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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 20:20

« Avec la vie des gens, il semble plus facile de mettre des pancartes et des étiquettes qui figent et stigmatisent non seulement le passé mais aussi le présent et l’avenir des personnes. (…) Et les étiquettes, en définitive, ne font que diviser. » (Pape François, le 25 janvier 2019, homélie à Pacora, au Panama).



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Dans l’émission animée par Léa Salamé et Laurent Guimier ("Élysée 2022") diffusée en direct sur France 2 le jeudi 9 décembre 2021, s’est tenu un débat entre le candidat Éric Zemmour et le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire.

Bruno Le Maire est peu un intrus dans ce gouvernement. Il aurait pu être Premier Ministre depuis 2010 (enfin, il ne l’a pas été), et il nourrit une ambition présidentielle certaine (il s’est présenté à la primaire LR de novembre 2016 avec un succès très très mitigé ; il s’était aussi présenté contre Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP en décembre 2014). Normalien, énarque, il a été élevé à l’école Dominique de Villepin, tant à l’Élysée, au Quai d’Orsay, au Ministère de l’Intérieur qu’à Matignon (école politique mais aussi école littéraire).

En 2016, pour des raisons électoralistes, il s’était enfoncé dans une dérive ultradroitière, exactement comme Xavier Bertrand, Michel Barnier et Valérie Pécresse en 2021 (ces trois derniers, comme le premier, étaient considérés comme des personnalités politiques modérées et raisonnables). Et puis, quelques mois plus tard, déçu par le candidat François Fillon qui a persévéré malgré sa mise en examen, il s’est retrouvé dans le camp du candidat Emmanuel Macron et depuis le 17 mai 2017, il est le Ministre de l’Économie et des Finances, un poste qu’il voulait avoir et avait failli avoir en juin 2011 pour la succession de Christine Lagarde (partie au FMI à cause de l’affaire DSK), mais finalement attribué à François Baroin. Bruno Le Maire maîtrise excellemment tous les sujets économiques et les finances publiques et il l’a montré dans ce débat.

La première réflexion qui vient est que, malgré la différence de parcours et la différence de destination, les deux hommes son du même sérail : ils se connaissent depuis très longtemps, puisque le travail d’Éric Zemmour était de suivre la politique de l’UMP. Bruno Le Maire reprochait alors à l’époque le trop grand idéalisme du polémiste, considérant que lorsqu’on agit en politique, il faut que les réformes puissent être réalisables et acceptées par les Français. Il n’y a pas que le faire, ni le faire-savoir, il y a aussi le savoir-faire et c’est cela qui distingue l’homme d’État des autres responsables politiques.

Il n’était pas question de candidature à l’élection présidentielle de 2022 pour Bruno Le Maire qui s’était même payé le luxe, en juin 2020, lorsqu’il était acté que le Premier Ministre Édouard Philippe allait rapidement quitter Matignon, qu’il ne voulait pas lui succéder, trop content de maîtriser Bercy. La question se reposera en 2027, que le Président Emmanuel Macron ait été réélu ou pas, sur une candidature de l’héritage macronien qui sera âprement disputé entre Bruno Le Maire et Édouard Philippe, mais ce n’est pas maintenant et les hommes d’une situation à un moment donné ne le sont plus à un autre moment.

Non seulement Bruno Le Maire a, depuis une quinzaine d’années, une extrême maîtrise de l’action politique, mais il cultive aussi le triomphe modeste : les chiffres du chômage (jamais aussi bas depuis quinze ans), de la croissance (meilleure que nos partenaires européens), la réindustrialisation depuis quelques années, ont montré le bien-fondé de sa politique économique et la transformation profonde de la France.

En outre, grand exécuteur de la politique du "quoi qu’il en coûte" depuis le début de la crise sanitaire, il est remercié par des milliers de patrons de petites entreprises qui ont évité la faillite et aussi par des centaines de milliers de salariés qui ont évité le pire, le chômage. Et il faut bien reconnaître, pour ceux qui ont eu besoin de ces aides, que les mécanismes ont été parfaitement huilés. Bruno Le Maire est sans doute l’une des clefs de ce qui apparaîtra comme la victoire d’Emmanuel Macron.

Pour Éric Zemmour, l’enjeu est tout autre. C’était son premier vrai débat politique depuis qu’il est candidat et donc, tous les observateurs l’attendaient sur des sujets qui ne seraient pas ses sujets de prédilection.

Prenons d’abord la forme. Bruno Le Maire, rien à redire. Il a été rigoureux, précis, courtois, poli, calme, lisse malgré quelques aspérité d’émotion. Éric Zemmour était très différent : il interrompait sans arrêt son interlocuteur, parlait agressivement et à l’occasion, l’air de rien, lançait des insultes (Bruno Le Maire en a rattrapé une ou deux, en particulier quand il était question d’un "âne"). On sentait une certaine nervosité, mais c’est aussi une question d’entraînement. La maîtrise ne vient jamais du premier coup.

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L’un des symptômes de cette nervosité est qu’il a remonté ses (nouvelles) lunettes toutes les quinze secondes. Je suppose que ce sont de nouvelles lunettes (portées pour son meeting de Villepinte) et qu’il doit s’y habituer. Cela fait l’air intellectuel qu’il n’est pas (il ne suffit pas d’être cultivé pour produire de la pensée originale sans tordre les faits historiques). Évidemment, sur Twitter, ça y allait. L’un a écrit : « Zemmour il en est à 430 remontées de lunettes. Ça sera mon analyse de cette émission. ». Un autre : « Zemmour n’a pas fait régler ses lunettes et son poignet va très bien pour 9 jours ITT. ». Même chose pour celle-ci : « On est contents pour le poignet de Zemmour. 5 jours après la blessure qui lui a valu une ITT de 9 jours, il l’agite sans peine. ».

Toujours sur la forme, impatient, Éric Zemmour se tournait souvent vers Léa Salamé pour lui demander de pouvoir parler, comme un écolier à son institutrice, au lieu de laisser parler son interlocuteur.

Sur le fond, en fustigeant la dette publique, Éric Zemmour a sans doute choisi un mauvais angle d’attaque, le même d’ailleurs que Valérie Pécresse, mais qui peut se retourner contre lui : Bruno Le Maire avait beau jeu de dire que s’il n’avait pas appliqué cette politique du "quoi qu’il en coûte", l’économie se serait effondrée et il n’y aurait pas eu la possibilité d’un tel rebond. L’objectif du gouvernement dès avril 2020 a été d’empêcher la disparition des compétences en soutenant par des aides de l’État l’économie momentanément confinée pour permettre de redémarrer immédiatement après les confinements. C’est d’ailleurs un calcul financier positif car la croissance permettra de rembourser cette dette, alors que la disparition de pans entiers de l’économie aurait coûté ponctuellement moins cher à l’État mais aurait plombé l’économie durablement, et donc l’État.

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Ce type d’échanges préfigurera certainement un débat de second tour, dans le cas où Marine Le Pen n’y ait pas, évidemment, car avec elle, impossible de parler sérieusement d’économie. Le plus prometteur sera certainement un duel de second tour Emmanuel Macron vs Valérie Pécresse avec le choc des titans en matière économique (Valérie Pécresse a de la crédibilité quand elle annonce la chasse aux gaspis car elle a réduit drastiquement les dépenses de la région Île-de-France), mais la présence d’Éric Zemmour au second tour pourrait aussi être intéressante sur le plan économique.

Car, si cela a étonné certains, cela ne m’a pas étonné pas : Éric Zemmour a paru plutôt bien connaître les sujets économiques. Ce qui est normal, vu son passé de journaliste de la droite dont l’ADN est plutôt dans la politique économique. C’est pour cela que certains zélateurs du polémiste ont considéré qu’il avait "gagné" le débat. En ce qui me concerne, il ne m’a pas convaincu car Bruno Le Maire était bien meilleur que lui (et de loin) et ce que proposait Éric Zemmour n’était pas très original, j’ai vraiment l’impression qu’il s’est arrêté dans sa tête aux années 1980, son programme économique pourrait être celui du RPR en 1986 (il s’appelait "Libre et Responsable") et était une sorte de catalogue de mesures néo-thatchériennes sans originalité aucune.

Les deux interlocuteurs ont réussi à placer quelques crasses, chacun à l’autre. Bruno Le Maire a exprimé son dégoût des propos d’Éric Zemmour sur Pétain, sur le lieu d’enterrement des enfants juifs tués par Merah, sur le courage des terroristes du Bataclan etc. Face à cela, la riposte du polémiste sur sa nomination au gouvernement après avoir été candidat à la primaire LR a paru bien maigrelette. Bruno Le Maire s’est toujours expliqué sur son évolution macronienne (ce qu’est devenu LR lui a donné a posteriori raison) et cela n’efface pas que le polémiste refuse d’assumer tout ce qu’il a écrit ou exprimé avant de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle (il nourrit une sorte de "schizophrénie intellectuelle" très étrange).

L’émission a continué sans Bruno Le Maire (qui est parti en ayant eu le dernier mot !) puisque l’invité principal en était Éric Zemmour. Deux choses m’ont (encore) choqué dans la suite de l’émission sur les déclarations du polémiste.

La première est la confirmation d’une mesure qu’il avait proposée et mise en évidence par l’excellent journaliste économique Dominique Seux : Éric Zemmour est favorable à l’expulsion de tous les étrangers qui ont perdu un emploi en France et qui ne le retrouveraient pas avant six mois. Cela signifie également des cadres installés depuis dix ou vingt ans en France dont la boîte a fait faillite, ou d’autres…

Chaque cas est un drame du chômage, suffisamment grave pour comprendre qu’Éric Zemmour n’a jamais connu de près ou de loin ce drame (tant mieux pour lui, lui qui n’utilise pas son intéressement avec France Télévisions parce que c’est trop compliqué administrativement, ah bon ?), mais il veut rajouter un autre drame humain en l’expulsant de France même s’il peut encore se nourrir (on peut imaginer qu’il a une famille, un conjoint qui travaille, etc.). C’est de la xénophobie pure : les étrangers apportent et coûtent autant que les Français ; ils paient des impôts, ils paient des charges sociales, etc. Pourquoi faire la différence entre nationaux et étrangers alors que les étrangers contribuent autant que les nationaux, quand ils habitent en France, à la vie sociale, économique, culturelle, artistique que les Français ? C’est une obsession zemmourienne, et malheureusement, elle est beaucoup partagée. En tout cas, cela a été dit clairement : Dominique Seux a commencé sa question en disant qu’il savait jongler avec les chiffres, mais qu’on pouvait aussi parler des hommes.

La seconde chose choquante émise par Éric Zemmour est venue un peu plus tard, en répondant à des questions préenregistrées de citoyens français, en particulier d’une jeune femme au prénom étranger et que le polémiste a identifié d’origine iranienne. Sans la connaître, il a considéré a priori qu’elle était voilée (ce qui n’était pas le cas dans le passage), qu’elle ne reconnaissait pas les lois de la République et qu’elle acceptait la charia. Personne n’a insisté, ni journalistes (Léa Salamé ferait bien d’écouter ses invités plutôt que de s’inquiéter de ses questions), ni autres intervenants dans l’émission.

Seule, l’ancienne sénatrice PS et actuelle adjointe de Marseille Samia Ghali qui a eu un échange avec le polémiste, a pointé du doigt le fait que pour des accusations de harcèlement sexuel ou viol, Éric Zemmour mettait en avant la présomption d’innocence, mais dès qu’une personne est musulmane, il considérait a priori qu’elle serait pour la charia et contre les lois de la République, voire coupable de terrorisme tant qu’on y est.

L’émission a donc révélé une attitude qu’on lui connaissait déjà : Éric Zemmour met les personnes dans des petits tiroirs, dans des petites cases, dans des compartiments, sans vouloir les connaître, sans savoir qu’une personne n’a pas qu’une case mais des dizaines de cases d’identité, sans vouloir considérer que l’âme humaine est plus compliquée qu’une catégorisation banale et purement sectaire de personnes. Et puis, il y a des petites cases vertes et des petites cases rouges, les gentils et les méchants, qu’il faut pourchasser. C’est très puéril, mais pour un adolescent, finalement, c’est assez normal, c’est dans le cadre normal du développement mental. C’est seulement plus tard, quand arrive la maturité, qu’on s’aperçoit que le manichéisme simplificateur est complètement stupide et contreproductif. Avant de vouloir solliciter le vote des Français, il faut mûrir, et il faut avant tout les aimer et les écouter. Et ne pas jouer au père fouettard pour d’obscures obsessions qui doivent hanter le souvenir d’une enfance qu’on supposerait bien malheureuse.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 décembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le débat Éric Zemmour vs Bruno Le Maire : victoire de la raison !
Bruno Le Maire.
Éric Zemmour, l’imposture permanente ?
Le Théâtre de Villepinte.
Élysée 2022 (17) : Éric Zemmour, l’adolescent retardé.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Radio Kaboul dans les sondages : Éric Zemmour au second tour !
Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
Les prénoms d’Éric Zemmour.
Le virus Zemmour.
Le chevalier Zemmour.
Élysée 2022 (1) : un peuple d’ingouvernables ?
Les Républicains et la tentation populiste.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211209-bruno-le-maire.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/12/19/39268864.html








 

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24 novembre 2021 3 24 /11 /novembre /2021 07:58

« À l’intérieur de notre famille politique, il n’y a plus cette ligne rouge. C’est une faute morale. » (Renaud Muselier, le 24 novembre 2021 sur LCI).



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C’était inéluctable et on se demandait d’ailleurs pourquoi il ne l’avait pas fait avant : « C’est un moment important. (…) J’ai grandi dans le RPR, sous Jacques Chirac. J’étais membre fondateur de l’UMP, membre fondateur de LR. J’ai fait dix-neuf combats. J’en ai gagné dix-sept. (…) Mais je ne m’y retrouve plus. ». Renaud Muselier a annoncé ce matin du mercredi 24 novembre 2021 sur LCI, dans un entretien avec Élizabeth Martichoux, qu’il quittait son parti Les Républicains, lui qui s’était engagé dès l’âge de 17 ans au RPR et dont le grand-père Émile Muselier fut un grand résistant, vice-amiral des FFI, proche de  De Gaulle, tout comme son père, également résistant, Maurice Muselier déporté à Dachau.

Dès le début de sa campagne aux régionales, c’était clair sur le divorce entre LR et Renaud Muselier qui avait réussi, après un psychodrame de LR qui n’a pas valorisé les dirigeants de ce parti, à former une liste soutenue à la fois par LR et par LREM (le Premier Ministre Jean Castex lui avait assuré de son soutien). Mais la décision finale, la goutte qui a fait déborder le vase, l’incident de trop, c’est quand, la veille, Renaud Muselier a apporté son soutien à Xavier Bertrand dans "Le Parisien" et que ce dernier a vigoureusement rejeté ce soutien, sous prétexte qu’il avait critiqué Éric Ciotti, un camarade de parti (tout récent, puisque Xavier Bertrand s’est réinscrit à LR il y a un mois). En guise de rassemblement, Xavier Bertrand semble favoriser les forces centrifuges.

Soyons clair : en quittant Les Républicains, l’ancien dauphin déçu de Jean-Claude Gaudin ne fait que constater les dérives droitières voire extrémistes de tous les candidats LR à l’investiture. Les trois premiers débats l’ont confirmé, c’est une fuite en avant extrémiste à en avoir la nausée, des candidats qui prennent pour boussole Éric Zemmour comme seul guide idéologique, avec des surenchères qui provoquent des propos vraiment stupides.

Avec Hubert Falco, maire de Toulon, Christian Estrosi, qui n’a pas la réputation d’être un homme de gauche ni même du centre, avait déjà lâché il y a quelques mois (le 5 mai 2021) ce parti qui risque de devenir un groupuscule d’extrême droite couplé d’un syndicat (important) d’élus locaux (très honorables). On dit que le Président Emmanuel Macron veut faire du débauchage de la droite, mais la situation est tout autre : les candidats LR pêchant dans les eaux troubles de l’ultradroite, il est normal que les gens de droite et du centre cherchent un autre navire qui les ramènerait dans les voies de la responsabilité et des valeurs républicaines. Au contraire, heureusement qu’Emmanuel Macron était là ! Lorsque Nicolas Sarkozy a tenté de faire son extrémiste, en 2012, il n’y avait aucune échappatoire, si ce n’était François Bayrou mais celui-ci était trop détesté par la droite pour devenir un point de ralliement.

Le départ de Renaud Muselier, somme toute, a les mêmes raisons que le départ de LR de Xavier Bertrand et de Valérie Pécresse au moment où Laurent Wauquiez est devenu président de LR. Ces deux candidats, ainsi que Michel Barnier, sont tombés dans une sorte de marais d’ultradroite qu’ils auront du mal à sortir, ils ont été en quelque sorte zemmourisés sur le champ, polarisés par des sujets qui, s’ils sont importants (personne n’en disconvient), immigration et sécurité, qui sont deux sujets distincts, n’en sont pas les deux seules préoccupations de Français qui ont aussi des soucis autres : pouvoir d’achat, emploi, logement, éducation et formation, sans compter les deux sujets de préoccupation majeurs, un à court et moyen termes et l’autre à moyen et long termes : la pandémie de covid-19 et le bouleversement climatique. Dans l’avenir, on parlera longuement de cet obsessionnel aveuglément des candidats LR ; des politologues, des historiens, des sociologues se pencheront inévitablement sur cette époque folle.

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Renaud Muselier (62 ans) a eu une carrière politique traditionnelle : encarté au RPR à sa création en 1976, il est à l’origine médecin du sport, ancien champion ou vice-champion de karaté et de rugby. Conseiller général des Bouches-du-Rhône de 1992 à 1995, député de 1993 à 2012 (sauf quand il était au gouvernement), premier adjoint au maire de Marseille de 1995 à 2008, vice-président puis premier vice-président de la communauté urbaine de Marseille depuis 2001, président d’Euroméditerranée de 1995 à 2008, conseiller régional de PACA de 2004 à 2007, il fut nommé Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du 17 juin 2002 au 31 mai 2005 dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin.

Puis il a été président du conseil culturel de l’Union pour la Méditerranée de 2009 à 2013, président de l’Institut du monde arabe (IMA) de 2011 à 2013, président de l’Agence français de développement (AFD) de 2007 à 2013, député européen de 2014 à 2019. En 1999, il s’est porté candidat à la présidence du RPR contre Jean-Paul Delevoye (soutenu par Jacques Chirac), François Fillon et Michèle Alliot-Marie (qui a gagné), mais s’est retiré bien avant le vote.

"L’affaire de sa vie", pour celui qui rêvait de devenir maire de Marseille et qui n’a jamais postulé pour cela, c’est le conseil régional de PACA. Le 18 décembre 2015, Renaud Muselier fut élu président délégué du conseil régional (numéro 2) et depuis le 15 mai 2017, consécration, il est président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur après le retour de Christian Estrosi à la mairie de Nice. Il le fut d’abord par intérim, puis confirmé le 29 mai 2017, enfin réélu pleinement le 2 juillet 2021 après avoir mené lui-même les listes LR-LREM. Il était en outre président des Régions de France (président des présidents de conseils régionaux) du 6 novembre 2019 au 9 juillet 2021.

Beaucoup de "grands élus locaux" sont désorientés par la dérive extrémiste et populiste des candidats LR. Ils ne souhaitent pas forcément s’enrôler dans les troupes d’Emmanuel Macron. Édouard Philippe a donc eu raison d’avoir fondé son parti Horizons qui tente de rassembler ces élus et cet électorat avant qu’ils ne basculent définitivement dans l’indifférence sinon l’abstention.

Il n’y avait encore eu aucune réaction depuis le début de la campagne interne ultradroitière des candidats LR. La démission de Renaud Muselier est la première, et il est possible qu’il soit suivi. L’élection de Laurent Wauquiez (qui n’a pas duré longtemps) et le choix de François-Xavier Bellamy pour mener la liste LR aux élections européennes de mai 2019 ont déjà initié le mouvement. À partir du moment où tous les candidats LR défendent la même idéologie, le candidat le plus crédible, car il a le mérite de la constance, c’est bien sûr Éric Ciotti qui revendique le programme de François Fillon de 2017. Il a d’ailleurs annoncé à Jean-Jacques Bourdin le 24 novembre 2021 sur BFM-TV qu’élu Président de la République, il nommerait Premier Ministre Laurent Wauquiez…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 novembre 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Renaud Muselier.
Philippe Juvin.
Élysée 2022 (13) : troisième débat LR, bis repetita.
Élysée 2022 (12) : Surenchères désolantes pendant le deuxième débat LR.
Élysée 2022 (11) : Michel Barnier succédera-t-il à Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Les Républicains et la tentation populiste.
Jean-François Copé.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20211124-renaud-muselier.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/renaud-muselier-claque-la-porte-du-237414

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/11/24/39232851.html













 

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8 novembre 2021 1 08 /11 /novembre /2021 20:22

« Les chances sont équivalentes pour tous et cette élection est très ouverte. Contrairement à ce que l’on entend parfois, le match n’est pas joué d’avance et j’entends bien créer la surprise. Aucun sondage ne peut prévoir le choix des militants. » (Éric Ciotti, "Le Figaro" le 20 octobre 2021).



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Ce lundi 8 novembre 2021 s’est déroulé de 20 heures 40 à minuit sur LCI le premier des quatre débats entre les cinq candidats à la candidature LR à l’élection présidentielle de 2022. Ils seront départagés du 1er au 4 décembre 2021 par les adhérents de LR (environ 120 000 personnes) dans le cadre d’une primaire fermée.

Ces cinq candidats sont : Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Éric Ciotti et Philippe Juvin. Les trois premiers sont connus depuis longtemps, Éric Ciotti aussi mais moins exposé, et Philippe Juvin, chef de service et professeur de médecine, ancien député européen et maire d’une ville de la région parisienne, s’est fait surtout connaître à l’occasion de la crise sanitaire.

Ce débat animé par Ruth Elkrief et David Pujadas en collaboration avec "Le Figaro" et RTL a été beaucoup trop long, trois heures vingt, si bien qu’on peut se demander si des auditeurs s’étaient perdus en route. Pourtant, ce débat était plutôt dense et utile, même si chacun a eu du mal à trouver le bon ton entre la saine compétition et le besoin d’unité.

Je m’attendais à voir Michel Barnier faire une bonne prestation, parce qu’il avait une grande expérience politique. Et pourtant, incontestablement, ce fut Éric Ciotti qui l’a largement emporté. Il faut dire que le députe de Nice, qui est allé à Cannes le matin même sur les lieux d’un attentat qui a visé des policiers, n’attendait rien de la compétition, considéré comme un "petit candidat", se présentant surtout pour présenter ses idées qui ont le mérite d’être franches et massives. Il n’y avait donc aucun enjeu pour lui, et il était sans doute le plus détendu.

Et il a mené tout le débat en imposant le débat autour de ses idées. Et très surprenant, lui qui est connu pour ses idées sur la sécurité, l’immigration, qui reprend allègrement la considération du "grand remplacement" du polémiste Éric Zemmour et qui se vante chaque fois de ne pas avoir voté Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle de 2017 (il a glissé un bulletin au nom de François Baroin), il s’est d’abord distingué sur ses idées économiques.

Prônant un programme libéral, reprenant le programme de François Fillon dont il est resté fidèle, il a proposé 250 000 fonctionnaires en moins, la suppression de la moitié des niches fiscales, la transformation de l’impôt sur les revenus (actuellement 78 milliards d’euros) par une "flat tax" de 15% (l’impôt ne serait plus progressif) qui ferait malgré tout rentrer 30 milliards d’euros de recettes supplémentaires qu’il réinjecterait dans la baisse des charges salariales pour augmenter le pouvoir d’achat. Il est aussi pour la suppression des droits de successions.

Ancien président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, il a aussi souhaité la suppression des métropoles, des départements et des régions au profit d’une unique collectivité, la province. Tandis que Xavier Bertrand veut reprendre l’idée de Nicolas Sarkozy des conseillers territoriaux élus à la fois sur le département et sur la région.

Éric Ciotti a déroulé son programme, était très à l’aise dans le débat, absolument pas agressif, sans chercher à mettre en difficulté ses contradicteurs. En ce sens, il a adopté la même attitude de débat que François Fillon lui-même en 2016, ne s’occupant pas de la concurrence et exposant ses idées. Son programme a d’ailleurs été beaucoup travaillé même s’il est très clivant. Et il a été le seul à s’être adressé exclusivement aux militants LR, ceux qui votent au congrès, et pas aux Français en général.

Le perdant, à mon avis, était Michel Barnier qui était très flou et qui n’a pas été percutant, peut-être à cause de l’âge. Il a bien sûr défendu l’idée d’être un Président de réconciliation, mais des pans entiers de son programme ne sont pas clairs, en particulier son moratoire sur l’immigration qui fut l’occasion de plusieurs attaques de la part de Valérie Pécresse. Michel Barnier a expliqué qu’il refusait de promettre des choses démagogiques, si bien qu’il n’a pas été très précis, et de plus, souhaitant réunir sa famille politique après le congrès, il veut coconstruire son programme avec ses anciens concurrents après le congrès.

Xavier Bertrand n’a pas été très bon, il a interrompu plusieurs fois les animateurs pour prendre du temps à l’arraché, la première, cela s’est passé sans réaction et à la fin, à la troisième fois, Ruth Elkrief a été ferme et n’a pas cédé. Xavier Bertrand a proposé une super-prime d’activité, ce qui n’était pas vraiment une bonne idée, sorte d’assistanat qu’il a pourtant contesté pour l’actuel gouvernement. Il a été celui qui a le plus souvent critiqué Emmanuel Macron, même si Valérie Pécresse et Michel Barnier l’ont fait aussi, et tous les trois ont absolument exclu d’appartenir au futur gouvernement d’Emmanuel Macron si ce dernier est réélu.

Le principal argument de Xavier Bertrand est aussi creux que son programme : je suis le mieux placé dans les sondages, je suis le mieux placé pour battre Emmanuel Macron. Sauf qu’actuellement, il est placé dans les sondages en quatrième position, avec à peine 13%, très loin de pouvoir être présent au second tour. Alors mieux placé pour battre Emmanuel Macron ? C’est la méthode Coué.

Philippe Juvin est celui qui a proposé le plus de différences sur le fond, refusant la baisse du nombre de fonctionnaires, valorisant au contraire le service public. En revanche, sur la forme, il s’est déjà mis à la place du Président, alors que cela semble peu vraisemblable. Comme disait Daniel Cohn-Bendit, l’élection présidentielle rend fous les responsables politiques.

Il y a eu beaucoup de tartes à la crème. En particulier, Michel Barnier qui a dit qu’on pouvait dégager de l’argent en luttant contre la fraude sociale et la fraude fiscale… comme si on ne luttait pas déjà contre ces fraudes. Cela fait quinze ans que cet argument est éculé, c’est d’ailleurs l’argument privilégié de Jean-Luc Mélenchon. Si c’était si simple de lutter contre les fraudeurs, ce serait déjà fait ! C’est juste la tarte à la crème pour équilibrer des dépenses qu’on propose. Et pourtant, tous les candidats ont critiqué Emmanuel Macron comme le Président qui fait des chèques sans provision.

Valérie Pécresse a été assez combative, elle a été la plus mordante, attaquant surtout Michel Barnier (et un peu Xavier Bertrand). Dans un dernier sondage, elle a été dépassée par Michel Barnier, mais tous les deux restent derrière Xavier Bertrand. Elle a montré la plus grande détermination à réduire la dette publique.

Là encore, tarte à la crème, elle pense réduire de 200 000 le nombre de fonctionnaires en supprimant les postes administratifs et en créant des postes "sur le terrain", ce qui ne veut rien dire ; quand Michel Barnier constatait que les usagers manquaient d’interlocuteurs dans leurs démarches administratives, elle n’a pas précisé si un guichetier, c’est un post "administratif" ou un poste "sur le terrain".

Tarte à la crème aussi, car Valérie Pécresse a évoqué la suppression de plein d’agences et de comités administratifs qui ne serviraient à rien… argument régulièrement évoqué depuis quinze ans également, et cinq minutes plus tard, parlant de la carte vitale qu’il a transformée (en y mettant la photo) en tant que ministre de la santé, Xavier Bertrand a rappelé qu’il avait créé avec le ministre Éric Woerth un "comité" pour réduire les fraudes à la carte vitale. Mais personne n’a fait remarquer que justement, c’est ce genre de comité que Valérie Pécresse dit vouloir supprimer !

Michel Barnier veut, comme Philippe Juvin, une réduction des impôts de production, et Xavier Bertrand sert la tarte à la crème de la baisse des charges pour éviter les délocalisations en Pologne. Le coût du travail est trop fort… mais à moins de réduire drastiquement le niveau de vie des salariés français, on ne pourra jamais concurrencer les pays comme la Pologne sur le coût du travail, donc, ce n’est pas cela la solution d’une réindustrialisation.

Michel Barnier a mouché deux fois David Pujadas contre son insistance sur des points de détail, sur les éoliennes (le journaliste a beaucoup trop insisté) et sur le grand remplacement (le journaliste voulait avoir une petite phrase mais personne n’est tombé dans le piège).

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Comme disait le politologue Pascal Perrineau en présentant aux dirigeants de LR les derniers sondages, au cours de ce premier débat télévisé, "personne ne tue le match". Tous les candidats étaient à peu près de même force, avec des propositions souvent proches, à en avoir la nausée sur l’immigration (les Le Pen semblent avoir gagné la bataille idéologique).

Leur vision très électoraliste de noircir le mandat d’Emmanuel Macron sans reconnaître la baisse du chômage, le début d’une réelle réindustrialisation, la gestion de la crise sanitaire, la hausse du pouvoir d’achat, le fait que la France est le pays européen le plus attractif économiquement montre qu’ils sont unis dans la même mauvaise foi. Cela peut plaire aux militants LR, mais cela ne permettra certainement pas de rassembler une majorité de Français.

Je reste déçu et désolé de voir ce qu’est devenue l’ancienne coalition UDF-RPR qui valait 44% des voix, c’est devenu un syndic de faillite, une sorte de syndicat d’élus locaux repliés sur eux-mêmes et évalués autour de 10% ; une grande proportion de l’électorat LR est déjà partie chez Emmanuel Macron qui est le meilleur défenseur de l’esprit de conquête et d’ouverture pour l’avenir.

En fait, ce qui me désole, c’est que des Valérie Pécresse, des Xavier Bertrand, des Michel Barnier (pas Éric Ciotti) sont tellement proches d’Emmanuel Macron qu’ils se sentent obligés de l’attaquer à chaque détour de phrase pour ne pas être suspectés de collusion. Pour autant, dans quelques mois, il faudra bien constituer une majorité. Et une alliance LR-Emmanuel Macron sera peut-être une conclusion logique sinon naturelle. Alors, les postures d’avant élections n’engagent que les électeurs…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 novembre 2021)
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Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Éric Ciotti.
Hubert Germain.
Édouard Philippe.
Éric Zemmour au second tour !
Christian Estrosi.
Jean Castex.
Jean-Louis Borloo.
Nicolas Sarkozy.
Jacques Chirac.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Les Républicains et la tentation populiste.
Lucette Michaux-Chevry.
Michel Jobert.
Pierre Mazeaud.
Michel Debré.
Bernard Pons.
Pierre Juillet.
Philippe Mestre.
Henry Chabert.
Olivier Dassault.
Éric Raoult.
Yvon Bourges.
Christian Poncelet.
René Capitant.
Patrick Devedjian.

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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 07:55

« Bernard Tapie doit rire doucement de tout ce qu’il entend de bien aujourd’hui. » (Renaud Muselier, le 3 octobre 2021).


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L’ancien Ministre de la Ville, ancien député de Marseille, l’ancien débatteur acharné, l’ancien entrepreneur contestable, l’ancien homme des médias, l’ancien homme des sports… Bernard Tapie est mort à 78 ans ce dimanche 3 octobre 2021 dans la matinée (8 heures 40) : « Il est mort paisiblement, entouré de sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et son frère. », selon sa famille. Brigitte Macron était venue le voir à son domicile il y a quinze jours.

Bernard Tapie avait demandé à ses médecins de tout faire pour le maintenir en vie jusqu’au 6 octobre 2021, jour du jugement de son dernier procès auquel il n’avait pas pu assister en mai dernier. Il voulait sauver son honneur, mais avec sa disparition, on ne saura jamais quel aurait été le verdict. À trois jours près.

Jamais il n’aurait imaginé faire tant consensus à sa mort, avec une classe médiatique (pour les télévisions, c’est journée Tapie aujourd’hui) et politique unanime à saluer l’homme Tapie. Et il y a de quoi. C’est à la fin qu’on peut "juger" vraiment un homme, j’écris "juger" dans le sens d’apprécier, car juger vraiment, personne d’ici-bas ne peut juger la vie d’un homme, et les juges dont c’est le métier ne jugent qu’une facette de la vie, celle qui aurait pu se mettre en infraction par rapport à la loi humaine (et là encore, les situations complexes rendent le jugement parfois très aléatoire).

Jamais il n’aurait cru faire l’unanimité de l’hommage. Éric Zemmour l’a déjà salué et peut-être que celui qu’il considérait comme son plus grand adversaire politique, Jean-Marie Le Pen, de sa retraite de nonagénaire, malgré des duels très violents, y mettra aussi du sien pour lui tresser les lauriers.

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On ne va certainement pas le panthéoniser (il a de toute façon demandé à être enterré à Marseille), mais il faut reconnaître que la fin de sa vie fut un exemple de courage et de détermination incroyables face à sa terrible maladie, un double cancer qui lui a donné peu de répit pendant ses quatre dernières années.

À l’image de deux des quatre principaux personnages de l’État, les Français, même ceux qui le détestaient, ne peuvent pas ne pas s’incliner devant ce courage. Ainsi, le Premier Ministre Jean Castex a déclaré : « La première image qui me vient est celle du combattant. ». Gérard Larcher, le Président du Sénat, a lui exprimé son émotion ainsi : « Au-delà de l’homme engagé et passionné, je veux m’incliner devant son admirable courage face à la maladie. ».

Pour Bernard Tapie, il n’y avait pas de tabou dans les débats publics. Ainsi, il voulait parler là où ça faisait mal. C’est pour cela qu’il s’était attaqué à Jean-Marie Le Pen, parce que lui aussi s’était attaqué aux tabous mais personne ne voulait le suivre, sauf certains électeurs. Bernard Tapie était donc un peu dans le rôle du chirurgien qui tentait d’éliminer une parte nécrosée du corps (électoral), parler de sujets importants pour le peuple, sortir les poussières cachées sous le …tapis de la République. Concrètement, cela n’a pas beaucoup fonctionné, mais c’était louable de sa part d’avoir essayé.

Cette journée d’hommage n’ôtera rien de toutes les illégalités qu’il a pu avoir commises et que la justice a signalées le cas échéant. Mais face à la mort et à la maladie, un homme va bien au-delà de cet aspect-là.

C’est étrange mais me vient à l’esprit cette idée si intime que face à la mort, les hommes sont vrais, dépouillés de tous les artifices, hypocrisies, face à la mort, les hommes sont vrais. Cette idée, c’était celle d’un ami très cher, prêtre, qui a été l’aumônier catholique du principal hôpital de Nancy pendant une trentaine d’années, il savait de quoi il parlait, Bernard Remy, l’une des premières victimes "professionnelles" de la pandémie de covid-19 en France.

Ce modeste écrit n’a rien d’autre but que signaler que les hommages aujourd’hui de toute la classe médiatique, sportive, politique, etc. ne peuvent être pris paradoxalement pour hypocrites, ils sont au contraire le résultat de la prise de conscience qu’un homme est toujours complexe, jamais blanc ou noir, et que finalement, les "vraies valeurs" (notion difficile à cerner) sont toujours apparentes à la fin de la route, jamais auparavant.

Le 8 juillet 2021 sur LCI, dans l’une de ses dernières interventions publiques, Bernard Tapie avait déclaré, peu avant que sa nuit ne se déclarât : « Chacun a sa mort et comme il le sent. Ce qu’on peut faire quand on est à la veille, c’est de donner quelques conseils. Moi, le mien, c’est de dire, ce n’est pas l’étape définitive. J’en suis là. Il y a des étapes dans la vie : il y a la naissance, vous êtes à la retraite, et puis, il y a "Allez, ciao", eh bien, il faut la vivre en fonction de l’impression que vous aurez laissée autour de vous, à ceux que vous aimez. ». RIP et pensée à sa famille.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 octobre 2021)
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Pour aller plus loin :
Bye bye Tapie !
Axel Kahn : chronique d’une mort annoncée.
Euthanasie : soigner ou tuer ?
Bernard Tapie et "choisir sa mort".
Éric de Montgolfier, les pieds dans le Tapie.
Le combattant Bernard Tapie.
Bernard Tapie : faut-il encore s’acharner sur cet homme ?
Aquarius : 630 vies humaines et les sales eaux.
Grandeur et décadence de Bernard Tapie.
"Un jour, un destin" rediffusée le 4 janvier 2011 sur France 2.
Bernard Tapie, victime ?

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30 septembre 2021 4 30 /09 /septembre /2021 14:09

« Justice politique : nouvel épisode d’un nouvel acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy. » (Éric Zemmour, le 30 septembre 2021 sur Twitter).



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Le verdict est tombé comme un couperet ce jeudi 30 septembre 2021 dans l’affaire Bygmalion, à savoir le financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. L’ancien Président de la République a été jugé coupable et condamné en première instance à un an de prison ferme. Il a aussitôt fait appel de cette décision de justice. Sa peine est aménagée pour la faire à domicile avec un bracelet électronique.

Après la condamnation de son prédécesseur Jacques Chirac, c’est la première fois qu’un ancien Président de la République est condamné à de la prison ferme. Cependant, il faut bien se rappeler que c’est en première instance, la condamnation a même été plus sévère que ce qu’avait requis le procureur général, ce qui est assez rare.

C’est toujours délicat d’envisager publiquement un acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy car cela prête le flanc aux populismes qui rejettent tant la justice que le parlementarisme. Cette condamnation fait en tout cas mentir la célèbre formule de La Fontaine sur la justice des forts et des humbles.

Le tribunal a considéré que Nicolas Sarkozy connaissait le montant du compte de campagne de 2012 et a volontairement omis, en qualité de candidat, d’exercer un contrôle sur les dépenses.

En termes de responsabilité, Nicolas Sarkozy ne pouvait de toute façon pas se dédouaner de la manière dont il a fait campagne en 2012, même s’il était complètement étranger aux détails comptables. Comme un chef d’entreprise, c’est lui qui a recruté les personnes chargées de diriger sa campagne et sa responsabilité est là, toute entière, pénale comme celle d’un chef d’entreprise. En revanche, il reste étonnant qu’on juge sur les comptes de campagne alors que le Conseil Constitutionnel avait déjà, en été 2013, donné un avis sur le même sujet.

Nicolas Sarkozy n’avait aucune envie de replonger dans les poisons et délices de la vie politique et donc, pour les antisarkozystes résiduels (la plupart sont devenus des antimacronistes !), cette décision n’a plus de conséquences politiques. Son actualité était plutôt littéraire sinon judiciaire.

Cette condamnation est peut-être la reconnaissance politique que Jean-François Copé, alors en charge de l’UMP, n’y était pour rien (certes, cette reconnaissance-là a déjà été faite avant le procès mais elle s’exprime maintenant au grand jour).

Aujourd’hui, les réactions affluent de la part des responsables LR ou anciennement LR, et en particulier des candidats à l’investiture : Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Damien Abad (le président du groupe LR à l’Assemblée Nationale), etc. Exercice périlleux mais obligé : LR a été fondé par Nicolas Sarkozy, et avec le vide politique consécutif à l’élection présidentielle de 2017, il reste une sorte de commandeur des croyants à qui se référer, du moins vis-à-vis des militants et encartés LR. Pourtant, il ne faut pas non plus s’en prendre à la justice même si avec Nicolas Sarkozy et François Fillon, cette impression d’acharnement peut être invoquée (et le "mur des c@ns" a laissé des soupçons profonds).

Plus instructive a été la réaction immédiate du polémiste Éric Zemmour qui a apporté son soutien spontané à l’ancien Président de la République. L’occasion pour lui de parler d’acharnement judiciaire contre l’ancien président de LR, mais cela lui permet aussi de régler quelques comptes avec la justice qui l’a condamné parfois définitivement pour des prises de paroles considérées comme un délit.

Mais ce petit côté personnel ne suffit pas à le faire réagir si rapidement. Depuis la fin du mois d’août 2021, le polémiste est dans une opération de grande envergure de captation de LR. Ni plus ni moins.

Et il se fait un grand plaisir de faire parler les élus LR ou UMP ou même RPR à leur place. L’exercice est facile de faire parler les morts car il n’y a pas de risque de démenti : il considère qu’il est proche de Philippe Séguin (qui pensait le contraire du polémiste sur l’immigration), de Charles Pasqua (qui était révulsé, lui ancien résistant, sur les louanges du polémiste pour Pétain), et évidemment De Gaulle en reprenant des verbatim de conversations privées avec Alain Peyrefitte, dont je ne doute pas de la véracité mais qui ne restent que des conversations privées, c’est-à-dire qui ne doivent pas avoir un usage de modèle ou de référence, et d’un homme né au XIXe siècle qui était encore conditionné par un environnement sociologique très particulier.

Mais Éric Zemmour aime aussi faire parler les vivants et c’est là son habileté : en nomment précisément des personnalités comme Laurent Wauquiez, Éric Ciotti, Nadine Morano, Bruno Retailleau, qui pourraient le rejoindre, il oublie de dire que ces personnalités ont validé la désignation du futur candidat LR au congrès du 4 décembre 2021, et n’ont donc aucune intention de le soutenir.

Le soutien d’Éric Zemmour à Nicolas Sarkozy relève ainsi de cette stratégie d’écartèlement de LR en laissant entendre aux sympathisants et électeurs de LR qu’il ferait partie de la même famille (ce qui est faux même s’il a suivi les pérégrinations de cette famille politique depuis une trentaine d’années).

C’est en ce sens que les potentiels électeurs du polémiste doivent bien comprendre ce qu’il veut faire, d’abord phagocyter LR et après Noël, phagocyter le RN.

Quant à Nicolas Sarkozy, quels que soient les incartades avec la loi (et rien ne doit évidemment rester impuni), il reste une certaine amertume quand on songe, comme beaucoup d’autres responsables politiques d’envergure nationale et internationale (je pense à Jacques Chirac et à François Fillon, mais il y en a d’autres), qu’il a consacré des dizaines d’années de sa vie exclusivement au service de ses contemporains.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 septembre 2021)
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Pour aller plus loin :
Bygmalion : Éric Zemmour soutient Nicolas Sarkozy.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Giulia : le nationalisme mal placé de Marine Le Pen.
Les prénoms d’Éric Zemmour.
Le virus Zemmour.
Le chevalier Zemmour.
Injustice pour Nicolas Sarkozy ?
Sarko et ses frères...

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8 juillet 2021 4 08 /07 /juillet /2021 03:06

« Honteux comme un renard qu’une poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille.
Trompeurs, c’est pour vous que j’écris ;
Attendez-vous à la pareille. »
(La Fontaine, "Le Renard et la Cigogne").



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Le fabuliste Jean de La Fontaine est né il y a exactement 400 ans, le 8 juillet 1621, à Château-Thierry. Le Président Emmanuel Macron avait fait le déplacement dans sa ville natale le 17 juin 2021, peu avant le premier tour des élections régionales, dans une région où se présentait probablement son adversaire le plus sérieux de la prochaine élection présidentielle, Xavier Bertrand. À cette occasion, il avait rencontré des écoliers et surtout l’acteur agaçant Fabrice Luchini qui a lu quelques fables (j’apprécie cet acteur mais il est parfois agaçant).

L’avantage, quand on évoque Jean de La Fontaine, c’est que tout le monde le connaît. C’est le point de passage obligé de la culture française. Son nom même résonne la culture française. Même s’il avait rédigé beaucoup d’autres œuvres auparavant, il fut un auteur connu tardif, ses premières fables ont été publiées quand il avait déjà 47 ans (en 1668). En tout, il en a écrit 240. Sa méthode est connue et très populaire : prendre (souvent) des animaux pour parler des humains, et terminer par une morale (ou commencer par une morale).

C’est ce côté moraliste qui a été très apprécié des pouvoirs politiques. Récupérées tant par les jésuites que, plus tard, par les républicains, les fables de La Fontaine sont ainsi aux programmes scolaires depuis longtemps. L’évocation des animaux est d’ailleurs une excellente source d’intérêt pour tous les enfants. Cet enseignement permet aussi un exercice simple de mémorisation en apprenant par cœur les fables, dont la longueur convient bien à ce genre d’exercice, la "récitation".

Apprendre par cœur a toujours été en débat pédagogique. Citée par la neurologue lyonnaise Catherine Thomas-Antérion le 31 mai 2021 sur le site de l’Observatoire BV2 des mémoires, une publication d’Yvan Abernot, Jacques Audran et Éric Penso évoquait en 2011 la problématique : « Alain Lieury (2004) affine les rapports de la mémoire et de la réussite scolaire, montrant au chapitre "Faut-il abolir l’apprentissage par cœur" que le facteur R (l’intelligence inductive) n’est pas seul à expliquer la réussite de l’élève mais que la mémoire, y compris encyclopédique, est aussi très impliquée. Rappelons que corrélation n’est pas cause, mais admettons avec l’auteur, qu’à tout le moins, des liens de confortations réciproques existent entre réussite scolaire et apprentissage par cœur. » (hal-01180323). Et cette neurologue lyonnaise insistait sur cette caractéristique de La Fontaine : « Pour chacun d’entre nous, le nom de La Fontaine permet d’évoquer immédiatement une sentence entrée dans le langage commun (…). Dans nos représentations, les fables sont le prototype de l’apprentissage par cœur. ».

Cette utilisation pédagogique de La Fontaine peut se faire à tout âge, école primaire, collège et même lycée. Je me souviens d’un professeur de français qui avait mis en difficulté un camarade qui ne connaissait pas le sens du mot "ramage", mot qu’il connaissait pourtant depuis tout petit avec la célèbre fable "Le Corbeau et le Renard". Sans en connaître la signification.

Une évocation qui me faisait alors penser irrésistiblement à un "Dingodossier" du talentueux et hilarant Gotlib qui imaginait un monde extraterrestre où le Terrien, venu saluer l’autochtone visiblement féminine, lui répéter du La Fontaine : « Que vous êtes jolie ! que vous me semblez belle ! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ces bois ! ». Et la mignonne extraterrestre, indignée, de balancer une claque magistrale à notre humain voyageur intergalactique un tantinet dragueur en lui disant : goujat ! Et l’image qui suit montre un oiseau dans cette planète bizarre qui porte des plumages très moches et qui crie comme une casserole ! "Le Corbeau et le Renard" ne marche pas à tous les coups !

L’idée de prendre des animaux comme personnages n’était pas nouvelle, et La Fontaine reconnaissait aisément son inspiration des fables d’Ésope (notamment dans "La Mort et le Malheureux"). Beaucoup ont utilisé cette idée, sans même forcément avoir les mêmes buts. On peut penser facilement aux personnages de Walt Disney (des canards, des souris, des chiens, etc.), ou à des romans comme "La Ferme des animaux", des dessins animés (la plupart en général, mais je pense en particulier à "Chicken Run"), ou encore des bandes dessinées plus "graves" comme l’excellent "Maus" d’Art Spiegelman, qui raconte la Shoah avec des souris pour représenter les Juifs, des chats pour les nazis (en tant qu’adorateur des chats, je proteste !), des cochons pour les Polonais (là, les Polonais protestent), etc. (La propagande nazie assimilait les Juifs à des souris, les prenant pour des nuisibles).

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Ces morales infusées discrètement dans ces fables, chacun peut y prendre son compte. Alors, très modestement, voici quelques morales pour nos futurs (éventuels) candidats à la prochaine élection présidentielle.

Emmanuel Macron veut encore réformer le pays avant la fin de son mandat : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » ("Le Lion et le Rat").

Marine Le Pen, en tête du premier tour dans les sondages : « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours qu’on ne l’ait mis par terre. » ("L’Ours et les deux Compagnons").

Après l’échec des régionales, tout reste possible à la présidente réélue du RN : « L’avarice perd tout en voulant tout gagner. » ("La Poule aux œufs d’or").

Les écolos, anticapitalistes comme les autres gauchistes : « Ce n’est pas sur l’habit que la diversité me plaît ; c’est dans l’esprit. » ("Le Singe et le Léopard").

Guillaume Peltier soutient la candidature de Xavier Bertrand : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. » ("Le Corbeau et le Renard").

Laurent Wauquiez n’est pas en reste et veut aussi concourir : « Nous n’écoutons d’instincts que ceux qui sont les nôtres, et ne croyons le mal que quand il est venu. » ("L’Hirondelle et les petits Oiseaux").

Selon "Paris Match", Éric Zemmour est prêt à partir : « Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde : on a souvent besoin d’un plus petit que soi. » ("Le Lion et le Rat").

Jean-Luc Mélenchon est déjà candidat : « Le trépas vient tout guérir ; mais ne bougeons d’où nous sommes : plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. » ("La Mort et le Bûcheron").

Hégémonie du parti présidentiel (quel qu’il soit) : « Prit pour lui la première [part] en qualité de sire. Elle doit être à moi, dit-il ; et la raison, c’est que je m’appelle lion. À cela l’on n’a rien à dire. La seconde par droit me doit échoir encor : ce droit, vous le savez, c’est le droit du plus fort. Comme le plus vaillant, je prétends la troisième. Si quelqu’un de vous touche à la quatrième, je l’étranglerai tout d’abord. » ("La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lyon").

Jean Castex n’est pas candidat, mais il (sur)veille au gouvernement : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » ("Le Loup et l’Agneau").

Arlette Laguiller reste à la retraite, elle ne se présentera plus : « Il est bon de parler, et meilleur de se taire. » ("L’Ours et l’Amateur des jardins").

Nicolas Dupont-Aignan est candidat, toujours indépendant : « "Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? (…) Il importe si bien que de tous vos repas, je ne veux en aucune sorte, et ne voudrais même pas à ce prix un trésor". Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor’. » ("Le Loup et le Chien").

Anne Hidalgo veut être la représentante d’un parti en phase terminale : « Il a dit quelque part : qu’on me rende impotent, cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme, je vive, c’est assez, je suis plus que content. Ne viens jamais, ô Mort ! on t’en dit tout autant. » ("La Mort et le Malheureux").

Philippe Poutou renonce à une nouvelle candidature : « Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi. » ("Les Deux Mulets").

En négociation, la candidature d’un gilet jaune : « Hélas ! on voit que de tout temps, les petits ont pâti des sottises des grands. » ("Les Deux Taureaux et une Grenouille").

Et terminons par la valse des François !

François Fillon ne sera pas candidat : « La méfiance est mère de la sûreté. » ("Le Chat et un Vieux Rat").

François Baroin ne sera pas candidat à une nouvelle primaire LR : « Vous chantiez, j’en suis fort aise ! Eh bien, dansez, maintenant ! » ("La Cigale et la Fourmi").

François Asselineau, encore candidat : « D’un magistrat ignorant, c’est la robe qu’on salue. » ("L’Âne portant des reliques").

François Hollande, tenté par une nouvelle candidature : « C’est souvent du hasard que naît l’opinion, et c’est l’opinion qui fait toujours la vogue. » ("Les Devineresses").

François Bayrou, également tenté : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » ("Les Animaux malades de la peste").

Du haut du ciel, François Mitterrand, dit Dieu, hésite à reprendre le combat : « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, tout petit prince a des ambassadeurs, tout marquis veut avoir des pages. » ("La Grenouille qui veut faire aussi grosse que le bœuf").


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 juillet 2021)
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Pour aller plus loin :
Amélie Nothomb.
Jean de La Fontaine.
Edgar Morin.
Frédéric Dard.
Alfred Sauvy.
George Steiner.
Françoise Sagan.
Jean d’Ormesson.
Les 90 ans de Jean d’O.

_yartiLaFontaineJeanDe03




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https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-fontaine-a-la-sauce-234093

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 03:42

« Les nuages roses me montent à la tête… Bon, il faut que je file, je vais vraimet le rater ! » (Sophie Tal Men, "Les Yeux couleur de pluie", éd. Albin Michel, 2016).




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Les résultats du second tour des élections régionales de ce dimanche 27 juin 2021 ont un invariant intéressant : toutes les équipes sortantes ont été réélues ! J’évoque principalement les régions en métropole hors la Corse qui est un univers politique très particulier (Gille Simeoni a même progressé avec 40,6%).

Exprimée comme ça, on résume finalement assez simplement la situation. Mais les commentateurs préfèrent dire que c’est une victoire de LR et du PS, et un échec du RN et de LREM. Voyez la différence : la conclusion sur l’extrapolation vers l’élection présidentielle est totalement différente selon ces manières. D’un côté, on dit que le futur candidat LR a une chance de l’emporter en 2022 (encore faudra-t-il le désigner et ce n’est pas une mince affaire, sur quels critères ? et doit-il être LR d’ailleurs ?). De l’autre côté, si on donnait la prime aux sortants, loin d’avoir perdu en 2021, le Président Emmanuel Macron pourrait au contraire être un grand bénéficiaire, comme je l’avais présenté avant le second tour.

Le plus drôle est cette mécanique incessante des sondages. À croire que ça peut tourner à vide en permanence. À peine a-t-on quitté un scrutin qu’on commence fort avec de nouveaux sondages. Xavier Bertrand ? Oui, il semble être le candidat LR favori de… des sympathisants LR ? des sondés ? des électeurs des Hauts-de-France ? On ne sait pas trop bien, mais en tout cas, Xavier Bertrand s’y croit : à peine réélu à la tête de sa région, le voici qui délaisse ses électeurs pour viser plus haut. Mais Valérie Pécresse n’est pas en reste avec son équipe de France, ni Laurent Wauquiez, bien réélus respectivement à 45,9% et à 55,2%.

Et si finalement Renaud Muselier était le candidat LR ? Après tout, si les régionales, c’est le critère, à ce jour, c’est le candidat LR le mieux réélu de France, non ? En fait, la mécanique des sondages est une discipline qui n’a pas peur de montrer ses défaillances. Par exemple, les sondages prédisaient un score très serré entre Renaud Muselier et Thierry Muselier en région PACA, un 51%-49% et probablement une longue soirée électorale en perspective. Eh bien, pas du tout : au moins 57% (57,3% à cette heure) des électeurs ont voté pour Renaud Muselier. Comme on dit, il n’y a pas photo, et pourtant, les sondages osent remontrer leur nez sur d’autres questions dont les réponses, sinon les questions, sont toutes aussi hors sol que ce supposé score serré.

Alors, qu’en est-il vraiment ?

D’abord, revenons sur la participation et la grande surprise, c’est qu’elle est à peine améliorée. Bref, on ne s’est pas plus déplacé. Pourtant, pas de fête des pères, et dans mon coin, pas vraiment du soleil pour une balade bucolique. On peut dire sans crainte de se tromper, après une semaine électorale particulièrement médiatique, que les abstentionnistes ne sont pas allés voter en toute conscience. Au premier tour, on pouvait ne pas savoir, oublier, ne pas comprendre, au second tour, c’est clair, on ne voulait pas. La forte abstention est donc confirmée, mais à mon sens, il ne faut pas la surinterpréter, sinon en considérant que les électeurs avaient mieux à faire que comprendre des enjeux qui ne les intéressent pas.

Dans mon bureau de vote, c’est amusant : certains assesseurs n’ont même pas voté ! Et certains électeurs qui n’avaient pas voté au premier tour sont allés voter au second tour. Mais il y a eu aussi l’inverse, certains électeurs du premier tour ne sont pas allés au second tour. Ou alors ont voté clairement avec un vote blanc (enveloppe vide) ou nul (les deux bulletins des deux candidats restants aux élections départementales : c’est vrai que par chez moi, le binôme sortant avait obtenu plus de 53% au premier tour, mais n’avait pas eu assez de voix pour être élus au premier tour, des trois candidats du premier tour, seulement les deux premiers sont restés au second tour, il manquait le binôme du RN qui a suscité ces votes blancs ou nuls, facilement décelables puisqu’un de ces bulletins était écrit à la main "rassemblement national").

Mais je m’égare car je parle des élections régionales. C’est clair qu’il y a eu compensation entre un surcroît d’électeurs voyant un enjeu politique et une démobilisation d’autres électeurs n’ayant plus la possibilité de choisir la liste choisie au premier tour.

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Comme je l’ai expliqué, si les listes LREM ont fait un mauvais score, c’était très prévisible, c’est parce qu’Emmanuel Macron ne s’est jamais investi politiquement dans les élections locales. Toutes les listes LREM restées au second tour, autour de 11%, ont même perdu quelques plumes, sur l’autel du vote utile. Seule, la liste du ministre MoDem Marc Fesneau a fait un score honorable, de l’ordre de 16% et il est probable que la prochaine fois pourrait lui permettre plus d’espoir. Marc Fesneau est un élu local de longue haleine et il sera d’ailleurs probablement un excellent héritier de François Bayrou. La liste de la ministre Brigitte Klinkert a aussi amélioré sa performance en passant de 10,8% à 12,2% dans le Grand Est (où Jean Rottner est réélu avec 40,3%). Ce qu’on n’a peut-être pas vraiment compris, c’est que, par leur maintien, les listes LREM ont ainsi pu gagner des élus dans les conseils régionaux. Ils n’y étaient pas présents précédemment. C’est ainsi le germe de futures autres trajectoires politiques, plus implantées dans les territoires.

Ce score très faible de LREM n’augure évidemment rien d’un premier tour d’élection présidentielle avec Emmanuel Macron qui reste populaire. Souvent, les personnalités LREM présentes aux élections régionales étaient peu connues, tant sur le plan national que sur le plan régional. Emmanuel Macron, cela n’a rien à voir, on l’aime ou on le déteste, mais au moins, on le connaît !

Du reste, je pourrais dire la même chose de Marine Le Pen. Oui, le score de Xavier Bertrand est très beau, 52,4%… mais il ne faut pas oublier qu’il bataillait contre deux personnalités assez dérisoires de la vie politique nationale : Sébastien Chenu (25,6%) et Karima Delli (22,0%). L’adversaire, ce n’était pas Marine Le Pen qui aurait sans doute obtenu un bien meilleur score pour le RN (42,3% le 13 décembre 2015 !). On le voit aux élections départementales où elle a été élue conseillère départementale au scrutin majoritaire en binôme avec Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais avec 59,7%.

Néanmoins, il est incontestable que ces élections montrent les limites de la stratégie de Marine Le Pen. Déjà, le maire de Béziers Robert Ménard, l’éditorialiste Éric Zemmour et d’autres se pressent au portillon pour envisager une autre solution "nationaliste". Je vois au moins trois échecs pour le RN.

Le premier, c’est que la volonté de vouloir être un parti comme les autres ne fonctionne pas : le RN n’a jamais bien attiré les électeurs que s’il était provocateur, transgressif. Tant qu’à replonger dans la tiédeur de la cuisine politicienne classique, autant revenir aux maîtres de cette cuisine (reprendre le vieux slogan de Jean-Marie Le Pen à son détriment : vaut mieux l’original à la copie).

Le deuxième échec qui provient du premier, c’est que mettre en avant des transfuges du LR en tête de pont RN ne fonctionne pas. En d’autres termes, les électeurs LR "durs" préfèrent quand même un candidat LR à un candidat supposé traître à sa famille politique (d’autant plus que les programmes sont diamétralement opposés, ne serait-ce que sur les retraites). Thierry Mariani (autour de 42%) et Jean-Paul Garraud (24,0%) n’ont plus qu’à aller se rhabiller. On voit mal la poursuite des transfuges de LR vers RN pour 2022 : le RN est devenu has been, ringard, loser, perdant.

Le troisième échec est en revanche bien plus problématique pour Marine Le Pen : malgré une stratégie de simple droite dure sans transgression, le RN subit quand même de plein fouet un front républicain toujours aussi efficace (à ma grande surprise). Je le pensais désuet, sans effet et il est clair que non : en région PACA, de nombreux électeurs de gauche ont voté pour Renaud Muselier pour empêcher la victoire du RN. En d’autres termes, cela signifie que les électeurs de gauche sont capables de se mobiliser encore en faveur de candidats de droite pour faire barrage à l’extrême droite. Cette perspective de front républicain intéresse évidemment Emmanuel Macron dans une optique de second tour présidentiel. Cela encourage aussi les anciens soutiens de Marine Le Pen à vouloir choisir une autre représentante qui ne subirait pas un tel front républicain, mais qui, alors que les transfuges de LR seront les premiers rejetés ?

L’échec est tellement patent pour le RN qu’en Bourgogne-Franche-Comté, par exemple, malgré la quadrangulaire, le RN (23,8%) a rétrogradé de la deuxième à la troisième place au profit de la liste LR (24,8%).

Passons maintenant à gauche. D’un point de vue national, évidemment que Julien Bayou a gagné un pari, celui d’avoir réussi à faire l’union à gauche, mais alors, pourquoi ne pas l’avoir fait dès le premier tour ? En tout cas, il a une longueur d’avance sur Anne Hidalgo qui a complètement échoué avec la candidature de la pauvre Audrey Pulvar à qui je recommanderai sincèrement d’arrêter la politique car ce n’est vraiment pas son truc. Cependant, sur le plan régional, Julien Bayou, avec 33,7%, n’a pas réussi à vraiment inquiéter Valérie Pécresse même si celle-ci a dramatisé le second tour pour mobiliser ses soutiens.

Allons plus loin à gauche. Chaque fois que la gauche a été unie (PS, FI, EELV), ce fut l’échec, en particulier dans les Pays de la Loire où la gauche réunie de Matthieu Orphelin et Guilaume Garot n'a pas atteint le total des deux listes du premier tour (34,9%) tandis que la présidente sortante Christelle Morançais a fait un bond de 34,3% à 46,5% (le RN a reculé en une semaine de 12,5% à 10,5% et François de Rugy aussi de 12,0% à 8,2%). Même chose en Normandie où la gauche n'a obtenu que 26,2% face au centriste Hervé Morin réélu ave 44,3%.

En revanche, lorsque le PS est sortant, généralement, le candidat sortant refuse de faire une alliance avec d’autres partenaires de gauche et a persévéré à se présenter seul, sur son seul bilan… et cela a fonctionné : excellemment en Occitanie (Carole Delga semble être la mieux réélue de France avec 57,8%), mais aussi, malgré des scores assez faibles mais en tête, en Nouvelle Aquitaine (Alain Rousset à 39,5%) et même en Bretagne (Loïg Chesnais-Girard à 29,8%) alors que la liste écologiste (20,2%) n’était pas loin de faire basculer la région à droite au premier tour (Isabelle de Callennec a obtenu 22,0% au second tour). Seule exception, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté qui a été réélue avec 42,2% avec une alliance écolo.

Là encore, la leçon est claire : les électeurs sont prêts à faire confiance à une social-démocratie de gestion, mais pas du tout à une sorte de retour anachronique à l’union de la gauche mâtinée de couleur écologiste. Dans ces listes d’union de la gauche, on ne contente personne. D’ailleurs, en Île-de-France, Julien Bayou n’a même pas retrouvé le total du premier tour des trois listes qu’il prétendait réunir. Il a perdu des électeurs en route, mécontents d’un des partenaires du deal. En Île-de-France, le RN (13,1% à 10,8%) et LREM (11,8% à 9,6%) ont aussi chuté entre les deux tours.

En conclusion, on voit surtout qu’il serait très imprudent d’interpréter les élections régionales comme un tour de chauffe de la prochaine élection présidentielle. Au contraire, ce sont des situations locales qui ont favorisé les sortants parce qu’ils étaient les seuls connus, et leur action au service de la région, quelle que soit l’étiquette politique arborée, s’est montrée convaincante. Il faut préciser aussi que le non cumul des mandats a favorisé ce genre de choses : le président à la tête de la région, qui n’a que ce mandat, sans mandat parlementaire ou autre, peut se consacrer totalement à sa région, ce qui, ici, est un atout pour cette collectivité.

Ceux qui voulaient du changement et du renouveau en seront pour leurs frais : en métropole, pas un conseil régional ne replacera à sa tête un autre que son président sortant. Une telle unanimité dans les réélections est à ma connaissance très rare historiquement. Un phénomène qui ne doit finalement pas tant déplaire que ça l’actuel locataire de l’Élysée…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Régionales 2021 (7) : tous les sortants restent !
Régionales 2021 (6) : Emmanuel Macron et le qui perd gagne.
Régionales 2021 (5) : vous avez dit front républicain ?
Suppression des professions de foi lors des élections (28 septembre 2016).
Régionales 2021 (4) : l’abstention, c’est grave, docteur ?
Régionales 2021 (3) : le premier tour, déconfiture ?
Régionales et départementales 2021 (2) : les enjeux.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Les Républicains et la tentation populiste.
Rapport de Jean-Louis Debré du 13 novembre 2020 (à télécharger).
Avis du Conseil scientifique sur la tenue des élections du 29 mars 2021 (à télécharger).
Régionales et départementales 2021 (1) : à propos de leurs dates et de l’âge du capitaine.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Municipales 2020 (4) : bientôt, la fin d’un suspense.
Municipales 2020 (3) : et le second tour arriva…
Municipales 2020 (2) : le coronavirus s’invite dans la campagne.
Municipales 2020 (1) : retour vers l’ancien monde ?
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Les départementales 2015 au second tour.
Les départementales 2015 avant le second tour.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Vive la Cinquième République !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210627-regionales-2021g.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/regionales-2021-7-tous-les-233990

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/06/24/39029246.html










 

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24 juin 2021 4 24 /06 /juin /2021 03:36

« Il y avait là toute l’ironie du monde, songeait-il : à suivre aveuglément la lumière, on finit plongé dans le pire des ténèbres. » (Maxime Chattam, "Que ta volonté soit faite", éd. Albin Michel, 2015).



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Cet article a pour but de présenter les rapports de force peu avant le second tour des élections régionales ce dimanche 27 juin 2021 : pour ceux qui n’auraient pas percuté, il y a encore un second tour (aussi pour les élections départementales) et donc, ce n’est pas interdit d’imaginer un sursaut de participation de ceux qui n’avaient alors pas compris que des élections avaient lieu en ce moment.

C’est clair que quoi qu’on en dise, quoi qu’en pensent les (trop rares) électeurs, il y a une évidente "nationalisation" du scrutin régional (pas départemental beaucoup plus délicat à interpréter politiquement) car c’est le dernier scrutin avant le désert… avant la prochaine élection présidentielle, c’est-à-dire que les rapports de force vont se figer jusqu’au nouveau bouleversement politique, comme la France en connaît à chaque nouveau quinquennat (même en cas de réélection).

Le premier constat est qu’il est très difficile de donner une idée très claire des rapports de force en raison des stratégies électorales parfois très différentes des uns et des autres dans les régions. À part les listes du RN relativement claires (sans alliance), tous les autres partis ont fait parfois des alliances, parfois des listes autonomes. Même LREM qui, en dehors de l’exemple flagrant de la région PACA où ce parti n’était même pas présent au premier tour, mais soutient la liste LR de Renaud Muselier, LREM, donc, est souvent avec le MoDem (en tant que majorité présidentielle) mais parfois aussi avec l’UDI, le MR, c’est-à-dire le Mouvement radical (ou pas, ces partis centristes pouvant aussi être en alliance avec LR, comme dans le Grand Est, en PACA, etc.).

Le plus compliqué concerne la gauche, qui est désormais représentée par trois grands courants : la gauche traditionnelle, celle de l’ancienne union de la gauche, incluant le PS et souvent le PCF (plus les radicaux de gauche qui, en principe, étaient "fondus" dans le Mouvement radical mais dont le courant s’est recréé par ailleurs), les écologistes (étiquetés EELV, il y a plein d’autres partis écolos d’appellation non contrôlée et complètement mineurs électoralement, souvent des coquilles vides de certaines personnalités), enfin des listes FI (insoumis) qui sont souvent partie seules, parfois avec les communistes, etc. Et parfois, il y a des listes qui ont regroupé ces trois courants.

Les journalistes de l’hebdomadaire "Le Point" ont cependant réussi le 21 juin 2021 à calculer un semblant de rapport de force en prenant l’étiquette des têtes de liste. Et cela donne ceci : LR et alliés centristes (UDI notamment) : 28,4% ; RN : 19,25% ; PS : 15,8% ; EELV : 13,0% ; LREM et MoDem : 10,6% ; enfin, FI : 5,2%. J’insiste sur le fait que ces données ne sont qu’une estimation et une interprétation des résultats du Ministère de l’Intérieur qui, eux, sont bien plus compliqués car ils prennent en compte les listes d’union partielle ou globale à droite, au centre et à gauche.

Néanmoins, cela donne une bonne vision du paysage électoral, du moins du paysage électoral partiel puisque seulement un électeur sur trois a voté. Précisons qu’il faudra attendre longtemps avant d’avoir les conclusions d’études qui ne manqueront pas de démarrer sur le sujet, mais dans le cas d’autres précédents scrutins avec une abstention forte, des études électorales ont montré que l’abstention n’avantageait aucun parti en particulier car la répartition des affinités électorales restait à peu près la même entre les abstentionnistes et les électeurs votants. Cela reste à démontrer évidemment pour ce scrutin des régionales.

Précisons enfin que les rapports de force ne peuvent être étudiés qu’au premier tour, car le second tour est pollué par le jeu des alliances ou les désistements sans fusion qui donnent un aspect fictif de la réalité électorale au second tour dont l’objectif est de gagner et pas de se compter. Par exemple, il serait intéressant à calculer le total des voix du premier tour de l’ensemble des listes présentes au second tour. Cela donne une idée de la représentativité électorale des combattants du second tour.

La première réflexion, c’est de dire que les partis de l’ancien monde ont gagné (LR et alliés et PS et alliés) tandis que les partis du monde post-2017 ont perdu, à savoir LREM et alliés, RN et FI. J’exclus en revanche EELV qui se situe à la marge entre ancien et nouveau monde et c’est sans doute là la vraie performance : malgré un scrutin qui privilégie les sortants, donc l’ancien monde, EELV a gardé son niveau assez élevé des élections européennes de 2019. Cela ne préjuge de rien pour 2022, vu que la situation de 2019 était l’inverse de 2021 : LR et PS coulés, RN et LREM très forts. Seule constante de 2019 et 2021 en dehors de EELV : FI coulé. Probablement en raison des déclarations de plus en plus affligeantes de son leader Jean-Luc Mélenchon. Ce naufrage n’est donc pas politique mais plutôt personnel.

À ce propos, on ne s’étonnera pas qu’un nouveau parti soit exclusivement affilié à son leader (FI, LREM, RN), tandis que les partis traditionnels (ou pas) qui sont les héritiers de courants philosophiques existent en dehors de leur leader (PS, LR, UDI, MR, EELV), au risque d’ailleurs de ne plus avoir de leader ou d’en avoir trop, ce qui revient au même (ce qui est nouveau pour le mouvement gaulliste qui avait généralement un seul chef malgré les divisions internes qui ont toujours existé).

On pourrait évidemment rappeler prudemment que chaque région est un univers politique particulier, ce qui est vrai. Néanmoins, il y a les invariants qui sont nationaux : ceux qui ont réussi à mobiliser étaient les équipes des exécutifs sortants, de droite comme de gauche. Certains peuvent dire qu’il y a eu des divisions à droite et au centre, mais sans beaucoup de conséquences idéologiques, tandis que la gauche, très divisée idéologiquement, a parfois été capable de faire l’union, au second tour mais aussi au premier tour.

Comme j’indiquais précédemment, les listes LR dans les régions où LR était aux commandes, ont été particulièrement fortes. Il faut cependant bien se garder de surinterpréter les résultats. Par exemple, dans les Hauts-de-France, où la gauche était traditionnellement très forte, le score de Xavier Bertrand (41,4%) ne signifie pas que c’est le potentiel électoral de LR. Il est possible (et même probable) que des électeurs de gauche aient voté dès le premier tour pour Xavier Bertrand car sa liste était la plus capable de battre la liste RN. Cela s’est déjà observé en 2015. Le score très faible de 19,0% de la liste d’union de la gauche de Karima Delli est l’une des conséquences de ce probable vote utile (voter à gauche serait alors considéré comme un vote inutile).

Avant le premier tour, certaines régions pouvaient être gagnées par le RN. C’était déjà le cas en décembre 2015 (dans quatre régions : PACA, Hauts-de-France et Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté). Cependant, dans la configuration du deuxième tour en 2021, seule la région PACA pourrait être gagnée par le RN. Dans les autres, la liste RN est nettement devancée par la liste de l’équipe sortante, du moins en comptant les listes qui ont fusionné.

La stratégie générale est ainsi la suivante, avec parfois quelques exceptions à gauche. À gauche, les listes de gauche se réunissent pour se retrouver unies face à la droite et au centre, et aussi face au RN. Les listes LR ont refusé toute fusion avec d’éventuels autres partenaires (en particulier LREM). Les listes RN et LREM restent au second tour quand elles le peuvent, sans aucune union supplémentaire au second tour.

On comprend bien l’intérêt électoral des listes fusionnées. LR a voulu montrer de la clarté politique, d’où aucune fusion de listes LR avec d’autres listes entre les deux tours, au contraire de la gauche. D’un côté, un programme déterminé, de l’autre, des marchands de tapis qui veulent se répartir les postes mais qui ne sont en accord sur rien sinon se partager le gâteau électoral.

Rappelons la règle du jeu (on peut lire le tableau en fin d’article) : une liste qui a obtenu au moins 10% des suffrages exprimés peut se maintenir au second tour et une liste qui a obtenu au moins 5% peut fusionner avec une autre liste qui peut se maintenir au second tour. La position d’une liste qui a obtenu entre 5 et 10% est donc délicate puisqu’elle ne peut plus gêner les listes du second tour. En revanche, une liste qui fait entre 10 et 15% peut se maintenir et rendre plus difficile l’élection d’une autre liste susceptible de gagner, puisque la majorité relative suffit.

L’un des principes électoraux doit être pris en compte : il n’y a pas de logique arithmétique qui tienne dans les élections. La fusion de deux listes ne fait pas automatiquement venir la somme des électeurs de ces deux listes. Pour trois raisons. La première, c’est l’abstention, si elle est différente (moins ou plus, sursaut ou chute de participation), alors les calculs du premier tour son caducs. La deuxième raison, c’est que l’union de plusieurs listes, lorsqu’elle est portée par un sentiment populaire, fait plus que la somme des listes. Mais paradoxalement, quand il n’y a pas d’élan populaire (ce qui semble être le cas partout pour ce scrutin), alors, la liste unifiée a des risques de rassembler moins que l’ensemble des listes prises individuellement.

Je m’explique plus précisément, car cela concerne la gauche. Il s’agit ici de la constitution de listes d’union de la gauche totalement artificielle puisqu’ils ne sont en accord sur rien. Le PS, le PCF, EELV et FI. Inutile de dire qu’il y a au moins deux gauches irréconciliables (dans compter les deux ailes de EELV et du PS). Or, l’union, au lieu de rassembler, pourrait mécontenter tous les électeurs : la gauche sociale-démocrate ne pourra jamais voter pour une liste soutenue par Jean-Luc Mélenchon ou par des écologistes dogmatiques. Et réciproquement.

Cela conduit à un autre principe électoral : les électeurs respectent rarement les consignes de vote. Même s’ils votent comme les consignes, ce n’est pas par ces consignes qu’ils auront fait leur choix, mais selon leur propre raisonnement. Ce qui est heureux, chacun doit avoir son libre-arbitre. Là,c ‘est du côté des électeurs. Du côté des candidats ou des responsables politiques, évidemment qu’il faut qu’ils prennent leurs responsabilités et prennent position. Même si cela a peu d’influence électorale.

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Un exemple, l’Île-de-France où les trois listes de gauche Bayou (12,9%), Pulvar (11,1%) et Autain (10,2%) ont fusionné sous la direction de Julien Bayou qui, de toute façon, aura gagné beaucoup en notoriété et leadership au sein de EELV (face à Yannick Jadot et Éric Piolle, par exemple). Valérie Pécresse garde encore une avance mais insiste sur un score serré afin de mobiliser son électorat, tandis que les deux autres têtes de liste, Jordan Bardella (RN) et Laurent Saint-Martin (LREM) ont déjà déclaré forfait en disant par avance que Valérie Pécresse sera réélue. Inutile de dire qu’un tel discours de candidats perdus d’avance, qui ne croient pas en leurs chances, est très démobilisateur. Valérie Pécresse a même reçu le soutien inattendu du socialiste Jean-Paul Huchon, ancien président du conseil régional d'Île-de-France et ancien collaborateur de Michel Rocard, qui considère que la liste de gauche ne correspond plus aux idées traditionnelles du PS et est trop à gauche pour lui.

Certaines listes LREM n’ont pas franchi la ligne de 10%, pour les listes LR concurrentes, c’est autant de potentiel de voix qui ne coûtent rien, c’est-à-dire, qui ne se négocient pas puisque ces listes ne peuvent pas se maintenir et que la décision claire de refuser toute fusion évacue tout idée de marchandage.

Et il y a le cas de la région PACA où, après bien des hésitations, et sommé par les états-majors parisiens, Jean-Laurent Félizia, tête de la liste d’union de la gauche, a finalement annoncé son retrait et son vote sans condition pour la liste LR de Renaud Muselier afin de faire barrage à la liste RN de Thierry Mariani. Au nom du "front républicain".

Attardons-nous sur le front républicain. On en parle souvent depuis 1983. L’expression historique exacte est l’alliance entre les radicaux et les socialistes face à une coalition de centre droit, en janvier 1956. Ce front républicain a été mené par Pierre Mendès France, il a gagné les élections législatives de janvier 1956, mais le Président de la République a nommé Guy Mollet, chef du plus grand parti de la majorité (SFIO) à la tête du gouvernement. On voit bien que cela n’a aucun rapport avec le barrage contre le RN.

L’expression front républicain provient en fait de la tradition de la "discipline républicaine" à une époque où les conservateurs étaient monarchistes. Il s’agissait, au début de la Troisième République, du désistement mutuel au second tour des candidats républicains au profit du candidat républicain ayant obtenu le plus de voix. À partir du milieu des années 1920, avec l’arrivée du Cartel des gauches puis du Front populaire, la discipline républicaine s’est transformée en désistement au profit d’un candidat de gauche unique (radicaux, SFIO, PCF). Une pratique qui s’est poursuivie avec le programme commun de la gauche à partir de 1972 à une époque où la SFIO revenait d’une longue période anticommuniste (les socialistes préféraient l’élection d’un candidat centriste à celle d’un candidat communiste ; c’est François Mitterrand qui a rompu avec cet atavisme pour adapter le PS aux institutions de la Cinquième République).

Dans notre cas de barrage au RN, je crois qu’il faut prendre la pratique originelle où étaient incluses toutes les formations politiques républicaines, et pas seulement la gauche même si cela s’appelait la gauche républicaine à l’époque, par exemple, le parti de Raymond Poincaré (Alliance républicaine, d’abord située à gauche puis au centre droit de l’échiquier politique). Il n’est donc pas scandaleux, historiquement, que des formations dites républicaines fassent barrage à un mouvement qu’elles ne considéreraient pas républicain (là est d’ailleurs sujet à discussion). Mais dans tous les cas, les jeux d’alliance, de désistements, de soutiens sont libres et n’ont pas forcément à se justifier, si ce n’est par les urnes.

Le retrait de la liste Félizia entraîne-t-il la victoire inéluctable de la liste de Renaud Muselier ? La réponse est clairement non. D’ailleurs, un sondage publié le 23 juin 2021 le donne gagnant avec …51% contre 49% à Thierry Mariani. Autant dire que ce n’est pas significatif quand l’erreur est de l’ordre de 4%. Des électeurs de gauche pourraient en effet voter pour Renaud Muselier pour ne pas faire élire une liste RN, mais d’autres électeurs pourraient s’abstenir (on ne les distinguera pas avec ce climat d’abstention massive), ou encore voter pour la liste RN qui a récupéré beaucoup de votes ouvriers (mais peut-être pas en PACA où le RN ratisse surtout dans la droite dure et peu à gauche comme dans le nord de la France).

Réciproquement, le maintien d’une troisième liste (de gauche) n’avantagerait pas forcément une liste RN face à une liste LR. L’exemple du Grand Est en 2015 est assez clair : malgré les nombreux appels de l’appareil du PS, la tête de liste socialiste Jean-Pierre Masseret (PS), président du conseil régional sortant de Lorraine, sénateur et ancien ministre, a refusé de se désister, considérant que l’absence totale d’élu socialiste serait pire qu’une éventuelle victoire de Florian Philippot. Donc, il a maintenu sa liste au second tour …mais ses électeurs ne l’ont pas suivi et ont en partie voté pour la liste LR de Philippe Richert. Jean-Pierre Masseret est passé de 16,1% au premier tour à 15,5% au second tour, et Philippe Richert l’a largement emporté avec 48,4% face à Florian Philippot 36,1%.

Très curieusement, une autre région est sous les radars, la Bourgogne-Franche-Comté. Le RN y est très implanté. Déjà à l’élection législative partielle de la 4e circonscription du Doubs les 1er et 8 février 2015, le FN avait montré une forte audience électorale au point d’être en capacité de remporter la circonscription. Aux élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, le scrutin était très serré. Au premier tour, trois listes étaient dans la compétition : 31,5% à la liste FN de Sophie Montel (elle a quitté le FN depuis, dans le sillage de Florian Philippot), 24,0% à la liste UDI-LR de l’ancien ministre centriste François Sauvadet et 23,0% à la liste PS de Marie-Guite Dufay. En quatrième position, il faut ajouter la liste Debout la France (DLF) qui a fait 5,2%. Au second tour, Marie-Guite Dufay a gagné avec 34,7% contre 32,9% à François Sauvadet et 32,4% à Sophie Montel. On voit à quel point le scrutin était serré.

On peut comprendre donc qu’en 2021, la tête de liste LR ait fait alliance dès le premier tour avec DLF, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. Cela n’a pas suffi à être en tête et quatre listes se disputent la victoire (en fait, trois seulement) : la liste PS-PCF de Marie-Guite Dufay avec 26,5%, la liste RN de Julien Oudol avec 23,2%, la liste LR-UDI-DLF de Gilles Platret avec 21,0%, enfin la liste LREM-MoDem-MR de Denis Thuriot avec 11,7%. Pour le second tour, ces quatre listes restent présentes, avec une fusion dans la liste de Marie-Guite Dufay de la liste EELV de Stéphanie Modde qui a obtenu 10,3%. Cette liste de gauche a aussi une réserve de voix avec la liste FI de Bastien Faudot qui n’a obtenu que 4,5% (sans possibilité de fusion). Notons que certains centristes ont refusé l’alliance LR-DLF et ont préféré rejoindre la liste LREM.

Comme on le voit, avant fusion de liste, il y avait un risque de victoire de la liste RN qui pouvait repasser devant la liste PS. Mais avec 15% de réserves supplémentaires de voix, ce qui ferait 18 points d’avance sur la liste RN, le risque d’une victoire du RN est donc désormais écarté. Cela explique le maintien des deux autres listes (LR et LREM).

Or, cette région a été le prétexte de faire de la récupération politicienne de la part de deux anciens partis, LR et PS, et cela dès le soir du 20 juin 2021 et encore les jours suivants, y compris après la fusion de la liste de gauche avec la liste écolo.

D’un côté, très solennellement, Christian Jacob, le président de LR, a mis sur le même pied d’égalité le front républicain contre le RN et un front contre une gouvernance avec l’extrême gauche, notamment FI. Et il a fustigé LREM de s’être maintenu avec ses 11,7%. Dans l’esprit de Christian Jacob, les électeurs LREM se reporteraient sur la liste LR-DLF qui pourrait arriver en tête et battre la liste de gauche (ce qui paraît impossible en fait, car en comptant LR et LREM, cela ne ferait encore que 31,7%, nettement insuffisant pour atteindre la première place). Christian Jacob a aussi appelé au retrait de la liste LREM de François de Rugy pour faire gagner le centre droit.

De l’autre côté, avec une encore plus grande mauvaise foi, le PS (par la voix d’Olivier Faure) a appelé au retrait de la liste LREM pour éviter la victoire du RN. Or, cela ne trompe que ceux qui n’ont pas une idée précise de la situation électorale en Bourgogne-Franche-Comté. En effet, comme je l’ai indiqué plus haut, à partir du moment où la liste écolo qui a fait 10,3% a fusionné avec la liste PS, il y a peu de risque pour une victoire du RN dans cette région. Mais ce qui est étonnant dans la formulation, c’est que le PS demande le retrait de la liste LREM et pas le retrait de la liste LR, ce qui aurait été bien plus efficace pour éviter la victoire du RN. Surtout que le PS a fait la chose inverse en PACA au profit de la liste LR.

Cette demande socialiste est clairement du matraquage électoral pour le seul but de nuire à Emmanuel Macron dans l’optique de l’élection présidentielle de 2022. Pourquoi s’en prendre à la liste LREM et pas à la liste LR, si l’objectif est un front républicain et un barrage au RN ? C’est avec ce genre d’arguments fallacieux que l’on dégoûte les électeurs et qu’on encourage l’abstention. Honte au PS de jouer sur cette corde-là !

Le PS a le droit de dire que le front républicain est toujours dans le même sens, c’est-à-dire le retrait d’une liste de gauche au profit d’une liste de centre droit pour faire barrage à une liste RN. Il a même raison, c’est ce qui se produit généralement. Mais à qui la faute ? Certainement pas à la liste qui est le plus apte à battre le RN ! La responsabilité incombe à la liste de gauche qui a été incapable de convaincre les électeurs et de se placer en position, sinon de favorite, au moins d’adversaire principal. Après tout, si la liste de gauche est si bas dans les urnes, c’est peut-être que le problème se situe au sein de la gauche, pas de ses adversaires ou concurrents.

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Je termine mon article par un (autre) coup de gueule contre tous les éditocrates qui commentent sans jamais travailler leurs sujets. Le café du commerce est accessible à tout le monde, on peut commenter sans rien connaître, seulement en ronchonnant contre des choses qui choquent et contrarient. Mais le travail d’un journaliste, c’est d’aller plus loin, de chercher les raisons pour lesquelles tel ou tel choix a été fait par ceux qui l’ont fait.

Je veux évoquer ici les problèmes de distribution des professions de foi électorales des candidats, certains électeurs (dans une proportion à déterminer) n’ont pas reçu ces documents électoraux (à temps), qui auraient pu leur avertir qu’il y avait deux scrutins les 20 et 27 juin 2021. Or, la distribution a été réalisée par deux entreprises choisies à la suite d’un appel d’offre. C’est donc une délégation de service public, et beaucoup de commentateurs de café du commerce ont pesté sur le fait que l’État ait fait appel à des entreprises extérieures (privées ou publiques, car l’une des deux est La Poste) au lieu de le faire lui-même.

Et d’imaginer que c’est encore l’illustration du supposé ultralibéralisme du Président Emmanuel Macron (j’insiste sur "supposé" car lorsqu’on injecte plus de 120 milliards d’euros d’argent public dans l’économie, je n’appelle pas cela du libéralisme, c’est même une politique encore plus étatique que celle proposée par Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière campagne présidentielle !).

Si les commentateurs avaient été un peu plus perspicaces et pris soin de bosser leur sujet, ils auraient compris que c’était devenu une obligation légale pour l’État, dans le cadre de la loi n°2005-516 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales. Une loi adoptée sous la Présidence de Jacques Chirac et signée également des membres du gouvernement suivants : Jean-Pierre Raffarin (Premier Ministre), Dominique Perben (Justice), Thierry Breton (Économie, Finances et Industrie) et Patrick Devedjian (Industrie). On pourra toujours discuter de l’origine de la loi (dérégulation européenne et réduction des dépenses publiques), mais à ce jour, à ma connaissance, aucun (grand) parti n’a proposé de la modifier, et si oui, il l’a fait très discrètement.

Certes, on ne peut pas connaître toutes les lois, mais alors, on aurait pu écouter un peu les questions au gouvernement de la séance très attendue (après une élection) du mardi 22 juin 2021 sur ce problème important pour la démocratie. Répondant au président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, le Premier Ministre Jean Castex a déclaré : « Monsieur le Président Lagarde, votre question met en lumière un dysfonctionnement particulièrement regrettable. Permettez-moi de rappeler à la représentation nationale que le système de distribution de la propagande électorale est organisé conformément à la loi de 2005 relative à la régulation des activités postales qui impose, ainsi que vous l’avez rappelé, la mise en concurrence de cette prestation, ce que l’État a déjà fait à plusieurs reprises depuis la promulgation de la loi, à laquelle il se conforme. ». Jean-Christophe Lagarde avait déclaré dans sa question : « Alors qu’habituellement, l’État parvient à assurer dans de bonnes conditions la distribution de cette information, je n’ai jamais vu cela en trente-cinq ans d’engagement militant. ».

On pourrait aussi relire la réponse qu’a faite le Ministère de l’Intérieur le 13 mai 2021 à la question écrite n°22471 du sénateur Jean-Louis Masson publiée au journal officiel du 22 avril 2021 : « L’administration organise l’acheminement des enveloppes électorales aux électeurs du département concerné avec l’opérateur postal. L’acheminement de la propagande électorale est une opération désormais complexe qui fait intervenir une multiplicité d‘acteurs avec de nombreuses ruptures de charge dans des délais fortement contraints. La loi n°2005-517 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales et la loi n°2010-123 du 9 février 2010 relative à l’entreprise publique Le Poste et aux activités postales visent à concilier l’existence et la viabilité du service universel postal avec l’introduction graduelle de la concurrence sur le marché des envois de correspondance. Il semblerait totalement anachronique d’empêcher l’État d’externaliser la distribution de la propagande jusqu’aux boîtes aux lettres des électeurs, secteur qui est aujourd’hui ouvert à la concurrence, alors que l’État s’efforce d’optimiser ses ressources dans le cadre d’une politique générale de meilleure gestion des deniers publics. ».

Une simple attention portée au sujet pouvait éviter de faire de gros raccourcis et de réels contresens sur le supposé libéralisme d’Emmanuel Macron. Le gouvernement n’a fait que respecter la loi, et probablement qu’en matière de marchés publics, le degré d’exigence n’était pas au rendez-vous. Là est sa responsabilité.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Régionales 2021 (5) : vous avez dit front républicain ?
Suppression des professions de foi lors des élections (28 septembre 2016).
Régionales 2021 (4) : l’abstention, c’est grave, docteur ?
Régionales 2021 (3) : le premier tour, déconfiture ?
Régionales et départementales 2021 (2) : les enjeux.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Les Républicains et la tentation populiste.
Rapport de Jean-Louis Debré du 13 novembre 2020 (à télécharger).
Avis du Conseil scientifique sur la tenue des élections du 29 mars 2021 (à télécharger).
Régionales et départementales 2021 (1) : à propos de leurs dates et de l’âge du capitaine.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Municipales 2020 (4) : bientôt, la fin d’un suspense.
Municipales 2020 (3) : et le second tour arriva…
Municipales 2020 (2) : le coronavirus s’invite dans la campagne.
Municipales 2020 (1) : retour vers l’ancien monde ?
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Les départementales 2015 au second tour.
Les départementales 2015 avant le second tour.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Vive la Cinquième République !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210623-regionales-2021e.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/regionales-2021-5-vous-avez-dit-233888

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/06/22/39026463.html









 

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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 03:53

« Il nous appartient à toutes et à tous, qui que nous soyons, d’appeler à un sursaut démocratique et de veiller à ce que le maximum d’électrices et d’électeurs se rendent aux urnes. C’est notre devoir collectif, et ce taux d’abstention particulièrement élevé nous interpelle toutes et tous. Dire que c’est la faute du gouvernement est beaucoup trop facile et vous savez que cela ne correspond pas à la réalité. (…) L’abstention s’adresse à nous tous, car elle signifie que les sortants n’ont pas su drainer les foules vers les urnes. Elle doit tous nous conduire à l’humilité : commencez par vous appliquer ce principe ! » (Jean Castex s’adressant d’abord à Patrick Mignola, puis à Damien Abad, le 22 juin 2021 dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale).



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Inimaginable avant ce premier tour des élections régionales du 20 juin 2021, et encore plus au début de la campagne de vaccination il y a six mois, il y a nettement plus de personnes qui se font vacciner que de personnes qui votent en France. Alors, comme c’était l’un des sujets électoraux du début de semaine, je reviens sur la très forte abstention, 66,7% des électeurs inscrits.

En ouvrant la séance des questions au gouvernement ce mardi 22 juin 2021, le Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand a déclaré : « Mes chers collègues, je voudrais vous faire part de mon trouble et, pourquoi ne pas le dire ?, de mon inquiétude. Jamais une élection, sous la Cinquième République, n’a connu un niveau de participation aussi faible que dimanche dernier. Les causes de l’abstention sont multiples. Ce phénomène n’est ni récent ni limité aux élections politiques, mais il atteint des proportions telles que nous ne pouvons pas nous en tenir à des raisons conjoncturelles. Nous ne pouvons ignorer cette réalité. ».

En fait, ce n’est pas tout à fait exact. Il y a eu des scrutins pires que celui du 20 juin 2021 en termes d’abstention. Par exemple, au référendum du 24 septembre 2000 sur l’adoption du quinquennat, le taux d’abstention fut encore plus fort, 69,8% ! L’abstention lors du référendum du 6 novembre 1988 sur l’autodétermination en Nouvelle-Calédonie était à peine meilleure, 63,1%.

Je veux y revenir parce qu’à mon sens, on surinterprète beaucoup trop ce taux d’abstention. Ce taux élevé, naturellement, m’attriste car je crois en la démocratie, j’y ai toujours cru et ce n’est pas maintenant que je ne vais plus y croire, et je connais trop la situation de certains pays étrangers dont les peuples nous envient, envient cette possibilité de donner la parole aux citoyens. Non seulement je suis un électeur actif et régulier (je crois que je n’ai jamais raté une élection, sauf peut-être une fois pour une raison de problème matériel imprévu insoluble, mais je ne m’en souviens plus), et cela fait depuis des décennies (j’insiste) que je suis régulièrement assesseur, c’est-à-dire que je suis aussi de l’autre côté du comptoir : je vote et aussi je fais voter. Autant dire que dimanche dernier, j’avais le temps de papoter avec mes collègues.

Donc, tout cela pour dire que voter, pour moi, est un acte sacré et l’abstention est pour moi, l’un des actes les plus incompréhensibles dans une démocratie. Mais avec le temps, l’idéal a pris un peu de poussière et le pragmatisme l’a emporté : j’ai appris qu’il valait mieux un électeur abstentionniste qu’un électeur qui donnerait sa voix au diable. Attention, je n’ai pas dit qui était le diable, mais chacun en a dans son esprit une idée bien particulière.

D’ailleurs, depuis très longtemps, il y a plus de démons que d’anges dans les urnes : on vote maintenant plutôt par défaut, parce qu’on ne veut pas qu’untel soit élu plutôt qu’on vote par adhésion à un candidat qu’on adorerait. C’est une question d’exigence. Avant, l’électeur était moins regardant. Moins informé aussi. Si bien que maintenant, c’est plus dur de berner l’électeur. C’est un progrès pour la démocratie, les candidats doivent être plus exemplaires, plus honnêtes intellectuellement, plus sincères. Et plus travailleurs aussi (leurs ignorances se voient plus aisément, de nos jours).

Revenons à ces élections régionales. J’évacue les élections départementales car elles ne sont même plus sur les radars. Le conseil départemental est pourtant une instance essentielle dans notre modèle français : c’est là que sont attribuées les aides sociales décidées par l’État. Les différentes allocations, les futures aides pour la dépendance (j’attends avec impatience cette loi depuis dix ans, pourtant urgente, ce serait, à mon avis, la seule réforme qui vaille et qui aille que le Président Emmanuel Macron devrait faire avant la prochaine élection présidentielle), leur guichet est au département.

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Je suis agacé par les commentaires sur l’abstention parce que les analyses politiques qui se développent sont phagocytées pour ne pas dire empoisonnées par le phénomène des sondages, et ce n’est pas un phénomène récent. Vous avez remarqué ? On invite plus aisément un dirigeant d’un institut de sondage qu’un universitaire en science politique. Pourtant, je suis sûr que ce dernier est moins cher à inviter que le premier. Et l’on continue à réfléchir avec les sondages alors que ces sondages se sont encore une fois plantés. Ce qui est normal : les sondages ne font que confirmer une tendance ancienne, rarement prédit une tendance nouvelle.

Alors, la question qui nous préoccupe ici est : mais pourquoi donc une telle abstention ? Question subsidiaire : pourquoi surtout les jeunes (plus de 80%) ? Les plus âgés sont plutôt à 50% d’abstention. Diable : on aurait donc la même distribution des âges qu’avec la vaccination ?

Rappelons-nous le taux d’abstention au premier tour des précédentes élections régionales le 6 décembre 2015 : il était de 50,1%. Il y a donc un écart de 16,6 points en cinq ans et demi. Je considérais que la crise sanitaire était l’une des causes majeures de cette abstention.

Les sondagologues patentés disent que non. Ils ont sondé et ils ont trouvé (pour certains) que seulement 8% ne seraient pas allés voter par peur d’attraper le covid-19. 8% seulement.

Alors, commentons ce résultat : je le trouve faible, mais fiable. À ceux qui pensent que les gens ont eu peur du covid-19, on peut dire qu’aujourd’hui, c’est très peu le cas, seulement un douzième de la population, donc très peu. En fait, c’est beaucoup par rapport au risque encouru : les procédures sanitaires sont telles qu’il serait difficile d’attraper le covid-19 dans un bureau de vote.

Et soit dit en passant pour ceux qui s’interrogent sur certains déménagements de bureaux de vote : le double scrutin plus les distances de sécurité nécessaires ont rendu beaucoup de bureaux de vote très étroits et il a fallu trouver d’autres lieux publics fermés plus spacieux. C’est à chaque fois par une autorisation du préfet. Tout est très réglementé (et après les opérations électorales, tout est désinfectés, notamment dans les écoles, mais aussi dans tous les autres lieux publics). Notons aussi qu’il est possible que certains lieux sont utilisés comme centres de vaccination et ne peuvent donc pas être utilisés pour les opérations de vote (je ne sais pas si le cas s’est posé, en tout cas, pas à ma connaissance).

Maintenant, interprétons ces 8% dans le sondage en question (dont je n’ai plus l’origine mais qu’importe, c’est l’ordre de grandeur qui intéresse ici). Les analystes politiques donc les sondagologues en concluent que la crise sanitaire influe très peu sur l’abstention. Or, c’est une erreur de conclure cela.

La crise sanitaire, ce n’est pas seulement l’impact sur l’acte de voter. C’est aussi l’impact sur le contexte et l’impact sur la campagne électorale.

Sur le contexte, personne ne pourra nier le fait que ces deux ou trois derniers week-ends sont des week-ends de soulagement, de rencontres, de retour à une vie normale, de balades, etc. Pour moi, ce n’est pas incompatible avec le fait de voter, mais je conçois que l’esprit peut être largement ailleurs quand on a été semi-confinés depuis le mois d’octobre 2020 : on se libère, et le vote passe après. D’autant plus que c’était la fête des pères et peut-être l’occasion de revoir le père ou le grand-père qui était éloigné, distancié depuis si longtemps, etc. Ce relâchement, en plus, n’est pas fautif comme on aurait pu le craindre : l’épidémie est en décrue durable et c’est heureux. Il faut même en profiter, on ne sait pas ce qu’on aura en automne, si le variant delta (indien) l’emportera sur l’immunité par la vaccination ou le contraire.

Mais plus grave est l’impact sur la campagne électorale. Alors, certes, les candidats ont pu faire campagne sur Internet ou à la télévision. Elle a eu lieu, elle était réelle, mais incontestablement, ceux qui les écoutent chez eux, sur Internet ou à la télévision, ce sont déjà des personnes intéressées, curieuses, passionnées, bref, des personnes qui n’avaient sans doute pas l’intention de s’abstenir.

Non, une campagne électorale, ça n’a pas changé, c’était la même chose il y a un siècle et demi, c’est rencontrer les gens en direct, c’est-à-dire physiquement, par des meetings, certes, mais là encore, ceux qui viennent sont surtout des convaincus, mais par des rencontres spontanées sur les lieux publics, sur les lieux de vie, les marchés, les rues marchandes, les gares, etc. Et il faut bien avouer que la campagne électorale a commencé quand la France était en plein confinement et l’épidémie au plus haut de la troisième vague. C’était limite dangereux voire mortel d’aller pseudo-serrer les mains dans les marchés au mois d’avril.

Donc, la plupart des candidats n’ont pas fait de réelle campagne. Et une campagne électorale est toujours nécessaire et utile, c’est le seul moyen pour faire connaître les candidats, leur programme, mais aussi la tenue d’une élection. Qui savait samedi qu’il y avait une élection (deux mêmes !) dimanche ? C’est le genre de sondage qui m’aurait intéressé. Pas étonnant, dans ce contexte, qu’il y ait eu une prime aux exécutifs sortants : ceux qui sont en responsabilité depuis cinq ans sont nécessairement plus connus que les postulants. Certains candidats ne sont connus qu’après l’élection, c’est ballot (je pense entre autres à Jean-Laurent Félizia, j’y reviendrai dans un autre article).

Dans la campagne électorale, il faut aussi s’intéresser aux envois des "professions de foi électorales". Personnellement, j’ai reçu celles des deux scrutins, mais j’étais étonné qu’elles fussent enveloppées dans du plastique (pas très écolo) et pas dans les grandes enveloppes kraft de la préfecture (j’ai compris la sous-traitance au privé car la loi de 2005 oblige un appel d’ofre). Donc, je ne peux pas me plaindre mais la question dont je n’ai pas la réponse actuellement (mais on va le savoir), c’est quelle a été l’ampleur des erreurs, c’est-à-dire, combien d’électeurs inscrits n’ont-ils pas reçu ces professions de foi électorales ?

En tout cas, cette affaire de professions de foi non reçues me rassure : en 2016, dans le cadre de la modernisation, de la simplification et surtout de la réduction des coûts, il avait été pressenti de supprimer ces professions de foi papier pour faire des sites Internet dédiés. J’ai toujours dit qu’on devait maintenir ces envois de professions de foi papier (papier recyclé évidemment) parce que c’est le seul moyen de toucher ceux qui ne s’y intéressaient pas, par distraction, ignorance, refus, etc. Seuls ceux qui sont intéressés iraient rechercher par eux-mêmes les informations, et il y en a beaucoup, chaque candidat a son site dédié, donc, l’info, on la trouve, mais il faut la chercher. Recevoir les infos avec sa facture d’électricité, une pub de l’hypermarché du coin et la carte postale de la belle-sœur, c’est mieux, car c’est spontané et immédiat. On range soigneusement le document pour le samedi d’avant élection.

J’espère cette leçon suffisamment instructive et les protestations suffisamment nombreuses pour que l’idée d’une suppression de ces documents soit à jamais abandonnée. Je ferai peut-être un article sur le sujet, mais il ne faut pas croire que je sois ultraconservateur dans ces procédures électorales, c’est simplement que le vote libre, secret, sincère, cela se traduit par des procédures essentielles dont il ne faut pas vider le sens.

Alors, je reprends l’abstention de 2015 : 50,1%, je rajoute les 8% des trouillards du coronavirus (je les appelle ainsi car le risque est très faible) et il manque en gros 8% qui pourraient largement être mis au crédit d’une non campagne électorale pour cause de covid-19.

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Un autre sondage évoquait trois autres raisons dont la précision laisse un peu à désirer. La première, estimée à 26%, serait "congés ou week-end". Un quart des abstentionnistes aurait autre chose à faire. C’est ce que je proposais plus haut, après une période d’enfermement très longue et bientôt des vacances d’été qui se profilent, il ne reste plus beaucoup de week-ends pour refaire du liant social ou familial. Je le répète, à mon sens, cela ne justifie pas l’abstention car voter ne dure qu’une dizaine de minutes et lorsqu’on est en déplacement, on peut faire une procuration pour qu’un mandataire vote à sa place, mais cette première raison montre bien qu’il est stupide de surinterpréter politiquement cette forte abstention. Le vrai message politique, c’est qu’on veut cuire tranquillement les saucisses sur le barbecue du jardin !

La troisième raison, estimée à 12%, serait : "Manifeste ainsi contre le gouvernement actuel". C’est peut-être vrai dans l’intention, mais pas très pertinent dans les faits. Il est plus sûr et plus efficace de voter pour des candidats opposés au gouvernement si on veut manifester son opposition au gouvernement. Et s’il n’y a aucune offre de remplacement convenable, alors finalement, le gouvernement n’est pas si mauvais que cela. Et du coup, on ne manifeste plus son opposition. C’est donc un raisonnement un peu paradoxal.

J’ai gardé la deuxième raison pour la fin car elle me paraît très importante. Estimée à 22%, ce qui n’est pas rien, elle serait : "Ne se sent pas concerné". Alors, évidemment, ce sont bien les candidats les fautifs, c’était leur rôle d’expliquer aux électeurs les enjeux et l’importance des régions. Ce sont des budgets de plusieurs milliards d’euros : d’un côté, on râle contre le gaspillage de l’argent public, de l’autre côté, on refuse de choisir ceux qui vont gérer l’argent public, n’y a-t-il pas un paradoxe ?

Mais "ne se sent pas concerné" est bien pire que cela. C’est l’échelon même de la région qui, à mon sens, est mis en cause. On a une identité nationale voire européenne, on a une identité urbaine quand on habite dans une agglomération urbaine, c’est une identité forcément, mais l’identité départementale, l’identité régionale sont beaucoup moins évidentes.

Surtout depuis la concentration de grandes régions qui n’ont aucune communauté économique, culturelle ni démographique. L’exemple flagrant est la région "Grand Est" (rien que le nom est stupide, comme la grande région Nord du reste, les "Hauts-de-France"), n’a aucune unicité de population. Les Alsaciens qui ont une identité forte, avec des relations particulières avec l’Allemagne et la Suisse, ne se sentent absolument ni Lorrains ni Ardennais (de plus, la rivalité entre Nancy et Strasbourg est bien plus forte que la rivalité entre Nancy et Metz, sans doute aussi parce que toute l’élite strasbourgeoise a émigré à Nancy en 1870 lors de l’annexion de l’Alsace-Moselle). Quel point commun historique ou géographique entre un habitant de Mulhouse et un habitant de Nogent-sur-Seine ? ou entre un habitant de Charleville-Mézières et un habitant de Saint-Dié ? Curieusement, c’est justement la région Grand Est qui a le plus grand taux d’abstention, avec 70,4%.

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En revanche, la région Corse a une très forte identité culturelle et le taux d’abstention est le plus bas, 42,9%. En écrivant cela, j’utilise cependant un biais, car il n’y a pas que l’identité régionale qui compte, il y a aussi les enjeux et l’enjeu corse reste important (je ne refais pas toute l’histoire institutionnelle corse des vingt dernières années).

Certes, en dehors de la Corse, la différenciation de l’abstention par le sentiment d’identité régionale porte sur quelques points, entre 64% et 70%, mais elle n’est pas négligeable. 64,2% pour la Bretagne à fort sentiment identitaire, tandis que 69,3% pour les Pays de la Loire dont les habitants ne comprennent toujours pas pourquoi la capitale du duché de Bretagne ne se trouve pas en Bretagne (Nantes). Pourquoi ne pas avoir rassemblé les deux régions en Bretagne-Loire qui aurait pu avoir un sens culturel et même géographique. La raison est toute politicienne : le président du conseil régional de Bretagne était le Ministre de la Défense…

L’un des ouvriers de cette réforme territoriale, Thierry Mandon, vient de reconnaître : on s’est planté ! Cela n’a pas simplifié, cela n’a pas fait des économies… et le pire, c’est qu’on va garder ce schéma stupide de grandes régions qui ne signifient plus rien pour les habitants encore longtemps ? Une nouvelle réforme semble donc essentielle et probablement par référendum pour qu’un vrai débat public s’instaure, c’est la seule vraie voie pour réduire l’abstention. Faire de la vraie politique.

Car sinon, que propose-t-on pour réduire l’abstention ? Là aussi, tous les exégètes les plus spécialistes les uns que les autres y sont allés de leurs grandes réformes.

La première proposition est le vote obligatoire : quelle stupidité ! La Belgique a-t-elle une meilleure classe politique, elle qui a été sans gouvernement pendant un an et demi faute de majorité, parce qu’elle a le vote obligatoire ? Sait-on que l’une des sanctions, c’est d’interdire de voter ?! Hilarant ! Moi, quand j’entends le mot "obligation", je sors mon revolver. Encore plus quand on invoque la démocratie. La démocratie, c’est une liberté, le vote est libre. Le rendre obligatoire serait une négation de la démocratie. J’ai toujours voté mais si on rendait le vote obligatoire, je serais vraiment tenté de ne pas voter, par pur esprit de contradiction, et pour manifester mon opposition à cette éventuelle mesure.

D’autres mesures sont avancées. Par exemple, on dit qu’il faut revivifier la démocratie et pour cela, instaurer la proportionnelle. Mais ceux qui la proposent dans ce cadre-là sont-ils autant stupides qu’ils ne le montrent ? Il faut rappeler que les élections régionales sont justement à la proportionnelle, et manifestement, cela n’aide pas à la participation, au contraire, le taux d’abstention pour ces élections régionales est pire que pour les élections législatives de juin 2017.

Il y a aussi la reconnaissance du vote blanc. Mais il est déjà reconnu : depuis 2013, une loi, à l’initiative du groupe UDI, oblige à différencier le vote blanc du vote nul. Le vote blanc, c’est soit une enveloppe vide, soit une enveloppe contenant une feuille blanche. Le reste (graffitis, insultes, bulletins barrés, etc.), c’est le vote nul. Cette différenciation rend encore un peu plus difficile la tâche de ceux qui dépouillent en soirée. Et cela ne fait pas avancer le schmilblick : s’il s’agit juste de faire un autre calcul, cela n’a aucune incidence sur la réalité de l’élection : on élit un homme ou une femme, bref, une personne physique réelle, pas un papier blanc (et pourquoi pas noir, d’ailleurs ?!).

Parmi les mesures imaginées, je pourrais cependant retenir une proposition de François Bayrou, pas vraiment pour réduire l’abstention (même si Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée Nationale, l’a évoquée dans sa question au gouvernement le 22 juin 2021), mais pour éviter les affaires politico-financières : créer une banque française pour la vie politique ou quelque chose comme cela (une "banque de la démocratie") qui aurait pour mission de financer les campagnes électorales de candidats susceptibles d’atteindre un minimum de pourcentage leur permettant d’être remboursés par l’État. Il s’agit donc d’une banque qui avancerait l’argent avant remboursement. Le risque est faible si on est sûr que le candidat représente un peu plus que lui et sa famille. Pourquoi cette mesure aurait-elle une influence sur l’abstention ? Parce que l’abstention est due en partie au fait qu’il n’y a pas l’offre souhaitée. Dans ce cas, il faut se présenter soi-même et proposer cette offre manquante. Or, souvent, ce sont des raisons financières qui dissuadent le dépôt de candidature, éliminons cet obstacle et l’on augmentera l’offre.

En conclusion, j’insiste sur le fait qu’il ne faut absolument pas culpabiliser les abstentionnistes : la défaillance vient des candidats, pas des électeurs. Ce sont les candidats qui ont failli, qui n’ont pas su mobiliser les électeurs. C’était d’ailleurs presque drôle d’entendre Marine Le Pen engueuler ses électeurs qui n’étaient pas venus voter pour les listes RN. Eh non, les électeurs, ce sont des clients, il faut les choyer, les ménager, ce sont les candidats qui n’ont pas fait leur boulot, les commerciaux, qui n’ont pas parlé de région, qui n’ont pas parlé des enjeux régionaux, et qui ont simplement, beaucoup trop simplement repris des thèmes nationaux bateaux que les régions sont incapables de régler car ce n’est pas dans leurs attributions : l’immigration, la santé, la sécurité… des thèmes qui ont leur place dans une campagne nationale, certainement pas régionale. Pas étonnant que les sortants aient eu une prime : c’étaient les seuls à parler de la région, des projets qu’ils ont mis en place, des perspectives à venir, etc. Les autres ne savent même pas ce qu’est une région.

De plus, il ne s’agit pas de prendre à la va-vite des mesures pour prétendument moderniser l’opération de voter sous prétexte de lutter contre une abstention massive, et qui risquent fort, au contraire, de déstabiliser une démocratie représentative très fragile et  très sensible. J’y reviendrai et repréciserai certaines choses sur le sujet. Le besoin d’affichage politique entraîne cette notion d’action/réaction qui empoissonne de plus en plus l’action publique.

Comme après un fait-divers émouvant (combien de nouvelle loi d’affichage sur la sécurité sans résultat au bout ?), le gouvernement se sent dans l’obligation de réagir en vitrine pour avoir l’air d’agir. En matière de démocratie, il faut se hâter lentement : pas question de prendre des mesures comme François Hollande a pris cette décision de concentrer les régions quelques semaines après sa défaite aux élections municipales de 2014. Le temps démocratique n’est pas le même que le temps médiatique. Pour fortifier la démocratie, laissons passer les lourdingues de la politique et gardons notre pudeur de gazelle, elle est bonne conseillère.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Suppression des professions de foi lors des élections (28 septembre 2016).
Régionales 2021 (4) : l’abstention, c’est grave, docteur ?
Régionales 2021 (3) : le premier tour, déconfiture ?
Régionales et départementales 2021 (2) : les enjeux.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Les Républicains et la tentation populiste.
Rapport de Jean-Louis Debré du 13 novembre 2020 (à télécharger).
Avis du Conseil scientifique sur la tenue des élections du 29 mars 2021 (à télécharger).
Régionales et départementales 2021 (1) : à propos de leurs dates et de l’âge du capitaine.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Municipales 2020 (4) : bientôt, la fin d’un suspense.
Municipales 2020 (3) : et le second tour arriva…
Municipales 2020 (2) : le coronavirus s’invite dans la campagne.
Municipales 2020 (1) : retour vers l’ancien monde ?
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Les départementales 2015 au second tour.
Les départementales 2015 avant le second tour.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Vive la Cinquième République !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210622-regionales-2021d.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/regionales-2021-4-l-abstention-c-233887

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/06/22/39026464.html






 

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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 02:23

« Il y avait là toute l’ironie du monde, songeait-il : à suivre aveuglément la lumière, on finit plongé dans le pire des ténèbres. » (Maxime Chattam, "Que ta volonté soit faite", éd. Albin Michel, 2015).



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Cet article a pour but de présenter les rapports de force peu avant le second tour des élections régionales ce dimanche 27 juin 2021 : pour ceux qui n’auraient pas percuté, il y a encore un second tour (aussi pour les élections départementales) et donc, ce n’est pas interdit d’imaginer un sursaut de participation de ceux qui n’avaient alors pas compris que des élections avaient lieu en ce moment.

C’est clair que quoi qu’on en dise, quoi qu’en pensent les (trop rares) électeurs, il y a une évidente "nationalisation" du scrutin régional (pas départemental beaucoup plus délicat à interpréter politiquement) car c’est le dernier scrutin avant le désert… avant la prochaine élection présidentielle, c’est-à-dire que les rapports de force vont se figer jusqu’au nouveau bouleversement politique, comme la France en connaît à chaque nouveau quinquennat (même en cas de réélection).

Le premier constat est qu’il est très difficile de donner une idée très claire des rapports de force en raison des stratégies électorales parfois très différentes des uns et des autres dans les régions. À part les listes du RN relativement claires (sans alliance), tous les autres partis ont fait parfois des alliances, parfois des listes autonomes. Même LREM qui, en dehors de l’exemple flagrant de la région PACA où ce parti n’était même pas présent au premier tour, mais soutient la liste LR de Renaud Muselier, LREM, donc, est souvent avec le MoDem (en tant que majorité présidentielle) mais parfois aussi avec l’UDI, le MR, c’est-à-dire le Mouvement radical (ou pas, ces partis centristes pouvant aussi être en alliance avec LR, comme dans le Grand Est, en PACA, etc.).

Le plus compliqué concerne la gauche, qui est désormais représentée par trois grands courants : la gauche traditionnelle, celle de l’ancienne union de la gauche, incluant le PS et souvent le PCF (plus les radicaux de gauche qui, en principe, étaient "fondus" dans le Mouvement radical mais dont le courant s’est recréé par ailleurs), les écologistes (étiquetés EELV, il y a plein d’autres partis écolos d’appellation non contrôlée et complètement mineurs électoralement, souvent des coquilles vides de certaines personnalités), enfin des listes FI (insoumis) qui sont souvent partie seules, parfois avec les communistes, etc. Et parfois, il y a des listes qui ont regroupé ces trois courants.

Les journalistes de l’hebdomadaire "Le Point" ont cependant réussi le 21 juin 2021 à calculer un semblant de rapport de force en prenant l’étiquette des têtes de liste. Et cela donne ceci : LR et alliés centristes (UDI notamment) : 28,4% ; RN : 19,25% ; PS : 15,8% ; EELV : 13,0% ; LREM et MoDem : 10,6% ; enfin, FI : 5,2%. J’insiste sur le fait que ces données ne sont qu’une estimation et une interprétation des résultats du Ministère de l’Intérieur qui, eux, sont bien plus compliqués car ils prennent en compte les listes d’union partielle ou globale à droite, au centre et à gauche.

Néanmoins, cela donne une bonne vision du paysage électoral, du moins du paysage électoral partiel puisque seulement un électeur sur trois a voté. Précisons qu’il faudra attendre longtemps avant d’avoir les conclusions d’études qui ne manqueront pas de démarrer sur le sujet, mais dans le cas d’autres précédents scrutins avec une abstention forte, des études électorales ont montré que l’abstention n’avantageait aucun parti en particulier car la répartition des affinités électorales restait à peu près la même entre les abstentionnistes et les électeurs votants. Cela reste à démontrer évidemment pour ce scrutin des régionales.

Précisons enfin que les rapports de force ne peuvent être étudiés qu’au premier tour, car le second tour est pollué par le jeu des alliances ou les désistements sans fusion qui donnent un aspect fictif de la réalité électorale au second tour dont l’objectif est de gagner et pas de se compter. Par exemple, il serait intéressant à calculer le total des voix du premier tour de l’ensemble des listes présentes au second tour. Cela donne une idée de la représentativité électorale des combattants du second tour.

La première réflexion, c’est de dire que les partis de l’ancien monde ont gagné (LR et alliés et PS et alliés) tandis que les partis du monde post-2017 ont perdu, à savoir LREM et alliés, RN et FI. J’exclus en revanche EELV qui se situe à la marge entre ancien et nouveau monde et c’est sans doute là la vraie performance : malgré un scrutin qui privilégie les sortants, donc l’ancien monde, EELV a gardé son niveau assez élevé des élections européennes de 2019. Cela ne préjuge de rien pour 2022, vu que la situation de 2019 était l’inverse de 2021 : LR et PS coulés, RN et LREM très forts. Seule constante de 2019 et 2021 en dehors de EELV : FI coulé. Probablement en raison des déclarations de plus en plus affligeantes de son leader Jean-Luc Mélenchon. Ce naufrage n’est donc pas politique mais plutôt personnel.

À ce propos, on ne s’étonnera pas qu’un nouveau parti soit exclusivement affilié à son leader (FI, LREM, RN), tandis que les partis traditionnels (ou pas) qui sont les héritiers de courants philosophiques existent en dehors de leur leader (PS, LR, UDI, MR, EELV), au risque d’ailleurs de ne plus avoir de leader ou d’en avoir trop, ce qui revient au même (ce qui est nouveau pour le mouvement gaulliste qui avait généralement un seul chef malgré les divisions internes qui ont toujours existé).

On pourrait évidemment rappeler prudemment que chaque région est un univers politique particulier, ce qui est vrai. Néanmoins, il y a les invariants qui sont nationaux : ceux qui ont réussi à mobiliser étaient les équipes des exécutifs sortants, de droite comme de gauche. Certains peuvent dire qu’il y a eu des divisions à droite et au centre, mais sans beaucoup de conséquences idéologiques, tandis que la gauche, très divisée idéologiquement, a parfois été capable de faire l’union, au second tour mais aussi au premier tour.

Comme j’indiquais précédemment, les listes LR dans les régions où LR était aux commandes, ont été particulièrement fortes. Il faut cependant bien se garder de surinterpréter les résultats. Par exemple, dans les Hauts-de-France, où la gauche était traditionnellement très forte, le score de Xavier Bertrand (41,4%) ne signifie pas que c’est le potentiel électoral de LR. Il est possible (et même probable) que des électeurs de gauche aient voté dès le premier tour pour Xavier Bertrand car sa liste était la plus capable de battre la liste RN. Cela s’est déjà observé en 2015. Le score très faible de 19,0% de la liste d’union de la gauche de Karima Delli est l’une des conséquences de ce probable vote utile (voter à gauche serait alors considéré comme un vote inutile).

Avant le premier tour, certaines régions pouvaient être gagnées par le RN. C’était déjà le cas en décembre 2015 (dans quatre régions : PACA, Hauts-de-France et Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté). Cependant, dans la configuration du deuxième tour en 2021, seule la région PACA pourrait être gagnée par le RN. Dans les autres, la liste RN est nettement devancée par la liste de l’équipe sortante, du moins en comptant les listes qui ont fusionné.

La stratégie générale est ainsi la suivante, avec parfois quelques exceptions à gauche. À gauche, les listes de gauche se réunissent pour se retrouver unies face à la droite et au centre, et aussi face au RN. Les listes LR ont refusé toute fusion avec d’éventuels autres partenaires (en particulier LREM). Les listes RN et LREM restent au second tour quand elles le peuvent, sans aucune union supplémentaire au second tour.

On comprend bien l’intérêt électoral des listes fusionnées. LR a voulu montrer de la clarté politique, d’où aucune fusion de listes LR avec d’autres listes entre les deux tours, au contraire de la gauche. D’un côté, un programme déterminé, de l’autre, des marchands de tapis qui veulent se répartir les postes mais qui ne sont en accord sur rien sinon se partager le gâteau électoral.

Rappelons la règle du jeu (on peut lire le tableau en fin d’article) : une liste qui a obtenu au moins 10% des suffrages exprimés peut se maintenir au second tour et une liste qui a obtenu au moins 5% peut fusionner avec une autre liste qui peut se maintenir au second tour. La position d’une liste qui a obtenu entre 5 et 10% est donc délicate puisqu’elle ne peut plus gêner les listes du second tour. En revanche, une liste qui fait entre 10 et 15% peut se maintenir et rendre plus difficile l’élection d’une autre liste susceptible de gagner, puisque la majorité relative suffit.

L’un des principes électoraux doit être pris en compte : il n’y a pas de logique arithmétique qui tienne dans les élections. La fusion de deux listes ne fait pas automatiquement venir la somme des électeurs de ces deux listes. Pour trois raisons. La première, c’est l’abstention, si elle est différente (moins ou plus, sursaut ou chute de participation), alors les calculs du premier tour son caducs. La deuxième raison, c’est que l’union de plusieurs listes, lorsqu’elle est portée par un sentiment populaire, fait plus que la somme des listes. Mais paradoxalement, quand il n’y a pas d’élan populaire (ce qui semble être le cas partout pour ce scrutin), alors, la liste unifiée a des risques de rassembler moins que l’ensemble des listes prises individuellement.

Je m’explique plus précisément, car cela concerne la gauche. Il s’agit ici de la constitution de listes d’union de la gauche totalement artificielle puisqu’ils ne sont en accord sur rien. Le PS, le PCF, EELV et FI. Inutile de dire qu’il y a au moins deux gauches irréconciliables (dans compter les deux ailes de EELV et du PS). Or, l’union, au lieu de rassembler, pourrait mécontenter tous les électeurs : la gauche sociale-démocrate ne pourra jamais voter pour une liste soutenue par Jean-Luc Mélenchon ou par des écologistes dogmatiques. Et réciproquement.

Cela conduit à un autre principe électoral : les électeurs respectent rarement les consignes de vote. Même s’ils votent comme les consignes, ce n’est pas par ces consignes qu’ils auront fait leur choix, mais selon leur propre raisonnement. Ce qui est heureux, chacun doit avoir son libre-arbitre. Là,c ‘est du côté des électeurs. Du côté des candidats ou des responsables politiques, évidemment qu’il faut qu’ils prennent leurs responsabilités et prennent position. Même si cela a peu d’influence électorale.

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Un exemple, l’Île-de-France où les trois listes de gauche Bayou (12,9%), Pulvar (11,1%) et Autain (10,2%) ont fusionné sous la direction de Julien Bayou qui, de toute façon, aura gagné beaucoup en notoriété et leadership au sein de EELV (face à Yannick Jadot et Éric Piolle, par exemple). Valérie Pécresse garde encore une avance mais insiste sur un score serré afin de mobiliser son électorat, tandis que les deux autres têtes de liste, Jordan Bardella (RN) et Laurent Saint-Martin (LREM) ont déjà déclaré forfait en disant par avance que Valérie Pécresse sera réélue. Inutile de dire qu’un tel discours de candidats perdus d’avance, qui ne croient pas en leurs chances, est très démobilisateur. Valérie Pécresse a même reçu le soutien inattendu du socialiste Jean-Paul Huchon, ancien président du conseil régional d'Île-de-France et ancien collaborateur de Michel Rocard, qui considère que la liste de gauche ne correspond plus aux idées traditionnelles du PS et est trop à gauche pour lui.

Certaines listes LREM n’ont pas franchi la ligne de 10%, pour les listes LR concurrentes, c’est autant de potentiel de voix qui ne coûtent rien, c’est-à-dire, qui ne se négocient pas puisque ces listes ne peuvent pas se maintenir et que la décision claire de refuser toute fusion évacue tout idée de marchandage.

Et il y a le cas de la région PACA où, après bien des hésitations, et sommé par les états-majors parisiens, Jean-Laurent Félizia, tête de la liste d’union de la gauche, a finalement annoncé son retrait et son vote sans condition pour la liste LR de Renaud Muselier afin de faire barrage à la liste RN de Thierry Mariani. Au nom du "front républicain".

Attardons-nous sur le front républicain. On en parle souvent depuis 1983. L’expression historique exacte est l’alliance entre les radicaux et les socialistes face à une coalition de centre droit, en janvier 1956. Ce front républicain a été mené par Pierre Mendès France, il a gagné les élections législatives de janvier 1956, mais le Président de la République a nommé Guy Mollet, chef du plus grand parti de la majorité (SFIO) à la tête du gouvernement. On voit bien que cela n’a aucun rapport avec le barrage contre le RN.

L’expression front républicain provient en fait de la tradition de la "discipline républicaine" à une époque où les conservateurs étaient monarchistes. Il s’agissait, au début de la Troisième République, du désistement mutuel au second tour des candidats républicains au profit du candidat républicain ayant obtenu le plus de voix. À partir du milieu des années 1920, avec l’arrivée du Cartel des gauches puis du Front populaire, la discipline républicaine s’est transformée en désistement au profit d’un candidat de gauche unique (radicaux, SFIO, PCF). Une pratique qui s’est poursuivie avec le programme commun de la gauche à partir de 1972 à une époque où la SFIO revenait d’une longue période anticommuniste (les socialistes préféraient l’élection d’un candidat centriste à celle d’un candidat communiste ; c’est François Mitterrand qui a rompu avec cet atavisme pour adapter le PS aux institutions de la Cinquième République).

Dans notre cas de barrage au RN, je crois qu’il faut prendre la pratique originelle où étaient incluses toutes les formations politiques républicaines, et pas seulement la gauche même si cela s’appelait la gauche républicaine à l’époque, par exemple, le parti de Raymond Poincaré (Alliance républicaine, d’abord située à gauche puis au centre droit de l’échiquier politique). Il n’est donc pas scandaleux, historiquement, que des formations dites républicaines fassent barrage à un mouvement qu’elles ne considéreraient pas républicain (là est d’ailleurs sujet à discussion). Mais dans tous les cas, les jeux d’alliance, de désistements, de soutiens sont libres et n’ont pas forcément à se justifier, si ce n’est par les urnes.

Le retrait de la liste Félizia entraîne-t-il la victoire inéluctable de la liste de Renaud Muselier ? La réponse est clairement non. D’ailleurs, un sondage publié le 23 juin 2021 le donne gagnant avec …51% contre 49% à Thierry Mariani. Autant dire que ce n’est pas significatif quand l’erreur est de l’ordre de 4%. Des électeurs de gauche pourraient en effet voter pour Renaud Muselier pour ne pas faire élire une liste RN, mais d’autres électeurs pourraient s’abstenir (on ne les distinguera pas avec ce climat d’abstention massive), ou encore voter pour la liste RN qui a récupéré beaucoup de votes ouvriers (mais peut-être pas en PACA où le RN ratisse surtout dans la droite dure et peu à gauche comme dans le nord de la France).

Réciproquement, le maintien d’une troisième liste (de gauche) n’avantagerait pas forcément une liste RN face à une liste LR. L’exemple du Grand Est en 2015 est assez clair : malgré les nombreux appels de l’appareil du PS, la tête de liste socialiste Jean-Pierre Masseret (PS), président du conseil régional sortant de Lorraine, sénateur et ancien ministre, a refusé de se désister, considérant que l’absence totale d’élu socialiste serait pire qu’une éventuelle victoire de Florian Philippot. Donc, il a maintenu sa liste au second tour …mais ses électeurs ne l’ont pas suivi et ont en partie voté pour la liste LR de Philippe Richert. Jean-Pierre Masseret est passé de 16,1% au premier tour à 15,5% au second tour, et Philippe Richert l’a largement emporté avec 48,4% face à Florian Philippot 36,1%.

Très curieusement, une autre région est sous les radars, la Bourgogne-Franche-Comté. Le RN y est très implanté. Déjà à l’élection législative partielle de la 4e circonscription du Doubs les 1er et 8 février 2015, le FN avait montré une forte audience électorale au point d’être en capacité de remporter la circonscription. Aux élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, le scrutin était très serré. Au premier tour, trois listes étaient dans la compétition : 31,5% à la liste FN de Sophie Montel (elle a quitté le FN depuis, dans le sillage de Florian Philippot), 24,0% à la liste UDI-LR de l’ancien ministre centriste François Sauvadet et 23,0% à la liste PS de Marie-Guite Dufay. En quatrième position, il faut ajouter la liste Debout la France (DLF) qui a fait 5,2%. Au second tour, Marie-Guite Dufay a gagné avec 34,7% contre 32,9% à François Sauvadet et 32,4% à Sophie Montel. On voit à quel point le scrutin était serré.

On peut comprendre donc qu’en 2021, la tête de liste LR ait fait alliance dès le premier tour avec DLF, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. Cela n’a pas suffi à être en tête et quatre listes se disputent la victoire (en fait, trois seulement) : la liste PS-PCF de Marie-Guite Dufay avec 26,5%, la liste RN de Julien Oudol avec 23,2%, la liste LR-UDI-DLF de Gilles Platret avec 21,0%, enfin la liste LREM-MoDem-MR de Denis Thuriot avec 11,7%. Pour le second tour, ces quatre listes restent présentes, avec une fusion dans la liste de Marie-Guite Dufay de la liste EELV de Stéphanie Modde qui a obtenu 10,3%. Cette liste de gauche a aussi une réserve de voix avec la liste FI de Bastien Faudot qui n’a obtenu que 4,5% (sans possibilité de fusion). Notons que certains centristes ont refusé l’alliance LR-DLF et ont préféré rejoindre la liste LREM.

Comme on le voit, avant fusion de liste, il y avait un risque de victoire de la liste RN qui pouvait repasser devant la liste PS. Mais avec 15% de réserves supplémentaires de voix, ce qui ferait 18 points d’avance sur la liste RN, le risque d’une victoire du RN est donc désormais écarté. Cela explique le maintien des deux autres listes (LR et LREM).

Or, cette région a été le prétexte de faire de la récupération politicienne de la part de deux anciens partis, LR et PS, et cela dès le soir du 20 juin 2021 et encore les jours suivants, y compris après la fusion de la liste de gauche avec la liste écolo.

D’un côté, très solennellement, Christian Jacob, le président de LR, a mis sur le même pied d’égalité le front républicain contre le RN et un front contre une gouvernance avec l’extrême gauche, notamment FI. Et il a fustigé LREM de s’être maintenu avec ses 11,7%. Dans l’esprit de Christian Jacob, les électeurs LREM se reporteraient sur la liste LR-DLF qui pourrait arriver en tête et battre la liste de gauche (ce qui paraît impossible en fait, car en comptant LR et LREM, cela ne ferait encore que 31,7%, nettement insuffisant pour atteindre la première place). Christian Jacob a aussi appelé au retrait de la liste LREM de François de Rugy pour faire gagner le centre droit.

De l’autre côté, avec une encore plus grande mauvaise foi, le PS (par la voix d’Olivier Faure) a appelé au retrait de la liste LREM pour éviter la victoire du RN. Or, cela ne trompe que ceux qui n’ont pas une idée précise de la situation électorale en Bourgogne-Franche-Comté. En effet, comme je l’ai indiqué plus haut, à partir du moment où la liste écolo qui a fait 10,3% a fusionné avec la liste PS, il y a peu de risque pour une victoire du RN dans cette région. Mais ce qui est étonnant dans la formulation, c’est que le PS demande le retrait de la liste LREM et pas le retrait de la liste LR, ce qui aurait été bien plus efficace pour éviter la victoire du RN. Surtout que le PS a fait la chose inverse en PACA au profit de la liste LR.

Cette demande socialiste est clairement du matraquage électoral pour le seul but de nuire à Emmanuel Macron dans l’optique de l’élection présidentielle de 2022. Pourquoi s’en prendre à la liste LREM et pas à la liste LR, si l’objectif est un front républicain et un barrage au RN ? C’est avec ce genre d’arguments fallacieux que l’on dégoûte les électeurs et qu’on encourage l’abstention. Honte au PS de jouer sur cette corde-là !

Le PS a le droit de dire que le front républicain est toujours dans le même sens, c’est-à-dire le retrait d’une liste de gauche au profit d’une liste de centre droit pour faire barrage à une liste RN. Il a même raison, c’est ce qui se produit généralement. Mais à qui la faute ? Certainement pas à la liste qui est le plus apte à battre le RN ! La responsabilité incombe à la liste de gauche qui a été incapable de convaincre les électeurs et de se placer en position, sinon de favorite, au moins d’adversaire principal. Après tout, si la liste de gauche est si bas dans les urnes, c’est peut-être que le problème se situe au sein de la gauche, pas de ses adversaires ou concurrents.

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Je termine mon article par un (autre) coup de gueule contre tous les éditocrates qui commentent sans jamais travailler leurs sujets. Le café du commerce est accessible à tout le monde, on peut commenter sans rien connaître, seulement en ronchonnant contre des choses qui choquent et contrarient. Mais le travail d’un journaliste, c’est d’aller plus loin, de chercher les raisons pour lesquelles tel ou tel choix a été fait par ceux qui l’ont fait.

Je veux évoquer ici les problèmes de distribution des professions de foi électorales des candidats, certains électeurs (dans une proportion à déterminer) n’ont pas reçu ces documents électoraux (à temps), qui auraient pu leur avertir qu’il y avait deux scrutins les 20 et 27 juin 2021. Or, la distribution a été réalisée par deux entreprises choisies à la suite d’un appel d’offre. C’est donc une délégation de service public, et beaucoup de commentateurs de café du commerce ont pesté sur le fait que l’État ait fait appel à des entreprises extérieures (privées ou publiques, car l’une des deux est La Poste) au lieu de le faire lui-même.

Et d’imaginer que c’est encore l’illustration du supposé ultralibéralisme du Président Emmanuel Macron (j’insiste sur "supposé" car lorsqu’on injecte plus de 120 milliards d’euros d’argent public dans l’économie, je n’appelle pas cela du libéralisme, c’est même une politique encore plus étatique que celle proposée par Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière campagne présidentielle !).

Si les commentateurs avaient été un peu plus perspicaces et pris soin de bosser leur sujet, ils auraient compris que c’était devenu une obligation légale pour l’État, dans le cadre de la loi n°2005-516 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales. Une loi adoptée sous la Présidence de Jacques Chirac et signée également des membres du gouvernement suivants : Jean-Pierre Raffarin (Premier Ministre), Dominique Perben (Justice), Thierry Breton (Économie, Finances et Industrie) et Patrick Devedjian (Industrie). On pourra toujours discuter de l’origine de la loi (dérégulation européenne et réduction des dépenses publiques), mais à ce jour, à ma connaissance, aucun (grand) parti n’a proposé de la modifier, et si oui, il l’a fait très discrètement.

Certes, on ne peut pas connaître toutes les lois, mais alors, on aurait pu écouter un peu les questions au gouvernement de la séance très attendue (après une élection) du mardi 22 juin 2021 sur ce problème important pour la démocratie. Répondant au président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, le Premier Ministre Jean Castex a déclaré : « Monsieur le Président Lagarde, votre question met en lumière un dysfonctionnement particulièrement regrettable. Permettez-moi de rappeler à la représentation nationale que le système de distribution de la propagande électorale est organisé conformément à la loi de 2005 relative à la régulation des activités postales qui impose, ainsi que vous l’avez rappelé, la mise en concurrence de cette prestation, ce que l’État a déjà fait à plusieurs reprises depuis la promulgation de la loi, à laquelle il se conforme. ». Jean-Christophe Lagarde avait déclaré dans sa question : « Alors qu’habituellement, l’État parvient à assurer dans de bonnes conditions la distribution de cette information, je n’ai jamais vu cela en trente-cinq ans d’engagement militant. ».

On pourrait aussi relire la réponse qu’a faite le Ministère de l’Intérieur le 13 mai 2021 à la question écrite n°22471 du sénateur Jean-Louis Masson publiée au journal officiel du 22 avril 2021 : « L’administration organise l’acheminement des enveloppes électorales aux électeurs du département concerné avec l’opérateur postal. L’acheminement de la propagande électorale est une opération désormais complexe qui fait intervenir une multiplicité d‘acteurs avec de nombreuses ruptures de charge dans des délais fortement contraints. La loi n°2005-517 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales et la loi n°2010-123 du 9 février 2010 relative à l’entreprise publique Le Poste et aux activités postales visent à concilier l’existence et la viabilité du service universel postal avec l’introduction graduelle de la concurrence sur le marché des envois de correspondance. Il semblerait totalement anachronique d’empêcher l’État d’externaliser la distribution de la propagande jusqu’aux boîtes aux lettres des électeurs, secteur qui est aujourd’hui ouvert à la concurrence, alors que l’État s’efforce d’optimiser ses ressources dans le cadre d’une politique générale de meilleure gestion des deniers publics. ».

Une simple attention portée au sujet pouvait éviter de faire de gros raccourcis et de réels contresens sur le supposé libéralisme d’Emmanuel Macron. Le gouvernement n’a fait que respecter la loi, et probablement qu’en matière de marchés publics, le degré d’exigence n’était pas au rendez-vous. Là est sa responsabilité.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Régionales 2021 (5) : vous avez dit front républicain ?
Suppression des professions de foi lors des élections (28 septembre 2016).
Régionales 2021 (4) : l’abstention, c’est grave, docteur ?
Régionales 2021 (3) : le premier tour, déconfiture ?
Régionales et départementales 2021 (2) : les enjeux.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Les Républicains et la tentation populiste.
Rapport de Jean-Louis Debré du 13 novembre 2020 (à télécharger).
Avis du Conseil scientifique sur la tenue des élections du 29 mars 2021 (à télécharger).
Régionales et départementales 2021 (1) : à propos de leurs dates et de l’âge du capitaine.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
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Municipales 2020 (3) : et le second tour arriva…
Municipales 2020 (2) : le coronavirus s’invite dans la campagne.
Municipales 2020 (1) : retour vers l’ancien monde ?
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Les départementales 2015 au second tour.
Les départementales 2015 avant le second tour.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Vive la Cinquième République !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210623-front-republicain.html

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