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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 18:32

La majorité sénatoriale sortante a perdu 27 sièges au profit du centre et de la droite. Gain de 23 pour l’UMP et l’UDI et (c’est historique), élection de 2 candidats du FN.


yartiSenatorials2014A01Les élections sénatoriales du 28 septembre 2014 ont constitué un nouveau désaveu pour le pouvoir socialiste avec la perte de la majorité à gauche du Sénat gagnée en 2011. Troisième désaveu des urnes en six mois.

L’UMP et l’UDI ont en effet reconquis la majorité absolue des sièges au Sénat et l’un des faits marquants est évidemment l’entrée historique de deux sénateurs issus du Front national, David Rachline, maire FN de Fréjus, qui devrait être le benjamin du Sénat, et Stéphane Ravier, maire FN du 7e secteur de Marseille.

Cette double élection contredit les éléments de langage du PS qui laissent entendre que ces résultats ne sont que la conséquence mécanique des résultats des élections municipales de mars 2014, notamment parce que 83 185 grands électeurs sur les 87 625 au total (soit 95%) sont des délégués des communes. En ne prenant en compte que l’effet des municipales, jamais un membre du FN n’aurait été élu aux sénatoriales, les candidats élus ont donc réussi à convaincre des grands électeurs au-delà de la seule sphère municipale du FN.

De même, si l’UMP a regagné de nombreuses positions, ou même en a préservé malgré le passage d’un scrutin majoritaire au scrutin proportionnel, dans certains départements à grandes agglomérations urbaines, le succès est mitigé comme aux Bouches-du-Rhône et en Gironde où l’UMP n’obtient que 3 élus comme dans l’ancien Sénat. L’une des explications de Philippe Marini serait que les grands électeurs ont émis également un vote de défiance vis-à-vis des métropoles.

Il faut rappeler en effet que non seulement le PS s’effondre, mais cela malgré un changement de mode de scrutin qui a favorisé le PS en multipliant le nombre de départements avec scrutin proportionnel et le nombre de délégués issus des grandes agglomérations. Le nouveau Sénat représente donc beaucoup plus la France urbaine que la France rurale par rapport au précédent Sénat.

Dans le Sénat sortant, il y avait 21 sénateurs PCF (dont 6 renouvelables), 128 sénateurs PS (dont 65 renouvelables), 10 sénateurs écologistes (dont aucun renouvelable), 19 sénateurs RDSG (ex-Gauche démocratique, dont 12 renouvelables), 31 sénateurs UDI (dont 13 renouvelables), 130 sénateurs UMP (dont 77 renouvelables) et 5 sénateurs NI (dont 3 renouvelables). En tout 178 sièges étaient à pourvoir sur les 348 que compte au total le Sénat.

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Le Président du Sénat sortant, Jean-Pierre Bel, avait annoncé le 5 mars 2014 qu’il ne serait pas candidat à sa réélection comme sénateur, ce qui laissait ouverte également sa succession à la tête de la Haute assemblée.

Parmi les sénateurs sortants qui ne se sont pas représentés, on peut citer : Pierre-Bernard Reymond, Jean-Pierre Bel, René Garrec, Nicolas Alfonsi, Jean-François Humbert, Jean Besson, Edmond Hervé, Roland Ries, Francis Grignon, Guy Fischer, Muguette Dini, Jean-Jacques Pignard, Jean-Paul Amoudry, Pierre Hérisson, Patrice Gélard, Marcel Deneux, François Trucy, René Beaumont, Jean-Claude Merceron, Christian Poncelet et Jean-Pierre Chevènement.

Parmi les candidats qui ont échoué à ces élections sénatoriales, Jean-Michel Baylet, président du PRG et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, candidat à la primaire socialiste en octobre 2011, dont l’échec était inattendu et symptomatique d’un rejet de la figure d’élu cumulard qui a milité activement contre la réforme territoriale et qui aurait voulu faire partie du nouveau gouvernement.

Parmi les surprises, il y a la réélection de Samia Ghali, donnée perdante, qui avait été candidate à la primaire socialiste pour les municipales à Marseille (face à Patrick Mennucci), et l’élection de trois élus de la liste du sortant (ex-PS) Jean-Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Tandis que l’ancienne sous-ministre Anne-Marie Escoffier a échoué dans l’Aveyron, ainsi que Jean-Pierre Michel, l’un des partisans les plus fermes du mariage gay, et également l'ancien sous-ministre Thierry Repentin.

Dans les victoires, on peut citer (x : réélus) le succès de Claude Malhuret, Dominique Estrosi Sassone, Philippe Adnot (x), François Baroin, Jean-Claude Gaudin (x), Sophie Joissains (x), Stéphane Ravier, Samia Ghali (x), Jean-Noël Guérini (x), Jean-Léonce Dupont (x), Jacques Mézard (x), François Patriat (x), Didier Guillaume (x), Ladislas Poniatowski (x), Hervé Maurey (x), Philippe Madrelle (x), Jean-Pierre Grand, Robert Navarro (x), Fabienne Keller (x), Jean-Marie Bockel (x), Gérard Collomb (x), Michel Mercier, Alain Joyandet, Jean-Claude Carle (x), Catherine Morin-Desailly (x), Yvon Collin (x), David Rachline, Hubert Falco (x), Jean-Pierre Raffarin (x), Henri de Raincourt (x), Aymeri de Montesquiou (x), Jean-Pierre Vial (x) et Michel Bouvard.

Le groupe UDI qui avait 31 élus en a au moins sept de plus avec l’élection des nouveaux sénateurs suivants : Jean-Claude Luche (Aveyron), Claude Nougein et Daniel Chasseing (Corrèze : l’UDI "rafle" tous les sièges corréziens au PS, dont le maire de Tulle était l’un des candidats), Anne-Catherine Loisier (Côte-d’Or), Michel Canevet (Finistère), Claude Kern (Bas-Rhin), Loïc Hervé (Savoie), dont je salue l’élection, Annick Billon (Vendée), Philippe Bonnecarrère (Tarn), et Jean-Marc Gabouty (Haute-Vienne) et Olivier Cadic (Français de l’étranger).

Ancien Ministre de la Justice, Michel Mercier expliquait dans l’après-midi à Public-Sénat que l’UDI ferait de l’opposition constructive, comme « la vieille devise de l’action catholique : voir, juger, agir ».

Par ailleurs, Christian Trovadec, l’un des porte-parole des bonnets rouges, a échoué dans sa tentative sénatoriale en Bretagne.

Au total, sans prendre en compte 4 sièges en Outremer, le nouveau Sénat devrait être composé de 18 PCF (-3), 112 PS (-16), 10 EELV (-), 11 RDSE (-8), 37 UDI (+6), 147 UMP (+17), 3 NI (-2) et 2 FN (+2), ainsi que des 3 élus de la liste Guérini. Comme on le voit, le total UMP et UDI atteindrait (au moins) 184 sièges, soit nettement plus que la majorité absolue (175).

Il ne fait donc aucun doute que le futur Président du Sénat sera un élu UMP. Comme lors de la succession de Christian Poncelet en 2008, trois sénateurs UMP sont candidats à la candidature UMP : Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher (qui fut Président de 2008 à 2011) et Philippe Marini. Ils seront départagés le mardi 30 septembre 2014 par un vote au sein de leur groupe. Didier Guillaume devrait être le candidat du PS. L’élection du Président du Sénat aura formellement lieu le mercredi 1er octobre 2014.

Le Sénat, comme toutes les autres institutions de la République, évolue comme la société. En 2011, le Sénat avait élu un Président socialiste, et en 2014, les grands électeurs ont élu deux sénateurs issus du FN. Avec les deux députés FN élus en juin 2012, c’est donc de quatre parlementaires que le FN dispose pour influer sur la vie politique nationale. De là à imaginer une majorité FN


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rentrée pourrie à l’Élysée.
Les municipales de mars 2014.
Les européennes de mai 2014.
Jean-Pierre Bel.
Jean-Pierre Raffarin.
Gérard Larcher.
Christian Poncelet.
Jean-Michel Baylet.
UMP.
UDI.
Résultats officiels (Ministère de l'Intérieur).


yartiSenatorials2014A03



http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/senatoriales-2014-le-ps-s-efface-157390







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10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 12:37

Le futur Président de la Commission Européenne pour 2014-2019 a rendu public le choix de la composition de la Commission. Cinq anciens Premiers Ministres y figureront, et seulement neuf femmes. Pierre Moscovici, ancien Ministre français des Finances, sera chargé du même domaine sur le plan européen malgré les réticences allemandes sur son efficacité.

Voici l'organigramme officiel de la Commission Juncker :

blogCommissionJuncker20140910


Source :
http://ec.europa.eu/about/juncker-commission/images/structure/organigramme_810_en.jpg


SR

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 02:37

Dans le sondage réalisé par l'IFOP pour "Le Figaro" publié le 5 septembre 2014, les intentions de vote ont été estimées dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, avec trois cas pour le candidat UMP (Fillon, Juppé, Sarkozy) et un seul cas pour le candidat PS, à savoir François Hollande. Dans tous les cas, Marine Le Pen se retrouverait en première position au premier tour entre 28 et 32%. Le candidat UMP se trouverait en deuxième position, mais dans le cas de François Fillon, c'est à égalité avec François Hollande qui feraient tous les deux 17% tandis que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé distanceraient largement François Hollande avec 8 à 9% d'écart. François Bayrou garderait un solide niveau électoral entre 11 et 14% et Jean-Luc Mélenchon resterait à 10%. Au second tour, c'est sans doute l'information capitale, car c'est la première fois qu'un sondage donne un tel résultat, Marine Le Pen battrait François Hollande, largement (54%-46%). En revanche, elle serait battue encore plus largement par un candidat UMP, le meilleur étant Alain Juppé (64%-36%). En cas de duel entre un candidat UMP et François Hollande, ce dernier serait largement battu, lui-même recueillant seulement entre 34 et 39%.

Cliquez sur le lien pour télécharger l'étude originale (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2755-1-study_file.pdf


Deux autres sondages plus qualitatifs réalisés par l'IFOP publiés les 7 et 8 septembre 2014, respectivement pour "Le Journal du Dimanche" et pour le site Atlantico.fr, ont précisé les raisons de la très grande impopularité du Président François Hollande.

Cliquez sur le lien pour télécharger le sondage IFOP du 7 septembre 2014 (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2756-1-study_file.pdf


Cliquez sur le lien pour télécharger le sondage IFOP du 8 septembre 2014 (fichier .pdf) :
http://www.ifop.com/media/poll/2757-1-study_file.pdf


SR

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 02:37

L'ancienne compagne du Président François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, a rédigé un livre intitulé "Merci pour le moment" publié le 4 septembre 2014 où elle raconte sa vie élyséenne de 2012 à 2014 ainsi que sa relation avec François Hollande de 2005 à 2014. Elle y relate en particulier certains traits de caractère peu complaisants du Président de la République qui, selon elle, mépriserait les pauvres au point de les surnommer les "sans-dents", ce qui a choqué beaucoup de monde (en particulier sur Internet). Le livre connaît un très grand succès commercial.

SR

Broché: 320 pages
Editeur : ARENES EDITIONS (4 septembre 2014)
Collection : POLITIQUE ACTUS
Langue : Français
ISBN-10: 2352043859
ISBN-13: 978-2352043850
Dimensions du produit: 21,8 x 14,4 x 2,8 cm

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 02:37

Dans le sondage réalisé par TNS-SOFRES pour "Le Figaro Magazine" publié le 4 septembre 2014, la popularité des principaux leaders politiques a été testée. François Hollande a atteint le plancher historique avec seulement 13% des sondés qui lui feraient confiance (85% pas confiance), et Manuel Valls s'effondrerait avec seulement 30% de confiance (65% pas confiance), alors qu'il partait de 46%. Depuis le cinquième mois de son mandat, François Hollande est le Président de la République le plus impopulaire de l'histoire, et Manuel Valls le Premier Ministre le plus impopulaire au cinquième mois d'exercice. Parmi les autres personnalités politiques, leur cote d'avenir a été évaluée. Alain Juppé serait le plus populaire avec 39% suivi de ...Najat Vallaud-Belkacem qui, avec 32%, a fait un bond de 8% comme effet de sa nomination à un grand ministère. Ensuite viendraient François Bayrou (31%) et Martine Aubry (30%), comme les deux protagonistes de 2007, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (en chute). François Fillon aussi serait en baisse avec 28%. Marine Le Pen (26%), Arnaud Montebourg (24%) et Jean-Luc Mélenchon (22%) seraient également en chute. Jean-François Copé (12%) serait au même niveau que Pierre Moscovici (14%). Le seul leader UMP en hausse serait Bruno Le Maire (16%) qui tente actuellement d'entreprendre une démarche politique focalisée sur les sympathisants de l'UMP.

Cliquez sur le lien pour télécharger l'étude originale (fichier .pdf) :
http://www.tns-sofres.com///sites/default/files/2014.09.04-baro-figmag.pdf


SR

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 07:23

Les lendemains d’élections sont parfois ahurissants. Les secousses sismiques provoquent généralement des répliques qui peuvent être parfois aussi destructrices que la première onde de choc. Le film "The Day After" (en français "Le Jour d’après") est sorti le 25 janvier 1984 en France, juste au début de la "fièvre FN".


yartiTheDayAfter01L’image de la classe politique est désastreuse. Le fait que les Français se soient ou abstenus massivement ou déportés pour une grande partie d’entre eux, en tête dans plus des deux tiers des départements, vers un parti comme le Front national montre avant tout que les partis traditionnels, et surtout les deux grands partis de gouvernement, le PS et l’UMP, sont complètement discrédités aux yeux de leur propre électorat.


Le PS et François Hollande

L’effondrement du PS à moins de 14% est un véritable cataclysme, tant sur le plan national que sur le plan européen.

Comment le Président François Hollande pourrait-il avoir de l’influence auprès de la Chancelière Angela Merkel ? Car c’est bien ces relations-là dont il faut parler, alors que cette dernière a derrière elle environ deux tiers des électeurs allemands (la CDU et le SPD sont en grande coalition au sein du gouvernement actuel) et le représentant de la France bénéficie du soutien de moins d’un septième des électeurs français. Et si l’on prend les résultats par rapport aux inscrits, cela signifie qu’il n’y a eu que 6% du corps électoral qui ont daigné soutenir le parti présidentiel aux affiches beaucoup trop roses ! François Hollande se fera-t-il bientôt appeler "Monsieur 6%" ?

En politique intérieure, on peut douter sérieusement de sa capacité à engager (et à réussir) d’ambitieuses réformes de structures, et par commencer, celles des régions et des départements dont les effets sur les finances publiques ne se feraient de toute façon pas sentir avant une bonne décennie (toute réforme de structure aura d’abord un coût pour tout réadapter, et les économies seront visibles bien plus tard).

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François Hollande a prononcé une courte allocution télévisée aux Français le soir du lundi 26 mai 2014 et même si elle a été enregistrée (en laissant d’ailleurs un énorme lapsus sur les partis antieuropéens), cette prestation est sans doute l’une des meilleures depuis deux ans dans la forme : cadre très présidentiel dans la bibliothèque de l’Élysée avec les drapeaux tricolore et européen (cela fait plus penser au portrait officiel de Nicolas Sarkozy que de François Mitterrand), assis, bien posé et l’air déterminé, les mains placées comme celles de François Mitterrand. Nettement meilleure, sur la forme, que l’allocution froide et mécanique, robotisée presque, de son Premier Ministre Manuel Valls la veille.

Pourtant, sur le fond, rien de vraiment satisfaisant n’a été dit. Rien qui puisse apaiser, rassurer, consoler les Français, leur redonner confiance en l’avenir, en leur force, redonner espoir. Rien pour ceux qui ont peur d’une telle montée du FN, rien non plus pour ceux qui ont voté pour le FN et qui ne sont, bien sûr, pas d’extrême droite, pas tous du moins !

Car son discours présidentiel est trop rodé, trop connu pour qu’il fonctionne encore. Il a eu de la chance, la seule fois où il a marché, c’était pendant la campagne présidentielle, ce qui l’a fait élire. Dire qu’il demandera au Sommet européen de Bruxelles (de ce mardi) plus de croissance, c’est se moquer du monde : il le disait déjà en 2012 lorsqu’il annonçait qu’il allait renégocier le TSCG et il l’a encore répété souvent à propos de la croissance, de manière tout aussi inefficace, et rien n’en sort parce que depuis deux ans, la France n’a plus aucun crédit politique et économique auprès de ses partenaires qui ont du mal à suivre le cheminement et les tâtonnements hollandiens de la politique française.

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De même, cela fait depuis le 14 janvier 2014 qu’il a parlé de grandes réformes, des économies de 50 milliards d’euros (ce n’est pas rien même si, à mon sens, c’est insuffisant), de pacte de responsabilité, et toujours rien, cinq mois plus tard, aucun projet déposé, aucune réalisation amorcée ! Pendant ce temps, le chômage continue à casser des vies, la précarité et la pauvreté gagnent du terrain et l’urgence sociale pourtant tant décrétée ne se manifeste pas sur le plan des actes, du concret.


L’UMP

On aurait pu imaginer qu’avec une telle incapacité à gouverner, un tel effondrement du parti présidentiel, le principal parti d’opposition fût à la hauteur de l’enjeu national dans sa capacité à redonner un peu d’espoir à des citoyens déboussolés.

Eh bien, pas du tout. En chutant de près de 8%, submergeant laborieusement au-dessus de la barre des 20%, l’UMP n’est pas du tout le réceptacle de l’opposition réelle dans le pays. Pour au moins trois raisons.

La première concerne les affaires financières qui se sont précipitées ce lundi 26 mai 2014 : perquisitions au siège de l’UMP mais aussi aveux du côté d’une société de prestation de communication de fausses factures à l’UMP pour éviter de trop charger la barque des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Aveux prononcés par un nouvel élu européen (on se demande quel sera son crédit auprès de ses collègues européens), un homme très proche de Jean-François Copé qui avait suscité beaucoup de détestation en 2012 de la part des fillonistes. On peut comprendre en tout cas pourquoi il ne fallait surtout pas que François Fillon présidât l’UMP juste après cette boulimique campagne présidentielle.

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La justice dira si Jean-François Copé voire Nicolas Sarkozy étaient au courant ou pas de cette affaire de dépassement de comptes de près de la moitié du plafond autorisé (cela implique des montants très élevés, 10 à 11 millions d’euros). Il est en tout cas assez probable que cette plombera toute velléité de candidature à l’élection présidentielle en 2017 pour ces deux personnalités, quelle qu’en soit leur part de responsabilité.

La deuxième raison est le fait que l’UMP n’a plus de leader incontestable depuis l’échec du 6 mai 2012. La rivalité entre Jean-François Copé et François Fillon ne doit pas non plus cacher les appétits des suivants, François Baroin, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciosko-Morizet, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, voire d’autres comme Guillaume Peltier, et aussi… Alain Juppé dont la stature politique pourrait rassurer, dans le rôle du "vieux sage".

Si Jean-François Copé avait finalement gagné la partie (et le parti) en janvier 2013, François Fillon a remporté la seconde manche au cours du bureau politique de ce 27 mai 2014 : la démission de Jean-François Copé et de toute la direction de l’UMP était inévitable dans un tel contexte d'embrasement électoral. Le risque d’être supplanté par le FN dans le leadership de l’opposition est désormais réel.

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Voici maintenant François Fillon à la tête de l’UMP, dans une direction collégiale aux côtés de deux autres Premiers Ministres, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. L’essentiel se déroulera le 12 octobre 2014 (date qui semble avoir été arrêtée) au cours d’un congrès extraordinaire qui désignera le nouveau président de l’UMP …par les militants (et pas les sympathisants).

Or, Guillaume Peltier a déjà annoncé que la question des idées devrait l’emporter, à ce congrès, sur la question des personnes. À la tête d’un courant qui a obtenu la majorité relative lors du précédent congrès en novembre 2012, Guillaume Peltier serait en mesure de mettre en difficulté les leaders potentiels de son parti grâce à son grand potentiel militant (lui est capable de mobiliser les jeunes de l’UMP).

Et c’est la troisième raison de la déconfiture de l’UMP, raison principale à mon avis, c’est que l’UMP n’a toujours pas de ligne politique claire. Tanguant entre une alliance avec les centristes (Alain Juppé, NKM, Benoît Apparu, etc.) et des thèses très proches du FN (Guillaume Peltier, Thierry Mariani, etc.), c’est l’avenir même de l’UMP qui est en jeu pour ce congrès.

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On a trop tendance à oublier que la disparition d’un grand parti (du moins, sa transformation en petit parti) peut se faire très rapidement. Pour en prendre conscience, il suffit de revoir l’histoire politique du Parti communiste français (PCF), mais aussi du Parti radical, principal parti de la IIIe République, du Mouvement républicain populaire (MRP), très en vogue sous la IVe République, etc. La disparition électorale de l’UMP peut très bien s’envisager, coincée entre un FN grossissant et un centre renaissant qui a réussi une petite performance dimanche dernier même s’il n’a pas finalement franchi la barre des 10%.

L’idée d’Alain Juppé, de Jean-Pierre Raffarin, et aussi de François Fillon, c’est de revenir à l’esprit de l’UMP de 2002, à savoir, un véritable rassemblement des gaullistes et des centristes, alors que depuis 2004, avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy, poursuivie en 2012 par Jean-François Copé, l’UMP a prôné des idées particulièrement droitières qui ne pouvaient qu’éloigner les centristes et dont le sommet fut le discours de Grenoble du 30 juillet 2010 influencé par un conseiller sulfureux.

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Le problème majeur de l’UMP, c’est que les adhérents, très clivés, sont probablement très majoritairement contre cette désarkozysation ou décopéisation de la philosophie générale l’UMP, d’autant plus qu’avec un FN à 25%, la tentation est grande de vouloir faire du zèle sur les thèmes porteurs du FN (ce zèle se traduit cependant par la justification du FN et sa consolidation programmatique et électorale).


Ils n’ont rien compris !

Que ce soit au PS qu’à l’UMP, les premières journées postélectorales montrent à l’évidence qu’ils n’ont rien compris. "Ils", ceux, de cette classe politique, qui sont tant discrédités que leurs électeurs potentiels ont préféré s’abstenir plutôt qu’éviter la vague FN tant annoncée pendant des semaines et même des mois dans les sondages et les médias.

À tel point que c’est peut-être le seul élément que je retiendrais de ces résultats des élections européens sur le plan intérieur : ce qui est grave, ce ne sont pas les électeurs qui ont voté pour le FN. La France est un pays démocratique et tout vote est respectable puisque tous les partis qui participent aux élections sont légaux. La plupart de ces électeurs (pas tous) ont trouvé ainsi le moyen d’exprimer leur colère, tant contre les partis de gouvernement que contre une Europe dont ils n’ont pas compris l’intérêt pour eux, pour leur famille, pour leur nation.

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Ce qui est grave, à mon sens, ce sont tous les autres, pas les électeurs, mais les abstentionnistes qui ne se sont pas mobilisés pour éviter justement que le FN prenne la tête du scrutin. Les sondages l’avaient annoncé, donc, non seulement cette "prophétie" s’est réalisée (pour une fois, saluons les bonnes tendances des sondages), mais elle s’est même nettement amplifiée !


L’unité nationale, plus nécessaire que jamais

Nous ne sommes plus au printemps 2002 où un cordon sanitaire était encore possible et la mobilisation des foules rassurante. Ce large abstentionnisme est, là aussi, la démonstration que Marine Le Pen a réussi en trois ans (c’est court) son premier pari, celui de dédiaboliser définitivement son parti pour en faire un parti fréquentable… sans changer un seul iota de son idéologie !

Et le corollaire est le suivant : quel électeur de l’UMP irait voter en 2017 pour François Hollande s’il affrontait au second tour Marine Le Pen ? Car cette configuration devient désormais plausible avec l’absence de leadership à l’UMP aujourd’hui.

La faille fut dès mai 2002 quand Jacques Chirac, élu par plus d’électeurs de gauche que d’électeurs de droite, n’a pas su écouter la colère ou la peur du peuple en continuant à faire de la politique comme avant, comme s’il ne s’était rien passé.

Ce qu’il manque depuis 2002, et c’est ce que François Bayrou a inlassablement répété depuis plus de dix ans, c’est que toute la classe politique laisse de côté les ambitions personnelles, et se mette à travailler ensemble pour réaliser les réformes structurelles nécessaires au pays de manière concertée, collégiale et durable.

Quand une maison est en feu, on ne cherche pas les responsabilités dans une première urgence (d’ailleurs, on les connaît à peu près). On ne demande pas qu’à une seule catégorie de pompiers d’éteindre l’incendie. On demande à tous les présents de participer à l’effort commun pour que le feu soit contrôler.

Le feu, aujourd’hui, c’est le chômage. Et tous les responsables politiques, parce qu’ils sont responsables, doivent concentrer leur action dans cette unique optique. Hélas, je doute que celui, le seul, qui est en capacité institutionnelle de construire cette unité nationale, François Hollande, ait bien compris que le feu arrive maintenant à son bureau…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 mai 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Résultats des élections européennes 2014.
Marine Le Pen.
François Hollande.
Syndrome bleu marine.
François Fillon.
Alain Juppé.
Jean-François Copé.
François Bayrou.
Unité nationale.
Quel est le programme du FN ?

yartiTheDayAfter04 

 


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/europeennes-2014-en-france-the-day-152530

 

 



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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 07:43

Cette année, la "moisson" des poissons a été particulièrement prolifique…


yartiPoisson201401Chaque année, les médias s’amusent généralement à délivrer un certain nombre d’informations étonnantes qu’on appelle plus communément poissons d’avril et qui ne sont en fait que des canulars censés faire sourire sinon rire. Et l’édition de ce 1er avril 2014, particulièrement féconde, s’inscrit bien dans cette tradition. Ces poissons sont d’ailleurs tellement gros que la plupart étaient faciles à "démasquer".

Je vais donc des passer en revue les différents poissons d’avril que j’ai détectés (il y en a certainement qui m’ont échappé), en indiquant entre crochets leur origine ou l’une des sources de diffusion (parfois, ces poissons sont repris par tellement de supports d’information qu’il n’est plus possible d’en déterminer l’origine, un peu comme les vieilles rumeurs), et pour cela, je vais les classer selon différentes catégories.


Politique intérieure française

Dans un sondage sur les personnalités susceptibles de faire mieux que François Hollande à la tête de la France, Dominique Strauss-Kahn est arrivé en tête devant Alain Juppé ["Le Parisien"].

La Ministre de la Justice Christiane Taubira a montré publiquement une note de service qui affirmait le contraire de ce qu’elle prétendait ignorer au même moment [conseil des ministres].

L’ancien conseiller à l’Élysée Patrick Buisson avait enregistré toutes ses conversations privées avec Nicolas Sarkozy pendant la durée du quinquennat. Certains enregistrements sont maintenant détenus par des journalistes et ont fait l’objet, pour certains, de publications ["Le Canard enchaîné"].

Au cours du dernier scrutin, François Bayrou a recueilli 63% des voix après avoir rassemblé une large portion du paysage politique [Ministère de l’Intérieur].


Spécial élections municipales 2014

Les écologistes d’EELV qui s’étaient fermement opposés au PS pendant plusieurs années à Nantes (à propos de l’aéroport) et à Paris (à propos de la pollution de l’air), ont conclu un accord électoral entre les deux tours des élections municipales pour se répartir les mandats dans ces deux villes qu’ils ont contribué à conserver [siège du PS et siège d’EELV].

Aucune polémique interne n’a eu lieu au sein de l’UMP pour définir la stratégie de ce parti vis-à-vis du FN entre les deux tours des élections municipales [siège de l’UMP].

Le maire de Paris est depuis le 30 mars 2014 une maire de Paris (pas elle). Elle succède à Bertrand Delanoë [Ministère de l’Intérieur].

Le Front national et ses alliés ont conquis quinze villes dont Fréjus, Béziers, Villers-Cotterêts et un secteur de la ville de Marseille représentant 150 000 habitants [Ministère de l’Intérieur].


Spécial remaniement ministériel

Parmi les rumeurs de remaniement, Laurent Fabius, qui avait été nommé Premier Ministre il y a trente ans (en juillet 1984), était régulièrement cité pour être nommé une nouvelle fois à Matignon, en gage de renouvellement [source non gouvernementale].

Alors que tout le monde s’accorde sur le fait que le prochain gouvernement doit être "resserré", les rumeurs ont donné à la France, ces derniers jours, pas moins de six Premiers Ministres [chaînes info].

"Moi Président", alors qu’il prônait une gouvernance irréprochable avant son élection, était sur le point de nommer au gouvernement son ancienne compagne et mère de ses quatre enfants [chaînes info].

Quatre heures avant le premier avril, Manuel Valls est nommé Premier Ministre. Certains députés socialistes ont ri jaune, d’autres, ayant plus le sens de l’humour, ont trouvé que la nomination a eu lieu un tantinet trop tôt [Matignon].


Économie, finance et social

En février 2014, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A a augmenté de 31 600 par rapport à janvier 2014. Cette hausse est surprenante puisque les déclarations gouvernementales, en principe bien informées, affirmaient au contraire que le chômage s’était stabilisé depuis l’été dernier dans l’attente de l’inversion de la courbe [source gouvernementale].

Avec un déficit public de 4,3% officiellement annoncé pour l’année 2013, l’objectif des 3% pour l’année 2014 ne sera même pas atteint en 2015 alors qu’il avait été promis pour 2013. Les 50 milliards d’euros d’économie sur les budgets publics n’ont toujours pas été trouvés [Commission Européenne].

Une entreprise chinoise a (quasiment) racheté le fabriquant automobile Peugeot [source économique].

Après le "pacte de responsabilité" (31 décembre 2013 au 31 mars 2014) et quelques autres gadgets qui l'ont précédé auparavant, le bricoleur en chef François Hollande a longuement cherché un nouvel "outil" à proposer aux Français lors son allocution du 31 mars 2014 pour leur redonner un horizon économique et de l’espoir social [L’Élysée].


Nouvelles internationales

Après un procès expéditif de deux jours rempli d’irrégularités, un tribunal égyptien a condamné à mort collectivement 529 partisans du Président destitué Mohamed Morsi, dont 376 par contumace, pour la mort d’un policier dans la province d’Al-Minya, en août 2013 [ONU].

Viktor Ianoukovitch, encore Président ukrainien, a fait tirer sur la foule de manifestants à Kiev, provoquant plusieurs centaines de morts [source ukrainienne].

Le Président russe Vladimir Poutine a annexé la Crimée en moins de trois semaines. La "communauté internationale" a protesté très mollement. Certains y voient le prélude à la Troisième Guerre mondiale [source russe].

L’ancienne Premier Ministre ukrainienne Ioulia Timochenko, candidate à l’élection présidentielle, et coqueluche des démocraties "occidentales" (mais pas des Ukrainiens), a déclaré : « Il est temps de prendre les armes et de tuer ces maudits Russes ! » [source multiple].

Fort du précédent de Crimée, la République moldave du Dniestr (Transnistrie) a annoncé, par la voie de son Président Evgueni Chevtchouk, ancien Président du Soviet suprême de Tiraspol, son souhait d’intégrer la Fédération de Russie [source russe].

La République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) a organisé des élections législatives démocratiques pour élire pour cinq ans les 687 députés de l’Assemblée populaire suprême, choisis parmi les candidats de quatre partis. Kim Jong-un était lui-même candidat dans la circonscription de Baekdusan : « Les Nord-coréens vont montrer une fois de plus la puissance de leur unité monolithique en votant pour leurs candidats. » [services secrets sud-coréens].

Le Boeing 777-2H6ER immatriculé 9M-MRP a disparu depuis plusieurs semaines avec ses 239 passagers et membres d’équipage (dont 152 Chinois) au cours du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines. Il serait susceptible d’être tombé en plein Océan Indien à l’ouest de Perth, en ne laissant aucun survivant à bord. Les autorités malaisiennes ont informé les familles de cette conclusion par l’envoi d’un simple sms [Ministère malaisien des Transports].


Sciences et technologies

Le télescope Bicep2 en Antarctique vient de détecter les ondes primordiales émises lors de "l’inflation cosmique", quelques milliardièmes de seconde après le Big Bang. Cette observation, qui devra être confirmée par le télescope spatial européen Planck, confirme ainsi la théorie du Big Bang et les prédictions des astrophysiciens Alan Guth et Stephen Hawking, et contredit la plupart des théories farfelues que certains ont voulu proposer pour expliquer ce qu’il se passait à l’instant du Big Bang ["Nature"].


Culture et art

L’actrice Julie Gayet, bien que "nominée", n’a obtenu aucun César en 2014 ["Closer"].

Spécialiste du paysagisme abstrait dont les  œuvres peuvent être négociées au-dessus du million d'euros, le peintre franco-chinois Chu Teh-Chun vient de mourir à Paris dans la plus grande indifférence médiatique tout comme son contemporain Zao Wou-Ki l’an dernier [source française].


Rubrique judiciaire

Un homme de 93 ans a été condamné à dix ans de prison pour avoir assassiné en 2011 une femme de 82 ans qui refusait de céder à ses avances [France Info].

L’ancien Ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui avait affirmé qu’il ne détenait aucun compte bancaire à l’étranger, possède un compte à l’Île de Man, en mer d’Irlande, par lequel ont transité plusieurs millions d’euros [ex-Madame Cahuzac].

Jérôme Kerviel, l’ancien trader qui avait fait perdre plus de 4 milliards d’euros à la Société Générale, a rencontré le pape François à Rome et revient en France à pieds, illuminé d’espoir par le message du Saint Père [Vatican].

L’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy et son avocat étaient mis sur écoutes téléphoniques par un juge d’instruction depuis plusieurs mois. Certaines retranscriptions ont été publiées par la presse. Quelques apparatchiks du parti socialiste accusent la droite d’être à l’origine de cette affaire ["Le Monde"].

Encore "premier flic" de France, donc l’homme le mieux informé du pays, Manuel Valls, à l'époque Ministre de l’Intérieur, avait affirmé qu’il n’était au courant de rien au sujet de la procédure de mise sur écoutes de Nicolas Sarkozy et qu’il a appris l’affaire seulement dans les journaux [Place Beauvau].


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (1er avril 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Précisions sur les poissons de 2014 exposés dans cet article.
L’éclatement de l’UMP (2008).
Rama Yade devient centriste (2010).
Le retour à Louxor de l’obélisque de la Concorde (2011).
Philippe Poutou, le vent en poupe (2012).
L’Atlantide se trouvait dans l’Océan Indien (2013).

yartiPoisson201402


http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/etonnant/article/les-poissons-d-avril-de-l-annee-150112





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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 07:36

Retour de balancier très violent contre le PS à ces municipales. L’UMP et le centre droit ont conquis de nombreuses ville. Le FN gagne quelques miettes. La politique du gouvernement subit un sérieux désaveu.


yartiMuni2014D01Il est toujours difficile de décoder des élections municipales en France, tant les situations locales, les configurations particulières peuvent être complexes et subtiles.

Cependant, parmi les quelques enseignements qu’on peut tirer de ces élections municipales, il y a évidemment l’exceptionnel désaveu des listes soutenues par le PS, même dans des villes qui sont restées à gauche, comme Grenoble, Montpellier, Dunkerque, ou encore Les Ulis, la percée très visible du FN avec la victoire dans une quinzaine de communes, ce qui est nettement plus qu’en 1995 (précédente vague municipale du FN), et un très discret néanmoins réel succès des listes centristes.

Selon le Ministère de l’Intérieur à 23h00 le 30 mars 2014, 155 villes de plus de 9 000 habitants ont basculé de la gauche vers la droite et le centre droit, dont 50 de plus de 30 000 habitants et 10 de plus de 100 000 habitants. Les listes de gauche ont réuni 40,57% des suffrages ; les listes de droite et centre droit 45,91% ; les listes sans étiquette 6,62% et les listes d’extrême droite 6,84%.

Bien sûr, on pourra toujours évoquer l'abstention, qui est cependant très inégalement répartie selon les communes et les enjeux. Mais l'essentiel dans une élection, c'est quand même de savoir qui est élu, qui n'est pas élu.

Voici donc quelques observations concernant ce second tour des élections municipales.


Soirée électorale à la télévision

Depuis plusieurs élections, les habitués des plateaux de télévision le soir des élections se rendent compte que les deux principales chaînes nationales, TF1 et France 2, abandonnent rapidement l’antenne à partir de 21h00 ou 21h30, laissant sous-traiter l’analyse des résultats par des chaînes spécialisées (LCP, BFM-TV, iTélé) ou régionales (France 3). On s’étonnera ensuite que les électeurs sont moins motivés par l’actualité politique.

Autre fait marquant de l’évolution, ceux qui commentent les résultats sont de moins en moins des éditorialistes politiques et de plus en plus des sondeurs.

Enfin, la soirée du 30 mars 2014 fut particulièrement consacrée aux questions récurrentes sur l’éventuel remaniement ministériel dont tout le monde se moque, ce qui renforce la distance entre la politique et le peuple : les journalistes s’en rendront-ils donc un jour ? Du coup, les quelques belles performances du FN peuvent aussi s’expliquer par ce formatage du microcosme très parisien, issu d’un autre monde que le monde réel des électeurs.

La palme des enfonçages de portes ouvertes, on pourrait l’attribuer à la ministre Cécile Duflot qui, en début de soirée, affirmait de manière très réfléchie : « Une élection locale, c’est aussi une élection locale. ».


Le Front national

Parlons-en puisqu’on insiste tellement pour dire que le FN a beaucoup gagné à ces élections. Il est sûr que si les résultats sont, dans l’absolu, très modestes par rapport aux 36 000 communes. Il reste qu’ils sont les meilleurs enregistrés depuis la création du FN pour des élections municipales.

De quatre en 1995, le FN est passé à quinze en 2014 si l’on prend aussi en compte les listes proches du FN.

Après Hénin-Beaumont avec Steeve Briois (50,3%) et Orange avec Jacques Bompard (59,8%), au premier tour, on peut citer ainsi le 7e secteur de Marseille (150 000 habitants) avec Stéphane Ravier (35,3%), Fréjus avec David Rachline (45,6%), Béziers avec Robert Ménard (47,0%), Hayange avec Fabien Engelmann (34,7%), ancien syndicaliste CGT, Le Luc avec Philippe de La Grange (42,0%), Le Pontet avec Joris Hébrard (42,6%), Beaucaire avec Julien Sanchez (39,8%), Mantes-la-Ville avec Cyril Nauth (30,3%), Cogolin avec Marc-Étienne Lansade (53,1%), Villers-Cotterêts avec Franck Briffaut (41,5%), Camaret-sur-Aigues avec Philippe de Beauregard (36,6%) et Bollène avec Marie-Claude Bompard (55,4%).

Souvent, ce sont les divisions internes de la droite ou de la gauche qui ont bénéficié aux listes du FN qui ont gagné. Dans beaucoup de cas, l’élection a été emportée avec un très faible écart de voix. Enfin, les maires sortants étaient généralement très contestés et n’avaient pas montré qu’ils avaient fait du bon travail au cours de leur mandat.

En tout, selon Florian Philippot, 1 300 conseillers municipaux FN ont été élus sur toute la France (sous réserve de confirmation).

Malgré ces victoires, les leaders du FN, malgré leur notoriété, ont tous échoué : Louis Aliot à Perpignan, Bruno Gollnisch à Hyères (grande défaite), Florian Philippot à Forbach, Gilbert Collard à Saint-Gilles ainsi que, dès le premier tour, Marion Maréchal-Le Pen à Sorgues, battue et même pas élue au conseil municipal car en dixième position sur la liste FN qui n’a obtenue que cinq élus.

Nul doute que la gestion de ces quinze communes sera observée à la loupe pendant ces six prochaines années. Et nul doute qu’il sera donc intéressant de voir ce qui dominera : ou l’idéologie de la préférence nationale, ou le pragmatisme et sa confrontation avec les dures réalités du terrain.

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Pendant ce temps, Marine Le Pen s’est maintenant tourné aux élections européennes, en prenant bien soin, dans ses éléments de langage, de privilégier l’étiquette "Rasemblement bleu marine" à l’appellation officielle du parti qu’elle président "Front national".


Le Parti socialiste

C’est l’élément majeur de ces élections, un désastre électoral pour les socialistes, et lorsque des socialistes ont gagné, c’est vraiment en restant le plus éloignés possible du PS et de l’action gouvernementale, comme l’ont montré les victoires d’Anne Hidalgo à Paris et de Roland Ries à Strasbourg qui réussissent à sauver ainsi l’honneur.

Pour rester dans le positif avec le PS, il a même gagné Avignon sur l’UMP à cause de la fièvre FN, et quelques villes comme Lourdes (un miracle ?) et Dourdan.

Malgré un premier tour très médiocre, Martine Aubry a réussi à se faire réélire à Lille avec plus de 52% malgré une triangulaire, tout comme François Rebsamen à Dijon.

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En revanche, la déroute du PS dans nombre de villes ne s’est pas seulement fait au profit de l’UMP ou de l’UDI, mais aussi de la gauche radicale, ou de listes DVG difficiles à classer, comme c’est le cas à Grenoble, à Dunkerque et à Montpellier.

Trois défaites symbolisent bien cette déroute du PS : Limoges, socialiste depuis 1912, Dunkerque, dont le maire sortant, Michel Delebarre, était un ancien espoir du PS poussé par son mentor Pierre Mauroy, et Quimper, dont le maire sortant (élu en 1989, 1995 et 2008) Bernard Poignant, conseiller du Président François Hollande, a été largement battu avec plus de 13% de retard sur la liste de Ludovic Jolivet.


Les centristes (UDI et MoDem)

Cet enseignement sera probablement occulté, mais les bonnes performances des listes centristes ont été l’un des points importants de ce scrutin, à l’image de la victoire dès le premier tour d’une liste UDI à Niort, ville des mutuelles classée longtemps à gauche.

Le symbole est évidemment la victoire éclatante de François Bayrou à Pau, grâce à l’union sans faille du centre et de la droite, et si le MoDem réussit également à Saint-Brieuc avec Bruno Joncour, c’est surtout l’UDI qui a multiplié les très bons résultats à ce second tour des élections municipales, parfois dans le cadre d’une union avec l’UMP, mais dans d’autres cas, en concurrence avec l’UMP, comme c’est le cas avec Nouméa où l’UDI a gagné face à l’UMP.

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90% des maires UDI sortants avaient été réélus dès le premier tour, comme ce fut le cas à Massy, Drancy, Agen, Issy-les-Moulineaux, Épaignes, Montereau, Le Bourget, etc.

Et les victoires du second tour complètent la liste : Nancy, Amiens, Nevers, Nouméa, Bourges, Laval, Voisins-le-Bretonneux, Bobigny, Béthune, Ploemeur, Vendôme, Louviers (la ville de Pierre Mendès France), Caen, etc.

Porte-parole de l’UDI, le député-maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde a insisté entre les deux tours sur l’importance de laisser une offre électorale pluraliste : « Nous [l’UDI] sommes le meilleur antidote au FN. On réoccupe l’espace politique du centre. Du coup, l’électeur ne se sent pas prisonnier de la droite forte, d’un côté, et du PS, de l’autre. On lui fait des propositions fortes, mais sans être excessif. ».

De 2 500 conseillers municipaux sortants, l’UDI devrait presque tripler sa force de frappe locale, ce qui a fait dire à Rama Yade (vice-présidente de l’UDI) que c’est l’UDI qui est devenue la troisième force du pays, et pas le FN.


La droite et le centre droit (UMP, DVD, centristes)

Comme je l’indiquais pour la partie concernant les centristes, la plupart des gains sur la gauche se sont réalisés avec une très grande union entre l’UMP, l’UDI et même, parfois, le MoDem. Cette union est évidemment à la base de la reconquête nationale sur le PS. Nul doute que la très belle victoire d’Alain Juppé à Bordeaux et sa proximité (pas seulement géographique) avec François Bayrou pourraient donner les clefs de la prochaine élection présidentielle de 2017, même si les deux maires refusent d’en parler pour l’instant.

Voici donc une petite liste (non exhaustive) des villes (en dehors de celles citées précédemment pour l’UDI gagnées souvent en union avec l’UMP) qui ont basculé du PS au centre droit : Toulouse, Valence, Limoges, Quimper, La Roche-sur-Yon, Reims, Belfort, Roubaix, Tourcoing, Ajaccio, Saint-Étienne, Montbéliard, Angers, Saint-Ouen, Narbonne, Roanne, Chambéry, Conflans-Sainte-Honorine, Charleville-Mézières, Salon-de-Provence, Livry-Gargan, Sens, Tonnerre, Montceau-les-Mines, Le Creusot, Thionville, Chelles, Montauban, Louhans, Cluny, Palaiseau (ville du ministre François Lamy), Viry-Châtillon, Athis-Mons, Saint-Germain-lès-Arpajon, Chilly-Mazarin, Le Blanc-Mesnil, Villeparisis, Pont-Sainte-Maxence, Colombes, Argenteuil, etc.

Parmi les conséquences, les communautés urbaines ou de communes peuvent basculer au centre droit comme à Bordeaux, à Lille, à Marseille et au Plateau de Saclay.


Le front républicain et la stratégie de l’UMP

Parmi les leçons à tirer du second tour des municipales, il y a l’efficacité ou pas du "front républicain" décidé par le PS et l’efficacité ou pas du "ni ni" de l’UMP.

Prenons déjà les deux seuls cas où des listes soutenues par l’UMP ont fusionné avec le FN : chaque fois, c’est la liste de gauche qui a gagné. À Villeneuve-Saint-Georges, la maire communiste sortante a été réélue avec …30 voix d’avance ! À L’Hôpital, dans une triangulaire, la liste DVG a eu plus de 10% d’avance sur la liste FN.

En clair, non seulement la digue fabriquée par l’UMP pour refuser toute alliance avec le FN (et le PS) a tenu bon entre les deux tours (les deux cas précédents étant des élus DVD), mais quand, pour ces deux cas, cela s’est produit, cela a abouti à une défaite (certes courte pour l’un d’eux).

Quant au "front républicain", le maintien de deux listes, une de droite et une de gauche, a très rarement profité à la liste FN dans les triangulaires. À Forbach, par exemple, les électeurs se sont rassemblés comme ils le souhaitaient, mais en ayant le choix au second tour. Ce maintien de l’offre électorale même au second tour est un élément déterminant pour éviter des duels FN vs PS ou FN vs UMP dont le principe ne peut que bénéficier au FN en le plaçant en principal (voire unique) opposant.

Certes, le maintien des listes UMP a sans doute coûté quelques mairies à l’UMP mais cette stratégie de différenciation est essentiel pour casser le mythe de l’UMPS, un mythe d’autant plus fort que beaucoup d’électeurs du FN au premier tour ont rejoint des listes UMP au second tour.

En effet, à part dans les quelques villes où le FN a gagné, dans beaucoup de communes, même en cas de triangulaires, la liste FN qui avait pu se maintenir au second tour s’est effondrée, perdant parfois la moitié de ses électeurs, en faveur d’autres listes en lice.


Remaniement ou pas ?

Nouveau serpent de mer qui fait oublier les très mauvaises statistiques du chômage de février 2014, les médias n’ont fait que de parler de ce sujet entre les deux tours des municipales alors que ce n’était pas l’enjeu majeur.

Si le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault avait été très médiocre dans son allocution le soir du premier tour, il a été nettement plus performant le soir du second tour, n’essayant pas d’embellir la situation malgré le succès à Paris, Strasbourg, Avignon, Nantes, Dijon, Rouen, Metz, Auxerre, Rennes, Alençon, Poitiers, etc. et présentant déjà son plan d’action pour les prochains mois.

Ce qui est assez étonnant, c’est qu’on explique que l’arrivée d’anciens ministres qui étaient aux affaires à l’époque du foudroyant 21 avril 2002 rendrait la situation plus facile : Ségolène Royal, Martine Aubry, peut-être Bertrand Delanoë. Manuel Valls, quant à lui, serait toujours en piste pour Matignon et aurait cherché une alliance avec des nouveaux "vallsistes de gauche" avec Arnaud Montebourg (qui souhaiterait occuper l’Intérieur) et Benoît Hamon

yartiMuni2014D03

Les plus audacieux commentateurs qui osent privilégier le fond sur la forme semblent être attirés par la nouvelle mode de la relance comme le propose Matteo Renzi en Italie, en oubliant que pendant deux ans, grâce à Mario Monti et Enrico Letta, l’Italie a su faire les sacrifices pour assainir ses finances publiques, ce qui n’est pas du tout le cas de la France de François Hollande (le déficit 2013 est à encore 4,3% du PIB au lieu de 3%, objectif émis par le gouvernement en fin 2012 !).


Un profond renouvellement des élus locaux

Toujours est-il que la solution adoptée par l’Élysée aura du mal à convaincre les gens s’il n’y a aucun infléchissement de la politique gouvernementale actuelle.

En revanche, dans la France très diversifiée des communes, il y a donc eu, cette année, un net renouvellement des élus, non seulement en raison des basculements de majorité dans de nombreuses municipalités, mais aussi parce que souvent, les listes "challengers" ont été composées de personnes jeunes ou nouvelles.

Félicitations donc, à l’ensemble des nouveaux élus municipaux, et bon courage à eux pour exercer leurs fonctions dans une optique de gestion saine et visionnaire de leurs communes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (31 mars 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Lire les résultats officiels dans chaque commune de France.
Le vote électronique, pour ou contre ?
Se désister au second tour ?
Premier tour des élections municipales du 23 mars 2014.
Enjeux des élections municipales de 2014.
Scrutins locaux : ce qui va changer.
Front républicain ?
La ligne buisson écartée définitivement ?
Syndrome bleu marine.
Le FN et son idéologie.
Les élections législatives partielles de 2013.
Historique de cette réforme des scrutins locaux.
Texte intégral de la loi votée définitivement le 17 avril 2013.
Analyse du scrutin du 17 avril 2013 : qui a voté quoi ?
Les dernières régionales (2010).
L’occasion perdue des Alsaciens.

yartiMuni2014D05





http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/municipales-2014-le-ps-s-ecrase-150100

 

 

 

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 20:01

Il est possible d'avoir la composition exacte du nouveau conseil municipal de chaque commune, la répartition des voix entre les listes ou les candidats et la composition de toutes les listes candidates en surfant sur le site du Ministère de l'Intérieur.

Cliquer ce lien et choisissez le département de la commune qui vous intéresse :
http://elections.interieur.gouv.fr/MN2014/


SR

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 07:30

La tendance forte, c’est que le peuple ne veut plus de François Hollande et de sa politique. Cela se traduit soit par un esprit de responsabilité en soutenant des équipes capables de prendre la relève, soit par une simple colère, quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain…


yartiMuni2014B01Le premier tour des élections municipales du 23 mars 2014 a peu surpris dans ses surprises : une abstention plus élevée qu’en 2008 avec un électorat socialiste qui boude le gouvernement, ce qui provoque un effondrement dans certaines places fortes du Parti socialiste.

Comme toujours, ces élections municipales laissent un goût un peu confus dans les interprétations : enjeux locaux, enjeux nationaux, symboles, résultats sans lendemain… les éléments de langage, au fil de la soirée électorale, se sont affinés pour insister sur la forte abstention à gauche qui, selon le PS, ne serait pas un désaveu du gouvernement, mais juste une réserve de voix pour le second tour (on admire ici le sens de la formule ; pourquoi ceux qui bouderaient au premier tour les représentants de leur tendance politique iraient comme par miracle prendre conscience que la nation serait en danger sans eux ?).

Bien entendu, il y a les deux : des tendances nationales avec des pondérations locales. Essayons d’y voir un peu plus clair.


L’opposition républicaine

Le premier constat de l’ensemble des résultats, c’est d’abord la très forte union qui a animé l’ensemble des partis de l’opposition républicaine : la plupart des candidats UMP étaient en effet rassemblés avec ceux de l’UDI et du MoDem. Ce fait, connu depuis quelques semaines, constitue un élément nouveau et marquant de la vie politique. L’UMP se recentre, et retrouve son positionnement classique au centre droit, de façon d’autant plus marquée que Patrick Buisson est désormais persona non grata à l’UMP.

Première illustration, la ville de Paris et la victoire symbolique de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) sur sa concurrente socialiste (quasi-sortante) Anne Hidalgo au nombre de voix global, qui a contredit tous les sondages. Certes, la possibilité de gagner reste difficile, notamment dans le 12e et le 14e arrondissements, néanmoins, cette dynamique pourrait favoriser NKM. Rien n’est donc joué et l’image de sa déclaration très joyeuse peu avant 22h00 aux côtés d’une Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, très souriante, a donné une idée de l’authenticité d’une union sur le projet et les valeurs qui rassemblent l’UMP et les centristes.

Autre ville symbolique de cette alliance UMP et centre, c’est Pau où François Bayrou est arrivé largement en tête en ballottage très favorable, dans une commune pourtant gérée par la gauche depuis de nombreuses décennies.

De très nombreux responsables de la droite et du centre ont été élus ou réélus dès le premier tour avec parfois de très belles performances. C’est le cas notamment de Jean-François Copé à Meaux, Alain Juppé à Bordeaux, François Baroin à Troyes, Édouard Philippe au Havre, Hervé Morin à Épaignes, Christian Jacob à Provins, Yves Jégo à Montereau, André Santini à Issy-les-Moulineaux, Laurent Wauquiez au Puy, Patrick Balkany à Levallois-Perret, Gérard Trémège à Tarbes, Alain Chrétien à Vesoul, Bernard Accoyer à Annecy-le-vieux, Hervé Mariton à Crest, Éric Woerth à Chantilly, Guillaume Peltier à Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher), etc.

L’UMP et le centre ont fait de très beaux scores dans des villes à municipalité socialiste sortante, entraînant un ballottage favorable, en particulier à Angers, Saint-Étienne, Reims, Quimper, et également Strasbourg, Niort et Toulouse.

Contrairement à ce que certains affirmaient, Laurent Hénart (UDI) a pris une forte avance sur son concurrent socialiste Matthieu Klein pour la succession d’André Rossinot à Nancy, avec un score du FN relativement faible qui l’empêchera de se maintenir au second tour.


Le PS

C’est l’hécatombe, même si elle ne se fait pas sentir au premier tour à cause des nombreux ballottages. Le symbole de cette érosion désastreuse, c’est Marseille où les listes socialistes de Patrick Mennucci devraient se situer en troisième position, derrière celles du FN et loin derrière celles de Jean-Claude Gaudin qui a de fortes chances d’être réélu maire le 30 mars prochain.

Même à Corbeil-Essonnes où Jean-Paul Bechter, le maire UMP sortant, est arrivé largement en tête, plus du double des deux listes de gauche concurrentes (féroces entre elles), où le suppléant de Manuel Valls est tombé en troisième position derrière l’opposant communiste, et cela malgré les affaires concernant l’ancien maire Serge Dassault et la mise en examen de son successeur.

Maire de Quimper depuis plusieurs décennies et conseiller de François Hollande à l’Élysée, Bernard Poignant s’est fait dépasser par un candidat UMP. Le PS pourrait aussi se trouver menacé à Tourcoing, à Metz et à Valence. Même à Clichy, le PS n’est pas dans une position très aisée.

Selon Alain Juppé, le PS perdrait la communauté urbaine de Bordeaux et en cas d’échec à Tourcoing, Martine Aubry pourrait perdre également la communauté urbaine de Lille.

La déclaration sans conviction du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault peu après 21h00 laissait entrevoir une débâcle pour le second tour et assurément, une fin de règne. La porte-parole de son gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, appelée sur les plateaux de télévision, répétant sans aspérité les "éléments de langage", aidait même ses contradicteurs dans l’argumentation, comme sur BFM-TV où elle remit le sujet des "Roms" auprès de Bruno Le Maire qui avait beau jeu de rappeler les propos polémiques de Manuel Valls.


Le FN

Évidemment, les médias n’ont eu d’yeux que pour le FN. Ayant réussi à former des listes dans plus de six cents communes (sans précédent), le FN va forcément gagner des élus municipaux par rapport aux élections précédentes. Cependant, l’enjeu reste évidemment la capacité à conquérir (ou pas) des communes.

La réponse est positive pour au moins une ville puisque le FN a emporté dès le premier tour à Hénin-Beaumont la majorité absolue des suffrages avec quelques voix d’avance, battant la municipalité socialiste sortante. Victoire également personnelle de Marine Le Pen puisqu’il s’agit de son fief.

Dans plusieurs villes, les électeurs ont placé en tête une liste soutenue par le FN. C’est le cas en particulier de Béziers (avec Robert Ménard), Forbach (avec Florian Philippot), de Perpignan (avec Louis Aliot), Saint-Gilles (avec Gilbert Collard), Avignon, Fréjus, Digne, Orange (avec Jacques Bompard), et dans certaines communes, le FN a talonné de près la liste en tête, comme à Villeneuve-sur-Lot, l’ancienne ville de Jérôme Cahuzac.

Indéniablement, le FN a fait quelques beaux résultats dans certaines villes, mais si cette performance semble éblouir les médias jusqu’à l’aveuglément, ce n’est pas le principal enseignement de ce premier tour qui est avant tout l’effondrement de l’électorat socialiste. Au mieux, le FN pourrait ravir quelques municipalités comme il l’avait fait en juin 1995 avec Toulon, Orange, Marignane et Vitrolles. Cela reste donc très limité.


Réactions face à des triangulaires avec le FN

L’UMP a semblé parler d’une même voix, que ce soit Jean-François Copé ou François Fillon, sur le positionnement de l’UMP vis-à-vis du FN au second tour. Loin d’être un arbitre, si le FN est présent au second tour, c’est qu’il n’aura pas à choisir entre UMP et PS. L’UMP a refusé tout accord, tout soutien, toute alliance avec le FN qu’elle considère comme un adversaire tout autant que le PS.

En revanche, les réactions au PS et de ses alliés n’ont pas été très claires. Des personnalités comme Vincent Peillon ou même Jean-Vincent Placé voudraient que tout soit mis en œuvre pour empêcher une victoire du FN, quitte à ce qu’une liste de gauche se désiste même si elle est capable de se maintenir au second tour, dans le cas où sa présence provoquerait la victoire du FN à la majorité relative.

Pourtant, cette politique du "front républicain" pourrait être très contreproductive dans le cas des élections municipales (au contraires des cantonales ou des législatives). Comme dans les autres scrutins, elle renforcerait le FN et justifierait son argumentaire sur l’UMPS, laissant entendre que l’UMP et le PS se vaudraient.

Cette politique électorale anti-FN aurait aussi une autre conséquence bien plus subtile à long terme. Dans le cas, par exemple, d’une ville où une liste FN serait arrivée en tête, suivie d’une liste UMP et bien plus loin, une liste PS. Si le PS décidait de se désister pour faire barrage au FN, l’UMP aurait de forte chance de gagner l’élection avec pour seule opposition, des élus FN. Hors course, il n’y aurait aucun élu PS au conseil municipal et le FN se retrouverait en position exclusive d’alternance possible pendant toute la durée du mandat municipal.


Rendez-vous dimanche prochain

La réalité du premier tour, c’est que de très nombreux électeurs n’ont pas encore fini d’élire leur municipalité. Le second tour sera donc déterminant pour confirmer la tendance très marquée du premier tour ou, au contraire, par un phénomène de réaction, pour atténuer cette tendance avec la mobilisation d’un électorat visiblement désabusé et déçu par le PS, mais inquiet des extrême.

Chaque parti, bien sûr, dira qu’il a des motifs de satisfaction, mais Jean-Paul Huchon, qui ne faisait pas partie des candidats, président PS du conseil régional d’Île-de-France, reconnaissait déjà au soir du premier tour que le PS n’avait pas de quoi se réjouir. La prise de conscience, début de la sagesse ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 mars 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Enjeux des élections municipales de 2014.
Scrutins locaux : ce qui va changer.
Historique de cette réforme des scrutins locaux.
Texte intégral de la loi votée définitivement le 17 avril 2013.
Analyse du scrutin du 17 avril 2013 : qui a voté quoi ?
Les dernières régionales (2010).
L’occasion perdue des Alsaciens.

yartiMuni2014B02


 http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/municipales-2014-l-effondrement-du-149736 
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