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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 02:37

Dans le sondage réalisé par l'IFOP pour "Le Figaro" publié le 5 septembre 2014, les intentions de vote ont été estimées dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, avec trois cas pour le candidat UMP (Fillon, Juppé, Sarkozy) et un seul cas pour le candidat PS, à savoir François Hollande. Dans tous les cas, Marine Le Pen se retrouverait en première position au premier tour entre 28 et 32%. Le candidat UMP se trouverait en deuxième position, mais dans le cas de François Fillon, c'est à égalité avec François Hollande qui feraient tous les deux 17% tandis que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé distanceraient largement François Hollande avec 8 à 9% d'écart. François Bayrou garderait un solide niveau électoral entre 11 et 14% et Jean-Luc Mélenchon resterait à 10%. Au second tour, c'est sans doute l'information capitale, car c'est la première fois qu'un sondage donne un tel résultat, Marine Le Pen battrait François Hollande, largement (54%-46%). En revanche, elle serait battue encore plus largement par un candidat UMP, le meilleur étant Alain Juppé (64%-36%). En cas de duel entre un candidat UMP et François Hollande, ce dernier serait largement battu, lui-même recueillant seulement entre 34 et 39%.

Cliquez sur le lien pour télécharger l'étude originale (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2755-1-study_file.pdf


Deux autres sondages plus qualitatifs réalisés par l'IFOP publiés les 7 et 8 septembre 2014, respectivement pour "Le Journal du Dimanche" et pour le site Atlantico.fr, ont précisé les raisons de la très grande impopularité du Président François Hollande.

Cliquez sur le lien pour télécharger le sondage IFOP du 7 septembre 2014 (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2756-1-study_file.pdf


Cliquez sur le lien pour télécharger le sondage IFOP du 8 septembre 2014 (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2757-1-study_file.pdf


SR

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 02:37

L'ancienne compagne du Président François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, a rédigé un livre intitulé "Merci pour le moment" publié le 4 septembre 2014 où elle raconte sa vie élyséenne de 2012 à 2014 ainsi que sa relation avec François Hollande de 2005 à 2014. Elle y relate en particulier certains traits de caractère peu complaisants du Président de la République qui, selon elle, mépriserait les pauvres au point de les surnommer les "sans-dents", ce qui a choqué beaucoup de monde (en particulier sur Internet). Le livre connaît un très grand succès commercial.

SR

Broché: 320 pages
Editeur : ARENES EDITIONS (4 septembre 2014)
Collection : POLITIQUE ACTUS
Langue : Français
ISBN-10: 2352043859
ISBN-13: 978-2352043850
Dimensions du produit: 21,8 x 14,4 x 2,8 cm

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 02:37

Dans le sondage réalisé par TNS-SOFRES pour "Le Figaro Magazine" publié le 4 septembre 2014, la popularité des principaux leaders politiques a été testée. François Hollande a atteint le plancher historique avec seulement 13% des sondés qui lui feraient confiance (85% pas confiance), et Manuel Valls s'effondrerait avec seulement 30% de confiance (65% pas confiance), alors qu'il partait de 46%. Depuis le cinquième mois de son mandat, François Hollande est le Président de la République le plus impopulaire de l'histoire, et Manuel Valls le Premier Ministre le plus impopulaire au cinquième mois d'exercice. Parmi les autres personnalités politiques, leur cote d'avenir a été évaluée. Alain Juppé serait le plus populaire avec 39% suivi de ...Najat Vallaud-Belkacem qui, avec 32%, a fait un bond de 8% comme effet de sa nomination à un grand ministère. Ensuite viendraient François Bayrou (31%) et Martine Aubry (30%), comme les deux protagonistes de 2007, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (en chute). François Fillon aussi serait en baisse avec 28%. Marine Le Pen (26%), Arnaud Montebourg (24%) et Jean-Luc Mélenchon (22%) seraient également en chute. Jean-François Copé (12%) serait au même niveau que Pierre Moscovici (14%). Le seul leader UMP en hausse serait Bruno Le Maire (16%) qui tente actuellement d'entreprendre une démarche politique focalisée sur les sympathisants de l'UMP.

Cliquez sur le lien pour télécharger l'étude originale (fichier .pdf) :
http://www.tns-sofres.com///sites/default/files/2014.09.04-baro-figmag.pdf


SR

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 07:23

Les lendemains d’élections sont parfois ahurissants. Les secousses sismiques provoquent généralement des répliques qui peuvent être parfois aussi destructrices que la première onde de choc. Le film "The Day After" (en français "Le Jour d’après") est sorti le 25 janvier 1984 en France, juste au début de la "fièvre FN".


yartiTheDayAfter01L’image de la classe politique est désastreuse. Le fait que les Français se soient ou abstenus massivement ou déportés pour une grande partie d’entre eux, en tête dans plus des deux tiers des départements, vers un parti comme le Front national montre avant tout que les partis traditionnels, et surtout les deux grands partis de gouvernement, le PS et l’UMP, sont complètement discrédités aux yeux de leur propre électorat.


Le PS et François Hollande

L’effondrement du PS à moins de 14% est un véritable cataclysme, tant sur le plan national que sur le plan européen.

Comment le Président François Hollande pourrait-il avoir de l’influence auprès de la Chancelière Angela Merkel ? Car c’est bien ces relations-là dont il faut parler, alors que cette dernière a derrière elle environ deux tiers des électeurs allemands (la CDU et le SPD sont en grande coalition au sein du gouvernement actuel) et le représentant de la France bénéficie du soutien de moins d’un septième des électeurs français. Et si l’on prend les résultats par rapport aux inscrits, cela signifie qu’il n’y a eu que 6% du corps électoral qui ont daigné soutenir le parti présidentiel aux affiches beaucoup trop roses ! François Hollande se fera-t-il bientôt appeler "Monsieur 6%" ?

En politique intérieure, on peut douter sérieusement de sa capacité à engager (et à réussir) d’ambitieuses réformes de structures, et par commencer, celles des régions et des départements dont les effets sur les finances publiques ne se feraient de toute façon pas sentir avant une bonne décennie (toute réforme de structure aura d’abord un coût pour tout réadapter, et les économies seront visibles bien plus tard).

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François Hollande a prononcé une courte allocution télévisée aux Français le soir du lundi 26 mai 2014 et même si elle a été enregistrée (en laissant d’ailleurs un énorme lapsus sur les partis antieuropéens), cette prestation est sans doute l’une des meilleures depuis deux ans dans la forme : cadre très présidentiel dans la bibliothèque de l’Élysée avec les drapeaux tricolore et européen (cela fait plus penser au portrait officiel de Nicolas Sarkozy que de François Mitterrand), assis, bien posé et l’air déterminé, les mains placées comme celles de François Mitterrand. Nettement meilleure, sur la forme, que l’allocution froide et mécanique, robotisée presque, de son Premier Ministre Manuel Valls la veille.

Pourtant, sur le fond, rien de vraiment satisfaisant n’a été dit. Rien qui puisse apaiser, rassurer, consoler les Français, leur redonner confiance en l’avenir, en leur force, redonner espoir. Rien pour ceux qui ont peur d’une telle montée du FN, rien non plus pour ceux qui ont voté pour le FN et qui ne sont, bien sûr, pas d’extrême droite, pas tous du moins !

Car son discours présidentiel est trop rodé, trop connu pour qu’il fonctionne encore. Il a eu de la chance, la seule fois où il a marché, c’était pendant la campagne présidentielle, ce qui l’a fait élire. Dire qu’il demandera au Sommet européen de Bruxelles (de ce mardi) plus de croissance, c’est se moquer du monde : il le disait déjà en 2012 lorsqu’il annonçait qu’il allait renégocier le TSCG et il l’a encore répété souvent à propos de la croissance, de manière tout aussi inefficace, et rien n’en sort parce que depuis deux ans, la France n’a plus aucun crédit politique et économique auprès de ses partenaires qui ont du mal à suivre le cheminement et les tâtonnements hollandiens de la politique française.

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De même, cela fait depuis le 14 janvier 2014 qu’il a parlé de grandes réformes, des économies de 50 milliards d’euros (ce n’est pas rien même si, à mon sens, c’est insuffisant), de pacte de responsabilité, et toujours rien, cinq mois plus tard, aucun projet déposé, aucune réalisation amorcée ! Pendant ce temps, le chômage continue à casser des vies, la précarité et la pauvreté gagnent du terrain et l’urgence sociale pourtant tant décrétée ne se manifeste pas sur le plan des actes, du concret.


L’UMP

On aurait pu imaginer qu’avec une telle incapacité à gouverner, un tel effondrement du parti présidentiel, le principal parti d’opposition fût à la hauteur de l’enjeu national dans sa capacité à redonner un peu d’espoir à des citoyens déboussolés.

Eh bien, pas du tout. En chutant de près de 8%, submergeant laborieusement au-dessus de la barre des 20%, l’UMP n’est pas du tout le réceptacle de l’opposition réelle dans le pays. Pour au moins trois raisons.

La première concerne les affaires financières qui se sont précipitées ce lundi 26 mai 2014 : perquisitions au siège de l’UMP mais aussi aveux du côté d’une société de prestation de communication de fausses factures à l’UMP pour éviter de trop charger la barque des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Aveux prononcés par un nouvel élu européen (on se demande quel sera son crédit auprès de ses collègues européens), un homme très proche de Jean-François Copé qui avait suscité beaucoup de détestation en 2012 de la part des fillonistes. On peut comprendre en tout cas pourquoi il ne fallait surtout pas que François Fillon présidât l’UMP juste après cette boulimique campagne présidentielle.

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La justice dira si Jean-François Copé voire Nicolas Sarkozy étaient au courant ou pas de cette affaire de dépassement de comptes de près de la moitié du plafond autorisé (cela implique des montants très élevés, 10 à 11 millions d’euros). Il est en tout cas assez probable que cette plombera toute velléité de candidature à l’élection présidentielle en 2017 pour ces deux personnalités, quelle qu’en soit leur part de responsabilité.

La deuxième raison est le fait que l’UMP n’a plus de leader incontestable depuis l’échec du 6 mai 2012. La rivalité entre Jean-François Copé et François Fillon ne doit pas non plus cacher les appétits des suivants, François Baroin, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciosko-Morizet, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, voire d’autres comme Guillaume Peltier, et aussi… Alain Juppé dont la stature politique pourrait rassurer, dans le rôle du "vieux sage".

Si Jean-François Copé avait finalement gagné la partie (et le parti) en janvier 2013, François Fillon a remporté la seconde manche au cours du bureau politique de ce 27 mai 2014 : la démission de Jean-François Copé et de toute la direction de l’UMP était inévitable dans un tel contexte d'embrasement électoral. Le risque d’être supplanté par le FN dans le leadership de l’opposition est désormais réel.

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Voici maintenant François Fillon à la tête de l’UMP, dans une direction collégiale aux côtés de deux autres Premiers Ministres, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. L’essentiel se déroulera le 12 octobre 2014 (date qui semble avoir été arrêtée) au cours d’un congrès extraordinaire qui désignera le nouveau président de l’UMP …par les militants (et pas les sympathisants).

Or, Guillaume Peltier a déjà annoncé que la question des idées devrait l’emporter, à ce congrès, sur la question des personnes. À la tête d’un courant qui a obtenu la majorité relative lors du précédent congrès en novembre 2012, Guillaume Peltier serait en mesure de mettre en difficulté les leaders potentiels de son parti grâce à son grand potentiel militant (lui est capable de mobiliser les jeunes de l’UMP).

Et c’est la troisième raison de la déconfiture de l’UMP, raison principale à mon avis, c’est que l’UMP n’a toujours pas de ligne politique claire. Tanguant entre une alliance avec les centristes (Alain Juppé, NKM, Benoît Apparu, etc.) et des thèses très proches du FN (Guillaume Peltier, Thierry Mariani, etc.), c’est l’avenir même de l’UMP qui est en jeu pour ce congrès.

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On a trop tendance à oublier que la disparition d’un grand parti (du moins, sa transformation en petit parti) peut se faire très rapidement. Pour en prendre conscience, il suffit de revoir l’histoire politique du Parti communiste français (PCF), mais aussi du Parti radical, principal parti de la IIIe République, du Mouvement républicain populaire (MRP), très en vogue sous la IVe République, etc. La disparition électorale de l’UMP peut très bien s’envisager, coincée entre un FN grossissant et un centre renaissant qui a réussi une petite performance dimanche dernier même s’il n’a pas finalement franchi la barre des 10%.

L’idée d’Alain Juppé, de Jean-Pierre Raffarin, et aussi de François Fillon, c’est de revenir à l’esprit de l’UMP de 2002, à savoir, un véritable rassemblement des gaullistes et des centristes, alors que depuis 2004, avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy, poursuivie en 2012 par Jean-François Copé, l’UMP a prôné des idées particulièrement droitières qui ne pouvaient qu’éloigner les centristes et dont le sommet fut le discours de Grenoble du 30 juillet 2010 influencé par un conseiller sulfureux.

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Le problème majeur de l’UMP, c’est que les adhérents, très clivés, sont probablement très majoritairement contre cette désarkozysation ou décopéisation de la philosophie générale l’UMP, d’autant plus qu’avec un FN à 25%, la tentation est grande de vouloir faire du zèle sur les thèmes porteurs du FN (ce zèle se traduit cependant par la justification du FN et sa consolidation programmatique et électorale).


Ils n’ont rien compris !

Que ce soit au PS qu’à l’UMP, les premières journées postélectorales montrent à l’évidence qu’ils n’ont rien compris. "Ils", ceux, de cette classe politique, qui sont tant discrédités que leurs électeurs potentiels ont préféré s’abstenir plutôt qu’éviter la vague FN tant annoncée pendant des semaines et même des mois dans les sondages et les médias.

À tel point que c’est peut-être le seul élément que je retiendrais de ces résultats des élections européens sur le plan intérieur : ce qui est grave, ce ne sont pas les électeurs qui ont voté pour le FN. La France est un pays démocratique et tout vote est respectable puisque tous les partis qui participent aux élections sont légaux. La plupart de ces électeurs (pas tous) ont trouvé ainsi le moyen d’exprimer leur colère, tant contre les partis de gouvernement que contre une Europe dont ils n’ont pas compris l’intérêt pour eux, pour leur famille, pour leur nation.

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Ce qui est grave, à mon sens, ce sont tous les autres, pas les électeurs, mais les abstentionnistes qui ne se sont pas mobilisés pour éviter justement que le FN prenne la tête du scrutin. Les sondages l’avaient annoncé, donc, non seulement cette "prophétie" s’est réalisée (pour une fois, saluons les bonnes tendances des sondages), mais elle s’est même nettement amplifiée !


L’unité nationale, plus nécessaire que jamais

Nous ne sommes plus au printemps 2002 où un cordon sanitaire était encore possible et la mobilisation des foules rassurante. Ce large abstentionnisme est, là aussi, la démonstration que Marine Le Pen a réussi en trois ans (c’est court) son premier pari, celui de dédiaboliser définitivement son parti pour en faire un parti fréquentable… sans changer un seul iota de son idéologie !

Et le corollaire est le suivant : quel électeur de l’UMP irait voter en 2017 pour François Hollande s’il affrontait au second tour Marine Le Pen ? Car cette configuration devient désormais plausible avec l’absence de leadership à l’UMP aujourd’hui.

La faille fut dès mai 2002 quand Jacques Chirac, élu par plus d’électeurs de gauche que d’électeurs de droite, n’a pas su écouter la colère ou la peur du peuple en continuant à faire de la politique comme avant, comme s’il ne s’était rien passé.

Ce qu’il manque depuis 2002, et c’est ce que François Bayrou a inlassablement répété depuis plus de dix ans, c’est que toute la classe politique laisse de côté les ambitions personnelles, et se mette à travailler ensemble pour réaliser les réformes structurelles nécessaires au pays de manière concertée, collégiale et durable.

Quand une maison est en feu, on ne cherche pas les responsabilités dans une première urgence (d’ailleurs, on les connaît à peu près). On ne demande pas qu’à une seule catégorie de pompiers d’éteindre l’incendie. On demande à tous les présents de participer à l’effort commun pour que le feu soit contrôler.

Le feu, aujourd’hui, c’est le chômage. Et tous les responsables politiques, parce qu’ils sont responsables, doivent concentrer leur action dans cette unique optique. Hélas, je doute que celui, le seul, qui est en capacité institutionnelle de construire cette unité nationale, François Hollande, ait bien compris que le feu arrive maintenant à son bureau…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 mai 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Résultats des élections européennes 2014.
Marine Le Pen.
François Hollande.
Syndrome bleu marine.
François Fillon.
Alain Juppé.
Jean-François Copé.
François Bayrou.
Unité nationale.
Quel est le programme du FN ?

yartiTheDayAfter04 

 


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/europeennes-2014-en-france-the-day-152530

 

 



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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 07:43

Cette année, la "moisson" des poissons a été particulièrement prolifique…


yartiPoisson201401Chaque année, les médias s’amusent généralement à délivrer un certain nombre d’informations étonnantes qu’on appelle plus communément poissons d’avril et qui ne sont en fait que des canulars censés faire sourire sinon rire. Et l’édition de ce 1er avril 2014, particulièrement féconde, s’inscrit bien dans cette tradition. Ces poissons sont d’ailleurs tellement gros que la plupart étaient faciles à "démasquer".

Je vais donc des passer en revue les différents poissons d’avril que j’ai détectés (il y en a certainement qui m’ont échappé), en indiquant entre crochets leur origine ou l’une des sources de diffusion (parfois, ces poissons sont repris par tellement de supports d’information qu’il n’est plus possible d’en déterminer l’origine, un peu comme les vieilles rumeurs), et pour cela, je vais les classer selon différentes catégories.


Politique intérieure française

Dans un sondage sur les personnalités susceptibles de faire mieux que François Hollande à la tête de la France, Dominique Strauss-Kahn est arrivé en tête devant Alain Juppé ["Le Parisien"].

La Ministre de la Justice Christiane Taubira a montré publiquement une note de service qui affirmait le contraire de ce qu’elle prétendait ignorer au même moment [conseil des ministres].

L’ancien conseiller à l’Élysée Patrick Buisson avait enregistré toutes ses conversations privées avec Nicolas Sarkozy pendant la durée du quinquennat. Certains enregistrements sont maintenant détenus par des journalistes et ont fait l’objet, pour certains, de publications ["Le Canard enchaîné"].

Au cours du dernier scrutin, François Bayrou a recueilli 63% des voix après avoir rassemblé une large portion du paysage politique [Ministère de l’Intérieur].


Spécial élections municipales 2014

Les écologistes d’EELV qui s’étaient fermement opposés au PS pendant plusieurs années à Nantes (à propos de l’aéroport) et à Paris (à propos de la pollution de l’air), ont conclu un accord électoral entre les deux tours des élections municipales pour se répartir les mandats dans ces deux villes qu’ils ont contribué à conserver [siège du PS et siège d’EELV].

Aucune polémique interne n’a eu lieu au sein de l’UMP pour définir la stratégie de ce parti vis-à-vis du FN entre les deux tours des élections municipales [siège de l’UMP].

Le maire de Paris est depuis le 30 mars 2014 une maire de Paris (pas elle). Elle succède à Bertrand Delanoë [Ministère de l’Intérieur].

Le Front national et ses alliés ont conquis quinze villes dont Fréjus, Béziers, Villers-Cotterêts et un secteur de la ville de Marseille représentant 150 000 habitants [Ministère de l’Intérieur].


Spécial remaniement ministériel

Parmi les rumeurs de remaniement, Laurent Fabius, qui avait été nommé Premier Ministre il y a trente ans (en juillet 1984), était régulièrement cité pour être nommé une nouvelle fois à Matignon, en gage de renouvellement [source non gouvernementale].

Alors que tout le monde s’accorde sur le fait que le prochain gouvernement doit être "resserré", les rumeurs ont donné à la France, ces derniers jours, pas moins de six Premiers Ministres [chaînes info].

"Moi Président", alors qu’il prônait une gouvernance irréprochable avant son élection, était sur le point de nommer au gouvernement son ancienne compagne et mère de ses quatre enfants [chaînes info].

Quatre heures avant le premier avril, Manuel Valls est nommé Premier Ministre. Certains députés socialistes ont ri jaune, d’autres, ayant plus le sens de l’humour, ont trouvé que la nomination a eu lieu un tantinet trop tôt [Matignon].


Économie, finance et social

En février 2014, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A a augmenté de 31 600 par rapport à janvier 2014. Cette hausse est surprenante puisque les déclarations gouvernementales, en principe bien informées, affirmaient au contraire que le chômage s’était stabilisé depuis l’été dernier dans l’attente de l’inversion de la courbe [source gouvernementale].

Avec un déficit public de 4,3% officiellement annoncé pour l’année 2013, l’objectif des 3% pour l’année 2014 ne sera même pas atteint en 2015 alors qu’il avait été promis pour 2013. Les 50 milliards d’euros d’économie sur les budgets publics n’ont toujours pas été trouvés [Commission Européenne].

Une entreprise chinoise a (quasiment) racheté le fabriquant automobile Peugeot [source économique].

Après le "pacte de responsabilité" (31 décembre 2013 au 31 mars 2014) et quelques autres gadgets qui l'ont précédé auparavant, le bricoleur en chef François Hollande a longuement cherché un nouvel "outil" à proposer aux Français lors son allocution du 31 mars 2014 pour leur redonner un horizon économique et de l’espoir social [L’Élysée].


Nouvelles internationales

Après un procès expéditif de deux jours rempli d’irrégularités, un tribunal égyptien a condamné à mort collectivement 529 partisans du Président destitué Mohamed Morsi, dont 376 par contumace, pour la mort d’un policier dans la province d’Al-Minya, en août 2013 [ONU].

Viktor Ianoukovitch, encore Président ukrainien, a fait tirer sur la foule de manifestants à Kiev, provoquant plusieurs centaines de morts [source ukrainienne].

Le Président russe Vladimir Poutine a annexé la Crimée en moins de trois semaines. La "communauté internationale" a protesté très mollement. Certains y voient le prélude à la Troisième Guerre mondiale [source russe].

L’ancienne Premier Ministre ukrainienne Ioulia Timochenko, candidate à l’élection présidentielle, et coqueluche des démocraties "occidentales" (mais pas des Ukrainiens), a déclaré : « Il est temps de prendre les armes et de tuer ces maudits Russes ! » [source multiple].

Fort du précédent de Crimée, la République moldave du Dniestr (Transnistrie) a annoncé, par la voie de son Président Evgueni Chevtchouk, ancien Président du Soviet suprême de Tiraspol, son souhait d’intégrer la Fédération de Russie [source russe].

La République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) a organisé des élections législatives démocratiques pour élire pour cinq ans les 687 députés de l’Assemblée populaire suprême, choisis parmi les candidats de quatre partis. Kim Jong-un était lui-même candidat dans la circonscription de Baekdusan : « Les Nord-coréens vont montrer une fois de plus la puissance de leur unité monolithique en votant pour leurs candidats. » [services secrets sud-coréens].

Le Boeing 777-2H6ER immatriculé 9M-MRP a disparu depuis plusieurs semaines avec ses 239 passagers et membres d’équipage (dont 152 Chinois) au cours du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines. Il serait susceptible d’être tombé en plein Océan Indien à l’ouest de Perth, en ne laissant aucun survivant à bord. Les autorités malaisiennes ont informé les familles de cette conclusion par l’envoi d’un simple sms [Ministère malaisien des Transports].


Sciences et technologies

Le télescope Bicep2 en Antarctique vient de détecter les ondes primordiales émises lors de "l’inflation cosmique", quelques milliardièmes de seconde après le Big Bang. Cette observation, qui devra être confirmée par le télescope spatial européen Planck, confirme ainsi la théorie du Big Bang et les prédictions des astrophysiciens Alan Guth et Stephen Hawking, et contredit la plupart des théories farfelues que certains ont voulu proposer pour expliquer ce qu’il se passait à l’instant du Big Bang ["Nature"].


Culture et art

L’actrice Julie Gayet, bien que "nominée", n’a obtenu aucun César en 2014 ["Closer"].

Spécialiste du paysagisme abstrait dont les  œuvres peuvent être négociées au-dessus du million d'euros, le peintre franco-chinois Chu Teh-Chun vient de mourir à Paris dans la plus grande indifférence médiatique tout comme son contemporain Zao Wou-Ki l’an dernier [source française].


Rubrique judiciaire

Un homme de 93 ans a été condamné à dix ans de prison pour avoir assassiné en 2011 une femme de 82 ans qui refusait de céder à ses avances [France Info].

L’ancien Ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui avait affirmé qu’il ne détenait aucun compte bancaire à l’étranger, possède un compte à l’Île de Man, en mer d’Irlande, par lequel ont transité plusieurs millions d’euros [ex-Madame Cahuzac].

Jérôme Kerviel, l’ancien trader qui avait fait perdre plus de 4 milliards d’euros à la Société Générale, a rencontré le pape François à Rome et revient en France à pieds, illuminé d’espoir par le message du Saint Père [Vatican].

L’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy et son avocat étaient mis sur écoutes téléphoniques par un juge d’instruction depuis plusieurs mois. Certaines retranscriptions ont été publiées par la presse. Quelques apparatchiks du parti socialiste accusent la droite d’être à l’origine de cette affaire ["Le Monde"].

Encore "premier flic" de France, donc l’homme le mieux informé du pays, Manuel Valls, à l'époque Ministre de l’Intérieur, avait affirmé qu’il n’était au courant de rien au sujet de la procédure de mise sur écoutes de Nicolas Sarkozy et qu’il a appris l’affaire seulement dans les journaux [Place Beauvau].


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (1er avril 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Précisions sur les poissons de 2014 exposés dans cet article.
L’éclatement de l’UMP (2008).
Rama Yade devient centriste (2010).
Le retour à Louxor de l’obélisque de la Concorde (2011).
Philippe Poutou, le vent en poupe (2012).
L’Atlantide se trouvait dans l’Océan Indien (2013).

yartiPoisson201402


http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/les-poissons-d-avril-de-l-annee-150112





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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 07:36

Retour de balancier très violent contre le PS à ces municipales. L’UMP et le centre droit ont conquis de nombreuses ville. Le FN gagne quelques miettes. La politique du gouvernement subit un sérieux désaveu.


yartiMuni2014D01Il est toujours difficile de décoder des élections municipales en France, tant les situations locales, les configurations particulières peuvent être complexes et subtiles.

Cependant, parmi les quelques enseignements qu’on peut tirer de ces élections municipales, il y a évidemment l’exceptionnel désaveu des listes soutenues par le PS, même dans des villes qui sont restées à gauche, comme Grenoble, Montpellier, Dunkerque, ou encore Les Ulis, la percée très visible du FN avec la victoire dans une quinzaine de communes, ce qui est nettement plus qu’en 1995 (précédente vague municipale du FN), et un très discret néanmoins réel succès des listes centristes.

Selon le Ministère de l’Intérieur à 23h00 le 30 mars 2014, 155 villes de plus de 9 000 habitants ont basculé de la gauche vers la droite et le centre droit, dont 50 de plus de 30 000 habitants et 10 de plus de 100 000 habitants. Les listes de gauche ont réuni 40,57% des suffrages ; les listes de droite et centre droit 45,91% ; les listes sans étiquette 6,62% et les listes d’extrême droite 6,84%.

Bien sûr, on pourra toujours évoquer l'abstention, qui est cependant très inégalement répartie selon les communes et les enjeux. Mais l'essentiel dans une élection, c'est quand même de savoir qui est élu, qui n'est pas élu.

Voici donc quelques observations concernant ce second tour des élections municipales.


Soirée électorale à la télévision

Depuis plusieurs élections, les habitués des plateaux de télévision le soir des élections se rendent compte que les deux principales chaînes nationales, TF1 et France 2, abandonnent rapidement l’antenne à partir de 21h00 ou 21h30, laissant sous-traiter l’analyse des résultats par des chaînes spécialisées (LCP, BFM-TV, iTélé) ou régionales (France 3). On s’étonnera ensuite que les électeurs sont moins motivés par l’actualité politique.

Autre fait marquant de l’évolution, ceux qui commentent les résultats sont de moins en moins des éditorialistes politiques et de plus en plus des sondeurs.

Enfin, la soirée du 30 mars 2014 fut particulièrement consacrée aux questions récurrentes sur l’éventuel remaniement ministériel dont tout le monde se moque, ce qui renforce la distance entre la politique et le peuple : les journalistes s’en rendront-ils donc un jour ? Du coup, les quelques belles performances du FN peuvent aussi s’expliquer par ce formatage du microcosme très parisien, issu d’un autre monde que le monde réel des électeurs.

La palme des enfonçages de portes ouvertes, on pourrait l’attribuer à la ministre Cécile Duflot qui, en début de soirée, affirmait de manière très réfléchie : « Une élection locale, c’est aussi une élection locale. ».


Le Front national

Parlons-en puisqu’on insiste tellement pour dire que le FN a beaucoup gagné à ces élections. Il est sûr que si les résultats sont, dans l’absolu, très modestes par rapport aux 36 000 communes. Il reste qu’ils sont les meilleurs enregistrés depuis la création du FN pour des élections municipales.

De quatre en 1995, le FN est passé à quinze en 2014 si l’on prend aussi en compte les listes proches du FN.

Après Hénin-Beaumont avec Steeve Briois (50,3%) et Orange avec Jacques Bompard (59,8%), au premier tour, on peut citer ainsi le 7e secteur de Marseille (150 000 habitants) avec Stéphane Ravier (35,3%), Fréjus avec David Rachline (45,6%), Béziers avec Robert Ménard (47,0%), Hayange avec Fabien Engelmann (34,7%), ancien syndicaliste CGT, Le Luc avec Philippe de La Grange (42,0%), Le Pontet avec Joris Hébrard (42,6%), Beaucaire avec Julien Sanchez (39,8%), Mantes-la-Ville avec Cyril Nauth (30,3%), Cogolin avec Marc-Étienne Lansade (53,1%), Villers-Cotterêts avec Franck Briffaut (41,5%), Camaret-sur-Aigues avec Philippe de Beauregard (36,6%) et Bollène avec Marie-Claude Bompard (55,4%).

Souvent, ce sont les divisions internes de la droite ou de la gauche qui ont bénéficié aux listes du FN qui ont gagné. Dans beaucoup de cas, l’élection a été emportée avec un très faible écart de voix. Enfin, les maires sortants étaient généralement très contestés et n’avaient pas montré qu’ils avaient fait du bon travail au cours de leur mandat.

En tout, selon Florian Philippot, 1 300 conseillers municipaux FN ont été élus sur toute la France (sous réserve de confirmation).

Malgré ces victoires, les leaders du FN, malgré leur notoriété, ont tous échoué : Louis Aliot à Perpignan, Bruno Gollnisch à Hyères (grande défaite), Florian Philippot à Forbach, Gilbert Collard à Saint-Gilles ainsi que, dès le premier tour, Marion Maréchal-Le Pen à Sorgues, battue et même pas élue au conseil municipal car en dixième position sur la liste FN qui n’a obtenue que cinq élus.

Nul doute que la gestion de ces quinze communes sera observée à la loupe pendant ces six prochaines années. Et nul doute qu’il sera donc intéressant de voir ce qui dominera : ou l’idéologie de la préférence nationale, ou le pragmatisme et sa confrontation avec les dures réalités du terrain.

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Pendant ce temps, Marine Le Pen s’est maintenant tourné aux élections européennes, en prenant bien soin, dans ses éléments de langage, de privilégier l’étiquette "Rasemblement bleu marine" à l’appellation officielle du parti qu’elle président "Front national".


Le Parti socialiste

C’est l’élément majeur de ces élections, un désastre électoral pour les socialistes, et lorsque des socialistes ont gagné, c’est vraiment en restant le plus éloignés possible du PS et de l’action gouvernementale, comme l’ont montré les victoires d’Anne Hidalgo à Paris et de Roland Ries à Strasbourg qui réussissent à sauver ainsi l’honneur.

Pour rester dans le positif avec le PS, il a même gagné Avignon sur l’UMP à cause de la fièvre FN, et quelques villes comme Lourdes (un miracle ?) et Dourdan.

Malgré un premier tour très médiocre, Martine Aubry a réussi à se faire réélire à Lille avec plus de 52% malgré une triangulaire, tout comme François Rebsamen à Dijon.

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En revanche, la déroute du PS dans nombre de villes ne s’est pas seulement fait au profit de l’UMP ou de l’UDI, mais aussi de la gauche radicale, ou de listes DVG difficiles à classer, comme c’est le cas à Grenoble, à Dunkerque et à Montpellier.

Trois défaites symbolisent bien cette déroute du PS : Limoges, socialiste depuis 1912, Dunkerque, dont le maire sortant, Michel Delebarre, était un ancien espoir du PS poussé par son mentor Pierre Mauroy, et Quimper, dont le maire sortant (élu en 1989, 1995 et 2008) Bernard Poignant, conseiller du Président François Hollande, a été largement battu avec plus de 13% de retard sur la liste de Ludovic Jolivet.


Les centristes (UDI et MoDem)

Cet enseignement sera probablement occulté, mais les bonnes performances des listes centristes ont été l’un des points importants de ce scrutin, à l’image de la victoire dès le premier tour d’une liste UDI à Niort, ville des mutuelles classée longtemps à gauche.

Le symbole est évidemment la victoire éclatante de François Bayrou à Pau, grâce à l’union sans faille du centre et de la droite, et si le MoDem réussit également à Saint-Brieuc avec Bruno Joncour, c’est surtout l’UDI qui a multiplié les très bons résultats à ce second tour des élections municipales, parfois dans le cadre d’une union avec l’UMP, mais dans d’autres cas, en concurrence avec l’UMP, comme c’est le cas avec Nouméa où l’UDI a gagné face à l’UMP.

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90% des maires UDI sortants avaient été réélus dès le premier tour, comme ce fut le cas à Massy, Drancy, Agen, Issy-les-Moulineaux, Épaignes, Montereau, Le Bourget, etc.

Et les victoires du second tour complètent la liste : Nancy, Amiens, Nevers, Nouméa, Bourges, Laval, Voisins-le-Bretonneux, Bobigny, Béthune, Ploemeur, Vendôme, Louviers (la ville de Pierre Mendès France), Caen, etc.

Porte-parole de l’UDI, le député-maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde a insisté entre les deux tours sur l’importance de laisser une offre électorale pluraliste : « Nous [l’UDI] sommes le meilleur antidote au FN. On réoccupe l’espace politique du centre. Du coup, l’électeur ne se sent pas prisonnier de la droite forte, d’un côté, et du PS, de l’autre. On lui fait des propositions fortes, mais sans être excessif. ».

De 2 500 conseillers municipaux sortants, l’UDI devrait presque tripler sa force de frappe locale, ce qui a fait dire à Rama Yade (vice-présidente de l’UDI) que c’est l’UDI qui est devenue la troisième force du pays, et pas le FN.


La droite et le centre droit (UMP, DVD, centristes)

Comme je l’indiquais pour la partie concernant les centristes, la plupart des gains sur la gauche se sont réalisés avec une très grande union entre l’UMP, l’UDI et même, parfois, le MoDem. Cette union est évidemment à la base de la reconquête nationale sur le PS. Nul doute que la très belle victoire d’Alain Juppé à Bordeaux et sa proximité (pas seulement géographique) avec François Bayrou pourraient donner les clefs de la prochaine élection présidentielle de 2017, même si les deux maires refusent d’en parler pour l’instant.

Voici donc une petite liste (non exhaustive) des villes (en dehors de celles citées précédemment pour l’UDI gagnées souvent en union avec l’UMP) qui ont basculé du PS au centre droit : Toulouse, Valence, Limoges, Quimper, La Roche-sur-Yon, Reims, Belfort, Roubaix, Tourcoing, Ajaccio, Saint-Étienne, Montbéliard, Angers, Saint-Ouen, Narbonne, Roanne, Chambéry, Conflans-Sainte-Honorine, Charleville-Mézières, Salon-de-Provence, Livry-Gargan, Sens, Tonnerre, Montceau-les-Mines, Le Creusot, Thionville, Chelles, Montauban, Louhans, Cluny, Palaiseau (ville du ministre François Lamy), Viry-Châtillon, Athis-Mons, Saint-Germain-lès-Arpajon, Chilly-Mazarin, Le Blanc-Mesnil, Villeparisis, Pont-Sainte-Maxence, Colombes, Argenteuil, etc.

Parmi les conséquences, les communautés urbaines ou de communes peuvent basculer au centre droit comme à Bordeaux, à Lille, à Marseille et au Plateau de Saclay.


Le front républicain et la stratégie de l’UMP

Parmi les leçons à tirer du second tour des municipales, il y a l’efficacité ou pas du "front républicain" décidé par le PS et l’efficacité ou pas du "ni ni" de l’UMP.

Prenons déjà les deux seuls cas où des listes soutenues par l’UMP ont fusionné avec le FN : chaque fois, c’est la liste de gauche qui a gagné. À Villeneuve-Saint-Georges, la maire communiste sortante a été réélue avec …30 voix d’avance ! À L’Hôpital, dans une triangulaire, la liste DVG a eu plus de 10% d’avance sur la liste FN.

En clair, non seulement la digue fabriquée par l’UMP pour refuser toute alliance avec le FN (et le PS) a tenu bon entre les deux tours (les deux cas précédents étant des élus DVD), mais quand, pour ces deux cas, cela s’est produit, cela a abouti à une défaite (certes courte pour l’un d’eux).

Quant au "front républicain", le maintien de deux listes, une de droite et une de gauche, a très rarement profité à la liste FN dans les triangulaires. À Forbach, par exemple, les électeurs se sont rassemblés comme ils le souhaitaient, mais en ayant le choix au second tour. Ce maintien de l’offre électorale même au second tour est un élément déterminant pour éviter des duels FN vs PS ou FN vs UMP dont le principe ne peut que bénéficier au FN en le plaçant en principal (voire unique) opposant.

Certes, le maintien des listes UMP a sans doute coûté quelques mairies à l’UMP mais cette stratégie de différenciation est essentiel pour casser le mythe de l’UMPS, un mythe d’autant plus fort que beaucoup d’électeurs du FN au premier tour ont rejoint des listes UMP au second tour.

En effet, à part dans les quelques villes où le FN a gagné, dans beaucoup de communes, même en cas de triangulaires, la liste FN qui avait pu se maintenir au second tour s’est effondrée, perdant parfois la moitié de ses électeurs, en faveur d’autres listes en lice.


Remaniement ou pas ?

Nouveau serpent de mer qui fait oublier les très mauvaises statistiques du chômage de février 2014, les médias n’ont fait que de parler de ce sujet entre les deux tours des municipales alors que ce n’était pas l’enjeu majeur.

Si le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault avait été très médiocre dans son allocution le soir du premier tour, il a été nettement plus performant le soir du second tour, n’essayant pas d’embellir la situation malgré le succès à Paris, Strasbourg, Avignon, Nantes, Dijon, Rouen, Metz, Auxerre, Rennes, Alençon, Poitiers, etc. et présentant déjà son plan d’action pour les prochains mois.

Ce qui est assez étonnant, c’est qu’on explique que l’arrivée d’anciens ministres qui étaient aux affaires à l’époque du foudroyant 21 avril 2002 rendrait la situation plus facile : Ségolène Royal, Martine Aubry, peut-être Bertrand Delanoë. Manuel Valls, quant à lui, serait toujours en piste pour Matignon et aurait cherché une alliance avec des nouveaux "vallsistes de gauche" avec Arnaud Montebourg (qui souhaiterait occuper l’Intérieur) et Benoît Hamon

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Les plus audacieux commentateurs qui osent privilégier le fond sur la forme semblent être attirés par la nouvelle mode de la relance comme le propose Matteo Renzi en Italie, en oubliant que pendant deux ans, grâce à Mario Monti et Enrico Letta, l’Italie a su faire les sacrifices pour assainir ses finances publiques, ce qui n’est pas du tout le cas de la France de François Hollande (le déficit 2013 est à encore 4,3% du PIB au lieu de 3%, objectif émis par le gouvernement en fin 2012 !).


Un profond renouvellement des élus locaux

Toujours est-il que la solution adoptée par l’Élysée aura du mal à convaincre les gens s’il n’y a aucun infléchissement de la politique gouvernementale actuelle.

En revanche, dans la France très diversifiée des communes, il y a donc eu, cette année, un net renouvellement des élus, non seulement en raison des basculements de majorité dans de nombreuses municipalités, mais aussi parce que souvent, les listes "challengers" ont été composées de personnes jeunes ou nouvelles.

Félicitations donc, à l’ensemble des nouveaux élus municipaux, et bon courage à eux pour exercer leurs fonctions dans une optique de gestion saine et visionnaire de leurs communes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (31 mars 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Lire les résultats officiels dans chaque commune de France.
Le vote électronique, pour ou contre ?
Se désister au second tour ?
Premier tour des élections municipales du 23 mars 2014.
Enjeux des élections municipales de 2014.
Scrutins locaux : ce qui va changer.
Front républicain ?
La ligne buisson écartée définitivement ?
Syndrome bleu marine.
Le FN et son idéologie.
Les élections législatives partielles de 2013.
Historique de cette réforme des scrutins locaux.
Texte intégral de la loi votée définitivement le 17 avril 2013.
Analyse du scrutin du 17 avril 2013 : qui a voté quoi ?
Les dernières régionales (2010).
L’occasion perdue des Alsaciens.

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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/municipales-2014-le-ps-s-ecrase-150100

 

 

 

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 20:01

Il est possible d'avoir la composition exacte du nouveau conseil municipal de chaque commune, la répartition des voix entre les listes ou les candidats et la composition de toutes les listes candidates en surfant sur le site du Ministère de l'Intérieur.

Cliquer ce lien et choisissez le département de la commune qui vous intéresse :
http://elections.interieur.gouv.fr/MN2014/


SR

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 07:30

La tendance forte, c’est que le peuple ne veut plus de François Hollande et de sa politique. Cela se traduit soit par un esprit de responsabilité en soutenant des équipes capables de prendre la relève, soit par une simple colère, quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain…


yartiMuni2014B01Le premier tour des élections municipales du 23 mars 2014 a peu surpris dans ses surprises : une abstention plus élevée qu’en 2008 avec un électorat socialiste qui boude le gouvernement, ce qui provoque un effondrement dans certaines places fortes du Parti socialiste.

Comme toujours, ces élections municipales laissent un goût un peu confus dans les interprétations : enjeux locaux, enjeux nationaux, symboles, résultats sans lendemain… les éléments de langage, au fil de la soirée électorale, se sont affinés pour insister sur la forte abstention à gauche qui, selon le PS, ne serait pas un désaveu du gouvernement, mais juste une réserve de voix pour le second tour (on admire ici le sens de la formule ; pourquoi ceux qui bouderaient au premier tour les représentants de leur tendance politique iraient comme par miracle prendre conscience que la nation serait en danger sans eux ?).

Bien entendu, il y a les deux : des tendances nationales avec des pondérations locales. Essayons d’y voir un peu plus clair.


L’opposition républicaine

Le premier constat de l’ensemble des résultats, c’est d’abord la très forte union qui a animé l’ensemble des partis de l’opposition républicaine : la plupart des candidats UMP étaient en effet rassemblés avec ceux de l’UDI et du MoDem. Ce fait, connu depuis quelques semaines, constitue un élément nouveau et marquant de la vie politique. L’UMP se recentre, et retrouve son positionnement classique au centre droit, de façon d’autant plus marquée que Patrick Buisson est désormais persona non grata à l’UMP.

Première illustration, la ville de Paris et la victoire symbolique de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) sur sa concurrente socialiste (quasi-sortante) Anne Hidalgo au nombre de voix global, qui a contredit tous les sondages. Certes, la possibilité de gagner reste difficile, notamment dans le 12e et le 14e arrondissements, néanmoins, cette dynamique pourrait favoriser NKM. Rien n’est donc joué et l’image de sa déclaration très joyeuse peu avant 22h00 aux côtés d’une Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, très souriante, a donné une idée de l’authenticité d’une union sur le projet et les valeurs qui rassemblent l’UMP et les centristes.

Autre ville symbolique de cette alliance UMP et centre, c’est Pau où François Bayrou est arrivé largement en tête en ballottage très favorable, dans une commune pourtant gérée par la gauche depuis de nombreuses décennies.

De très nombreux responsables de la droite et du centre ont été élus ou réélus dès le premier tour avec parfois de très belles performances. C’est le cas notamment de Jean-François Copé à Meaux, Alain Juppé à Bordeaux, François Baroin à Troyes, Édouard Philippe au Havre, Hervé Morin à Épaignes, Christian Jacob à Provins, Yves Jégo à Montereau, André Santini à Issy-les-Moulineaux, Laurent Wauquiez au Puy, Patrick Balkany à Levallois-Perret, Gérard Trémège à Tarbes, Alain Chrétien à Vesoul, Bernard Accoyer à Annecy-le-vieux, Hervé Mariton à Crest, Éric Woerth à Chantilly, Guillaume Peltier à Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher), etc.

L’UMP et le centre ont fait de très beaux scores dans des villes à municipalité socialiste sortante, entraînant un ballottage favorable, en particulier à Angers, Saint-Étienne, Reims, Quimper, et également Strasbourg, Niort et Toulouse.

Contrairement à ce que certains affirmaient, Laurent Hénart (UDI) a pris une forte avance sur son concurrent socialiste Matthieu Klein pour la succession d’André Rossinot à Nancy, avec un score du FN relativement faible qui l’empêchera de se maintenir au second tour.


Le PS

C’est l’hécatombe, même si elle ne se fait pas sentir au premier tour à cause des nombreux ballottages. Le symbole de cette érosion désastreuse, c’est Marseille où les listes socialistes de Patrick Mennucci devraient se situer en troisième position, derrière celles du FN et loin derrière celles de Jean-Claude Gaudin qui a de fortes chances d’être réélu maire le 30 mars prochain.

Même à Corbeil-Essonnes où Jean-Paul Bechter, le maire UMP sortant, est arrivé largement en tête, plus du double des deux listes de gauche concurrentes (féroces entre elles), où le suppléant de Manuel Valls est tombé en troisième position derrière l’opposant communiste, et cela malgré les affaires concernant l’ancien maire Serge Dassault et la mise en examen de son successeur.

Maire de Quimper depuis plusieurs décennies et conseiller de François Hollande à l’Élysée, Bernard Poignant s’est fait dépasser par un candidat UMP. Le PS pourrait aussi se trouver menacé à Tourcoing, à Metz et à Valence. Même à Clichy, le PS n’est pas dans une position très aisée.

Selon Alain Juppé, le PS perdrait la communauté urbaine de Bordeaux et en cas d’échec à Tourcoing, Martine Aubry pourrait perdre également la communauté urbaine de Lille.

La déclaration sans conviction du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault peu après 21h00 laissait entrevoir une débâcle pour le second tour et assurément, une fin de règne. La porte-parole de son gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, appelée sur les plateaux de télévision, répétant sans aspérité les "éléments de langage", aidait même ses contradicteurs dans l’argumentation, comme sur BFM-TV où elle remit le sujet des "Roms" auprès de Bruno Le Maire qui avait beau jeu de rappeler les propos polémiques de Manuel Valls.


Le FN

Évidemment, les médias n’ont eu d’yeux que pour le FN. Ayant réussi à former des listes dans plus de six cents communes (sans précédent), le FN va forcément gagner des élus municipaux par rapport aux élections précédentes. Cependant, l’enjeu reste évidemment la capacité à conquérir (ou pas) des communes.

La réponse est positive pour au moins une ville puisque le FN a emporté dès le premier tour à Hénin-Beaumont la majorité absolue des suffrages avec quelques voix d’avance, battant la municipalité socialiste sortante. Victoire également personnelle de Marine Le Pen puisqu’il s’agit de son fief.

Dans plusieurs villes, les électeurs ont placé en tête une liste soutenue par le FN. C’est le cas en particulier de Béziers (avec Robert Ménard), Forbach (avec Florian Philippot), de Perpignan (avec Louis Aliot), Saint-Gilles (avec Gilbert Collard), Avignon, Fréjus, Digne, Orange (avec Jacques Bompard), et dans certaines communes, le FN a talonné de près la liste en tête, comme à Villeneuve-sur-Lot, l’ancienne ville de Jérôme Cahuzac.

Indéniablement, le FN a fait quelques beaux résultats dans certaines villes, mais si cette performance semble éblouir les médias jusqu’à l’aveuglément, ce n’est pas le principal enseignement de ce premier tour qui est avant tout l’effondrement de l’électorat socialiste. Au mieux, le FN pourrait ravir quelques municipalités comme il l’avait fait en juin 1995 avec Toulon, Orange, Marignane et Vitrolles. Cela reste donc très limité.


Réactions face à des triangulaires avec le FN

L’UMP a semblé parler d’une même voix, que ce soit Jean-François Copé ou François Fillon, sur le positionnement de l’UMP vis-à-vis du FN au second tour. Loin d’être un arbitre, si le FN est présent au second tour, c’est qu’il n’aura pas à choisir entre UMP et PS. L’UMP a refusé tout accord, tout soutien, toute alliance avec le FN qu’elle considère comme un adversaire tout autant que le PS.

En revanche, les réactions au PS et de ses alliés n’ont pas été très claires. Des personnalités comme Vincent Peillon ou même Jean-Vincent Placé voudraient que tout soit mis en œuvre pour empêcher une victoire du FN, quitte à ce qu’une liste de gauche se désiste même si elle est capable de se maintenir au second tour, dans le cas où sa présence provoquerait la victoire du FN à la majorité relative.

Pourtant, cette politique du "front républicain" pourrait être très contreproductive dans le cas des élections municipales (au contraires des cantonales ou des législatives). Comme dans les autres scrutins, elle renforcerait le FN et justifierait son argumentaire sur l’UMPS, laissant entendre que l’UMP et le PS se vaudraient.

Cette politique électorale anti-FN aurait aussi une autre conséquence bien plus subtile à long terme. Dans le cas, par exemple, d’une ville où une liste FN serait arrivée en tête, suivie d’une liste UMP et bien plus loin, une liste PS. Si le PS décidait de se désister pour faire barrage au FN, l’UMP aurait de forte chance de gagner l’élection avec pour seule opposition, des élus FN. Hors course, il n’y aurait aucun élu PS au conseil municipal et le FN se retrouverait en position exclusive d’alternance possible pendant toute la durée du mandat municipal.


Rendez-vous dimanche prochain

La réalité du premier tour, c’est que de très nombreux électeurs n’ont pas encore fini d’élire leur municipalité. Le second tour sera donc déterminant pour confirmer la tendance très marquée du premier tour ou, au contraire, par un phénomène de réaction, pour atténuer cette tendance avec la mobilisation d’un électorat visiblement désabusé et déçu par le PS, mais inquiet des extrême.

Chaque parti, bien sûr, dira qu’il a des motifs de satisfaction, mais Jean-Paul Huchon, qui ne faisait pas partie des candidats, président PS du conseil régional d’Île-de-France, reconnaissait déjà au soir du premier tour que le PS n’avait pas de quoi se réjouir. La prise de conscience, début de la sagesse ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 mars 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Enjeux des élections municipales de 2014.
Scrutins locaux : ce qui va changer.
Historique de cette réforme des scrutins locaux.
Texte intégral de la loi votée définitivement le 17 avril 2013.
Analyse du scrutin du 17 avril 2013 : qui a voté quoi ?
Les dernières régionales (2010).
L’occasion perdue des Alsaciens.

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 http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/municipales-2014-l-effondrement-du-149736 
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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 22:17

Le sondage réalisé par OpinionWay les 19 et 20 mars 2014 pour "Marianne" à deux jours du scrutin ne montre pas beaucoup d'intérêt sur la participation, ni sur les intentions de vote (les listes et les situations dans les communes sont tellement diverses qu'il est difficile de globaliser au niveau d'un sondage).

En revanche, l'élément intéressant, c'est la différence de critère entre décembre et mars sur les impôts locaux (en baisse notable) et l'environnement (en hausse notable à peu près équivalente). Nul doute que le pic de pollution est passé par là ! (d'où les électeurs réagissent à l'actualité et ont peu de mémoire, en décembre, ils venaient de payer des impôts locaux en hausse). On retrouve le même phénomène d'osmose entre création d'emplois (en baisse) et des meilleurs transports (en hausse).

Sinon, dans les intentions de vote (comme si toutes les listes étaient politisées), il n'y a que les électeurs de Mélenchon en 2012 qui peuvent voter FN (6%). Les autres électeurs (hors FN) sont négligeables pour le FN.

Cliquer sur le lien pour télécharger l'étude d'opinion (format .pdf) :
http://www.opinion-way.com/pdf/opinionway-marianne_elections_municipales_2014_-_etat_des_lieux_a_2_jours_du_scrutin.pdf


SR

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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 07:34

Tous les Français sont appelés à voter les 23 et 30 mars 2014 pour élire leur conseil municipal, et donc, indirectement, leur maire. Cette année, il y aura une petite révolution dans les urnes.


yartiMunicipales2014A01Ce jeudi 6 mars 2014 à 18 heures, les bureaux des préfectures refuseront les nouvelles candidatures aux élections municipales de la fin du mois. C’est en effet le dernier délai pour se présenter à un siège de conseiller municipal. Avec deux nouveautés dans les formalités pratiques, l’obligation pour chaque candidat conseiller d’adresser au préfet une fiche renseignée sur lui (ce n’était pas le cas auparavant) et l’obligation pour la liste de définir son option politique, ce qui est souvent sans pertinence dans les petites communes où les listes sont rarement politisées.

Comme d’ordinaire pour ces élections locales, la majorité insiste sur le caractère spécifiquement local de ce scrutin tandis que l’opposition veut en faire un enjeu national pour combattre le gouvernement et en faire la première étape de la reconquête. Ce jeu de rôle est assez banal et sans trop d’intérêt. Il permettra au soir des élections de jouer sur les deux tableaux en fonction des résultats.


Enjeu national

L’enjeu de ces élections municipales est en partie national, puisque c’est le premier scrutin depuis que François Hollande est à l’Élysée, après vingt-deux mois d’exercice du pouvoir. C’est donc un moyen, parmi d’autres (sondages, manifestations, grèves, etc.) d’exprimer colère ou agacement vis-à-vis d’un pouvoir visiblement aveugle qui continue à dire que tout va mieux alors que le chômage ne cesse de croître.

Cela dit, l’UMP ne semble pas avoir plus d’adhésion enthousiaste dans les sondages que le PS. Le véritable enjeu national reste donc focalisé sur la performance du FN en sachant que le scrutin des municipales restent handicapant pour un parti qui refuse toute alliance au second tour.

La barre des 10% doit être franchie pour passer au second tour et gagner quelques sièges dans les conseils municipaux (sur France 2 le 3 mars 2014 dans l’émission "Mots croisé", la députée Marion Maréchal-Le Pen tablait sur plusieurs centaines de conseillers municipaux FN), mais l’essentiel réside dans des communes que le FN pourrait gagner comme il l’a déjà fait dans le passé (notamment en 1995) avec Marignane, Vitrolles, Toulon et (dans une moindre mesure) Orange voire Nice (avec Jacques Peyrat).

Les projecteurs se porteront donc très certainement dans certaines villes "phares" que le FN espère gagner, comme Hénin-Beaumont, Fréjus, et peut-être Forbach et Perpignan. Certaines communes qui ne bénéficieraient pas de ces projecteurs pourraient cependant "tomber" au FN avec le lot de surprises que les élections apportent habituellement.

Le FN jouit généralement de la forte abstention des sympathisants des autres partis mais les élections municipales sont, avec l’élection présidentielle, des élections où il y a le moins d’abstention. Reste à savoir si les mécontents de la politique nationale sont quand même prêts à voter pour leur maire qui, souvent, n’a pas beaucoup d’influence sur cette politique nationale décriée par plus de 80% des citoyens dans les sondages.

La nouveauté, c'est que le FN a été capable de rassembler au second tour dans des élections au scrutin majoritaire (lors de législatives partielles).


Les élections sénatoriales du 28 septembre 2014

L’une des incidences majeures des élections municipales est la composition du collège des grands électeurs pour élire, dans les départements, l’ensemble des sénateurs. Les prochaines élections sénatoriales ont lieu (en principe) le 28 septembre 2014.

Comme tous les trois ans, le Sénat se renouvelle de moitié depuis que le mandat du sénateur est de six ans. L’enjeu sera important puisque la question sera de savoir si le Sénat restera ou pas à gauche, sachant qu’actuellement, le PS n’a qu’une majorité relative et que sur de nombreux sujets, l’UMP, les centristes et les communistes réussissent à faire échouer quelques projets du gouvernement socialo-écologiste (le premier échec a concerné le bonus/malus énergétique).

Le 1er octobre 2011, le groupe socialiste avait réussi une première historique sous la Ve République, c’était d’élire au plateau (la Présidence du Sénat) un des leurs, Jean-Pierre Bel.

Or, Jean-Pierre Bel, sénateur renouvelable en 2014, vient d’annoncer, le 5 mars 2014 dans le journal "Le Monde", qu’il ne se représenterait pas au Sénat, abandonnant même la vie politique à 62 ans : « Je suis convaincu que pour redonner confiance dans la parole politique, on ne peut pas s’en tenir à proclamer des principes, il faut être capable de se les appliquer… et, d’abord, ne pas se considérer comme propriétaire de nos mandats. ». Et d’ajouter : « Je ne prétends pas à l’exemplarité ; j’ai la chance de me trouver en situation de pouvoir le faire (…). Rien ne m’oblige et, pour répondre par avance à certains commentaires orientés ou ignorants, en particulier pas la crainte des échéances à venir. ».

D’après ses calculs, Jean-Pierre Bel est convaincu que le Sénat ne rebasculera pas au centre droit en septembre et que son successeur sera encore socialiste (on peut imaginer que le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen briguera probablement la succession, la loi contre le cumul ne s’appliquant …qu’en 2017 !).

La bataille du plateau paraît cependant bien difficile pour le moment tant pour le PS que pour l’UMP.


Enjeu local

L’enjeu local est évidemment très élevé dans de nombreuses communes et les médias nationaux auront du mal à analyser la situation exacte des trente-six mille communes.

L’UMP espère reconquérir beaucoup de villes moyennes (entre 10 000 et 50 000 habitants au détriment du PS) tandis que le PS aimerait faire quelques conquêtes symboliques ; après Grenoble, Tours, Rouen (en 1995), Paris, Dijon, Lyon (en 2001), Strasbourg, Amiens, Metz, Toulouse, Reims, Rouen, Caen (en 2008), il pourrait réussir à Marseille.

Certains maires ont annoncé qu’ils ne se représentaient plus, laissant une plus grande part d’incertitude sur le scrutin. C’est le cas célèbre de Bertrand Delanoë après deux mandats à Paris, mais aussi de Michel Destot à Grenoble (après trois mandats) ainsi que Dominique Voynet à Montreuil.

Certaines villes présentent peu de surprise, comme cela semblerait le cas pour Bordeaux (Alain Juppé), Lyon (Gérard Collomb) et aussi, sans doute, Lille (Martine Aubry), Dijon (François Rebsamen), Nice (Christian Estrosi), Nantes (la ville de Jean-Marc Ayrault) et Grenoble où la tête de liste UMP, Matthieu Chamussy, doit faire face aux exigences d’Alain Carignon. Reims et Metz devraient probablement revenir à l’UMP qui les avaient perdues en 2008 en raison de fortes divisions.

Il y aura quelques scrutins très incertains. Le premier est évidemment les batailles de Paris et de Marseille, que les sondages ont du mal à bien évaluer en raison du mode de scrutin particulièrement complexe (par arrondissements). Les duels entre la députée première adjointe Anne Hidalgo et l’ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet ainsi qu’entre Jean-Claude Gaudin et Patrick Mennucci restent assez ouverts.

D’autres scrutins sont également assez incertains.

À Nancy, l’ancien ministre Laurent Hénart (UDI) et dauphin d’André Rossinot (indétrônable maire de 1983 à 2014) réussira-t-il à gagner malgré la défaite des deux circonscriptions de la ville (dont la sienne) aux précédentes législatives ?

À Toulouse, après s’être fait élire député en 2012, l’ancien maire Jean-Luc Moudenc (UMP) parviendra-t-il à détrôner Pierre Cohen (PS) ?

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À Strasbourg, l’ancienne maire Fabienne Keller, sénatrice UMP d’origine centriste, honorée de la présence de Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé et de François Fillon dans un meeting commun le 5 mars 2014, aura-t-elle la possibilité de reprendre la mairie à Roland Ries (PS) aux côtés de la candidature centriste de François Loos (UDI) ?


Première application de la réforme de la loi électorale du 17 mai 2013

La loi n°2013-403 du 17 mai 2013 a profondément bouleversé la règle du jeu dans les élections municipales. Un tel changement ne s’était pas produit depuis 1983.

En particulier, le seuil du scrutin de liste bloquée (impossible de panacher ni de raturer) a été descendu (sans raison) de 3 500 habitants à 1 000 habitants, si bien que dans beaucoup de petites communes, il n’existe qu’une seule liste candidate, ce qui donne un drôle de goût à la démocratie locale (auparavant, les candidats étaient élus individuellement, même s’ils pouvaient se présenter ensemble sur une liste).

Cette disposition (législative) plus l’obligation (préfectorale) d’indiquer l’étiquette politique de la liste tendent à politiser inutilement le scrutin municipal même là où il n’y a aucune raison de politiser. Le calcul que fait le gouvernement est sans doute dans la manière d’interpréter les résultats après les élections, en comptabilisant ou pas des scrutins de villes si petites qu’ils ne porterait aucune signification politique.

Cependant, cette loi a introduit une véritable révolution culturelle qui s’applique dès ce mois-ci : l’élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires.

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En effet, jusqu’à maintenant, toutes les intercommunalités étaient gérées par un conseil qui était élu au sein des conseils municipaux de chaque commune membre. Mais l’intercommunalité prend souvent le pas sur les communes en terme budgétaire, ce qui crée une situation un peu "à l’européenne" où les décisions intercommunales n’émanent pas du peuple. Désormais, les conseillers communautaires seront élus en même temps que les conseillers municipaux, chaque candidat indiquant s’il est aussi candidat à l’intercommunalité ou pas.

Cette réforme encore très timide (et un peu "usine à gaz") va sensiblemment dans le sens d’une future fusion des communes au sein de l’intercommunalité dont elles sont membres. Malheureusement, les campagnes électorales ne se déroulent pas encore autour de cet enjeu (budgétairement plus important) et restent autour des communes.


Les élus locaux, acteurs de la future réforme des territoires ?

Le gouvernement a encore une fois gouverné en mettant la charrue avant les bœufs, à propos des collectivités territoriales. Pour des raisons essentiellement budgétaires, il est maintenant question de timidement reposer la question de la pertinence de conserver les multicouches territoriales (commune, intercommunalité, département, région, État, Europe).

Mais le gouvernement avait fait adopter auparavant, dans sa (même) loi du 17 mai 2013, le redécoupage complet de tous les cantons et la remise en place d’élections cantonales rebaptisées élections départementales (alors que la loi précédente les avait supprimées pour instituer un conseiller territorial à la fois régional et départemental).

Le sénateur centriste Jean Arthuis, dans "Preuve par 3" sur Public Sénat le 4 mars 2014, expliquait ainsi qu’il aurait mieux fallu d’abord redéfinir les compétences des départements et des régions avant de remettre en chantier le découpage de tous les cantons, remarquant que dans son département, il y aurait ainsi un conseiller départemental de plus alors que l’objectif serait plutôt d’en réduire le nombre.

Cette histoire de redécoupage des cantons est une vaste opération de manipulation de la part du pouvoir, qui, sous prétexte de parité homme/femme, a redessiné une carte complètement incohérente sur le plan des limites territoriales (certains cantons empiètent sur des intercommunalités différentes) ou sur le plan démographique.

D’ailleurs, la plupart des élus (autres que du PS) ont contesté ce chantier d’autant plus étrange que l’idée serait plutôt de découper le pays en seulement deux entités, la région (éventuellement plus étendue que maintenant) et une sorte d’intercommunalité qui serait entre le département et la commune (c’est ce qui semble se produire pour l’agglomération de Lyon, un peu à l’instar de la ville de Paris qui est également département).

Tous les élus municipaux qui vont être choisis par les électeurs à la fin du mois seront forcément la force vive de cette réforme structurelle nécessaire. En ce sens, l’enjeu est essentiel. Le pays est-il capable de se réformer pour réduire les clientélismes locaux ? Le gouvernement ne semble pas particulièrement déterminé à avoir une vision bien claire dans ce domaine.


Il faut voter

Le scrutin municipal est un scrutin qui devrait faire sens à tous les citoyens, car les décisions du conseil municipal influent directement sur la vie quotidienne. Tâche ingrate, pas forcément très valorisante, les élus municipaux sont généralement là au service de leur administrés, pour améliorer leur vie.

Alors, ne laissez pas les autres décider à votre place.
Les 23 et 30 mars prochains, votez !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (6 mars 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Scrutins locaux : ce qui va changer.
Historique de cette réforme des scrutins locaux.
Texte intégral de la loi votée définitivement le 17 avril 2013.
Analyse du scrutin du 17 avril 2013 : qui a voté quoi ?
Les dernières régionales (2010).
L’occasion perdue des Alsaciens.

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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-enjeux-des-elections-148955


 

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