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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 06:09

Un nouveau scrutin peu lisible, un FN hypertrophié par les sondages, une gauche divisée au combat…

 

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Les deux prochains dimanches, auront lieu les deux tours des premières élections départementales. Normalement, elles auraient dû être aussi les dernières car il était prévu la suppression des départements en 2020, mais finalement, le gouvernement a reculé. En fait, le gouvernement a tout fait pour que les électeurs s’abstiennent tant la somme des absurdités est grande sur la réforme territoriale. Ce n’est pourtant pas une raison pour s’abstenir. Le droit de vote est la véritable arme du citoyen et lors des deux dernières guerres mondiales, nombreux en France ont donné leur vie pour ce droit que certains veulent mépriser aujourd’hui comme des enfants gâtés et capricieux, et nombreux encore meurent chaque jour un peu partout dans le monde.

Les élections départementales servent à désigner les 4 108 conseillers départementaux appelés à gérer les conseils départementaux. L’appellation a changé, avant, c’étaient les élections cantonales pour élire les conseillers généraux gérant des conseils généraux. Mais il n’y a pas que le nom qui a changé avec la loi du 17 mai 2013. Le mode de scrutin et aussi les compétences. Si le mandat est de six ans, le renouvellement est désormais intégral tous les six ans. Jusqu’en 2015, le renouvellement était par moitié tous les trois ans, pour éviter des ruptures brusques de majorité.

Les dernières élections cantonales ont eu lieu le mars 2011 et en mars 2008. La réforme du 16 décembre 2010 que Nicolas Sarkozy avait fait adoptée prévoyait des élections à la fois cantonales et régionales en mars 2014 avec l’institution des conseillers territoriaux présents à la fois pour le département et pour la région, afin de limiter le nombre d’élus. Mais cette réforme avait été annulée dès l’arrivée au pouvoir des socialistes, qui ont rétabli la clause de compétence générale sur tous les institutions territoriales puis, avec la réforme territoriale lancée par Manuel Valls (la troisième en quelques années !), cette clause de compétence générale a été de nouveau supprimée (avec ce gouvernement, il n’y a même plus besoin de changement de majorité pour défaire ce que le gouvernement précédent a fait).

Mais cela n’indique toujours pas quelles seront les missions des conseillers départementaux qui seront élus dans quelques jours, puisque la loi n’est toujours pas finalisée ! C’est comme si l’on élisait le Président de la République sans savoir quelles seront ses prérogatives, et c’est possible justement qu’en fonction de cela, les électeurs choisissent différemment.

Il faut donc saluer la grande perspicacité de tous les candidats (je dis bien tous) à ces élections, car il leur a fallu quand même trouver un programme sans savoir quels seront leurs pouvoirs. La nationalisation et la politisation du scrutin peuvent ainsi se comprendre pour cette raison.

Par ailleurs, Paris, Lyon, la Guadeloupe et la Martinique ne sont pas concernés par ces élections, les deux dernières n'ayant plus qu'une seule entité régionale (élue en décembre prochain), Lyon ayant transféré les compétences départementales dans sa communauté urbain ; quant à Paris, le conseil de Paris est à la fois municipal et départemental.

En cas de second tour, les deux premières listes sont d’office qualifiées même si elles recueillent moins de 12,5% des inscrits, ainsi que les autres listes ayant recueilli plus de 12,5% des inscrits.

Un autre changement non négligeable a également eu lieu dans le mode de scrutin, véritable usine à gaz où les électeurs auront bien du mal à s’y retrouver. Comme ces assemblées étaient encore particulièrement masculines et comme le scrutin proportionnel avait été exclu pour préserver la représentation très locale des élus, il a été décidé de faire élire des binômes un homme/un femme à la place d’une seule personne. Cela a donc nécessité la fusion de la moitié des cantons, avec quelques charcutages à visée purement électoraliste. Les deux personnes doivent donc avoir des sexes différents (le contraire du "mariage pour tous") mais peuvent être de partis différents, voire opposés (rien ne les empêche de se présenter ensemble).

Le résultat "sexuel" est donc déjà connu dès maintenant sur la répartition par sexe : il y aura dans chaque conseil départemental 50% d’hommes et 50% de femmes. Il faudrait d’ailleurs se poser la question sur la pertinence de mettre dans une assemblée délibérative un nombre pair de membres qui risque d’être immobilisée en cas de confrontation 50/50. Cela dit, on ne peut que se réjouir de cette arrivée massive des femmes dans la gestion des départements (ce qui a nécessité à beaucoup de sortants hommes de renoncer à une nouvelle candidature). Il restera à compter aussi quelle sera la proportion de présidentes de conseil départementaux.

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Le schéma proposé par le Ministère de l’Intérieur (qui figure ici) reste cependant emprunt d’un grand sexisme : il a représenté studieusement les hommes en bleu et les femmes en rose ; les traditionalistes peuvent respirer, la théorie du genre n’est pas passé place Beauvau !

Contrairement aux précédents scrutins cantonaux, les candidatures individuelles, isolées, n’auront plus beaucoup de chance de passer en dehors des partis et des investitures. Parce qu’il faut maintenant quatre personnes pour constituer une liste, deux femmes et deux hommes, pour deux sièges de titulaire et deux suppléants. Concrètement, au contraire des autres scrutins, il y a donc très peu de listes dans la compétition. En général, il y a une liste FN, une liste UMP-UDI-MoDem, une liste PS et alliés (comme le PRG) et, éventuellement, une liste Front de gauche. Les écologistes ont fait fort puisqu’ils se sont alliés dans certains cantons parfois au PS, parfois au Front de gauche.

Il y aura donc quatre grands blocs politiques qui seront décomptés durant les soirées électorales.

Bien sûr, les principaux enjeux demeurent départementaux, et principalement, la mission sociale des départements (par exemple, l’attribution du RSA, mais aussi les aides pour les personnes dépendantes). Néanmoins, il n’est pas évitable d’y greffer des enjeux nationaux, parce que le climat politique est tel qu’il y aura forcément des leçons à tirer sur le plan national.

Le premier enseignement sera bien sûr le taux d’abstention qui est prévu très élevé. Les candidats arriveront-ils à convaincre les indifférents ? Ce n’est pas évident puisque les élections cantonales étaient traditionnellement les moins courues. Avec les changements et surtout, l’inconnue majeure des compétences, il y a peu de raison que les citoyens y trouvent des raisons de se motiver plus que les fois précédentes.

Le deuxième enseignement, inévitablement, parce que les sondages le martèlent depuis plusieurs semaines, ce sera la proportion nationale des électeurs à avoir choisi des candidats du Front national. Là encore, il est assez admis qu’elle sera élevée. Elle l’a déjà été lors des élections européennes du 25 mai 2014 avec un quart des électeurs. Les sondages font flirter le FN au seuil des 30%.

Trois considérations à propos du FN.

La première est la place du FN par rapport aux autres partis. L’UMP a ici une raison historique de se placer devant le FN. Car cela préfigurera sans doute les prochaines élections régionales où la prime majoritaire avantagera la liste arrivée au premier rang.

La deuxième est évidemment le seuil : si le seuil de 30% est franchi en mars 2015, après avoir franchi le seuil de 25% en mai 2014, Marine Le Pen aura beau jeu de déclarer que sa progression sera irrésistible jusqu’en 2017.

Enfin, la troisième considération, pour le soir du second tour, ce sera le nombre de conseillers départementaux FN et surtout, l’éventualité de conseils départementaux à majorité FN. Il y a beaucoup de monde qui craint cette éventualité, et en particulier parmi ceux qui travaillent dans ces institutions.

Je m’arrête sur le FN et l’abstention : il faut bien comprendre aujourd’hui que l’abstention désavantage le FN. Il est faux de dire que ce parti profiterait en pourcentage d’une faible mobilisation de l’électorat. Aujourd’hui, et depuis 2011, le FN n’est pas dans une optique de petit parti qui défend un fonds de commerce mais bien dans la volonté de construire un parti à vocation majoritaire. Cela signifie que chaque voix perdue (à la pêche) l’éloigne de la majorité.

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Le troisième enseignement, c’est la déroute annoncée du PS. Quelle sera l’étendue des dégâts ? Simple tempête ou tsunami ? Cela se verra par le score du PS et de ses alliés (franchiront-ils les 20% ?) et par le nombre de conseils départementaux perdus par la gauche. Mais avant le bilan général, les résultats du premier tour vont être cruciaux pour savoir le nombre de candidats socialistes éliminés dès le premier tour.

Enfin, le quatrième enseignement, c’est le niveau du Front de gauche, et la préservation (ou pas) des deux conseils départementaux actuellement à majorité communiste.

Le FN, qui a maintenant changé son discours sur le cumul des mandats, puisque deux de ses maires cumulent avec leur siège de sénateur (dans un secteur de Marseille et à Fréjus), il est clair que si le FN gagnait une ou plusieurs présidences de conseils départementaux, il serait entré pleinement dans le système politique qu’il a tant critiqué depuis plus de quarante-deux ans…

Quant au PS, il est probable que Manuel Valls, habitué aux ministères qui valsent, formera un troisième gouvernement avec ce suspens insoutenable complètement décalé par rapport à la situation électorale : les écologistes reviendront-ils enfin au gouvernement ? Une question qui intéresse particulièrement Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Barbara Pompili, à défaut d’intéresser leurs électeurs.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (17 mars 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 mai 2013.
Le référendum alsacien.
Élections municipales des 23 et 30 mars 2014.
Élections européennes du 25 mai 2014.
Élections sénatoriales du 28 septembre 2014.
Les dernières élections cantonales des 20 et 27 mars 2011.
Se désister au second tour ?
Le FN au Sénat.
L’auto-enfermement de Manuel Valls.
Changement de paradigme.
Le ni-ni Doubs.
Tout est possible en 2017.
Mathématiques militantes.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20150317-departementales.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-4-enjeux-nationaux-des-164907

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/03/17/31719881.html



 

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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 07:18

Avec le 49 alinéa 3, la course d’obstacles n’est pas pour autant terminée pour la loi Macron, car il y aura le débat au Sénat puis le retour en seconde lecture, qui promet également une nouvelle guerre de positionnements.


yartiIncoherence493N01C’est sans surprise que la motion de censure déposée par les groupes UMP et UDI a été rejetée par les députés ce jeudi 19 février 2015. Elle n’a recueilli que 234 voix alors qu’il fallait au minimum 289 voix (la majorité absolue) pour être adoptée. L'adoption d'une motion de censure est historiquement très rare puisqu'il n'y a eu qu'un seul précédent depuis 1958, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1962 pour s'opposer à la décision de De Gaulle de soumettre au référendum le principe de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct.

Conformément à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, le projet de loi Macron est donc considéré comme adopté en première lecture, mais il faudra qu’il aille devant les sénateurs (probablement le 7 avril 2015), qui l’amenderont certainement, et revenir en seconde lecture à l’Assemblée Nationale.

Redisons clairement que cette procédure qui paraît assez expéditive (adoption sans vote) n’a pas été expéditive du tout dans le cas de la loi Macron puisque ce projet de loi, certes très mal construit (plein de mesurettes sans queue ni tête) qui n’aura pas une influence notable dans l’économie française, a quand même bénéficié de deux cents heures de débat à l’Assemblée Nationale, en commission et en séance publique, et que le gouvernement avait montré (inutilement donc) une certaine écoute en acceptant des centaines d’amendements.

Néanmoins, pratiquement tous les partis politiques (sauf un, suivez mon regard) ont fait preuve de nombreuses incohérences dans le vote ou le rejet de cette motion de censure.


L’article 49 alinéa 3 et les socialistes

Depuis "Le Coup d’État permanent" (1964) de François Mitterrand, brûlot contre les institutions de la Ve République dans lesquelles, finalement, il s’est glissé très aisément pendant quatorze ans (le record de longévité en République), les socialistes n’avaient cessé de critiquer l’application de cet article 49 alinéa 3 même si, au pouvoir, ils l’ont appliqué près de quatre fois plus souvent que leurs opposants.

Ainsi, c’est tout logiquement que lorsque Dominique de Villepin a brandi cette procédure pour le vote du CPE le 9 février 2006, François Hollande, en tant que premier secrétaire du PS et donc, chef de l’opposition, a violemment protesté : « Malgré ce passage en force, nous poursuivrons le débat parlementaire. Le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire. », n’hésitant pas à parler de « violation des droits du Parlement ».

Le 18 juillet 2007, en préparation de la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, François Hollande, toujours chef du PS, a ainsi proposé la suppression de cette arme institutionnelle : « Tout ce qui concourra à l’affermissement des pouvoirs du Parlement aura notre agrément. Suppression de l’article 49.3, du vote bloqué, de la procédure d’urgence, possibilité pour les assemblées de fixer pour partie leur ordre du jour, (…). ».

Le 19 mai 2008, lorsque le débat sur la révision constitutionnelle a commencé, Manuel Valls a déposé un amendement pour supprimer l’article 49 alinéa 3 (amendement n°501 du texte n°820). Il fut également déposé par André Vallini, aujourd’hui membre du gouvernement, et Bruno Le Roux, actuel président du groupe PS à l’Assemblée Nationale.

Mais, c’est un peu facile de revenir sur les déclarations anciennes pour mettre des responsables politiques devant leurs contradictions. C’était d’ailleurs plus facile de jouer à ce petit jeu avec Jacques Chirac durant sa longue carrière. Car finalement, qui peut critiquer sérieusement un pouvoir d’utiliser tous les outils constitutionnels dont il dispose ? Seulement ceux qui seront sûrs de ne jamais exercer le pouvoir. Et les imprudents. Car il faut bien gouverner.

Et d’ailleurs, revenons à la genèse de cet article 49 alinéa 3. Contrairement à ce que certains croient, il n’est pas d’origine gaullienne. Pas du tout. De Gaulle avait deux obsessions lors de la rédaction de la nouvelle Constitution durant l’été 1958 : le droit de dissolution et la possibilité de faire des référendums sur tous les sujets, et notamment les projets de loi rejetés par l’Assemblée Nationale. Il se moquait assez des dispositifs d’engagement de confiance du gouvernement devant les députés.

Ce sont ses deux ministres d’État, chargés d’élaborer le futur texte constitutionnel conjointement à Michel Debré, qui proposèrent ce dispositif : le centriste Pierre Pflimlin et surtout le socialiste Guy Mollet (secrétaire général de la SFIO).

Guy Mollet et Pierre Pflimlin avaient repris une partie de deux précédents projets de réforme constitutionnelle, la proposition de loi constitutionnelle n°3802 déposée le 17 janvier 1957 par Paul Coste-Floret et le projet de révision constitutionnelle n°6327 déposé le 16 janvier 1958 par Félix Gaillard (à l’époque Président du Conseil) qui fut voté après modification par l’Assemblée Nationale le 21 mars 1958.

Mais De Gaulle n’a pas obtenu satisfaction sur les possibilités référendaires, très limitées par l’article 11 de la Constitution, tandis que Michel Debré avait présenté un système assez compliqué de confiance régulière et obligatoire, ce qui aurait rendu inutile le dispositif très violent du futur article 49 alinéa 3.

Finalement, c’est le MRP qui a imposé à De Gaulle ce mécanisme, condition sine qua non exprimée par Pierre-Henri Teitgen pour le oui du MRP au référendum de ratification, car c’était le remède le plus efficace contre l’instabilité gouvernementale (chronique) : « Je voterai l’article [49] tel qu’il est proposé par le gouvernement et, sans crainte d’aggraver mon cas, je dirai même que le maintien de ces dispositions sera probablement l’un des éléments déterminants, pour mes amis, ceux sur lesquels je peux avoir quelque influence, et pour moi, dans nos décisions sur le référendum. » (séance du 13 août 1958 du Comité consultatif chargé de rédiger la Constitution). Le dispositif a donc été accepté par De Gaulle pour préserver un large consensus au référendum malgré l’opposition de Michel Debré et de Paul Reynaud (ce dernier craignant que la procédure encourageât la multiplication des renversements de gouvernement).

Ce système a tellement montré son efficacité que c’est le gouvernement socialiste de Lionel Jospin qui l’a décliné également pour les exécutifs régionaux, par la loi du 7 mars 1998 et la loi du 19 janvier 1999, afin de permettre de faire adopter le budget chaque année au sein de conseils régionaux qui pourraient être bloqués faute de majorité.


L’UMP et l’UDI

La décision de l’UMP et de l’UDI de déposer et donc de voter une motion de censure après l’application de l’article 49 alinéa 3 sur la loi Macron peut paraître étonnante dans la mesure où la loi Macron, bien qu’un peu fourre-tout, allait dans le sens d’une libéralisation plus grande de la vie économique. À tel point que certains députés comme Hervé Mariton, par exemple, aurait voté favorablement s’il y avait eu vote mais il a voté la motion de censure.

L’opposition a voulu surtout sanctionner le gouvernement sur sa méthode complètement incohérente, puisque ce dernier a toujours refusé de bâtir ce projet de loi en concertation avec elle.

L’exposé de la motion de censure est très clair : « Comme nous l’avons dénoncé tout au long de l’examen de ce projet de loi, celui-ci n’est qu’une compilation de mesures hétéroclites qui ne libèrent ni le travail, ni l’investissement, ni l’activité. Ce projet de loi est à l’image de l’action du gouvernement depuis 2012 : aucune réforme de structure ; des revirements incessants au détriment de l’emploi et de la compétitivité ; des choix qui annihilent toute chance de reprise alors que la croissance frémit en Europe. (…) Plutôt que de réformer la fiscalité des sociétés et des ménages, le gouvernement réussit la prouesse d’augmenter à la fois les impôts et les déficits. Plutôt que de construire la France de demain, le gouvernement mène une politique qui assombrit les perspectives de sa jeunesse. » (17 février 2015).

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Mais personne n’évitera de voir dans cette riposte une part de politique politicienne sur un sujet qui aurait dû rassembler plus de 80% des parlementaires sur des mesures parfois de bon sens ou même plus réglementaires que législatives.

C’est ainsi le sens qu’il faut donner à la réaction de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP : « La vérité éclate au grand jour : il n’y a plus ni majorité ni gouvernement. » en n’hésitant pas à insister sur une campagne présidentielle qui lui a laissé un goût amer : « Le recours au 49.3 est la conséquence des mensonges répétés de François Hollande. ».

De son côté, François Bayrou, qui n’est plus député, a annoncé qu’il n’aurait pas voté la motion de censure, mettant en difficulté, au sein de l’UMP, Alain Juppé qu’il soutient par ailleurs.


Le PS et ses "frondeurs"

L’incohérence est aussi grande chez les "frondeurs" du PS que chez les députés de l’UMP prêts à voter pour la loi Macron. Ces députés à cause desquels l’article 49 alinéa 3 est sorti ne voteront pas la motion de censure alors qu’ils voulaient voter contre la loi Macron et que certains n’avaient même pas voté la confiance au gouvernement de Manuel Valls. Pourtant élus grâce au fait majoritaire en juin 2012, il est étrange que si peu de discipline n’existe au sein du parti majoritaire.

Stéphane Le Foll avait quand même mis en garde le 18 février 2015 : « Celui qui voterait la censure n’a plus sa place au Parti socialiste. » (Europe 1). Ce serait le minimum. Lorsqu’on ne vote ni la confiance, ni le budget, ni l’une des lois majeures pour le gouvernement, comment peut-on encore rester dans la majorité ? La guérilla parlementaire du RPR entre 1976 et 1981 contre les gouvernements de Raymond Barre paraît très douce par rapport à ces "frondeurs".

Martine Aubry semblerait se trouver derrière cette mini-fronde et l’objectif de Benoît Hamon, pourtant grassement récompensé pendant deux ans et demi au sein du gouvernement, serait de conquérir le poste de premier secrétaire en juin prochain.

Le spectacle est déplorable, qui montre aux citoyens des députés plus soucieux des délices et manœuvres d’un congrès socialiste que du devenir d’environ dix millions de Français à la recherche d’un emploi stable.

Mais chez les "gouvernementaux" du PS, la cohérence n’est pas non plus de mise. Pour justifier sa décision le 17 février 2015, Manuel Valls a déclaré aux députés : « Une majorité existe vraisemblablement sur ce texte mais elle est incertaine. Dès lors, je ne prendrai aucun risque, je ne prendrai pas la responsabilité du risque d’un rejet d’un tel projet que je considère comme essentiel pour notre économie. (…) La gauche gouverne. Elle doit assumer ses responsabilités. Elle doit les assumer pleinement, et ce gouvernement assume donc pleinement et totalement ses responsabilités. Nous le faisons pour le pays, pour l’intérêt général. ».

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Puis, à l’issue du vote le 19 février 2015, Manuel Valls a conclu la "séquence" parlementaire ainsi : « L’autorité, c’est assumer ses responsabilités quand l’intérêt supérieur de la Nation l’exige. ».

Quand on sait le faible impact économique qu’aura la loi Macron, on se croit dans une scène surréaliste. Tout laisse croire que ces postures, sur le dos des Français, ont pour seul but d’aborder un congrès dont tout le monde se moque.


Les députés écologistes

La cohérence politique a quitté depuis longtemps ce petit groupe de députés qui ne doivent leur élection qu’à la seule bienveillance du Parti socialiste. Ils ont pourtant préféré quitter le gouvernement l’an dernier et Cécile Duflot serait même dans l’optique d’un rapprochement avec le Front de gauche alors qu’un autre clan, plus modéré et réaliste, aurait bien voulu quelques ministères, comme François de Rugy, Jean-Vincent Placé ou encore Barbara Pompili.

Paradoxalement, ceux-ci se considèrent encore dans la majorité, d’où leur refus de voter la motion de censure, mais ils ont rejeté la loi de finances 2015, l’acte politique majeur pour définir le positionnement entre majorité et opposition, et ils auraient voté contre la loi Macron en cas de vote.

Éviter une candidature écologiste à l’élection présidentielle de 2017 va être très délicat voire mission impossible pour PS. Pourtant, ce serait indispensable pour se qualifier au second tour et empêcher la déconvenue de Lionel Jospin le 21 avril 2002. Ce qui est complètement incompréhensible pour les électeurs, c’est que cela ne empêche pas le PS et les Verts de faire alliance pour les élections départementales du mois prochain.


Les députés communistes

La palme de l’incohérence doit cependant être remise aux députés du Front de gauche, essentiellement communistes, menés par André Chassaigne qui aurait bien voulu être candidat à l’élection présidentielle de 2012. En effet, les communistes ont surpris en annonçant qu’ils voteraient la motion de censure : « Le gouvernement nous prive de vote par un coup de force (…). Donc, nous voterons pour la motion de censure, parce que c’est le seul moyen que l’on a pour nous opposer à la loi Macron et c’est dans la continuité de notre refus d’accorder la confiance à Manuel Valls. ».

Jean-Luc Mélenchon, qui n’est pas député, a contesté un tel positionnement : « Qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite dans une aventure pareille ? J’aurais proposé aux frondeurs et aux écologistes une motion de censure pour montrer que si le gouvernement est désapprouvé, il l’est pas la gauche. » (18 février 2015).

Cette prise de position du groupe communiste ne manque pas d’être cocasse. En effet, les communistes ont donc approuvé ce 19 février 2015 le texte de la motion de censure rédigé par l’UMP et l’UDI qui proclame entre autres : « Sans réforme de l’État, sans réforme de nos régimes de retraites, sans réforme de la protection sociale, sans réforme du code du travail, sans réforme du paritarisme, ce texte a minima est une occasion manquée de mener le redressement de notre pays, à l’image de nos partenaires européens qui, eux, se sont déjà engagés dans ces réformes. » (texte déposé le 17 février 2015).

Six des dix députés communistes ont suivi André Chassaigne dans le vote de la motion de censure. Ce n’est pas la première fois que le groupe communiste a voté une motion de censure contre un gouvernement socialiste en se joignant à la droite et au centre. La fois précédente, c’était le 27 mai 1992 où l’UDF, le RPR et le PCF avaient failli réussir à renverser le gouvernement de Pierre Bérégovoy, il leur a manqué… trois voix seulement. C’était à l’époque pour s’opposer à la réforme de la politique agricole commune.


Le spectacle déplorable de la vie politique

Tout ce jeu de rôles et de postures donne un arrière-goût assez glauque, celui de donner prise à l’antiparlementarisme en faisant croire que les députés ne sont focalisés que sur leur propre intérêt partisan sans se rendre compte que dans le pays, une proportion de plus en plus grande de citoyens ne supportent plus ce décalage d’attention.

Mais s’il y a bien une responsabilité dans cette situation-là, c’est bien le discours du Bourget que le candidat François Hollande a prononcé le 22 janvier 2012, avec beaucoup d’éloquence, pour faire croire qu’il était de gauche.

Le problème de cette élection présidentielle, c’est qu’il faut mener une campagne démagogique pour se faire élire. D’ailleurs, c’est le plus efficacement démagogique qui gagne. La "force tranquille" de François Mitterrand en 1981, la "fracture sociale" de Jacques Chirac en 1995 et le "travailler plus pour gagner plus" de Nicolas Sarkozy en 2007 ont été des slogans redoutables. François Hollande a berné ses électeurs et la grande question très pessimiste, ce pourrait être : qui bernera les Français en 2017 ?

À moins qu’un jour, comme ce fut le cas dans un passé déjà lointain, un peuple rencontre un candidat qui lui dit enfin la vérité et qui arrête de lui promettre la lune…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 février 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L'auto-enfermement de Manuel Valls.

Changement de paradigme.
François Hollande.
Manuel Valls.
Emmanuel Macron.
Travail le dimanche.
Mathématiques militantes.
2017, tout est possible…

yartiIncoherence493N04

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-incoherences-de-la-motion-de-163897

 

 






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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 07:15

Dans un spot publicitaire des années 1980 pour vendre un assouplissant pour linge, une jeune femme prête à "rosir de plaisir" porte un peignoir qui change de couleur à l’ouverture de chaque minidose… Déclinaison en quelques vieux slogans.


yartiNiniDoubs01Le PS a eu chaud dans le Doubs. Les résultats du second tour de l’élection législative partielle de la quatrième circonscription du Doubs du 8 février 2015 ont été particulièrement laborieux pour Frédéric Barbier, le candidat du PS qui, finalement, est élu sur sa concurrente du FN Sophie Montel, pour la succession de Pierre Moscovici.


Être bien, être Doubs

Bien qu’encore faible, la participation a nettement progressé entre les deux tours puisqu’elle est passée de 39,6% à 49,1%. Il est encore trop tôt pour évaluer les reports de voix réels des candidats du premier tour sur ceux du second tour (en étudiant à fond les résultats bureaux de vote par bureaux de vote), mais l’élection très serrée permet déjà de constater que les deux camps, le PS et le FN, sont parvenus à mobiliser des abstentionnistes du premier tour. Les deux, et pas seulement le PS.

Le candidat PS l’a donc emporté avec 51,4%, soit seulement 863 voix d’avance sur la candidate FN.

Si l'on regarde précisément le vote blanc et nul, il y a eu 2 694 votants qui ont refusé de se prononcer (soit 8,2% des votants) au second tour au lieu des 727 (soit 2,8% des votants) au premier tour. Il est clair qu'une partie des électeurs du premier tour ont suivi la consigne du ni-ni, environ 2 000, soit l'équivalent d'un petit tiers des électeurs du candidat UMP du premier tour (28,9% exactement).

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Inutile de dire que si cette élection présente peu d’importance parlementaire car le PS garde toujours sa majorité absolue en comptant les sièges de son fidèle allié PRG, elle revêt néanmoins un caractère crucial sur l’attitude à adopter vis-à-vis du Front national, et évidemment, c’est la position de l’UMP dont il s’agit ici.


Comme je l’ai déjà écrit, la position officielle adoptée au bureau politique de l’UMP du 4 février 2015 a été une véritable honte pour les valeurs républicaines et une insulte au courage politique, celle qui a consisté à mettre sur le même plan les deux candidats du second tour, Frédéric Barbier et Sophie Montel, et à conseiller à ses électeurs l’abstention ou le vote blanc. Une position non seulement soutenue par l’aile "dure" de l’UMP mais également par des personnalités d’habitude beaucoup plus modérées, comme François Fillon et Bruno Le Maire.

Paradoxalement, Nicolas Sarkozy n’a pas fait partie des ultras (majoritaires) de son parti et au contraire, plutôt que de prôner le ni-ni, a proposé de ne donner aucune consigne de vote, ce qui aurait permis de préserver une unité (de façade) dans la maison UMP. Avec cette absence de consigne tout en affirmant que le FN est le principal adversaire, Nicolas Sarkozy se situait dans une position intermédiaire entre le vote PS et le ni-ni, mais il a été mis en minorité par le bureau de l’UMP à quelques voix près.

C’est aussi l’une des leçons de cette partielle du Doubs : Nicolas Sarkozy n’a plus le réflexe alerte, l’intuition déterminante, dans la vie politique. Il n’avait même pas jugé utile d’aller faire campagne au premier tour pour soutenir le candidat UMP. Son éloignement un jour crucial pour son parti, où toutes les positions se cristallisaient, le lendemain d’élection, et sa mise en minorité le lendemain ont montré que, contrairement à ce que j’envisageais, Nicolas Sarkozy ne maîtrise plus beaucoup son parti qui est, il faut bien dire, très difficile à gérer depuis 2012. À cela, on peut aussi ajouter les sondages où il fait une chute de popularité élevée surtout de la part des militants et sympathisants de l’UMP, qui étaient pourtant son pré carré privilégié de fidèles.


L’UMP, la cuisson à feu Doubs

Pour l’UMP, l’incendie est déjà déclaré. Loin de bénéficier des erreurs du gouvernement socialiste, elle subit presque le même sort que le PS, d’élections partielles en élections partielles. Le FN se montre de plus en plus comme le seul parti d’alternance face à un pouvoir que le FN appellerait UMPS en assimilant un peu grossièrement et rapidement majorité et opposition parlementaires, pourtant, sur la politique fiscale entre autres (mais aussi sociétale), tous les contribuables ont pu juger des différences.

Lorsque François Fillon a soutenu le 3 février 2015 la politique du ni-ni, c’était pour dire que seule l’UMP pouvait redresser le pays : « Le Front national est une impasse pour la France. Le Parti socialiste n’a plus aucune solution à proposer aux Français. Nous devons, à l’UMP, être le parti du redressement, le parti de la rupture. ». Et les arguments contre le soutien du candidat PS, c’est aussi de ne pas faire de "front républicain" qui réduirait encore l’électorat de l’UMP en le décourageant.

Mais il faut raisonner lucidement. Lorsque l’UMP est évincée du second tour, il n’y a plus d’électorat UMP qui tienne, puisqu’il n’y a plus de candidat UMP. Lorsque l’UMP est évincée du second tour, il n’y a plus de parti du redressement ou de la rupture qui tienne, l’UMP n’est pas présente au second tour, elle n’est donc plus en mesure d’agir, de rompre, de redresser.

Au conseil national de l'UMP très divisé, le 7 février 2015 à la Mutualité de Paris, Alain Juppé, qui s'est fait siffler par la salle lorsqu'il a prôné une alliance UMP-UDI-MoDem, a voulu ouvrir les yeux de ses compagnons sur le FN : « Il y a des choses à clarifier entre nous, comme notre ligne politique. Il faut regarder la situation en face : l’ascension du FN est résistible à condition que nous résistions. Toute stratégie de complaisance avec l’extrême-droite est inacceptable et suicidaire. Pour des raisons politiques : le programme du Front national nous conduirait dans le mur. Et pour une raison tactique : le FN ne sera jamais le supplétif de l’UMP. Ils veulent notre peau ! Ils veulent notre défaite ! Il n'y a pas de compromission possible. Il faut casser la dynamique qui les porte aujourd'hui et la casser à tout prix ! ».

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Florian Philippot l'a d'ailleurs confirmé sur France 5 le 9 février 2015 avec un certain cynisme. Selon lui, l'UMP n'a plus d'utilité s'il fait élire le PS et doit donc disparaître. Avec une telle clarté, il est étonnant que des responsables UMP cultivent encore autant de masochisme à vouloir ménager le FN.

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En réponse à Alain Juppé mais aussi à François Hollande, Nicolas Sarkozy a affirmé toujours au conseil national de l'UMP du 7 février 2015 : « Jamais je ne chercherai à imiter des gens pour lesquels je n’ai pas de respect, comme ceux du Front national. Mais jamais je ne renoncerai à traiter ces questions parce qu’ils en ont parlé mal. (...) Je n’ai pas de leçons à recevoir de ceux qui font monter le Front national. Je n’ai pas entendu François Hollande faire part de son bouleversement lorsque Marine Le Pen a appelé à l’abstention dans le seul but de me faire battre [en mai 2012]. ».

De plus, très éloignés de la situation locale, les responsables nationaux de l’UMP n’ont pas du tout été à l’écoute du candidat UMP et de ses sympathisants dans le Doubs qui avaient appelé sans hésitation à voter pour Frédéric Barbier.


C’est pour cela qu’il faut saluer le courage politique des personnalités qui refusent de se ranger derrière l’opinion supposée des militants ou des électeurs, car faire de la politique, ce n’est pas suivre les sondages, c’est avoir des convictions, les exposer clairement et essayer de convaincre, avoir une vision sur l’intérêt national et pas l’intérêt électoral de certains partis ou de certaines carrières.

Bravo donc à Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Raffarin, Benoist Apparu, également, mais c’était plus logique en raison de la clarté idéologique des centristes, Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou.

Je regrette toutefois qu’aucun ténor ayant pris cette position courageuse ne soit pas allé jusqu’à venir soutenir Frédéric Barbier sur le terrain, devant les électeurs.


Le FN, petit par la taille, petit par la douceur

À de très rares exceptions près (comme le député Yann Galut), les responsables socialistes sont incapables de combattre le Front national efficacement. Quand je dis efficacement, cela signifie sur le plan politique et pas sur le plan moral. Les positions moralisantes contre le FN n’ont qu’un effet contreproductif : soit le FN est un parti légal, soit il ne l’est pas. S’il l’est, et ce serait difficile de dire autre chose, alors il faut le combattre sur le plan politique, sur ce qu’il propose, ce qu’il affirme, ce qu’il revendique, et pas sur une sorte d’argument d’autorité sur le bien et le mal qui, de toute façon, ne ferait que braquer les électeurs.

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Sur le plan économique (contre l’Europe, contre l’euro, contre le remboursement de la dette etc.), le programme du FN est devenu très proche de la gauche de la gauche. Et c’est pour cela que le PS n’ose pas le combattre sur ce terrain-là. Pourtant, la politique de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron ne devraient pas avoir de scrupules. Mais le PS, si. Parce qu’il y a, depuis 1982, toujours un complexe de la part du pouvoir socialiste de ne pas être assez à gauche (complexe de François Mitterrand devenu très tardivement socialiste), et les députés "frondeurs" ainsi que des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon (adhérent au PS pendant pourtant vingt-cinq ans, ce qui lui a permis de faire sa belle carrière sénatoriale et ministérielle) n’hésitent pas à le faire remarquer. Pour preuve encore, le sourire relevé du PS lors de la victoire de l’extrême gauche grecques Syriza alliée à un petit parti équivalent au FN en Grèce.

Or, la seule possibilité de réduire l’influence électorale du FN, c’est de l’attaquer sur ses idées. Et l’attaquer clairement. Pas sur des bases morales, donc, mais sur son programme économique qui n’est ni cohérent, ni réaliste ni surtout pertinent dans l’intérêt des Français. À ce jeu, évidemment, l’UMP serait nettement plus convaincante que le PS puisqu’elle  n’aurait pas les scrupules d’origine gauchiste du PS.

Mais parallèlement, l’autre axe du FN, ses déclarations péremptoires contre l’immigration, loin d’être combattues par certains élus UMP, sont parfois au contraire renforcées par le discours de certains élus UMP. Pour preuve, dans un débat télévisé, Laurent Wauquiez silencieux lorsqu’on lui dit qu’il a le même programme que Marion Maréchal-Le Pen sur ce thème.


Quand le mou est si faux et le faux est si mou, c’est forcément… le PS

Dans cette élection partielle, bien entendu, le PS n’a pas matière à triompher. D’ailleurs, le nouveau député Frédéric Barbier, très lucide, a reconnu dès la soir de son élection : « Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas ; ce succès, je le dois aux forces républicaines. Cette élection peut être un tournant de ce quinquennat. Il faut garder l’esprit d’union nationale autour des valeurs de la République. ».

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Lui aussi essayant de préserver une parcelle du consensus républicain du 11 janvier, le Président François Hollande (qui voit sa petite bulle de popularité éclater) avait exprimé son incompréhension sur la position de l’UMP lors de sa cinquième conférence de presse le 5 février 2015.

Les socialistes se retrouvent toutefois dans le même cas que l’UMP pour des duels mettant en jeu un candidat FN. Lors des précédentes législatives partielles qui ont évincé le candidat PS dès le premier tour et mis au second tour un affrontement UMP contre FN, le FN avait réussi à gagner une vingtaine de pourcents entre les deux tours en rassemblant également beaucoup d’électeurs …socialistes du premier tour (une étude l’avait bien démontré).


Ni-Ni Doubs, mais il fait le minimum...

En ne combattant pas ouvertement le FN, l’UMP a donc encouragé largement son électorat à voter pour le FN, à le débrider, malgré toutes les dénégations qu’elle pourrait faire. Il s’en est fallu à un cheveu pour que le FN triomphât.

La seule position claire était de clamer un stop franc et massif à la montée électorale du FN, une montée qui, à mon sens, va défavoriser plus l’UMP que le PS. La stratégie du ni-ni, adoptée depuis 2011, mènerait nécessairement à une victoire du FN si le cas se présentait lors de la prochaine élection présidentielle.

Attention danger, chantait Thierry Le Luron il y a plus de trente ans, le 10 novembre 1984 sur Antenne 2 : « Le Pen, je ne vois là que des êtres humains qui sont les Français de demain. (…) Je ne veux pas de ta nation barbelée, souvenir attention danger ! »


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 février 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Maux Doubs à l'UMP.
Les électeurs du PS aussi votent FN.

Rien n’est joué en 2017 !
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Nicolas Sarkozy.
François Hollande.
Alain Juppé.
Jean-Christophe Lagarde.
François Bayrou.

Pierre Moscovici.

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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ni-ni-doubs-c-est-toute-la-joie-de-163381


 



 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 07:58

Les mous du Doubs auraient-ils définitivement gagné face aux fermes sur les valeurs républicaines ? En tout cas, ce sera forcément une ligne différentielle pour le choix du candidat UMP à l’élection présidentielle.


yartiMauxDoubs01Le dimanche 1er février 2015 a eu lieu le premier tour de l’élection législative partielle dans la quatrième circonscription du Doubs pour remplacer Pierre Moscovici nommé à la Commission Européenne.

Trois candidats ont capté l’essentiel du corps électoral, mais seulement deux ont été qualifiés pour le second tour prévu le 8 février 2015 : Sophie Montel (FN) a obtenu 32,6%, Frédéric Barbier (PS) 28,9% et Charles Demouge (UMP) 26,5%. En cas de second tour, tous les candidats ayant obtenu au moins 12,5% des inscrits peuvent rester dans la compétition, et au moins les deux premiers candidats. En raison de la forte abstention (60,4%), le candidat de l’UMP a été évincé du second tour. Seule la candidate du FN a atteint ce seuil de 12,5% des inscrits avec 28 voix d’avance. Et si son score est enviable (supérieur à 30% des suffrages exprimés et première place), la candidate FN a cependant perdu plus de 1 200 électeurs par rapport au scrutin du 10 juin 2012.

C’est évidemment une catastrophe pour l’UMP qui, depuis l’annonce des résultats, s’est enlisée dans des points de vue divergents sur la position officielle à tenir pour ce second tour. Même si cette circonscription était importante car le PS n’a plus la majorité absolue (le groupe PS n’a que 287 membres au 23 janvier 2015) et pourrait essayer de la regagner en remportant l’élection (il lui manque en fait deux sièges), la circonscription étant de gauche depuis 2007, ce combat local n’était pas crucial en lui-même mais il l’est sur l’attitude à avoir à l’égard du FN.

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Il faut noter également que c’est le premier scrutin depuis que Nicolas Sarkozy est président de l’UMP, et il a été perdu dès le premier tour, ce qui donne un mauvais signe et sûrement pas un signe de renouveau et d’espoir de ce côté-ci de l’échiquier politique. Le candidat UMP, Charles Demouge, avait soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy l’élection à la présidence de l’UMP le 29 novembre 2014. La mise en examen de Jean-François Copé le 3 février 2015 sur le paiement de l’amende sur les comptes de campagne en tant qu’ancien président de l’UMP n’a pas contribué non plus à faire de l’UMP un parti d’avenir.

Néanmoins, les résultats du 1er février 2015 restent cohérents avec les récents sondages au niveau national qui indiquent désormais deux éléments récurrents : le FN est placé en tête du premier tour et l’UMP et le PS font à peu près jeu égal (moins de 600 voix les séparent dans le Doubs), mais assez loin derrière le FN.

Bien que la circonscription fût détenue par un socialiste sortant, il n’était pas évident du tout que le PS dépassât ainsi l’UMP alors que le PS est au pouvoir depuis deux ans et demi. D’ailleurs, le candidat socialiste s’était lui-même préparé à son éviction dès le premier tour. Dans la circonscription traditionnellement à gauche, la troisième circonscription du Lot-et-Garonne, celle de Jérôme Cahuzac, le PS avait été éliminé dès le premier tour le 16 juin 2013.

Si la quatrième circonscription du Doubs avait été à l’origine gagnée par l’ancienne candidate à l’élection présidentielle et ancienne ministre Huguette Bouchardeau (PSU) le 12 juin 1988, les scores du second tour ont toujours été historiquement à 50/50 au second tour : le 16 juin 2002, Pierre Moscovici (PS), ministre (et député) sortant, a perdu face à Irène Tharin (UMP) avec seulement 49,8% des voix (162 voix de retard) ; le 17 juin 2007, Pierre Moscovici a repris sa revanche contre la députée sortante avec 50,9% (750 voix d’avance) ; enfin, le 17 juin 2012, en triangulaire, Pierre Moscovici a gagné sans franchir le seuil de la majorité absolue, avec 49,3% devant Charles Demouge (26,2%) et Sophie Montel (24,5%).


L’UMP divisée sur la position à adopter

Cette configuration électorale pourrait se retrouver au niveau national pour l’élection présidentielle : c’est d’ailleurs le pari de François Hollande, d’éliminer le candidat de l’UMP dès le premier tour et ne pas avoir trop de problème pour se faire réélire face à la candidate du FN (mais la stratégie n’est plus valable à partir du moment où le FN est aujourd’hui capable de l’emporter).

Donc, la position de l’UMP sur un second tour dont elle est exclue, FN vs PS, est un élément déterminant dans le fondement politique de ce parti. On comprend que le PS, dans un second tour FN vs UMP, ait moins d’état d’âme à choisir l’UMP, et l’avait d’ailleurs prouvé le 5 mai 2002 en votant massivement pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen.

Le débat au sein de l’UMP ne se fait pas sur une éventuelle alliance électorale entre le FN et l’UMP : celle-ci est totalement exclue, d’une part, parce que le FN n’est pas demandeur (et n’en a plus vraiment besoin), d’autre part, parce que le programme du FN est diamétralement opposé à celui de l’UMP, et est d’autant plus proche de l’extrême gauche pour les considérations sociales et économiques que le FN avait souhaité la victoire de Syriza (gauche radicale) en Grèce.

Le débat est donc dans cette gestion de la non-alliance, à savoir faut-il voter pour le candidat socialiste ou faut-il voter blanc (ou s’abstenir mais ce n’est pas très civique de s’abstenir, on imagine mal une personnalité politique ayant eu ou voulant avoir des responsabilités nationales ne pas être exemplaire au moins sur le plan civique) ?

Et il faut être clair avec les mots : appeler à voter blanc, c’est considérer que le PS et le FN sont des adversaires similaires, qu’ils sont aussi dangereux, l’un comme l’autre, au pouvoir. C’est dire ouvertement qu’il n’y a pas de préférence.

En revanche, appeler à voter pour le candidat socialiste, c’est montrer clairement qu’il faut faire barrage au FN et l’empêcher à tout prix d’arriver au pouvoir. C’est la position notamment des centristes comme ce fut le cas dès le 2 février 2015 du nouveau président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde.


Le FN, le principal adversaire

Avant même la très décisive tenue du bureau politique de l’UMP le mardi 3 février 2015 à 18 heures, plusieurs ténors de l’UMP ont courageusement pris position en faveur du candidat socialiste. La première à l’affirmer n’est pas n’importe qui puisque c’est la numéro deux de l’UMP, vice-présidente déléguée, Nathalie Kosciusko-Morizet. Les anciens ministres Dominique Bussereau et Benoist Apparu ont également communiqué en ce sens.

Enfin, sans surprise non plus, l’ancien Premier Ministre Alain Juppé a fait état d’une même position sur son blog : « Je vois clairement que désormais notre principal adversaire politique est devenu le FN » et d’imaginer le FN au pouvoir : « Ce serait à mes yeux une catastrophe pour notre pays. L’image de la France serait abîmée dans le monde car l’idéologie du FN est aux antipodes des valeurs morales et politiques qu’elle incarne ; les rechutes antisémites périodiques du président d’honneur de ce parti devraient suffire à nous en convaincre. La xénophobie et l’islamophobie du FN dressent les Français les uns contre les autres (…). Son programme économique est celui de tous les dangers : la sortie de l’euro déstabiliserait notre économie, au détriment des plus fragiles ; elle provoquerait la dislocation de la construction européenne au moment où nos pays ont le plus besoin de faire bloc face aux multiples défis du monde qui nous entoure. ».

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Ce réquisitoire n’est pas gratuit : il traduit une réelle inquiétude pour 2017. Et il faut le répéter, contrairement à ce que raconte dans tous les médias le nouveau politologue très en vogue, Thomas Guénolé, il est faux de dire qu’il existe deux FN, un FN de réelle extrême droite, celui du père, de la petite-fille, de Bruno Gollnisch, de ceux qui se laissent aller à leurs pensées vaguement racistes et à quelques autres dérapages, et un FN de gauche, social, souverainiste, guidé par Florian Philippot. Il n’existe qu’un seul FN, avec son histoire (quarante-quatre ans), son président d’honneur, sa fille, ses dérapages incessants, et en plus de trente ans de mandats (européens, régionaux), son incapacité à bâtir un projet concret ou à proposer quoi que ce soit de constructif.

En pays de liberté d’expression, oui, c’est un droit de pouvoir critiquer un parti comme le FN. Les élus du FN ne sont pas les seuls détenteurs de la voix populaire : tous les élus, FN et pas FN, le sont également. Et jusqu’à maintenant, il n’y a pas de majorité en faveur du FN.

Donc, je salue bien sûr la position claire et surtout assumée d’Alain Juppé : « Je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui affronte [la candidate FN], c’est-à-dire, le candidat PS. » (2 février 2015). Et il l’a répété au journal de 20 heures sur France 2 le 3 février 2015 devant David Pujadas.

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C’est donc sur une position sur les valeurs que l’UMP devrait se déterminer : opposant au PS, certes, mais dans le cadre des valeurs républicaines qui ont toujours fait consensus depuis près d’un siècle et demi de République. Or, le FN se met de lui-même, par les déclarations souvent étouffées de ses cadres et candidats, en dehors de ces valeurs républicaines.


Le ni-ni gagne à l’UMP

C’est donc affligeant d’entendre d’autres ténors de l’UMP proposer mollement (sont-ce donc les mous du Doubs qui ont gagné la partie face aux fermes sur les valeurs ?) de s’opposer au FN mais aussi au PS en appelant à voter blanc : le secrétaire général, Laurent Wauquiez, mais aussi Bruno Le Maire et également l’ancien Premier ministre François Fillon qui a déclaré devant les députés UMP le 3 février 2015 : « Le Front national est une impasse pour la France. Le Parti socialiste n’a plus aucune solution à proposer aux Français. (…) Aucune complaisance pour l’extrême droite et pas d’indulgence pour un gouvernement impuissant ! Voilà la ligne de conduite que je propose pour l’élection partielle dans le Doubs. ».

Cette stratégie du ni-ni n’est pas nouvelle puisqu’elle a été définie dès mars 2011, aux élections cantonales. Il est vrai qu’un récent sondage réalisé par l’Ifop pour "Le Figaro" et LCI et publié le 2 février 2015 indiquait que parmi les électeurs de l’UMP (je me demande quel nombre exact de sondés cela correspondait-il dans l’échantillon), 19% sont pour voter PS, 14% sont pour voter FN et 67% sont pour le ni-ni (abstention ou vote blanc).

Nicolas Sarkozy est allé encore plus loin dans la "mollesse" puisque, bien qu’opposé résolument au FN, il aurait préféré qu’il n’y eût aucune consigne de vote : « Non au FN » mais « On laisse les électeurs choisir. ». C’est sur cette position (anti-front républicain donc) que l’UMP aurait dû se retrouver au sein de son bureau politique du 3 février 2015.

Mais la motion du ni-ni a été adoptée par 22 voix contre 19 à l’issue de cette réunion, mettant en minorité Nicolas Sarkozy : officiellement, l’UMP a donc appelé à s’abstenir ou à voter blanc dans cette élection partielle. Ce qui paraît assez irresponsable alors que ce parti prétend vouloir gouverner la France. Ne pas prendre position, c’est forcément prendre position par défaut.

On peut d’ailleurs mettre cette position (qui n’est pas nouvelle) en parallèle avec la décision de Marine Le Pen du 1er mai 2012, celle de ne pas choisir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande pour le second tour de l’élection présidentielle, ce qui a contribué par défaut à l’élection du candidat socialiste le 6 mai 2012.

Non seulement c’est désolant de ne pas prendre position en général en cas de duel FN vs PS, mais c’est encore plus désolant en étudiant précisément la situation de la quatrième circonscription du Doubs.

Le candidat socialiste est Frédéric Barbier (54 ans), vice-président du Conseil général du Doubs depuis mars 2011. Il était le suppléant de Pierre Moscovici en juin 2012 et fut donc mécaniquement amené à siéger dans l’Hémicycle lorsque ce dernier fut nommé au gouvernement. Il a été membre de la commission des affaires économiques et est un cadre d’ERSF (Électricité réseau distribution de France).


Sophie Montel

La candidate FN, en revanche, est loin d’être une "modérée" : Sophie Montel (45 ans), malgré sa relative jeunesse, a déjà une longue expérience électorale puisque depuis mars 1998, elle est conseillère régionale de Franche-Comté et depuis mai 2014, elle a été élue députée européenne. C’est simple, elle s’est présentée quasiment à toutes les élections depuis une vingtaine d’années et de 1995 à 2014, elle a été conseillère municipale, à Besançon d’abord, puis, à partir de mars 2001, à Montbéliard où elle est née, mandat qu’elle a dû abandonner en raison du cumul lorsqu’elle fut élue députée européenne. Depuis 2011, elle est secrétaire nationale aux élus au sein du bureau politique du FN, nommée par Marine Le Pen. Donc, autant dire qu’elle est partie intégrante de la ligne actuelle du FN.

Et qu’a fait Sophie Montel jusqu’à maintenant ? Pas grand chose. Le 2 avril 2015, par exemple, aura lieu une audience au tribunal correctionnel de Montbéliard après la plainte par l’une de ses colistières pour abus de faiblesse car une femme de 90 ans ne jouissant plus de ses facultés de discernement aurait été enrôlée sans son consentement éclairé sur la liste municipale de Sophie Montel en mars 2014 (la candidate FN avait en réponse déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse). Mais ce n’est pas l’essentiel. Le fait remarquable des presque vingt années de mandats de Sophie Montel, elle le doit à son premier mandat, celui de conseillère municipale de Besançon.


De « l’évidente inégalité des races »

Pendant la séance du conseil municipal du 23 septembre 1996 présidée par Robert Schwint (1928-2011), maire PS de Besançon de 1977 à 2001, Sophie Montel avait montré publiquement quelles étaient ses valeurs, ses considérations pour les personnes et surtout, son obsession contre "l’immigration africaine", dans l’une de ses interventions qui, malheureusement pour elle, ont été consignées (et visées par l’autorité préfectorale) : « Rien dans les propos de Jean-Marie Le Pen sur l’évidente inégalité des races ne tombe sous le coup de la loi. Constater que la civilisation des Pygméees au XXe siècle aussi nombreux que les Athéniens du siècle de Périclès n’est pas égale à celle de la Grèce antique n’injurie pas les Pygmées. Constater que la civilisation des Esquimaux aussi nombreux que les Juifs n’est pas égale à celle d’Israël et n’a pas joué le même rôle dans l’histoire du monde ne constitue ni une injure aux Esquimaux ni une atteinte à la vérité. L’observation que les enfants d’origine vietnamienne s’adaptent généralement mieux aux études et au travail que ceux de l’immigration africaine est le fait de tous les enseignants, même de gauche. Nous affirmons que la civilisation française de notre grand siècle était supérieure dans tous les domaines de l’épanouissement de l’esprit, des arts et des lettres, à celles des Huns et des Bantous ? Constater l’inégalité des civilisations comme celle des individus merveilleusement différenciés, ce n’est pas nier l’évidence d’une nature humaine. Ce n’est pas, bien au contraire, porter atteinte à la défense de la dignité humaine. Ceux qui injurient la dignité humaine, ce sont les pratiques d’une société oublieuse de la loi naturelle où l’on laisse s’épanouir les tortionnaires pédophiles car il est des crimes dont l’horreur dépossède ceux qui les commettent, quelle que soit leur civilisation, du respect dû a priori aux hommes de toutes races et de toutes civilisations. Les vieilles ficelles utilisées depuis quinze ans contre le Front national s’effilochent de partout. (…) Nous n’avons pas de leçons à recevoir d’un membre du PS, parti qui s’est illustré par des corrompus et des empoisonneurs, des détourneurs de fonds publics et des dilapideurs de l’argent des contribuables pour s’accrocher à leurs mandats et à leur prébende. » (Hôtel de Ville de Besançon, le 23 septembre 1996).

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Cette longue tirade a été lue à l’occasion de la décision de recruter pour trois ans un animateur socioculturel chargé de l’intégration et de la jeunesse. Il serait vain de commenter ce texte qui présente la confusion mentale entre plusieurs mots comme "civilisation", "race", l’assimilation de pédophilie chez l’adversaire politique (le maire était socialiste), les amalgames plus ou moins douteux, les clichés et stéréotypes historiques et géographiques, etc.

Il faut juste rappeler le contexte de l’époque où chaque élu municipal dans chaque ville était chargé de véhiculer les idées dogmatiques nationalistes à chaque occasion au détour d’une discussion purement locale. J’ai eu l’occasion d’en voir à l’œuvre lors des conseils municipaux à Grenoble entre 1989 et 1995 où l’unique représentant du FN, également conseiller régional, sortait systématiquement des tirades enflammées contre "l’art dégénéré" à l’occasion de la moindre attribution d’une subvention culturelle.


Les valeurs avant le carriérisme

L’UMP ne s’est donc pas grandie ce soir du 3 février 2015 en appelant à ne pas départager ces deux candidats, un adversaire politique classique qui agit dans le cadre du consensus républicain du vivre ensemble et une autre adversaire politique qui, au contraire, est prête à ségréger, à diviser, à cliver la population française. La nation, notion que le FN galvaude beaucoup trop, est composée d’un seul type de citoyen, le citoyen français, quelles qu’en soient son origine, sa religion, son sexe, son âge, sa condition sociales, sa sexualité… et cela, en dehors de toutes sortes de différences que le FN ne cesse de stigmatiser pour des raisons purement démagogiques et obsessionnelles.

Alors, honneur à Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoist Apparu, Dominique Bussereau et quelques rares autres responsables UMP, y compris le candidat évincé, Charles Demouge, pour avoir eu le courage de savoir dans quel camp ils se trouvaient. Dans quelques années, peut-être que les lâchetés électoralistes de leurs collègues se paieront très chèrement…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (4 février 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rien n’est joué en 2017 !
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Nicolas Sarkozy.
François Hollande.
Alain Juppé.
Pierre Moscovici.

yartiMauxDoubs04
 

 

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 10:18

Né le 20 décembre 1929 à Paris, Charles Baur fut chef d'entreprise et s'est engagé en politique d'abord à la SFIO puis au PSD (Parti social-démocrate), la partie du PS qui avait refusé le programme commun et l'alliance avec les communistes. Il s'est retrouvé en 1978 au sein de l'UDF. Maire de Villers-Cotterêt de 1953 à 1989, il fut surtout le premier président du Conseil régional de Picardie de 1976 à 1978, puis de 1986 à 2004 (entre 1978 et 1986, ce fut l'ancien ministre Max Lejeune, président du PSD, qui fut président de la région).. Il s'était fait remarquer au niveau national en mars 1998 pour avoir accepté les voix des élus FN pour se faire réélire à la tête de la région, au même titre que Charles Millon en Rhône-Alpes et Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon. Charles Baur fut également élu député européen de 1986 à 1993 et député UDF de l'Aisne de 1993 à 1997.

SR


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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 07:50

L’élection des dirigeants des partis politiques au suffrage direct des adhérents donne un bon moyen de connaître le nombre réel des adhérents. Petit tour de France pour les quatre principaux partis.


yartiMathMi01On a beaucoup commenté le score qu’a obtenu Nicolas Sarkozy le 29 novembre 2014 lors de son élection à la présidence de l’UMP, en considérant qu’il était faible avec seulement 64,50%.

C’est vrai qu’il est très loin des 96,72% que vient d’obtenir la Chancelière allemande Angela Merkel le 9 décembre 2014 élue pour la huitième fois consécutive à la présidence de la CDU lors du 27e congrès de ce parti à Cologne (son meilleur score fut 97,94% le 4 décembre 2012 lors du congrès précédent à Hanovre).

Mais contrairement à son homologue français, la CDU n’a pas choisi sa dirigeante au scrutin direct mais seulement par le vote de 1 001 délégués (le mode de désignation des partis français d’il y a une vingtaine d’années), ce qui ne donne pas l’idée de l’importance militante du parti. Selon certaines statistiques, la CDU compterait près de 500 000 adhérents, mais rien n’indique s’ils sont "actifs" ou "dormants". Et contrairement à Nicolas Sarkozy, Angela Merkel n’avait en face d’elle …aucun concurrent !

Voici donc une présentation des "mathématiques militantes" en France. La plupart des partis politiques français, en effet, en tout cas, trois des quatre principaux sur l’échiquier électoral, ont adopté dans leurs statuts un mode de désignation de leur dirigeant très "Ve République", au scrutin universel direct des adhérents : l’UMP, le FN et l’UDI. Pour le PS, si Martine Aubry avait été "élue" au congrès de Reims en novembre 2008, avec les contestations que l’on connaît, ni Harlem Désir en 2012, ni Jean-Christophe Cambadélis en 2014 n’ont fait l’objet d’un vote sérieux des militants.


L’UMP

Comme je l’écrivais au début, on a pu ironiser du score de Nicolas Sarkozy avec seulement 64,5% des adhérents, alors qu’il est un ancien Président de la République. Le score est bas en comparaison avec sa première élection comme président de l’UMP le 28 novembre 2004 (succédant à Alain Juppé) où il avait obtenu 85,1% face à Nicolas Dupont-Aignan (9,1%) et Christine Boutin (5,8%).

De même, si l’on prend son score pour son investiture comme candidat de l’UMP, où il n’avait eu aucun concurrent, il avait obtenu 98,1% le 14 janvier 2007 (mieux que Angela Merkel ce mardi).

J’expliquais également précédemment que si l’on prenait le rapport des adhérents qui ont voté pour Nicolas Sarkozy le 29 novembre 2014 sur l’ensemble des adhérents (le corps électoral), cela donnerait une proportion finalement assez faible, légèrement supérieur au tiers, 37,3%, ce qui pourrait être décevant pour une personnalité ayant exercé la responsabilité suprême.

On pourrait également comparer avec les électeurs réels lors de scrutins nationaux, comme les deux dernières élections présidentielles ou les dernières élections nationales, à savoir les européennes : 3,9 millions de voix le 25 mai 2014, 9,8 millions de voix le 22 avril 2012 (16,9 millions le 6 mai 2012) et 11,4 millions de voix le 22 avril 2007 (19,0 millions le 6 mai 2007).

Cependant, il y a un autre moyen d’apprécier l’importance ou la faiblesse d’un tel score. C’est de bien scruter le nombre de voix réelles. En effet, les partis politiques ont tendance à communiquer leurs statistiques de manière généralement fantaisiste, autant que les syndicats le nombre de leurs manifestants dans une manifestation. Or, entre le nombre d’adhérents revendiqué et la réalité, il y a parfois un immense fossé. Les élections internes sont ainsi un bon moyen pour retrouver cette réalité : seuls me paraissent des adhérents réels ceux qui votent pour les (rares) élections internes dans leur parti.

En effet, il est assez difficile de comprendre qu’une personne encartée, donc engagée politiquement, civiquement sensibilisée, qui conçoit qu’il faut s’exprimer, aller voter, joue à l’abonné absent lorsqu’on lui propose de choisir ses dirigeants. Sauf si ce sont des "adhérents dormants", c’est-à-dire, des personnes qui sont vaguement encartées pour doper les statistiques (conjoint, parents, enfants, collaborateurs d’un adhérent "actif", etc.) mais ne se sentent pas vraiment concernées personnellement.

Donc, plutôt que ne regarder que les pourcentages, analysons aussi les nombres de voix réelles.

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Pour le scrutin du 29 novembre 2014 à l’UMP, le nombre de votants n’était pas négligeable dans le contexte politique actuel : 155 851 votants. Et Nicolas Sarkozy en a convaincu 100 159. Si l’on regarde les résultats du 28 novembre 2004, il y a dix ans, Nicolas Sarkozy avait obtenu …seulement 60 266 voix sur les 70 830 adhérents qui se sont exprimés. En clair, en dix ans, et malgré la candidature très dynamique de Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy a augmenté de près de 40 000 voix son résultat, ce n’est pas négligeable (+66,2%).

Certes, c’est bien moins que lors de sa consécration à la candidature UMP le 14 janvier 2007, avec 229 303 voix, mais l’époque était plus propice à l’engagement politique (les trois candidats Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou avaient en effet levé en 2007 de nouveaux bataillons de citoyens venus s’engager en politique, dynamique qui ne s’est pas reproduite en 2012).

Dans le scrutin du 29 novembre 2014, l’UMP avait 268 236 inscrits, mais seulement 155 851 ont pris la peine de voter (chez eux, sur Internet). Ce dernier nombre est donc plus proche de la réalité politique que le premier.

Ce nombre peut aussi être comparé avec le nombre de votants dans le précédent scrutin interne du 18 novembre 2012 qui opposa François Fillon à Jean-François Copé, et qui est estimé de 172 870 (version officielle des exprimés de la commission nationale des recours du 26 novembre 2012) à 175 982 (version des exprimés de François Fillon du 21 novembre 2012) en passant par 176 608 (version des votants de la commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales, 174 678 pour les exprimés). En clair, malgré les incertitudes qui demeureront toujours sur la réalité de ce scrutin très contesté, on peut quand même affirmer que le scrutin du 29 novembre 2014 a subi une érosion d’une vingtaine de milliers d’adhérents.


Le PS

Pour estimer la force militante du PS, c’est un peu plus difficile en l’absence de scrutin interne au suffrage direct. C’est qui est sûr, c’est que c’est la dégringolade rue de Solferino, à la mesure de la forte impopularité qui touche le pouvoir socialiste.

Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis l’a d’ailleurs implicitement reconnu lors de son émission "Le grand rendez-vous" sur Europe 1, iTélé et "Le Monde" du 30 novembre 2014 : le Parti socialiste n’aurait plus que 60 000 à 70 000 adhérents à jour de cotisation, soit bien loin des 160 000 initialement revendiqués.

La comparaison avec l’UMP est donc cruelle puisque l’UMP peut au moins s’enorgueillir de 155 851 adhérents actifs (réels).


Le FN

Avec le Front national (financé par la Russie, drôle de patriotisme), on descend tout de suite de catégorie : ce n’est pas un parti de masse et il ne l’a jamais été. Et l’on a des statistiques toutes fraîches puisque Marine Le Pen a été élue pour la seconde fois présidente du Front national le 30 novembre 2014 lors du congrès du FN à Lyon.

Les médias ont dit qu’elle avait reçu 100% des voix, ce qui est faux, même si, comme Angela Merkel, elle n’avait pas de concurrent. Elle a reçu en fait 99,92% des voix car 17 petits bulletins se sont portés …blancs. En nombre de voix, on est loin de Nicolas Sarkozy : 22 312 voix.

Loin aussi des 83 000 adhérents revendiqués, loin des 42 100 adhérents inscrits à ce scrutin interne, il n’y a eu que 22 329 adhérents qui ont concrètement voté, donc, qui sont des adhérents… réels.

Il est vrai que le 30 novembre 2014, il n’y avait pas de réel enjeu politique : Marine Le Pen cartonne dans les sondages, le FN a raflé un quart des voix et le tiers des sièges aux élections européennes du 25 mai 2014, même deux sénateurs aux sénatoriales du 28 septembre 2014, et la candidature de sa présidente le 22 avril 2012 a frôlé les 18%, ce qui était déjà pas mal : on comprend qu’aucune opposition ne pouvait sérieusement s’exprimer avec un bilan si élogieux (et je reviendrai sur la dernière élection législative partielle dans la circonscription de François Baroin).

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Prenons alors le scrutin beaucoup plus difficile du congrès précédent. C’était le congrès de la succession de Jean-Marie Le Pen, président depuis la création en 1972. L’enjeu était, pour le coup, de taille : le dauphin contre l’héritière. Bruno Gollnisch versus Marine Le Pen.

Marine Le Pen l’a alors emporté le 16 janvier 2011 au 14e congrès à Tours avec …67,6% des voix, soit le même score (grosso modo) que Nicolas Sarkozy en 2014. En nombre de voix, cela donnait 11 546 voix pour elle et 5 520 pour Bruno Gollnisch. Par comparaison, Bruno Le Maire a convaincu quatre fois plus de militants en 2014 que Marine Le Pen en 2011.

Dans le scrutin interne au FN du 16 janvier 2011, il y avait 22 403 inscrits et 17 127 votants. Cela veut dire qu’en trois ans, après tous les scrutins importants de 2012 et 2014, le FN n’augmente finalement que de 5 000 adhérents supplémentaires sa frappe militante, c’est assez faible pour un parti et une leader qui ont récolté 4,7 millions de suffrages au dernières élections nationales (le 25 mai 2014), et 6,4 millions de voix à l’élection présidentielle du 22 avril 2012.


L’UDI

L’Union des démocrates et indépendants a aussi très récemment renouvelé ses instances dirigeantes en raison du retrait de Jean-Louis Borloo. On voit que l’UDI a une force de frappe militante similaire à celle du FN. Le 13 novembre 2014, Jean-Christophe Lagarde a été élu président de l’UDI avec 53,5% des voix contre Hervé Morin. Le scrutin était assez serré (comme au premier tour) et personne ne pouvait raisonnablement donner un pronostic sûr.

Il y avait à l’UDI 28 755 inscrits mais les adhérents "actifs" sont ceux qui ont voté (par correspondance papier), à savoir 18 941 adhérents. C’est un peu moins que le FN de 2014, mais si l’on regarde bien, c’est légèrement supérieur au FN de 2011. Jean-Christophe Lagarde a obtenu un nombre de voix d’adhérents sensiblement identique à celui de Marine Le Pen le 16 janvier 2011, à savoir 10 040 voix.

Là aussi, on peut comparer ces nombres avec le nombre de voix reçu aux dernières élections nationales, les 1,9 million de voix obtenus aux européennes du 25 mai 2014 (il est en revanche difficile de faire des comparaisons avec les scrutins présidentiels puisque ceux qui ont rejoint l’UDI ont voté pour des candidats différents tant en 2007 qu’en 2012).

Pour terminer sur une anecdote, l’ancêtre de l’UDI, c’est-à-dire l’UDF, avait, comme l’UMP, également mis à sa tête un ancien Président de la République : le 30 juin 1988, Valéry Giscard d’Estaing était en effet élu président de l’UDF pour succéder à Jean Lecanuet. Mais il n’y a eu aucun vote à proprement parler, le conseil national l’avait en fait choisi par acclamation à l’unanimité des présents.


Transparence et démocratie dans les partis

On est désormais loin du temps des arrangements entre "délégués" et autres apparatchiks. Maintenant, la base de chaque parti vote systématiquement pour les dirigeants. C’est ailleurs un peu la raison d’un discours qui s’est radicalisé sur l’immigration et l’Europe même venant de personnalités modérées comme Bruno Le Maire, car l’électorat d’un parti, la base est généralement plus radicalisée que ses élus, plus entière, moins portée à freiner ses ardeurs naturelles.

Et bientôt, l’UMP, après le PS en octobre 2011, va organiser une primaire, probablement au printemps 2016, pour désigner son candidat à l’élection présidentielle de 2017 (le député de Boulogne-Billancourt Thierry Solère a été chargé de l’organiser).

Le choix des leaders et des candidats se fait maintenant de manière démocratique et la taille des bataillons devient par conséquent plus transparente que jamais. Cela contraint évidemment les responsables des partis à plus d’exigence et d’exemplarité.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 décembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
L’UMP.
Le PS.
Le FN.
L’UDI.
Nicolas Sarkozy.
François Hollande.
Marine Le Pen.
Jean-Christophe Lagarde.
Les leaders de demain.

yartiMathMi04
 


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mathematiques-militantes-160576

 



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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 00:13

Né en 1946, diplômé de philosophie et de sociologie, Jean-Marc Lech fut journaliste, recruté par Françoise Giroud pour "L'Express". Il dirigeait l'institut de sondages Ipsos pour lequel il a travaillé depuis 1982. Il était présent régulièrement à la télévision et à la radio pour commenter l'actualité politique.

SR

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28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 02:02

« Comme soldat, comme militant, comme parlementaire, comme ministre, comme juge constitutionnel, Pierre Joxe, que les observateurs de la politique connaissent pour sa raideur, sa droiture, sa dureté, son autorité un peu froide exprimée par un regard bleu sous une épaisse barre de sourcils touffus, avoue à la fin de sa vie politique un affreux doute. Ai-je bien agi, ai-je trop tordu mes convictions ? » (Patrick Cohen, le 5 février 2010 sur France Inter).




 


L'ancien ministre socialiste Pierre Joxe fête ses 90 ans ce jeudi 28 novembre 2024. La réputation de Pierre Joxe est la même que celle qu'avait aussi Louis Mermaz, un homme de conviction, raide, brut (pas brute), un mitterrandiste parmi les plus fidèles, tellement doctrinaire qu'il a écrit un livre intitulé "Cas de conscience" où il s'est interrogé sur les couleuvres qu'il a dû avaler tout au cours de sa vie politique.

Son physique a même aidé à le rendre raide, avec des sourcils épais propres à intimider, une silhouette plutôt grande à l'allure martiale. C'était un jeune combattant qui n'hésitait pas à hacher les adversaires. D'abord un technocrate, passé par l'ENA et dans la botte, à la Cour des Comptes, l'institution par excellence pour faire de la politique avec un salaire assuré même sans mandat électif (comme Jacques Chirac et François Hollande). Le monde politique, Pierre Joxe le connaissait bien sûr comme fils de son père, le ministre gaulliste Louis Joxe. C'est déjà un point d'ancrage : au contraire de la dynastie des Debré, Pierre Joxe n'a pas suivi son père, il était du côté des adversaires, de François Mitterrand qu'il a rencontré dès 1965 à sa première candidature présidentielle et l'engagement total au sein de la Convention des institutions républicaines, la CIR, petit club politique bien pratique pour faire de l'entrisme à gauche, puis au sein du PS avec la prise du congrès d'Épinay.

Il n'était pas commode, Pierre Joxe, et si on avait dit qu'il aimait la musique, qu'il jouait du piano, et même, plus tard, du violoncelle, on aurait peut-être compris qu'il n'était pas qu'un homme de lutte mais aussi un homme de goût.


Scout et protestant, comme Michel Rocard, professeur à l'IEP de Paris entre 1963 et 1973 (il a participé comme prof à mai 68), il était dirigeant du parti socialiste dès 1971 et chargé de recruter de nouveaux cadres. C'est lui qui a introduit Lionel Jospin, par exemple, et plus tard Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis. Pierre Joxe s'est fait élire député en mars 1973, à l'âge de 38 ans, début d'une carrière d'élu de Saône-et-Loire très intéressante : député de 1973 à 1993 (sauf lorsqu'il était au gouvernement), conseiller général de Saône-et-Loire en septembre 1973, adjoint au maire de Chalon-sur-Saône en mars 1977, député européen en novembre 1977, président du conseil régional de Bourgogne de 1979 à 1982, il s'est délocalisé à Paris, dans le douzième arrondissement, pour la conquête de Paris aux élections municipales de mars 1989 (contre Jacques Chirac), et a été élu conseiller régional d'Île-de-France en mars 1992 (jusqu'en mars 1993).

Pierre Joxe fait ainsi partie des militants historiques du socialisme mitterrandien, à l'instar de Louis Mermaz, Pierre Mauroy, Jean-Pierre Chevènement, Gaston Defferre, Charles Hernu, Roland Dumas, et quelques autres, qui ont bataillé à chaque congrès, qui ont passé des nuits blanches à rédiger d'insipides synthèses que personne ne lisait... mais pour un objectif tout de même : le pouvoir !

 


Après la victoire de François Mitterrand, Pierre Joxe a été bombardé Ministre de l'Industrie dans le bref premier gouvernement Mauroy, du 22 mai 1981 au 22 juin 1981. Il n'est pas resté au gouvernement afin de prendre la lourde responsabilité de la présidence du groupe PS à l'Assemblée Nationale, un groupe pléthorique, du 30 juin 1981 au 19 juillet 1984 (il a succédé à Gaston Defferre nommé au gouvernement). Ce poste était essentiel pour appliquer le programme socialiste et faire changer la vie, selon les prétentions de l'époque.

Dans son livre "Cas de conscience", Pierre Joxe a expliqué que François Mitterrand voulait faire adopter en 1982 une loi réhabilitant les généraux putschistes d'Alger. Pierre Joxe était absolument opposé à cette mesure qui donnait un cadeau à l'extrême droite. Mais le Président ne lui a pas donné la possibilité de s'y opposer en utilisant l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Il ne pouvait pas déposer ni voter une motion de censure contre son camp. Cette loi a d'ailleurs fait une grosse polémique politique et rappelait les origines très "Algérie française" de François Mitterrand.

Pierre Joxe a aussi été un combattant très actif lors de la bataille de l'école libre en 1984. Bataille qui a tourné au désastre à la fois électoral (aux élections européennes de juin 1984) et politique quelques jours plus tard, provoquant la démission du troisième gouvernement Mauroy.

Une nouvelle étape est alors arrivée pour le premier septennat socialiste, après le départ des ministres communistes. François Mitterrand a nommé Pierre Joxe Ministre de l'Intérieur, succédant encore à Gaston Defferre, du 19 juillet 1984 au 20 mars 1986 dans le gouvernement de Laurent Fabius, puis, après une période d'opposition sous la cohabitation (où il a retrouvé la présidence du groupe PS à l'Assemblée du 27 mars 1986 au 14 mai 1988), il est revenu Place Beauvau du 12 mai 1988 au 29 janvier 1991 dans le gouvernement Rocard.

Pierre Joxe a préempté le dossier corse alors que Michel Rocard voulait s'en charger à Matignon au même titre que la Nouvelle-Calédonie. Pierre Joxe a ainsi fait adopter le statut de collectivité territoriale de Corse en 1991. En 1985, il aurait été à l'origine des fuites qui ont nourri l'affaire du Rainbow Warrior pour mettre en difficulté un rival mitterrandien, son collègue de la Défense Charles Hernu, obligé de démissionner le 20 septembre 1985.

 


Lors d'un des congrès les plus difficiles du PS, le congrès de Rennes en 1990, Pierre Joxe a soutenu la motion défendue par Louis Mermaz avec Jacques Delors et Charles Hernu pour éviter la guérilla urbaine entre les deux mitterrandistes Lionel Jospin et Laurent Fabius.

Après la démission de Jean-Pierre Chevènement opposé à la guerre du Golfe, Pierre Joxe lui a succédé au Ministère de la Défense du 29 janvier 1991 au 9 mars 1993, dans les gouvernements de Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy qui l'a remplacé quelques jours car il a quitté le gouvernement avant sa démission effective.

En effet, prévoyant un échec historique du PS aux élections législatives de mars 1993, Pierre Joxe a réussi à se trouver un plan de sauvetage des plus prestigieux, en devenant le Premier Président de la Cour des Comptes du 13 mars 1993 au 12 mars 2001. À l'instar d'autres politiques, sa présence à la tête de l'institution avait toutefois une justification professionnelle puisqu'il faisait déjà partie de la maison en tant que conseiller référendaire.


Le voilà donc à l'abri des intempéries électorales. Pas tout à fait : après l'abandon de Jacques Delors, qu'il soutenait, pour l'élection présidentielle de 1995, Pierre Joxe a fait partie des possibles autres candidats socialistes, pour l'honneur, à cette élection perdue d'avance, au même titre que Robert Badinter, etc.

Les honneurs de la République se sont poursuivis avec sa nomination au Conseil Constitutionnel, poste pourvu par le Président de l'Assemblée Raymond Forni. Pierre Joxe y a siégé de mars 2001 à mars 2010, et a tenté de faire évoluer les procédures du Conseil Constitutionnel, notamment pour inscrire, quand un avis n'est pas consensuel, une justification pour l'option minoritaire qui n'a pas été retenue, comme cela se passe dans les cours suprêmes de certains pays. Son père aussi avait siégé au Conseil Constitutionnel de novembre 1977 à mars 1989.

Ayant retrouvé sa "liberté" en 2010, avec la possibilité de reprendre l'expression politique, Pierre Joxe a préféré s'inscrire comme avocat au barreau de Paris puis de Seine-Saint-Denis pour assister des mineurs impliqués dans des procédures judiciaires.

 


Au-delà de la rédaction de quelques ouvrages (une quinzaine au total), Pierre Joxe a pris quelques positions politiques, notamment en soutenant le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon en 2008 et en parrainant Arnaud Montebourg en 1997 dans son département de Saône-et-Loire. On a même dit qu'Arnaud Montebourg était un enfant caché de Pierre Joxe, ce qui a fait rigoler l'ancien ministre de l'économie : « Un jour, Pierre Joxe, qui n'est pas un rigolo, m'a convoqué dans son antre pour me dire avec cérémonial : je ne connais pas madame votre mère. ».

Pierre Joxe a soutenu le non au référendum sur le TCE du 29 mai 2005. Il s'est opposé fermement au projet de déchéance de nationalité de François Hollande en décembre 2015 et a soutenu Jean-Luc Mélenchon en 2019 dans ses mésaventures judiciaires. Dans les années 2010, on le retrouvait cependant plus souvent dans des salons du livre que dans des meetings politiques.


Le 18 décembre 2014 sur Mediapart, il s'est aussi opposé vivement à la loi Macron : « La gauche dans son programme n’a jamais envisagé des réformes du droit du travail du genre de celles qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour (…). Aujourd’hui, on est à contre-emploi de notre histoire. Cette phase éberlue n’importe qui.». Il s'en était expliqué : « Aujourd’hui, on assiste à une déconstruction. Ce n’est pas une démolition, c’est un effritement. Il y a une accélération récente et je pense qu’on va en parler avec cette loi. Elle concerne souvent le droit du travail mais n’associe même pas le ministre du travail ! C’est une situation juridique étrange. Le droit du travail est un droit qui ne donne pas la priorité au contrat mais qui dit que la loi s’impose au contrat : c’est la loi qui protège car le contrat peut asservir, sauf justement s’il respecte la loi. Or nous assistons à un autre mouvement, un mouvement inverse qui veut rendre au contrat la place qui a justement été conquise par le droit du travail et les mobilisations sociales. ».

Il a fait aussi l'analogie avec 1956 : «En 1956, on a voté Mendès France, on a eu Guy Mollet. ». Il aurait pu dire ainsi : "en 2012, on a voté Hollande et on a eu Valls" ! C'est ainsi qu'il faut comprendre son incompréhension en évoquant la primaire socialiste d'octobre 2011 : « Les conditions dans lesquelles fonctionne le gouvernement actuel sont surprenantes, puisque le PS avait choisi un candidat parmi trois. Il y en avait un seul qui avait eu un résultat très faible dans l’investiture primaire, c’était Manuel Valls avec 5%. Évidemment, deux ans après, quand il gouverne la France, beaucoup de gens sont surpris… ».

Dans le contexte de MeToo, une écrivaine, Ariane Fornia, fille de l'ancien ministre Éric Besson, a accusé le 19 octobre 2017 Pierre Joxe de l'avoir agressée sexuellement en 2010. Non seulement ce dernier a vivement démenti les accusations mais a assigné son accusatrice en diffamation. Les deux affaires ont été jugées en 2022 sans vraiment départager qui avait tort ou raison puisque la diffamation n'a pas été retenue par la Cour de Cassation mais l'enquête sur les faits d'agression a été classée sans suite.

 


En tant que mitterrandiste historique, Pierre Joxe a toujours défendu la mémoire de François Mitterrand et sa place (grande selon lui) dans l'histoire politique de la France. Il a rappelé d'ailleurs, le 11 juillet 2002 dans une Lettre de l'Institut François-Mitterrand, ses déconvenues sous la Quatrième République : « François Mitterrand, qui fut l'un des plus brillants parlementaires de la IVe République, ne fut jamais Président du Conseil mais, sans doute pour avoir été alors un parlementaire frustré, devint, sous la Ve, un Président comblé. Quatorze ans à l'Élysée ! Une demi-douzaine de Premiers Ministres ! Quelle revanche... Je ne chercherai pas ici à expliquer l'inexplicable. Pourquoi Mitterrand ne fut jamais appelé à Matignon où se succédèrent, entre 1946 et 1958, certes bien des médiocres, mais aussi presque tous les députés de valeur : Bidault, Ramadier, Mollet, Faure, Gaillard, Pflimlin, même Mendès France, si jalousé, d'autres encore, sauf Mitterrand. Beaucoup de ceux qui s'expriment aujourd'hui à son propos oublient ce paradoxe, dont je me suis souvent entretenu avec lui. Lorsque la IVe mourut, il entra dans une opposition absolue et presque hautaine envers le nouveau régime, issu d'un putsch. Peu d'opposants le furent autant que lui. Peu reçurent comme lui des offres d'accommodements, séduisantes pour certains, qui y cédèrent, mais dédaignées par lui, comme par Pierre Mendès France. Son intransigeance sembla le marginaliser, mais elle finit par faire de lui un symbole et le transforma soudainement en recours, en septembre 1965, quand Defferre eut renoncé à affronter De Gaulle pour la première élection présidentielle au suffrage direct. Alors que l'opposition de Mendès aux institutions lui faisait écarter l'idée même de cette élection, Mitterrand découvrit soudain que sa pugnacité de parlementaire, sous-employée dans le Parlement désarmé, pouvait faire merveille devant cette nouvelle opinion publique dilatée par les référendums gaullistes et transposée par l'élection présidentielle. ».

Je trouve cependant que Pierre Joxe a refait l'histoire car la Cinquième République n'est pas venue d'un putsch. Au contraire, De Gaulle avait voulu reprendre le pouvoir selon les règles parlementaires et constitutionnelles et tout s'est passé selon ces règles. De plus, l'injustice d'un François Mitterrand jamais appelé à Matignon n'était pas mystérieuse ni anti-personnelle : il représentait un très petit groupe de députés, ceux de l'UDSR, indispensable pour constituer une majorité mais qui n'avait pas vocation à diriger le gouvernement. Si François Mitterrand avait fait la politique au sein du parti radical, au sein de la SFIO ou même au sein du MRP, il aurait probablement été Président du Conseil avant 1958.



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 novembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Louis Joxe.
Pierre Joxe.
André Chandernagor.
Philippe Séguin.
Didier Migaud.
Pierre Moscovici.

La bataille de l'école libre en 1984.
Bernard Kouchner.
Hubert Curien.
Alain Bombard.
Danielle Mitterrand.
Olivier Faure.
Lucie Castets.

Didier Guillaume.
Bernard Cazeneuve
Gabriel Attal.
Élisabeth Borne.
Agnès Pannier-Runacher.
Sacha Houlié.
Louis Mermaz.
L'élection du croque-mort.
La mort du parti socialiste ?
Le fiasco de la candidate socialiste.
Le socialisme à Dunkerque.
Le PS à la Cour des Comptes.















https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-45219456.html




 

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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 18:32

La majorité sénatoriale sortante a perdu 27 sièges au profit du centre et de la droite. Gain de 23 pour l’UMP et l’UDI et (c’est historique), élection de 2 candidats du FN.


yartiSenatorials2014A01Les élections sénatoriales du 28 septembre 2014 ont constitué un nouveau désaveu pour le pouvoir socialiste avec la perte de la majorité à gauche du Sénat gagnée en 2011. Troisième désaveu des urnes en six mois.

L’UMP et l’UDI ont en effet reconquis la majorité absolue des sièges au Sénat et l’un des faits marquants est évidemment l’entrée historique de deux sénateurs issus du Front national, David Rachline, maire FN de Fréjus, qui devrait être le benjamin du Sénat, et Stéphane Ravier, maire FN du 7e secteur de Marseille.

Cette double élection contredit les éléments de langage du PS qui laissent entendre que ces résultats ne sont que la conséquence mécanique des résultats des élections municipales de mars 2014, notamment parce que 83 185 grands électeurs sur les 87 625 au total (soit 95%) sont des délégués des communes. En ne prenant en compte que l’effet des municipales, jamais un membre du FN n’aurait été élu aux sénatoriales, les candidats élus ont donc réussi à convaincre des grands électeurs au-delà de la seule sphère municipale du FN.

De même, si l’UMP a regagné de nombreuses positions, ou même en a préservé malgré le passage d’un scrutin majoritaire au scrutin proportionnel, dans certains départements à grandes agglomérations urbaines, le succès est mitigé comme aux Bouches-du-Rhône et en Gironde où l’UMP n’obtient que 3 élus comme dans l’ancien Sénat. L’une des explications de Philippe Marini serait que les grands électeurs ont émis également un vote de défiance vis-à-vis des métropoles.

Il faut rappeler en effet que non seulement le PS s’effondre, mais cela malgré un changement de mode de scrutin qui a favorisé le PS en multipliant le nombre de départements avec scrutin proportionnel et le nombre de délégués issus des grandes agglomérations. Le nouveau Sénat représente donc beaucoup plus la France urbaine que la France rurale par rapport au précédent Sénat.

Dans le Sénat sortant, il y avait 21 sénateurs PCF (dont 6 renouvelables), 128 sénateurs PS (dont 65 renouvelables), 10 sénateurs écologistes (dont aucun renouvelable), 19 sénateurs RDSG (ex-Gauche démocratique, dont 12 renouvelables), 31 sénateurs UDI (dont 13 renouvelables), 130 sénateurs UMP (dont 77 renouvelables) et 5 sénateurs NI (dont 3 renouvelables). En tout 178 sièges étaient à pourvoir sur les 348 que compte au total le Sénat.

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Le Président du Sénat sortant, Jean-Pierre Bel, avait annoncé le 5 mars 2014 qu’il ne serait pas candidat à sa réélection comme sénateur, ce qui laissait ouverte également sa succession à la tête de la Haute assemblée.

Parmi les sénateurs sortants qui ne se sont pas représentés, on peut citer : Pierre-Bernard Reymond, Jean-Pierre Bel, René Garrec, Nicolas Alfonsi, Jean-François Humbert, Jean Besson, Edmond Hervé, Roland Ries, Francis Grignon, Guy Fischer, Muguette Dini, Jean-Jacques Pignard, Jean-Paul Amoudry, Pierre Hérisson, Patrice Gélard, Marcel Deneux, François Trucy, René Beaumont, Jean-Claude Merceron, Christian Poncelet et Jean-Pierre Chevènement.

Parmi les candidats qui ont échoué à ces élections sénatoriales, Jean-Michel Baylet, président du PRG et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, candidat à la primaire socialiste en octobre 2011, dont l’échec était inattendu et symptomatique d’un rejet de la figure d’élu cumulard qui a milité activement contre la réforme territoriale et qui aurait voulu faire partie du nouveau gouvernement.

Parmi les surprises, il y a la réélection de Samia Ghali, donnée perdante, qui avait été candidate à la primaire socialiste pour les municipales à Marseille (face à Patrick Mennucci), et l’élection de trois élus de la liste du sortant (ex-PS) Jean-Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Tandis que l’ancienne sous-ministre Anne-Marie Escoffier a échoué dans l’Aveyron, ainsi que Jean-Pierre Michel, l’un des partisans les plus fermes du mariage gay, et également l'ancien sous-ministre Thierry Repentin.

Dans les victoires, on peut citer (x : réélus) le succès de Claude Malhuret, Dominique Estrosi Sassone, Philippe Adnot (x), François Baroin, Jean-Claude Gaudin (x), Sophie Joissains (x), Stéphane Ravier, Samia Ghali (x), Jean-Noël Guérini (x), Jean-Léonce Dupont (x), Jacques Mézard (x), François Patriat (x), Didier Guillaume (x), Ladislas Poniatowski (x), Hervé Maurey (x), Philippe Madrelle (x), Jean-Pierre Grand, Robert Navarro (x), Fabienne Keller (x), Jean-Marie Bockel (x), Gérard Collomb (x), Michel Mercier, Alain Joyandet, Jean-Claude Carle (x), Catherine Morin-Desailly (x), Yvon Collin (x), David Rachline, Hubert Falco (x), Jean-Pierre Raffarin (x), Henri de Raincourt (x), Aymeri de Montesquiou (x), Jean-Pierre Vial (x) et Michel Bouvard.

Le groupe UDI qui avait 31 élus en a au moins sept de plus avec l’élection des nouveaux sénateurs suivants : Jean-Claude Luche (Aveyron), Claude Nougein et Daniel Chasseing (Corrèze : l’UDI "rafle" tous les sièges corréziens au PS, dont le maire de Tulle était l’un des candidats), Anne-Catherine Loisier (Côte-d’Or), Michel Canevet (Finistère), Claude Kern (Bas-Rhin), Loïc Hervé (Savoie), dont je salue l’élection, Annick Billon (Vendée), Philippe Bonnecarrère (Tarn), et Jean-Marc Gabouty (Haute-Vienne) et Olivier Cadic (Français de l’étranger).

Ancien Ministre de la Justice, Michel Mercier expliquait dans l’après-midi à Public-Sénat que l’UDI ferait de l’opposition constructive, comme « la vieille devise de l’action catholique : voir, juger, agir ».

Par ailleurs, Christian Trovadec, l’un des porte-parole des bonnets rouges, a échoué dans sa tentative sénatoriale en Bretagne.

Au total, sans prendre en compte 4 sièges en Outremer, le nouveau Sénat devrait être composé de 18 PCF (-3), 112 PS (-16), 10 EELV (-), 11 RDSE (-8), 37 UDI (+6), 147 UMP (+17), 3 NI (-2) et 2 FN (+2), ainsi que des 3 élus de la liste Guérini. Comme on le voit, le total UMP et UDI atteindrait (au moins) 184 sièges, soit nettement plus que la majorité absolue (175).

Il ne fait donc aucun doute que le futur Président du Sénat sera un élu UMP. Comme lors de la succession de Christian Poncelet en 2008, trois sénateurs UMP sont candidats à la candidature UMP : Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher (qui fut Président de 2008 à 2011) et Philippe Marini. Ils seront départagés le mardi 30 septembre 2014 par un vote au sein de leur groupe. Didier Guillaume devrait être le candidat du PS. L’élection du Président du Sénat aura formellement lieu le mercredi 1er octobre 2014.

Le Sénat, comme toutes les autres institutions de la République, évolue comme la société. En 2011, le Sénat avait élu un Président socialiste, et en 2014, les grands électeurs ont élu deux sénateurs issus du FN. Avec les deux députés FN élus en juin 2012, c’est donc de quatre parlementaires que le FN dispose pour influer sur la vie politique nationale. De là à imaginer une majorité FN


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rentrée pourrie à l’Élysée.
Les municipales de mars 2014.
Les européennes de mai 2014.
Jean-Pierre Bel.
Jean-Pierre Raffarin.
Gérard Larcher.
Christian Poncelet.
Jean-Michel Baylet.
UMP.
UDI.
Résultats officiels (Ministère de l'Intérieur).


yartiSenatorials2014A03



http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/senatoriales-2014-le-ps-s-efface-157390







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10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 12:37

Le futur Président de la Commission Européenne pour 2014-2019 a rendu public le choix de la composition de la Commission. Cinq anciens Premiers Ministres y figureront, et seulement neuf femmes. Pierre Moscovici, ancien Ministre français des Finances, sera chargé du même domaine sur le plan européen malgré les réticences allemandes sur son efficacité.

Voici l'organigramme officiel de la Commission Juncker :

blogCommissionJuncker20140910


Source :
http://ec.europa.eu/about/juncker-commission/images/structure/organigramme_810_en.jpg


SR

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