moral : « Le vrai réarmement de l’Europe, c’est son réarmement moral. Nous devons convaincre l’opinion face à la lassitude et à la peur de la guerre, et, surtout, face aux comparses de Poutine, l’extrême droite et l’extrême gauche. Ces derniers ont encore plaidé hier, à l’Assemblée Nationale, devant vous, monsieur le Premier Ministre, contre l’unité européenne et la défense européenne. Ils disent vouloir la paix. Ce que ni eux ni Trump ne disent, c’est que leur paix, c’est la capitulation, la paix de la défaite, le remplacement de "De Gaulle-Zelensky" par un "Pétain ukrainien" à la botte de Poutine, la paix des collabos qui ont refusé depuis trois ans toute aide aux Ukrainiens ! Le risque est grand, mais l’humiliation publique de Zelensky et toutes les décisions folles prises depuis un mois ont fini par faire réagir les Américains. Les sondages sont en chute libre, les élus républicains sont accueillis par des foules hostiles dans leurs circonscriptions. Même Fox News devient critique ! Les trumpistes ne sont plus en majesté. Ils contrôlent certes l’exécutif, le Parlement, la Cour suprême et les réseaux sociaux, mais, dans l’histoire américaine, les partisans de la liberté l’ont toujours emporté. Ils commencent à relever la tête… ».

 


Enfin, la conclusion, sans ambiguïté, de cet éloquent exercice de géopolitique et d'histoire des relations internationales : « Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui, aux États-Unis, veulent défendre la démocratie et, ici, de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIe siècle. Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique ! ».

Faut-il alors s'étonner que cet excellent exposé ait été rediffusé aux États-Unis, sur des chaînes comme CNN, et que les vidéos de cette intervention orale aient parfois obtenu plus de 3 millions de vues ? Claude Malhuret, qui a présidé Médecin sans frontières il y a quelque temps, va devenir la coqueluche des citoyens américains sidérés par les premières semaines du mandat de Donald Trump. Il est temps que l'opposition démocrate se réveille et défende, un peu plus vaillamment qu'aujourd'hui, les valeurs fondamentales de la démocratie et de l'État de droit.

À court terme, la vie des Ukrainiens en dépend. Le journaliste Jean Quatremer disait à juste titre ce vendredi 7 mars 2025 sur LCI que chaque mort de civil ukrainien depuis le début de la semaine était de la responsabilité de Donald Trump qui a retiré brutalement l'aide des renseignements américains pour les antimissiles : « Chaque mort supplémentaire est imputable à Donald Trump ! (…) Il faut dire les choses clairement. L'Ukraine se fait pilonner aujourd'hui avec l'aide des Américains, puisqu'ils ont coupé le robinet des renseignements qui permettaient d'intercepter les missiles. ».

À plus long terme, c'est la défense et la protection de l'Europe qui sont en jeu. Merci Claude Malhuret d'avoir exprimé aussi clairement et synthétiquement ce qu'il fallait analyser dans cette situation internationale devenue de plus en plus compliquée. Au fait, vous savez qui est le bouffon de Néron ? Selon certains, il aurait bloqué le compte Twitter du sénateur Malhuret, mais ce dernier aurait lui-même démenti l'information.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 mars 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
Claude Malhuret au Sénat : le spectacle continue !
Ukraine : Claude Malhuret se gausse de Jordan Selfie !
Claude Malhuret sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution le 4 mars 2024 à Versailles.
Claude Malhuret s'en prend à "la pression permanente et déprimante des extrêmes" !
Claude Malhuret dénonce la "mauvaise république" du guide suprême !
L'Iran et les femmes : Claude Malhuret contre la mollarchie.
Passe vaccinal : Claude Malhuret charge lourdement les antivax.
Covid-19 : les trois inepties du docteur Claude Malhuret.



 



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250304-malhuret.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/claude-malhuret-s-en-prend-a-neron-259682

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/04/article-sr-20250304-malhuret.html


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6 mars 2025 4 06 /03 /mars /2025 03:19

« L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. Et oui, la menace revient à l’est et l’innocence en quelque sorte des trente dernières années depuis la chute du mur de Berlin est désormais révolue. » (Emmanuel Macron, le 5 mars 2025 à Paris).




 


Le Président de la République Emmanuel Macron a prononcé une allocution télévisée de quatorze minutes ce mercredi 5 mars 2025 à 20 heures, à la veille d'un Conseil Européen extraordinaire à Bruxelles. Quinze millions de Français l'ont écouté. Ce n'est peut-être pas la plus importante (il y a eu l'annonce du premier confinement le 16 mars 2020, ou encore l'annonce de la dissolution de l'Assemblée, le 9 juin 2024), mais c'est sans aucun doute l'une des plus importantes allocutions télévisées des deux mandats d'Emmanuel Macron depuis 2017.

 


Cette allocution est une sorte d'annonce d'une page qui se tourne dans les relations internationales, telles qu'elles étaient organisées depuis la fin de la guerre. Si Emmanuel Macron a beaucoup critiqué la Russie de Vladimir Poutine, il s'est bien gardé d'en faire de même avec les États-Unis de Donald Trump, même si aujourd'hui, la différence semble ténue, notamment sur le sort de l'Ukraine, mais Emmanuel Macron reste toujours dans l'espoir de convaincre Donald Trump, tant sur l'Ukraine que sur les tarifs douaniers : « Nous continuerons comme je l’ai fait voilà quinze jours à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous. Et j’espère, oui, convaincre et en dissuader le Président des États-Unis d’Amérique. ».

 


Il fallait que les Français soient informés directement par le chef de l'État des derniers rebondissements, nombreux, rapides, dans les relations internationales. En ce sens, l'allocution d'Emmanuel Macron a été excellente : excellente sur la forme, avec un cadre neutre qui s'accommode bien de la gravité du sujet ; excellente sur le fond, sans tenter de dramatiser, en disant les choses simplement, calmement mais fermement, avec lucidité mais aussi avec optimisme. L'idée générale, c'est la fameuse phrase de Pierre Mendès France : gouverner, c'est prévoir. Anticiper, toujours anticiper, c'est que ce fait Emmanuel Macron depuis qu'il a été élu Président de la République.

 


Le tableau a de quoi inquiéter : « Les États-Unis d’Amérique, notre allié, ont changé leurs positions sur cette guerre, soutiennent moins l’Ukraine et laissent planer le doute sur la suite. Dans le même temps, les mêmes États-Unis d’Amérique entendent imposer des tarifs douaniers aux produits venant d’Europe. Enfin, le monde continue d’être sans cesse plus brutal, et la menace terroriste ne faiblit pas. Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines. Il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère. ».

L'abandon de l'Ukraine par les États-Unis montre à l'évidence que l'Europe n'est plus protégée par son allié historique. En fait, on le savait depuis longtemps, cela fait au moins une quinzaine d'années que les États-Unis veulent se tourner vers le Pacifique et que l'Alliance atlantique leur coûte cher. Mais on n'a pas voulu en tirer toutes les leçons, par paresse mais aussi par manque d'argent. Ce qui est nouveau, c'est la brutalité inédite de Donald Trump et de J. D. Vance qui bousculent toutes les convenances.
 


Le premier message d'Emmanuel Macron, dit par lui depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, la guerre en Ukraine, concerne notre sécurité directe, la sécurité de l'Europe et la sécurité de la France : « C’est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté, mais c’est aussi notre sécurité qui est menacée. En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe alors personne ne peut plus être sûr de rien, et c’est la loi du plus fort qui s’applique et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même. L’Histoire nous l’a enseigné. ».

Et au-delà de l'Ukraine, c'est la menace de la Russie de Vladimir Poutine qui est pointée du doigt : « La menace russe est là et touche les pays d’Europe. Nous touche. ».

 


D'une part, Vladimir Poutine a internationalisé le conflit et se bat aussi contre l'Europe et la France au moyen de cyberattaques, mais aussi de nombreuses tentatives d'intimidation dans les airs : « Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens et des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s’armer davantage. La Russie du Président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie et en Moldavie. Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux, pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions, avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux. Et au fond, elle teste nos limites et elle le fait dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières. ».
 


D'autre part, il poursuit dangereusement la militarisation de la Russie : « La Russie dans le même temps continue de se réarmer, dépensant plus de 40% de son budget à cette fin. D’ici à 2030, elle prévoit encore d’accroître son armée, d’avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars et 300 avions de chasse de plus. ».

D'où la question cruciale, que le Président français pose depuis mars 2022 : « Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ? La Russie est devenue au même ou je vous parle et pour les années à venir une menace pour la France et pour l’Europe. Je le regrette très profondément et je suis convaincu qu’à long-terme la paix se fera sur notre continent avec une Russie redevenue apaisée et pacifique, mais la situation que je vous décris et celle-là et nous devons faire avec. ».

Avec le désengagement américain, Emmanuel Macron est enfin écouté par nos amis européens, notamment allemands, britanniques et italiens.

La réaction de la France et de l'Europe doit donc être en rapport avec la menace que la situation a provoquée : « Face à ce monde de dangers, rester spectateurs serait une folie. Il s’agit sans plus tarder de prendre des décisions pour l’Ukraine, pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens. ».
 


Concernant l'Ukraine, Emmanuel Macron redit ce que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit à Donald Trump le 28 février 2025 : on ne peut pas faire confiance à la signature de Vladimir Poutine. Il faut donc se donner les conditions d'une paix durable : « Le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l’abandon de l’Ukraine, bien au contraire. La paix ne peut pas être conclue à n’importe quel prix et sous le diktat russe. La paix ne peut être la capitulation de l’Ukraine. Elle ne peut pas être son effondrement. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile. Et pourquoi ? Parce que là aussi nous avons l’expérience du passé. Nous ne pouvons oublier que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine en 2014, que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk et la même Russie n’a pas respecté ce cessez-le-feu et que nous n’avons pas été capable de les maintenir faute de garanties solides. Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole. ».

Le respect de la paix sera donc l'affaire de tous, et en particulier du continent européen : « Cela passera à coup sûr par un soutien à l’armée ukrainienne dans la durée. Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elle n’irai pas se battre sur la ligne de front, mais seraient là au contraire une fois la paix signée pour en garantir le plein respect. (…) Et je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés : mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas. ».


Il n'y a pas que la guerre en Ukraine, il y a la sécurité de l'Europe en général : « Les États européens doivent, compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Oui, quoi qu’il advienne, il nous faut nous équiper davantage, hausser notre position de défense et cela pour la paix même, pour dissuader. À ce titre, nous restons attachés à l’OTAN et à notre partenariat avec les États-Unis d’Amérique, mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance, en matière de défense et de sécurité. ».

Ainsi, le chef de l'État a évoqué le prochain Conseil Européen du 6 mars 2025 : « Plusieurs décisions seront prises, que la France proposait depuis des années. Les États-membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants. J’ai demandé au gouvernement d’être mobilisé pour que d’une part cela renforce nos armées le plus rapidement possible, et d’autre part que cela accélère la réindustrialisation dans toutes nos régions. Je réunirai avec les ministres compétents les industriels du secteur dans les prochains jours. L’Europe de la défense que nous défendons depuis huit ans devient donc une réalité. Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin sur leur sol, qui sont prêts à davantage coopérer et à réduire leurs dépendances à l’égard du reste du monde et c’est une bonne chose. ».

 


C'est toute l'action européenne d'Emmanuel Macron, dont il a exposé la vision lors de son premier discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, qui se trouve ainsi confortée par les événements. Il a fallu du temps, mais avoir raison trop tôt permet aussi de se préparer plus tôt. C'est ce qui s'est passé avec les deux dernières lois de programmation militaire. Dès l'été 2017, Emmanuel Macron avait annoncé une accroissement du budget de la défense, et en huit ans, le budget a doublé.

 


Mais cela ne suffira pas : « Compte tenu de l’évolution des menaces, de cette accélération que je viens de décrire, nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables. J’ai demandé au gouvernement d’y travailler le plus vite possible. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage. ».

Augmentation du budget et aucune augmentation de la fiscalité, cela signifie réduction d'autres dépenses publiques. Et pourtant, depuis quarante ans, nous sommes incapables de réduire la voilure. Le défi est donc majeur.
 


Ce sera sans doute le message qui passera le plus mal à gauche, qui soupçonnera le Président de la République de vouloir réduire les budgets sociaux. C'est ce qu'avait dit le Premier Ministre François Bayrou, la veille, le 4 mars 2025, à l'Assemblée : « C’est donc un immense effort que nous devons fournir. Si je puis vous dire ce que je pense vraiment, cela va nous obliger à réfléchir à notre modèle, à nos priorités, et à voir différemment le monde que nous pensions connaître et dont nous avons découvert, par l’action de ceux que nous croyions être nos alliés, qu’il était plus dangereux que nous ne l’imaginions. ». Pendant que les États-Unis s'engageaient à défendre la sécurité de l'Europe, les pays européens avaient réduit leur budget de la défense pour profiter d'un modèle social plus avantageux. Il faut revoir cet état de fait.

Chef des armées, Emmanuel Macron a aussi évoqué la dissuasion nucléaire, en coupant court à toutes les désinformations entendues des oppositions. Voici sa réflexion exacte et complète : « Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout. Elle a depuis 1964 de manière explicite toujours joué un rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité en Europe. Mais répondant à l’appel historique du futur Chancelier allemand, j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du Président de la République, chef des armées. ». C'est cette dernière phrase qui est la plus importante : jamais Emmanuel Macron n'a évoqué une seule fois un supposé partage de la décision nucléaire. Jamais !


 


La conclusion à tout cela, c'est qu'il faut continuer à augmenter le budget de la défense pour être capable de se défendre sans les États-Unis, être prêt à riposter le cas échéant au pays agressif qui est actuellement la Russie de Vladimir Poutine. Emmanuel Macron n'a pas donné de montant, mais on dit qu'il faudrait passer de 50 à 90 milliards d'euros par an dans le budget de l'État qui est déjà très déficitaire.

 


D'où cet appel à la classe politique (et aux milieux économiques) pour changer notre perception et imaginer de nouvelles solutions : « Au total, le moment exige des décisions sans précédent depuis bien des décennies. Sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie, sur toutes nos politiques publiques nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que naguère. C’est pourquoi j’ai demandé au Premier Ministre et à son gouvernement et j’invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays à leurs côtés, à faire des propositions à l’aune de ce nouveau contexte. Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d’hier. ».

Pour Emmanuel Macron, ce qui est en jeu, ce sont nos valeurs : « La France ne suivra qu’un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté, fidèle en cela à son Histoire et ses principes. Oui c’est ce en quoi nous croyons pour notre sécurité, et c’est ce en quoi nous croyons aussi pour défendre la démocratie, une certaine idée de la vérité, une certaine idée d’une recherche libre, du respect dans nos sociétés, une certaine idée de la liberté d’expression qui n’est pas autour des discours de haine, une certaine idée de l’humanisme. C’est cela que nous portons et qui se joue. Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents pour être à la hauteur de cette époque, et que nous nous comparions aux États-Unis d’Amérique et a fortiori à la Russe, nous en avons les moyens. ».

Ce qui a expliqué également que le chef de la Nation ait fait appel à tous les citoyens, qui doivent prendre conscience que l'époque évolue à grande vitesse : « Nous devons donc agir en étant unis en européens et déterminés à nous protéger. C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires et les budgets sont une chose mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une Nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements. ».

Cet appel a eu déjà des effets positifs dès cette soirée-là : beaucoup de demandes ont été faites sur Internet pour devenir réservistes. Et d'un point de vue politique, si Emmanuel Macron ne cherchait pas à convaincre ni les insoumis ni le RN, il a réussi son objectif premier : convaincre le PS qui est d'accord sur le principe d'une hausse du budget de la défense en raison de l'évolution inquiétante des derniers événements. Parfois, la stabilité s'obtient grâce aux crises. Ce sera peut-être le cas ici, la fragilité institutionnelle du gouvernement actuel pourrait paradoxalement en faire sa force première pour prendre des décisions courageuses, dans l'intérêt national.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 mars 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 5 mars 2025 (texte intégral et vidéo).
François Bayrou : la France avait raison !
Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
3 ans de guerre en Ukraine.
Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
L'Europe face à Poutine.
Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
François Fillon et ses relations avec la Russie.
Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Condoléances cyniques.
Mort d'Evgueni Prigojine.

Sergueï Kirienko.
Victoria Amelina.

L'effondrement du pouvoir de Poutine.
Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
Poutine en état d'arrestation !
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Les massacres de Boutcha.
Le naufrage du croiseur russe Moskva.
L’assassinat de Daria Douguina.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
L'avis de François Hollande.
Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !


 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250305-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/emmanuel-macron-la-patrie-a-besoin-259716

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/03/05/article-sr-20250305-macron.html


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1 mars 2025 6 01 /03 /mars /2025 03:55

« Il y a un agresseur, la Russie, et un peuple agressé, l'Ukraine. Je pense que nous avons tous eu raison d'aider l'Ukraine depuis trois ans. » (Emmanuel Macron, le 28 février 2025 à Porto).



 


Voilà de quoi remettre l'église au centre du village. Emmanuel Macron a eu raison de rappeler cet élément majeur : c'est Vladimir Poutine qui tente d'envahir l'Ukraine depuis trois ans, pas le contraire !

Scène diplomatique sans précédent à la Maison-Blanche, à Washington, ce vendredi 28 février 2025 vers 18 heures 30, heure de Paris (midi et demi à Washington). La rencontre entre le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Président américain Donald Trump a tourné au fiasco. Absent de la rencontre, un homme s'est frotté les mains, et a bu du petit lait, le Président russe Vladimir Poutine.

Ceux qui projetaient sur Donald Trump l'arrivée d'un demi-dieu en seront pour leurs frais : la clique de Trump n'est revenue au pouvoir que pour des objectifs sonnants et trébuchants. Leur seule valeur, c'est l'argent. Le pognon, le fric ! Ils s'intéressent à l'Ukraine uniquement pour ses minerais de terres rares, matériaux stratégiques pour la micro-électronique. Le reste, ils s'en moquent. Ils s'en lavent les mains.

 


Les partisans de Trump veulent dérober la richesse de l'Europe tout en refusant la contrepartie, à savoir continuer à protéger militairement l'Europe par l'OTAN. La France, dans ce cadre, est mieux reconnue comme un acteur de défense majeur grâce à sa dissuasion nucléaire.

Ils se moquent de la sécurité de l'Europe, et les Européens auraient dû le prévoir depuis longtemps. Le Président français Emmanuel Macron ne cesse de répéter depuis trois ans, voire depuis huit ans, qu'il faut que les Européens puissent organiser leur défense en toute indépendance des États-Unis. Depuis les élections fédérales du 23 février 2025 en Allemagne, il a désormais un nouvel allié géostratégique de poids avec Friedrich Merz, probable futur Chancelier allemand et la pire option pour Vladimir Poutine. Olaf Scholz n'avait rien compris au changement de paradigme des relations internationales.


 


D'ailleurs, c'est ce que disait la journaliste Marion Van Renterghem le 27 février 2025 sur France 5 : « Trump, Poutine et Xi veulent diviser l’Europe pour la détruire. La bêtise des souverainistes qui les soutiennent en France et en Europe est de ne pas voir que s’il n’y a plus d’Europe, il n’y aura plus de souveraineté nationale du tout. ».

 


On avait considéré la venue du Président Zelensky à Washington comme une marque d'estime du nouveau gouvernement américain. Erreur ! Ce n'était qu'un piège politique à usage de politique intérieure. Le dialogue filmé en direct du bureau ovale de la Présidence des États-Unis était surréaliste, mais il avait un but, influencer "l'opinion publique" américaine. Pour preuve, le tweet du désormais pseudo-ministre Elon Musk après la rencontre : « Zelensky s'est détruit aux yeux du peuple américain. ».

Tout était prévu depuis longtemps, le lâchage du peuple ukrainien par Donald Trump. Ce dernier a laissé son Vice-Président J. D. Vance attaquer Volodymyr Zelensky avec des arguments grossiers et stupides : vous devez être reconnaissants envers les États-Unis, vous devez les remercier, etc.

 


Le pire, c'est lorsque Donald Trump a expliqué au Président ukrainien que son pays était en difficulté, qu'il manquait de troupes, qu'il allait perdre la guerre. On aurait pu imaginer un tel dialogue avec Vladimir Poutine, mais pas venant du principal soutien dans la guerre. Donald Trump a donné des arguments à Vladimir Poutine pour qu'il continue la guerre d'agression contre l'Ukraine et ne lâche rien.

C'était ce qu'anticipait l'ancien ambassadeur de France à Washington Gérard Araud, lorsqu'il expliquait le 27 février 2025 sur LCI : « Vous avez le chef d'un pays qui se bat depuis trois ans contre les envahisseurs, et son principal soutien est en train de le poignarder dans le dos tout en le rackettant. ».

Donald Trump est non seulement le roi de l'individualisme et de l'égoïsme, en bon vautour, mais aussi le roi de la prétention. Volodymyr Zelensky a expliqué qu'il était inutile de vouloir négocier des accords avec Vladimir Poutine parce qu'il les violait allègrement depuis 2014. Alors Donald Trump lui a dit que le Président russe les violait quand c'était Barack Obama ou Joe Biden, mais avec lui, impossible ! Quel atout il a pour empêcher Vladimir Poutine de gruger l'Amérique de Trump ? Mystère ! Un vieillard de presque 79 ans qui se croit plus malin que les autres.

 


Certains éditorialistes outre-atlantiques considèrent que la volonté de Donald Trump pour conclure un accord de paix avec Vladimir Poutine est un peu comme celle de Neuville Chamberlain pour faire la paix à Munich. Mais il y a une grande différence : Neuville Chamberlain (pour les Britanniques) et Édouard Daladier (pour les Français) ont eu honte de leur lâcheté d'abandonner la Tchécoslovaquie aux mains de Hitler dans l'objectif de préserver la paix, ce qui fut un soulagement très illusoire et de très courte durée.

Lisons ce que dit Wikipédia de cet épisode du 30 septembre 1938 à Munich des relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et l'Allemagne de Hitler : « Chamberlain lui lit un document de trois paragraphes intitulé "accord anglo-allemand", dans lequel les deux nations considèrent les accords de Munich comme "un symbole de la volonté de nos deux peuples de ne plus jamais entrer en guerre". Les deux hommes signent le document immédiatement. Par la suite, lorsque le Ministre des Affaires étrangères du Reich, Joachim von Ribbentrop, reproche à Hitler la signature de ce document, le Führer lui répond qu’il est "inutile de le prendre au sérieux. Ce morceau de papier n’a absolument aucune valeur". À l’inverse, lorsqu’il retourne à son hôtel pour le déjeuner, Chamberlain tapote sa poche de poitrine en disant : "Je l’ai118 !". Les nouvelles précèdent son retour à Londres et y sont accueillies avec joie, hormis par Churchill et ses partisans. ». Churchill, comme Chamberlain, étaient des conservateurs. Le premier a succédé au second le 10 mai 1940, lors de l'avancée rapide des nazis sur le front ouest.

 


Il y a effectivement une grande différence avec la situation actuelle. Donald Trump, lui, pense pouvoir obliger Vladimir Poutine à respecter un éventuel accord de paix, mais de toute façon, il ne se sentira pas du tout lâche en interrompant le soutien inconditionnel à l'Ukraine et il l'assumera : il n'a rien à faire de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de son indépendance. Elle n'est qu'un magasin à matériaux, qu'on peut piocher tant qu'il est encore temps.

De plus en plus de Français, et même d'Européens, commencent à se rendre compte que l'action diplomatique d'Emmanuel Macron depuis 2022 est très pertinente. Il est toujours terrible d'avoir raison avant tout le monde. La haine développée par certains contre Emmanuel Macron a fait l'effet d'un aveuglément ou d'une surdité devant les graves enjeux du bouleversement des relations internationales depuis une dizaine d'années. Heureusement, Emmanuel Macron assure ! Sa réunion européenne à l'Élysée le 17 février 2025 l'a démontré.

 


Cet épisode du 28 février 2025 restera dans les mémoires comme le triste exemple d'un retournement complet d'alliance, et disons-le, d'une trahison. Dans l'une des vidéos sur Youtube, il y a des réactions assez saines. Ainsi, un internaute parlait déjà au futur antérieur : « Cette rencontre entre Trump, Zelensky et J. D. Vance restera dans l'histoire et inspirera certains enseignements en sciences politiques. ». Un autre se désolait : « Sûr ! La plus grande honte de l'exécutif américain depuis la fondation de ce pays. ».

Le Président Zelensky a claqué la porte et a quitté prématurément la Maison-Blanche sans tenir de conférence de presse commune et sans convenir d'un accord. Pour autant, rien n'est encore figé. Les discussions pourraient reprendre. Le Président ukrainien a même envoyé un tweet encourageant : « Merci l'Amérique, merci pour votre soutien, merci pour cette visite. Merci POYUS, le Congrès et le peuple américain. L'Ukraine a besoin d'une paix juste et durable, et c'est précisément dans ce but que nous travaillons. » [POTUS, c'est Donald Trump, President Of The United States].

Mais aujourd'hui, incontestablement, Vladimir Poutine peut se réjouir de la situation : ses trolls et ses désinformateurs en Europe et en Amérique ont été efficaces. Certains y ont même pris le pouvoir.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 février 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Ukraine : Trump, porte-parole de Poutine !
3 ans de guerre en Ukraine.
Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
L'Europe face à Poutine.
Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
François Fillon et ses relations avec la Russie.
Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Condoléances cyniques.
Mort d'Evgueni Prigojine.

Sergueï Kirienko.
Victoria Amelina.

L'effondrement du pouvoir de Poutine.
Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
Poutine en état d'arrestation !
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Les massacres de Boutcha.
Le naufrage du croiseur russe Moskva.
L’assassinat de Daria Douguina.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
L'avis de François Hollande.
Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !










https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250228-ukraine.html

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/ukraine-trump-porte-parole-de-259598

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/28/article-sr-20250228-ukraine.html



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24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 03:38

« Nous avons besoin d’un changement de politique, notre main est tendue, on doit juste la prendre. » (Alice Weidel, de l'AfD, le 23 février 2025).




 


Comme prévu, la coalition sortante composée du SPD (sociaux-démocrates), des Verts (écologistes) et des libéraux démocrates (FDP), s'est effondrée aux élections fédérales allemandes anticipées de ce dimanche 23 février 2025. Il faut dire que cette convocation précipitée des électeurs provenait justement de l'éclatement de cette coalition feu tricolore.

La première information est que ces élections fédérales ont été très suivies par le peuple allemand. Alors qu'aux précédentes élections fédérales du 26 septembre 2021, la participation était à 76,4% des inscrits, celle des élections de ce 23 février 2025 a été de 83,0%, ce qui est très important.


Selon les projections en pourcentages à 21 heures 46, le SPD n'est arrivé qu'en troisième position avec seulement 16,5% des voix (perte de 9,2 points), les Verts ont perdu 3,0 points avec 11,7% des voix, et, c'est sûr, les libéraux démocrates du FDP n'auront plus de représentation au Bundestag puisqu'ils n'ont pas atteint le seuil de 5% (ils n'ont eu que 4,4% des voix, soit une perte de 7,0 points). En gros, la coalition qui dirigeait l'Allemagne depuis décembre 2021 a perdu près de 20% de l'électorat en trois ans.
 


Le Chancelier sortant Olaf Scholz a donc de quoi... chanceler ! Il n'a jamais réussi à asseoir son autorité, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Allemagne. Il a dû assumer la politique énergétique catastrophique de sa prédécesseure, Angela Merkel, qui a arrêté le nucléaire pour se mettre sous la protection du ...gaz russe au moment où la Russie devenait menaçante. L'industrie, en particulier l'industrie automobile, a montré des signes inquiétants de faiblesse et un réorientation de la politique industrielle s'avère indispensable. Quant aux nouveaux enjeux géopolitiques de l'Europe, Olaf Scholz n'a pas su faire évoluer radicalement la réflexion sur l'Europe depuis la guerre en Ukraine.

Mais c'est bien évidemment la perte de repère, l'insécurité et l'immigration qui ont dominé la campagne électorale, d'autant plus que des attentats ont eu lieu, dont à voiture bélier à Munich, à quelques jours du scrutin (et aussi celui de Magdebourg).


 


La CDU a incontestablement gagné ces élections et son leader Friedrich Merz peut être à peu près certain qu'il sera le prochain Chancelier allemand. Son retour est presque une divine surprise pour lui. Rival récurrent d'Angela Merkel au sein de la CDU depuis le début des années 2000, il avait fini par quitter la vie politique et faire des affaires (et faire fortune) dans les milieux économiques. Son retour était pourtant attendu car il a durci son discours sur l'immigration, regrettant la politique d'accueil des réfugiés d'Angela Merkel des années 2010. Et il est aussi un fervent défenseur de l'énergie nucléaire et en a beaucoup voulu à Angela Merkel d'avoir rendu l'Allemagne économiquement dépendante de la Russie.

Toujours selon les premiers résultats du dimanche soir, la CDU/CSU (que je résume en CDU) aurait 28,5% des voix, soit 4,4 points de plus qu'en 2021. Cependant, ce sera très insuffisant pour gouverner seul et la CDU ne pourra pas compter sur son allié traditionnel qui lui a fait faux bond en 2021, à savoir le FDP, grand perdant de ces élections(et dont le chef de file, à l'origine de l'éclatement de la coalition sur le budget 2025, vient de démissionner).

Comme en France, parallèlement à la forte audience électorale en faveur de l'extrême droite (j'y reviens juste après), il y a aussi une forte fièvre de l'extrême gauche populiste : Die Linke a amélioré son score de 3,8 points avec 8,7% des voix et la BSW atteindrait le seuil de 5% des voix (parti issu de Die Linke créé il y a un an). Le total de l'extrême gauche n'est pas loin du score du SPD.
 


L'autre grand gagnant de ces élections, et c'est historique, c'est bien sûr le parti d'extrême droite d'Alice Weidel, à savoir l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), ouvertement xénophobe et prorusse (créée en 2013), qui a doublé son score de 2021, dépassant le SPD au niveau national, et atteignant la deuxième place avec 20,5% des voix (soit 10,1 points de plus).

En fait, on le voit bien sur la courbe de l'histoire des élections, l'électorat de l'AfD empêche une victoire complète de la CDU qui, n'atteignant pas 30%, est loin de ses scores des victoires antérieures (de l'ordre de 40%). L'AfD est très présente dans l'ex-Allemagne de l'Est, avec la première place, dépassant du double le deuxième parti de l'Est, à savoir la CDU : l'AfD y a atteint 34,0% des voix (17,8% pour la CDU et 11,3% pour le SPD, moins que Die Linke avec 13,2%). L'AfD n'a eu que 17,7% dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest.
 


Dans les projections en sièges, il semblerait à peu près certain qu'une coalition entre la CDU et l'AfD pourrait bénéficier d'une majorité absolue ; elle totaliserait à eux deux entre 338 et 358 sièges sur 630, soit plus de 316. Mais l'arithmétique n'est pas la politique. Jusqu'à maintenant, les dirigeants de la CDU ont toujours refusé une alliance (contre-nature) avec l'AfD.

Pour autant, Alice Weidel a déclaré dimanche soir qu'elle était prête à gouverner avec la CDU : « Notre main sera toujours tendue pour participer à un gouvernement et pour remplir la volonté du peuple. ». Un sondage proposé par la ZDF a cependant montré que ce n'était la coalition qui aurait la préférence du plus grand nombre des Allemands : 20% des sondés seraient favorables à une coalition CSU-AfD et 74% contre. La coalition qui a reçu le plus d'approbation (38% des sondés) reste l'alliance CDU-SPD (la grande coalition), 47% des sondés y seraient opposés.
 


Cette alliance CDU-SPD pourrait avoir la majorité absolue dans un cas ou manquer quelques sièges dans l'autre cas, et pour ce second cas, il faudrait aussi une alliance avec le Verts, mais une coalition CDU-SPD-Verts n'auraient pas plus de soutien qu'une coalition CDU-AfD parmi les sondés (20% dans les deux hypothèses).

Le choix de Friedrich Merz sera donc historique : ou il reste sur la position d'aucun accord avec l'AfD et c'est risquer l'immobilisme avec une coalition insatisfaisante CDU-SPD, et dans ce cas, la victoire de l'AfD aux prochaines élections serait une hypothèse plausible ; ou il part à l'aventure politique et morale en s'alliant avec l'AfD, au risque de s'aliéner ses électeurs modérés et de rompre la tradition politique depuis la chute du nazisme.
 


Au fond, le paysage politique de l'Allemagne est peu différent de celui de la France. Il y a trois pôles incompatibles, le bloc central qui se traduit en Allemagne par la CDU et le FDP (désormais inexistant), le pôle d'extrême droite avec l'AfD, et un pôle de gauche composé d'une gauche gouvernementale (le SPD) qui pèse quasiment le même poids électoral qu'une extrême gauche populiste multiforme représentée par Die Linke et la BSW. Un exemple supplémentaire pour refuser absolument le scrutin proportionnel en France dont la classe politique n'est pas capable de négocier des coalitions stables en cas d'absence de majorité (la démonstration par l'absurde est en train de se dérouler depuis cet été).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 février 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Allemagne 2025 : victoire de Friedrich Merz (CDU).
Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
Friedrich Merz.
Olaf Scholz.
Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Konrad Adenauer.
Daniel Cohn-Bendit.
Volkswagen.
Hans Modrow.
Dmitri Vrubel.

Le mur de Berlin.
La chute du mur de Berlin.
La Réunification allemande.
Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
Maus.
Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
Le testament de Benoît XVI.
Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
L’Église de Benoît XVI.
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
Bonne retraite, Frau Merkel !
Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?

 



https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20250223-allemagne.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/allemagne-2025-victoire-de-259481

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2025/02/23/article-sr-20250223-allemagne.html



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22 février 2025 6 22 /02 /février /2025 03:18

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. (…) Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. (…) Ce n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. (…) Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ? » (Paul Valéry, 1919).



 


Le lundi 24 février 2025, cela fera trois ans que l'Ukraine est en guerre. Il faut bien comprendre que l'Ukraine est un pays similaire à d'autres pays en Europe, Kiev est comme Bucarest, Varsovie, Prague, Berlin, Madrid ou Paris, une grande capitale européenne avec beaucoup d'activité économique, culturelle, touristique.

Il faut imaginer que l'Ukraine ressemble aujourd'hui, dans sa partie est, au même enfer que le front du nord-est de la France pendant la Première Guerre mondiale. On peut faire le même parallèle. Les soldats russes, en envahissant l'Ukraine par le nord, depuis la frontière biélorusse, étaient comme nos Poilus d'août 1914 ; ils pensaient que leur expédition durerait quelques semaines, peut-être deux ou trois mois, et qu'ils reviendraient victorieux dans leur chaumière, la guerre finie. Pour l'Ukraine, c'est sans doute pire, car l'autocrate de Moscou comptait remporter la victoire en quelques jours, comme les troupes soviétiques avaient réussi à mettre sous contrôle la Tchécoslovaquie en 1968 ou la Hongrie en 1956. C'est-à-dire sans combat réel.

Les centaines de milliers de morts du côté russe comme du côté ukrainien sont de la responsabilité unique d'un homme, Vladimir Poutine, va-t-en-guerre nationaliste qui, pour réaliser la Grande Russie, n'a pas hésité tant à tuer cette multitude de personnes qu'à remettre en cause les règles élémentaires du droit international, et cela dès mars 2014 et l'annexion de la Crimée.


 


Ni l'Ukraine qui ne demandait qu'à être libre de décider son destin comme elle l'entend, ni l'OTAN qui n'était pas présente en Ukraine, ne constituaient une menace pour la Russie sauf dans le cerveau paranoïaque de Vladimir Poutine. Du reste, on a bien vu que la situation de la Russie est moins favorable aujourd'hui qu'hier car la tentative d'invasion de l'Ukraine a poussé la Finlande et la Suède à adhérer immédiatement à l'OTAN, alors que ces deux pays voulaient rester neutres (mais ils ont maintenant peur d'être envahis par la Russie). Si la prétendue opération militaire spéciale avait pour but de réduire les menaces avec l'OTAN, elle a été fortement contre-productive, d'autant plus qu'elle a fait exploser le patient travail de crédibilité internationale qu'avait pourtant réalisé Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000 pour la Russie.

Il faut saluer la résistance extraordinaire des Ukrainiens qui ont refusé de subir la décision de Vladimir Poutine, et en particulier de leur Président de la République Volodymyr Zelensky qui, par son courage et sa détermination, a maintenu la continuité de la nation ukrainienne. Contrairement à ce qui est proclamé par les désinformateurs professionnels qui n'abusent personne, même en fin de mandat, Volodymyr Zelensky est légitime car l'état de guerre du pays empêche constitutionnellement l'organisation d'élections libres et sincères. D'ailleurs, la question se poserait de définir correctement la liste électorale, si les habitants par exemple d'une zone annexée unilatéralement par la Russie mais encore sous contrôle militaire de l'Ukraine pourraient voter ou pas, etc.

Ce que certains courants politiques en Europe refusent volontairement de comprendre, c'est que la guerre en Ukraine concerne toute l'Europe, nous concerne, et le risque d'extension de la guerre par Vladimir Poutine est réel dès lors qu'il a évoqué la Grande Russie : les États baltes, la Roumanie, la Pologne, et bien sûr la Moldavie et la Géorgie dont le malheur commun est de ne pas appartenir à l'Union Européenne, sont sous la menace de nouvelles invasions poutiniennes.


Jusqu'à maintenant, l'allié américain était au rendez-vous de l'histoire et a aidé l'Europe dans sa défense, trop conscient de l'intérêt stratégique à protéger ses alliés les plus fidèles. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a juste un mois a considérablement changé la donne du continent européen.

 


D'une part, Donald Trump ne connaît que le langage de l'argent : si à court terme, il en fera profiter le peuple américain, ce qui reste à démontrer (l'augmentation des taxes douanières, c'est les consommateurs américains qui paieront !), à long terme, c'est une hérésie stratégique de se mettre à dos ses alliés les plus proches en valeurs. La dernière sortie de Donald Trump contre Volodymyr Zelensky sous prétexte qu'il a refusé de brader ses minerais précieux est particulièrement inquiétante dans la mesure où le Président américain serait prêt à aller jusqu'au bout de son chantage pécuniaire et à pactiser avec le tyran russe.

D'autre part, ce retournement des États-Unis qui voudraient négocier avec la Russie sans l'Ukraine et sans l'Europe est également très inquiétant. Il nous rappelle que rien n'est jamais immuable et que rien n'est jamais acquis dans les relations internationales, et ce sont les naïfs les premières victimes.
 


Cette instabilité internationale pourrait, je l'espère, provoquer une réaction salutaire, une sorte d'électrochoc dont seulement deux issues sont possibles : ou la mort, ou le réveil vers une Europe totalement indépendante des États-Unis, c'est-à-dire avant tout militairement indépendante des États-Unis.

Cela signifierait que la France est un pays crucial dans cette optique. Seul pays à disposer d''armes de dissuasion nucléaire à l'intérieur de l'Union Européenne, il est bien sûr la cible privilégiée de Vladimir Poutine qui n'a jamais cessé d'inonder la France de manipulateurs, désinformateurs, etc.

Et la France, consciente de cet état de fait, a su prendre ses responsabilités. On avait ironisé sur Emmanuel Macron lorsqu'il avait cherché à négocier, avant la guerre, avec Vladimir Poutine jusqu'à être reçu au Kremlin autour d'une immense table, tellement caricaturale qu'un auteur de romans aurait été incapable d'imaginer une telle situation. Aujourd'hui, on commence à se dire qu'Emmanuel Macron avait eu raison de quand même tenter la méthode diplomatique avant l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. À l'instar de Jacques Chirac cherchant à dissuader les Américains d'envahir l'Irak en 2003-2004. En vain.

 


Emmanuel Macron n'a jamais failli à ses responsabilités diplomatiques et militaires et c'est l'honneur de la France. La réunion décidée très rapidement des Européens autour d'Emmanuel Macron à l'Élysée le lundi 17 février 2025 a montré une évidente réactivité européenne face à une collusion possible entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

En France, les trolls pro-Poutine qui submergent les réseaux sociaux et le Web participatif de la parole du Kremlin depuis une vingtaine d'années, dont la motivation est anti-américaine par excellence, vont devoir changer radicalement leur mode de pensée avec la complicité d'un Donald Trump qui ne voudrait batailler que contre la Chine, si possible seulement économiquement.


Et l'Europe dans tout ça ? Il n'y pas de mystère, il n'y a qu'une seule décision que chaque État européen doit prendre pour résister aux enragements guerriers de Vladimir Poutine et à l'abandon lâche et vénal des États-Unis : il faut que chaque nation investisse massivement dans sa défense militaire, qu'il engage au moins 5% de son PIB pour son armée et son armement. C'est la seule réponse admissible, la seule qui peut être efficace pour engager un rapport de force avec un autocrate qui ne connaît que cette logique : combien de canons ? combien de divisions ?

Bien entendu, dépenser beaucoup plus en défense signifie réduire drastiquement d'autres budgets, et le seul budget qu'on peut réduire de manière drastique, en France, c'est celui des aides sociales, quelles qu'elles soient. Voulons-nous exister en tant que nation indépendante ou acceptons-nous de couler avec nos 35 heures, notre énième semaine de congé, avec notre retraite par répartition complètement déficitaire, etc. ? Elle est là la réforme de l'État : réaffecter les enveloppes budgétaires pour être sérieusement défendus par nos armées, tant de manière conventionnelle qu'avec la dissuasion nucléaire (qui ne suffit pas seule à défendre le pays).
 


On aurait pu penser que la classe politique française, inquiète de la situation internationale, propose des solutions, qui pourraient se résumer à du sang et des larmes. Eh bien, pas du tout. Au contraire, depuis l'été 2024, c'est à celui qui rasera le plus gratis, c'est à celui qui promettra le plus de clientélisme, avec une solution miracle, on taxe les riches, ce qui aura pour effet de taxer tout le monde (on est toujours le riche de quelqu'un), et pour autre effet de repousser à l'extérieur de la communauté nationale les vrais riches qui créent de la valeur ajoutée et qui ont les moyens de se délocaliser.

Il suffit de regarder le débat politique ultrapauvre de ces derniers jours. Un jour, les socialistes, en pleine perspective de congrès interne, déposent une motion de censure pour dire qu'ils sont dans l'opposition tout en faisant attention qu'elle ne soit pas vraiment adoptée car il ne faut pas exagérer, juste pour un mot prononcé par le Premier Ministre. Jeu de rôles mortifère pour un observateur étranger. Un autre jour, un potentiel candidat à l'élection présidentielle, habitué à la teinte de cheveux... mais en gris !, au lieu de présenter aux Français ses vues sur l'état du monde, sa vision géostratégique pour la France, ne cherche qu'à opposer les uns aux autres juste pour prendre un éventuel avantage sur un ministre dans la même course à l'échalote. Niveau zéro de la vie politique. Dire que ces deux partis représentaient les deux tiers de l'électorat il y a encore une dizaine d'années !

Bref, on n'est dans une situation pire que celle du Front populaire qui imaginait des congés payés, des augmentations, des loisirs, alors que Hitler remilitarisait à outrance l'Allemagne. Il y a un côté hors-sol des Français, j'écris bien des Français et pas seulement de leur classe politique qui ne fait que répondre aux désirs des électeurs par sondages interposés.


 


Le réveil, si réveil il y a (on peut mourir sans s'être réveillé), va être bien lourd à assumer. Tant pour les responsables politiques que pour les Français eux-mêmes. Rappelez-vous, en 1918, cela devait être la der des der.

Dans "La Crise de l'esprit", publié en 1919, Paul Valéry poursuivait : « Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l’Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu’elle ne se reconnaissait plus, qu’elle cessait de se ressembler, qu’elle allait perdre conscience (…). Et dans le même désordre mental, à l’appel de la même angoisse, l’Europe cultivée a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensées : dogmes, philosophies, idéaux hétérogènes ; les trois cents manières d’expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumière intellectuelle a étalé ses couleurs incompatibles, éclairant d’une étrange lueur contradictoire l’agonie de l’âme européenne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiévreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d’autrefois, les moyens de se défaire des fils de fer barbelés, de déjouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l’âme invoquait à la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations qu’elle savait, considérait sérieusement les plus bizarres prophéties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antérieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont là les produits connus de l’anxiété, les entreprises désordonnées du cerveau qui court du réel au cauchemar et retourne du cauchemar au réel, affolé comme le rat tombé dans la trappe… ».



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 février 2025)
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Pour aller plus loin :
3 ans de guerre en Ukraine.
Zelensky : Poutine, c'est l'anti-Europe !
L'aide de la France à l'Ukraine le 6 juin 2024.
Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.
Débat parlementaire sur l'Ukraine : les masques tombent en France !
Ukraine : Sophia Aram traite à la sulfateuse les néopacifistes à la notoriété déclinante !
L'Europe face à Poutine.
Ukraine : Emmanuel Macron est-il un va-t-en-guerre ?
Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
François Fillon et ses relations avec la Russie.
Ukraine : Gabriel Attal attaque durement le RN et Marine Le Pen !
Soutien à l'Ukraine : la conférence de l'Élysée pour une défense européenne.
Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos).
2 ans de guerre en Ukraine : Poutine zéro en histoire !
Amitié franco-ukrainienne : fake news et accord de coopération.
Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Condoléances cyniques.
Mort d'Evgueni Prigojine.

Sergueï Kirienko.
Victoria Amelina.

L'effondrement du pouvoir de Poutine.
Putsch en Russie : faut-il sauver le soldat Poutine ?
Poutine en état d'arrestation !
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
Kherson libéré, mais menace nucléaire ?

Volodymyr Zelensky demande l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'OTAN.
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Les massacres de Boutcha.
Le naufrage du croiseur russe Moskva.
L’assassinat de Daria Douguina.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
L'avis de François Hollande.
Les valeurs valent mieux que les bénéfices !
Poutine paiera pour les morts et la destruction de l’Ukraine.
Ukraine en guerre : coming out de la Grande Russie.
Robert Ménard, l’immigration et l’émotion humanitaire.
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !


 



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https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/3-ans-de-guerre-en-ukraine-259373

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30 janvier 2025 4 30 /01 /janvier /2025 03:26

« [L'Angleterre] n’entrera dans la Communauté Européenne, que lorsqu’elle aura répudié à la fois son rêve impérial et sa symbiose avec les Américains. Autrement dit, quand elle se sera convertie à l’Europe. » (De Gaulle, le 16 janvier 1963).





 


Cela fait maintenant cinq ans que le Brexit est effectif. En effet, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union Européenne le 31 janvier 2020. Revenons sur la chronologie et sur les conséquences.

Le Royaume-Uni a intégré la CEE le 1er janvier 1973, après la levée du veto français à l'époque de De Gaulle. Cette adhésion était politiquement et historiquement cruciale pour le continent européen. L'histoire a cependant démontré que cette adhésion a été un échec, puisqu'il y a eu séparation moins de cinquante années plus tard (la seule séparation pour le moment).

Pour des raisons électoralistes, le Premier Ministre britannique David Cameron s'est fait réélire sur la promesse d'organiser un référendum sur le Brexit, en pensant que le maintien du pays aurait été approuvé par le peuple britannique. Sauf que la démagogie des populistes a réussi à convaincre une majorité d'électeurs (51,9%) de voter en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016, si bien que cela a ouvert une période d'incertitude économique tant au Royaume-Uni qu'en Union Européenne. Et aussi d'instabilité politique au Royaume-Uni.

La chronologie est la suivante : le 13 juillet 2016, Theresa May a succédé à David Cameron après l'échec de ce dernier. La nouvelle Première Ministre a souhaité aller jusqu'au bout du Brexit malgré certaines opinions proposant d'interrompre le processus. Le 1er octobre 2016, l'ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier a été nommé négociateur en chef pour le compte de l'Union Européenne (jusqu'au 31 mars 2021). En face de lui, pour le compte du Royaume-Uni, David Davis. Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni a officiellement activé l'article 50 du Traité de Lisbonne, amorçant le processus de séparation.

Les profondes divisions au sein de majorité conservatrice (notamment sur le statut de l'Irlande du Nord) ont provoqué l'arrivée de Boris Johnson le 24 juillet 2019 au 10 Downing Street. Après bien des difficultés provenant encore des divisions des conservateurs, un projet d'accord a été conclu contre le Royaume-Uni et l'Union Européenne le 17 octobre 2019 (des députés européens britanniques ont donc été élus en mai 2019 et ont siégé pour une courte période au Parlement de Strasbourg).

La sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union Européenne a eu lieu le 31 janvier 2020. Une période transitoire s'est alors déroulée pendant onze mois, le temps de négocier un nouvel accord commercial (qui a été finalement conclu le 24 décembre 2020). Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni a quitté définitivement le marché unique avec le retour des contrôles douaniers et (à partir du 1er octobre 2021), la nécessité d'un passeport pour franchir la Manche. Aux élections de 2024, les conservateurs ont perdu le pouvoir après une instabilité de leurs gouvernements (deux autres Premiers Ministres se sont succédé après Boris Johnson).


Dès l'annonce des résultats du référendum en 2016, une majorité de sondés regrettait déjà le Brexit. Sur le plan économique, il est difficile d'évaluer exactement les conséquences économiques dues au Brexit car la période coïncide avec la crise du covid-19 et la guerre en Ukraine, deux gros facteurs de troubles économiques.

 


Dans une étude réalisée par Louis Adjiman et Benjamin Cabot pour la Direction générale du Trésor, publié le 30 avril 2024, il est précisé les conséquences économiques du Brexit pour le Royaume-Uni. Ainsi, les échanges commerciaux de biens entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne n'ont été que temporairement affectés à partir de 2021, tandis que les échanges commerciaux de services ont été durablement affectés. En outre, les investissements des entreprises au Royaume-Uni ont stagné à partir de 2016, et n'ont repris qu'à partir de 2023.

Plus généralement, le Royaume-Uni a mieux encaissé le choc économique de la pandémie en 2020-2021 que l'Union Européenne, mais a été à très faible croissance en 2023, plus faible que l'Union Européenne. En 2024, sa croissance est revenue au niveau de l'Union Européenne après un rebond remarquable du PIB. Bref, le Brexit n'a pas donné un avantage économique apparent aux Britanniques... mais ce n'a pas été non plus un désastre économique comme certaines Cassandre le craignaient.

Sur le plan migratoire, le Brexit n'a pas non plus changé fondamentalement le problème, ce qui était prévisible puisque le Royaume-Uni ne faisait pas partie de l'Espace de Schengen et les problèmes de Calais montraient que de nombreux candidats à l'immigration en France voudraient traverser la Manche pour atteindre le Royaume-Uni. Depuis la fin de la libre circulation, il y a eu plus de 3,6 millions de migrants au Royaume-Uni alors que les populistes pro-Brexit prétendaient que le Brexit arrêterait ces arrivées (solde migratoire de plus 2,3 millions). L'un des pourfendeurs de l'Union Européenne, Nigel Farage a même confié sur BBC le 15 mai 2023 : « Le Brexit a échoué ! ».

De même, ceux qui pensaient que le départ du Royaume-Uni permettrait à l'Union Européenne de renaître sans les freins britanniques ont eu tort. Une explication à cela : la forte division des pays européens, en particulier avec des dirigeants qui remettent en cause certaines valeurs démocratiques, comme en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie et bien sûr en Hongrie. Cette division a empêché de définir clairement des politiques étrangères communes.

 


Selon le Trésor britannique, le coût de la séparation a été de 30,2 milliards de livres (36,1 milliards d'euros). La baisse des exportations de biens du Royaume-Uni vers l'Union Européenne depuis le Brexit a été de 27 milliards de livres. Pour l'instant, il est difficile aussi d'avoir des données économiques neutres en raison de la profonde opposition entre pro-Brexit et anti-Brexit. Elles permettraient d'avoir une analyse objective de la situation avec sans doute, c'est une intuition, l'idée que le Brexit n'aura pas influé de manière déterminante sur le cours des événements, dans un sens ou dans un autre.

Ce qui est sûr, c'est que le Royaume-Uni ne redemandera pas à court terme sa réintégration dans l'Union Européenne qui lui ferait cher payer, même si une majorité de Britanniques y serait favorable. Le Premier Ministre travailliste Keir Starmer a en effet exclu toute initiative dans ce sens, pas de réintégration dans le marché unique ou l'union douanière, pas de retour à la libre circulation des personnes. En revanche, il souhaite renforcer la coopération militaire et diplomatique avec l'Union Européenne et renégocier l'accord commercial de 2020. Bref, après un divorce, il faut réapprendre à se parler pour les enfants...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 janvier 2025)
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Pour aller plus loin :
Le Brexit, 5 ans plus tard.
Brexit Day : J – 3 …et De Gaulle dans tout ça ?
Keir Starmer.
L'échec de la CED il y a 70 ans.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.
Élections européennes 2024 (3) : y aura-t-il une surprise dimanche soir ?
Quel est le programme européen de la liste Renaissance ?
Programme de la liste Hayer à télécharger (6 mai 2024).
L'hommage de l'Europe à Jacques Delors.
Le débat Gabriel Attal vs Jordan Bardella du 23 mai 2024.
Élections européennes (2) : 37 listes et un bulletin de vote !
Le souverainisme européen selon Emmanuel Macron : puissance, prospérité et humanisme.
L'hymne à l'Europe.
Fête de l'Europe, joies et fiertés françaises.
Le Tunnel sous la Manche.
Les 120 ans de l'Entente cordiale.
Eurovision 2024.
La vision européenne d'Édouard Balladur.
Débat Valérie Hayer vs Jordan Bardella : l'imposture démasquée de Coquille vide.
Il y a 20 ans, l'élargissement de l'Union Européenne.
La convergence des centres ?
Élections européennes 2024 (1) : cote d'alerte pour Renaissance.
Valérie Hayer, tête de la liste Renaissance.
Charles Michel et Viktor Orban : l'Europe victime d'une histoire belge !
Jacques Delors : il nous a juste passé le relais !
Il y a 15 ans : Nicolas Sarkozy, l'Europe et les crises (déjà).
La Méditerranée, mère de désolation et cimetière de nos valeurs ?
Le 8 mai, l'émotion et la politique.
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
De Gaulle, l’Europe et le volapük intégré.
L’inlassable pèlerin européen Emmanuel Macron.
Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
Enfin, une vision européenne !
Relance européenne : le 21 juillet 2020, une étape historique !



 






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21 décembre 2024 6 21 /12 /décembre /2024 03:25

« Mort, je me serais relevé je crois pour lui dégueuler sur ses phrases. On se refait pas. Pousser son couic encore ça peut se faire, c'est tout ce qui précède qui vous épuise la poésie, toutes les charcuteries, les baveries, les torturations qui précèdent le hoquet du bout. » (Céline, "Guerre", éd. Gallimard).



 


Soirée de désolation. Ce vendredi 20 décembre 2024 vers 20 heures, en plein centre-ville de Magdebourg (240 000 habitants), la capitale du Land de Saxe-Anhalt, en ex-Allemagne de l'Est, au marché de Noël, un attentat terroriste s'est produit à la voiture bélier. 2 personnes sont mortes, un adulte et un enfant, et 68 autres personnes ont été blessées (dont 17 graves), selon un bilan provisoire. Une BMW (qui a été louée) a foncé dans la foule et son conducteur, un médecin d'origine saoudienne d'une cinquantaine d'années, a été arrêté. Solidarité totale au peuple allemand touché très durement la veille des fêtes. Pensée aux victimes et à leurs proches.

Le marché de Noël d'Erfurt a été évacué comme celui de Magdebourg, mais celui de Halle (la plus grande ville de Saxe-Anhalt) n'aurait pas vu sa sécurité renforcée.


Selon les premiers éléments, le conducteur se serait installé en Allemagne en mars 2006, reconnu réfugié politique en juillet 2006, et serait psychiatre et psychologue dans une clinique à Bernbourg où il vivrait. Il était membre d'un réseau aidant les Saoudiens à fuir leur pays et rejoindre l'Allemagne. Dans les réseaux sociaux, il aurait propagé des théories complotistes, selon lesquelles l'Allemagne persécuterait les anciens musulmans saoudiens, des théories qu'on retrouve aussi à l'extrême droite allemande. L'Allemagne aurait refusé la demande d'extradition de l'Arabie Saoudite vers Riyad en raison des droits de l'homme.
 


Cet attentat ne va pas apaiser la situation politique intérieure en Allemagne, en pleine crise, comme en France. Après la rupture, le 6 novembre 2024, de la coalition du feu tricolore, qui gouverne le pays depuis décembre 2021 sous la houlette du Chancelier Olaf Scholz, ce dernier a perdu le vote de confiance du 16 décembre 2024 au Bundestag par 394 voix contre la confiance, 207 voix pour et 116 abstentions. Des élections fédérales anticipées vont ainsi avoir lieu le 23 février 2025 avec notamment l'immigration comme principal thème de campagne.

Pour donner une idée de la puissance des ingérences étrangères à l'œuvre pour ces prochaines élections, quelques heures avant l'attentat de Magdebourg, Elon Musk, futur ministre du gouvernement de Donald Trump, avait tweeté : « Only the AfD can save Germany » [Seul l'AfD peut sauver l'Allemagne] (l'AfD est le parti d'extrême droite pro-Poutine qui est sorti renforcé des récentes élections locales).


 


Le caractère islamiste de l'attentat n'est donc pas vraiment établi malgré la similitude des précédents attentats, eux islamistes. Le marché de Noël de Berlin avait lui aussi été endeuillé il y a huit ans, le 19 décembre 2016, quand un camion bélier avait tué 12 personnes et blessé 56 autres, avec un mode opératoire assez proche de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016. Cela fait aussi penser à l'attentat de Strasbourg le 11 décembre 2018, également au marché de Noël de la capitale alsacienne, qui a tué 5 personnes et blessé 11 autres.

Les Français ne peuvent qu'être solidaires des Allemands dans cette épreuve et ce drame. C'est ce qu'a déclaré le Président Emmanuel Macron : « La France partage la douleur du peuple allemand et exprime toute sa solidarité. ». Comme à Nice, une polémique est en train de naître à Magdebourg sur la possibilité d'un véhicule à atteindre les foules. Mais le principe de la voiture bélier est avant tout de tuer. Tuer des consommateurs, tuer des citoyens dans une perspective de fête familiale et religieuse. De l'une des deux principales fêtes chrétiennes. Comme l'auteur présumé de l'attentat est encore en vie, il faudrait connaître ses motivations profondes, une haine de l'Allemagne probablement (qui l'avait pourtant accueilli).

La Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Nancy Faeser (SPD) avait signalé en novembre 2024 qu'il n'y avait pas de menaces concrètes sur les marchés de Noël du pays, mais qu'il était sage de garder une vigilance permanente, car ce sont des lieux très fréquentés.

 


Cet attentat a eu lieu à peu près au même moment où, en France, ce vendredi soir, la cour d'assises spéciale de Paris a livré son verdict pour le procès de l'assassinat de Samuel Paty, concluant sept semaines d'audience : les deux amis du tueur ont été condamnés à seize ans de prison pour complicité d'assassinat terroriste, le père de la collégienne à treize et le prédicateur à quinze ans de prison, reconnus coupables d'association de malfaiteurs terroriste. Les huit prévenus ont été tous condamnés, et plus sévèrement que le proposait le parquet dans ses réquisitions.

Commentant ce verdict, l'essayiste Rachel Khan a écrit sur Twitter : « Dans son verdict sur l’attentat de Samuel Paty, la justice a mis en lumière la méthode morbide, perverse, mensongère, fourbe et dangereuse des islamistes et de leurs tristes complices. Si la République a perdu son professeur, ce soir elle rend honneur à sa mémoire. Merci. ».


L'attentat de Magdebourg rappelle que nos sociétés sont fragiles et exposées à la haine et à la culture de la mort. Les responsables politiques français devraient s'en souvenir un peu plus souvent au lieu de jouer la stratégie du chaos. Alors que François Bayrou recherche un accord pour pouvoir gouverner dans une Assemblée éclatée, les dirigeants socialistes ne voient que leurs intérêts électoraux minables et oublient l'intérêt de la nation. Le premier objectif des terroristes, c'est d'abord de diviser les nations. En ces temps incertains, l'unité n'est plus une option.


(Note du 21 décembre 2024 à 15 heures : le nouveau bilan est de 5 morts, dont un enfant de 9 ans, et de 200 blessés, dont 41 très graves).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 décembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
L’attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
Marché de Noël de Magdebourg : le retour du risque terroriste.
L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
Friedrich Merz.
Olaf Scholz.
Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Konrad Adenauer.
Daniel Cohn-Bendit.
Volkswagen.
Hans Modrow.
Dmitri Vrubel.

Le mur de Berlin.
La chute du mur de Berlin.
La Réunification allemande.
Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
Maus.
Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
Le testament de Benoît XVI.
Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
L’Église de Benoît XVI.
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
Bonne retraite, Frau Merkel !
Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?



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https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/marche-de-noel-de-magdebourg-le-258277

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12 novembre 2024 2 12 /11 /novembre /2024 03:53

« Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse. » (Céline, 1932).



 


Ce mercredi 6 novembre 2024, alors que l'actualité était monopolisée par la seconde élection de Donald Trump, un événement à mon avis aussi important dans ses conséquences pour l'Europe a eu lieu à Berlin : la coalition au pouvoir en Allemagne a éclaté. Et cela trois jours avant le trente-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin !

Les élections fédérales du 26 septembre 2021, c'est-à-dire les élections législatives, le renouvellement du Bundestag, la Chambre basse de la République fédérale d'Allemagne, ont donné des résultats mitigés à cause du scrutin proportionnel. Premières élections en l'absence de la Chancelière sortante Angela Merkel, la CDU (parti chrétien démocrate) a perdu son pari de se maintenir au pouvoir. Mais pour autant, le SPD (parti social-démocrate) n'a pas obtenu une majorité franche et massive.

La CDU/CSU (quand j'évoque la CDU, c'est toujours en incluant l'allié bavarois CSU) a perdu 49 sièges avec 197 sièges sur 736 sièges au total (avec 24,1% des voix), tandis que son adversaire, le SPD, a à peine gagné plus de voix que la CDU, avec 25,7% des voix, lui permettant d'avoir 206 sièges au Bundestag (soit 53 de plus), loin d'obtenir une majorité absolue (il faut pour cela 369 sièges).


Dans ces élections, les Verts ont fait un bond en doublant leur représentation avec 118 sièges (51 en plus) avec 14,8% des voix. Les libéraux démocrates (FDP), anciens alliés traditionnels de la CDU, ont eu un gain de 12 sièges avec 92 sièges (11,5% des voix), alors que les extrêmes ont régressé : l'extrême droite AfD a perdu 11 sièges avec 83 sièges (10,3% des voix) et Die Linke (l'extrême gauche de type mélenchoniste) a perdu la moitié de sa représentation avec 39 sièges (30 de moins) pour 4,9% des voix.
 


Après plus de deux mois d'hésitations, d'incertitudes et de négociations (ce qui est plus longtemps qu'en France cet été 2024), le 7 décembre 2021, un accord de gouvernement a été conclu entre trois partis : les sociaux-démocrates, les libéraux démocrates et les écologistes, apportant dans le panier de la mariée 416 sièges sur 736, ce qui a donné une coalition dite feu tricolore, par ses couleurs : rouge (SPD), jaune (FDP) et vert (Die Grünen), après un premier accord préliminaire annoncé le 15 octobre 2021. Olaf Scholz, Vice-Chancelier sortant et Ministre des Finances sortant d'Angela Merkel, est devenu, le 8 décembre 2021, à 63 ans, le neuvième Chancelier de l'Allemagne fédérale.

Malgré sa bouille souriante, Olaf Scholz s'est montré le chef de gouvernement le plus inconsistant de l'histoire récente de l'Allemagne. Il faut dire que le principe de cette coalition était de conception peu stable puisque d'un côté, le SPD et les Verts voulaient miser sur une hausse du salaire minimum à 12 euros brut par heure, un rétablissement de l'impôt sur la fortune, un assouplissement des lois Hartz (votées entre 2003 et 2005, sous gouvernement SPD pourtant, qui ont permis la compétitivité de l'économie allemande en Europe), tandis que le FDP souhaitait la poursuite de l'orthodoxie budgétaire.


Les divergences ne pouvaient apparaître qu'une saison à l'autre, et l'impopularité du gouvernement aidant, ce fut moins facile de préserver l'unité. En effet, les élections de 2024 furent catastrophiques pour le Chancelier allemand. Revoyons le film des derniers mois.

Le 9 juin 2024, c'étaient les
élections européennes. Ce fut un coup de semonce sévère contre le SPD. En effet, non seulement le premier rival, la CDU, a gagné haut la main la première place, avec 30,0% des voix, mais le SPD s'est fait doubler de près de deux points par l'extrême droite. En effet, l'AfD a recueilli 15,9% des voix tandis que le SPD seulement 13,9% (en 2019, le SPD, qui avait déjà dévissé aux européennes, n'avait que 15,8% des voix, à l'époque doublé par les Verts à 20,5% !). Ensuite, les Verts à 11,9%, l'extrême gauche (BSW, populistes de gauche, parti fondé le 8 janvier 2024 à partir d'une scission de Die Linke) à 6,2% et le FDP à 5,2%. La coalition du feu tricolore ne représentait donc, en juin dernier, que 31,0% de l'électorat allemand.

Mais plus encore, les élections régionales du 1er septembre 2024 dans deux régions de l'ancienne Allemagne de l'Est ont été encore plus catastrophiques pour les sociaux-démocrates.


En Saxe (capitale : Dresde), le SPD a été en voie de disparition confirmée avec seulement 7,3% des voix (comme aux précédentes élections), derrière le CDU (qui dirigeait la région), à 31,9% des voix, l'AfD qui a failli dépasser la CDU avec 30,6% des voix et l'extrême gauche (BSW) avec 11,8% des voix. Seuls, les Verts à 5,1% et Die Linke (extrême gauche) à 4,5% ont fait pire que le SPD. La coalition sortante (CDU, SPD, Verts) a perdu la majorité absolue (seulement 58 sièges sur 120) et va avoir du mal à se frayer un passage entre une forte extrême droite (40 sièges) et une forte extrême gauche (21 sièges).

Configuration électorale presque équivalente en Thuringe (capitale : Erfurt) où l'AfD a même conquis la première place avec 32,8% des voix (première victoire d'un parti d'extrême droite à une élection allemande depuis la fin de la guerre), loin devant la CDU à 23,6%. La gauche a été liquéfiée : 15,8% pour l'extrême gauche BSW, 13,1% pour Die Linke et seulement 6,1% pour le SPD (en perte encore de 2 points).

Dans ces deux régions, le président fédéral de la CDU Friedrich Merz a soutenu la poursuite du refus absolu d'alliance avec l'AfD, et a prôné une coalition avec l'extrême gauche qui s'avère très difficile. Une coalition CDU-SPD avec la BSW était en cours d'évaluation, mais la BSW est sortie définitivement des négociations le 5 novembre 2024 en raison de positions irréconciliables (notamment sur l'immigration et l'aide à l'Ukraine), ce qui devrait provoquer le 1er février 2025 probablement une dissolution du Landtag (conseil régional) et de nouvelles élections régionales.

En revanche, les élections régionales du 22 septembre 2024 en Brandebourg (capitale : Potsdam, où vivait Olaf Scholz) sont restées favorables au SPD avec 30,9% des voix, mais de justesse devant l'AfD à 29,2% des voix, l'extrême gauche (BSW) à 13,5% des voix et a CDU à 12,1% des voix.

Ces situations électorales, régionales (à l'Allemagne de l'Est) et fédérales (aux européennes), montrent que la classe politique allemande (comme c'est le cas en France et dans de nombreux autres pays européens) est tiraillée par des populismes d'extrême droite et parfois d'extrême gauche désormais assez fortement ancrés dans l'électorat.

 


Parmi les désaccords internes à la coalition Rouge Jaune Vert, la politique économique, notamment dans le secteur automobile. Le FDP préconisait de réduire les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises et la classe moyenne supérieure. Au contraire, le SPD et les Verts voulaient stimuler l'industrie en augmentant les investissements, notamment dans l'automobile (Volkswagen est en pleine crise). Mais le FDP a fait une offensive en proposant son programme et en insistant pour ne pas dépasser le déficit à 3,5% du PIB (la gauche voudrait atteindre 5%).

Olaf Scholz a tranché (pour une fois) en limogeant le 6 novembre 2024 son Ministre des Finances Christian Lindner, également président du FDP depuis le 7 décembre 2013. Cette éviction a provoqué dès le lendemain, 7 novembre 2024, le départ des autres ministres FDP du gouvernement : le Ministre de la Justice Marco Buschmann et la Ministre de l'Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. Seul Volker Wissing, Ministre FDP des Transports et du Numérique, a quitté le FDP pour rester au gouvernement avec ses prérogatives sortantes et en cumulant avec la Justice en tant que politiquement indépendant. Christian Lindner a été acclamé par son groupe après son départ du gouvernement.

En se retirant de la coalition, le FDP la rend minoritaire puisqu'elle ne peut plus compter sur ses 92 sièges, d'où seulement 324 sièges sur 736. Olaf Scholz a cependant choisi de continuer à gouverner jusqu'à un vote de confiance qu'il a planifié le 15 janvier 2025, date à laquelle son gouvernement sera probablement renversé et le Bundestag dissous. Qu'importe, Olaf Scholz a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa reconduction.


En quelque sorte, Olaf Scholz a fait le 6 novembre 2024 ce que le Président français Emmanuel Macron a fait le 9 juin 2024, c'est-à-dire prononcer la dissolution de l'Assemblée, ou plutôt, prononcer son auto-dissolution. Bref, appuyer sur le bouton rouge et faire tout exploser.

De nouvelles élections fédérales allemandes sont donc à prévoir à brève échéance (en principe, elles auraient dû avoir lieu le 28 septembre 2025), plutôt en février ou mars 2025. Et Olaf Scholz, probablement, disparaîtra de la vie politique allemande aussi discrètement qu'il est apparu. Rien n'est vraiment prévisible avec de forts mouvements populistes (comme en France), mais la situation à concevoir la plus probable est le retour au pouvoir de la CDU, mais par l'aile dure, forte.
 


En effet, Friedrich Merz (69 ans) attend depuis une vingtaine d'années sa consécration et il pense bien l'obtenir dans quelques mois. Il est un peu le Bruno Retailleau allemand. Avocat d'affaires, avec une ascendance maternelle française, il a été élu député européen CDU de 1989 à 1994 puis député fédéral de 1994 à 2009. Entre le 29 février 2000 et le 24 septembre 2002, il a présidé le groupe CDU au Bundestag et prévoyait de devenir l'héritier du Chancelier Helmut Kohl (en l'honneur de qui un lieu de Berlin, une avenue ou une place, sera bientôt baptisé), mais sa rivale directe Angela Merkel lui a pris la présidence du groupe en 2002 après avoir conquis la présidence fédérale de la CDU en 2000. Après l'élection d'Angela Merkel à la tête du gouvernement en 2005, Friedrich Merz s'est éloigné de la vie politique et l'a complètement quittée en 2009 pour diriger des entreprises et des fonds d'investissement. Mais après l'annonce du retrait d'Angela Merkel le 29 octobre 2018, notamment de quitter la présidence de la CDU, il est revenu immédiatement dans la bataille interne pour se présenter comme candidat à la Chancellerie en 2021.

Battu pour la présidence de la CDU par
Annegret Kramp-Karrenbauer le 7 décembre 2018 (au 31e congrès de la CDU) avec 48,2%, puis par Armin Laschet le 16 janvier 2021 (au 33e congrès de la CDU) avec un score aussi serré, Friedrich Merz a été finalement élu président de la CDU le 16 décembre 2021 (au 34e congrès de la CDU, après la défaite électorale de la CDU en septembre 2024) avec 62,1%. Il a pris ses fonctions de président de la CDU le 31 janvier 2022 et a pris aussi la présidence du groupe CDU au Bundestag le 15 février 2022 (il a été réélu député en septembre 2021), cumulant ainsi les pouvoirs au sein de la CDU en vue des élections fédérales de 2025.

C'est pour cela que Friedrich Merz sera le probable prochain Chancelier allemand, dans un retour politique aussi improbable que celui de Donald Trump ou de
Michel Barnier, avec la ferme volonté de changer la politique allemande, tant celle de la coalition du feu tricolore (la feue coalition tricolore) que celles dirigées par Angela Merkel (qui n'a dirigé seulement avec la CDU que pendant un mandat sur ses quatre mandats). En particulier, il devrait prendre des mesures très fortes contre l'immigration mais aussi pour renouer avec l'énergie nucléaire dont il était un ferme partisan (pour lui, la décision allemande de sortir du nucléaire a été une faute historique majeure). En revanche, avec le départ de Joe Biden en janvier 2025, il n'aura plus d'allié à la Maison-Blanche pour une ligne d'aide massive à l'Ukraine comme il le souhaiterait.

Rien n'est encore écrit, mais la chute du gouvernement Scholz est une question de semaines, et sa défaite devant les électeurs une quasi-certitude. En revanche, le prochain vainqueur est moins sûr avec la forte audience électorale de l'AfD et, dans une moindre mesure, de celle de la BSW (qui prend surtout sur l'électorat du SPD, des Verts et de Die Linke). Une coalition dirigée par la CDU, avec Friedrich Merz comme chef du gouvernement, reste néanmoins la favorite.



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
Friedrich Merz.
Olaf Scholz.
Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Konrad Adenauer.
Daniel Cohn-Bendit.
Volkswagen.
Hans Modrow.
Dmitri Vrubel.

Le mur de Berlin.
La chute du mur de Berlin.
La Réunification allemande.
Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
Maus.
Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
Le testament de Benoît XVI.
Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
L’Église de Benoît XVI.
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
Bonne retraite, Frau Merkel !
Législatives allemandes 2021 (1) : INCERTITUDE !
L’Allemagne en pleine fièvre extrémiste ?
 




https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241106-coalition-allemagne.html

https://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-eclatement-de-la-coalition-rouge-257560

http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/11/07/article-sr-20241106-coalition-allemagne.html




 

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11 novembre 2024 1 11 /11 /novembre /2024 03:54

« Trahir, qu'on dit, c'est vite dit. Faut encore saisir l'occasion. C'est comme d'ouvrir une fenêtre dans une prison, trahir. Tout le monde en a envie, mais c'est rare qu'on puisse. » (Céline, 1932).



 


Ce mercredi 6 novembre 2024, alors que l'actualité était monopolisée par la seconde élection de Donald Trump, un événement à mon avis aussi important dans ses conséquences pour l'Europe a eu lieu à Berlin : la coalition au pouvoir en Allemagne a éclaté. Et cela trois jours avant le trente-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin !

Les élections fédérales du 26 septembre 2021, c'est-à-dire les élections législatives, le renouvellement du Bundestag, la Chambre basse de la République fédérale d'Allemagne, ont donné des résultats mitigés à cause du scrutin proportionnel. Premières élections en l'absence de la Chancelière sortante Angela Merkel, la CDU (parti chrétien démocrate) a perdu son pari de se maintenir au pouvoir. Mais pour autant, le SPD (parti social-démocrate) n'a pas obtenu une majorité franche et massive.

La CDU/CSU (quand j'évoque la CDU, c'est toujours en incluant l'allié bavarois CSU) a perdu 49 sièges avec 197 sièges sur 736 sièges au total (avec 24,1% des voix), tandis que son adversaire, le SPD, a à peine gagné plus de voix que la CDU, avec 25,7% des voix, lui permettant d'avoir 206 sièges au Bundestag (soit 53 de plus), loin d'obtenir une majorité absolue (il faut pour cela 369 sièges).


Dans ces élections, les Verts ont fait un bond en doublant leur représentation avec 118 sièges (51 en plus) avec 14,8% des voix. Les libéraux démocrates (FDP), anciens alliés traditionnels de la CDU, ont eu un gain de 12 sièges avec 92 sièges (11,5% des voix), alors que les extrêmes ont régressé : l'extrême droite AfD a perdu 11 sièges avec 83 sièges (10,3% des voix) et Die Linke (l'extrême gauche de type mélenchoniste) a perdu la moitié de sa représentation avec 39 sièges (30 de moins) pour 4,9% des voix.


Après plus de deux mois d'hésitations, d'incertitudes et de négociations (ce qui est plus longtemps qu'en France cet été 2024), le 7 décembre 2021, un accord de gouvernement a été conclu entre trois partis : les sociaux-démocrates, les libéraux démocrates et les écologistes, apportant dans le panier de la mariée 416 sièges sur 736, ce qui a donné une coalition dite feu tricolore, par ses couleurs : rouge (SPD), jaune (FDP) et vert (Die Grünen), après un premier accord préliminaire annoncé le 15 octobre 2021. Olaf Scholz, Vice-Chancelier sortant et Ministre des Finances sortant d'Angela Merkel, est devenu, le 8 décembre 2021, à 63 ans, le neuvième Chancelier de l'Allemagne fédérale.

Malgré sa bouille souriante, Olaf Scholz s'est montré le chef de gouvernement le plus inconsistant de l'histoire récente de l'Allemagne. Il faut dire que le principe de cette coalition était de conception peu stable puisque d'un côté, le SPD et les Verts voulaient miser sur une hausse du salaire minimum à 12 euros brut par heure, un rétablissement de l'impôt sur la fortune, un assouplissement des lois Hartz (votées entre 2003 et 2005, sous gouvernement SPD pourtant, qui ont permis la compétitivité de l'économie allemande en Europe), tandis que le FDP souhaitait la poursuite de l'orthodoxie budgétaire.


Les divergences ne pouvaient apparaître qu'une saison à l'autre, et l'impopularité du gouvernement aidant, ce fut moins facile de préserver l'unité. En effet, les élections de 2024 furent catastrophiques pour le Chancelier allemand. Revoyons le film des derniers mois.

Le 9 juin 2024, c'étaient les
élections européennes. Ce fut un coup de semonce sévère contre le SPD. En effet, non seulement le premier rival, la CDU, a gagné haut la main la première place, avec 30,0% des voix, mais le SPD s'est fait doubler de près de deux points par l'extrême droite. En effet, l'AfD a recueilli 15,9% des voix tandis que le SPD seulement 13,9% (en 2019, le SPD, qui avait déjà dévissé aux européennes, n'avait que 15,8% des voix, à l'époque doublé par les Verts à 20,5% !). Ensuite, les Verts à 11,9%, l'extrême gauche (BSW, populistes de gauche, parti fondé le 8 janvier 2024 à partir d'une scission de Die Linke) à 6,2% et le FDP à 5,2%. La coalition du feu tricolore ne représentait donc, en juin dernier, que 31,0% de l'électorat allemand.

Mais plus encore, les élections régionales du 1er septembre 2024 dans deux régions de l'ancienne Allemagne de l'Est ont été encore plus catastrophiques pour les sociaux-démocrates.


En Saxe (capitale : Dresde), le SPD a été en voie de disparition confirmée avec seulement 7,3% des voix (comme aux précédentes élections), derrière le CDU (qui dirigeait la région), à 31,9% des voix, l'AfD qui a failli dépasser la CDU avec 30,6% des voix et l'extrême gauche (BSW) avec 11,8% des voix. Seuls, les Verts à 5,1% et Die Linke (extrême gauche) à 4,5% ont fait pire que le SPD. La coalition sortante (CDU, SPD, Verts) a perdu la majorité absolue (seulement 58 sièges sur 120) et va avoir du mal à se frayer un passage entre une forte extrême droite (40 sièges) et une forte extrême gauche (21 sièges).

Configuration électorale presque équivalente en Thuringe (capitale : Erfurt) où l'AfD a même conquis la première place avec 32,8% des voix (première victoire d'un parti d'extrême droite à une élection allemande depuis la fin de la guerre), loin devant la CDU à 23,6%. La gauche a été liquéfiée : 15,8% pour l'extrême gauche BSW, 13,1% pour Die Linke et seulement 6,1% pour le SPD (en perte encore de 2 points).

Dans ces deux régions, le président fédéral de la CDU Friedrich Merz a soutenu la poursuite du refus absolu d'alliance avec l'AfD, et a prôné une coalition avec l'extrême gauche qui s'avère très difficile. Une coalition CDU-SPD avec la BSW était en cours d'évaluation, mais la BSW est sortie définitivement des négociations le 5 novembre 2024 en raison de positions irréconciliables (notamment sur l'immigration et l'aide à l'Ukraine), ce qui devrait provoquer le 1er février 2025 probablement une dissolution du Landtag (conseil régional) et de nouvelles élections régionales.

En revanche, les élections régionales du 22 septembre 2024 en Brandebourg (capitale : Potsdam, où vivait Olaf Scholz) sont restées favorables au SPD avec 30,9% des voix, mais de justesse devant l'AfD à 29,2% des voix, l'extrême gauche (BSW) à 13,5% des voix et a CDU à 12,1% des voix.

Ces situations électorales, régionales (à l'Allemagne de l'Est) et fédérales (aux européennes), montrent que la classe politique allemande (comme c'est le cas en France et dans de nombreux autres pays européens) est tiraillée par des populismes d'extrême droite et parfois d'extrême gauche désormais assez fortement ancrés dans l'électorat.

 


Parmi les désaccords internes à la coalition Rouge Jaune Vert, la politique économique, notamment dans le secteur automobile. Le FDP préconisait de réduire les dépenses publiques et les impôts sur les entreprises et la classe moyenne supérieure. Au contraire, le SPD et les Verts voulaient stimuler l'industrie en augmentant les investissements, notamment dans l'automobile (Volkswagen est en pleine crise). Mais le FDP a fait une offensive en proposant son programme et en insistant pour ne pas dépasser le déficit à 3,5% du PIB (la gauche voudrait atteindre 5%).

Olaf Scholz a tranché (pour une fois) en limogeant le 6 novembre 2024 son Ministre des Finances Christian Lindner, également président du FDP depuis le 7 décembre 2013. Cette éviction a provoqué dès le lendemain, 7 novembre 2024, le départ des autres ministres FDP du gouvernement : le Ministre de la Justice Marco Buschmann et la Ministre de l'Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. Seul Volker Wissing, Ministre FDP des Transports et du Numérique, a quitté le FDP pour rester au gouvernement avec ses prérogatives sortantes et en cumulant avec la Justice en tant que politiquement indépendant. Christian Lindner a été acclamé par son groupe après son départ du gouvernement.

En se retirant de la coalition, le FDP la rend minoritaire puisqu'elle ne peut plus compter sur ses 92 sièges, d'où seulement 324 sièges sur 736. Olaf Scholz a cependant choisi de continuer à gouverner jusqu'à un vote de confiance qu'il a planifié le 15 janvier 2025, date à laquelle son gouvernement sera probablement renversé et le Bundestag dissous. Qu'importe, Olaf Scholz a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa reconduction.


En quelque sorte, Olaf Scholz a fait le 6 novembre 2024 ce que le Président français Emmanuel Macron a fait le 9 juin 2024, c'est-à-dire prononcer la dissolution de l'Assemblée, ou plutôt, prononcer son auto-dissolution. Bref, appuyer sur le bouton rouge et faire tout exploser.

De nouvelles élections fédérales allemandes sont donc à prévoir à brève échéance (en principe, elles auraient dû avoir lieu le 28 septembre 2025), plutôt en février ou mars 2025. Et Olaf Scholz, probablement, disparaîtra de la vie politique allemande aussi discrètement qu'il est apparu. Rien n'est vraiment prévisible avec de forts mouvements populistes (comme en France), mais la situation à concevoir la plus probable est le retour au pouvoir de la CDU, mais par l'aile dure, forte.


En effet, Friedrich Merz (69 ans) attend depuis une vingtaine d'années sa consécration et il pense bien l'obtenir dans quelques mois. Il est un peu le Bruno Retailleau allemand. Avocat d'affaires, avec une ascendance maternelle française, il a été élu député européen CDU de 1989 à 1994 puis député fédéral de 1994 à 2009. Entre le 29 février 2000 et le 24 septembre 2002, il a présidé le groupe CDU au Bundestag et prévoyait de devenir l'héritier du Chancelier Helmut Kohl (en l'honneur de qui un lieu de Berlin, une avenue ou une place, sera bientôt baptisé), mais sa rivale directe Angela Merkel lui a pris la présidence du groupe en 2002 après avoir conquis la présidence fédérale de la CDU en 2000. Après l'élection d'Angela Merkel à la tête du gouvernement en 2005, Friedrich Merz s'est éloigné de la vie politique et l'a complètement quittée en 2009 pour diriger des entreprises et des fonds d'investissement. Mais après l'annonce du retrait d'Angela Merkel le 29 octobre 2018, notamment de quitter la présidence de la CDU, il est revenu immédiatement dans la bataille interne pour se présenter comme candidat à la Chancellerie en 2021.

Battu pour la présidence de la CDU par
Annegret Kramp-Karrenbauer le 7 décembre 2018 (au 31e congrès de la CDU) avec 48,2%, puis par Armin Laschet le 16 janvier 2021 (au 33e congrès de la CDU) avec un score aussi serré, Friedrich Merz a été finalement élu président de la CDU le 16 décembre 2021 (au 34e congrès de la CDU, après la défaite électorale de la CDU en septembre 2024) avec 62,1%. Il a pris ses fonctions de président de la CDU le 31 janvier 2022 et a pris aussi la présidence du groupe CDU au Bundestag le 15 février 2022 (il a été réélu député en septembre 2021), cumulant ainsi les pouvoirs au sein de la CDU en vue des élections fédérales de 2025.

C'est pour cela que Friedrich Merz sera le probable prochain Chancelier allemand, dans un retour politique aussi improbable que celui de Donald Trump ou de
Michel Barnier, avec la ferme volonté de changer la politique allemande, tant celle de la coalition du feu tricolore (la feue coalition tricolore) que celles dirigées par Angela Merkel (qui n'a dirigé seulement avec la CDU que pendant un mandat sur ses quatre mandats). En particulier, il devrait prendre des mesures très fortes contre l'immigration mais aussi pour renouer avec l'énergie nucléaire dont il était un ferme partisan (pour lui, la décision allemande de sortir du nucléaire a été une faute historique majeure). En revanche, avec le départ de Joe Biden en janvier 2025, il n'aura plus d'allié à la Maison-Blanche pour une ligne d'aide massive à l'Ukraine comme il le souhaiterait.

Rien n'est encore écrit, mais la chute du gouvernement Scholz est une question de semaines, et sa défaite devant les électeurs une quasi-certitude. En revanche, le prochain vainqueur est moins sûr avec la forte audience électorale de l'AfD et, dans une moindre mesure, de celle de la BSW (qui prend surtout sur l'électorat du SPD, des Verts et de Die Linke). Une coalition dirigée par la CDU, avec Friedrich Merz comme chef du gouvernement, reste néanmoins la favorite.



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 novembre 2024)
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Pour aller plus loin :
L'éclatement de la coalition Rouge Jaune Vert en Allemagne.
Friedrich Merz.
Olaf Scholz.
Les 80 ans du Débarquement en Normandie.
Élections européennes 2024 (7) : Ursula von der Leyen et ses trois priorités, la défense, le logement et la compétitivité.
Élections européennes 2024 (6) : le casting pour la dixième législature du Parlement Européen.
Élections européennes 2024 (5) : la victoire de... Ursula von der Leyen !
Der Spiegel : "La France, c'est l'Allemagne en mieux".
Konrad Adenauer.
Daniel Cohn-Bendit.
Volkswagen.
Hans Modrow.
Dmitri Vrubel.

Le mur de Berlin.
La chute du mur de Berlin.
La Réunification allemande.
Berlin 1989 : le 9/11 avant le 11/9.
Maus.
Le massacre d'Oradour-sur-Glane.
Le 60e anniversaire du Traité de l'Élysée le 22 janvier 2023.
Le testament de Benoît XVI.
Hommage au pape émérite Benoît XVI (1927-2022).
Les 95 ans du pape émérite Benoît XVI.
L’Église de Benoît XVI.
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
6 mois de guerre en Ukraine en 7 dates.
Kiev le 16 juin 2022 : une journée d’unité européenne historique !
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
Couvrez ces seins que je ne saurais voir !
Olaf Scholz, l’étincelle du feu tricolore.
Législatives allemandes 2021 (2) : Olaf Scholz bientôt Chancelier.
Bonne retraite, Frau Merkel !
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