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17 juin 2021 4 17 /06 /juin /2021 03:43

« Il ne faut pas faire du Rassemblement national le sujet unique des élections. » (François Bayrou, le 16 juin 2021).



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Le maire de Pau, président du MoDem et surtout Haut Commissaire au Plan François Bayrou a raison : invité de la matinale de LCI ce mercredi 16 juin 2021, il voulait ne pas focaliser l’enjeu des élections régionales et départementales exclusivement sur le score du RN, à moins de vouloir en faire explicitement sa promotion publicitaire. Mais néanmoins, le RN est quand même une partie des enjeux.

On vote dimanche prochain, et l’on vote deux fois ! Dernières élections avant l’élection présidentielle de 2022, elles donneront des rapports de force qui seront donc auscultés avec minutie pour comprendre l’électorat, son évolution, ses attentes, ses regrets, ses déceptions, ses rejets, mais aussi ses adhésions, les thèmes porteurs, les thèmes d’avenir.

Au point d'en finir avec le port du masque à l'extérieur le 17 juin 2021 et avec le couvre-feu le 20 juin 2021, la très impressionnante décrue épidémique en France (moins de 3 500 nouveaux cas détectés par jour en moyenne sur les sept derniers jours), probablement grâce à la vaccination massive (plus de 30,8 millions de personnes vaccinées, soit plus de 46% de la population totale ; ce mouvement s’observe aussi en Israël, aux États-Unis, en Allemagne, en Italie, etc., sauf au Royaume-Uni à cause du variant indien) justifie a posteriori le maintien de ces élections avant la période des vacances estivales. Mais rien n’était "joué" d’avance le 13 avril 2021, à une époque où la France se trouvait au pic de la troisième vague.

On va d’abord en finir avec la tarte à la crème des médias, le speech sur l’abstention prévue très importante, sur la perte de confiance dans la démocratie, sur le discrédit de la classe politique, etc. Il y a plein de raisons pour que l’abstention soit énorme, mais ce qui est sûr, c’est qu’à l’élection présidentielle, comme bizarrement, tous les cinq ans, les électeurs viennent en masse pour choisir leur Président de la République. Le discrédit est donc très relatif.

L’abstention n’en est toutefois pas moins inquiétante. Je constate même dans ma commune que non seulement, on risque l’abstention massive (une commune qui participe beaucoup plus que la moyenne nationale), mais en plus, on a du mal à trouver des assesseurs à seulement quatre jours du scrutin, ce qui est plutôt navrant (il faut par bureau de vote environ treize assesseurs, y compris son président et un bureau de vote regroupe environ mille électeurs inscrits). Je n’ose imaginer le recrutement (sur le tas) des bonnes âmes pour dépouiller le soir (et malgré l’abstention prévisible, le dépouillement sera long et laborieux à cause de deux scrutins et d’un grand nombre de listes ; en Île-de-France, par exemple, il y a onze listes !).

Cette abstention est souvent associée à la nature de ces scrutins locaux : les citoyens ont plus une identité nationale (voire européenne) et communale qu’une identité départementale ou régionale. De plus, le regroupement des régions en 2014, réalisé de manière incohérente et sans intérêt économique, a renforcé cette absence d’identité régionale (comment imaginer qu’un Alsacien puisse avoir la même identité régionale qu’un habitant de Nogent-sur-Seine, par exemple ?). Les élections régionales et départementales sont les scrutins où l’abstention est traditionnellement très élevée.

À cela, il faut rajouter : la pandémie de covid-19 (certains électeurs, malgré la vaccination, malgré la chute du nombre de nouveaux cas, peuvent avoir encore peur de se faire contaminer) ; la météo, soleil et  temps estival qui ne donne pas forcément envie de rater des week-ends de détente, d’autant plus que c’est après une très longue période de semi-confinement et de limitation des déplacements ; enfin, l’absence d’enjeux vraiment compréhensibles pour les électeurs.

On ne peut pas dire que les médias ne parlent pas de la campagne électorale. Au contraire, je trouve que beaucoup de débats ont été organisés, France 3 sur ses antennes locales, même des chaînes comme LCI ont consacré des soirées spécifiquement à certaines régions, etc.

Mais il faut bien le reconnaître, ces élections régionales et départementales ont d’abord des enjeux internes à la classe politique : c’est le moment où des postes sont gagnables, des rémunérations aussi, pour faire de la politique, du militantisme, des tremplins pour d’autres mandats. Autant les élections municipales font intervenir surtout des bénévoles (la rémunération des élus municipaux, quand il y en a, est très faible compte tenu du temps passé), autant celle des membres des conseils régionaux ou départementaux permet au moins de continuer à faire de la politique exclusivement. L’enjeu premier est donc là : garder tout un vivier de militants rémunérés et en capacité d’être expérimentés sur la gestion de collectivités publiques.

L’enjeu politique associé, c’est la pérennité de "l’ancien monde", c’est-à-dire la prédominance des "anciens" partis de gouvernement (principalement PS et LR, et leurs alliés) sur la gestion des régions et des départements, comme cela semble s’envisager malgré leurs grosses pertes au niveau national (pertes électorales et financières à l’élection présidentielle, aux législatives et aux européennes, mais aussi perte de leadership et même de leaders tout simplement). À cet égard, tous ces partis suivent la même évolution que le parti radical à partir de la fin des années 1950 et le parti communiste français à partir de la fin des années 1980.

Car les deux principaux partis restent dans les esprits LREM et le RN. Il est assez stupide, d’ailleurs, de vouloir calquer les élections régionales (plus politisées que les élections départementales) à la future élection présidentielle pour la raison simple que le parti présidentiel, LREM, est pratiquement absent des régionales, absent des listes susceptibles de gagner véritablement une région (métropolitaine). Or, la faiblesse de LREM aux régionales n’a rien à voir avec la capacité du Président Emmanuel Macron à gagner la future élection présidentielle (les sondages sont plutôt flatteurs pour une fin de mandat). Ainsi LREM et LR semblent très complémentaires : LREM a un candidat présidentiable indiscutable et LR a des candidats locaux indiscutables et expérimentés.

Donc, s’il devait y avoir un enjeu qui puisse avoir un sens pour la future élection présidentielle, c’est évidemment les résultats du RN et surtout, le nombre de conseillers départementaux RN (élus au scrutin majoritaire) et le nombre de régions gagnées éventuellement par le RN. Attention aux fausses significations : la ville de Perpignan a été gagnée par le RN en juin 2020 et cela ne signifie pas que Marine Le Pen va gagner en 2022.

D’ailleurs, si on a une analyse détaillée de la situation, souvent, là où le RN peut gagner, il y a des considérations très fortes sur un passé électoral très marqué. C’est le cas de la PACA (lire plus loin).

Je vais justement en venir à certaines régions importantes (toutes le sont mais certaines sont plus significatives que d’autres). Mais avant, je voudrais énumérer quelques "leaders" politiques dans les régions que je ne détaillerai pas ici. En particulier, je propose de bien se rappeler la candidature de François de Rugy (LREM) à la région Pays de la Loire (Édouard Philippe est allé le soutenir à Guérande le 12 juin 2021) face à Christelle Moançais (LR), présidente sortante, Matthieu Orphelin (EELV-FI, ex-LREM) et Guillaume Garot (PS), de Marc Fesneau (MoDem) à la région Centre-Val de Loire, de Julien Odoul (RN) à la région Bourgogne-Franche-Comté (le jeune homme créateur de polémiques inutiles qui ne font qu’exacerber les sentiments haineux), d’Isabelle Le Callennec (LR) à la région Bretagne, d’Hervé Morin (LC) à la région Normandie (président sortant), face à Nicolas Bay (RN) et Sébastien Jumel (PCF), d’Alain Rousset (PS) à la région Nouvelle-Aquitaine (président sortant) face à Nicolas Florian (LR) et Geneviève Darrieussecq (ministre MoDem), enfin, de Carole Delga (PS) à la région Occitanie (présidente sortante) face à Aurélien Pradié (LR) et Jean-Paul Garraud (RN, ex-UMP).

Et indiquer que la stratégie des partis et des alliances peuvent varier d’une région à l’autre. Par exemple, l’UDI généralement fait équipe avec LR, mais pas systématiquement et dans certaines régions, avec LREM et le MoDem, tandis que LC (Les Centristes d’Hervé Morin) fait toujours équipe avec LR. La gauche fait parfois l’union, parfois pas, et souvent, il y a des listes PS et alliés face à des listes de gauche dure (PCF, FI, etc.). Certaines fois, les écologistes font équipe avec la gauche, plus ou moins molle, ou pas. Et le RN recycle parfois d’anciens UMP (c’est le cas dans trois régions au moins) comme habiles chevaux de Troie. Quant à LREM, généralement, il y a une liste LREM mais pas toujours. Après, si les électeurs y comprennent quelque chose, ma foi, c’est qu’ils sont hyper-intelligents, hyper-attentifs (bien plus que les journalistes) et à mon sens, ils mériteraient de se présenter eux-mêmes et d’être élus !

Venons-en maintenant à cinq régions tests. J’évoque plus en détail cinq régions parce que je ne peux pas toutes les évoquer en détail et parce que ces régions ont une importance politique nationale (à mon sens).


L’Île-de-France

L’Île-de-France est une région très spécifique pour la vie électorale. Par exemple, il est impensable que le RN puisse conquérir cette région qui favorise plutôt la gauche radicale et les centristes (ainsi que les écologistes). C’est pour cela que la position de la présidente sortante Valérie Pécresse, qui a quitté son parti d’origine LR et qui s’est interdit d’évoquer l’élection présidentielle avant la fin des élections régionales, est très solide. Cette solidité est renforcée par son bilan particulièrement positif qui a montré l’efficacité de l’ancienne ministre dans de nombreux domaines. Elle a, de plus, une bonne équipe, avec des têtes de liste départementale particulièrement efficaces, j’en citerai quelques-unes : Philippe Juvin (92), médecin médiatisé par la crise sanitaire, Robin Reda (91), Valérie Lacroute (77), Florence Portelli (95), Bruno Beschizza (93) et Frédéric Péchenard (75).

Face à Valérie Pécresse, la grande favorite du scrutin, la principale opposition aurait dû être socialiste (le PS occupe la mairie de Paris). Pourtant, le choix d’y mettre l’ancienne journaliste Audrey Pulvar a été une grande erreur. Certes, elle est connue, mais gérer une grande région et surtout, convaincre les électeurs, c’est autre chose que savoir lire les prompteurs et créer d’inutiles polémiques sur divers sujets qui n’ont rien à voir avec les élections et qui ont pollué la plupart de ses messages. Dans son équipe, elle ne peut vraiment se reposer que sur Jérôme Guedj, ancien député, énarque et ancien président du conseil général de l’Essonne, qui tient la route en matière politique et électorale (je l’écris bien que j’apprécie très peu ses choix politiques).

Alors, évidemment, avec de telles carences, les socialistes pourraient se faire distancer par une candidate qui a la politique dans la peau, qui passe très bien à la télévision même si je suis opposé à peu près à toutes ses idées mais dont j’admire la combativité et aussi la bonne foi, à savoir Clémentine Autain, qui mène les listes de la gauche radicale (FI, PCF, etc.). À noter que parmi les têtes de listes dans les départements, il y a Sophia Chikirou (75) qui sera donc probablement élue. Ou pas.

Autre concurrent sérieux à gauche, les listes écologistes de Julien Bayou, qui, si j’ose le calembour, ne manque pas d’air pour être centriste (comprenne qui pourra), qui passe plutôt bien, a un look ni arrogant ni démago, avec une communication très efficace. Lui pourrait créer la surprise. Dans les sondages, Pulvar, Autain et Bayou seraient en parts égales autour de 10% d’intentions de vote. Si l’un convainquait les électeurs des deux autres qu’il serait le mieux à même de représenter la gauche, un glissement de voix de derrière minute pourrait le favoriser, et Julien Bayou est certainement le mieux placé pour ce déplacement de voix.

Le parti présidentiel LREM est mené par Laurent Saint-Martin. Ce député est le rapporteur général du budget, c’est l’une des plus importantes fonctions au Palais-Bourbon, en revanche, dans les débats, sa communication est très mauvaise, on dirait qu’il vendrait un baril de lessive que cela serait le même exercice, on ne sent pas d’incarnation d’un discours politique, au contraire de deux de ses colistières, qui ont bien appris de la politique, Marlène Schiappa (75) et Amélie de Montchalin (91). L’objectif de LREM serait d’arriver devant le RN au premier tour et de se présenter comme une solution alternative crédible face à Valérie Pécresse, mais cette dernière, modérée, a déjà largement séduit sinon convaincu un électorat centriste et même macroniste.

Le RN, quant à lui, est mené par Jordan Bardella, qui fut tête de liste RN aux élections européennes de 2019, liste arrivée en tête au niveau national. Vice-président du RN, il est donc un grand espoir du RN et un bon débatteur, posé, très loin de l’image du FN version Stirbois qui était beaucoup plus facile de combattre par ses excès.

Parmi les "petits candidats", citons la liste LO de Nathalie Arthaud, l’insubmersible Nathalie Arthaud, notre Arlette Laguiller contemporaine, dont l’expression verbale qui insiste toujours sur son dégoût de la société actuelle n’incite pas beaucoup à lui faire confiance même si je ne doute pas qu’elle a des faces cachées particulièrement riches (et agréables).


Le Grand Est (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes)

Le président sortant du conseil régional du Grand Est est Jean Rottner (LR) qui a été sur le front de la crise sanitaire, à la fois médecin urgentiste (qui a repris son stéthoscope) et président de la région d’où est partie la première vague (Colmar). Sa réélection serait méritée et est probable. Dans le cadre d’une large union regroupant LR, mais aussi l’UDI et le Mouvement radical dont le président est l’ancien ministre et ancien maire de Nancy Laurent Hénart, Jean Rottner peut s’appuyer sur une base solide d’élus locaux ou de parlementaires, dont ses têtes de liste départementale, en particulier Arnaud Robinet (51), Valérie Debord (54), François Grosdidier (57) et Daniel Gremillet (88). Jean Rottner a refusé la présence sur sa liste de Nadine Morano, ce qui était déjà le cas avec son prédécesseur Philippe Richert.

La majorité sortante est concurrencée par LREM mené par l’actuelle ministre Brigitte Klinkert (qui fut élue présidente LR du conseil départemental du Haut-Rhin pour remplacer Éric Straumann, député touché par le cumul et devenu l’actuel maire LR de Colmar). La ministre est donc politiquement très proche de la majorité régionale sortante.

À leur droite, deux listes s’opposent. Celle de Florian Philippot (ancienne tête de liste FN en 2015) qui a de grande probabilité de faire un score microscopique (comme aux européennes), soutenu par le microparti de Jean-Frédéric Poisson, et celle du RN dirigée par Laurent Jacobelli, porte-parole du RN et un peu instable (candidat DLF aux départementales en Essonne en 2015, candidat FN aux législatives aux Bouches-du-Rhône en 2017, etc.). À noter que deux élus anciennement LR ou UMP sont des têtes de liste RN dans le Grand Est : le sénateur Jean-Louis Masson (57) et Philippe Morenvillier (54), ancien suppléant de Nadine Morano et devenu député quand elle a été nommée ministre et ancien maire de Velaine-en-Haie.

À gauche, une surprise, l’ancienne ministre socialiste (devenue romancière) Aurélie Filippetti est …tête de liste FI pour le Grand Est et s’oppose à la candidate EELV, PS, PCF Éliane Romani.


L’Auvergne-Rhône-Alpes

La situation semble être assez proche de l’Île-de-France : un candidat LR à sa réélection qui serait le favori mais un risque d’une surprise écologiste, en sachant que dans cette région, Lyon, Grenoble et Annecy sont dirigés par des maires écologistes. Les sondages aussi sont peu éloignés de ceux de l’Île-de-France : LR et alliés sortant très loin devant, puis RN assez fort, LREM très solide, et la gauche divisée et en perte de représentativité.

À la différence des Hauts-de-France et de l’Île-de-France, le président sortant de cette région, l’ancien président LR Laurent Wauquiez, ne semble pas, à l'heure actuelle, candidat à la candidature LR à l’élection présidentielle, ce qui lui permet de se focaliser sur les seules questions d’ordre régional (à moins qu'une bonne performance ne le remette en situation pour 2022). Il bénéficie du soutien de LR, mais aussi de l’UDI.

À gauche, celle qui voudrait être l’opposante numéro une est l’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, qui doit néanmoins concurrencer deux autres listes de gauche, celle de FI et du PCF menée par la communiste Cécile Cukierman et celle de EELV menée par Fabienne Grébert.

Tête de liste LREM, le député Bruno Bonnell, qui a créé l’un des premiers fournisseurs d’accès Internet français, Infonie, avait très largement battu Najat Vallaud-Belkacem aux élections législatives de 2017 à Villeurbanne. Ce proche de Gérard Collomb a adhéré au Mouvement radical en 2019 et est soutenu aussi par le MoDem, Agir, le microparti de Jean-Yves Le Drian et le microparti de Barbara Pompili.

J’ai gardé les deux dernières régions pour la fin… Ce sont les deux régions dont on dit régulièrement qu’elles pourraient basculer en faveur du RN, c’était déjà le cas en décembre 2015.


Les Hauts-de-France

La situation politique du président sortant Xavier Bertrand, ancien ministre UMP qui a quitté son parti pour être plus libre, est assez compliquée. D’une part, en 2015, il a obtenu le désistement de la liste de gauche (qui n’a eu aucun élu pendant cinq ans et demi, donc) et c’était le seul moyen, pour lui, de gagner la région. D’autre part, il a entremêlé régionales et présidentielle, et à mon sens, à contretemps. En gros, il dit : si je suis réélu à la tête de la région, je me présente à la présidentielle (et j’oublie la région), et si je suis battu aux régionales, je quitte la vie politique (c’est le cas aussi de Valérie Pécresse), et donc, adieu la présidentielle. Dans les deux cas, il montre peu de respect à ses électeurs régionaux et confirme que sa région n’est qu’un tremplin et pas une vocation.

Xavier Bertrand a pourtant bien géré la région, avec une réelle démarche pragmatique qui vise à clarifier les problèmes et à rechercher efficacement des solutions, une méthode plutôt appréciée de tous. Il jouit d’ailleurs d’une bonne image à gauche et les sondages montrent que les électeurs de gauche sont prêts à voter pour lui dès le premier tour pour éviter la victoire du RN. La liste menée par Xavier Bertrand est soutenue par LR, l’UDI et le Mouvement radical. Il s’est entouré notamment de deux femmes maires, Brigitte Fouré (UDI) à Amiens et Natacha Bouchart (LR) à Calais.

En face de lui, faisant jeu égal dans les sondages, se dresse le RN mené par Sébastien Chenu, porte-parole du RN, un apparatchik élu député. Il n’a pas la notoriété de Marine Le Pen mais a déjà une grande expérience politique. Ancien encarté du parti républicain (PR) puis de l’UMP (il a même travaillé dans le cabinet de Christine Lagarde à Bercy), Sébastien Chenu a la capacité d’attirer l’électorat populaire qui était originellement favorable à la gauche.

Et cette gauche a réussi à s’unifier autour de la députée européenne EELV Karima Delli, soutenu par EELV, le PS, le PCF, FI, etc. Elle est quand même en retard sur les deux précédentes équipes. Rappelons que cette région au nord de la France (en haut de la carte) était un bastion historique de la gauche.

En quatrième position, avec un véritable questionnement sur sa stratégie régionale, LREM est mené par le ministre Laurent Pietraszewski, ancien DRH chez Auchan et celui qui, au gouvernement, s’est occupé de la réforme des retraites. À moins d‘un miracle, sa liste n’a aucune chance de gagner et pourtant, il y a des ministres qui se battent. Ainsi, le bruyant Ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti est la tête de liste pour le Pas-de-Calais. Pourquoi ne pas l’avoir mis en têts de liste régionale alors qu’il a une notoriété mille fois supérieure à Laurent Pietraszewski et un talent de communication sans égal ? Mystère.

L’autre contradiction, c’est que le combat (sincère) d’Éric Dupond-Moretti est de lutter contre l’extrême droite de toutes les manières. Or, en mettant son talent en concurrence avec le seul candidat capable d’éviter la conquête de la région par le RN, à savoir Xavier Bertrand, il va à l’encontre de l’efficacité de son combat moral. À moins qu’il soit en mission spéciale pour éviter à tout prix que Xavier Bertrand devienne un adversaire un peu trop encombrant en 2022 ? Ces deux incohérences laissent entrevoir une défaite inéluctable et cinglante.de LREM dans cette région.


La Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA)

La PACA est sans doute la région qui a le plus probabilité de passer au RN. Avant de justifier cette phrase, prenons les (principales) listes en présence. Je n’évoque pas des petites listes, comme celle du sympathique "écologiste centriste" niçois Jean-Marc Governatori (ancien membre de l’UDF). Trois principales listes s’affrontent : LR (majorité sortante), RN et la gauche.

La liste de gauche est menée par Jean-Laurent Félizia (EELV) et soutenue par EELV, le PS et le PCF. Au contraire de la liste socialiste menée par Christophe Castaner en 2015, Jean-Laurent Félizia a refusé de dire s’il se retirerait s’il était très loin de la victoire afin d’éviter l’élection d’un RN à la tête d’une région. Il considère que la gauche doit avoir des élus et donc se maintenir.

Le président sortant du conseil régional est le gaulliste Renaud Muselier. Il est bien connu de la vie politique marseillaise : cet ancien ministre a été longtemps le dauphin de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille. L’actualité a provoqué des polémiques lorsque le Premier Ministre Jean Castex a accepté le 1er mai 2021 un accord entre Renaud Muselier et LREM qui, donc, s’est retiré (normalement, la ministre Sophie Cluzel aurait dû mener la liste LREM). Résultat, Renaud Muselier, après un psychodrame un peu trop ridicule pour le conter, est soutenu par LR, LREM, l’UDI, le MoDem, le Mouvement radical, etc. Christian Estrosi (qui a claqué la porte de LR comme Hubert Falco, respectivement maire de Nice et maire de Toulon), fait encore partie de l’aventure à la tête du département des Alpes-Maritimes.

Son principal adversaire est l’ancien ministre Thierry Mariani qui mène la liste RN (où est placé à la tête du département du Var le maire de Fréjus David Rachline). La principale caractéristique, c’est qu’il est un transfuge de LR et il a quitté LR pour RN le jour où Marine Le Pen lui a offert un siège de député européen en 2019. La haine entre Thierry Mariani et Renaud Muselier est assez palpable et va bien au-delà des considérations politiques. Les deux sont de la même génération, ils se sont connus à 20 ans en voisins régionaux, l’un était délégué des jeunes RPR du Vaucluse (Thierry Mariani) pendant que l’autre était délégué des jeunes RPR des Bouches-du-Rhône (Renaud Muselier).

Renaud Muselier n’a jamais gagné une élection régionale sous sa direction. S’il est président sortant aujourd’hui, c’est parce que Christian Estrosi, qui a mené la liste LR en 2015, a quitté la présidence le 15 mai 2017 pour reprendre la mairie de Nice après le terrible attentat du 14 juillet 2016. Par ailleurs, il suffisait d’assister au débat télévisé du 16 juin 2021 sur LCI pour se rendre compte de la légèreté de Renaud Muselier. Je suis désolé de l’exprimer ainsi si crûment, et son alliance LR-LREM ne m’a pas paru moralement inepte (même si je doute de son efficacité électorale), mais les arguments développés contre son adversaire étaient largement stupides, et probablement contreproductifs.

Pour comprendre la guéguerre entre Muselier et Mariani, je crois qu’il faut revenir très loin dans l’histoire des élections régionales en PACA. En mars 1986, Jean-Claude Gaudin a gagné le conseil régional sur les socialistes Michel Pezet (président sortant) et (son rival) Gaston Defferre, l’inébranlable maire de Marseille qui allait succomber quelques jours après la défaite socialiste. Jean-Claude Gaudin, dynamique parlementaire, a gardé la région durant deux mandats (réélu en 1992) mais le cumul l’a obligé à ne pas solliciter le renouvellement de son mandat : il venait d’être élu maire de Marseille en 1995 et avec son mandat de sénateur, c’était plus qu’assez (légalement).

Ont suivi alors trois mandats du socialiste Michel Vauzelle, entre 1998 et 2015, ancien ministre et surtout, ancien proche de François Mitterrand. Pour quelle raison ? Un problème de candidats à droite et au centre ? Non, simplement parce qu’au second tour, avec un FN très fort, la triangulaire s’est toujours terminée à l’avantage du PS, malgré une majorité …à droite et à l’extrême droite.

En mars 1998, ce fut François Léotard qui a représenté l’UDF-RPR : il a obtenu 30,1%, jeu égal (avec quelques voix de retard) avec la liste FN menée par Jean-Marie Le Pen (30,1%), coiffés tous les deux par le PS et alliés, menés par Michel Vauzelle (39,8%). À l’époque, il n’y avait qu’un seul tour (proportionnelle intégrale). En mars 2004, avec deux tours (et prime majoritaire), même problème : ce fut Renaud Muselier qui a représenté l’UMP et l’UDF, il a eu 26,1% au premier tour et 33,8% au second tour, plombé par la liste du FN qui a fait 22,9% au premier tour et 21,0% au second tour. Michel Vauzelle, en tête avec 150 000 voix d’avance au premier tour, a été réélu (35,0% au premier tour, 45,2% au second tour).

En mars 2010, nouvelle situation : ce fut Thierry Mariani qui a représenté l’UMP et le NC (il y a une liste MoDem mais négligeable). Lui non plus n’a pas réussi à vaincre : 26,6% au premier tour et 33,0% au second tour. Plombé par la liste FN de Jean-Marie Le Pen, 20,3% au premier tour et 22,9% au second tour. La gauche s’est présenté divisée au premier tour, Michel Vauzelle n’a obtenu que 25,8% (Laurence Vichnievsky, pour les Verts, a obtenu 10,9%, elle fut par la suite élue députée MoDem). Au second tour, Michel Vauzelle a emporté une nouvelle fois l’élection avec 44,1%.

En mars 2015, la situation fut troublée par l’effondrement des socialistes. Christophe Castaner (16,6% au premier tour) a renoncé à rester au second tour, Christian Estrosi (26,5% au premier tour) a su trouver les mots pour rassembler autour de son nom également les électeurs de gauche (ce qui a montré une grande part d’habileté politique), et Marion Maréchal a échoué finalement à conquérir la région malgré sa très grande avance du premier tour à 40,6% (au second tour 45,2% contre 54,8% à Christian Estrosi).

Comme on le constate, la gauche n’a jamais gagné parce qu’elle était majoritaire, elle ne représentait que 45% de l’électorat, mais parce que la droite et le centre étaient plombés par le FN/RN. Or, et c’est la grande malice de Marine Le Pen, en plaçant Thierry Mariani en tête de liste RN, nécessairement, elle peut réussir à attirer des électeurs de droite modérée qui avait déjà voté pour Thierry Mariani en 2010. On peut même se demander si tous les futurs électeurs de Thierry Mariani savent qu’il a quitté LR pour RN. En quelque sorte, Thierry Mariani arrive à point nommé pour faire ce que les électeurs de "droite dure" rêvent depuis longtemps, la synthèse entre LR et RN.

Et cette proximité d’origine de Thierry Mariani et Renaud Muselier encourage les candidats de gauche à ne pas se désister au second tour et à dire simplement : c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Du reste, rien n’empêchera Thierry Mariani d’atteindre la majorité absolue (50%) même dans le cas d’une triangulaire, tant je trouve l’argumentation de Renaud Muselier très déplacée.


Dans trois jours…

Pour conclure sur ces enjeux des élections régionales et départementales, il faut être clair, les élections départementales seront très transparentes, on ne parlera que des régionales aux soirs des deux prochains dimanches. Il y aura inévitablement une part de participation/abstention spécifiquement due au covid-19 et à la crise sanitaire, comme cela a été le cas aux élections municipales de 2020. Or, les sondages qui laissent entendre des résultats plus ou moins assurés (sauf pour PACA), à mon sens, ont une forte probabilité de se tromper car ils sont incapables d’imaginer la sociologie des abstentionnistes ou des électeurs qui vont aller voter ; cela ne peut pas être modélisable car singulier.

Or, on l’a bien vu en juin 2020, cette incertitude rend tous les possibles réellement possibles, au contraire des précédents scrutins plus "ordinaires" car sans crise sanitaire. Ainsi, en juin 2020, la vague de conquêtes des mairies des grandes villes par les écologistes ne signifiait pas nécessairement une vague verte en faveur de ce courant politique, mais simplement une meilleure capacité à mobiliser leurs électeurs, ce qui n’étaient pas le cas pour les autres partis (et en particulier auprès des personnes âgées, particulièrement vulnérables au covid-19). La situation très rassurante de l’épidémie et la vaccination massive font que le modèle de juin 2020 ne pourra pas se renouveler en juin 2021, situation sanitaire complètement différente.

Tout cela pour en venir à dire quoi ? Qu’une vague écologiste au niveau régional pourrait surprendre de nouveau les observateurs politiques, surtout dans des régions favorables aux écologistes (l’Île-de-France par exemple) et dans des régions où les candidats sont plutôt habiles avec un bon "ton". Je ne le souhaite pas pour les régions car on voit déjà les dégâts ans les grandes villes et j’espère que cela suffira à "vacciner" les électeurs de toute nouvelle tentation écologisante.

Pour terminer, je ne peux pas m’empêcher de recommander à revoir l’excellente série télévisée française "Fais pas ci, fais pas ça" qui, avant 2017, prévoyait, avec un humour irrésistible, l’élection de Nicolas Hulot en 2022 à la Présidence de la République et les loures contraintes qui en ont suivi, comme l’obligation d’avoir dix poubelles de recyclage différentes ! Les scénaristes n’avaient pas imaginé que l’ancien animateur de télévision serait nommé ministre dès 2017, pour une durée relativement courte et que maintenant, il est tombé dans les oubliettes de la vie politique…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Régionales et départementales 2021 (2) : les enjeux.
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Les Républicains et la tentation populiste.
Rapport de Jean-Louis Debré du 13 novembre 2020 (à télécharger).
Avis du Conseil scientifique sur la tenue des élections du 29 mars 2021 (à télécharger).
Régionales et départementales 2021 (1) : à propos de leurs dates et de l’âge du capitaine.
Municipales 2020 (5) : la prime aux… écolos ?
Municipales 2020 (4) : bientôt, la fin d’un suspense.
Municipales 2020 (3) : et le second tour arriva…
Municipales 2020 (2) : le coronavirus s’invite dans la campagne.
Municipales 2020 (1) : retour vers l’ancien monde ?
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Les départementales 2015 au second tour.
Les départementales 2015 avant le second tour.
Départementales 2015 : le pire n'est jamais sûr.
Les 4 enjeux nationaux des élections départementales de mars 2015.
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Le vote par anticipation.
Le vote proportionnel.
Le vote obligatoire.
Le vote électronique.
Vive la Cinquième République !

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 17:56

« À la veille de la réouverture des salles de cafés et restaurants, le Président de la République Emmanuel Macron s’est rendu dans la Drôme. Il a commencé par se rendre au lycée hôtelier de Tain-l’Hermitage où il a rencontré lycéens, apprentis et leurs encadrants. Il a assuré son soutien à l’ensemble de la profession et a rappelé que plus de 110 000 emplois dans le secteur sont à pourvoir. » (Communiqué de l’Élysée, 8 juin 2021).



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Ma question est un peu provocatrice puisque la réponse est évidemment non : personne ne mérite d’être baffé ! Ni le Président de la République, ni un citoyen lambda. En tout cas, dans une démocratie parfaite. Si Emmanuel Macron a été giflé, c’est d’abord parce qu’il n’a pas eu peur de prendre des coups, au sens propre comme au sens figuré. Il était à portée de baffe.

Et le service de sécurité est-il incompétent ? faut-il y voir l’absence de monsieur Alexandre Benalla ? Je réponds à la première question (la seconde n’est qu’une boutade) en donnant la réflexion en 2017 d’Emmanuel Macron sur la sécurité de son prédécesseur : « Les mecs de la sécurité, c’est pas eux qu’il faut écouter. Je ne serai jamais en sécurité, parce que le pays est comme ça aujourd’hui. Donc, faut prendre le risque, faut aller dans le cœur de la bête à chaque fois. (…) Parce que si vous écoutez les mecs de la sécurité, vous finissez comme Hollande. Peut-être que vous êtes en sécurité, mais vous êtes mort. ».

Toute la classe politique a été scandalisée par cette gifle au Président de la République, donnée ce mardi 8 juin 2021 lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage, dans la Drôme. Même Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont exprimé leur solidarité avec Emmanuel Macron. On pourrait leur prêter une certaine hypocrisie, mais c’est bien les institutions et la classe politique, au-delà du Président de la République, qui ont été visées et cela aurait pu leur arriver comme cela est arrivé aussi à certains élus locaux, des maires notamment.

L’indignité et le déshonneur, ils ne sont certainement pas pour la victime, ou alors, c’est l’inversion des valeurs dans une agression. Cette situation de violence, Emmanuel Macron a même parlé d’ultraviolence, a de quoi inquiéter, évidemment, car il y a des digues qui s’effondrent au fil du temps. Oser gifler un Président de la République, c’est quoi ? un acte bête et méchant ? un acte de courageux rebelle ? pour quelle finalité ? À cette heure, l’auteur de la gifle n’a pas su expliquer son geste. Pour tout dire, qu’importe qui est-il : moins de publicité possible pour l’individu, et qu’importe aussi ses motivations, ce qui est sûr, c’est qu’il ne représente ni le peuple ni un catégorie d’individus, il ne représente qui lui-même.

S’il y en a un, parmi les protagonistes, qui représente le peuple français, c’est bien Emmanuel Macron. Faut-il le rappeler même si cela fâche visiblement des électeurs à la mémoire de moineau ?  Emmanuel Macron a été élu Président de la République le 7 mai 2017 avec 20 743 128 voix, soit 66,1% des suffrages exprimés et 43,6% des électeurs inscrits. En absolu, aucun Président n’a été élu avec autant de voix, sauf le 5 mai 2002, second tour très spécial (Jacques Chirac a eu 25 537 956 voix). Pour rappel, le 19 décembre 1965, De Gaulle n’a recueilli que 13 083 699 voix, soit 55,3% des suffrages exprimés et 45,3% des électeurs inscrits. Même la proportion des élections inscrits, l’élection d’Emmanuel Macron vaut celle de De Gaulle. Alors, il faut arrêter avec le peuple : si, en France, il y a UN citoyen qui peut se targuer de représenter le peuple, c’est Emmanuel Macron, et personne d’autre, et certainement un baffeur venu d’on-ne-sait-où.

Du reste, cette violence n’est pas nouvelle. Les Présidents de la République ont reçu régulièrement des insultes ou des impolitesses qui n’étaient pas non plus destinées à la concorde nationale. Le 14 juillet 2002, Jacques Chirac a même failli trépasser avec un jeune d’extrême droite (oublions son nom) qui voulait le tuer avec une arme à feu.

Au-delà des locataires de l’Élysée, on peut aussi se rappeler les coups de poignard ou de couteau dont furent victimes deux grands élus nationaux, le maire de Paris Bertrand Delanoë dans la nuit du 5 au 6 octobre 2002 et le maire de Lourdes et Ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy le soir du 2 mai 1997.

Je pense qu’il faut éviter de faire de cette gifle le seul événement à commenter car ce n’est qu’un épiphénomène, il y a plus important dans la vie politique nationale qu’un caca nerveux d’un individu apparemment immature pour qui les prochains mois vont être très compliqués (il est jugé en comparution immédiate ce jeudi 10 juin 2021). J’ai même hésité moi-même à commenter pour ne pas en rajouter, mais quand je lis certaines réactions, je m’aperçois que certains n’affichent pas les valeurs de la République, ces valeurs de liberté, d’égalité et, appuyons, de fraternité. Comme si une baffe pouvait résoudre quoi que ce soit !

En effet, au-delà des déclarations de principe, il existe cependant un bruit de fond très différent dans certains réseaux sociaux ou même chez certaines personnalités médiatiques ou politiques. Par exemple, l’ancien député UMP Christian Vanneste dont la proximité avec le RN n’est plus à rappeler s’est interrogé dans son blog le 8 juin 2021 : « Qui sème le mépris récolte une juste colère. Gifler le monarque est hautement symbolique, mais si l’altitude institutionnelle de la cible appelle une sanction proportionnée, la signification du geste est lourde de sens car elle signale que sa véritable hauteur, ressentie par le peuple est réduite à néant. ».

On voit tout de suite la tentative de manipulation intellectuelle : "ressentie par le peuple", mais monsieur Vanneste, le peuple, c’est Emmanuel Macron, ce n’est pas le baffeur, voir plus haut. C’est comme dire que les gilets jaunes, c’est le peuple. Je fais partie du peuple, je ne suis pas gilets jaunes. Les gilets jaunes se sont présenté aux élections européennes, ils ont recueilli moins de 1% des voix. Moi, la liste que j’ai choisie, elle a eu plus de 20%, c’est autre chose, le peuple, le peuple, c’est le chef de l’État qui l’incarne, qu’on le veuille ou pas : tous les autres, ceux qui se croient le peuple, ou encore la République, ce sont des menteurs, simplement des menteurs. Le meilleur représentant du peuple, c’est l’élu, pas les losers, pas ceux qui perdent, et parfois, qui perdent depuis sept élections successives et que le peuple rejette avec une belle continuité…

Car c’est bien cette interrogation qu’on entend, et même, au-delà de l’interrogation, la réponse : il l’aurait bien méritée ! Comme je l’ai écrit en début, aucune personne ne mérite de recevoir une baffe. À tel point que la législation a maintenant interdit que les parents puissent donner une gifle à leurs enfants …même s’ils la méritaient. La première des sécurités est la sécurité de son intégrité physique. On peut ne pas être d’accord avec un responsable politique, alors on explique en quoi l’on n’est pas d’accord, pourquoi, le cas échéant, on est en colère, mais on ne frappe pas, on n’est pas violent.

Du reste, c’est très contreproductif et les complotistes, au lieu d’applaudir stupidement (il l’a bien méritée), devraient plutôt imaginer un scénario de style l’Observatoire (le faux attentat foireux de François Mitterrand pour relancer sa carrière politique) : dans cette affaire, pour le prix d’une joue rougie, Emmanuel Macron va grimper dans les sondages, il a  déjà gagné 7 points dans un sondage avant la gifle (il est déjà à 50% d’opinion positive !). Le baffeur serait-il payé par des "potes à Macron" ?! Rappelons aussi que le candidat François Bayrou avait décollé dans les sondages d’intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2002 le jour où il a lui-même donné une gifle à un jeune voleur de portefeuille.

En fait, ceux qui disent, discrètement ou tout haut, qu’Emmanuel Macron l’a bien méritée n’ont rien compris à nos valeurs, à notre République, et même à la vie en société. Ils fustigent la violence conjugale, ils ne veulent pas qu’un conjoint gifle sa femme (ce qui est plus fréquent que l’inverse) mais ils accepteraient la gifle au Président de la République ? Ils fustigent les sauvageons des quartiers difficiles …et ils applaudissent l’acte de délinquance stupide d’un même sauvageon ? Mal élevé et mal léché, peut-être incapable de sortir trois phrases pour s’exprimer ? Souvent, la violence dérive d’une incapacité à s’exprimer clairement.

Je ne doute pas que de nombreux opposants haineux d’Emmanuel Macron ont rêvé de le gifler, alors, leur lâcheté applaudit, évidemment, puisqu’ils ont été incapables de le faire eux-mêmes (c’est difficile d’être résistant en charentaises, d’être rebelle le derrière collé dans un fauteuil). Mais les opposants politiques à Jacques Chirac se seraient-ils pour autant identifiés à celui qui a tiré un coup de feu dans la foule du 14 juillet pour atteindre le Président de la République ? Bien sûr que non.

La réaction à chaud d’Emmanuel Macron a été plutôt courageuse, c’était de dire qu’il ne fallait pas s’attarder à cet incident et poursuivre son déplacement, car la politique doit prendre le dessus sur les actes de grande incivilité voire de délinquance : « Il y a de la bêtise, et quand la bêtise s’allie à la violence, elle est inacceptable. Les gens expriment leur colère, parfois leur désaccord, je suis toujours là. Parfois, j’ai la réponse, d’autres fois, je ne l’ai pas. J’essaie de la bâtir. Parfois je me trompe, d’autres fois, j’y arrive. Ça, c’est de la colère légitime. Et on sera toujours là pour y répondre. La bêtise et la violence, non. Pas en démocratie. Il ne faut rien céder à la violence, et en particulier à la violence contre tous les représentants de la chose publique. En démocratie, il n’y a pas de place pour la haine et la violence. ».

Dans "Le Dauphiné libéré", il a déclaré : « Il faut respecter les fonctions dans la République et je ne lâcherai jamais ce combat. (…) Ne laissons pas des individus ultraviolents prendre possession du débat public. Ils ne le méritent pas. ». C’est cela l’essentiel : ne laissons pas les délinquants accaparer le débat public !

Alors, évidemment que je me sens solidaire d’Emmanuel Macron comme de tous les élus qui ont été, dans l’exercice de leur mandat, agressés par des sauvageons et des délinquants qui ne méritent aucune publicité dans l’espace public. Et je lui dis bravo pour son sang-froid et son courage physique. À ce rythme-là, il va être réélu dès le premier tour !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron a-t-il mérité d’être baffé ?
Emmanuel Macron au Rwanda : pas de repentance mais des responsabilités.
Napoléon Bonaparte selon Emmanuel Macron.
Du haut de ce Président, quatre ans vous contemplent.
Napoléon, De Gaulle et Macron.
Emmanuel Macron, deux ans après.
Emmanuel Macron et les 5 ans d’En Marche.
Le "chemin d’espoir" d’Emmanuel Macron.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron, le 31 mars 2021 à Paris (texte intégral et vidéo).
Emmanuel Macron sera-t-il un Président réformateur ?

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 03:02

« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012 (…). Tout ça, c’est écrit d’avance. » (Jean-Luc Mélenchon, le 6 juin 2021 sur France Inter).



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Le non-pouvoir rend-il fou ? On savait que le pouvoir rendait fou, mais celui qui s’imaginait élu, qui était sûr d’être élu en 2017, un peu à l’instar d’un Donald Trump sûr d’être réélu en 2020, comme si on lui avait confisqué son élection en 2017, et pourtant, il n’était pas deuxième, il n’était pas troisième, il était quatrième… Jean-Luc Mélenchon n’en finit pas de dériver et d’illustrer la célèbre formule de De Gaulle dans ses mémoires sur la vieillesse qui est un naufrage (et je ne veux pas dire ici à qui il pensait).

Même les capacités de calendrier lui font défaut : le 1er mai 2021 à Lille, à l’occasion d’une manifestation de la fête du travail, Jean-Luc Mélenchon se voyait déjà Président de la République le 1er mai 2022. Comment dire une énormité sinon croire qu’il serait élu dès le premier tour ?! Le second tour de la prochaine élection présidentielle devrait avoir lieu en effet seulement après le 1er mai (probablement le dimanche 8 mai 2022), comme dans toutes les élections présidentielles depuis 1969 (en mai 1969, Jean-Luc Mélenchon avait 17 ans, donc il n’a jamais voté à un second tour d’élection présidentielle avant un 1er mai !).

Mais ayons l’honnêteté intellectuelle de rappeler que tout homme est faillible, que toute personnalité politique peut dire des conneries, et il en dira d’autant plus qu’il parle beaucoup en public, voire en privé. L’erreur est humaine et tout le monde a le droit à la "rédemption" (un sacré terme qui mériterait d’être développé, mais pas ici !). Quand on va trop loin, on fait marche arrière, ce n’est pas agréable pour l’ego mais c’est agréable le matin quand on se regarde dans le miroir.

Jean-Luc Mélenchon, absolument pas : il avance, et plus il avance dans le mur, plus le mur l’enfonce. Sorte d’univers kafkaïen, parallèle. Dans l’émission "Questions politiques" diffusé ce dimanche 6 juin 2021 sur France Inter et la chaîne franceinfo:, Jean-Luc Mélenchon a sorti une énormité scandaleuse au détour d’une démonstration : j’ai placé la phrase litigieuse en début d’article. En gros, il dit tout simplement que les attentats qui ont eu lieu juste avant les deux dernières élections présidentielles, en mars 2012 et en avril 2017, les assassinats par Merah (7 morts les 11, 15 et 19 mars 2012 dont trois enfants) et l’assassinat de Xavier Jugelé (le 20 avril 2017) dont les complices sont actuellement en jugement, ne seraient que des "incidents" destinés à mettre la sécurité dans les thèmes de campagne. C’est dégueulasse, abject, terriblement odieux.

C’est du triple délire au moins. Je m’épargne (et vous épargne par la même occasion) mon commentaire sur les journalistes présents dans cette émission politique qui n’ont pas fait leur boulot en ne réagissant pas à une telle phrase, mon but ici n’est pas de parler des médias, mais de politique.

Je n’ose même pas imaginer comment pourrait réagir la famille de la petite fille de 8 ans plaquée au sol assassinée à bout portant dans son école maternelle à Toulouse. Je n’ai pas de vocabulaire pour qualifier cela. Jean-Luc Mélenchon ne nourrit pas un simple complotisme, il est complotiste puissance mille ! Dans son énumération, il aurait pu aussi citer le massacre au conseil municipal de Nanterre quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2002 (8 morts le 27 mars 2002), à moins qu’il garde quand même encore quelques prévenances heureuses et respectueuses pour ses amis communistes ?

Bon, c’est sûr que c’est une grosse boulette, mais encore faut-il en prendre conscience, et il est peut-être là le naufrage : ne pas rattraper l’énorme faute politique et morale. Jean-Luc Mélenchon aime bien parler et s’écouter parler et il parle en roue libre, mais il n’y a plus de brides, plus de barrières, tout le flot se déverse sans penser aux dérives, sans aucun respect aux êtres humains (ah, il était beau, le slogan creux : "L’humain d’abord" pour sa campagne de 2012).

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Le lendemain, lundi 7 juin 2021, aurait pu être le jour de l’amende honorable, tout le monde fait des boulettes et on présente ses excuses pour le tort fait, la parole est allée au-delà de la pensée et closons l’incident médiatique (là, c’est vraiment un incident, au contraire d’assassiner à bout portant des fillettes à l’école).

L’ancienne sous-ministre socialiste Juliette Méadel, que j’apprécie généralement malgré son engagement politique, a dit une chose que j’ai encore plus appréciée que d’habitude : elle dit que la France est victime des attentats terroristes islamistes et que la phrase de Jean-Luc Mélenchon n’a pas seulement affecté tous les proches des victimes de ces attentats, mais aussi la France et les tous les Français attaqués parce qu’ils sont français.

Et donc, elle demandait que Jean-Luc Mélenchon présentât ses excuses non seulement aux familles des victimes mais aussi à tous les Français en général. Juliette Méadel a une petite qualification pour parler des victimes d’attentat : elle a été Secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes du 11 février 2016 au 10 mai 2017 et l’une des premières actrices du fait que l’État puisse reconnaître le tort fait aux victimes et leur besoin d’aide et d’accompagnement.

Au lieu d’excuses, Jean-Luc Mélenchon s’est enfoncé encore plus, quelle honte pitoyable ! En effet, au cours d’une conférence de presse retransmise en direct à la télévision vers 15 heures le 7 juin 2021, j’insiste sur les circonstances car cela signifie qu’il y a eu plusieurs millions d’auditeurs, Jean-Luc Mélenchon n’a pas demandé d’excuses mais a fustigé une vidéo sur Youtube (je crois) d’individus qui ont appelé à tuer les militants de FI.

Inutile de dire que cet appel à tuer est scandaleux, bête et méchant, mais ce n’était qu’une réaction à l’horreur qu’il avait dite la veille. Cela n’en excuse pas les auteurs mais ce n’était que conséquence de ses propres errements et, disons-le clairement, quand j’ai lu les propos de Jean-Luc Mélenchon, je peux comprendre que même des non-violents pourraient avoir des envies violentes tellement ces propos étaient scandaleux.

Mais le pire, c’est que, il l’a même dit, cette vidéo stupide et violente ne faisait que 100 000 vues quand il en a parlé à des millions de téléspectateurs ! Merci monsieur Mélenchon d’avoir été l’attaché de presse gratuit de ces individus violents, pourraient-ils dire : j’imagine que maintenant (je n’ai pas voulu aller voir), cette vidéo doit se compter en millions de vues ! Belle tête de champion, ce Mélenchon !

Ce n’est pas tout (comme on dit dans les documentaires où il n’y a rien d’intéressant à apprendre) : Jean-Luc Mélenchon croit savoir (je n’en sais rien et je ne suis pas allé voir, je n’en ai aucune envie) que cette vidéo serait liée, amie, proche, recommandée (je n’en sais rien, j’insiste), bref, qu’il y aurait un semblant lien de proximité entre cette vidéo et l’éditorialiste Éric Zemmour. Je n’en sais rien mais si j’étais Éric Zemmour, je me frotterais les mains : voici encore un bon coup médiatique pour le promouvoir gratuitement.

En effet, Éric Zemmour pourra toujours se draper dans le rôle de la victime (je doute que la vidéo provienne de lui) et se faire de nouveaux amis, tous ceux qui sont choqués par les propos de Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire tous les Français. Et cela au moment même où l’éditorialiste pense sérieusement à se présenter à l’élection présidentielle (un sondage lui a même attribué 13% d’intentions de vote, ce n’est pas rien). Merci Mélenchon ! pourrait dire l'éditocandidat.

Quelle honte, ce Mélenchon, d’exister ainsi dans le paysage politique français. Car quelle est la conséquence d’une telle polémique ? Avez-vous écouté Marine Le Pen qui tenait une conférence de presse le  même 7 juin 2021 pour soutenir un de ses candidats RN ? Je l’ai trouvée …bonne. Je m’en veux de dire cela, cela m'écorche de dire cela, mais c’est la réalité. Elle était modérée, posée, elle tenait son rôle avec stature.

Alors, je le dis tout net, et là, je rembraie sur l’indifférence par coupable négligence des journalistes qui étaient autour de Jean-Luc Mélenchon quand il a sorti son horreur : continuez ainsi, gardez votre indifférence devant l'innommable, et Marine Le Pen, ce n’est pas 51% qu’elle va avoir mais 55% car au lieu de faire peur, elle va rassurer. Est-ce cela que veut Jean-Luc Mélenchon ? Peut-être, finalement, puisqu’il ne semble pas vraiment aimer la France et les Français…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 juin 2021)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L’insupportable complotisme de Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon : un peu de décence, taisez-vous !

_yartiMeluche2021A03





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6 mai 2021 4 06 /05 /mai /2021 03:57

« Si la gloire connaît un revers causé par la maladie, les Français se distinguent (…) en ne tirant pas sur les ambulances. Ce n’est pas un sport national qu’ils aiment pratiquer et c’est une qualité, nous n’avons pas comme dans beaucoup d’autres pays, le culte de la personnalité sauf… après la mort. » (Bernard Tapie).


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Du battant des années 1980 au combattant des années plus sombres. Très étrange vie que celle de Bernard Tapie. En le regardant répondre aux questions de Gilles Bouleau au journal télévisé de 20 heures le lundi 26 avril 2021 sur TF1, j’avais une impression de gêne. Comme d’assister au dernier épisode d’une série télévisée, avec une sorte de voyeurisme mal dégrossi. Comme si cet entretien, qui a bénéficié d’une indécente publicité avant, pendant et après, était un maillon d’une téléréalité dont on connaît la malheureuse fin, un peu comme dans les épisodes de Columbo, où l’on connaît le coupable dès les premières minutes mais on ne sait pas comment il va se faire pincer.

La maladie, mais aussi la vieillesse. Après tout, il a déjà 78 ans, ce qui est déjà un âge très respectable et beaucoup d’ancienne "célébrités" de cet âge, très visibles il y a quelques décennies, mais qui vivent une retraite discrète, ne montrent pas une telle énergie. L’âge et la maladie n’arrangent rien, évidemment, mais malgré tout, il y a ce dynamisme. Malgré une agression très violente chez lui le 4 avril 2021.

Je l’ai déjà exprimé précédemment dans ses épisodes économico-judiciaires. Je ne suis pas juge et je suis convaincu que l’homme n’est pas un saint, mais à bien se documenter, on arrive cependant à conclure provisoirement que dans l’affaire Adidas, Bernard Tapie serait plutôt l’arnaqué que l’arnaqueur. Le problème, c’est que l’arnaqueur n’était pas un artisan qui voulait devenir plus gros que le bœuf, c’était un gros, un immensément gros.

Donc, je l’ai déjà exprimé, j’ai un petit faible pour Bernard Tapie. Objectivement, il coche probablement toutes les cases pour me déplaire, son côté grande gueule est horripilant (même si elle peut être d’une efficacité redoutable pour soutenir des causes que je peux faire miennes), son côté m’as-tu-vu, lourd, assommant… m’assommait souvent, mais les patrons discrets, les patrons invisibles du champ médiatique, il faut savoir qu’ils sont dévorés sans doute par le cynisme encore plus redoutable, et le cynisme se nourrit nettement mieux de la discrétion que de l’exhibitionnisme. Mais il y a une certitude : au risque d’être naïf (d’où sa chute politico-financière), cet homme est sincère.

Voici un homme qui a tout fait : origine modeste, chanteur, acteur, comédien, animateur de télévision, repreneur d’équipe de cyclisme, de football, traversée de l’Atlantique à voile (oui, c’est un vrai sportif, qui est capable de risquer sa vie), entrepreneur, Wonder, Adidas, repreneur de groupe de presse ("La Provence"), et aussi (ce qui l’a fait chuter), député, ministre, conseiller général, député européen et même tête de liste aux élections européennes, et il n’était pas loin d’être un candidat l’élection présidentielle… Et enfin taulard ! (Certaines mauvaises langues diraient que c’était la suite logique de l’engagement politique, mais c’est faux, bien sûr !).

Immanquablement, tant de diversité d’activités fascine, étonne, mais aussi le rend suspect d’incompétence. Comment faire bien autant de choses différences ? En tout cas, ce qui est observable, c’est que tout ce que Bernard Tapie touche, il le transforme en or… puis ça se transforme en merde. C’est là son problème.

Et puis arrive le double cancer… qui dure depuis quatre ans. Et c’est encore plus fascinant. Non, l’homme ne demande pas la pitié, il n’en a rien à faire, et je m’imagine à sa place : cela m’agacerait qu’on me dise courageux. Bernard Tapie est courageux face à la maladie. Vrai ? Mais ce n’est pas cela, le courage. La maladie te tombe sur la tête sans crier gare et tu fais ce que tu peux avec ce que tu as, avec ton caractère. Il n’y a pas de courage là-dedans. Juste une succession d’événements médicaux plus ou moins malheureux. Le courage, ce serait par exemple, si c’était possible, de prendre le cancer d’un enfant pour qu’il ne l’ait plus. Hélas, cela ne marche pas comme ça. Hélas ou tant mieux, car cela éviterait des culpabilisations inutiles.

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Non, Bernard Tapie n’est pas courageux, il est combatif, et pour le cancer, c’est exceptionnel. Car on pressent bien que la manière d’aborder la maladie a une action plus ou moins vraie sur la maladie. Ceux qui renoncent à combattre ne durent pas longtemps. Bernard Tapie ne fait pas partie de ceux-là : il continue à combattre, il veut combattre, il n’a jamais été qu’un combattant. Il suffit de se rappeler la manière dont il a mouché Jean-Marie Le Pen dans un débat télévisé, le vieux menhir, tout retourné, a même eu peur physiquement de cette autre grande gueule.

Et là, tout s’éclaire : François Mitterrand ne pouvait que comprendre Bernard Tapie. Les socialistes ont toujours été sidérés par cette affinité un peu spéciale. Bernard Tapie, le symbole même des années 1980, celui des années fric, celui qui a perverti la société en lui inoculant définitivement le virus de l’argent. Bernard Tapie n’avait rien de socialiste, pour eux. Rappelons qu’au même moment, Silvio Berlusconi était aidé par un gouvernement socialiste en Italie dans sa construction télévisuelle.

Est-ce dire que François Mitterrand était fasciné par l’argent ? Sans doute, mais pour Bernard Tapie, c’est un autre ressort. François Mitterrand était lui-même malade du cancer. En novembre 1981, on ne lui donnait que quelques années ! Son second septennat doit être compris comme une thérapie. Pas une thérapie pour guérir, mais pour ralentir, soigner le mieux possible (une thérapie sur le dos des Français, mais il n’était pas à ça près). Et il a tenu deux septennats avec une force incroyable : face au cancer, François Mitterrand n’était pas courageux, il était combatif.

Bien sûr, François Mitterrand ne savait pas que Bernard Tapie aurait lui aussi cette maladie et encore moins comment il réagirait, mais il pressentait sans doute qu’ils étaient tous les deux de cette famille d’hommes à l’énergie débordante, à l’ambition dévorante et à la combativité éclatante, cherchant presque les ennuis pour mieux rebondir. Pour information, son médecin, celui qui l’a opéré, est mort récemment (le 11 avril 2021), le professeur Adolphe Steg, ancien résistant, membre de l’Académie de médecine et du CESE, urologue à Cochin (son chef de service aussi, le professeur Bernard Debré).

Les deux hommes sont des combattants de la vie, et c’était pour cela que la plupart de leurs coups de bluff, politiques pour l’un (en 1971 : je suis socialiste), économique pour l’autre (je suis un bon manager qui redresse les entreprises) ont fonctionné, parce qu’ils y mettaient un si grand talent de persuasion qu’on ne pouvait pas les imaginer faussaires (ce qui n’ôte rien à la sincérité et la naïveté de Bernard Tapie qui, dans le milieu politique, n’avait pas les épaules assez larges, ni les réseaux pour le protéger).

Certes, on imagine aussi que François Mitterrand s’est servi très habilement de l’ambition de Bernard Tapie pour détruire les velléités présidentielles de Michel Rocard. Cette haine de Michel Rocard est similaire à la haine de Jacques Chaban-Delmas du clan Chirac. En 1993, Bernard Tapie laissait dire qu’il serait candidat à l’élection présidentielle si Michel Rocard se présentait mais que jamais il ne gênerait la candidature de Jacques Delors, le cas échéant.

L’une des dernières initiatives politiques de Bernard Tapie, ce fut d’aider à la constitution d’une liste des gilets jaunes aux élections européennes de mai 2019 menée par Ingrid Levavasseur, mais cette dernière y a renoncé rapidement sous la pression d’autres gilets jaunes. On ne réussit pas à tous les coups. À l’Élysée, il n’y avait plus de François Mitterrand… mais Emmanuel Macron.


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Sylvain Rakotoarison (02 mai 2021)
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Pour aller plus loin :
Le combattant Bernard Tapie.
Bernard Tapie : faut-il encore s’acharner sur cet homme ?
Aquarius : 630 vies humaines et les sales eaux.
Grandeur et décadence de Bernard Tapie.
"Un jour, un destin" rediffusée le 4 janvier 2011 sur France 2.
Bernard Tapie, victime ?

_yartiTapieBernardD03




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https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-combattant-bernard-tapie-232841

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24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 07:36

Le haut-commissaire au Plan François Bayrou a été l'invité de Jean-Michel Aphatie le mercredi 24 mars 2021 à 08h15.

Cliquer sur le lien pour télécharger l'interview (fichier .mp3) :
https://stitch.api.soundcast.fm/v1/audiomeans.mp3?soundcastId=600ea55c900d9&podcastUrl=https://audio.audiomeans.fr/file/gAyjLxlmqx/c60d94ea-1ba1-4d01-a765-2d6202ff095e.mp3?_=1616577140

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210324-bayrou.html

SR
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20210324-bayrou-lci.html


 

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 01:34

« Des sexes, je n’en connais que deux, l’un qui se dit raisonnable, l’autre qui nous prouve que cela n’est pas vrai. » (Marivaux, 1724).


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Coup de gueule ! Avec le second tour des élections municipales du 28 juin 2020, une génération de nouveaux maires de grandes villes a été élue : des maires écologistes d’un genre nouveau, idéologiques, doctrinaires et hors sol. Loin de mettre en cause leur légitimité de nouveaux élus malgré la très forte abstention, je trouve au contraire que l’expérience de ces maires est intéressante et très instructive. Autant avoir une idée au niveau local de ce à quoi la France doit s’attendre en cas de victoire de ce courant de pensée dans une élection nationale. Il y a eu par exemple cette vision anti-sapin de Noël à Bordeaux, remettant en cause la vieille tradition de la période de Noël des Bordelais. Mais la palme, sans aucun doute, revient à la ville de Lyon, dont le nouveau maire, Grégory Doucet, a battu le record de l’esprit doctrinaire.

Depuis que cette nouvelle municipalité est aux commandes (le 4 juillet 2020), il y a régulièrement des polémiques stupides et dérisoires, sur des sujets qui sont loin d’être les plus préoccupants des Lyonnais qui ont été particulièrement touchés par la seconde vague de la pandémie de covid-19.

Il y a d’abord eu la détestation du maire pour le Tour de France, encore une tradition populaire qui est condamnée, supposé être polluant et sexiste (pourtant, il y a eu beaucoup d’effort dans ces deux domaines pour s’améliorer). Effectivement, Grégory Doucet s’est interrogé le 13 septembre 2020 sur l’empreinte écologique du Tour de France et a dénoncé l’absence d’une version féminine : « Il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps. C’est la dernière épreuve d’envergure à ne pas avoir franchi le pas. ». Mais en fait, ce Tour féminin a existé en 1955 et de 1984 à 2009 et son retour était prévu en 2022, qui n’avait pas attendu la mauvaise humeur de ce maire.

Refusant de considérer la spécificité très catholique de la ville de Lyon, Grégory Doucet a également refusé le 8 septembre 2020 d’assister à la cérémonie du Vœu des échevins de Lyon sous prétexte d’une laïcité étriquée et mal comprise : « Dans mon interprétation des règles de laïcité, je laisse les croyants réaliser cette cérémonie. ». C’était d’autant plus regrettable que ce vœu de quatre échevins avait été fait en raison d’une épidémie de peste qui a sévi dans la ville en 1642 et depuis 1915, cette cérémonie à laquelle le conseil municipal est invité est symbole d’union sacrée.

Plus grave, le 18 février 2021, il y a eu cette décision dogmatique de refuser de servir de la viande dans les cantines scolaires sous prétexte d’aller plus vite à cause du protocole sanitaire :« Afin de faciliter l’accueil de l’ensemble des classes d’un établissement et d’organiser un plus grand nombre de service durant la pause méridienne permettant à toutes les classes de déjeuner normalement, seul un plat unique, sans viande mais composé de protéines animales, sera proposé. » (j’ai recopié sur le site officiel de Lyon, la faute comprise).

Cette volonté d’imposer un mode de vie particulier est assez inquiétant. Certains ont rappelé que son prédécesseur Gérard Collomb avait agi de la même façon en mai 2021 lors de la fin du premier confinement, mais à l’époque, il y avait une urgence et un effet de surprise qui ne sont plus actuels. La crise sanitaire est donc un bon alibi pour tenter une certaine propagande idéologique, même si, il est vrai, "on" mange sans doute un peu trop de viande actuellement.

Le plus stupide, c’est toutefois ce premier "budget genré" de France (ce qui est inexact, il y en a eu d’autres), présenté à grand renfort de publicité et de (coûteuse) communication. L’idée est que toutes les rubriques du budget de la ville de Lyon (à savoir 850 millions d’euros) sont passées sous le filtre du …genre ! Cette idée est louable de son intention puisqu’elle vise à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Mais dans son application concrète, elle est stupide. Il est donc question de changer la taille des bancs qui, trop étroits, empêcheraient les femmes de s’y asseoir de peur d’être trop proche d’un homme qui viendrait s’asseoir à côté d’elles (la mairie souhaite donc remédier à la promiscuité scandaleuse du mobilier urbain en supprimant les accoudoirs !).

Ou encore, il est question de mettre des emplacements de jardinage dans les cours de récréation des écoles pour ne pas laisser monopoliser l’espace les garçons qui jouent au football. Ou encore d’imaginer des horaires où des espaces urbains sportifs seraient réservés aux femmes qui les utilisent à trop faible proportion aujourd’hui. Toutes ces réflexions, comme cette découverte extraordinaire que les toilettes publiques sont très peu utilisées par les femmes car elles sont trop sales, sont le résultat d’une coûteuse étude de consultants dont la rémunération aurait été plus efficacement dépensée dans le nettoyage plus fréquent des dites toilettes publiques.

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Ce qui fait peur, c’est que toutes ces idées sont contreproductives et peuvent aller loin dans l’extrémisme. Par exemple, le fait de vouloir reconquérir le territoire de la cour de récréation par les filles en créant des zones de jardinage (et pourquoi pas de repassage ? de couture ?) est aberrant puisqu’il s’agit au contraire, de manière très machiste, de considérer que le football est un sport de garçons et le jardinage une activité de filles. Pour la ville qui a le meilleur club de football féminin d’Europe, c’est même paradoxal ! La mairie voudrait choisir aussi les artistes dans les expositions pour éviter qu’il y ait plus d’hommes que de femmes parmi les visiteurs.

Loin d’être innovante et audacieuse, cette idée de genrer le budget ressemble surtout à un retour en arrière, à l’époque où il n’y avait pas de mixité entre garçons et filles. Pourtant, cette mixité a été l’un des grands progrès sociaux depuis la fin de la guerre, un progrès républicain et humaniste (contrairement à ce que vante le maire de Lyon, ce retour en arrière va contre ce progressisme), c’est l’un des facteurs qui a permis de tendre vers l’égalité sociale des femmes et des hommes : fini les cours de couture pour les filles et les cours de bricolage pour les garçons, tout le monde a maintenant le même apprentissage.

L’extrémisme se niche dans cette idéologie complètement hors sol. J’ose penser que c’est involontaire, mais que dire de cette idée de réserver des horaires uniquement pour les femmes, comme dans d’autres villes, on a réservé des horaires pour les femmes dans les piscines ? Avec le menu sans viande, on pourrait même croire que cet écologisme genré-là soit islamo-gaucho-compatible.

Pourquoi cette lecture politique est-elle complètement déconnectée de la réalité politique ? D’abord, parce que la vie est plus complexe qu’une simple considération du sexe des personnes. Avec ce principe, il faudrait aussi ne pas défavoriser les personnes homosexuelles, ou se préoccuper des différences entre les âges (pas question d’installer un boulodrome sans installer un skate park, et réciproquement), ou des différences sociales (certains lieux publics sont fréquentés plus par les CSP++ que d’autres, comment faire pour amener à l’opéra une personne qui ne mange pas à sa faim ou qui n’a pas de toit ?), etc.

Ensuite, c’est grave parce que le filtre du genre peut faire perdre les choses essentielles. Sur LCI le 10 mars 2021, Adrienne Brotons, engagée dans Les Engagés (le mouvement politique de Laurent Joffrin qui milite entre autres pour la stupide écriture inclusive), aurait sans doute souhaité donner raison au maire écologiste de Lyon mais malheureusement, elle est tombée de haut et a trouvé cette idéologie du genre complètement absurde. Elle a donné, avec raison, l’exemple d’une relance économique. Elle se fait plus efficacement en relançant le bâtiment et les travaux publics. Mais comme c’est un secteur qui fait travailler principalement les hommes (les femmes ne sont qu’une infime minorité), alors il faudrait ne pas consacrer un budget pour relance ce secteur économique pour éviter de privilégier l’emploi des hommes ? Quitte à laisser le territoire dans un marasme économique ? Cet égalitarisme aveugle est carrément suicidaire pour la cause qu’il croit défendre.

Oui, il y a encore de gros efforts à faire dans l’égalité entre les hommes et les femmes. Mais en se dispersant sur des considérations dérisoires comme la longueur des bancs, la mairie de Lyon risque de rater son objectif. Il faudrait plutôt aider les femmes victimes de violences conjugales, elles sont les premières concernées, en leur fournissant tous les moyens matériels et psychologiques pour les faire sortir de cet enfer affectif, de cet univers quasi-carcéral que représente l’emprise de leur conjoint violent.

Restons avec les fondamentaux et évitons les effets d’annonce. Dans ce domaine, les maires ont beaucoup moins de pouvoirs que le gouvernement et les parlementaires qui pourraient par exemple imaginer un dispositif qui imposerait une un peu plus grande proportion de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC40, par exemple…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 mars 2021)
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Pour aller plus loin :
Genrer la part du Lyon ?
Grégory Doucet.
L’écriture inclusive.
Femmes, je vous aime !
Parole libérée ?
Bioéthique 2020 (9) : le rejet par les sénateurs de la PMA pour toutes.
L’avortement.
Ni claque ni fessée aux enfants, ni violences conjugales !
Violences conjugales : le massacre des femmes continue.

_yartiDoucetGregory01




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4 mars 2021 4 04 /03 /mars /2021 03:56

« Je ne tomberai pas dans le piège d’un combat politique contre une institution que je respecte. » (Nicolas Sarkozy, le 3 mars 2021 sur TF1).


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A-t-elle été contreproductive, cette colère exprimée à la télévision de l’ancien Président de la République ? En tout cas, elle a montré au moins sa combativité ("malgré l’âge"), sa sincérité et surtout, son sentiment d’extrême injustice. Deux jours après sa condamnation à trois ans de prison dont un an ferme pour corruption active par le tribunal judiciaire de Paris, Nicolas Sarkozy s’est exprimé dans le journal de 20 heures sur TF1 ce mercredi 3 mars 2021. Opération médias pour montrer sa détermination à faire reconnaître son innocence ("à faire éclater la vérité"), démarrée dès la veille au soir par un entretien au "Figaro" paru le lendemain matin.

Ceux qui veulent analyser avec le seul prisme politique ce qui se passe actuellement pour Nicolas Sarkozy se trompent. Certes, et cela est un véritable problème, s’il y a bien un homme (en dehors de l’actuel locataire de l’Élysée, quel qu’il soit puisqu’il est maintenant toujours ultradétesté par une partie de la population depuis une quarantaine d’années) qui ne laisse pas indifférent, c’est bien Nicolas Sarkozy.

Alors, le juger sans prendre en compte ses sentiments, ressentiments, adhésion ou répulsion éventuels, c’est peut-être plus difficile qu’un autre justiciable, sinon impossible pour un juge qui n’en est pas moins une personne faillible, un homme (ou une femme), un citoyen, voire, pour certains, un militant puisque parmi les magistrats qui se sont "occupés" de l’ancien Président, un est membre d’un syndicat très politisé, un autre a été membre du cabinet de Ségolène Royal qui était sa rivale en 2007.

Malgré cela, Nicolas Sarkozy a refusé de parler de "justice politique" et il a eu raison. Cela n’ôte rien au sentiment d’incompréhension sinon d’injustice que suscite le verdict du 1er mars 2021. Tout, dans ce jugement, a de quoi scandaliser les défenseurs d’un État de droit.

Nicolas Sarkozy a pointé au moins trois incompréhensions.

La première, c’est qu’il a contesté le "faisceau d’indices" évoqué dans le jugement. Il n’y a pas un faisceau, selon l’ancien Président, mais juste des écoutes téléphoniques. Aucun autre "indice". Et aucune preuve. Ou plutôt, la preuve qu’il n’y a pas eu favoritisme, ni aide d’un côté comme de l’autre (dans la corruption, l’un apporte quelque chose à l’autre et réciproquement). Et le pire, car à mon avis, c’est le point inquiétant, on ne condamne jamais sans preuve. Un indice n’est pas une preuve. Le bénéfice du doute doit toujours bénéficier à l’accusé. Le premier principe quand on forme un juge, c’est de dire qu’il est préférable de laisser libre un éventuel coupable à condamner un innocent.

La deuxième incompréhension, évidemment, et qui, comme la première, pourrait concerner tout citoyen, tout justiciable, c’est le principe d’une écoute téléphonique entre une personne mise en examen et son avocat. Le principe de défense est complètement bafoué. C’est exactement comme si l’on avait installé des micros dans le cabinet de l’avocat. La Cour de Cassation a dit que c’était légal. Soit. Alors, peut-être faudra-t-il modifier la loi.

La troisième incompréhension, enfin, est particulièrement singulière pour un ancien Président de la République qui avait encore des activités politiques : que le leader de l’opposition fût sur écoute téléphonique vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sept, avec des rapports directement adressés au gouvernement (les ministres concernés), connaître les interlocuteurs français et étrangers d’un ancien Président de la République, pourrait faire passer la France pour une république bananière s’il n’y avait pas eu un précédent avec les écoutes téléphoniques réalisées par François Mitterrand pour convenances personnelles (préserver.le secret de l’existence de sa fille). Quand j’écris "gouvernement", il s’agit bien sûr du mandat de François Hollande, car le Président Emmanuel Macron a montré une prudente neutralité dans ce dossier.

À cela s’ajoute d’autres incompréhensions. Par exemple, Nicolas Sarkozy a insisté pour dire qu’il n’a rien reçu, ni informations, ni dérogations, ni argent, et la personne susceptible d’avoir été corrompue n’a eu aucune promotion, aucun poste convoité (du reste, Nicolas Sarkozy n’avait lui-même fait aucune démarche pour cela, et donc, sur la seule foi d’une conversion téléphonique, c’est un peu court pour envoyer quelqu’un en prison, aussi détesté soit-il).

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Le fondateur du parti Les Républicains a continué sur sa lancée, de manière probablement contestable mais peut-être très parlante sinon convaincante. Dans cette affaire, il n’y a eu aucun argent lésé, aucun trouble public. Aucune personne physique ni personne morale n’a été lésée. En revanche, les 220 heures d’auditions, les 5 000 heures de conversations téléphoniques, les dix ans de procédures, Nicolas Sarkozy est allé jusqu’à parler des deux salles d’audience occupées pour l’occasion (sans compter le grand nombre de journalistes mobilisés), le nombre de magistrats dans cette affaire, bref, Nicolas Sarkozy, dans un esprit assez américain, a demandé combien cela coûtait aux Français. C’est contestable évidemment puisque la justice doit faire son travail quel qu’en soit son coût et son enjeu, mais on pourra quand même se poser la question du : pourquoi dépenser tant de moyens pour rien sinon par… ?

Parler d’acharnement ou de harcèlement judiciaires, est-ce raisonnable ? Si j’ai bien écouté, il n’en était pas question dans l’interview de Nicolas Sarkozy si ce n’est qu’il a quand même rappelé que beaucoup de juges cherchaient à le "coincer" depuis dix ans et que jusqu’à maintenant, ils n’ont rien eu de très concret. Il a évoqué une autre affaire au jugement prévu dans deux semaines, le 17 mars 2021, et il a rappelé que l’un des deux juges avait refusé de signer l’ordonnance de renvoi au tribunal, ce qui prouve déjà qu’il y a très peu d’éléments ne serait-ce que pour en faire un procès.

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a refusé d’emboîter un mouvement naissant qui demande la dissolution du Parquet national financier (PNF), créé en catastrophe par François Hollande après l’affaire Cahuzac. Tout en rappelant malicieusement qu’il a toujours été opposé aux juridictions d’exception et en rappelant aussi que la gauche avait toujours été contre ce principe (il a évoqué les tribunaux militaires, mais plus proche encore, la loi Sécurité et Liberté portée par Alain Peyrefitte en 1980-1981 prévoyait aussi des tribunaux d’exception que la gauche a rapidement supprimés). En clair, Nicolas Sarkozy a refusé de se confronter à l’institution judiciaire elle-même, mais seulement à quelques juges qui n’auraient pas agi selon l’impartialité qui devrait être de règle. Il a même évoqué un règlement de compte interne au sein du PNF dont il aurait fait les frais.

Plus politiquement, Nicolas Sarkozy a mis en garde les juges sur le fait que s’ils sont maîtres du calendrier judiciaire, ils ne sont pas maîtres du calendrier politique. Néanmoins, cette affaire n’aura rien changé à sa décision qu’il avait prise d’abandonner la vie politique et donc, à toute idée de candidature à l’élection présidentielle (cela depuis le 20 novembre 2016 et son échec à la primaire LR). Sans pour autant exclure qu’il sera présent au débat public puisqu’il prendra position d’une manière ou d’une autre pour l’élection présidentielle de 2022 (j’aurais même tendance à dire qu’il aurait pu aller plus loin et avoir envie d’être candidat justement pour affronter les juges, mais je pense qu’il a trouvé un équilibre de vie qu’il ne veut pas rompre, mais qu’un jugement sévère pourrait toutefois bousculer).

Par sa sévérité qui n’est servie par aucune preuve tangible, la 32e chambre du tribunal judiciaire de Paris a choqué en condamnant à une peine de prison ferme un ancien Président de la République, ce qui est sans précédent. L’actuel Ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, invité de la matinale de France Inter le 3 mars 2021, s’est évidemment bien gardé de commenter cette décision de justice, mais a noté que les Français avaient de plus en plus de doutes sur la justice, ce qui le conforte à proposer prochainement une grande réforme de la justice.

Ce qu’on sait par son passé d’avocat, c’est que le garde des sceaux souhaite depuis longtemps responsabiliser les juges : qu’ils aient des comptes à rendre et que lorsqu’ils font des erreurs, des erreurs judicaires, qu’ils soient sanctionnés, exactement comme dans tous les métiers, les coiffeurs qui ratent leur coupe de cheveux, les médecins qui se trompe de rein à greffer, les ingénieurs qui construisent des ponts qui s’écroulent, etc. C’est le seul moyen de laisser aux juges leur indépendance. Pas de liberté sans responsabilité.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 mars 2021)
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Pour aller plus loin :
Injustice pour Nicolas Sarkozy ?
Sarko et ses frères...

_yartiSarkozy2021C03




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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 16:15

« Je n’ai jamais demandé à être au-dessus des lois, mais je ne peux accepter d’être en dessous de celles-ci. » (Nicolas Sarkozy, le 20 mars 2014).



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L’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance, par la 32e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, à trois ans de prison dont deux avec sursis pour fait de corruption. La peine est très lourde, car cela signifie un an de prison ferme, mais la nature de la condamnation, corruption, l’est également.

Ce qu’on lui a reproché ? Des communications sous écoute pour une autre affaire qui, elle, n’en finit pas de pédaler dans la semoule : l’argent supposé libyen dans la campagne de 2007. Une conversation qui mettrait en jeu l’avocat de Nicolas Sarkozy et un juge. Nicolas Sarkozy aurait voulu récupérer ses agendas pris lors de l’affaire Bettencourt et aurait proposé à un juge de l’aider à être promu à Monaco en échange d’information sur ces dits agendas. Rien n’est avéré : le juge en question n’a jamais été promu, Nicolas Sarkozy n’a jamais récupéré ses agendas. Ces bases-là, pour condamner à un an de prison ferme, c’est ténu.

Bref, je sais qu’une décision des juges s’impose, l’appel aura lieu dans tous les cas, mais rien n’interdit de s’interroger voire de s’inquiéter de cette manière de juger et qu’on ne peut pas ne pas relier à l’existence du mur des c@ns au siège de l’un des syndicats les plus influents des juges..

Dans une tribune dans le journal "Le Figaro", Nicolas Sarkozy était sorti du silence le 20 mars 2014 : « Voici que j’apprends par la presse que tous mes téléphones sont écoutés depuis maintenant huit mois (…). Les juges entendent les discussions que j’ai avec les responsables politiques français et étrangers. Les conversations avec mon avocat ont été enregistrées sans la moindre gêne. L’ensemble fait l’objet de retranscriptions écrites dont on imagine aisément qui sont les destinataires ! (…) Je sais, la Ministre de la Justice n’était pas au courant, malgré tous les rapports qu’elle a demandés et reçus. Le Ministre de l’Intérieur n’était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation. De qui se moque-t-on ? On pourrait en rire, s’il ne s’agissait de principes républicains si fondamentaux. Décidément, la France des droits de l’homme a bien changé. (…) J’accepte tous les combats à condition qu’ils soient loyaux. Je refuse que la vie politique française ne fasse place qu’aux coups tordus et aux manipulations grossières. ».

À l’époque, la Ministre de la Justice s’appelait Christiane Taubira et le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls.

Ceux qui se sont toujours opposés à Nicolas Sarkozy pourraient voir dans cette décision de justice matière à sourire, à ricaner voire à applaudir. Ce serait une double erreur. La première, c’est que l’opposition à Nicolas Sarkozy, en 2021, est totalement inutile : depuis le 20 novembre 2016, Nicolas Sarkozy a dit adieu à tout espoir de retrouver un jour l’Élysée et n’est donc un danger politique pour personne, si ce n’est peut-être pour ses plus proches amis politiques. Cette opposition est donc anachronique. La seconde erreur, c’est de croire que c’est une décision qui vise un homme ou un parti en particulier.

À mon sens, c’est pire que cela. Ce n’est pas une décision politisée, c’est une décision institutionnalisée. Il ne s’agit pas ici de juges impartiaux qui s’en prendraient à un ancien Président de la République. Il ne s’agit pas non plus d’un juge qui voudrait "se payer" un ancien Président de la République. Il s’agirait plutôt que la Justice s’en prendrait ici à la Politique.

En créant ex nihilo le Parquet national financier (PNF), le Président François Hollande, voulant se montrer plus propre que propre après les effets catastrophiques de l’affaire Jérôme Cahuzac (son ministre anti-fraude !), a créé en fait, comme le docteur Frankenstein, une créature incontrôlable. Ce PNF est devenu une arme de destruction massive contre la classe politique dans son ensemble. François Hollande a accouché d’un monstre qui pourrait faire plonger les institutions françaises dans un marasme politique.

D’ailleurs, la réaction de la classe politique a été assez instructive. Sans surprise, les proches de Nicolas Sarkozy et son parti d’origine, Les Républicains, le soutiennent dans cette épreuve qui n’est drôle pour personne. Mais les plus intéressants à écouter, ce sont ses opposants de tout temps. Au RN, on est particulièrement attentif à ce verdict et l’on émet son incompréhension, lui-même ayant des affaires sur le feu qui pourraient éclater à la figure de Marine Le Pen en pleine campagne présidentielle prochaine. Qui, à ce propos, dirait aujourd’hui que cette affaire et ce verdict feraient le jeu du RN ? Plus personne !

À gauche aussi, on ferait bien d’être prudent. Je n’ai pas encore entendu la réaction de Jean-Luc Mélenchon mais on connaît déjà ses sentiments, ou plutôt, ses ressentiments sur les juges, capables de faire des perquisitions chez lui et de violer sa vie intime.

La célérité de la mise en examen de François Fillon quelques semaines avant la dernière élection présidentielle, quand d’autres affaires s’étendent en lenteur a de quoi poser de nombreuses questions. Et même la sévérité du récent jugement en appel de l’ancien ministre Georges Tron, qui avait été acquitté en première instance, et mis en prison en appel, avec le même dossier, a de quoi surprendre, même si ici, il ne s’agit pas de politique mais plutôt d’un contexte autre sur les agressions contre les femmes.

Évidemment que les responsables politiques doivent être des justiciables comme les autres, avec peut-être quelques protections pour éviter les abus (l’immunité parlementaire, etc.). Évidemment que s’ils ont commis des délits ou des crimes, il faut qu’ils soient condamnés et sanctionnés, en sachant que la première des sanctions est d’abord la sanction du peuple lors des élections. Évidemment que lorsqu’on est censé rédiger la loi ou la faire appliquer, on doit être encore plus exemplaire que les autres. Mais il faut arrêter de confondre justice et corporatisme.

J’ai entendu un responsable du PS en ruines sourire un peu dans sa barbe, tout en s’inquiétant quand même de l’absence d’intimité des conversations d’un avocat avec son client. Oui, aujourd’hui, on peut être jugé sur une simple conversation privée, écoutée de manière étonnante (je dirais par euphémisme), entre une personne mise en examen et son avocat. Tous les défenseurs d’une justice équitable auraient de quoi s’inquiéter. Plutôt que d’imaginer des zones de non droit (hallucinant !), la nouvelle défenseure des droits ferait mieux de s’inquiéter de cette décision de justice qui bafoue les droits de la défense les plus élémentaires.

On a vu avec Georges Tron comment l’appel peut renverser complètement le jugement de première instance. Nicolas Sarkozy peut donc espérer le même genre de retournement pour cette affaire pitoyable. À force d’avoir voulu l’indépendance de la justice, et il y a une cinquantaine d’années, c’était absolument nécessaire de la vouloir, on a créé des juges indépendants de tout, qui n’ont de comptes à rendre à personne, même quand ceux-ci font de graves erreurs. Au pire, un juge qui aura fait des erreurs désastreuses sera "promu" (cf affaire Grégory, affaire d’Outreau, etc.).

La machine infernale risque de ne jamais s’arrêter. Pour le bien de qui ? d’une corporation ? d’un syndicat ? d’un clan ? En tout cas, sûrement pas des Français ni de la France. C’est peut-être là le sujet prioritaire pour l’actuel Ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Il n’y a qu’une personnalité de cet acabit qui pourrait prendre le taureau par les cornes…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (01er mars 2021)
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Pour aller plus loin :
Sarko et ses frères...
Nicolas Sarkozy à l’âge de la retraite.
Nicolas Sarkozy parle de littérature française.
L’échec à la primaire LR du 20 novembre 2016.
Nicolas Sarkozy et la chasse aux centristes.
Nicolas Sarkozy, star de "L’émission politique".
Nicolas en Sarkini.
Une combativité intacte.
Discours du 30 mai 2015 à la Villette.
Les 60 ans de Nicolas Sarkozy.
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Le retour.
Bilan du quinquennat.
Sarkozy bashing.
Ligne Buisson ?
Stigmatisation.
Transgression.
Sarcologie et salpicon socialistes.

_yartiSarkozy2021B02




 

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18 décembre 2020 5 18 /12 /décembre /2020 03:42

« Le Président de la République a été diagnostiqué positif à la covid-19 ce jour. Ce diagnostic a été établi suite à un test RTPCR réalisé dès l’apparition de premiers symptômes. Conformément aux consignes sanitaires en vigueur applicables à tous, le Président de la République s’isolera pendant sept jours. Il continuera de travailler et d’assurer ses activités à distance. » (Communiqué de l’Élysée le jeudi 17 décembre 2020 peu avant 11 heures du matin).



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L’information principale de la journée de ce jeudi 17 décembre 2020 a été l’annonce de la maladie du Président Emmanuel Macron. Il est contaminé, il a le covid-19 et par conséquent, il doit s’isoler. J’espère bien évidemment son prompt rétablissement et je souhaite que sa santé retrouve sa solidité d’avant. Parce qu’il est jeune et parce qu’il était en bonne santé, Emmanuel Macron a toutes les chances qu’il ne développe pas la forme sévère de la maladie, tout le monde le lui souhaite. Mais même la forme "douce" est traumatisante. Elle laisse des séquelles plus ou moins durables. Le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire l’avait évoqué sur France Inter le 29 septembre 2020, lui-même atteint à l’époque et grand sportif, il déplorait son impossibilité de reprendre le jogging…

Pour le Président de la République, l’année 2020 était déjà pourrie : gérer une crise sanitaire d’une telle ampleur est le cauchemar de tous les dirigeants du monde. Il la finira pourrie. Son anniversaire, son 43e anniversaire le 21 décembre prochain ? Isolé ! Le 24 décembre ? Isolé, enfin, peut-être son dernier jour d’isolement.

À court terme, on recherche tous ses cas contacts. Et ils sont nombreux. Des déjeuners, des dîners… On apprend ainsi que Jean-Luc Mélenchon a dîné allègrement avec Emmanuel Macron cette semaine, dans la salle des fêtes du Palais de l’Élysée. Avec une cuillère suffisamment longue pour ne pas être considéré comme un cas contact. Mais beaucoup le sont néanmoins : le Premier Ministre Jean Castex, le Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand, ce dernier comme un retour de manivelle après avoir voulu stupidement culpabiliser ceux qui ont été contaminés par manque de sens des responsabilités, François Bayrou aussi, etc.

Et comme les sept derniers jours d’Emmanuel Macron ont été très européens, le Premier Ministre espagnol s’est mis en isolement, le Premier Ministre du Portugal aussi, le Président du Conseil Européen, etc. La Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen n’est pas considérée comme cas contact car elle a rencontré Emmanuel Macron il y a trop longtemps pour qu’il soit contagieux à l’époque.

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Emmanuel Macron supercontaminateur européen ? Mais qui dit que ce ne sont pas justement un homologue européen qui lui aurait refilé le virus ?

Concrètement, le pouvoir n’est pas aux abois et les moyens technologiques actuels permettent la continuité de l’action présidentielle et plus généralement, de la politique nationale de la France. Après tout, quatre ministres au moins ont déjà été contaminés, Franck Riester (à l’époque à la Culture), Brune Poirson, Emmanuelle Wargon et Bruno Le Maire.

On en est venu à parler de responsabilité et d’imprudence présidentielle. S’il y a bien un chef d’État à avoir été prudent avec les gestes barrières, avec le masque, avec les mains lavées au gel hydroalcoolique à la moindre occasion, c’est bien Emmanuel Macron. Au contraire de ses homologues Donald Trump, Jair Bolsonaro et même Boris Johnson, lui a toujours considéré avec sérieux la pandémie de covid-19 qui fait actuellement au moins 12 000 décès dans la seule journée du 17 décembre 2020, dont au moins 300 en France (plutôt 450 si l’on tient compte des décès en EHPAD).

Manque de prudence ? C’est ne rien comprendre au virus. Respecter les gestes barrières, c’est réduire les risques de contamination, pas les supprimer totalement, et d’ailleurs, rappelons inlassablement : mettre un masque, ce n’est pas se protéger soi-même, c’est protéger les autres. Il suffit qu’une personne qui l’a approché soit un peu "négligente" pour faciliter la contamination. Cela signifie surtout que le virus circule avec forte amplitude. Plus de 18 000 nouveaux cas dans la journée, il y a hélas une remontée incontestable de l’épidémie qui va se retrouver dans les services de réanimation dans quelques semaines.

La seule chose qu’on peut dire à ce stade de l’information, c’est qu’Emmanuel Macron est comme les autres, il retrouve le sort de millions de Français qui ont été contaminés avec cette inquiétude, probablement pas pour lui, mais pour son entourage, en particulier son épouse Brigitte Macron dont il s’est séparé pour sa période d’isolement. Celle-ci en effet peut faire partie des personnes vulnérables.

Cela montre aussi que le meilleur moyen de freiner la circulation, c’est de réduire ses contacts sociaux : moins on rencontre de personnes différentes dans la journée, plus faible est le risque de se faire contaminer. Évidemment, et là est la différence avec les citoyens ordinaires, il est normal qu’un Président de la République rencontre de nombreuses personnes dans son action. Personne n’accepterait qu’il reste cloîtrer dans un bunker en attendant que l’épidémie passe. C’est aussi cela le service des autres, prendre soi-même des risques pour assurer la continuité de l’État.

Les résultats probants du confinement vont dans le même sens : c’est la rencontre avec les personnes qui renforce la propagation du virus, ce qui est très logique d’ailleurs. Cela démontre aussi l’importance d’une solution vaccinale qui permettrait d’atteindre, en automne 2021, l’immunité collective si impossible d’atteindre actuellement (le taux de reproduction R0 est en train d’exploser après une forte baisse, probablement depuis la réouverture de magasins pour les achats de Noël).

Sur les plateaux de télévision, les journalistes et éditorialistes ne semblent toujours pas avoir compris les mécanismes de la contamination après onze mois de sévère pandémie et deux vagues. Quand Jean Castex explique qu’il vient de se faire tester négatif mais comme cas contact, il reste isolé et se refera tester dans une semaine, c’est effectivement sage, mais le premier test ne sert à rien. Aux premiers jours d’une contamination, on n’a pas de charge virale et donc, on ne peut pas détecter le virus. Ce qui est important, et c’est là la difficulté de ce virus sournois, qui a surpris en mars 2020, c’est que la charge virale ne croît qu’à partir du cinquième au dixième jour après la contamination. Il faut encore quelques jours pour ressentir les premiers symptômes de la maladie. Pendant deux ou trois jours, on peut donc contaminer son entourage sans savoir qu’on est contagieux parce qu’on se croit (encore) en parfaite santé.

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C’est ce mécanisme que le docteur Rémi Salomon, qui a reconnu avoir un peu exagéré en recommandant, il y a quelques jours, d’installer les grands-parents à la cuisine lors du repas de Noël et de couper la bûche en deux. C’était trop simpliste et trop infantilisant, mais pourtant, c’est bien là le problème.

Hélas, dans les hôpitaux, beaucoup de médecins ont pu constater un grand nombre de décès de personnes âgées à la suite d’un repas familial. Cette fête de Noël, c’est là l’enjeu sanitaire du pays, il est énorme, c’est que ce repas de Noël ne soit pas la dernière occasion de revoir ses grands-parents. Pour cela, il faut être d’une extrême vigilance.

Si l’on se fait faire un test de dépistage plus de 24 heures avant une rencontre familiale, cela n’empêchera pas forcément de contaminer sa famille car la charge virale peut exploser au bout de quelques jours. Pour être sûr de ne pas être contagieux, il faut faire un test moins de 24 heures avant le repas, ce qui signifie qu’il est techniquement impossible de le faire, de tester 67 millions de personnes en quelques heures. Cette idée du test qui veut rassurer donne une fausse idée de la réalité virale. Cela rassure faussement.

Quant à la maladie d’Emmanuel Macron, il n’a pas fallu quelques heures pour que les complotistes, lâchement derrière leur écran sous un faux anonymat, émettent des doutes stupides sur sa réalité et affirment que c’est pour mieux convaincre de se faire vacciner. Le vaccin, ou plutôt, les vaccins seront de plus en plus acceptés au fur et à mesure que la campagne de vaccination se déroulera. Là n’est pas le problème et le gouvernement, en restant très prudent et vigilant, a d’ailleurs fait preuve d’une communication très efficace. Comme ses partenaires européens, la France devrait commencer sa campagne de vaccination le 27 décembre 2020, après une approbation des autorités de santé le 21 décembre 2020.

Ce qu’il faut bien comprendre, et Emmanuel Macron n’y est pour rien, malade ou pas malade, c’est que l’hécatombe va hélas continuer. Le seuil de 60 000 décès va hélas probablement être dépassé dès ce vendredi 18 décembre 2020. Des milliers voire dizaines de milliers de personnes encore vont perdre leur vie à cause de ce virus si agressif. Pas un seul jour de retard ne peut être toléré pour commencer une campagne de vaccination. Ce sera comme la sécurité routière, ceux qui resteront en vie ne sauront pas qu’ils ont été sauvés par ces mesures sanitaires et salutaires. Déjà plus d’un million de personnes sont touchées en France par la perte d’un être cher mort du covid-19. Il est temps que cela s’arrête.

Mille vœux de guérison à Emmanuel Macron, en guise d’anniversaire !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 décembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : 43 ans en quarantaine.
Écologie : un référendum, pourquoi pas ?

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201217-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-43-ans-en-229585

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/12/17/38711569.html




 

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 03:25

« Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille, s’appelât travailler. » (La Bruyère, 1688).


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En vacances en Italie cet été, l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe fête son 50e anniversaire ce samedi 28 novembre 2020. Débarqué de Matignon le 3 juillet 2020 après trois ans d’exercice particulièrement chargé du mandat de chef de gouvernement en temps de crise (gilets jaunes, pandémie de covid-19, crise économique majeure, terrorisme islamiste, etc.), Édouard Philippe a été réélu maire du Havre le 5 juillet 2020, mandat qu’il avait quitté en arrivant à Matignon le 15 mai 2017 et qu’il avait obtenu pour la première fois le 24 octobre 2010 au cours de la succession organisée par Antoine Rufenacht (Édouard Philippe a aussi été élu président du Havre Seine Métropole le 15 juillet 2020).

On pourrait trouver très étonnant ce départ de Matignon en plein milieu d’une crise sanitaire majeure. Pour le Président Emmanuel Macron, plusieurs raisons ont dû l’avoir guidé.

D’une part, il a vite compris qu’il ne fallait pas garder un Premier Ministre pendant toute la durée d’un mandat présidentiel. Nicolas Sarkozy l’a fait avec François Fillon qui, à l’origine, aurait dû quitter Matignon en 2010. Encouragé par Édouard Balladur, François Fillon avait fait le forcing pour rester Premier Ministre. La complémentarité des deux hommes était finalement assez efficace, mais il a manqué un second souffle dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cette complémentarité était un peu différente entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe car les deux hommes sont du même milieu, la haute fonction publique. Édouard Philippe, IEP Paris, ENA, Conseil d’État (dans la botte donc), a commencé son action politique dans la fascination des figures politiques de Michel Rocard et Pierre Mendès France, peu éloignées du centre gauche d’où provient politiquement Emmanuel Macron.

D’autre part, Emmanuel Macron avait cru imprudemment pouvoir tourner la page de la crise sanitaire pour consacrer les deux dernières années de son quinquennat à son plan de relance de 100 milliards d’euros. En somme, il voulait "effacer" la crise sanitaire par une sorte de mini-révolution de palais, j’y reviens par la suite. Le second tour des élections municipales était une bonne occasion de changer le gouvernement. À l’exception de deux fois dans l’histoire de la Cinquième République (Jacques Chaban-Delmas en 1972 et Michel Rocard en 1991), un changement de Premier Ministre est rarement fait à froid, sans "cause" politique importante (élections locales, référendum, nouveau mandat présidentiel, crise politique, etc.).

Enfin, plus terre-à-terre, la forte popularité qu’Édouard Philippe a acquise au cours de la gestion de la crise sanitaire (alors que son inflexibilité sur la réforme des retraites l’avait plongé dans l’impopularité) a pu susciter de la part de l’Élysée agacement et jalousie : le Premier Ministre est celui qui protège le Président de la République, notamment du point de vue de "l’opinion publique". Aujourd’hui, tout est rentré "dans l’ordre", Emmanuel Macron est remonté en popularité tandis que le nouveau Premier Ministre Jean Castex est descendu (ce qui est logique en début d’exercice, la nouveauté rend populaire, puis les premières illusions s’évaporent).

Prenons d’ailleurs le nouveau gouvernement. Jean Castex est le double d’Édouard Philippe, mais en plus technocratique. Son mandat de maire de Prades et celui de conseiller départemental des Pyrénées-Orientales ne doivent pas cacher le fait que Jean Castex a toujours été, avant tout, un haut fonctionnaire très performant dans ses différentes missions, et sa dernière a d’ailleurs été l’organisation du (premier) déconfinement. Jean Castex a été "vendu" (par les médias) comme un proche des élus locaux, un proche de la France territoriale, mais le président de l’Association des maires de France, François Baroin, a bien compris que ce n’était qu’un emballage.

Jean Castex, plus qu’Édouard Philippe qui pourrait être comparé à un baron politique local "classique" (dans son fief du Havre), est le représentant par excellence de l’étatisme français, de la haute technocratie française, cela dit sans connotation péjorative, car c’était justement sur elle que De Gaulle s’était reposé lors de ses mandats à l’Élysée dans les années 1960 et cela a permis le lancement de nombreux projets industriels de grande envergure. Néanmoins, Jean Castex a beaucoup moins l’esprit politique ou l’esprit de finesse dans son expression publique qu’Édouard Philippe et fait un peu l’impression d’être un bulldozer qui avance coûte que coûte.

En revanche, le gouvernement de Jean Castex, comme je l’avais fait remarquer à sa nomination, semble être plus professionnel, d’un point de vue politique, que celui de son prédécesseur. Ainsi, au-delà du maintien des poids lourds Jean-Michel Blanquer, Olivier Véran et Bruno Le Maire dont la présence reste essentielle, la nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur et de l’avocat Éric Dupond-Moretti à la Justice ont redonné des maillons forts dans le régalien du gouvernement en comparaison avec Bruno Castaner et Nicole Belloubet. Idemavec Roselyne Bachelot à la Culture. De plus, certains "anciens apolitiques" ont pris du poids politique et ont bien appris, c’est le cas notamment des ministres Amélie de Montchalin, Marlène Schiappa et Agnès Pannier-Runacher. C’est le cas aussi de Marc Fesneau (qui n’a jamais été un "apolitique") et de nouveaux sous-ministres très politiques comme Olivia Grégoire. Le seul maillon faible reste encore l’Écologie

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Malgré tout, je reste assez convaincu que la seconde vague de l’épidémie en France aurait été mieux anticipée si Édouard Philippe était resté aux commandes. En effet, Olivier Véran a dû attendre la fin de l’été pour que le gouvernement prît la mesure de la gravité de la situation sanitaire et remettre la santé en priorité sur l’économie. Probablement que cela n’aurait pas changé grand-chose de l’agressivité de cette seconde vague qui a déferlé à la fin de septembre, si ce n’est dans la psychologie collective et l’acceptabilité sociale des nouvelles mesures restrictives (fermeture des restaurants, couvre-feu, reconfinement). C’est d’ailleurs le stress majeur du gouvernement actuel pour le début de l’année 2021, déconfiner prudemment en évitant une troisième vague.

Revenons à Édouard Philippe. Avec 1 145 jours d’exercice à Matignon, il fait partie des sept Premiers Ministres les plus "longs" de la Cinquième République, derrière Georges Pompidou, François Fillon, Lionel Jospin, Raymond Barre, Michel Debré et Pierre Mauroy. Sur vingt-quatre Premiers Ministres. Derrière des personnalités qui ont beaucoup compté pour lui : Jacques Chaban-Delmas, Michel Rocard, Alain Juppé (son mentor à l’UMP puis LR), et, si on s’échappe de la Cinquième, de Pierre Mendès France.

Par ailleurs, Édouard Philippe fait partie des rares Premiers Ministres à avoir été nommés sans avoir occupé aucune fonction ministérielle auparavant. Avec lui, ils sont cinq : Georges Pompidou, Pierre Mauroy, Jean-Marc Ayrault …et Jean Castex. Trois étaient des "barons locaux" à leur nomination (Le Havre, Lille, Nantes). Un est devenu Président de la République, un autre "sage", un autre aussi discrédité que le Président qui l’a nommé, enfin, le dernier est en fonction.

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Le voici donc à 50 ans en position de vieux sage, ce qui, dans sa personnalité, peut être un peu à contre-emploi. Jean-Pierre Raffarin se sert de ce "statut" pour influencer dans un sens ou dans un autre. Édouard Philippe, lui, ne se permettrait pas de dire ce qu’il pense de la gouvernance actuelle, et il a raison. Son intérêt est de rester silencieux, replié en Normandie, et laisser juste parler de lui.

Il y a quelques jours, le 18 novembre 2020, il a fait l’actualité pendant une journée (le quart d’heure de gloire !) lorsqu’il a été annoncé que son roman d’anticipation politique (un thriller) "Dans l’ombre", qu’il a coécrit avec son ancien directeur de cabinet et actuel député européen Gilles Boyer, serait adapté dans une production (un téléfilm), un peu à la manière de "Borgen". Édouard Philippe quitterait-il la vie politique pour la vie artistique ? C’est impossible, car il a le virus de la politique et il n’aurait pas bataillé pour redevenir maire du Havre (dont la victoire, certes large, 58,8% au second tour, l’a été beaucoup moins qu’en mars 2014 où il avait été réélu dès le premier tour avec 52,0%).

Tout le monde pense évidemment à l’élection présidentielle. C’est simple, quand on entre à Matignon, depuis 1959, aucun locataire ne peut pas ne pas penser à entrer un jour à l’Élysée (comme locataire des lieux). Édouard Philippe serait l’homme idéal à la fois pour Les Républicains, son ancienne famille politique, et pour LREM, sa pseudo-nouvelle (il est resté hors parti depuis 2017), dans un cas de non confrontation avec Emmanuel Macron évidemment.

Emmanuel Macron voudrait d’ailleurs qu’Édouard Philippe "réorganise la majorité" mais c’est une tâche ingrate généralement dévolue au Premier Ministre. Il a refusé de répondre à cette proposition assez vague. Gilles Boyer a en tout cas démenti toute rumeur sur une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2022 : « Il aura à cœur d’être dans le débat public, à sa manière. L’idée qu’il soit absent de la scène nationale est incongrue. Le fait d’être réélu au Havre était le signal qu’il veut continuer la politique (…). Édouard Philippe ne sera pas candidat contre Emmanuel Macron à la présidentielle. ».

C’est clair et net, et il y a peu de probabilité pour qu’Emmanuel Macron fasse comme François Hollande, à savoir n’ose pas se représenter. Au contraire, Emmanuel Macron, à l’instar des grands "animaux politiques" comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, adore être en campagne électorale et se plaira à rencontrer à nouveau les citoyens à cette occasion.

Édouard Philippe peut donc être "pensé" comme un recours, recours pour l’après-Macron, recours pour 2027 mais c’est tellement loin, cette date, alors qu’on n’est même pas capable encore de dire quand auront lieu les prochaines élections régionales et départementales de l’année prochaine (en principe prévues en mars 2021).

Dans tous les cas de figure, Édouard Philippe, qui a intégré le 27 octobre 2020 le conseil d’administration du groupe Atos (dont Thierry Breton fut longtemps le président avant d’être nommé commissaire européen), a plusieurs cordes à son arc professionnel. Il pourrait en effet, par exemple, se recycler en imitateur professionnel. Jugez-en par vous-mêmes, son imitation à la voix chevrotante de Valéry Giscard d’Estaing est extraordinairement ressemblante, lors qu'une interview le 13 novembre 2013 sur Europe 1.





Il me semble qu’il avait aussi imité la voix de Jacques Chirac dans l’excellent documentaire réalisé par Laurent Cibien : "Édouard, mon pote de droite", dont le premier épisode (sur la mairie du Havre et les élections municipales de 2014) a été diffusé sur France 3 le 10 août 2016 et le deuxième épisode (sur la primaire LR de 2016) diffusé sur France 3 le 15 mai 2018. J’attends avec impatience le troisième épisode sur sa présence à Matignon. S’il est diffusé avant l’élection présidentielle de 2022, ce sera alors un exploit, plus politique que artistique.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 novembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Édouard Philippe.
Emmanuel Macron.
Jean Castex.
Antoine Rufenacht.
Alain Juppé.
Le grand atout d’Emmanuel Macron.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201128-edouard-philippe.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/que-va-faire-edouard-philippe-229045

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/11/24/38670685.html






 

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